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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 21/04/2014 à 10:30
» Dernière mise à jour le 21/04/2014 à 10:32

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 229 : Vengeance
Vengeance - Benjamin Biolay


Cassy faisait les cents pas dans la salle d'attente du Centre Pokémon de Doublonville. Plus personne ne parlait depuis que l'infirmière Joëlle était venue leur apportait du café, dont elle avait refusé de prendre une tasse en se jugeant suffisamment nerveuse comme cela.

Elle ne cessait de regarder l'horloge murale où les secondes défilaient lentement. Chacune d'entre elles pouvaient être annonciatrices d'une mauvaise nouvelle, cependant pour l'instant, il se passait rien. Elles se contentaient simplement de patienter dans la crainte et l'angoisse.

Esméralda était installée sur une chaise, un gobelet de plastique fumant à la main, bien qu'elle ne boive rien de son contenue, les yeux perdus dans le vide. Tina, elle, ne cessait de se lever et de se rasseoir, incapable de trouver une position qui lui conviendrait. A l'instar de la dresseuse, elle ne parvenait pas à rester en place.

Elles avaient fait le déplacement en comité restreint, autrement dit à elles trois. Surcharger le Centre Pokémon d'un groupe de personnes aussi hétérogène que la Confrérie n'aurait servi à rien. Deux visiteurs tardifs, néanmoins, les rejoignirent aux alentours de deux heures du matin.

Les portes de l'établissement, ouvertes toutes la nuit, coulissèrent pour laisser entrer une jeune femme aux cheveux turquoise, suivie de près par un homme aux épis rouges. Tous deux portaient une combinaison de dracologue, et Cassy se précipita vers eux dès qu'elle les vit. Sandra prit immédiatement ses mains dans les siennes, en guise de réconfort mutuel.

- Nous sommes venus dès que Marion nous a appris la nouvelle. C'est terrible, sais-tu ce qui s'est passé, au juste ?
- Non, j'étais en mission à ce moment-là. Les filles m'ont informée dès que je suis rentrée. Elles n'en savaient cependant pas plus que ce qu'elles ont sûrement dû vous dire : l'infirmière Joëlle a appelé à l'appartement de Cynthia suite à la demande de Lucio, afin de nous avertir.
- Comment vont-ils ?
- Elle n'a toujours pas repris connaissance et c'est très mauvais pour le bébé. Apparemment, elle a fait un traumatisme crânien. Elle risque de le perdre...
- C'est affreux. Et Lucio ?
- Nous n'avons pas encore eu l'occasion de le voir. Il était en salle d'opération lorsque nous sommes arrivées. Ils lui ont posé une broche sous anesthésie, car d'après ce que j'ai compris, il a eu le bras cassé.
- Enfin... Comment cela a-t-il pu se produire ? Un accident de voiture ?
- Pas que je sache. Les ambulanciers sont venus les chercher à leur domicile pour les évacuer ici, puisque l'hôpital de Doublonville est le plus perfectionné.
- Tout ceci est étrange.
- C'est également mon avis. Tenez, venez vous asseoir. De toute façon, pour l'instant, nous n'avons rien de mieux à faire.

Les deux Champions la suivirent jusqu'à une rangée de sièges sur lesquelles ils s'installèrent. Gagnée par la fatigue, Tina finit par s'endormir sur contre le dossier de sa propre chaise, la bouche légèrement entrouverte, et Peter demanda à l'infirmière Joëlle si elle avait encore des chambres de repos de libre pour la porter jusque là.

Plus personne ne parlait, ni ne bougeait. Ils avaient la gorge trop serrée et l'estomac trop noué pour cela. Cassy ne cessait de contempler dans sa main le mouchoir offert par le Maître de Sinnoh des années auparavant. Ce n'était pas possible... Pas Cynthia... Pas elle...

Aux alentours de deux heures du matin, un médecin en blouse blanche, avec des gants en latex et un stéthoscope autour du coup, vint les rejoindre dans la salle d'attente. Il avait baissé son masque en tissu au niveau de son coup le temps pour lui de s'exprimer :

- Son état s'est stabilisée.
- Elle va s'en sortir ? demanda aussitôt la dresseuse.
- Je ne peux pas l'affirmer pour le moment, mademoiselle. Tout ce que je sais, c'est que nous avons pu stopper l'hémorragie, cependant ses chances de survie sont encore critiques. La journée de demain peut être décisive : si les choses ne s'aggravent pas, alors elle pourra sûrement guérir, mais cela viendra uniquement de sa faculté à se réveiller du coma artificiel dans lequel nous avons dû la plonger.
- Et Lucio ?
- Il se repose, suite à son intervention. Vous devriez pouvoir bientôt lui parler.
- Je vous remercie. Serait-il possible d'aller voir Cynthia, à présent ?
- A condition de ne pas la toucher, oui. Veuillez m'excuser, il faut que j'aille rendre visite à d'autres patients.
- Je comprends. Merci, docteur. Quelqu'un veut m'accompagner ? interrogea-t-elle en se tournant ensuite vers ses amis.

Esméralda fut la première à secouer la tête en signe de dénégation, tandis que Sandra posait une main sur l'épaule de son ancienne apprentie :

- Vas-y toute seule. Je sais combien tu comptes pour elle. Ta présence lui fera sans doute le plus grand bien.

Cassy la remercia d'un sourire un peu crispé, puis se leva, les jambes flageolantes. Elle peinait à marcher alors qu'elle n'avait fait que cela au cours de la soirée. Son corps trahissait son anxiété de voir la Championne étendue sur un lit d'hôpital, entre la vie et la mort.

Elle connaissait déjà son numéro de chambre, que l'infirmière Joëlle lui avait communiqué dès son arrivée. Elle n'avait cependant pas pu lui rendre visite avant car les médecins se trouvaient à son chevet. Etant une éminente personnalité du pokémonde, ils l'avaient prise en charge au plus vite afin de lui administrer les meilleurs soins possibles.

Après avoir inspiré profondément, elle ouvrit la porte. Elle pénétra dans une pièce immaculée, qu'aucun mobilier ne venait troubler à l'exception d'une table à roulette, d'un petit tabouret et du lit central. Cynthia était étendue dessus, les paupières clauses, les cheveux épars sur l'oreiller, l'air paisible. Son ventre rond formait un petit renflement sous la couverture.

Elle portait une chemise de nuit blanche, étonnant contraste avec les habits noirs qu'elle arborait d'ordinaire. A certaines endroits, la jeune femme put distinguer des hématomes naissants sur sa peau claire. Que s'était-il passé pour qu'elle puisse être dans un tel état ? Sandra avait raison : quelque chose n'allait pas.

Elle entendit le battant coulisser derrière elle alors qu'elle se rapprochait de la Championne endormie. Elle ne se retourna pas, et ne jeta un regard à Lucio que quand il fut parvenu à sa hauteur.

- Je suis heureux que tu sois là, déclara-t-il simplement.
- Quand nous nous sommes rencontrées, c'était moi qui occupait une chambre au Centre Pokémon, raconta la dresseuse en ramenant son attention sur sa bienfaitrice.
- Je suis au courant. Elle m'en avait parlé.
- Je n'aurais cependant jamais pu imaginer qu'elle se trouverait un jour là à son tour. Elle m'a toujours paru si forte, si... invulnérable. A présent, elle semble si fragile.
- Elle s'en sortira, je la connais. C'est surtout pour le foetus que je m'inquiète. Il n'a peut-être pas eu le temps d'hériter du courage de sa mère. Dire que tout ceci est de ma faute...
- Comment cela ?
- J'étais sortie faire une course. Tu sais comment sont les femmes enceintes, avec leur envie soudaine de nourriture ? Doublé de la gourmandise de Cynthia, je devais quasiment me rendre chaque jour à la supérette. Hier, elle a soudain voulu de la glace à la menthe-chocolat.

Cassy ne put s'empêcher d'esquisser un sourire : son parfum préféré.

- Quand je suis revenue, j'ai immédiatement remarqué la porte. Depuis que nous vivions dans notre nouvelle maison, nous regardions toujours au travers de l'oeil-de-boeuf avant d'ouvrir, au cas où ce soit une mauvaise surprise. Elle a dû leur refuser l'accès, car ils ont défoncés le battant.
- De qui s'agissait-il ?
- Je n'ai pas vu leur visage. Ils s'enfuyaient lorsque je suis ressortie de la maison, après l'avoir retrouvée gisante au bas des escaliers. Heureusement pour moi, le voisin, attiré par mes cris, est venu voir ce qui se passait. Il est resté auprès d'elle et a appelé des secours tandis que je me lançais à la poursuite de ses agresseurs.
- Les avez-vous rattrapés ?
- Plus ou moins, cependant l'un d'entre eux possédait un Mackogneur qui m'a projeté contre un mur. Le choc m'a complètement sonné. Le temps que je recouvre mes esprits, ils étaient déjà loin, et mon bras me faisait atrocement mal.
- Leur nombre s'élevait à combien ?
- Trois, je crois. Non, cinq. J'oubliais les deux qui avaient de l'avance.
- N'avez-vous aucun signe distinctif permettant de les identifier ?
- Non, et le coup que j'ai réussi à la tête m'oblige à garder un souvenir très flou de tout cela. Enfin, à part qu'ils portaient des uniformes en silicone, un peu comme ces imbéciles que nous avons combattu aux Colonnes Lances. Pendant un instant, j'ai même cru qu'il s'agissait d'eux, mais je ne vois pas quel intérêt ils auraient eu à... Eh, Cassy ! Où vas-tu comme cela ?

Il n'avait même pas terminé sa phrase que la jeune femme tourna les talons et quitta la pièce, une lueur meurtrière dans le regard. Il tenta de la rattraper, cependant elle rejoignait déjà la salle d'attente, où tous levèrent leur regard dans sa direction.

- Alors ? demanda Sandra, pleine d'espoir. Comment va...
- Cassy ? appela Esméralda.

Elle ne leur prêta pas la moindre attention. Au lieu de s'arrêter pour répondre à leurs questions, elle se dirigea droit vers l'entrée, où la porte automatique s'ouvrit afin de la laisser passer.

- Qu'est-ce qui lui prend ? interrogea Peter, aussi surpris que les autres.
- Je ne sais pas... J'ai fait mention de la Team Galaxie, et...
- Oh ! s'exclama la gitane. Ne me dites pas que ce sont eux qui s'en sont pris à Cynthia.
- L'idée m'a traversée l'esprit, mais...
- Cassy !

La porteuse du glyphe psy s'élança aussitôt à sa suite, la Championne d'Ebénelle sur ses talons. La dresseuse tenait déjà une pokéball à la main, prête à libérer Dracolosse.

- Je t'en prie, calme-toi ! s'écria sa consoeur. Ne fais pas cela !

Sitôt son dragon matérialisé, elle bondit sur son dos. Sandra essaya de la retenir en l'attrapant par le coude, mais elle la repoussa d'un violent mouvement du bras avant de se cramponner à son encolure.

- C'est de la folie ! hurla la dracologue. Tu ne peux partir ainsi, sur un coup de tête...

Mais la jeune femme ne les écoutait plus. Son pokémon prenait de l'altitude, et elle s'éloigna à l'aide d'une Vitesse Extrême en direction de son destin. Quoi qu'elle décide de faire, elle le ferait seule.