Chapitre 232 : La reddition de Lance
Solaris commençait à faiblir face à Peter Lance. Elle ne s'était pas attendue à un combat facile face à lui, mais elle l'avait déjà affronté, et savait qu'elle était plus forte. Il ne s'agissait pas d'expérience, de volonté ou d'intelligence. Les pouvoirs de Solaris, qu'elle tenait de Dracoraure, étaient simplement supérieurs à ceux de Lance qui lui les tenait de Dracolosse. Pourtant, c'était elle qui s'affaiblissait, qui devenait de moins en moins rapide, et dont les attaques dragons devenaient de moins en moins puissantes.
Elle en était venue à considérer deux raisons à cela. La dernière fois, elle possédait l'épée Carnage qui avait fait augmenter sa puissance dragon de façon considérable. Et puis, la dernière fois, elle se battait pour elle, sûre de son droit à gouverner ce monde. Elle voulait écraser Lance, le détruire, et cette férocité lui avait conféré une force en plus. Hors aujourd'hui, elle n'éprouvait rien de tel. Elle ne voulait même pas combattre le général. Il n'était pas son ennemi. Mais Lance lui se battait là pour ses convictions, ce qui le rendait bien plus fort qu'elle.
De plus, Solaris combattait tout en gardant un œil sur Siena Crust, qui affrontait plus loin les deux disciples de Lance, et sur Mercutio, qui faisait face à Trefens sur le toit de la Tour Centrale. Ils étaient les deux personnes qu'elle voulait le plus protéger, à la fois pour Octave et pour Eryl, et elle ne pouvait rien faire pour eux. Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était que si elle parvenait à battre Lance, ses hommes perdraient leur envie de lutter et la bataille cesserait. Elle avait déjà été trop couteuse en termes de vies.
Elle puisa donc tout au fond de ses dernières réserves d'énergie qu'elle tenait de Dracoraure. Elle aurait pu fusionner avec lui pour se transformer en ce monstre à écaille surpuissant, mais elle ne parvenait pas encore bien à le contrôler, et ça n'aurait apporté qu'encore plus de désolation. Elle lança Dracochoc sur Dracochoc, mais Lance les faisait disparaître en les touchant de sa Lamétrice. Lui faisait naître des attaques Ouragan d'une rare violence, que Solaris parvenait plus ou moins à contrer, ayant l'habitude de se battre en volant.
Elle avait une plus large gamme d'attaques spéciales que Lance, mais le général G-Man les contrait toutes. Et elle n'osait pas l'affronter au physique, car il était certain que Dracolosse était bien plus fort dans ce domaine que Dracoraure. La dernière fois, pour le battre, Solaris avait dû utiliser son attaque ultime Draco-Nova, en détruisant au passage une bonne partie de sa ville. Réitérer ça ici serait un carnage. Siena Crust avait détruit la moitié de Safrania, et Solaris détruirait l'autre moitié si elle utilisait Draco-Nova.
Elle s'essaya donc à autre chose, une attaque qu'elle n'avait pas vraiment l'habitude d'utiliser en combat, mais qui n'en était pas moins efficace, surtout si son adversaire avait les gènes de la contrepartie masculine de Dracoraure. Elle modifia ses phéromones pour faire sortir des pores de sa peau un gaz rose qu'elle envoya sur Lance. L'attaque Attraction, qui marchait contre le sexe opposé. C'était grâce à ça d'ailleurs que Solaris avait attaché Zeff à son service durant la guerre de Vriff.
Lance, en Maître Pokemon qu'il était, reconnu l'attaque avant qu'elle ne soit sur lui. Il leva le bras pour invoquer un vent surpuissant qui, en plus de renvoyer l'attaque sur Solaris, la fit proprement tournoyer au sein d'une tempête géante. Ça ne pouvait être que l'attaque Vent Violent, une des plus puissantes attaques vol. Et elle était piégée à l'intérieur, trop secouée de tous côté pour créer une attaque qui aurait pu l'aider. Lance traversa le tourbillon du haut jusqu'au bas, son épée au-devant. Solaris le vit arriver, et se résolu d'anéantir ce tourbillon avec son Ultralaser, quitte à être affaiblie après. Lance dut reculer, et Vent Violent fut bel et bien dispersé, mais Solaris subissait le contrecoup d'Ultralaser. N'ayant même plus la force de voler, elle replia ses ailes et fut contrainte d'atterrir. Un instant après, Lance la rejoignit.
- Je vous envie de pouvoir voler sans ailes, lui dit Solaris en tâchant de reprendre son souffle.
- Ça nécessite une énergie en plus, la même que j'utilise pour lancer des attaques, répondit Lance. Chez vous, ça ne doit nécessiter que de l'endurance physique.
- Oui, eh bien, je n'ai jamais trop fait travailler mes muscles. J'avais l'arrogance de croire que ma puissance compenserait assez bien.
Lance leva son épée. Solaris se mit sur ses gardes, mais elle savait que si le général attaquait maintenant, il l'aurait facilement. Solaris n'avait presque plus aucune force. Mais étrangement, Lance baissa sa Lamétrice en soupirant.
- À quoi cela sert-il de continuer ?
- Je ne sais pas, avoua Solaris. À satisfaire notre égo d'humains-dragon ? Je vais vous faire une confidence, maître. Je ne peux pas gagner. Si vous voulez la victoire, il vous suffit de venir. Je ne tiendrai plus longtemps.
- Si j'avais jugé que votre mort allait dans le bon sens pour cette région et le monde, je l'aurai fait. Mais en vous combattant, j'ai bien vu que vous n'étiez plus la même personne qu'autrefois. J'ignore si vous méritez de mourir pour vos crimes passés, mais je sais que vous pourrez apporter beaucoup si vous restez en vie.
Il rangea sa fine lame dans son fourreau.
- Restons-en là. Notre combat m'a diverti, mais je dois faire maintenant ce que j'aurai peut-être dû faire avant que cette bataille ne commence. Ça aurait sans doute sauvé des milliers de vies.
Il empoigna un comlink à sa ceinture et quand il parla dedans, sa voix fut retransmise et amplifiée dans toute la ville.
- À toutes les forces de défense de Safrania, ici le général Peter Lance, commandant des armées de Kanto. Je vous ordonne solennellement de déposer les armes et de vous rendre. Vous vous êtes tous battu vaillamment, et je suis fier de vous. Mais il n'y a aucun honneur à une mort inutile. Je le répète, cessez immédiatement les combats ! À la Team Rocket, je fais savoir officiellement ma reddition.
Il lâcha son comlink, et Solaris vit à quel point ce qu'il avait dit lui en coutait, mais il l'avait fait pour la vie de ses hommes. Solaris ne l'en respecta que bien plus. Elle hocha la tête à son adresse.
- J'espère qu'un jour, nous serons amenés à combattre dans le même camp, général Lance. Ce serait pour moi un honneur.
***
Erend soupira de soulagement quand il entendit la voix amplifiée du général Lance retentir, annonçant sa reddition. Il avait craint que la fierté et l'honneur du général ne l'emporte sur sa raison. Continuer n'aurait servi à rien, si ce n'est à faire plus de victimes. Hélas, il semblait être le seul ici à s'en rendre compte. Tandis que tous les Dignitaires faisaient les cents pas dans la pièce avec de grands gestes quand ils parlaient, Erend était le seul qui n'avait pas bougé de son siège.
- Comment a-t-il osé ?! S'emporta le Dignitaire Crayns. Ce traître ! Il a rendu les armes comme un lâche !
- Nous devons lui retirer son commandement sur le champ et ordonner à nos armées de reprendre le combat, proposa le comte Chumfort.
- Peut-être voudriez-vous rejoindre nos hommes dehors et mourir avec eux ? Leur proposa Erend d'un ton glacial. Vu que vous avez l'air si pressé de continuer à vous battre...
- Qu'est-ce que vous...
- Redescendez un peu sur Terre ! La Team Rocket a gagné, messieurs. Lance aurait dû cesser les hostilités bien avant !
- Je suis d'accord, approuva Silvestre Wasdens. Non seulement nous sacrifierons encore plus d'hommes, mais en plus nous rendrons le colonel Crust de mauvaise humeur si nous persistons.
- Vous êtes fous de croire qu'elle va nous épargner même si nous nous rendons, tonna Crayns. Cette femme est folle, et elle nous méprise ! Si nous la laissons monter jusqu'ici, nous sommes des hommes morts !
Pour Erend, il y avait peu de risque, car il avait pris ses dispositions avant, n'ayant jamais douté de la victoire du colonel Crust. Toutefois, Wasdens était un homme bien, et intelligent. Il espérait que Crust allait l'épargner. Lance également. Pour ce dernier, elle n'aurait pas trop le choix. Même si elle rêvait de le faire tuer, Lance était une figure populaire et appréciée de toute la région, même des pro-Rockets. Siena ne pouvait l'éliminer sans se mettre toute la population à dos, et Erend la pensait assez maligne et rusée en politique pour s'en rendre compte. Ce qui importait maintenant à Erend, c'est la confirmation de son frère que la Shaters avait bien été éliminée. Après quoi, il n'aurait plus rien à faire de Kanto. Il pourrait passer à la phase numéro deux de la guerre, qu'il avait prévu avant même de commencer la première.
***
Siena resta interdite devant l'annonce du général Lance. Avait-elle bien entendue ? Il parlait de se rendre ?! Ses adversaires, Marion et Clément, furent aussi stupéfaits qu'elle.
- Maître Peter a abandonné le combat, constata Clément. Ce n'est pas son genre.
- C'est qu'il doit savoir que la situation est fichue, dit Marion. Le Maître est intelligent. Se battre dans une bataille perdue n'est pas son genre.
Les deux G-Man hochèrent la tête et tournèrent le dos à Siena.
- Vous fuyez, lâches ?! Les apostropha-t-elle. Nous n'en avons pas fini !
Clément Psuhyox lui décocha un regard ennuyé.
- Si Maître Peter a décidé de se rendre, continuer à se battre n'a plus aucun sens, car nous le faisons pour lui.
- Et si jamais vous lui faite le moindre mal, ajouta Marion, soyez certaine que vos jours seront comptés.
Clément attrapa alors le bras de Marion et utilisa son attaque Téléport pour disparaître dans une lumière bleue. Siena ne perdit pas de temps. Elle se rendit sur le dos d'Ecleus jusqu'à son poste de commandement, où elle eut la mauvaise surprise de constater que toutes les forces Rockets avaient cessé le feu.
- Qu'est-ce qui se passe ?! S'exclama-t-elle en déboulant avec force dans sa base mobile. Pourquoi avez-vous arrêté d'avancer ?!
Elle tomba sur Crenden, qui était affalé sur son propre siège de commandement, la regardant d'un air surpris. Non loin, Fatra également la dévisagea avec perplexité.
- Le Général Lance a annoncé sa reddition, madame.
- J'ai entendu. Et alors ? Vous ai-je pour autant donné l'ordre de stopper les combats ?
- Non madame. C'est l'Agent 003, qui commande le régiment régulier de la Team Rocket, qui a donné cet ordre.
Siena retint un juron. De quel droit Vilius, qui était bien au chaud à la base, venait-il se mêler de sa propre bataille ?!
- Contactez-le sur le champ, ordonna Siena.
- Bien madame.
Quelque bip sur la console, et le visage de Vilius apparut sur l'écran central, l'air satisfait.
- Colonel, ce fut une bien belle bataille, et rapide qui plus est, dit-il. C'est votre victoire. Mes félicitations. Je dois dire que...
- Pourquoi avez-vous ordonné à nos troupes de cesser le combat ? Le coupa Siena avec humeur. Nous étions en train de les écraser !
Vilius haussa les sourcils, ne comprenant pas la colère de son alliée.
- Oui, c'est bien pour ça que Lance s'est rendu. Le combat est terminé, Siena. Nous avons gagné.
- Je n'accepterai pas ça ! Nous devons exploiter notre avantage. Vous leur laissez le temps de se regrouper !
Vilius était franchement inquiet, à présent, comme s'il se faisait du souci de la santé mentale de Siena.
- Ils se sont rendus, colonel. Et nous avons tous plus ou moins les mêmes règles de la guerre dans nos sociétés civilisées : la reddition implique la fin des hostilités.
- C'est absurde ! S'ils voulaient se rendre, ils auraient dû le faire durant le temps que leur ai laissé avant d'attaquer ! Ils nous ont défiés, et nous devons le leur faire payer ! Nous devons envoyer un message à tout Kanto - non, au monde entier - en anéantissant le gouvernement des Dignitaires jusqu'au dernier homme debout !
Fatra, Crenden et Faduc regardaient, médusés, l'échange entre leur colonel et l'Agent 003. Vilius donnait l'impression de ne pas croire ce qu'il entendait. Il regardait Siena comme s'il ne l'avait jamais vraiment vu avant.
- Colonel...
Siena ne lui laissa pas le temps de poursuivre. Elle activa son haut-parleur et s'adressa à toutes ses forces.
- Ici le colonel Siena Crust de la GSR ! J'ordonne à toutes les forces Rockets, qu'elles soient de la GSR ou de l'armée régulière, de continuer le combat ! Ignorez l'appel du général Lance. Cette bataille ne sera gagnée que lorsqu'il n'y aura plus un seul ennemi en vie !
- C'est de la folie, colonel ! S'égosilla Vilius à l'écran. Le monde entier nous regarde ! Si vous bafouez une reddition en bonne et due forme...
- Tout le monde me craindra, acheva Siena. C'est ce que je veux.
- Je vous ordonne de respecter le cessez-le-feu et de vous repliez sur la zone de regroupement !
- Je ne reconnais pas votre autorité ici, Agent 003, répliqua Siena. La GSR n'a qu'un seul chef : moi.
- Pour la dernière fois Siena, je vous demande de...
Siena tapa sur la console pour enlever de l'écran l'image de Vilius.
- Et dire que je respectais ce type, autrefois... Fatra, mes ordres ont-ils bien été suivi ?
- Par la GSR oui, madame. Mais les forces régulières Rockets n'ont pas bougé.
- Tant pis. On peut clore cette bataille seuls. Qu'ils restent donc derrière nous regarder. Qu'ils se rendent compte que le futur de la Team Rocket, c'est moi, et pas eux.
Ce fut un véritable chaos. Les Rockets, qui avaient commencé à faire des prisonniers, se mirent à tirer sur les soldats du gouvernement, désormais sans défense. Ces derniers ne comprenaient pas. Ils hurlaient, ils levaient les mains pour bien montrer qu'ils se rendaient, mais étaient systématiquement exécuté. Ce n'était plus une bataille, mais bel et bien une tuerie. De son coté, Vilius avait ordonné aux forces régulières de ne pas obéir à Siena et d'empêcher de commettre ses exactions. On avait donc des Rockets qui s'en prenaient à des GSR, et inversement. Les soldats de Lance qui avaient pu reprendre leurs armes tiraient sur les deux, sans comprendre le pourquoi du comment. La bataille de Safrania s'était transformée en quelque secondes en un désordre des plus sanglants. Et Siena Crust, assise sur son fauteuil, regardait tout cela comme s'il s'agissait du plus beau des spectacles, savourant son œuvre.
***
- Par Arceus le Tout Puissant, mais que se passe-t-il ?! S'exclama Wasdens en contemplant le spectacle de dehors.
- Il semblerait que Crust n'ai pas respecté le cessez-le-feu, expliqua calmement Erend. Et qu'elle ait agi contre les ordres de sa hiérarchie, vu l'attitude des Rockets face à la GSR.
- C'est de la folie furieuse, clama Crayns. Nous avons perdu, mais la Team Rocket tombe en morceaux juste sous notre nez, et leurs commandants se crient dessus en pleine bataille ! Est-ce contre ça que nous avons échoué ? Où est-ce que va aller Kanto, si ce n'est dans le chaos le plus intégral ?!
Pour une fois, Erend était d'accord avec Crayns. Crust l'avait une fois de plus impressionné par son rejet total de la raison et des conventions humaines et morales. Jusqu'où pouvait aller cette femme pour satisfaire son ambition et asseoir son pouvoir ? Il ne le savait pas. Il lui semblait que tout en Siena Crust respirait le mal et le désordre. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme elle, et pourtant, Erend avait connu et affronté Castel Haldar, un homme très haut classé parmi les êtres les plus infâmes de cette Terre. Mais Siena Crust devait largement le dépasser.
Il en avait la certitude absolue, désormais. Cette femme devait être arrêtée, par tous les moyens, où, comme elle semblait pervertir tout ce qu'elle approchait, elle pervertirait le monde de la même façon. Il y avait pourtant une personne dans la pièce qui semblait se réjouir de la situation. Erend dévisagea intensément le visage souriant d'Edgar Cummens, derrière lequel, il le savait, se cachait le visage mécanique d'un robot à l'image du Pokemon Zoroark. Cummens remarqua le regard d'Erend, et lui sourit largement. Au final, Erend ne savait pas qui étaient les plus dangereux : Siena Crust, ou les Pokemon Méchas ?
***
Mercutio ne comprenait plus rien. Il avait entendu la voix amplifiée du général Lance annoncer sa reddition, et ensuite, l'Agent 003 avait ordonné à tout le monde de cesser le combat via communicateur Rocket. C'était très bien. Mercutio n'avait pas espéré que ça dissuade Trefens de se battre, mais plus vite la bataille serait terminée mieux se sera. Sauf que, deux minutes plus tard, la voix de Siena avait retentit à son tour, ordonnant à tout le monde de reprendre le combat, couvrant la voix de Vilius qui disait le contraire. Et quand deux chefs se contredisaient l'un l'autre, ça donnait ça : le désordre le plus absolu.
- Quelle fierté ce doit être pour toi de servir la Team Rocket, se moqua Trefens. Je le vois de là, le monde d'ordre et d'unité que ta sœur veut créer.
- Siena est une abrutie, mais ça ne change rien à notre affaire non ?
- Ça dépend. Tu veux te rendre ?
- Me rendre ? S'amusa Mercutio. Et qu'est-ce qui va m'arriver, si je me rends ?
- Je te laisserai en vie. Je t'amènerai avec moi, où que j'aille, et tu auras pour obligation de m'enseigner tout ce que tu sais sur les pouvoirs des Mélénis. Quand j'aurai appris de toi tout ce qui est possible, je te relâcherai.
- J'ne suis pas sûr que les Maîtres du Refuge soient d'accords pour que j'apprenne le Flux à un Découpeur.
- Non c'est vrai. Ils t'ont envoyé m'éliminer, ces lâches incapables de gérer leurs problèmes par eux-mêmes !
D'un mouvement de lame aussi vif que l'éclair, Trefens libéra une onde de Flux destructrice qui découpa une bonne partie du toit. Mercutio avait de bons réflexes et la vitesse née du Quatrième Niveau, pourtant, en esquivant, il y laissa un bout d'une de ses bottes. Il n'eut pas le temps de s'inquiéter si ses doigts de pieds étaient intacts, car Trefens réitéra son geste. Mercutio ne pouvait qu'éviter. Il n'avait rien pour se battre. Son épée était en miette, son Flux était inutilisable, son pistolet ne servait à rien ( il avait essayé de tirer une balle, et elle était partie en particules avant d'atteindre Trefens ), et même sa force physique du Quatrième Niveau, son seul atout qui lui restait, ne pouvait pas lui servir contre Trefens maintenant. Si jamais il s'avisait de donner un coup de poing au Shadow Hunter, sa main se transformerait en atomes éparpillés.
Et il ne pouvait plus tenir bien longtemps sur ce toit qui partait en miette. Seule option pour survivre : la fuite. Mercutio n'était pas fan de cette stratégie, mais entre la vie et l'honneur, il avait un petit faible pour la vie. Tout en continuant d'esquiver, à chaque fois plus péniblement, les ondes découpantes de Trefens, Mercutio regardait tout autour de lui, cherchant une issue pour filer. Il aurait tout simplement pu sauter de l'immeuble. Avec son Quatrième Niveau activé, il survivrait sans doute à la chute. Mais ça ne le tentait pas trop, car même s'il survivait, ses pauvres jambes seraient bonnes à jeter, elles.
C'est alors qu'il vit ce qu'il voulait. Un chasseur à l'effigie du gouvernement qui passa un peu plus bas, visant des blindés Rockets. Mercutio prit son élan, sauta, et parvint à tomber sur l'un des ailerons de l'appareil. Trefens était resté sur le toit, mais continuait à le bombarder d'ondes de Flux destructeur. Mercutio, malgré la vitesse, tint bon sur la coque de l'appareil, et usant de son Quatrième Niveau, il brisa le cockpit d'un coup de poing et souleva le pilote éberluée d'une main.
- Désolé vieux, je réquisitionne ton engin.
Il jeta le pilote du gouvernement sur le toit le plus proche, puis s'assit au commande, redirigeant d'urgence le chasseur avant qu'il ne s'écrase sur le siège de la Sylphe SARL. Mercutio trouva bien vite ses ailes. Les commandes n'étaient guère différentes d'un chasseur de la Team Rocket. Avec ça, il aurait facilement pu semer Trefens et se mettre à l'abri. Mais son père adoptif, le commandant Penan, lui avait appris qu'entre la vie et la mission, un bon Rocket devait faire prévaloir la mission.
Il fit faire demi-tour à son engin et reprit de l'altitude, droit vers la tour centrale. Distinguant Trefens, il fit feu à volonté avec les mitraillettes du chasseur. Les balles se désintègreront avant de l'atteindre, il le savait, mais c'était seulement pour l'occuper. Mercutio avait dans l'idée de lui balancer quelque chose de plus volumineux à la figure, quelque chose qu'il n'aurait pas le temps de désintégrer avant qu'il ne soit sur lui. Mercutio mit les commandes sur pilote automatique et remonta sur la coque. Il sauta avant que l'onde tranchante lancée par Trefens ne découpe l'appareil en deux. Et durant sa chute, il fit appel à l'un de ses Pokemon.
- Pegasa, j'ai besoin d'un taxi mon pote !
Le pégase de feu apparut dans un flash de lumière à la sortie de sa Pokeball et parvint à se placer dessous son dresseur pour le rattraper.
- Hiiiiii haaaa mon frère ! À quoi tu joues, vieux ? Généralement, tu n'as pas besoin de moi pour voler.
- Je ne peux plus utiliser mon Flux pour le moment. Tu vois, tu peux être encore utile.
Mercutio observa avec satisfaction le toit de la tour centrale exploser quand les deux parties du chasseur s'écrasèrent. Et dans le même temps, une silhouette noire sauta du toit pour se diriger droit vers eux.
- Merde... Pegasa, reviens vite !
Il rappela son Pokemon à temps, juste avant que la lame de Trefens ne lui découpe une aile ou pire. Mercutio sentit la pression du Flux découpeur de Trefens quand il passa tout près de lui, et fut pris d'un frisson. Une partie de sa peau du visage et de son bras droit s'était arrachée à son corps durant ce court instant. Et plus embêtant, Mercutio tombait. Certes, il n'était plus trop loin du sol, mais le choc fut quand même rude. Il dut serrer les dents pour se relever, et ce fut alors pour faire face à Trefens.
Il était un peu roussi par endroit, et pour lui aussi, qui en plus avait sauté de plus haut, la chute ne lui fit pas du bien. Il respirait lourdement en se tenant les côtes. Mais son Flux n'avait rien perdu de son aura meurtrière et répugnante. Autour d'eux, c'était une tuerie des plus totales entre les soldats gouvernementaux qui tentaient de bloquer l'entrée à la tour centrale et la GSR qui tuait inlassablement. Il y avait aussi des Rockets de l'armée qui tentaient de s'interposer pour arrêter les massacres, mais personne ne faisait attention à eux. Trefens jeta son katana d'un air dégouté, et, chose étrange, Mercutio sentit la pression de son Flux réduire, jusqu'à qu'il ne puisse plus la sentir sans le sien activé. En tous cas, si la matière autour de lui continuait à se désassembler, elle le faisait moins rapidement.
- Tu peux... maîtriser la fréquence de ton Flux ? S'étonna Mercutio. C'est quelque chose que seul les Mélénis confirmés savent faire.
- Ah bon ? Pourtant, ça me semble naturel.
- Pourquoi fais-tu ça ?
- Si je continue à m'en servir au maximum, tu ne feras que fuir, et je serai obligé de te tuer de dos. Ça ne me plait pas. Je ne peux pas annuler mon Flux, mais à ce niveau, me toucher ne te tuera pas. Pas immédiatement, du moins. Allez, viens. Finissons-en, Mercutio Crust. Notre querelle doit se terminer avant la fin de cette guerre !