Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Le Projet Wallace de Domino



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 24/04/2014 à 23:01
» Dernière mise à jour le 26/04/2014 à 00:48

» Mots-clés :   Action   Humour   Romance   Slice of life   Unys

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
066 - Elle descend de la montagne
« Il n'existe point en ce monde, ni dans l'air, au milieu de l'océan, ni dans les profondeurs des montagnes, d'endroit où l'on puisse se débarrasser du mal qu'on a fait. »
(Extrait de Dhammapada)

« Après nous, le déluge
Se laisser tomber
Dévaler jusqu'à un refuge
Jusqu'à s'oublier... »

(Mika – L'amour dans le mauvais temps)



(Sauf mention contradictoire, les flashes de ce chapitre se déroulent tous à la même période : 14 ans après le début de la fic. Les élèves ont donc tous trente ans dans ces flashes précis. Firmin Truman est quant à lui âgé de dix-neuf ans.)



Blonde Redhead – For the Damaged Coda

Ouvrir les yeux.

Voir le nouveau monde. Celui qui suit la chute. L'effondrement. Que le ciel est loin. Que le reste du monde est haut.

Avec l'ouverture des yeux, celle des chakras. Du cerveau. Des nerfs. Douleur, mal, ouch, fuck...

- Ah... AH... AAAAAAAH !!!

Il se relève, péniblement sur ses coudes. La chute a été rude. Plusieurs éraflures. La jambe. Il se regarde. Il n'est plus accroché à Elle. C'est mieux, pense-t-il, même si c'est trivial comparé à la douleur dans sa jambe. Il est sale, plein de feuilles, de branchages et de poussière. Du sang, peu, mais présent. Il a été éraflé à plusieurs endroits.

Douleur lancinante et forte. Jambe droite.

- AAAAAAAAAH ! AU SECOURS !!! AAAAAAAAAAAH !

Il se tait et se met à pleurer. Pourquoi à lui, bon sang ? N'a-t-il pas déjà assez morflé, se dit-il. C'est quand que quelque chose de bien m'arrive à moi aussi, se dit-il sans vergogne. Car après tout, ses parents qui meurent, sa tante qui l'héberge plus qu'elle ne l'élève, sa vie sentimentale aussi nulle que chaotique que ridicule, être lié à cette pouffiasse pour une excursion en forêt par un putain de fœtus vert...

« Merde, c'est quand que ça cesse », se dit-il. La succession des merdes chiées sur la tête de Tristan Edison était bien trop longue et intense. Dieu a une sacrée putain de diarrhée, et il avait choisi un simple ado de 17 ans pour la déféquer.

Tristan sanglotait, et cela ne s'arrêta pas quand il vit qu'elle était toujours vivante.

ELLE.

Elle allait visiblement un peu mieux que lui, bien qu'étant un peu éraflée elle aussi, et sale, ce qui pour elle était probablement pire qu'un cancer colorectal en phase terminale. Il la regarda et pleura encore. « Merde, après une telle chute, elle est encore vivante et en plus elle tient debout. »

- C'est bon, t'as fini de GUEULER ? Maintenant tu chiales, encore mieux ! Allez !

Elle entreprit de le relever.

- AAAAH ! NON ! ARRETE ! MA JAMBE !

Rebecca Gates regarda les jambes de Tristan Edison. Il n'avait rien d'apparent.

- Tu saignes pas !
- J-J'AI MAL !! J-J-J'AI SUREMENT D-DU ME CASSER QUELQUE CHOSE ! Gnnnn...

Rebecca tenta de soulever la jambe. Le genou se pliait bien, mais la cheville avait un problème.

- AAAAAAAAAAAAAAAH !
- Tu m'as fait peur, gros débile ! Tu as juste une entorse !
- AH ! AAAH ! C-C-Comment tu le sais ?! geignit le jeune homme.
- Parce que j'ai reçu une excellente éducation figure-toi, et ma mère m'a appris à reconnaître une entorse ! Si tu avais la jambe cassée, je n'aurais même pas pu toucher ta jambe sans que tu ne hurles comme un Groret !

Tristan respirait bruyamment.

- On est tombés...
- Oui, figure-toi qu'il y a eu un joyeux éboulement, que c'est tombé à côté de nous et que le choc a fait s'effondrer un pan du chemin. Je suis tombée et je t'ai entraîné avec moi.

Tristan grimaça.

- Je suppose que tu vas m'en vouloir pour ça aussi !

Tristan soupira.

- Comment on va faire pour remonter ?!
- Je sais pas, construis une échelle pour voir ?

Tristan regarda Rebecca.

- C'est VRAIMENT pas le moment !
- C'est le moment de quoi, de chialer parce que tu as mal à la jambe ? Abruti, ne pose pas de questions idiotes !! Il faut qu'on essaie de retourner au bus, c'est là qu'ils vont nous chercher !
- Je peux pas bouger...
- Oh bordel de merde !

Rebecca prit Tristan par le bras et le porta sur son épaule.

- Merde, tu pèses ton poids pour un geek mal nourri !
- ... je suis pas mal nourri !
- Je suis ravie de voir que tu as retrouvé l'usage de la parole !

C'était vrai. Tristan ne pensais même plus à ne plus lui parler, cela lui semblait superflu sur le moment. Rebecca le porta donc à moitié sur son dos.

- Ton autre pied, tu peux le poser ?

Tristan éprouva quelques difficultés, mais il réussit à se poser sur un pied.

- C'est bon...
- En route alors... euh... dans quelle direction ?!

Tristan haussa les sourcils. C'est vrai, ça. Par où aller ? Où était le bus ? Le sentier faisait-il vraiment le tour de la montagne ?

- D'accord... Bon... Est-ce que monsieur le geek a une boussole ?!
- Arrête de m'appeler comme ça...
- Arrête d'être aussi rude, bon sang ! Je te porte, tu veux que je te lâche, peut-être ?!
- Je suis rude ? C'est l'hôpital qui se fout de la charité... Avance !
- Ne me DONNE PAS d'ordres !!

Rebecca avança péniblement. La forêt était bien calme. Tristan regardait autour. Certains Pokémon sauvages les observaient et semblaient quelque peu apeurés par leur présence.

- Je suis toute crade et j'ai mal partout, bordel !
- C'est étonnant qu'on s'en soit si bien sortis... On a dévalé la pente en fait...
- Qui ça intéresse ! Ah oui, j'oubliais que tu étais un cerveau, les cerveaux aiment bien tout décortiquer. Alors, je me suis cassé un ongle, comment, pourquoi, tiens si j'écrivais une dissertation à ce sujet ?

Tristan soupira.

- Je me demande ce que Mike te trouve...
- Oh pfff ! T'es jaloux ?

Tristan plissa les yeux.

- Nan.
- Avoue que tu aimerais bien coucher avec Mike !
- Nan pas du tout ! protesta Tristan.
- Mais si, je suis sûr que Wallace, lui, il y a déjà pensé !
- Wallace peut-être, moi non !
- Comment ça se fait ?

Tristan leva les yeux au ciel.

- Rebecca, est-ce que tu as déjà dragué un gay ?
- Nan bah nan !
- Eh bah là c'est pareil, je suis gay, je vais pas draguer un hétéro, ça ne servirait à rien.
- Oui pis c'est pas comme si tu pouvais le rendre gay !
- Je n'ai pas ce genre de don, désolé de te décevoir. Et dans la situation actuelle, tu avoueras que ce serait plutôt inutile.
- Tu m'étonnes. J'ai un de ces mal de crâne !
- Tu viens de dévaler une montagne, Rebecca...
- Oui bon ça va hein ! Tu es le cerveau, je suis les bras en ce moment, alors hein, je serais toi, je baisserais d'un ton !
- Je fais ce que je peux, j'ai qu'un pied, moi !
- Pauvre chéri !
- Pourquoi tu es aussi méchante avec moi ?!
- Parce que tu es une chochotte qui passe son temps à geindre, ça m'énerve ! Surtout actuellement, on n'a pas besoin de ça.
- On sait même pas par où on va...
- Oui eh bah écoute, on ira là où on ira !

Tristan souffla, déplacé par Rebecca, s'aidant de son pied valide.

- Tu es obligée d'être aussi rude, décidément...

Rebecca s'effondra.

- R... Rebecca ?!!

Tristan se releva, étonné. Il regarda Rebecca, inconsciente.

- Rebecca ! Rebecca, réponds !

Il la retourna et constata qu'elle avait une blessure sur la tête. Peu profonde mais néanmoins suffisante pour lui avoir fait un beau traumatisme crânien.

- Rebecca, est-ce que tu m'entends ? Rebecca ?! Bon sang... Au secours !! Au secours, je vous en supplie, pitié !!

Tristan se mit à pleurer. Ça lui rappelait trop de mauvais souvenirs.

- Ça recommence... Putain... ça recommence ! Je sais pas où je suis, elle est inconsciente... Merde, merde, MERDE !

Tristan soupira.

- Mes Pokémon... Qu'est-ce qu'on peut faire ? Rien... Les siens... Je vais quand même pas voler ses Pokémon...

Tristan songea à ce que Rebecca lui avait fait. Il haussa les épaules et prit la Pokéball de Colombeau.

- Allez !

Colombeau apparut, vit Tristan, vit sa maîtresse allongée, inconsciente, et tourna aussitôt la tête, dédaigneux.

- Colombeau, j'ai besoin de ton aide !

Le Pokémon se moqua éperdument des ordres de Tristan. Lequel souffla.

- Envole-toi, quoi ! Va chercher les autres ! Je t'en prie !

Colombeau approcha de Tristan qui plissa les yeux. Le Pokémon frappa sa Pokéball et y rentra de lui-même.

- ... ah ouais quand même... aussi chiants que leur maîtresse... Morphéo ne peut pas voler plus haut que deux mètres... Je suis coincé, seul dans la forêt avec une fille inconsciente... Bref je suis dans le rêve éveillé de Steven Weldon... Pffff... Pourquoi je pense à ça... et pourquoi je parle tout seul bordel...

Quelque chose sortit des fourrés. Tristan fixa la grosse silhouette.

- Oh mon... Oh mon... Oh mon...

Il eut si peur qu'il s'en évanouit.

***

- Cachaçaaaa !
- Oooooh !

L'homme versa l'alcool brésilien dans le verre, sous les yeux ébahis d'une horde d'homosexuels.

- Citron vert !
- Yeaaaaaah !

Il coupa un citron avec adresse et le pressa dans le verre.

- Et, et, et... Du sucre de caaaaanne !
- Aaaaaaaaah !

Piochant dans une sucrière, l'homme déversa une cuiller de poudre dans le verre. Il le posa ensuite à son client.

- Et voilà, une Caipirinha ! A qui le tour ?

Wallace Gribble avait pour le moins réussi son pari. S'il n'avait pas encore son propre bar à lui, il était pourtant un des barman en vue du Volupté, le plus grand club gay de Volucité. Il avait réussi à s'y faire engager sur un coup de poker il y a longtemps. Depuis, cet endroit avait été le théâtre de sa vie active.

- Eh bah alors, comment qu'il va, le petit Gribble ?

Wallace se retourna vers un type assez âgé mais encore plutôt bien conservé.

- Salut patron !
- Tu me sers ton épouse, s'il te plait ?

Wallace sourit et prépara une Piña Colada. Il la servit à son patron en un temps record et se mit en pause pour le club. Se servant un petit thé, il s'assit face à son employeur.

- Tout se passe bien ? demanda Wallace.
- Niveau gestion, ouais. J'ai encore eu une visite sanitaire.
- Aouch...
- Les trous dans les toilettes, ils ont pas apprécié.
- Oh c'est rigolo, je suis quasiment certain de vous avoir fait une turlutte un jour mais je le saurais jamais ! Surpriiiise !

Le patron ricana. Wallace sourit.

- T'es un bon gars, Gribble, je regrette absolument pas le jour où tu m'as supplié de t'engager.
- Qu'est-ce que j'étais con à cette époque... sourit Wallace.
- A propos, comment il va ?

Wallace souffla.

- Fait trois-quatre ans que je l'ai pas vu... J'pense qu'il a fait l'impasse, finalement.
- Et toi ?

Wallace leva la main et regarda l'alliance à son annuaire.

- ... C'était juste pour 72 heures.
- Pas d'après ce que t'as pu raconter par-ci par-là aux gars. Toi et ce gars, c'est...
- Une erreur. Depuis le départ. On s'en fout. Est-ce qu'on peut parler de mes parts dans la société ?

Le patron s'étonna.

- Tu remets ça sur la table ?
- Ouais, je veux avoir le club quand vous clamserez !
- Putain, la dernière fois qu'on a eu cette conversation...
- On s'est battus et on a bien failli baiser, je sais, et sachez que le fait que vous ayez vingt ans de plus que moi ne me gêne mais absolument pas...

Le patron soupira.

- Gribble, t'as trente balais, t'es un brave gars, t'es probablement le gay le plus gay de tout Volucité et t'as probablement baisé et été baisé au moins trois fois par toute cette ville et ça m'étonne que tu sois pas séropo ou pire, mais j'ai un énorme souci avec toi qui ne s'effacera pas avec des « Mais allez monsieur, vendez-moi votre club »...

Wallace soupira en levant les yeux au ciel.

- ... T'es un gosse ! T'as une mentalité de gamin, tu parles comme un gamin. T'es malin, mais t'es immature. Ce serait comme donner une bombe H au diable de Tasmanie !

Wallace se mordilla les lèvres.

- Tu te rappelles l'incident de la caisse perdue...
- Mais putain, ça faisait que deux ans que je bossais ici ! J'étais jeune et con, arrêtez de me ressortir ça !! Et j'étais simple serveur à l'époque, j'étais pas formé, c'était VOTRE FAUTE !

Le patron désigna Wallace du bout de l'index.

- Tu vois ? C'est à cause de ce genre de comportement de gamin de merde que je ne PEUX PAS te laisser les clés du club. Parce que t'es incapable d'assumer ta part de faute. Et je sens que c'est pas la première fois que ça t'arrive.

Wallace grommela. Il cessa de se mettre en pause et reprit le service. Le patron finit sa Piña et repartit à ses affaires.

- Pffff... Je ferais un mille fois meilleur patron que toi...

Wallace repéra un jeunot au bar. Il l'approcha.

- Carte d'identité ! On sert pas les mineurs !
- J'ai seize ans !

Wallace haussa les sourcils.

- Tout juste majeur, hein ? C'est la première fois que tu viens dans ce genre d'endroit ?

Le jeune homme acquiesça.

- Je vois le genre. Tiens, ma spécialité.

Le gamin but quasiment la moitié du verre sous les yeux hallucinés de Wallace.

- Hey ! Ça se savoure, un cocktail de cette envergure !
- D... Désolé !
- Tu me rappelles un pote à moi au même âge... souffla Wallace. Et oui, je sais, ça fait vieux con de parler comme ça.
- N... nan, pas du tout !

Wallace regarda le gosse et sourit.

***

Wallace s'écroula dans le lit alors que le jeune homme reprenait son souffle.

- W... Waouh...
- Nan, c'est Wallace. Wally pour les intimes...

Wallace prit une cigarette.

- T'en veux une ?
- N... nan, merci.

Wallace haussa les épaules et s'alluma une clope.

- Je... Je devrais prendre une douche... En plus il est tard !
- Tu peux dormir ici, ça m'embête pas. On peut même recommencer, si tu veux.

L'ado regarda Wallace.

- C'est vrai ? Demain ?
- Ca va pas, nan ? Ce soir ! Demain tu seras déjà en train de biberonner un autre mec. Faut que tu te fasses des relations, mec !

Il acquiesça. Wallace le regarda, mit sa clope dans le cendrier et se releva pour embrasser son amant.

- Mais on peut recommencer dès maintenant, pendant que t'es encore souple et frais...

Le jeune homme acquiesça, désireux d'apprendre. Wallace sourit.

- C'est les comme toi que je préfère... avant qu'ils deviennent chiants...

***

Le lendemain, après avoir envoyé Amant numéro 278 à l'école, Wallace retourna dans son appartement pour profiter de sa semaine de congés.

- Oui ma grande... J'ai contacté le petit mexicain, il va bouger son auguste fessier rempli de prix Nobel pour venir à ta noce. En espérant que cette fois ce soit la bonne... Hm... Bah écoute si tu penses que réunir toute la promo vous portera chance... Hm... Quoi qu'il en soit, je veux bien diriger l'équipe de traiteurs, ouais... Je ne coucherai pas à ton mariage, Fey, bordel, tu me prends pour qui ?!

Wallace grimaça.

- ... ouais t'as pas tort. Ecoute, de toute façon y'aura mon cher ex-mari, donc j'aurais un chaperon, tu vois !... Nan, je l'ai pas revu depuis notre dernière rupture. Ça va être rigolo, tu vois ? J'ai hâte d'y être à ton mariage !

Wallace écouta ce qu'on lui disait au bout du fil. Il hocha la tête.

- Meuf, vous faites un super couple, y'a pas de raisons que ça marche pas, ok ? Et James a plus de couilles qu'il n'y paraît. Allez, repose-toi bien et salue le petit James Junior pour moi, ok ? Bisous !

Wallace raccrocha et souffla.

- Bon. Bah on va aller se choisir des fringues, hein ! Parce qu'à part des chemise et des trucs moulants, y'a pas grand-chose dans l'armoire...


***

- Mmmm... gnn...

Tristan ouvrit un œil.

- Tu as pris un sacré risque...
- Grimm les a ramenés, je pouvais faire quoi ?
- Rien d'autre, en effet... Mais il n'y a pas intérêt à ce que ça se sache...

Tristan plissa les yeux et se releva. Il vit le couple qui discutait.

- Ah, l'un des deux est réveillé !

Tristan semblait halluciné. Un homme brun avec une barbe de quelques jours lui sourit amicalement. La femme rousse à ses côtés avait un sourire tout aussi rassurant.

- Bonjour jeune homme ! Ça va mieux ?
- ...

Tristan avait la gorge sèche. La femme rousse leva les mains.

- Où sont mes manières ! Je te ramène de l'eau !

Elle partit en cuisine. L'homme regarda Tristan qui vit Rebecca, encore assoupie dans le lit d'à côté. Il se regarda, n'ayant plus ses habits.

- Claire a mis tout ça à la machine ! Je suis Malcolm !

Tristan observa l'homme, encore tout éberlué de la tournure des évènements. A première vue, il était dans un chalet.

- Nell, calme-toi, ils ne vont rien salir !
- Mais je veux jouer dans ma chambre, moi !
- Va jouer dehors un moment, tu retrouveras ta chambre sous peu !

Claire ramena un broc d'eau.

- Malcolm, tes enfants sont de vilains égoïstes...
- MES enfants ?! Je te rappelle qu'on les a faits à deux !
- Oui eh bah là, ce sont les tiens ! Voilà jeune homme !

Tristan but rapidement pour étancher sa soif.

- Doucement, doucement !

Tristan souffla, rassasié.

- Elle va bien ?

Malcolm acquiesça.

- Elle a subi un gros choc visiblement mais j'ai pu calmer sa fièvre. Quel est ton nom, mon grand ?
- Je suis Tristan, Tristan Edison, monsieur, et elle, c'est Rebecca Gates.

Malcolm haussa un sourcil et regarda Claire qui hocha la tête.

- D'accord...
- Quoi ?
- Rien, rien, juste que... le monde est bien petit... Mais ce n'est pas comme si on n'était pas habitués, hein ?

Claire ne put qu'acquiescer.

- Tu veux manger quelque chose ?

Tristan avait l'impression d'avoir fait un rêve super long, d'être réveillé et soudain d'avoir une espèce de famille. Ces gens avaient l'air tellement gentils, tellement normaux... « Et de fait, cela les rend anormaux », songea Tristan.

- Euh... je voudrais pas vous déranger...
- Tu ne nous déranges absolument pas ! Je comptais faire des pâtes !
- Ça ira tout à fait... pour moi en tout cas...

Tristan regarda Rebecca. Claire acquiesça.

- Je fais faire de la salade en plus !

Tristan haussa les sourcils alors que Claire retournait en cuisine. Malcolm regarda Tristan.

- Alors petit, qu'est-ce qui vous est arrivé ?
- On... euh... On était à la montagne avec ma classe, et... il y a eu un... éboulement...

Malcolm inspira lourdement.

- Les travaux de forage reprennent peu à peu, c'est n'importe quoi qu'on vous ait laissés arpenter le sentier...
- Avec Rebecca, on a eu peur et le sol s'est dérobé sous nos pieds...
- Je vois... Vous avez eu de la chance de vous en être aussi bien sortis et que Grimm vous ait trouvé.

Tristan hocha la tête.

- Grimm, c'est...
- Mon Judokrak. Nos Pokémon font régulièrement des rondes pour surveiller les alentours.

Tristan grimaça et regarda par la fenêtre.

- On est toujours dans la forêt... V... Mais c'est une réserve naturelle ?!

Malcolm serra les dents.

- Tu es un petit malin, toi, hein ?
- ... Qui êtes-vous ?! V... Personne n'est censé pouvoir vivre ici !
- Tu poses trop de questions pour ton propre bien. Nous ne sommes pas dans l'illégalité, d'aucune sorte, et nous n'enfreignons aucune règle. Disons pour faire simple que...

Malcolm agita les mains.

- C'est un peu comme un programme de protection des témoins ! Tu vois ce que je veux dire ?

Tristan secoua la tête. Malcolm hocha la sienne.

- M'étonne pas. Je suis toujours aussi peu doué avec les ados... J'espère que ta petite copine sera moins sceptique...

Tristan écarquilla les yeux.

- C... C'est PAS ma petite copine ?
- Ah non ?
- Pas du tout, alors là...
- Oh, pardon...

Rebecca se releva, intriguée.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Doucement jeune fille, doucement...
- Ma tête... On est où ? A l'hôpital ?!
- T'as déjà vu un hôpital comme ça ? souffla Tristan.

Rebecca regarda Tristan, furieuse.

- T'es encore vivant, toi ? Encore à me faire suer ?

Tristan soupira. Rebecca se releva, plus vivante que jamais.

- Monsieur le bûcheron !

Malcolm tâta sa barbe.

- Ce gosse est insupportable, il m'en veut parce que selon lui, j'ai FOUTU sa vie en l'air !
- N'importe quoi... Tu peux pas te rendormir un bon coup ?
- Ah ça y est, tu redeviens méchant avec moi, c'est fini les « Rebecca, ma jambe, ouiiiin ! »

Sa jambe. Tristan regarda son pied, bandé avec un atèle.

- ... Cool...
- Tu ne pourras pas marcher pendant un petit mois. On n'a pas de béquilles par contre, tu vas devoir te débrouiller...

Rebecca se saisit la tête.

- Ouch ! Ouch-ouch-ouch !

Malcolm soupira et appela un Leuphorie.

- Vas-y Beth, E-Coque.

Le Pokémon approcha de Rebecca et utilisa son œuf pour soulager sa douleur. Rebecca souffla et se coucha.

- Merci...
- Ne t'énerve pas trop, jeune fille, ça pourrait aggraver votre traumatisme crânien.

Rebecca se releva.

- J'ai eu un traumatisme crânien ?!
- Oui !

Rebecca sourit.

- Cooool ! Je vais pouvoir m'en vanter auprès du reste de la classe ! AU FAIT VOUS ETES QUI, ET POURQUOI SUIS-JE EN SOUS-VETEMENTS ??? GROS PERVERS !!!

Tristan leva les yeux au ciel. Malcolm serra les dents.

- Tiens donc, un fantôme... geignit le professeur de mathématiques, pas à l'aise.

***

- Bien, dans le cadre de notre cours optionnel sur le combat officiel... Je vous demande d'accueillir un vrai champion d'arène, le champion de Port Tempères : Monsieur Amaro !

Le vieil homme fit son entrée sous les applaudissements des élèves.

- Bonjour à tous !
- Monsieur Amaro est un horticulteur reconnu et un maître émérite des Pokémon Plante.
- En effet. Votre chère institutrice a bien retenu mon palmarès ! Il faut dire qu'il est court...
- Monsieur, voyons ! souffla la prof.

Les élèves sourirent. Le vieil homme regarda la salle.

- Enfin, un palmarès, des titres, ce n'est rien, seules comptent les aptitudes, la mentalité et la détermination. Est-ce que l'un d'entre vous souhaiterait se frotter à moi, pour voir ?

La prof s'étonna.

- Une démonstration, monsieur ?!
- Eh bah oui, alors quoi, j'étais censé parler pendant une heure ?
- Moi, moi, moi !!
- C'est juste que c'est un grand honneur...
- Boh, pas tant que ça, m'affronter c'est un peu comme se battre contre une armée de bébés !
- Moi, s'il vous plait, moi !

La prof et le champion se tournèrent vers un élève. Jeune homme aux cheveux châtains clair, il semblait très impatient d'être choisi.

- Oh bon sang... souffla la prof.
- Il a l'air pressé de se faire botter les fesses, lui ! sourit le vieux champion.
- Personne d'autre ne veut s'y coller ?

Les autres élèves semblaient peu enclins à se donner en spectacle. La prof souffla.

- Très bien, monsieur Truman, allez-y...
- OUAIS !

Firmin Truman descendit. Amaro fut étonné par ce grand gamin tout enthousiaste de venir l'affronter.

- Il me rappelle quelqu'un plus jeune, lui !

Firmin approcha du champion et lui tendit la main. Amaro hocha la tête, enleva un de ses gants et rendit à Firmin sa poignée de main.

- Bon, bon, bon... Comme tu es un gamin de ce cours, je suppose que tu as au moins six Pokémon.

Firmin acquiesça.

- Nous n'en utiliserons que trois, je te prie.

Firmin hocha la tête.

- Je commence avec Chétiflor !

Le Pokémon apparut et tordit sa tige. Les élèves rirent quelque peu, pensant que le champion sous-estimait Firmin.

- Bon, bah quand faut y aller... Marisson !

Le starter Plante de la région Kalos apparut. Il se dressa face à l'adversaire sans le regarder de haut. Amaro acquiesça.

- Pokémon Académique.

Firmin hocha la tête.

- Cela se reconnaît à la posture du Pokémon. Le Pokémon Académique est le mieux éduqué des Pokémon de son entraîneur, il adopte donc des traits de celui-ci. Vous avez la même pose et la même expression sur le visage. Cette même fougue de la jeunesse...

Firmin esquissa un sourire.

- Fouet Lianes !

Chétiflor étendit ses lianes et entreprit de frapper Marisson avec violence.

- Roulade !

Marisson roula vers Chétiflor. Esquivant les lianes qui avaient ciblé les côtés, il porta le premier coup en ligne droite.

- Wooooh !
- Balaise !
- Allez Firmin !

La prof agita la tête. Amaro sourit.

- Me faire prendre de vitesse par un autre Pokémon Plante, fameux ! Acide !

Chétiflor cracha une vive solution verdâtre. Marisson se la prit en pleine face, bien trop proche. Le Pokémon recula, touché.

- Marisson !
- Constriction !

Chétiflor allait s'emparer de Marisson. Firmin fronça les sourcils.

- Dard Nuée !

Marisson tourna sur lui-même et envoya des projectiles qui évacuèrent les lianes cherchant à saisir Marisson. Amaro éclata de rire.

- Insaisissable, cette petite marmotte ! Hahaha !
- Marisson, Cognobidon !

Marisson se saisit le ventre et supporta la douleur comme un petit chef. Amaro haussa un sourcil et regarda la prof.

- Sacrés élèves que vous avez là...

- PLAQUAGE !

Marisson chargea vers Chétiflor. Le Pokémon tenta de frapper avec Souplesse mais Marisson le frappa en premier d'une charge surpuissante. Chétiflor se retrouva KO, et les autres élèves applaudirent Firmin.

- Trop balaise !
- Tu l'as explosé !
- Génial !

Firmin sourit, pas peu fier. Amaro acquiesça.

- Je t'ai sous-estimé, gamin.
- Merci. Je vous ai un peu sous-estimé aussi. Prendre Marisson, c'était abattre une grosse carte !

La prof leva les yeux au ciel.

- Suivant : Floravol !

Amaro envoya le petit Pokémon vert avec sa fleur jaune sur la tête qui tournait pour le faire léviter. Firmin plissa les yeux mais ne se laissa pas démonter.

- Bon... Reviens, Marisson !

Epuisé, le Pokémon ne fit pas de caprice.

- A toi, Dedenne !

Le hamster apparut, tout content.

- Comme c'est mignon ! sourit Amaro. Floravol, attaque Champ Herbu !

Floravol tournoya et fit pousser de l'herbe sur tout le terrain, mais Firmin voyait clair dans son jeu. « Il veut me sonder. »

- Dedenne, attaque Frotte-Frimousse !

Dedenne sauta vers l'adversaire, se frotta à lui et le paralysa instantanément.

- Joli coup !
- N'est-ce pas ! sourit Firmin.
- Façade !

Floravol riposta violemment. Dedenne retomba au sol, toujours combattif.

- Dedenne, Clonage !

Une explosion de fumée se produisit. Dedenne fut remplacé par un clone.

- Sa marque de fabrique... marmonna un des élèves.
- Le champion est dans la panade...

Amaro sourit.

- C'est malheureux. Tu sais anticiper la force brute. Mais...
- Fatal-Foudre !

Le clone s'entoura d'électricité qu'il chargea à haute puissance. Amaro haussa un sourcil.

- Mais même si tu sais en déployer, tu laisses à ton adversaire un sacré boulevard...

L'électricité cessa de s'accumuler. Firmin s'étonna. Le clone ne se dissipait pas.

- Hein ?

Firmin plissa les yeux. Dedenne était affecté par une Vampigraine.

- Zut...
- Dois-je continuer ? Poudre Toxik...

Floravol attaqua, et l'attaque porta. Firmin semblait désemparé.

- Infiltration ! Floravol peut ignorer les barrières. Y compris les clones.

Firmin se mordilla les lèvres.

- Je ne t'ai pas sondé avec le Vent Féérique, je t'ai sondé avec Chétiflor. Et jeune homme, tu prêtes bien peu attention aux implications stratégiques des défenses adverses.

La prof acquiesça.

- Je l'avais remarqué avant vous, mais c'est bien que vous le lui redisiez...

Firmin grommela. « Gnnn, pas la peine de me passer un savon... »

- On termine ?
- Je suppose que oui...

Firmin rappela Dedenne.

- C'est parti, Lakmécygne !!

Le Pokémon blanc apparut en étendant ses ailes. Amaro sourit, impressionné.

- Joli !
- Merci...
- Chevroum !!

Le robuste Pokémon plante apparut. Firmin déglutit.

- Eh oui, c'est mon Pokémon le plus fort, et le plus connu. J'admettrais que tu as gagné si tu arrives à le faire flancher.

Firmin se mordilla les lèvres.

- ... Danse-Plumes !!

Lakmécygne agita les ailes et diffusa une nuée de plumes devant lui. Chevroum ne bougea pas. Firmin serra les dents.

- Hm, je vois... Bélier !

Chevroum franchit les plumes et frappa Lakmécygne d'un grand coup en plein rostre.

- Crotte... grogna Firmin.
- Aéropique !

Chevroum agita la tête, donnant des coups de corne à Lakmécygne.

- Gnnnn...
- On termine avec Lame Feuille !

Les cornes de Chevroum s'illuminèrent de vert. Firmin serra les dents.

- Lakmécygne, Vent Violent !

Lakmécygne recula et leva un vent d'une puissance stupéfiante. Amaro s'étonna alors que la prof se couvrit.

- Ma Toison Herbue me sera donc inutile, soit.

Chevroum était à peine soulevé par l'attaque, mais Firmin était ainsi certain de l'atteindre. Le Pokémon s'envola dans la salle de l'amphithéâtre, sous les yeux admiratifs de ses camarades.

- Laser Glace !

Le tir fut précis. Mais Amaro n'allait pas se laisser faire.

- Aéropique, te dis-je !

Chevroum posa un sabot au sol, ce qui suffit à lui permettre de se projeter en l'air. Le saut fut outrageusement impressionnant et Lakmécygne fut frappé de plein fouet.

- Non !
- Chevroum est un Pokémon de montagne. Sauter n'est pas un tabou pour lui...

L'ovin retomba, toujours d'attaque. Lakmécygne se posa aux côtés de Firmin, inquiet. Il y eut un instant d'hésitation, et Firmin rappela son Pokémon.

- Le coup porté était trop fort pour toi, hein ?

Firmin baissa la tête.

- Il n'y a pas de honte à être faible, ni même à s'incliner devant un adversaire de taille. La vraie honte c'est de ne pas savoir abandonner, de s'obstiner dans l'erreur. Il te manque les qualités d'analyse, mais tu as déjà le sens de l'honneur et la droiture d'un véritable champion. Que souhaites-tu faire plus tard ?

Firmin inspira.

- Devenir un grand dresseur de Pokémon. Remporter toutes les ligues. Devenir le meilleur.

Quelques rires dans l'assistance. La prof elle-même agita la tête, consciente de la trivialité des rêves de son élève.

- Eh bien. Je n'ai jamais vu un moutard de ton âge aussi proche d'y arriver. Dans l'esprit, du moins. Il te faudra énormément d'entrainement avant cela.
- Je sais.
- Et cette lucidité te sera utile toute ta vie, mon grand. Apprends de tes erreurs et tu n'auras de cesse de progresser. Bon, assez de prêchi, place au prêcha !

Firmin retourna à sa place sous les applaudissements de ses camarades.

***

- Pas la peine de se voiler la face, j'ai été nul !
- Mais non !

La jeune femme face à Firmin piochait dans sa salade de légumes. Elle avait des cheveux noirs qui lui arrivaient sur les épaules et était habillée de façon sobre, pull noir et pantalon blanc.

- Disons que, si ton humilité, ton attitude et ta force sont admirables, il faut admettre que tu n'as pas été très perspicace...
- Je sous-estime trop la garde ennemie, c'est clair. Contre Chevroum, je n'avais même pas pensé à Toison Herbue... Je dois prêter attention à la structure de chaque Pokémon, moins à des angles d'attaque ou à des pirouettes tacticiennes. Si je veux devenir meilleur, je dois penser à tout.

La jeune femme acquiesça.

- Le champion avait raison, tu n'es pas une cause perdue !
- Sonia, je...

Firmin sembla gêné. Sonia s'étonna.

- Quoi ?
- ... Tu as conscience que... mon rêve entre en conflit total avec la possibilité que toi et moi ça se concrétise ? En quelque chose de solide, s'entend... Mariage, tout ça...

Sonia se retint de rire.

- Quoi ? C'pas drôle !
- Non c'est juste que j'aime ta conception archaïque d'une relation amoureuse. Toi et moi on s'amuse beaucoup, mais nous marier... C'est tellement vieux jeu ! Si tu veux voyager, voyage, au pire, je te suivrais !

Firmin plissa les yeux.

- Oui, mais tu veux être infirmière.
- Eh bah je serais infirmière itinérante ! Paf ! Qu'est-ce que tu dis de ça ?

Firmin sourit amèrement.

- Je veux juste pas te faire souffrir, sans parler de mariage... J'aimerais pas que tu m'attendes ou que tu te fasses des idées...

Firmin souffla en tripotant son verre d'eau par tic.

- ... au bout d'un moment, mon rêve va passer avant toi...

Sonia inspira.

- Le champion avait tort, tu penses bel et bien à tout !
- Pardon...
- Tu es un garçon raisonnable, Firmin Truman, mais ta visée des choses est un peu courte...

Firmin plissa les yeux en rougissant.

- Et si tu exclus tes idées de mariage et de vie de couple stable, tu verras que malgré tout, il est possible que nous deux, ça continue !

Firmin agita modérément la tête, peu convaincu.

***

- Je suis NUL !
- Tu parles du combat ou de Sonia ?

Firmin grommela en mangeant ses lasagnes.

- Les deux, mais Sonia c'est pire ! Que je n'arrive pas à battre un champion, passe encore, que je sois aussi pas doué pour parler avec ma petite amie, ça, c'est naze !

Perrine soupira.

- En même temps je suis d'accord avec elle, le mariage c'est ringard.
- Tu vas à un mariage samedi !
- Rien à voir. C'est un couple qui se connait depuis toujours, c'est normal qu'ils se marient, ils étaient destinés l'un à l'autre, etc. Regarde, moi, la vie de couple, j'ai pas pu !

Firmin regarda sa très enceinte sœur et désigna son ventre.

- Tu es sûre que ça va aller ?
- De quoi, le mariage ? Oh, au pire j'accouche là-bas, c'est pas grave, y'aura des obstétriciens confirmés !

Firmin plissa les yeux. Perrine leva les mains.

- Ca va, ça va ! Tu vas pas faire ton David non plus ?
- Sa réaction quand il a su pour toi... souffla Firmin, amusé.
- « Félicitations, Perrine, qui est le père ? »
- Il ne le pensait pas de cette façon... marmonna Firmin.
- Oh c'est ma faute, je n'ai qu'à être plus claire à ce sujet... Dans un sens ça m'a rappelé que les choses n'étaient pas normales et donc que je n'étais pas normale...
- Sœurette...

Perrine inspira.

- T'as raison, arrêtons de parler de moi, tu devrais arrêter de suivre les méthodes d'entrainement de papa et t'en trouver de nouvelles. Si tu te bats comme Denis, à la bourrine, c'est sûr que tu vas faire de la merde vu ton âge et tes objectifs.

Firmin agita la tête.

- On peut reparler de ma meuf, là ?
- Nan ! sourit Perrine en grommelant faussement.


***

Tristan mangeait goulument et avec appétit, ce qui ne pouvait que réjouir son hôtesse. Rebecca plissa les yeux et regarda autour d'elle. Ils avaient des affaires propres que Claire avait trouvées dans leur grenier.

- Alors vous... vivez dans la forêt ?
- Exact ! sourit Claire.
- Ça doit être chiant quand même... pas de centres commerciaux, pas de restaurants... Vos enfants vont à l'école comment ?

Nell, la jeune fille rousse comme sa mère mais aux cheveux plus longs, regarda Rebecca.

- Papa et maman nous font la classe, ils sont profs... souffla la gamine de treize ans comme si c'était évident.
- Nell... marmonna Malcolm.
- Je sais, on parle pas aux étrangers... marmonna la gamine.
- Surtout sur ce ton... souffla le père de famille.

Rebecca grimaça, intriguée.

- Nous leur faisons la classe, oui. Je suis professeur de mathématiques et Claire est professeur de physique des attaques.

Tristan plissa les yeux entre deux spaghettis boulettes.

- Mais... ce sont des matières qu'on ne nous enseigne qu'en faculté !

Rebecca leva les yeux au ciel.

- C'est tout ce qui te chiffonne ?! Pourquoi vous vivez ici, ça n'a aucun sens, pourquoi ne pas vivre avec tout le monde, rien que de penser au chemin que vous avez à faire pour acheter des chaussures...
- Peut-être qu'ils se font tout livrer... Vous avez le wi-fi ici ?! demanda Tristan.

Claire grimaça et regarda Malcolm qui hocha la tête.

- C'est bien eux, pas de doute !
- On reconnait bien ses critères de sélection ! admit Malcolm.

Rebecca plissa les yeux.

- Arrêtez de parler en mystère, monsieur le bûcheron !
- Je ne suis pas bûcheron !
- Vous avez une barbe de bûcheron ! grommela Rebecca.
- Pourrais-tu... cesser de m'invectiver de la sorte ? marmonna Malcolm d'un ton sec.

Rebecca se tut. Malcolm se mordilla les lèvres. Claire lui caressa le bras.

- Chéri...
- Je sais, je sais, ce n'est pas elle, c'est juste que...

Tristan regarda Rebecca qui semblait aussi interloquée que lui maintenant.

- Vous la connaissez ? demanda Tristan.
- Disons que... j'ai été en contact avec une élève qui lui ressemblait beaucoup !
- Ne vas pas plus loin... murmura Claire.
- Oui, oui... Toujours est-il que ça s'est mal fini et donc que... ce genre de comportement m'agace un peu.
- Quel comportement ? s'étonna Rebecca.
- Cette façon de répondre aux adultes, d'avoir ce ton supérieur...

Tristan sourit.

- Avec elle c'est dur d'avoir autre chose...
- Silence, toi !

Tristan désigna Rebecca qui grimaça.

- Oh...

Claire sourit.

- Visiblement elle est quand même plus calme que ton élève !
- Oui c'est une chance. Pour elle comme pour moi !
- Chéri... souffla Claire.
- Pardon, pardon... Bien, Tristan, Rebecca, je pense que je vous dois quelques explications, alors on va aller dans mon bureau.

Rebecca et Tristan se regardèrent.

- Ton bureau est à l'étage, Mac, pense à la jambe du petit !
- Oh, oui... On va aller dans le salon pendant que Nell et Alexander vont reprendre possession de leur chambre !
- Ouais !!
- Trop cool ! admit le gamin brun à lunettes.

Tristan s'étonna. Malcolm se leva et invita les deux ados à le suivre. Rebecca aida Tristan.

- Vous n'auriez pas une canne ou un truc dans le genre ?!
- Blast s'en occupe dehors.

Rebecca regarda par la fenêtre. Un Bastiodon se frottait aux arbres dehors, créant ainsi des « planches ».

- Wow. Vous avez des Pokémon super bizarres !
- N'est-ce pas ! sourit Malcolm. Allez, venez. Tu nous fais du thé, chérie ?
- Bien sûr, Mac. Une préférence, les enfants ?
- Chai ! demanda Tristan.
- Caramel ! Mais vous ne pouvez pas avoir autant de sortes de thé que ça...
- Si, si, c'est bon !

Rebecca grimaça.

- J'comprends plus rien...
- Je pense qu'il ne faut pas chercher à comprendre... Apparemment ils ont été témoins d'un meurtre, un truc comme ça ! marmonna Tristan.
- Ah bon ???
- J'sais pas, c'est ce qu'il avait l'air de dire ! Tu peux...

Rebecca soupira et soutint Tristan jusqu'au salon.

- Tu me revaudras ça !
- Bah tiens.
- J'ai l'impression d'être Jésus et de porter une croix !
- Bien sûr, Rebecca, tu es le Christ et moi je suis le poids de tes péchés. Encore que ça se tient, dans un sens... admit Tristan.

Rebecca grimaça.

- Tu en reviens encore à ça ?!
- Bah disons que tu ne t'es jamais vraiment excusée !

Les enfants de Malcolm et Claire assistaient à cette joyeuse joute. La petite Léa semblait particulièrement amusée.

- Excusée ? M'excuser pour quoi ?! « Excuse-moi, Tristan, d'avoir dénoncé ta petite romance... »
- Rebecca, les petits... marmonna Tristan.
- C'est TA faute, c'est toi qui m'a relancée là-dessus !

Tristan soupira tandis que Rebecca le soutenait jusqu'au salon. Malcolm les attendait dans son fauteuil, leur laissant le canapé.

- Asseyez-vous !

Rebecca porta Tristan jusqu'au canapé vert.

- T'es lourd quand même !
- Et toi t'es lourde mais pas dans le même sens...

Rebecca poussa un grognement et lâcha Tristan par terre.

- WOUARPS !

Malcolm agita la tête.

- C'est bien ce que je dis, un fantôme...
- Oh, mais EXCUSE-MOI ! Ce que je peux être cruche, alors !

Elle le traina jusqu'au pied du canapé et s'assit dessus. Tristan grommela et se hissa péniblement sur les sièges.

- ... c'est bon ? marmonna Malcolm.
- Oui, oui, oui... grogna Tristan.
- Je sens que vous êtes un peu... tendus, tous les deux ?!

Rebecca secoua la tête. Tristan soupira.

- Longue histoire.
- Longue histoire, longue histoire... Figurez-vous que...
- Ne lui raconte pas ça !! grommela Tristan.
- Pourquoi, visiblement c'est moi qui suis en tort ! Alors qu'il est évident que non et que la seule personne fautive dans l'histoire, c'est toi !
- Bien sûr, j'ai commis un acte d'une cruauté incroyable, comparé à toi qui va tout dénoncer sans tenir compte de ce qui pourrait me retomber dessus !
- Fallait y penser avant de faire des galipettes avec un prof !

Malcolm tressaillit. Claire, qui arrivait avec les thés, grimaça.

- .......
- ... Tu vois chérie, je t'avais dit qu'on ne perdait rien à avoir mis nos carrières entre parenthèses ! admit Malcom en regardant sa femme.

Claire agita la tête, quelque peu embarrassée. Elle posa le plateau et alla s'occuper de Léa.

- Bon. Est-ce que vous pouvez laisser de côté vos querelles personnelles pour que je vous explique un peu notre situation ?

Rebecca regarda Tristan qui plissa les yeux.

- Si jamais tu réponds un truc du genre « C'est pas à moi de décider », je te jure que je te balance mon thé bouillant à la figure !
- Jeune homme !

Tristan sursauta et regarda Malcolm, autoritaire.

- Pas de menaces de ce genre dans ma maison, c'est compris ?
- ... ou... oui, pardon...

Rebecca sourit.

- Si tu la menaces ou si tu l'insultes, c'est elle qui gagne, cela veut dire qu'elle est parvenue à te blesser. Si elle ne peut pas se mettre à ta place et comprendre ta souffrance, alors laisse-là dans son délire. Tu ne peux pas l'en sortir parce que c'est un moyen de défense pour elle, de défense contre la réalité.

Tristan haussa un sourcil interloqué. Rebecca grimaça.

- Heeeeeeeey !
- Quant à vous, jeune fille, pensez un peu à l'impact de vos mots et de vos actes. Les gens autour de vous sont comme vous, ils sont sensibles à ce qu'on dit d'eux, cela les touche. Si vous continuez sur cette voie, vous allez finir toute seule parce que personne ne veut d'une personne acerbe et méchante à ses côtés. Cela ne sert à rien...

Rebecca se mordilla les lèvres. Malcolm regarda par la fenêtre.

- ... sauf si vous êtes incapable de faire autrement, dans ce cas, il va falloir prier pour que quelqu'un vous comprenne, supporte vos braillements et devine la souffrance qu'il y a derrière. Pour mieux vous aider à la dompter.

Rebecca frissonna. Tristan la regarda, intrigué. Malcolm soupira.

- Enfin, c'est assez de sentimentalisme primaire. Vous êtes perspicaces et vous avez donc deviné que la situation ici n'est pas normale. Que fait une famille au milieu de la forêt, au cœur d'une réserve protégée normalement inaccessible par voie humaine ? Pourquoi ici, pourquoi deux professeurs et leurs trois enfants, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Eh bien...

Malcolm inspira, songeur.

- Jusqu'où puis-je aller sans nous mettre en danger...

Tristan et Rebecca penchèrent la tête, étonnés.

- Voilà... Hm... Nous sommes en ce moment, enfin moi surtout, suis la cible d'une menace particulière qui désigne une certaine catégorie de personnes. La personne qui nous menace a déjà... prouvé qu'elle était capable d'exactions terrifiantes. Ce qui nous a obligés à beaucoup de prudence, moi, ma femme et nos enfants.

Tristan plissa les yeux.

- Je comprends pas trop...
- Quand je comparais cela à un programme de protection des témoins, c'était un peu ça. Nous sommes actuellement protégés par... disons une grande instance. Quelqu'un qui... malgré tout ce qu'il a pu dire ou faire de mal dans sa vie...

Malcolm se mordilla les lèvres.

- ... possède un très grand cœur. Comme quoi, il n'y a pas de causes perdues et tout le monde peut faire acte de rédemption...

Tristan regarda Rebecca qui plissa les yeux.

- C'est du harcèlement !
- Il n'empêche qu'à présent nous sommes contraints à l'isolement du monde, ce afin de ne pas subir d'éventuelles représailles de la part de... la personne qui me menace. Enfin qui pourrait me menacer, attenter à ma vie ou à celle de ma femme, de mes enfants... Vous êtes encore trop jeunes pour comprendre l'importance de ces choses-là...

Tristan se mordilla les lèvres. Rebecca inspira.

- Je... ne vois pas l'intérêt de nous expliquer tout ça...
- D'autant que vous ne devez le raconter à personne, sous aucun prétexte. Pour des raisons évidentes. Je vous mets un peu en danger en vous disant cela...

Tristan grimaça.

- Est-ce que... tout ça a quelque chose à voir avec Direction Dresseurs ?!

Malcolm regarda Tristan.

- On a un petit malin ici... Disons que ce n'est pas étranger à cette entreprise.

Rebecca plissa les yeux.

- Attendez, la seule raison qui pourrait faire que vous soyez la cible de ces gens, ce serait que...

Rebecca écarquilla les yeux.

- OH MON DIEU, VOUS ETES...
- Shhhhhhhhhhht !

Rebecca s'obstrua la bouche, mortifiée. Malcolm serra les dents. Tristan regardait Rebecca, puis Malcolm, complètement déboussolé.

- Hein ? Hein ? Quoi ?! Hein ?!
- Je suppose que nous avons assez discuté, nous allons sortir, je vais te faire une canne et vous pourrez repartir.

Tristan regarda Rebecca, complètement sous le choc.

- Rebecca ?! Ça va ?

Ne désirant absolument pas parler, elle se rabattit sur son thé. Tristan s'étonna de cette situation pour le moins... inédite.

***

La porte de l'appartement s'ouvrit. L'homme entra en soupirant. Il posa sa sacoche sur la table dans le hall.

- Pffff... Je jure que si un autre client me dit que sa souris ne marche pas alors qu'il la tient à l'envers... Et cette dame avec sa tablette, bon sang...

Tristan Edison arriva dans le salon où il trouva un jeune homme blond devant la console en train de jouer. L'homme regarda Tristan un instant.

- Coucou poussin !
- Salut mon chou... Ça a été ta journée ?
- J'étais à la conception des décors, un enfer... Quelle idée on a eu de faire un niveau Ecole !

Tristan sourit et s'assit dans le canapé pour se détendre.

- Toi au moins tu n'as pas de clients relous !
- Nan, j'ai juste un boss qui pense rentabilité avant de penser plaisir des joueurs ! Je lui ai dit que le second amenait au premier, mais, parle à un mur !
- J'me doute, oui... Dis, Neil, t'es sûr que... Tu veux venir avec moi à ce mariage, samedi ?

Le jeune homme haussa les épaules.

- T'es invité, tu pouvais inviter ton plus one, je suis ton plus one, nan ?
- Oui mais...
- Pis je vais voir tes super potes, là... Le prix nobel, le conducteur de trains, le banquier juif...
- Et mon ex.

Le petit ami de Tristan hocha la tête.

- Et ton ex, oui... C'est un ex, quoi, pas la peine d'en faire un drame !
- Oui bah oui... C'est celui dont je t'ai parlé... marmonna Tristan.
- Il est barman, il habite à Volucité et sa spécialité est la Piña Colada. Et je l'ai jamais vu mais tu me l'as montré en photo lors de notre troisième rendez-vous. C'était quelque peu incongru mais je ne t'en ai pas tenu rigueur.

Tristan soupira.

- Et vous avez même été mariés pendant 72 heures ! se souvint Neil.
- Ca va, ok ? Toi et moi ça fait trois ans, ça se passe super bien, je ne voudrais pas... que ces retrouvailles gâchent tout en quelque sorte.

Neil haussa les sourcils.

- Attends, pourquoi aller si loin tout de suite ?! Que tu aies des sentiments à son égard, je peux comprendre, mais de là à imaginer que le seul fait de le voir va foutre en l'air notre relation...

Tristan soupira et regarda son compagnon.

- T'as raison.
- C'est pas comme si ce type avait une sorte d'influence sur toi quand même ! Vous avez été ensemble, ok, mais c'est pas comme si c'était ton gourou ou un truc dans le genre ! Je vais me chercher du Docteur Peeper, tu en veux ?
- Tu serais un amour, oui...

Neil hocha la tête et partit en cuisine. Tristan fixa la télévision avec le jeu en pause, quelque peu inquiet.

***

- A quoi tu penses ?

Tristan était dans ses draps avec Neil contre lui. Il soupira.

- Je sais pas si je dois en parler plus encore...
- Soit c'est un excellent coup, soit il a vraiment marqué ta vie au fer rouge.
- Et ça me fait chier d'y repenser parce que tu es génial et je ne veux pas que ça empiète.

Neil souffla.

- Eh bah... En quoi ça pourrait empiéter ?
- Je sais pas...
- Tu as eu des relations autres que lui pendant tout ce temps.
- Oui.
- Qu'est-ce qui a tout fait foirer, lui ?
- ... C'est compliqué. Tout entre nous est compliqué...
- Et donc ça te prend la tête rien que d'y repenser, c'est normal. Si avec moi tu as trouvé un semblant d'équilibre, eh bah... ce sera une mise à l'épreuve intéressante, on va dire !

Tristan regarda son petit copain blond.

- Tu es adorable.
- Après, si je le vois, je comprendrais probablement mieux ton trouble.

Tristan inspira. Neil s'étonna.

- Quoi, t'as peur qu'il me séduise ?

Tristan secoua la tête.

- On peut dormir ?
- Hm. Si tu as besoin de parler, réveille-moi.

Tristan se blottit au creux des bras de son copain. Neil lui rendit son étreinte.

- Nan, j'avais juste besoin de ça, c'est la seule sécurité dont j'ai besoin.
- Tout le plaisir est pour moi.

Tristan respira et s'endormit doucement.


***

- Vous êtes Malcolm Heine de la famille Heine...

Malcolm acquiesça, assis sur le porche à tailler un morceau d'arbre pour en faire une béquille. Tristan, assis sur une souche devant la maison, jouait avec Alexander, Nell et Léa accompagnés des Pokémon de leurs parents. Groret jonglait, Lainergie et Noctali se courraient après, Maganon crachait des flammèches sur des cibles, Farfaduvet, Moustillon et Qulbutoke s'amusaient avec une balle, Judokrak, Noctunoir et Torterra somnolaient dans un coin. Bastiodon laissait les enfants lui monter dessus tandis que Yanmega aidait Léa à faire comme son frère et sa sœur.

Rebecca n'en revenait pas.

- Justin Truce en a après vous...
- Branche directe, lié à Roland Smirnoff... Je suis sauvé de justesse par Seth Corrigan qui brouille les pistes, mais...

Malcolm taillait de plus belle.

- ... il n'empêche que je vais hésiter avant de remettre le nez dehors.
- Mais alors... Vous savez qui on est parce que...
- Roland compte sur vous.

Rebecca s'étonna.

- Le devoir de Wallace. Roland pensait que ce serait Perrine qui ferait ce genre de devoir, mais visiblement, quelqu'un d'autre a pris la place. Et ça a été le signal, le signal qu'une révolte s'enclenchait, que les rouages de la machine pouvaient être brisés.

Rebecca hocha la tête.

- Alors... tout ça, toute cette... les attaques, la conférence, les manœuvres d'intimidation...
- Jeu d'échecs entre Roland et Justin. Vous êtes au milieu.

Rebecca souffla, pour le moins stupéfaite.

- Il ne faut répéter cela à personne, compris. Toi, tu sais à quel point c'est dangereux.

Rebecca ne put que hocher la tête.

- Votre élève, c'était Marie-Hélène, hein ? Marie-Hélène d'Aubenant...

Malcolm se mordilla les lèvres. Rebecca hocha lourdement la tête.

- C'était ma cousine. Une cousine lointaine, mais voilà...
- Je vois.
- J'ai fait le lien quand vous avez parlé de l'élève à problèmes... Le procès, tout le monde en a entendu parler, vous avez vaincu les D'Aubenant devant une cour, ça n'était jamais arrivé...

Malcolm souffla, quelque peu peiné.

- Elle a... Elle m'a fait du mal, certes, mais elle en a fait encore plus à Claire, et elle aurait pu... tuer mon bébé, plus tard, pendant la guerre. C'est là que j'ai compris qu'on était toujours poursuivis par nos erreurs. Voire par les erreurs de nos parents, en ce qui me concerne... J'aurais pu être un fils de rien du tout, mais non, je suis devenu un Heine. Plus le temps passe et plus je regrette tout. Je ne sais plus qui a dit que la vieillesse était un naufrage, mais cette personne avait raison.

Rebecca plissa les yeux.

- Ce n'est pas votre faute si vous êtes né... ou même si vous avez eu la vie que vous avez eu... Je suis d'accord avec vous sur les erreurs, mais ne poussez pas le bouchon trop loin, vous n'êtes pas maudit, non plus.

Malcolm sourit faiblement.

- J'avais presque fini par le penser... Et puis Roland est passé de supplément à la malédiction à espoir de m'en sortir. Je te souhaite d'avoir un jour une amitié si forte pour te porter dans la vie.

Rebecca plissa les yeux.

- C'est gentil pour votre femme, ça...
- Claire, c'est différent. C'est l'amour de ma vie. L'amour et l'amitié c'est très différent. Je serais toujours infiniment reconnaissant à ces deux personnes d'être dans ma vie, mais elles le sont à des niveaux très différents. Roland est mon sauveur et Claire est mon roc.

Rebecca haussa les sourcils.

- En effet, comme vous en parlez, ça fait envie.
- Tout le monde a ça dans sa vie, non ? Je suis sûr que Tristan a ce genre de relations. Et toi aussi.

Rebecca plissa les yeux.

- C'est différent pour moi. Je suis le fantôme de Marie-Hélène, vous vous souvenez. Je détruis tout ce que je touche. Ma meilleure amie est lesbienne et je l'ai presque répudiée pour ça, et elle m'a rejetée elle aussi parce que j'étais... mauvaise pour elle. Mon autre meilleure amie... J'ai réalisé il y a peu qu'elle ne m'apportait rien, qu'elle était complètement inintéressante... Qu'elle ne m'était d'aucun secours, qu'elle ne pensait qu'à elle... Et puis il y a Mike.

Malcolm regarda Rebecca.

- Mike ?
- Disons qu'on sort ensemble en quelque sorte. Il m'a aidé après toute cette folie avec Tristan, forcément je me suis raccrochée à lui...

Malcolm acquiesça.

- Si tu règles les choses avec Tristan, ça t'ouvrira des portes, ça t'aidera à retrouver ton équilibre.

Rebecca souffla.

- Si j'essaie, il va me repousser.
- Eh bien fais comme Roland, attends qu'on l'accuse d'abus sexuels sur mineure et témoigne pour lui à son procès !

Rebecca regarda Malcolm qui haussa les épaules.

- Rien n'est jamais simple pour personne, pour toi, comme pour moi, comme pour... lui !

Rebecca regarda Tristan qui nourrissait Corboss, Leuphorie, Maskadra, Goinfrex, Typhlosion et Chapignon.

- Il est entouré...
- Mais visiblement votre dispute lui pèse. Elle réveille ses plus mauvais instincts. Et tes mauvais réflexes.

Rebecca ne put qu'acquiescer.

- Je sais, mais c'est dur de changer.
- Certainement, je veux bien te croire. Mais c'est encore plus dur de rester la même personne, de s'obstiner dans l'erreur.
- Mac ?

Malcolm et Rebecca se retournèrent vers Claire.

- Oui mon ange ?
- Ca va être l'heure.
- Oh, oui. Tristan !

Tristan regarda Malcolm qui lui amena la béquille.

- Essaie-la.

Tristan passa son bras dans les encoches prévues à cet effet.

- C'est bon.
- Evite de poser ton pied, surtout ! avertit Claire.
- Vous en faites pas, ça risque pas.
- Ah ça, non, vu comme tu criais dans les bois...

Tristan plissa les yeux en regardant Rebecca qui agita les bras.

- Ghaaah, ghaaah, j'ai maaaal !
- ...
- C'était censé te faire rire !
- Rire de ma douleur ? Trop tôt...

Rebecca leva les yeux au ciel. Malcolm serra les dents. Tristan essaya de marcher.

- Bon, ça a l'air d'aller...
- Oui... du moins ce sera une bonne solution temporaire ! admit Tristan.
- Je vais vous faire un petit bagage et ensuite vous pourrez partir retrouver vos camarades ! sourit Claire.
- Ne vous en faites pas, on ne dira à personne que vous êtes ici ! assura Tristan.

Malcolm acquiesça. Il regarda Rebecca qui hocha la tête, rassurante.

- Dites, monsieur...

Malcolm regarda Rebecca.

- Si on suit votre raisonnement de... maudit jusqu'au bout, je devrais m'excuser d'être de ma famille. Auprès de vous, pour tout le mal qu'on vous a fait.

Malcolm réfléchit et agita la tête.

- C'est un peu ma famille aussi, si tu vois ce que je veux dire !
- Oui, mais... Même si j'ai envie de m'excuser pour Marie-Hélène, je suis également persuadée que ce n'est pas du tout ma faute. Parce que c'est le cas, moi, je n'ai rien fait. Alors... au fond l'inverse est valable. Vous n'avez rien fait non plus qui vous oblige à vous sentir coupable d'être né.

Malcolm sourit.

- Tu as tout compris...
- J'suis loin d'être bête, je suis dans la classe élue par Roland Smirnoff, dites !

Malcolm ricana et inspira.

- Oui... ça se tient. Tout se tient, au fond... Même si je ne voulais pas, je serais bien obligé de croire au destin, malgré moi...

Claire revint avec un petit sac de nourriture.

- Tiens jeune fille !
- Merci. Et merci beaucoup pour votre accueil, malgré les risques.
- Ce n'est pas comme si vos téléphones marchaient encore.

Rebecca serra les dents et sortit son téléphone tout cassé.

- Ouch...
- Désolée pour ça, je ne peux pas tout réparer ! sourit Claire.

Rebecca ne put qu'acquiescer. Tristan plissa les yeux.

- Maintenant que j'y pense, j'aurais pu envoyer des signaux aux autres avec Morphéo quand on s'est réveillés en bas du ravin...
- C'aurait été mauvais pour nous... D'ailleurs nous avons dû prendre des mesures pour que les appels au secours de votre classe ne soient pas entendus. C'est pour ça que vous devez remonter au plus vite, afin de ne pas les inquiéter outre mesure.

Rebecca cligna des paupières.

- Colombeau !! J'aurais pu lui dire de voler et d'aller chercher les autres...
- J'ai essayé mais ton Pokémon m'a envoyé chier ! admit Tristan.
- La forêt vous en aurait empêché.

Tristan et Rebecca se tournèrent vers Claire.

- C'est une réserve naturelle, les Pokémon du coin sont férocement protecteurs de l'intégrité des lieux. Nos Pokémon ainsi que ceux... que nous gardons avec nous, se sont faits une place parmi les Pokémon sauvages du coin, mais forcément les vôtres passent pour des intrus.

Tristan acquiesça.

- Ca semble logique. Si j'avais sorti Morphéo pour modifier le climat et envoyer des signaux aux autres...
- Tu aurais probablement été lynché par les Pokémon Plante de la forêt qui s'occupent de réguler le climat de la forêt !

Tristan serra les dents. Rebecca inspira.

- Quoi qu'il en soit, on était dans de beaux draps sans vous, alors... merci beaucoup !
- Oui, vraiment, merci... admit Tristan.
- Allez les enfants, il va être temps d'y aller, c'est que la nuit commence à tomber...
- Buzz va vous mener jusqu'à un sentier de service que vous pourrez emprunter pour remonter !

Yanmega mena la marche. Tristan et Rebecca s'enfoncèrent dans la forêt, quittant leurs hôtes.

Claire soupira.

- Je veux d'autres enfants...
- On en a déjà trois, ça ira, non ?! Et puis la situation n'est pas vraiment idéale ! souffla Malcolm.
- Bon. C'est l'instant Batman ? souffla la rousse.
- J'adore quand tu appelles ça l'instant Batman ! Nell, Alex, nous sommes dans le bureau, surveillez votre petite sœur !
- Oui papa !
- D'accord !

Malcolm et Claire rentrèrent dans le chalet. Ils montèrent l'escalier et se rendirent dans le bureau qu'ils fermèrent à clé. Claire alluma le visiophone.

Roland apparut sur l'écran.

« C'est bon ? »
- Oui. Récupérés, soignés, remis en liberté ! sourit Malcolm.
« Parfait. Les conseils de Jackson vous ont été utiles, je suppose !

Claire leva les yeux au ciel.

- N'étant pas docteur, forcément...
« Bien. L'espion a fait du bon travail. Sam et Cersei ont donc été sauvés, tout va bien. »
- Je déteste cette idée de noms de code... marmonna Malcolm.
« C'est indispensable, l'idée c'est de les voir pour ce qu'ils sont : Des pions. Je refuse de m'attacher. »
- Dit celui qui a demandé à l'espion « Des détails sentimentaux » ! souffla Claire.
« C'est pour maintenir la dramaturgie intacte ! J'ai plusieurs bonnes nouvelles pour vous. »

Malcolm et Claire acquiescèrent.

« Premièrement : Le plan Spirou se déroule comme sur des roulettes et même au-delà de toutes les espérances. Tu as eu du nez, Mac. »

Malcolm sourit.

- Heureux que pour une fois un de mes plans fonctionne !
« Deuxièmement : Etant donné les excellents premiers résultats, vous pourrez déménager cet été. »
- Oh !! Oh si seulement !! sanglota presque Claire.

Malcolm souffla de soulagement.

- Si tu savais comme j'en ai marre des toilettes sèches !! pesta Malcolm.
« Troisièmement : Seth n'est officiellement plus de notre côté. »

Malcolm grimaça.

- Quoi ?!
- M... Mais... c'est notre sécurité, c'est toi qui l'avait dit...
« Nous n'avons plus aucun contact depuis le début de l'année. Comme on dit dans la famille : Pas de nouvelles, Crève bâtard. »

Malcolm grimaça.

- Ca veut dire quoi pour nous ?
« Rien. Justin ne se doute absolument pas d'où vous êtes. Il est trop occupé à préparer sa campagne. Et il va drôlement déchanter quand il va voir ce qu'on lui a préparé. Pablo en est tout émoustillé, il passe son temps à s'habiller en Cher, je dois vous avouer que ça me perturbe... »
- Roland... soupira Claire.
- Ca m'avait manqué tes soupirs d'exaspération à son égard ! sourit Malcolm.
« M'enfin, rien n'est joué, les enfants. Le plan comporte une masse importante de risques. La plus grande perturbation d'entre toutes pourrait venir de là où on ne l'attend pas, à savoir de la classe. C'est l'élément fondamental et totalement imprévisible de mon plan. Il suffirait de la moindre petite perturbation et tout pourrait foirer. Imaginons que Justin décide de raser leur école... je fais quoi, moi ? »
- Tu te soumets à la dictature du tout puissant Truce et tu loues son nom ! admit Malcolm.
« Plutôt m'enfoncer une aiguille à coudre dans l'urètre. »
- ROLAND ! grommela Malcolm.
- Beeeeeeuh ! geignit Claire.
« Hahaha ! Vous faites de ces têtes ! Bon, partez rassurés, vous avez fait de l'excellent travail et tout s'est déroulé sans que cela ne vous mette en danger d'aucune sorte. Partez en paix. Et préparez les cartons, bordel de merde ! »
- Dernière chose Roland !
« Oui, mon amour ? »
- Tu comptes avertir David, Lily, Charlie, Léo, Kate, Yann et les autres de la situation ?

Roland sembla réfléchir.

« Déjà, je me répète, mais bon sang qu'est-ce qu'ils sont cons de penser que c'est ma faute si vous vous cachez... »
- Décidément tu n'as jamais été doué pour communiquer avec les tiens... souffla Claire.
- Et Rachel, Roland ? Est-ce qu'elle pourra sortir en été elle aussi ?

Roland inspira lourdement.

« Non. »
- Roland, pourquoi ?!! grommela Malcolm.
« Ses liens avec moi en font une cible prioritaire. Contrairement à vous, je ne peux pas l'exposer aussi facilement. »
- Tu lui parles aussi souvent qu'à nous ? sourit Claire.
« Cela ne te regarde pas ! Bon, je coupe la communication. A plus taaaaard ! »

Roland coupa. Claire sourit.

- Vivement l'été !
- Hm. Au moins ce qui est rassurant c'est qu'il n'a pas l'air d'avoir pris la grosse tête... plus que d'habitude, s'entend !
- Oui... Cet été... génial ! sourit Claire.

***

- Messieurs les jurés, il est vrai que ma cliente a vécu une vie qui n'aide pas à se faire une bonne opinion d'elle. Entre l'alcool, la drogue et le strip-tease, Katia Berkowitz n'est pas une femme chanceuse. Mais doit-on pour autant penser que son viol est un châtiment mérité ? La défense n'a eu de cesse de dire que ma cliente avait pour ainsi dire mérité ce qui lui était arrivé, tout ça parce que le client de la défense est Mel Brookman, le membre du congrès Poképolite ! Sous prétexte que cet homme a une haute place dans la société, nous devrions penser que Katia Berkowitz est un sous-être humain qui de toute façon mérite ce qui lui tombe dessus parce qu'elle n'a pas fait de grandes études, n'a pas de position enviable dans la société ou ne porte pas de tailleur dans la vie de tous les jours ? Si ma cliente était traitée en tant qu'égal de son bourreau, monsieur Brookman aurait été jeté aux chiens. Mais la seule défense de monsieur Brookman, c'est de dire : Regardez, cette fille est une roulure, de toute façon, cela en plus ou cela en moins, ce n'est pas grave !

La jeune femme agita les mains, habitée par sa plaidoirie.

- Après tout, après tout ce qui lui est tombé dessus à cette fille, un viol, c'est pas grave ! Je suis quelqu'un d'important, sauvez-moi, je suis important. Elle, c'est un rebus ! Si nous commençons à penser comme ça en tant que société, alors, mesdames et messieurs les jurés, nous sommes tombés extraordinairement bas ! Tellement bas que je doute qu'un jour nous soyons à nouveau dignes de nous tenir dans cette cour et de dire : Je vis à Poképolis, nation libre ou tout le monde est égal devant la loi. Si vous ne déclarez pas monsieur Brookman coupable, c'est que vous direz : Bon, finalement il a eu raison de la violer, cette fille, après tout, ce n'est pas comme si c'était un être humain à part entière. J'ai fini.

Naomi Kingsley retourna à sa place. Sa cliente semblait confiante.

- Merci...
- Ne vous en faites pas, on va l'avoir cet enfoiré.

***

- Madame Kingsley !
- Madame Kingsley, condamné à l'unanimité, c'est une grande victoire, n'est-ce pas ?

La femme noire acquiesça devant les micros de télévision.

- C'est une petite victoire pour ce tribunal mais une grande victoire pour les femmes de ce pays qui peuvent enfin se dire : Je ne suis pas l'objet des grands hommes de ce pays, ma souffrance peut être reconnue devant une cour, et aucun des puissants de ce monde ne peut profiter de moi comme il l'entend !

***

- Je trouve que tu as abusé un peu pendant ton discours !

Naomi leva les yeux au ciel alors qu'elle mangeait avec son mari.

- Je me doutais que tu dirais ça. Les caméras attendent du show, je leur en ai donné !
- Tu es devenue avocate pour faire le show ? s'étonna Walter.
- Je suis devenue avocate pour aider les gens ! Katia Berkowitz a eu justice et c'est tout ce qui m'importe.
- Ta mère a appelé, tu la rappelleras, elle était ultra fière de toi !

Naomi sourit. Walter soupira.

- Je commence à croire que tu as juste fait du droit pour que tes parents soient fiers...
- Non, tu sais pourquoi j'ai fait du droit.

Walter acquiesça.

- J'aurais aimé être dans ce tribunal à ce moment.
- Hm. Si j'avais su que ma vocation s'éveillerait à moi de cette façon... Je suis passée de fille sans ambition à future présidente des USA !
- Euuuuuh... sans moi ! sourit Walter.
- Je plaisante, je plaisante, mais je suis contente d'avoir trouvé ma voie, même dans de telles circonstances. Dis-toi que c'est la faute de Wallace aussi !

Walter agita la tête.

- La faute ou grâce à lui ?
- Oui bon ça va hein. Parlons mariage !
- On est déjà mariés, Naomi.
- Le mariage de Fey et James, gros bêta !

Walter soupira.

- Je dois passer au pressing pour mon costume, et toi tu vas aller chez Nanette je suppose.
- Oui, elle a ma robe de soirée.

Walter acquiesça. Naomi continua à manger. Les deux observèrent l'appartement vide et sans enfants ou la télévision trônait.

- Si au moins on pouvait laisser nos Pokémon vagabonder dans l'appartement...
- Le proprio n'est pas d'accord en dehors des heures de repas... rappela Walter.
- Si au moins on pouvait avoir un enfant alors...

Walter souffla.

- Pour rappel...
- Je SAIS, ma carrière, tes appréhensions, mes grosses peurs, tes complexes, je sais, je sais. Mais ce serait tellement bien...
- Dès que tu prends ta retraite et que je me sentirais capable d'élever un enfant...
- Hahaha ! Très drôle ! grommela Naomi.
- Tu étais plus sérieuse au JT tout à l'heure... Tiens, mets la chaîne info, on va te voir repasser en boucle !
- Arrête, je suis sûre que ma mère est plantée devant !!


***

La libellule géante menait le chemin tandis que Tristan et Rebecca marchaient côte à côte. Léger silence, comme pour s'adapter à la vie loin du chalet forestier.

- ...
- ...
- ... C'était pas pour te faire du mal.

Tristan regarda Rebecca.

- Quand je vous ai vus, toi et ce professeur...

Tristan leva les yeux au ciel, gêné.

- ... Je crois que je n'ai pas compris ce que j'ai vu, j'ai... Il y a eu une part de... cruauté, bien sûr, de me dire que j'avais une grande nouvelle à annoncer pour une fois... Et je crois que je n'ai pas compris, j'ai été choquée en fait. C'est pour ça que j'ai été tout dire au proviseur et pas à madame Clover par exemple. J'ai... paniqué à ma façon on va dire.

Tristan hocha la tête.

- Quand on est revenus, et qu'on vous a surpris...
- Tu souriais.

Rebecca regarda Tristan, la tête basse.

- Tu semblais... ravie de ton méfait. J'oublierai jamais ton sourire à ce moment, comme si... Tu avais atteint un but, comme si tu avais voulu me dire... Hey, regarde à quel point tu es pathétique...

Rebecca se mordilla les lèvres. Tristan retint ses larmes.

- Pendant un tout petit moment j'ai voulu mourir. Je savais pas comment, ni exactement pourquoi, mais j'avais envie de... m'effacer de ce monde. J'avais tellement honte. Tellement. Wallace me l'a dit, après. « Tu me dis que tu es fou amoureux de moi, et tu te tapes ça », qu'il m'a dit...

Rebecca agita la tête.

- Il était jaloux, quoi.
- Hein ?
- Bah oui. Quand tu dis « Avec moi tu joues les pots de colle et avec lui tout est facile », c'est de la jalousie, Tristan !

Tristan plissa les yeux.

- Alors il...
- Il était envieux du prof, oui, absolument.

Tristan plissa les yeux.

- Je pensais que tu allais t'excuser mais au lieu de ça tu me donnes des conseils...
- Si je m'excuse, tu vas penser que je suis sincère ?

Tristan agita la tête.

- Je sais pas. Et peut-être que je devrais m'excuser aussi, d'avoir... fait ça, et d'avoir provoqué ta mise à l'écart alors qu'une part de toi pensait avoir bien fait.

Rebecca souffla.

- On n'en sortira pas.
- Non. On s'est tous les deux fait du mal alors qu'au fond... On aurait pu ne pas s'en faire. Si j'avais été moins... faible... J'aurais dû lui latter les couilles à ce connard au lieu de... me laisser...
- Hey, c'est pas ta faute ! S'il t'a fait ça, je parle. C'est lui le détraqué, pas toi.

Tristan acquiesça.

- Tu as peut-être raison...
- Tristan, un mec qui fait prof pour draguer du minet, ça s'appelle un sacré putain de pervers !

Tristan sourit. Rebecca souffla.

- Et pour ce que ça change, je m'excuse pour tout ce que je t'ai fait.

Tristan regarda Rebecca, admiratif.

- J'accepte tes excuses. Et... si ça peut te rassurer, je m'excuse aussi...
- Tu n'as pas. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. C'est à moi maintenant de faire ce qu'il faut pour que les autres me respectent à nouveau. Il est temps pour Rebecca Gates d'arrêter de penser qu'elle doit forcément répéter les erreurs du passé pour survivre, et... d'affronter le futur.

Tristan sourit.

- Moi quand j'y pense, ça me donne mal au ventre.
- Toi aussi ?!
- Ouais. J'me dis... Est-ce que je vais faire quelque chose de ma vie ? Quand j'y pense sérieusement, je vois rien, ça m'inquiète !
- Moi aussi. Et ça me fait peur, je me dis, mince Rebecca, tu ne sais même pas ce que tu veux faire exactement !
- Voilà. Si ça se trouve dans dix ans je serais encore en train de réparer des ordinateurs à la sauvette !
- Et moi je serais mannequin, je passerai mes journées à vomir pour rester belle !
- J'te le souhaite pas, berk !
- J'espère pas non plus, c'est pour ça que je dois faire des études !
- Rebecca, future prof !
- Ah non, hors de question, t'as vu les cas qu'ils se trainent ?

Tristan éclata de rire. Rebecca sourit.

- Pis imagine je me retrouve face à des mini-moi !
- J'vois ça d'ici... « Chapitre 1 : Ce que vos chaussures disent à propos de vous ou comment Sex and The City a révolutionné la première impression » !

Rebecca pouffa de rire.

- T'es nul !
- Toi aussi ! Moi au moins je sais réparer un PC !
- Au fait, j'ai des virus, tu pourrais...
- Tu utilises quel antivirus ?
- Antiquoi ? Faut que j'utilise un produit sur mon ordinateur ?!

Tristan serra les dents.

- Ca va être dur, Rebecca, très très dur, attends-toi à souffrir...
- A ce point ?!
- Oh que oui ! admit Tristan.

Rebecca souffla.

- En contrepartie, je te donnerai des conseils pour draguer Wallace !
- Je sors avec quelqu'un, Rebecca...
- Oh ! Eh bien dès que tu es célibataire à nouveau...
- Rebecca, je ne crois pas que moi et Wallace devions être ensemble, on est trop différents...
- Oh je t'en prie, avoue que tu repenses encore au baiser qu'il t'a donné !

Tristan grimaça.

- Je sors avec Nicolas...
- Oui, comme moi je suis sortie avec Brett, Brad, Andrew, Jason, Smith, Caleb, Evan...
- .........
- Mais il y a ceux avec qui on veut sortir et ceux avec qui on veut faire sa vie, tu vois ce que je veux dire !

Tristan plissa les yeux.

- Il veut juste coucher, je veux plus...
- Tu veux sur-coucher ?

Tristan regarda Rebecca, intrigué. Rebecca regarda Tristan.

- Quand tu dis plus, tu veux dire quoi ? Histoire romantique, poneys, fleurs, arcs-en-ciel, resto, couchers de soleil ?!

Tristan hocha la tête.

- Eh bah je vois que je suis pas la seule à avoir des virus...
- Hein ?
- Bah d'abord, les grandes histoires d'amour c'est jamais comme on l'imagine, c'est rarement avec la personne qu'on veut et c'est souvent très compliqué !

Tristan agita la tête.

- Ensuite, ne rêve pas mon coco, à un moment donné il faudra bien que tu passes à la casserole !

Tristan blêmit en regardant Rebecca.

- Comment tu parles de ça !
- Et toi, faut voir comment tu sacralises ! Tes parents t'ont dit que c'était la plus belle chose qui soit ou alors ils t'ont demandé de rester pur jusqu'au mariage, un truc comme ça ?
- Mes parents sont morts, Rebecca...

Rebecca serra les dents.

- Oups, désolée !
- C'est rien... mais je pense que ça a joué, j'ai... pas envie de finir seul ou mal accompagné, tu vois... Je veux être entouré, je veux de l'amour.
- Oui mais toi aussi, à un moment donné tu voudras coucher, Tristan, ne rêve pas ! Au début moi aussi, j'avais des rêves de princesse, et puis Jared Thompson est arrivé, et je peux te dire qu'à quatorze ans, ça a été la révélation !

Tristan regarda Rebecca avec de gros yeux. Rebecca haussa les épaules.

- Je connais ta vie sexuelle, ça s'appelle du partage d'informations entre filles !
- ...
- Bref, très vite j'ai compris que certes, j'avais le droit d'avoir des ambitions, mais j'avais aussi le droit de m'amuser de mon côté. Si tu sors avec Wallace, il va vouloir coucher, mais parfois toi aussi tu en auras envie, donc parfois vous serez sur la même longueur d'ondes ! Et de même, même si il a l'air extraordinairement bien gaulé, c'est pas une machine, et entre deux parties de jambes en l'air, il aura besoin de toi, de ton soutien moral, de ton écoute.

Tristan hocha la tête.

- J'aurais jamais cru que tu serais d'aussi bon conseil, sentimentalement parlant...
- Et toi, ça se sent que tu avais besoin d'une copine ! Tino est malin mais il doit être aussi bon en relations amoureuses que moi en roulage de cigarettes !
- Toi et Tino...
- Nos mères sont amies, on a pas mal joué ensemble quand on était gosses... Enfin, jouer, je m'amusais à lui voler ses bouquins et à les cacher.
- ... ah oui quand même...
- Si tes parents sont morts, tu vis...
- Avec ma tante... Elle est gentille mais très, très vieux jeu...
- Ahon... C'est-à-dire ?
- Vieille fille, coincée, célibataire...
- Oooooh... Ça doit être la joie.
- La plupart du temps j'essaie de l'éviter mais dans un 40 mètres carrés...
- Oui je vois le genre.
- Disons que mes amis me facilitent un peu la vie en étant présents... Et puis la classe est agréable...
- Tu te rends compte qu'on est au cœur d'un truc énorme, tout ça à cause d'un ridicule petit devoir ?!
- Hm... Et quelque chose me dit qu'on va le sentir passer...

Rebecca hocha la tête.

- Tu as l'air étonnamment relax par rapport à tout ça...
- J'ai beaucoup d'affection pour Wallace malgré tout, où il me dira d'aller, j'irais. Toi aussi !
- Dans un sens c'est pour me protéger moi, ma famille et Amélia, alors bon...

Tristan acquiesça. Yanmega s'arrêta et fit demi-tour. Rebecca et Tristan étaient devant le sentier.

- Bon, bah... on y va, hein...

***

- Merci Diego...

L'employé hispanique de Rebecca souffla.

- J'ai été mauvais, ce matin, hein ?
- Vous avez trop l'habitude des corps sveltes, c'était compréhensible que vous cherchiez à l'amaigrir. C'est pour ça que je ne refuse personne ici, parce que tout le monde est habillable. A sa façon.

Diego acquiesça.

- Ça fait bizarre de travailler pour une patronne à qui on peut parler sans avoir peur de mourir !
- Oh, mais vous pouvez mourir, Diego. Tout le monde peut mourir !

Diego grimaça et repartit en boutique. Rebecca regarda les vêtements et les rouleaux de tissu dans l'arrière-boutique. Elle soupira. Et reçut un coup de fil.

- Oui ? Oh, bonjour.

Rebecca s'appuya contre un pilier.

- Je pensais justement à toi, enfin... à... celle qui a disparu, on va dire. Je sais, ça fait longtemps... Tu seras là, samedi ? Ah... Oui, bah oui. Ca va hein ? A samedi, dans ce cas, et... encore désolée pour le mauvais souvenir. Tu me connais...

Rebecca raccrocha et soupira.

- Toujours aussi maladroite, Rebecca... souffla la rousse.

Elle se regarda dans le miroir. Elle avait accepté les lunettes, parce que ça lui donnait un air sérieux et ça lui permettait de rester au top, dans les retouches comme dans l'examen des couleurs. Elle regarda la mèche blonde sur son front, perdue au milieu de ses cheveux roux. Elle soupira.

- Plus jamais cette erreur, plus jamais...

Elle retourna en boutique. Une femme assez âgée.

- J'ai besoin d'un châle assorti à ma robe préférée...

La dame d'une cinquantaine d'année portait une jolie robe bleue flashy. Rebecca acquiesça.

- Rose tirant sur le magenta, bordé de fresques fines rouges. J'ai un modèle idéal, et il n'est même pas trop cher.

Rebecca apporta le foulard et l'installa autour du cou de la dame.

- Cela va faire un peu fanfreluche, non ?
- Vous voulez un châle, pas une écharpe ou un foulard, un châle. Le châle couvre comme un t-shirt, il ne doit pas être épais et certainement pas être chiffonné, tout en vous laissant votre aise et en vous donnant un air chic, distinguée et confortable.

Rebecca amena la dame devant le miroir qui admira la combinaison flatteuse du bleu-vert émeraude et du rose bordé de rouge.

- Parfait !
- Avec un chapeau assorti à la robe, ce sera parfait.
- J'en ai justement un !
- C'est pour une réception ?
- Le baptême de mon petit-fils !
- Excellent, ça fera grand-mère gâteau. Mais pas gâteau de mariage, gâteau gentil !
- Un peu comme ça, oui !

***

Rebecca rentra de sa journée.

- Pfouuu ! Je suis là...
- Maman !

Le petit garçon fonça vers sa mère et la prit dans ses bras.

- Arthur, Arthur, maman a eu une grosse journée !
- Pardon maman...

Rebecca attrapa son fils et le porta dans ses bras.

- C'est MOI qui te fais un gros câlin !
- Gnaaaaaah !
- Encore des cris...

Le grand brun apparut entre le salon et la cuisine.

- Coucou chérie...
- Charles, bonne journée ?
- Bah, une journée de patron, quoi...

Rebecca souffla.

- Un peu d'enthousiasme, ça te tuerait ?
- Probablement. En plus du tiens, ça ferait exploser cette maison...

Rebecca soupira.

- Samedi, c'est toujours bon ?
- Oui, samedi nous irons au mariage de tes connaissances du secondaire...
- Fey n'est pas une connaissance, c'est une amie !

Charles soupira. Le petit Arthur se mordilla les lèvres et retourna dans sa chambre.

- Tu sais pourquoi je suis de si mauvaise humeur...
- Parce que je t'ai obligé à travailler...
- Parce que tu m'as obligé à reprendre les rênes de l'entreprise de mon père...
- Je t'ai obligé à prendre en charge ton enfant et à être un père et un mari responsable.

Charles grommela.

- Je t'adore, Rebecca, je t'aime, même, mais... Je n'ai pas été élevé comme ça ! Je comptais profiter de la rente et rester tranquille, avec une femme au foyer... Pourquoi toi, tu ne cesses pas de travailler ?
- J'aime ce que je fais.
- Moi pas du tout !
- Alors change de travail.
- Je ne veux pas travailler !

Rebecca souffla et regarda son mari.

- Eh bien arrête !

Charles plissa les yeux.

- Tu es sérieuse ?!
- Oui, arrête de travailler et donne le bon exemple à notre fils. Dis-lui, hey, fiston, on est riches ! Pas besoin de bosser, la vie te donnera tout ce que tu veux.

Charles plissa les yeux. Rebecca grommela et cessa de cuisiner pour regarder son mari.

- La vie est courte, Charles. La vie est courte et je ne veux pas que notre fils vive dans la paresse et l'élitisme. Je veux qu'il ait de vraies valeurs. Qu'il vive en sachant qu'à tout moment il peut tout perdre. Parce que c'est vrai. On peut tout perdre.

Charles grommela.

- Et si c'est pour me tromper à nouveau, il est hors de question que tu arrêtes de bosser, lâcha sèchement Rebecca.

Charles leva les yeux au ciel.

- Tu remets encore ça sur le tapis, puTAIN !!

Il partit en soupirant. Rebecca coupa les légumes avec abnégation.


***

Lost OST – There's no Place Like Home

Helen observait la radio, sans réponse. Elle souffla, morte d'inquiétude.
La ranger se voyait déjà perdre son travail.
Jeffrey observait de temps en temps son téléphone. Wallace regardait dans les flammes, pensant à des choses et d'autres, des choses qu'il ne révèlerait à personne, en fait. C'était trop de guimauve.

Mike soupira, désespéré. Il entendit alors quelque chose, se leva et regarda dans une direction. Rebecca et Tristan revenaient, elle, le portant lui

- Si on avait demandé mon avis, j'aurais dit « Vous n'êtes pas béquilleur et vous allez faire une béquille ?! » Mais j'étais trop distraite par sa barbiche ignoble !
- C'est pas sa faute si elle s'est cassée en chemin...
- Oui bah résultat des courses je te porte en pente !! Si ça, c'est pas une punition...

Mike balbutia.

- ... becca... REBECCA !!!

Les autres se relevèrent.

- REBECCA !

La rousse vit Mike courir vers elle.

- Super, il va te porter !
- J'adore comme tu te débarasses de moi, quelle classe... grommela Tristan.

Néanmoins c'est Tristan qui se sépara de Rebecca pour laisser Mike lui sauter au cou.

- REBECCA !!!
- AH NAN MAIS CA VA PAS, MIKE ??? J'AI EU DES DOMMAGES AU CERVEAU, TU VEUX LES AGGRAVER OU QUOI ???
- Et tu es toujours aussi chiante !! sourit Mike, fou de bonheur.

Rebecca se mordilla les lèvres.

- Je sais, je sais...

Tristan sourit.

- AAAAAAAH !

Tristan se tourna vers Tino, les yeux pleins de larmes. Le petit hispanique sauta au cou de son meilleur ami.

- TRISTAAAAAAAAAN !
- T... Tino ?!
- BON SANG J'AI CRU QUE TU ETAIS MORT !! NE ME FAIS PLUS JAMAIS CA ! PLUS JAMAIS !!
- ... pro...mis...
- BWAAAAAAAAHAHAAAAAAAAAA !

Christina arriva derrière, soulagée. Fey, Helen, Robbie, James, Ana, tous étaient soulagés. Wallace souffla en les voyant tous les deux sains et saufs.

- JE T'AIME TRISTAN, JE T'AIME SI TU SAVAIS !
- Oula, euh... oui, Tino, moi aussi je t'aime, euh... geignit Tristan.

Il vit Benjamin, soulagé, et Orson qui pleurait comme une madeleine.

- Il est vivant, Benjamin !
- Oui... Oui bah oui...

Perrine serra la main de Robbie dans la sienne. Le blond était au comble du soulagement. Helen s'avança et arracha Tristan à Tino.

- Mon petit loustic des ordinateurs !!
- Tout va bien, madame...
- Mais vous vous êtes changés ! Et vous n'avez presque rien, vous étiez où ?!
- Presque rien, presque rien... Il a une entorse et moi un traumatisme crânien !

Violette s'avança et vit Rebecca.

- ... ça va ? demanda Violette.
- Oui... Oui ça va, Violette...
- Toi aussi ?

Tristan acquiesça. Violette hocha la tête et se mit en retrait à l'étonnement des deux. Santana n'était pas en vue, elle était restée avec la ranger.

- Vous n'y allez pas ? s'étonna la ranger.
- A quoi bon. Et vous ?
- C'est un peu ma faute s'ils sont tombés... Je n'ai rien arrangé, alors que c'est censé être mon métier de tout faire pour arranger les choses dans cette situation.

Jeffrey n'était pas parti à leur rencontre non plus. Il envoya un SMS. [Vous avez joué vos fesses sur ce coup, patron...]

Il attendit le retour des élèves et reçut un autre SMS.

[T'as rien de mieux à foutre qu'à me réveiller pendant ma sieste ? Bouge ton cul et va prendre des nouvelles de tes élèves, gros crétin !]

Jeffrey soupira et se leva enfin.

Amélia regardait Rebecca.

- Elle va bien... Bon.
- Va la voir ! s'étonna Fey.
- ... Non, non, elle va bien, ça va.

Fey haussa les sourcils et se dirigea vers Rebecca.

- On a eu très peur pour vous deux...
- On a eu peur aussi mais on a eu beaucoup de chance, on est tombés sur un campement de hippies qui nous ont aidés.

Tristan acquiesça.

- Faut pas le dire à la ranger sinon elle va les chasser !

Tino s'étonna et les regarda tous les deux.

- Et... donc, vous ne vous êtes pas entretués ?!
- Nan, Rebecca m'a beaucoup aidé, je m'en serais pas sorti sans elle. Merci encore, d'ailleurs.

Rebecca se mordilla les lèvres alors que les autres étaient surpris.

- C'est normal. C'est moi qui te remercie de t'être occupé de moi quand je me suis évanouie.

Les autres regardèrent Tristan.

- Ah ouais, genre, vous êtes potes, maintenant... Bon bah Violette, tu sais ce qu'il te reste à faire avec ta chinoise !

Violette regarda Steven, mécontente. Rebecca s'étonna.

- Il s'est passé quelque chose ?
- Disons... une vilaine rupture ! admit Ana.

Tristan regarda Violette, attristé pour elle. Rebecca souffla.

- C'est ballot. Mais tu y survivras, Violette, sinon, tu n'avanceras pas.

Rebecca s'avança à travers la foule sous le regard étonné de Violette. « C'est presque ce qu'une vraie amie m'aurait dit... Mais qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? »

- J'ai la dalle ! Y'a à bouffer ?
- Oui ! Beaucoup ! admit Léon.
- Venez, on va vous servir ! sourit Lilian.

Benjamin et Orson portaient Tristan.

- Arrête de pleurer Orson !
- Dheu peux paaaaas ! J'aaaavaaaais peuuuuur !
- J'suis désolé de vous avoir fait une frayeur pareille !

Tino souffla de soulagement. Christina le regarda.

- Ca va mieux ?

Tino hocha la tête et regarda Christina.

- Merci. Du fond du cœur.
- Je suis là pour ça ! On est amis, nan ?

Tino hocha la tête. Il prit la main de Christina qui s'en étonna.

- Euh... Tino...
- Je sais, ce stupide sort n'est plus en marche. Je sais pas, j'avais juste envie de tenir ta main.

Christina rougit et remonta avec les autres.

Robbie essuya quelques larmes. Perrine le regarda.

- Tu te colles une de ces pressions...
- Je sais, je sais... J'avais peur pour lui... pour eux, en fait. Je suis trop préoccupé par les autres et... pas assez par moi, en fait. Même toi, je sais que tu ne montres rien, mais ça a dû te miner un peu, tout ça...
- ... Ouais, ouais... En fait, pendant le truc, je ne ressentais pas grand-chose parce que dans les faits, on ne savait pas... mais j'appréhendais qu'on trouve des corps, en fait.

Robbie regarda Perrine, surpris.

- Waouh... euh...
- Je sais, je suis glauque.
- Je comprends ce que te trouvent Clive et Andréa...
- J'espère que ça va aller pour elle d'ailleurs...
- Ah, bah je suis pas le seul à m'en faire pour les autres...
- Tu m'étonnes. C'est quand qu'on pense un peu à nous ?

Les deux se regardèrent, inspirèrent et remontèrent de plus belle.

Naomi regarda Wallace.

- Alors, heureux ?

Wallace souffla et regarda Naomi.

- A ton avis ?
- Tu ne veux rien montrer à un point que c'en est déstabilisant...
- Il a l'air bien, c'est tout ce qui compte. Elle aussi, d'ailleurs. C'est cool.
- Courage, Wallace Gribble, un beau jour ce sera ton tour... d'avoir l'air bien !
- Walter n'est pas là, Naomi. Walter est loin, LOIN...
- Oh la ferme, monsieur diversion ! souffla Naomi, plus amusée qu'autre chose.

Francis et Quinn semblaient gênés suite au baiser qui avait précédé ces retrouvailles. Il s'éloigna de lui-même, comprenant tout à fait la situation.

Revenus au campement, la ranger fit part de son soulagement et s'excusa auprès de Tristan et Rebecca qui acceptèrent. Santana vit que Rebecca et Tristan semblaient plus qu'amicaux l'un envers l'autre. Elle soupira triplement. « Et voilà que l'autre fait justement ce que je voulais qu'elle fasse depuis le départ au moment où Violette rompt... Bordel de merde ! »

***

Réveil en pleine nuit. Seule. Elle s'étonne et caresse les draps. Elle se lève, entendant du bruit en cuisine.

Violette s'avança et vit une jeune femme aux longs cheveux noirs qui vidait les placards.

- Pas sommeil, Ludivine ?

La jeune femme se retourna vers Violette.

- Je t'ai réveillé ?
- Non, je me suis réveillée toute seule.
- Je pouvais pas dormir, je me suis dit... Range les placards !

Violette sourit et se prépara une infusion

- Il n'est jamais que deux heures du matin...
- Je sais, je sais... Tu travailles demain ?
- Je commence à 11 heures, j'ai fini le dossier Pritchard hier, la patronne m'a dit : Viens à 11 heures demain, inutile de trop trainer au bureau, c'est la période creuse.
- Tu vas faire quoi alors ?
- Oh, des choses passionnantes comme regarder la télévision ou trier ma garde-robe...

Ludivine s'étonna.

- Tu portes toujours des marinières et des pulls en laine à manches courtes...
- Oui mais certains me lassent ! sourit Violette.

Ludivine hocha la tête.

- Tu devrais pas rester debout aussi tard quand même...
- J'aime pas quand tu ranges toute seule, ça me plait de te tenir compagnie !

***

- Je sais, je sais qu'elle est un peu toquée, bizarre même...

Violette but quelques gorgées de son Cosmopolitain.

- ... mais voilà, elle est merveilleuse, elle est aussi calme que moi, on aime les mêmes films, et quand elle ne range pas tout ou ne fait pas le ménage comme une forcenée, elle est complètement adorable !

Lucy Tien souffla, encore sur son gin fizz.

- J'aurais dû devenir lesbienne ! Ça m'aurait évité d'être divorcée à 26 ans !
- Je... crois être obligée de te rappeler que ça n'a pas été simple pour moi, et ça fait seulement deux ans avec Ludivine !
- Oui, bah oui, merci, j'ai été aux premières loges de tes embrouilles ! Pas trop effrayée d'être à samedi ?
- Moins que toi, je pense...
- J'espère qu'ils vont se marier cette fois, ça me ferait chier d'avoir pris un congé pour rien...
- La rumeur – enfin, Wallace – dit qu'elle a invité toute la promo pour conjurer le sort !

Lucy haussa les sourcils.

- Bah voyons.
- Hm, c'est ce que je me suis dit aussi. J'amènerai Lulu, j'espère que ça ira avec Santana...
- Qu'est-ce qu'elle devient ? s'étonna Lucy.

Violette poussa une grande inspiration.


***

- Les enfants, j'ai un souci... Sans compter le grand lit, qui va être octroyé à votre camarade avec l'entorse...

Tristan grimaça. « Génial... »

- ... il n'y a que quinze lits pour nous trente dans le refuge, mais en se mettant deux par deux... Sachant évidemment que je dors seule dans le lit de service – qui se résume à un lit de camp, ne vous inquiétez pas, je ne dors pas dans le luxe – vous vous partagerez les quinze autres lits.

Les élèves observèrent les lits séparés modestement par des cloisons et des rideaux dans le grand dortoir.

- PREEEEM'S !

Helen prit un lit en sautant dessus comme une gamine. Jeffrey plissa les yeux.

- Rêve pas, même moi je ne coucherai pas avec toi ici !
- Hey, pas devant les enfants ! geignit Helen.
- Crade... grommela Wallace.
- Tu m'étonnes... souffla Naomi.
- Le fait qu'ils soient ensemble ou le fait qu'elle nous prenne pour ses gosses ? marmonna Perrine.

Tristan alla vers son lit, au fond de la pièce, aidé par Tino et Christina.

- Ca va aller ?
- Oui... Merci mes infirmiers !

Tristan déboutonna son jean et regarda Tino et Christina.

- Euuuuuuh...
- ... On va y aller !
- Oui, bonne nuit Tristan, et... Content que tu ailles bien !
- J'avais compris, Tino, merci de t'être inquiété... Même si visiblement tu t'es beaucoup trop inquiété...
- Mais non, ça a été, il a juste eu peur ! admit Christina.
- Oui voilà ! sourit Tino.

Tristan plissa les yeux alors que les deux repartaient.

- Bon, bah au dodo hein !

Holly trainait Léon jusqu'à un lit.

- T'es sûre que tu veux qu'on dorme ensemble ?!
- Mais oui, roh ! Qu'est-ce que tu veux qu'il se passe ?
- Je voulais dormir avec Lilian !
- Lâche un peu ton frangin, Léon ! Allez on va discuter !
- Okay...

Léon entra dans la chambrette avec Holly tandis que Lilian et Gina prirent leurs quartiers.

- On joue un peu avec le feu, là... admit Lilian.
- Quel feu ? Tout ce que je vois, c'est deux personnes qui s'apprécient et qui vont juste prendre un lit tous les deux pour dormir.

Lilian acquiesça. Il enleva son pull. Gina sourit et enleva son chemisier.

- Désolée, je sais que tu l'aimes bien...
- J'ai juste dit qu'il t'allait bien ! sourit Lilian.

Le jeune homme enleva son pantalon et se mit au lit.

- Tu veux être près du mur ?
- Peu importe.
- Ok.

Lilian se coucha en faisant dos à Gina qui se coucha elle aussi. Lilian plissa les yeux et se retourna à moitié.

- Tu es en sous-vêtements ?!
- Tu croyais que j'allais dormir en jean ?
- ... nan, nan, mais...
- Oh je t'en prie, Lilian, tu ne vas pas être aussi prude, pas toi !
- Nan, nan, clairement, mais...

La portoricaine se plaça au-dessus de Lilian, le chevauchant presque. Le jumeau tressaillit.

- Dheu... Gina...
- Tu n'es tellement pas mon genre de mec que c'en est excitant !
- Gina, il y a du monde autour !
- Oh mais rassure-toi, il y a des tas de choses qu'on peut faire dans le silence et la discrétion !

Lilian écarquilla les yeux alors que Gina l'embrassa passionnément.

Lucy soupira.

- Vous êtes désespérants...
- Je sais... souffla Quinn, allongée à côté d'elle. J'avais peur, il était là... Pfffff...
- C'était de l'attirance naturelle entre vous deux, et puis vu la situation c'était normal.
- Le pire c'est qu'il a compris, il a compris que j'étais embarrassée, il ne m'a même pas proposé de dormir avec lui !
- En même temps, vous auriez fait QUOI ?
- ... Oh bon sang !
- Tu y penses, maintenant, hein ! sourit Lucy, allongée à côté de Quinn.
- Garce, je te hais !

Violette avait choisi de dormir avec Amélia.

- Ne me saute pas dessus pendant la nuit, d'accord ? grommela Amélia.

Violette soupira alors qu'elle était en train de sangloter. Amélia n'y prêta pas vraiment attention.

Santana était seule, ruminant son amertume.

- Parfait, parfait, parfait. Juste la disposition et l'image de marque dont on avait discuté en réunion...
- Vous êtes satisfaite, alors ?

Santana regarda son assistant.

- C'est tout ce qui vous importe ?
- Oui !
- Alors je suis satisfaite. Bien, cette exposition sera notre hit de l'été, j'aimerais qu'on attende vraiment l'agrandissement des galeries permanentes avant de décider quoi que ce soit dans le secteur des achats...
- C'est l'évidence même, madame.
- Bon... Oh ! Agathe !
- Santana Lan !

Les deux femmes se firent la bise.

- Toujours aussi ravissante, le noir te va à merveille ! sourit la mécène.
- Merci. Vous aimez ?
- Votre talent n'est plus à prouver, madame Lan, votre ambition et votre bon goût transparaissent totalement dans cette exposition... Vous vous rendez compte qu'on a des propositions de visites des écoles du monde entier ?!

Santana acquiesça en reluquant l'assistante de sa collègue.

- J'étais sûre qu'une exposition « Une œuvre de chaque artiste sans thème précis » était une idée fantastique. Les enfants vont se cultiver, les adultes vont avoir envie de visiter d'autres expositions... Dire que j'ai eu cette idée en surfant sur Wikipédia...
- Ne le répétez pas, ça ferait mauvais genre ! sourit Agathe.
- Vous avez raison, je dirais que mon esprit œcuménique a accouché de cette idée révolutionnaire après un rêve où je déambulais dans le Louvre...

Agathe éclata de rire.

- Elle est délicieuse, n'est-ce pas, Kristen ?

L'assistante d'Agathe hocha la tête.

- Bon, j'ai des préparatifs à faire ! admit Santana.
- Bien sûr, bien sûr ! On se revoir à l'inauguration !
- Oh et merci encore d'avoir financé ce projet, Agathe !
- Il fallait bien que je dépense mon argent à quelque chose !

Les deux femmes se séparèrent. L'assistant de Santana la regarda alors que la femme d'affaires vietnamienne soupira.

- Quelle pute...

L'assistant garda bouche cousue tandis que Santana prenait une gorgée de sa flasque.

***

- Je suis délicieuse, hein ?

L'assistante d'Agathe avait fini dans le lit de Santana.

- Han oui... Oui... Hmmm...

Santana sourit.

- Tu aimes quand je suis délicieuse avec toi ?
- N'arrête pas...
- Alors ça, j'y compte pas !

Santana plongea entre les jambes de sa partenaire d'un soir.

- Oh mon dieu ! Oh mon dieu ! OH MON...

***

Santana examina son dressing en soupirant. « Des milliards de fringues et pas foutue de se décider d'une tenue adéquate pour un mariage... Pchhh... Pourquoi irais-je, en plus... »

Santana soupira en levant les yeux au ciel. « Violette, évidemment. Je vais la revoir, ça fait tellement longtemps... »

- Madame Lan, est-ce que vous avez un sèche-cheveux ?

Santana haussa un sourcil et se tourna vers Kristen qui sortait de la douche.

- Tu es toujours là ?
- Euh...
- Dans le tiroir du bas à côté du lavabo. Dépêche-toi de partir, j'ai à faire.

La jeune femme acquiesça et repartit dans la salle de bains. Santana soupira. « Dis-toi que c'est pire pour Gribble, Lan. Dis-toi que tu t'en sors bien, en fait. »


Clive dormait aux côtés d'une Andréa pleine de questionnements.

Perrine poussa un immense soupir.

- Je m'en doutais qu'il te manquait...

Naomi pleurait comme une idiote.

- Il m'a manqué encore plus quand Rebecca et Tristan avaient disparu ! J'avais besoin de lui, je voulais lui parler, je voulais qu'il soit là, je me sentais tellement conne !!
- C'est normal...
- Quand je vais lui raconter ça, il va me rire au nez... « Hahaha, je te manque, t'es superficielle en fait ! »

Perrine grimaça alors qu'elle lisait.

- Primo, Walter parle pas comme ça, deuxio... en quoi ça fait de toi quelqu'un de superficiel le fait qu'il te manque ?

Naomi souffla.

- Je sais pas, je veux pas être une de ces gonzesses qui attendent le retour de leur homme et qui ne sont rien sans lui...
- Oh lala, tout de suite les grands mots...
- Je sais, je sais, je me sens tellement idiote !
- Tu veux pas dormir en fait ? souffla Perrine.
- Laisse-moi chouiner encore un peu !

Perrine soupira.

- C'bien parce que j'suis ta bestah, hein...
- Merciii...

Francis soupira.

- Les filles sont chiantes. Pourquoi elles savent jamais ce qu'elles veulent ?!
- Bah... C'est ça, les filles !

Francis regarda Robbie.

- C'est tout ce que tu trouves à dire ?
- Qu'est-ce que tu veux que je dise, les filles sont super différentes de nous, les mecs. On est trop simples pour elles en fait.
- C'est elles qui sont trop compliquées, genre elles ont dix mille raisons de pas se rapprocher de toi, c'est à croire qu'elles n'ont absolument pas les mêmes besoins que les hommes, qu'elles sont construites différemment, tu vois !
- Ouais... J'sais pas trop, si je voulais sortir avec Perrine, c'est justement parce que je sentais qu'on avait les mêmes besoins. Peut-être que toi et Quinn n'avez pas besoin de la même chose, elle attend peut-être quelque chose que tu ne peux pas lui donner...
- Elle trouve ma vie trop compliquée... Du coup elle hésite à se caser avec moi parce que sinon, mes problèmes vont devenir ses problèmes !

Robbie plissa les yeux.

- Elle se dit absolument pas que tu pourrais faire la distinction...
- Nan. Pis elle a toujours été protégée du côté merdique de la vie grâce à ses super parents avocats-juges-je sais pas quoi, du coup elle n'a aucune envie de partager le début du commencement de mes embrouilles.
- En même temps, une fille est en quête de sécurité... Dans notre société, on élève les filles en leur disant qu'elles sont fragiles et qu'elles doivent se protéger. Si elle sent que tu lui apporterais plus de soucis que de sûreté, c'est logique qu'elle hésite.

Francis souffla.

- L'ennui c'est que mes problèmes ne sont pas du genre de ceux que je peux régler en un tournemain... Tour de main ? J'sais jamais comment on dit !
- Moi non plus.
- Avec Perrine ça doit être plus simple, nan ?
- Ca l'est parce qu'on a les mêmes attentes. Elle a besoin du service minimum et moi aussi. C'est de l'affection mutuelle à un degré léger mais suffisant pour nous deux.
- On dirait des robots... Vous vous êtes toujours pas embrassés ?
- Pas sur la bouche.
- Steven vous appelle « 50 ans, toujours puceaux ».
- Bah étant donné que la question n'est pas entrée en ligne de compte avec Perrine, je peux pas lui en vouloir de penser ça...

Francis plissa les yeux.

- Y'a des moments où tu t'énerves, mec ?
- La dernière fois c'était contre cette grognasse de Direction Dresseurs !
- Ah ouais, il t'en faut quoi...

James et Fey dormaient l'un contre l'autre, habitués.

Orson grommela.

- Benjamin, éteins cette lampe et arrête de refaire ce stupide cube !
- Je le fais tous les soirs, je vois pas pourquoi ça changerait...

Tino s'était vite endormi, épuisé par les émotions de la journée. Christina, à ses côtés, souriait, toute contente. « Je dors dans le lit de Tino, je dors dans le lit de Tino ! »

Mike serrait Rebecca contre lui et les deux étaient endormis l'un contre l'autre.

- Tu vois, j'me sens pas coupable parce qu'au fond, j'ai juste voulu faire la conversation, et c'est venu comme ça... Du coup bah... J'm'en fiche un peu !

Ana acquiesça.

- Non tu n'as pas à t'en vouloir. Ce n'est pas comme si tu savais quelque chose à la base, à propos de ce qu'il y avait entre Andréa et Santana.
- Voilà.
- C'est bien que tu te poses ce genre de questions ! sourit Ana.

Steven sourit. Ana avait du mal à ne pas regarder ses épaules nues sortant de son marcel blanc.

- Tu me mates ou je rêve ?
- N... Non, pas du tout ! geignit la petite rousse.
- T'as pas à avoir honte !
- Ca n'a rien de... C'est juste que ça fait bizarre...
- J'me doute. Allez, bonne nuit, Anouchka.
- Bonne nuit, Steven.

Steven fit dos à Ana qui plissa les yeux, troublée. Elle s'endormit en pressant son dos contre le sien, sans vraiment le faire exprès, juste pour sentir sa chaleur.

« - Pendant ce temps à Vladivostok, les autorités continue à négocier avec l'Alaska pour un éventuel prolongement de la ligne du transsibérien. Trop coûteux et trop de risques pris pour rien, a confirmé le président. Le président qui assure qu'il ne fera rien qui lèse la Russie au profit des américains, a-t-il ajouté lors de sa conférence. C'était tout pour ce soir ! »

Le directeur de Perviy Kanal, la première chaîne russe, éteignit le poste.

- C'est bien, le président est ravi de notre travail. Il est très content des changements de la ligne éditoriale récents. Il a notamment apprécié l'interview que madame Dabrowski a donné à la presse internationale concernant l'éventuelle mainmise du pouvoir.

Ana sourit.

- C'est tout naturel !
- Il a apprécié que vous mettiez en avant votre héritage international, et notamment : « Mes yeux sont sur le monde, mais mon cœur et mon âme sont au service de la Russie » ! Je songe même à en faire la devise de la chaîne...

Ana sourit face à la flatterie.

- Je n'ai fait que défendre la politique éditoriale de la chaîne !
- Je songe à faire de vous plus qu'une collaboratrice et à vous proposer le poste de porte-parole qu'Enlia va quitter.
- Ce serait... un immense honneur ! admit Ana.
- Evidemment ce serait en plus de votre poste actuel !
- Ce sera sans aucun problème !

***

- Que tu ailles à ce mariage, je comprends...

Ana plissa les yeux en faisant sa valise.

- Mais tu es obligée d'emmener Ivan ?
- Je veux le présenter à mes amis, et ça fait un bail que Fey ne l'a pas vu !

Le mari d'Ana soupira.

- Parfois je me demande si tu veux vraiment rester en Russie...
- Mais voyons, Piotr, bien sûr que je veux rester en Russie ! J'ai un poste extraordinaire ici ! Et j'ai toi, et j'ai Ivan...
- Oui mais je sens que ce pays où tu as fait tes études te manque.

Ana serra les dents.

- N... Non, pas du tout... Enfin pas tant que ça...

Piotr soupira.

- Bon voyage, quoi qu'il en soit.
- Merci... Tu sais, tu pouvais venir avec moi !
- Et prendre le risque de me faire virer ? Non merci... En plus je ne supporte pas la culture occidentale, tu sais bien. Mon pays à moi, c'est la Russie, je ne suis pas tiraillé comme toi.

Ana souffla et acheva de faire ses affaires. Elle regarda son téléphone et le gentil message en russe qu'on lui avait envoyé.

[Je t'attends avec grande impatience. Je viens te chercher à l'aéroport, promis. Toute mon affection, à tout jamais – SW]

Les yeux verts d'Ana se remplirent de petites larmes. Elle souffla, éteignit son téléphone et alla voir son fils.

- Mes affaires sont prêtes, maman !
- Allez, on y va !


Steven sentit le rouge lui monter au joues, une chaleur agréable. Il ne fit rien de plus et s'endormit paisiblement.

(Mika – L'amour dans le mauvais temps)

Dans le grand lit du fond, caché par un rideau, Tristan somnolait. C'est à ce moment que le rideau s'entrouvrit légèrement. Tristan s'étonna.

- Tino ?!
- Joli lapsus, ce sera répété, amplifié et déformé...

Tristan regarda la grande figure à côté du lit qui enlevait tranquillement son pantalon.

- W... Wallace ?!
- Je sais, je ne suis pas hispanique ni binoclard mais je fais un super oreiller !

Tristan grimaça. Wallace souffla en entrant dans le lit uniquement vêtu d'un boxer et d'un marcel noirs. Tristan prit de nombreuses photos mentales.

- Ne rêve pas, je suis juste là parce que c'est ça ou la ranger – et d'après papa, le retard mental, c'est contagieux – ou alors Santana et plutôt baiser une retraitée que de l'entendre geindre à propos du foirage total de sa relation pourrie. Pas ce soir.

Tristan acquiesça.

- Et aussi, je me suis dit que tu n'aimerais pas dormir seul alors que tout le monde fait lit commun. Si ça peut te rassurer ou t'inquiéter, j'ai entendu personne baiser.

Tristan sourit.

- Pour le moment, hein !
- Hm. Je ne t'ai pas trop inquiété ? demanda Tristan.
- Une inquiétude de plus ou une inquiétude de moins... T'en as pas marre d'inquiéter tout le monde ?
- J'fais pas exprès.
- Me doute mais quand même. Ils étaient cools, les hippies qui vous ont recueillis ?
- Ouais, ouais.
- J'sens que c'étaient plus que des hippies, mais je sens que j'aurais beau te poser autant que questions que je veux, j'aurais pas de réponse.

Tristan resta muet.

- Bon. Comment ça se passe avec Monsieur Vintage ?
- Bien, bien... Ça prend une tournure intéressante.
- Caressage d'entrecuisse ?
- ... nan, bisous et câlins passionnés dans sa chambre !
- Ahon. Ton idéal quoi.

Tristan agita la tête.

- J'sais pas. Ça me plait, je pense.
- C'est l'essentiel, tant qu'il ne te frappe pas et qu'il ne te viole pas, moi, tout va bien.
- Quelle sollicitude, c'est rassurant ! sourit Tristan.
- En même temps, mon niveau suivant de sollicitude, ce serait des trucs que tu veux pas avant le mariage !

Tristan leva les yeux au ciel.

- Bah voyons.
- En même temps, tu peux pas trop bouger, donc si je veux en profiter, c'est maintenant...
- Tu ne le feras pas !
- Tu me crois incapable de te sauter dessus sauvagement ?
- Tu ne penses donc qu'à ça ?

Wallace sourit.

- J'te taquine !
- Je sais, mais tes taquineries sont un peu unidimensionnelles...

Wallace ricana.

- Tu as tellement grandi depuis notre première rencontre... Je m'en rappelle encore. Je t'ai dit bonjour et tu as balbutié deux trois mots en allemand...

Tristan pouffa de rire.

- J'me rappelle à peine de notre premier échange !
- Moi non plus, je crois que c'est le genre de choses dont on se rappelle pas vraiment en fait.
- Hm, par exemple moi avec Tino, c'était y'a tellement longtemps...
- Voilà pis après ça devient tellement évident avec la personne, tu te dis « Quelle importance, c'est comme si ça avait toujours été » !
- Oui, comme le jour de la naissance quoi ! admit Tristan.
- Exactement. T'es né quand, toi ?
- ... bah y'a 17 ans comme toi !
- Le jour, crétin !
- Oh. Premier septembre.
- Cool. Moi c'est l...
- Trois juin.

Wallace haussa les sourcils, à moitié flippé.

- T'es SERIEUX ?
- C'est sur ton Facebook !
- Nan !
- Quelqu'un te l'a souhaité le trois juin...
- Bah c'est le trois juin, oui... T'as un caractère assez obsessionnel quand même.
- Désolé...
- J'suis sûr que t'as retenu mon second prénom aussi.
- Robin.
- Il est mignon. Toi c'est... Gabriel, comme l'ange.

Tristan sourit.

- Flatterie gnan-gnan.
- J'croyais que t'aimais ça !
- Pas trop, non.

Wallace hocha la tête.

- Je note.

Petit silence. Tristan ouvrit la bouche.

- Wallace, qu'est-ce que... je suis pour toi ?
- Je sens que cette question tend à être récurrente dans cette classe...
- C'est pas pour t'embêter hein...
- Tu es... un camarade de classe... Un ami... Une personne pour qui, globalement, je me fais du souci... Qui passe son temps à se mettre dans des situations périlleuses, ce qui te rapproche génétiquement du statut de Princesse ou de Damoiselle en détresse... Et je suis donc ton Super Mario.

Tristan sourit, touché.

- Une référence geek, comme c'est mignon !
- Je sais, hein ? Tu crois que Benjamin ou Orson accepteraient de sortir avec moi ?

Tristan ricana.

- T'es bête.
- Je sais. M'enfin, je suis sûr que tu trouves Link plus sexy.
- On ne va pas s'aventurer sur ce terrain-là, s'il te plait ! sourit Tristan.
- Quoi, tu fantasmes sur des personnages de jeu ?

Tristan regarda Wallace.

- Tu ne veux pas savoir ça !
- Oh allez ! Avoue que tu ne joues pas à Mass Effect que pour l'intrigue !

Tristan plissa les yeux.

- Quoi... mais... OH ! Euh... Bah je... Nan, j'ai... Wallace, quand on fantasme sur un personnage de jeu, on fantasme dessus en dehors du jeu !
- Ahon...
- Sois un peu logique, comment tu veux jouer avec une seule main !

Wallace éclata de rire. Tristan sourit.

- Alors là c'est l'aveu du siècle : Tristan Gabriel Edison se MASTURBE !
- Bah comme tout le monde...
- Tino se masturbe, tu crois ?
- Arrête avec Tino ! J'en sais rien !
- Tu crois que quand il lit des encyclopédies, il a une main dans le froc ?
- Arrêêêêteuuuuh ! geignit Tristan.
- D'accord, d'accord. Tu penses que Steven se masturbe ?
- Oh bah non...

Wallace grimaça. Tristan le regarda.

- Tu te masturbes, toi ?
- Bah quand j'ai ramené pers... aaaaaaaaah ! Ok !
- Bah voilà... S'il a toutes les nanas qu'il veut, il a pas besoin de...
- Donc tu te masturbes. Devant ton ordi je suppose...
- Ah bah ça je vais pas faire ça avec un magazine...
- Tu m'étonnes, vive le vingt-et-unième siècle ! Tu penses à moi en te tripotant ?
- Stop, on parle d'autre chose, s'il te plait...
- T'as vu, sacré point Handwin, n'est-ce pas ?

Tristan grimaça.

- Toujours tout seul, je présume aussi...
- Je te préviens, si c'est une proposition, c'est hors de question !
- Dommage, j'étais chaud bouillant, là.
- Pas moi ! grommela Tristan.

Wallace tendit le bras vers l'entrejambe de Tristan qui sursauta.

- HEEEEEEEY !!!
- Ta gueule, tout le monde dort !
- Bordel Wallace !!
- Fais pas ta mijaurée !
- Maiiiiis j'ai un petit copain moi !
- Et alors ? Il t'a déjà touché, c'est bon, le territoire est marqué, t'as pas à avoir peur !
- ... pas à cet endroit.
- Hein ?
- On a atteint la première base, la seconde mais pas la troisième !
- Dis-moi que vous vous êtes au moins frottés l'un contre l'autre !
- ... En gardant nos jeans !
- Putain, vous êtes pires que la famille royale britannique, quoi... Si un jour on fait une partie à trois, vous allez finir à l'hosto, traumatisés à vie.
- Pas moi, l'école a bien fait son boulot... marmonna Tristan.
- Wow, c'était hardcore, ça !
- Merci.

Wallace s'allongea sur le côté en regardant Tristan qui le regardait.

- Ça t'aurait gêné que je te touche ?
- ... bah oui, rapport à Nicolas.
- Donne-moi ta main.
- ... nan !
- Mais nan, j'vais rien te faire faire !
- J'te fais pas confiance pour ces trucs-là !
- Tu me fais pas confiance ?

Tristan regarda Wallace dans les yeux. Le grand brun tendit la main vers le petit.

- Donne.

Tristan souffla et donna sa main. Wallace la saisit et la serra un peu.

- Voilà. Je te touche, là.

Tristan sourit et regarda Wallace qui le regarda aussi.

- Tu es dégoûtant...
- Parce que j'aime te tenir la main ?
- Parce que tu me regardes avec ces yeux...
- Ces yeux ?
- Comme si tu voulais que je te serre dans mes bras...
- Je te regarde juste comme je t'ai toujours regardé, ni plus, ni moins.

Wallace inspira et retira sa main. Tristan sourit.

- Fais pas ta mijaurée !
- Tchhh...
- Héhéhé !

Wallace regarda Tristan, malicieux.

- Si je te dis que je veux sortir avec toi, tu largues Nicolas ?
- Ca va pas de me poser des questions pareilles ?!
- Oui ou non ?

Tristan plissa les yeux.

- Nan. Parce que tu veux sortir avec moi uniquement pour me prouver que je suis aussi superficiel que toi. Et pour te prouver que tu es le meilleur à mes yeux. Alors que tu es incapable de supporter mon regard sur toi. De nous deux, celui qui est en position de faiblesse, qui a besoin de la reconnaissance de l'autre, c'est toi, plus moi. J'ai Nicolas, je suis heureux, il m'aime et je l'aime, et c'est tout ce que je voulais.

Wallace inspira.

- Et voilà, tu es redevenu chiant.
- Oui, parce que je te refuse l'attention que tu quémandes. Je ne suis pas une pelote de laine et tu n'es pas un Miaouss.
- Encore heureux, qu'est-ce que je serais moche !
- Tu éludes encore les choses. Une autre raison qui fait que je ne peux pas sortir avec toi.
- Au moins tu es lucide. Pourquoi on peut pas coucher, alors ?
- Je. Sors. Avec. Quelqu'un.
- Mais. C'est. Moi. Que. Tu. Veux.

Tristan secoua la tête en levant les yeux au ciel.

- Bah voyons.
- Avoue-le !
- On en revient à la même chose, tu veux juste mon attention, c'est une victoire pour toi. Je ne suis rien d'autre qu'un trophée que tu veux remporter !

Wallace inspira en regardant le plafond.

- J'ai eu très peur pour toi.
- Oui, je sais bien.
- Je crois qu'au fond j'aime te protéger. Tu es une petite chose fragile et je me sens bien en te protégeant, en sachant que tu vas bien. Ça compte pour moi. De savoir que ça va mieux avec Rebecca, ça compte pour moi. Tu t'en sors tout seul et ça, ça compte pour moi.

Tristan souffla.

- J'espère un jour te rendre la pareille.
- Pour ?
- Bah... Toutes ces fois où tu me protèges et où tu adores ça, moi, bah... je me sens un peu nul de devoir être protégé, alors si... comme je le pense, les rôles se sont inversés, il y a un moment où tu auras besoin de moi et... j'espère qu'à ce moment, je serais à la hauteur !

Wallace haussa les épaules.

- Si tu veux. J'sais pas si j'aurais jamais besoin de toi, mais... sait-on jamais ! Tu pourrais bien me payer un plein d'essence un jour !

Tristan sourit.

- D'accord. On dort ?
- Oui, la conversation commence à m'ennuyer...
- Ah, bah désolé, je peux pas tout le temps évoquer mes séances d'onanisme !
- Hm. Ouais. Mais j'aime bien parler avec toi quand même.

Tristan sourit.

- Moi aussi, tu n'es pas du tout une compagnie désagréable. Auparavant tu l'étais, mais je sais pas... en quelque sorte tu as mûri.

Wallace sourit.

- Et toi donc !
- Hm ! Bonne nuit, Wallace Gribble...

Tristan se tourna pour faire dos à Wallace.

Lequel vint se serrer contre lui.

- Wal...
- Bonne nuit, Tristan Edison.

Wallace susurra à l'oreille de Tristan.

- Je suis vraiment content que tu ailles bien.
- Wallace...
- Shhht, j'aime bien dormir comme ça.

Tristan plissa les yeux.

Il aimait bien, lui aussi.

Wallace entrelaça ses mains avec les siennes. Tristan n'avait jamais eu aussi chaud de toute sa vie. Mais il s'endormit bien vite, protégé par ces bras audacieux.

Wallace, quant à lui, semblait content de son coup. Et il s'endormit avec la sensation de remplir à merveille son rôle de protecteur. Que personne ne lui avait vraiment demandé de prendre, d'ailleurs...

***

Le bus était à nouveau rempli.

Christina était assise à côté de Tino qui somnolait en regardant le paysage.

Steven semblait plutôt calme, aux côtés de Mike, tout aussi relax.

Tristan était au premier rang, sur les sièges à côté de ceux de Jeffrey et Helen. Il semblait tout content, les yeux rêveurs.

- Qu'est-ce qu'il peut bien avoir ? s'étonna Helen.
- La ranger lui a peut-être donné de la morphine ?! marmonna Jeffrey.

Rebecca somnolait aux côtés d'Amélia qui inspira.

- Au final, on n'aura pas appris grand-chose sur la montagne, n'empêche...

Fey, Ana, James, Steven et Mike ne purent qu'acquiescer. Léon lisait un livre. Lilian affichait un grand sourire. Léon le regarda.

- Qu'est-ce que tu as ?
- Rien, rien, rien...

Holly regarda Gina.

- Alors, heureuse ?
- Bah, séjour à la montagne typique, quoi ! souffla Gina.
- Voilà. N'empêche, la montagne, c'est beaucoup plus cool dans le décalogue...
- Alors là pour une fois, ma chère amie catholique, je t'approuve à 100% !

Benjamin continuait à refaire son cube tandis qu'Orson jouait sur une console portable.

- Tu vas perdre.
- Même pas. Toi tu vas rater ton cube !
- Même pas.

Andréa et Clive se reposaient, elle avec un cache-yeux et lui avec des lunettes noires. Santana était seule, toujours à ruminer. Violette était aux côtés de Lucy tandis que Francis et Quinn étaient côte à côte, embarrassés.

Naomi souffla, aux côtés de Perrine.

- J'ai hâte de retrouver Walter...
- Je me doute. Il aurait adoré cette visite à la montagne, j'en suis certaine. Surtout la partie escalade et la partie « On a perdu deux de nos élèves » !

Naomi agita la tête. Elle regarda Robbie et Wallace qui étaient dans une grande discussion.

- Tom Sawyer, c'est connu comme chanson !
- C'est comme Jeanne et Serge, tout le monde connait le refrain mais les couplets...
- Ca m'étonne que tu veuilles chanter maintenant !
- J'sais pas, ça me manque, je crois. On a chanté à l'aller, je trouve qu'on devrait chanter au retour !

Wallace se leva.

- Votre attention, mesdames et messieurs, moi et mon adjoint aux finances, Robbie, vous sollicitons pour décider d'une chanson à chanter sur le retour !

Robbie se leva en soupirant.

- On va dire que oui. Pour une fois que Wallace veut faire quelque chose d'amusant...
- Et si on chantait Pomme de Rainette et Pomme d'Api ?

Tout le monde regarda Léon qui se mordilla les lèvres et se recroquevilla.

- J'ai une chanson pour vous, mon neveu !

Helen le regarda.

- T'es pas sérieux...
- Je suis toujours sérieux quand il s'agit de déconner un peu...

Jeffrey alluma son téléphone et le leva.

Les quatre filles du Docteur March – générique, version longue

- Euh...
- Parfait !! avoua Wallace.
- Génial ! sourit Robbie.
- Oh mon dieu, je connais cette chanson... souffla Rebecca.
- Allez, ça va changer les idées !
- En plus je peux mettre les paroles sur le diffuseur de messages du bus ! sourit Jeffrey.
- C'est pas fait pour ça ! grommela la chauffeuse.
- Maintenant si ! avoua Helen.

Wallace commença de sa plus belle voix.

- Dans la maison du bonheur
Vivent quatre petites sœurs
Il y a Meg et Jo, Beth et Amy !

Perrine et Naomi levèrent les yeux au ciel. Jeffrey eut un grand sourire malicieux avant de chanter lui aussi avec Wallace et Robbie qui semblait très amusé par la situation pendant que les autres étaient au choix, médusés ou enjoués.

- Quatre styles, quatre filles ! sourit Wallace.
- Mais elles sont toutes gentilles ! admit Robbie.
- La tendresse les réunit ! crièrent-ils en chœur.

Quinn, Lucy et Christina se lancèrent.

- Quelques fois elles se griffent, elles sont en rage...
Mais la paix revient vite après l´orage !

Rebecca souffla en se levant aussi pour chanter.

- On peut dire ce qu´on voudra
Car rien ne les séparera, ah-ha-ha...
- Génial ! Tout le monde ! sourit Wallace.

James leva les yeux et chantonna aux côtés de Fey.

- Toutes pour une
Une pour toutes !
Elles s´adorent même quand elles se fâchent !

Steven faisait semblant de chanter aux côtés d'une Ana rieuse.

- Toutes pour une
Une pour toutes
Ce sont les quatre filles du Docteur March !

Perrine et Naomi s'étaient laissées entrainer. Tristan chantait avec entrain lui aussi. Benjamin, Orson, Gina et Holly décidèrent de mener le refrain suivant.

- Toutes pour une
Une pour toutes
Elles s´adorent même quand elles se fâchent

Christina leva Tino, à moitié agacé, pour chanter avec lui. Clive et Andréa se mirent une balle dans la tête, du moins en mime. Santana préférait ignorer l'hystérie collective.

- Toutes pour une
Une pour toutes
Ce sont les quatre filles du Docteur March !

Violette se leva à son tour, quelque peu rasserenée par l'ambiance. Lucy l'accompagna tout comme les jumeaux.

- Dans la maison du bonheur
Vivent quatre petites sœurs
Chaque jour elles apprennent la vie !

Francis, Robbie et Steven se chargèrent de la fin du couplet.

- Et quand l´une a un problème !
- Trois autres lui disent "je t´aime" !
- Trois baisers et tout est fini !

Helen secoua la tête, très amusée par cette petite chorale improvisée. Tout le bus reprit en chœur, grisés par ce karaoké.

- Ni le sort, ni les garçons, ni la guerre
Non jamais rien ne les séparera !
Toutes pour une !
Une pour toutes !
Elles s´adorent même quand elles se fâchent

Wallace prit la main de Perrine et mima une valse. La fille de David Smirnoff secoua la tête en souriant, trop amusée pour s'énerver contre Wallace.

- Toutes pour une
Une pour toutes
Ce sont les quatre filles du Docteur March !

Jeffrey secoua la tête, malicieusement surpris par l'ironie de la situation. « S'ils savaient, les pauvres... »

- La prochaine, c'est le générique francophone de Dragon Ball Z !
- HAN NAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!
- TRAITRE !! crièrent Orson, Benjamin, Tino et Tristan.