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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 16/04/2014 à 11:53
» Dernière mise à jour le 02/09/2017 à 11:51

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 41 : Les fils et les mères
Geran était revenu là où tout avait commencé : le Monastère du Temps. Ou plutôt, ses ruines. À l'époque de Geran, c'était sans nul doute l'édifice le plus majestueux de la région. Nombre de pèlerins y venaient y vénérer Dialga, le dieu du temps. Il se trouvait au cœur d'une plaine majestueuse, si silencieuse qu'on avait l'impression que le temps s'était justement arrêté. Aujourd'hui, plus de plaine, seul un immense désert. Et plus de saint temple, seulement des morceaux de roches que le sable n'avait pas encore réussi à emporter.

Il y a cinq cent ans, Odion et Geran étaient partis d'ici pour voyager dans le futur, et avaient atterrit dans la version futuriste du monastère. Au début, Geran pensait s'être trompé d'époque, voir même d'espace. Mais il avait fini par reconnaître l'intérieur du monastère, bien que délabré. Étonnant comme les choses pouvaient changer en cinq cent ans. Et comme certaines en revanche demeuraient identiques... comme la douleur de perdre un être cher.

Mais si Geran était là aujourd'hui, alors que son seigneur Archangeos et ses compagnons étaient partis dans un dernier assaut désespéré contre les Agents du Chaos, c'était pour ramener Ad, ou au moins mourir en essayant. Il pouvait tout aussi bien anéantir la trame du temps. Modifier le passé était quelque chose de proscrit, si imprévisible que la moindre action pouvait entraîner des conséquences dramatiques. Geran le savait. Il savait que c'était une hérésie de se servir d'une bénédiction de Dialga de la sorte. Le dieu du temps ne lui pardonnerait jamais. Il n'était pas contre qu'on se serve de ses pouvoirs pour voyager dans le futur. Odion l'avait bien fait, et Geran l'avait suivi. Mais l'utiliser pour modifier le passé, c'était se prendre pour dieu lui-même. Et même plus que cela, car le tout puissant Arceus n'avait jamais demandé à sa création Dialga de modifier le passé pour lui, malgré toutes les horreurs qui s'étaient passées en ce monde.

Geran était conscient de tout cela. Mais il allait le faire quand même, au nom de l'amour. Il pouvait bien se détester, il pouvait bien attirer sur lui le courroux des dieux, il pouvait bien conduire le monde à sa perte ou à un chaos bien plus cruel que celui qu'Odion aurait pu provoquer, il s'en fichait. Seule comptait pour lui la petite chance qu'il avait de ramener Ad, de faire que sa mort ne soit jamais arrivée. S'il parvenait à modifier ce passé, alors la trame temporelle serait modifiée, et par ce fait le présent. Ad n'aurait jamais péri, et Geran n'aurait jamais voyagé dans le passé. En revanche, il perdrait sa bénédiction de Dialga, et sera condamné à demeurer à cette époque sans plus pouvoir rentrer chez lui et retrouver sa fiancée.

Mais vivre dans un monde où se trouvait Ad ne semblait pas lui être une si terrible punition que ça. Ce n'était même pas pour lui qu'il faisait tout ça. Certes, il l'aimait, mais surtout, il était persuadé que cette fille accomplirait de grandes choses. Elle devait vivre. De cela, il en était persuadé. Il avait l'impression qu'Ad morte, les Agents du Chaos avaient gagné, quoi qu'il puisse se passer. Geran s'avança jusqu'à l'intérieur du monastère, reconditionné en un lieu touristique. Mais son mur sacré, sur lequel étaient gravées les paroles pour ouvrir la Porte du Temps, était toujours là. Geran devrait réciter les paroles, et la bénédiction en lui s'activerait pour ouvrir un passage temporel.

Bien sûr, il ne s'agissait pas d'aller n'importe où. Geran voulait aller dans le passé, et de préférence dans un passé relativement proche, avant qu'Ad ne meure. Pour cela, il avait étudié la position des étoiles, le quartier de lune et la date actuelle ; tant de choses qui importaient pour savoir où la Porte du Temps allait l'expédier. Et aujourd'hui, s'il l'empruntait maintenant, ça allait l'envoyer très exactement douze ans, trois mois et treize jours dans le passé. Geran n'avait pas pu trouver plus près. Il allait devoir attendre plus de douze ans dans le passé pour agir.

Bien sûr, il aurait pu intervenir autrement. Par exemple, s'il tuait Narek Congois dès son arrivée dans le passé, il ne pourrait pas trahir Ad à la bataille d'Odipolis, et cette dernière aurait peut-être la vie sauve. Mais il n'allait pas le faire. Pour deux raisons. Une, la survie d'Ad serait une hypothèse. Geran ne pouvait pas le prévoir avec certitude. Et deux, le meurtre de Narek altèrerait bien trop l'histoire. Si Narek mourrait, il ne pourrait pas fonder la Rébellion, et alors, même Geran ne pouvait prédire ce qu'aurait été l'histoire.

Non, il allait se cacher dans le passé, douze ans durant, sans intervenir, pour faire le moins de dégâts possible à la trame du temps. Et le moment venu, il se contentera de sauver Ad, de préférence sans tuer personne. Si son plan fonctionnait, le présent devrait se modifier à l'instant même où Geran franchirait la Porte du Temps. Il s'agenouilla devant le mur sacré et commença à réciter les paroles. Plus il avançait dans sa litanie, plus le doute l'envahit. Allait-il vraiment le faire ? Le tabou interdit... La vie d'Ad valait-elle plus que le risque de détruire la trame temporelle ? Il hésita sur les dernières paroles, quand quelqu'un, derrière son dos, dit :

- Vous êtes vraiment sûr de votre choix, Geran Glasbael ?

Le Gardien de l'Harmonie se retourna vivement, la main sur son épée. Il reconnaissait cet homme. Ses cheveux bleus clairs, sa tunique blanche, et son bandeau noir qui lui recouvrait l'œil gauche. Son air de confiance infini en soi, comme si cet homme avait toute les réponses de l'univers. Et surtout, son Don si étrange, puissant et sombre à la fois.

- Vous ? Ardulio...

L'homme hocha la tête. Ce mystérieux inconnu les avait aidé, Ad et lui, à trouver la partie de la Mélodie de Vie cachée au plus profond du Verger. Geran ne lui faisait pas confiance. Déjà parce qu'il ignorait tout de lui, et que les personnes avec le Don étaient censées servir le Seigneur Archangeos, et surtout parce qu'il n'aimait pas du tout son air si arrogant et condescendant qui lui rappelait tant Odion. Et enfin, parce qu'il sentait en lui une noirceur cachée mais bien présente. Pourtant, il l'avait vu à l'œuvre, et Geran pouvait dire avec certitude que cet homme était bien plus puissant que lui. Peut-être même plus puissant qu'Odion.

- Qu'est-ce que vous faites ici ? Demanda Geran. On ne vous a plus vu depuis le Verger, il y a un an.

- Je suis quelqu'un d'occupé, et pas seulement dans cette région. Votre combat ne me concerne en rien.

- Pourquoi nous avoir aidés ce jour là alors ?

- Ce n'est pas pour vous que je l'ai fait, mais pour Adélie Dialine. J'ai mes raisons d'assister cette fille.

- Quelques soient vos raisons, elles n'ont plus lieu d'être. Ad est morte, fit sombrement Geran.

- Bien entendu. Comme il se devait.

Surprit et en colère par ces paroles, Geran était prêt à frapper Ardulio.

- Pourquoi dites-vous cela ?!

- Le destin est une chose étrange, Geran Glasbael, fit Ardulio en marchant de long en large dans la pièce. Il est celui qui forge le futur, mais en réalité il ne demande qu'à être modifié. Quelque chose peut arriver, qui sera d'une importance capitale pour la suite, si toutefois ce quelque chose est réparé.

- Je ne comprends rien...

- Voici les faits, Geran Glasbael. Des faits dont j'ai pris connaissance en ayant moi-même modifié le destin plusieurs fois, et à plusieurs époques. Adélie Dialine était promise à faire, dans le futur, quelque chose qui aurait mis en marche un bouleversement majeur dans la destiné de tous. En bien ou en mal, je ne saurai le dire. Peut-être un peu des deux. Elle morte, cette chose n'arrivera pas. Le destin s'en trouvera inchangé, et même moi ne peut prédire ce qu'il deviendra alors. En revanche, je sais ce qui se passera si Adélie Dialine survit et fait ce qu'elle doit faire. Je suis ici pour mener à bien ce futur.

Geran ne s'étonna même pas que cet homme prétendre connaître le futur et modifier le destin à travers les époques, et ne se donna pas la peine de demander comment ça se faisait, car il n'allait pas répondre, ou bien par énigmes incompréhensibles.

- Donc... Vous voulez que je modifie le passé pour sauver Ad ?

- Je n'ai pas dit que je le voulais. J'ai dit que je le devais. Si je n'étais pas venu vous voir, vous auriez hésité, et finalement renoncé à ce projet. Ma venue fera que vous ouvrirez la Porte du Temps pour la sauver.

- Et je réussirai alors ? Sans provoquer de dégâts dans la trame du temps ?

- Même si je connais le futur, je n'ai pas le droit de le dévoiler à ceux qui l'ignorent. Si les gens connaissaient leur destin, il s'en trouverait alors immédiatement modifié. Mais je peux vous dire un autre fait : que vous réussissez ou non, vous ne reviendrez pas de ce voyage. Dialga sera furieux, et vous fera disparaître de la trame du temps. En clair, vous mourrez.

- Ma vie ou ma mort est la dernière chose dont je me soucie actuellement...

- Mais vous pourrez vous consolez en songeant que lorsque le passé sera modifié, un double de vous, qui n'aura jamais eu à voyager dans le temps pour sauver Adélie puisqu'elle n'aura jamais été tuée, apparaîtra à cette époque actuelle. Ceci bien sûr, si vous réussissez.

Geran réfléchit, puis demanda :

- Et la guerre ? Les Agents du Chaos ? Que se passera-t-il si Ad revient ?

Ardulio fit un geste méprisant de la main.

- Je n'en sais rien, et je n'en ai cure. Cette guerre n'est rien comparée au futur que je dois mettre en œuvre. Ce seront vos propres décisions qui en détermineront l'issue.

Geran hocha la tête. Il savait qu'il ne tirerait rien d'autre d'Ardulio. Et il avait raison. Sa venue et ses paroles avaient convaincu Geran de s'en tenir à son projet. Il termina donc de réciter la formule, et la bénédiction de Dialga en lui s'activa, pour ouvrir une Porte du Temps. Avant d'y entrer, Geran posa une dernière question :

- Qui êtes-vous donc, Ardulio ? Vu que je vais disparaître quoi qu'il arrive, vous pouvez me le dire.

Il ne s'attendait pas à ce qu'Ardulio réponde, mais il le fit quand même.

- Je suis un homme qui vient du futur, Geran. Et si vous ne sauvez pas Adélie Dialine, je crains de ne plus exister. Car voyez-vous, elle est... non, elle sera ma mère.


***


Dès que le Temple de la Vie arriva au dessus d'Odipolis, il permuta son générateur d'invisibilité sur son bouclier. Pour les habitants de la capitale, ce fut une grande surprise que de voir d'un coup d'un seul une espèce de forteresse volante ressemblant à une église apparaître juste au dessus d'eux. Même Nathan, sur son balcon au Centre Général du Triumvirat, fut quelque peu étonné.

- Eh bien, sacré engin. Je me demande où ils l'ont déniché.

À ses côtés, il y avait les quatre autres Agents du Chaos. Odion, Varnellan, ainsi que les triumvirs Charlus Akenvas et Eléonore Sochenfort.

- C'est ce qui se trouvait sous l'île d'Ultan, fit Odion. C'est avec ça que ces hérétiques ont fuit ! Sans doute un jouet d'Archangeos !

- Ça a l'air ancien. Vous n'avez jamais rien vu de pareil à votre époque ?

- Non. Et on s'en fiche. Je vais monter sur le Cibleur Mortel et l'anéantir !

- Gardez votre pouvoir, Seigneur Odion. Je me charge de ce truc.

Nathan invoqua sa fourche des ténèbres. Puis il ordonna à un de ses canonniers de tirer un grappin sur le temple. Après quoi Nathan toucha le fil avec sa fourche, et les ténèbres montèrent jusqu'au temple.

- Pourquoi détruire alors qu'on peut contrôler ? Sourit le Premier Triumvir.

Mais les ténèbres de Nathan, qui envahissaient normalement tout et le plaçait sous son contrôle absolu, ne prirent pas pied sur le temple volant. Tous purent la voir de là : une lueur blanche qui bloquait la traînée noire.

- Oh... Ce bâtiment, quel qu'il soit, dispose d'une protection du Don très puissante, constata Nathan. Les pouvoirs du Seigneur Diavil ne marcheront pas sur lui.

- Comment cela se fait-il, Lord Dialine ? Demanda Varnellan.

- Je n'en ai aucune idée, mais c'est inquiétant. Ça signifie que ce temple est quelque chose qui appartient aux Gardiens. Peut-être une arme contre nous...

- Aucune importance, renchérit Odion. Je vais annihiler toute vie à son bord avec le Cibleur Mortel !

Il s'apprêtait à partir, mais Nathan le retint.

- N'avez-vous pas entendu ? J'ai dit que ce temple était protégé des pouvoirs du Seigneur Diavil. Aux dernières nouvelles, vos déferlantes de mort en sont non ?

Odion se dégagea avec fureur.

- Si vous osez encore me toucher, vous le paierez cher, Dialine...

Varnellan fronça les sourcils, et des éclairs noirs crépitèrent sur sa main. Il n'admettait pas qu'on puisse menacer son seigneur. Quant à Akenvas et Sochenfort, ils regardaient les deux Agents se défier du regard avec crainte. Nathan céda le premier.

- Mille excuses, seigneur Odion. Je ne voulais pas vous offenser.

- Alors ne le faites pas. Il n'y a rien en ce monde qui puisse résister à mon pouvoir ! Je suis un être transcendant ! Je suis le créateur de l'univers !

Sur ces mots, il sorti des quartiers de Nathan, son manteau noir flottant derrière lui. Nathan soupira. Il espérait presque que les Gardiens allaient trouver un moyen de se débarrasser de ce taré incontrôlable.

- Il va vraiment utiliser le Cibleur Mortel, mon seigneur... commença Varnellan.

- Laissez-le faire. Cet idiot peut gaspiller tout le pouvoir qu'il veut, au moins nous ne l'aurons pas dans nos pattes. Si on ne peut pas abattre cette chose avec nos pouvoirs, on va repasser aux moyens conventionnels. Varnellan, ordonnez à toutes nos forces de faire feu.

- Monseigneur, s'inclina Varnellan.

Après quelques mots dans sa radio, tous les canons de la ville chantèrent, accablant l'immense bâtisse blanche volante de leur feu, et les Pokemon sous contrôle d'Inhumains utilisèrent leurs attaques. Mais toutes furent stoppées par un immense bouclier d'énergie qui englobait l'ensemble du temple. Ce dernier se mit à riposter avec ses propres canons, tirant sur ceux du Triumvirat.

- Des canons et un bouclier d'énergie sur une telle antiquité, ça ne va pas bien ensemble, remarqua Lady Sochenfort.

- Ils ont été ajoutés, sans nul doute, répondit Nathan. Je reconnais là la technologie de la Team Rocket. Et peut-être notre vieil ami Spam a t-il ajouté quelque joujoux de la Team Malware. Peu importe, continuez à tirer. Il finira bien par céder.

Mais après une minute d'échanges de canons et de lasers, quelque chose de long et d'énorme s'échappa du haut du temple pour venir provoquer la terreur sur la ville, en détruisant toutes les défenses qu'il croisait avec sa queue ou sa gueule.

- Et voilà l'ami Stratoreus, commenta Nathan. Lui, il faut s'en charger rapidement, ou il provoquera pas mal de dégâts. Lancez tous nos Pokemon volants sur lui.

Après l'ordre donné par Varnellan aux Inhumains, des dizaines de Pokemon sortirent des rues d'Odipolis pour se jeter sur le Pokemon Légendaire. Mais c'est à ce moment qu'une vague noire partit du toit du Centre Général en direction du temple, touchant au passage beaucoup de Pokemon qui allèrent s'écraser sur des habitations de la ville, morts. Stratoreus lui, grâce à son corps souple, parvint à esquiver la Déferlante, qui alla s'abattre sur le temple volant. Mais comme Nathan l'avait prévu, elle fut dissipé par tout le Don pur qui entourait la forteresse.

- Cet abruti... jura Nathan. Non content de gaspiller son pouvoir, voilà qu'il aide nos ennemis en tuant nos propres Pokemon !

Et cela permit en plus à Stratoreus de repérer le canon infernal de Nathan, qu'il réduisit en miette avec un coup de tête.

- J'espère qu'il a brisé au passage tous les os d'Odion, commenta Nathan. Et que ça lui fait très mal, même s'ils vont guérir.

- Mon seigneur, le bouclier du temple ne faiblit pas, et il ne nous reste pas beaucoup de canons ! S'exclama Varnellan.

- Du calme. Il nous reste nous. Si on ne peut pas...

Mais il fut coupé par une voix amplifiée et assourdissante qui provenait du temple.

- Yo yo yo, le rythme de la rage va battre ce sol sans âge !

Puis une musique très typique rock'and roll se fit entendre dans toute la ville, agissant visiblement sur les Pokemon sous contrôle d'Inhumain, qui semblaient désorientés.

- Killian, du groupe Go-Rock, reconnu Nathan. J'ai ouï dire que son pouvoir de Gardien se manifestait sous la forme d'une guitare de Don avec laquelle il pouvait jouer des musiques qui revigoraient ses alliés ou assourdissaient ses ennemis.

- C'est le cas, mon seigneur, acquiesça Varnellan. Et s'il demeure sur le temple, on ne peut l'atteindre.

- Il nous suffit de monter dessus, mon cher. Les Gardiens ne font pas le poids face à nous.

À peine eut-il dit cela qu'une dizaine d'avions de combats Rockets sortirent du temple, commençant à tirer sur les endroits stratégiques de la ville. Sur l'un d'eux, il y avait un groupe de personnes dont la seule présence irradiait de Don, et qui se dirigeaient vers le Centre Général. Nathan éclata de rire.

- Même pas besoin de les rejoindre. Les Gardiens ont eu la bonté de venir jusqu'à nous.

Et Nathan remarqua qu'il en manquait deux, ce Geran venu du passé et la femme Rocket. Ça ne serait qu'une partie de plaisir pour les Agents du Chaos.

- Allez-y, ordonna-t-il aux trois qui l'entouraient.

Varnellan, Sochenfort et Akenvas sortirent de la pièce, leur aura noire se matérialisant en prévision des combats qui les attendaient. Nathan aurait pu y aller lui-même, mais quelle inutilité d'affronter ces moins que rien. Il se gardait pour Archangeos, quand le Pokemon de l'Harmonie daignerait se montrer. Les quelques sympathisants des Gardiens qui restaient firent leur sortie, armés d'armes à feu ou de Pokemon. La police et l'armée d'Odipolis vinrent à leur rencontre, et la guérilla urbaine commença.

Nathan continua d'observer la bataille tout en donnant de temps en temps quelques ordres par radio. Tout cela n'était qu'un jeu pour lui. Tous ces imbéciles qui se battaient, parce qu'ils croyaient en une quelconque cause ou en une autre. Les soldats d'Odipolis pensaient défendre la légalité et la paix, ceux des Gardiens pensaient défendre la liberté. Illusions que tout cela ! Des concepts vides de sens, dont personne ne savait réellement ce qu'ils signifiaient. La seule chose que tous ces crétins faisaient en se détruisant mutuellement, c'était renforcer le chaos. Et le chaos, c'était la seule chose qui avait du sens, la seule chose légitime. Au début de l'univers, tout n'était que chaos. L'ordre qui est apparut après est une abomination.

Nathan sortit momentanément de sa rêverie satisfaite quand il vit qui menait la charge des dresseurs loyaux aux Gardiens. Ses yeux s'agrandirent de stupéfaction quand il vit sa propre mère perchée sur la tête d'un énorme Pokemon, appelant les autres à la suivre. Sa chère mère Fastia, que Nathan avait respecté mais toujours considéré comme l'archétype pur d'une femme de la noblesse, artificielle et puérile. Et là, il la voyait transformée en chef de guerre, possédant un Pokemon incroyable. Et quel Pokemon ! C'était un buffle à cornes qui se tenait sur deux pattes, son pelage rouge et orange faisant penser à du feu. Ses mains et sa tête semblaient être de la roche en fusion, et de véritables flammes s'y échappaient. Il devait bien faire quatre mètres de haut, et ses cornes le double.

Bien que Nathan n'y connaissait pas grand-chose en Pokemon - il n'avait pas hérité de l'intérêt de son père pour ce sujet - il avait lu des descriptions d'un tel Pokemon. Les mythes de Naya le représentaient comme étant Minolcan, qui était, avec Stratoreus et Silphuine, l'un des trois Pokemon Légendaires de la région. Comment diable se faisait-il que ce Pokemon que nul n'avait vu depuis des siècles, dont chacun de ses coups sur le sol provoquait une explosion de feu, se trouvait ici et obéissait à Fastia Dialine ?!

C'était intriguant. Très intriguant. Assez pour que Nathan daigne bouger de son balcon, sortir du Centre Général et, accompagné de quatre Inhumains, se présenter devant les forces ennemies, menées par sa mère. Quand Nathan passa devant les défenseurs d'Odipolis, ceux-ci l'acclamèrent. En effet, quelle joie de voir le maître de la ville se battre aux côtés des simples soldats. Pauvres idiots... Les balles, les explosions et les attaques étaient partout autour de Nathan, mais celui-ci n'en avait cure. Rien ne pourrait le toucher.

Car il avait tout récemment compris comment activer son pouvoir du Don. Un pouvoir très intéressant, qui lui faisait office de défense absolue. Il possédait désormais, à leur plein maximum, les pouvoirs respectifs de Diavil et d'Archangeos. Il était tout puissant. Même si Nathan aurait souhaité qu'ils essaient, pour rire un peu, les rebelles des Gardiens ne lui tirèrent pas dessus. Sans doute étaient-ils trop terrifiés pour ça, après les descriptions de son pouvoir qu'Adélie avait du leur faire. Mais Fastia, elle, toisa son fils avec aucune peur dans le regard, seulement une profonde répugnance.

- Mère, commença Nathan. Quelle surprise de vous retrouver là.

- Ce n'en est pas une pour moi, mais c'est quand même une grande joie. Je vais pouvoir accomplir ma vengeance ici et maintenant !

Nathan haussa les sourcils. Il avait bien du mal à reconnaître son idiote de mère, toujours attirée par l'argent et le décorum.

- Vengeance dites-vous ? Envers-moi ? Votre propre fils ?

- J'aurai du te jeter par la fenêtre de la maternité quand tu es né. Tu n'es pas mon fils. Je refuse de croire que j'ai enfanté une crapule si immonde !

Même s'il ne le montra pas, Nathan fut blessé par ses paroles. Malgré ce qu'il avait fait, il n'avait jamais renoncé à l'amour de ses proches. Il aimait sa mère, et avait aimé Ad. Sa mort l'avait autant satisfait qu'attristé.

- Vous semblez fort en colère, mère...

- Tu as tué Adélie !

- Il y a eu confusion de votre part. C'est Odion qui a tué ma sœur.

- Arrête de te fiche de moi ! Ce Prince des Ténèbres est ton laquais.

- Comme j'aurai aimé qu'il en soit ainsi... En tous cas mère, je suis grandement impressionné par le Pokemon que vous chevauchez. Le légendaire Minolcan si je ne m'abuse ? Où donc l'avez-vous trouvé, et pourquoi vous obéit-il ?

Ce fut le Pokemon lui-même qui répondit, d'une voix grondante et caverneuse comme un volcan en éruption. Bien sûr, si Stratoreus et Silphuine savaient parler, lui aussi.

- J'appartiens à Lady Fastia depuis bien avant ta naissance, humain indigne. Je suis la propriété de ses ancêtres depuis trois cent ans.

- Vraiment ? Comme c'est intéressant...

- Les Hugerson ont toujours été des dresseurs d'élites, continua Fastia. Et moi, j'étais la plus forte d'entre eux dans ma jeunesse. J'ai renoncé au dressage quand j'ai épousé ton père, mais je suis et je reste la maîtresse de Minolcan, que mon ancêtre Clevas Hugerson, le fondateur de ma famille, a capturé.

- Ah ? Mais pourquoi ce ne fut pas votre frère Elias qui hérita de ce Pokemon ? Il était l'aîné, et membre du Conseil des 4.

Fastia lui répondit en un grand sourire qui fit frissonner son fils malgré lui.

- J'étais bien plus puissante que mon frère, tout simplement. Minolcan, lance Eruption !

Le Pokemon Feu et Roche légendaire frappa le sol de son poing, et aussitôt, des jets de laves sortirent de sous les pieds de Nathan et de ses Inhumains. Ces derniers brûlèrent et fondirent comme de simples humains, mais pas Nathan. Il ressentait la chaleur ambiante, bien sûr, mais la lave ne put l'atteindre. Elle était comme déviée de son corps, par une aura brillante qui l'entourait comme un second habit.

- Diantre, vous n'auriez pas hésité à me tuer, mère. Je suis impressionné. Ad vous ressemble beaucoup, finalement. Mais c'est inutile. J'ai ouvert mon esprit au Don pour le matérialiser en déflecteur. C'est là mon pouvoir du Don. Tant que je le maintiens, rien ne peut me toucher. Oh bien sûr, ça demande de l'énergie de le maintenir constamment. Aussi je ne vais pas m'attarder. Si vous voulez ma tête, mère, venez donc la chercher au Centre Général. Sur ce.

Nathan se retourna tandis que ses renforts se lancèrent contre Fastia et ses dresseurs. Nathan sourit en entendant sa mère le traiter de lâche, mais il ne se retourna pas.






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Image de Minolcan :