Chapitre 228 : La beauté du meurtre
Travili ne voulait pas perdre une miette de la bataille de Safrania. Après le coup d'éclat de Crust en faisant exploser la moitié de la ville, elle voulait filmer la GSR au plus près. Pas pour la porter aux nues bien sûr. Ce crétin d'Esliard, qui devait être en train de filmer lui aussi, s'en chargerait très bien. Mais justement parce que Travili ne voulait pas que la seule vision de la bataille de Safrania soit brouillée par une approche partisane de la GSR. Esliard allait modifier son reportage pour faire en sorte que les gens voient Siena Crust comme une héroïne. Travili, elle, comptait bien montrer Crust comme elle l'était : un despote cruel et arrogant.
Et quoi de mieux pour cela que de filmer en plein action les différents commandants de la GSR ? Esliard se gardait toujours de montrer ce petit monstre de Sharon ou cette Althéï dans ses reportages ; il savait que le public serait dégouté par leur façon de se battre. À la place, le toutou de Crust montrait le jeune Faduc, qui était relativement apprécié, Silas Brenwark, qui rassurait par sa droiture apparente, et parfois Ian Gallad, dont on admirait la force et la loyauté. Et surtout bien sûr, les hommes et femmes de la GSR, tous courageux, tous volontaires pour créer un monde meilleur...
Travili en aurait éclaté de rire. Plus de la moitié des effectifs de la GSR était des conscrits, qui avaient rejoint l'unité seulement pour protéger leur famille de la colère de Crust. Ils détestaient leur colonel, et l'autre partie, qui venait de la Team Rocket, était effrayée par elle. Esliard lui-même faisait bien attention quand il filmait Crust en action. Il y avait des moments où même le meilleur des montages et la meilleure propagande n'auraient pas suffi à faire d'elle une personne admirable aux yeux du public, loin de ça. Comme la destruction du cercle extérieur de Safrania, par exemple, et les milliers de victimes qui en ont découlé. Travili était curieuse de savoir comment Esliard allait maquiller ça. Sans doute en faisait passer les Dignitaires comme responsable, bien sûr. Ce qui avait de merveilleux dans une guerre médiatique, c'était qu'on pouvait accuser l'ennemi de tous les maux.
Travili était montée sur son Méga-Magnezone. Avec sa forme de chasseur de l'espace, la journaliste pouvait sans mal le chevaucher. En survolant la ville, Travili avait une vue imprenable sur le déroulement de la bataille. Et Méga-Magnezone, avec sa caméra intégrée, filmait tout ça en temps réel. Travili faisait du direct, alors qu'Esliard lui filmait tout mais sans diffuser, pour ensuite pouvoir travailler et trafiquer son reportage comme il le voulait. Ce type n'avait aucune fierté de journaliste. Ça ne le dérangeait pas de débiter des mensonges aux téléspectateurs du moment que ça apportait plus de renommée à Crust. Il était la honte de la profession ! Travili avait beau être globalement engagée auprès de la Team Rocket, ça ne l'empêchait pas de relater tous les faits et sans mentir. Jamais ses idéaux politiques ne l'empêcheront de descendre la Team Rocket si jamais elle faisait quelque chose de mal.
Comme elle le faisait en ce moment même, d'ailleurs. Tuer ses ennemis n'étaient pas vraiment répréhensible lors d'une bataille, mais tuer des soldats tentant de se rendre ou de fuir l'était un peu plus. En tête, il y avait le trio gagnant de la GSR, Althéï-Sharon-Ian, qui s'adonnaient à un massacre des plus festifs. Si Gallad n'avait pas vraiment l'air d'y prendre un réel plaisir, ont avait l'impression que Sharon et Althéï s'amusaient comme des folles. De ce que Travili avait pu glaner comme infos sur cette Sharon, il semblait qu'il s'agissait d'une expérience ratée des Shadow Hunters. Une gamine avec une puissance incontrôlable qui n'avait aucune notion de bien ou de mal.
Travili ne pouvait pas vraiment la tenir comme responsable de ses actes, mais pour cette Althéï Dondariu en revanche, il n'y avait aucune excuse. Cette femme aux cheveux rouges qui devaient lui descendre jusqu'aux pieds aspirait tout le sang qu'elle pouvait avec seulement un léger mouvement des mains ou des doigts. Les soldats ennemis, les mourants, ceux qui se rendaient, et même ses propres hommes de la GSR. Il y avait des flux de sang partout autour d'elle, et tout son visage dégoulinait. C'était proprement répugnant et effrayant. Parfait pour l'audimat, et pour montrer un peu avec quel genre de monstre s'acoquinait Siena Crust.
- Tu me fais un gros plan sur la folle aux cheveux rouges, demanda Travili à Méga-Magnezone.
Puis, remettant son micro devant ses lèvres, elle déclara à l'intention de son public.
- Voici devant nous la capitaine Althéï Dondariu de la GSR en pleine action. Une personne que nous n'avons pas trop l'occasion de voir durant les reportages accrédités par la GSR. Comme vous le voyez, cette femme est une Modeleuse. Je rappelle à nos chers téléspectateurs que les Modeleurs sont des personnes avec un ADN spécial qui leur permet de contrôler un élément en particulier. Très peu nombreux, et aussi très dangereux, ils sont systématiquement répertoriés et très surveillés par les autorités mondiales, notamment les Sages Universels. On peut toutefois douter que le colonel Crust n'ai demandé l'autorisation aux sages avant de demander à la Bloodmod de commettre de tels massacres. Pourtant, selon la Réglementation Mondiale et son article 11-B, que la Team Rocket a elle aussi signée, chaque signataires est censés prévenir les autorités de chaque Modeleur non répertorié qu'il ou elle pourrait rencontrer. Une preuve de plus du somptueux dédain que le colonel Siena Crust fait montre envers les règles communes de sécurité planétaires.
Travili sourit. Elle avait peut-être poussé la provocation un peu loin, mais voilà un beau commentaire. C'est alors qu'elle vit Esliard en dessous d'elle, derrière le gros des lignes de la GSR, en train de filmer, tout naturellement. Travili eut une idée. Elle demanda à Méga-Magnezone de couper un moment sa caméra, puis lui demanda de viser la caméra d'Esliard et de lancer un Elecanon. À cette distance, et vu l'attaque qui était particulièrement puissante, Esliard aurait été lui aussi touché et probablement mortellement. Travili ne l'aimait pas, mais ne voulait pas le tuer pour autant. Mais Méga-Magnezone n'était pas comme le reste des Pokemon électriques. Il disposait d'une capacité spéciale unique, Viseur Suprême, qui lui permettait de n'échouer aucune de ses attaques, et qu'importe la distance. Travili aurait pu lui demander de griller une mouche à un kilomètre, il l'aurait fait. Détruire une simple caméra quelques mètres plus bas était pour lui un jeu d'enfant.
Esliard fut choqué et envoyé à terre, ses mains un peu brûlées, mais il n'avait rien. Il regarda vers le ciel, cherchant l'origine de cette attaque soudaine, puis vit naturellement Travili. Cette dernière lui fit un salut ironique de la main et quitta la zone. Par ce geste puéril, elle venait sans doute de se placer sur la liste noire de la GSR, mais tant pis. Elle comptait bien respecter la demande du jeune Erend Igeus et faire tout ce qu'elle pouvait pour mettre des bâtons dans les roues de ces fanatiques terroristes.
***
Galatea avait l'impression que ses yeux saignaient. Elle venait d'arriver dans une pièce où les murs et le sol étaient pailletés d'or. Il y régnait une odeur enivrante qui devait être celle d'une centaine de parfums mélangés. Sur les murs étaient posés des dizaines de miroirs, et parfois des posters représentant le maître des lieux. Il y avait aussi une belle garde-robe avec des dizaines de costumes, et une pièce qui semblait être un salon de coiffure, avec quantité de produits de beauté, de shampoings, d'après-shampoings, et même d'après-après-shampoings.
En tant que jeune femme soucieuse de son apparence, Galatea ne pouvait pas prétendre ne pas être un peu coquette, mais vivre dans un coin pareil lui aurait été impossible. Au milieu de tout ça, il y avait Od, toujours aussi sexy avec ses boucles blondes, son visage de chérubin et ses yeux d'un bleu éclatant. Il était assis à une petite table en porcelaine, avec un beau tissu nacré dessus, et prenait tranquillement le thé. Ah, autre point que Galatea avait tout de suite constaté : le Shadow Hunter était entièrement nu. En voyant entrer Galatea, Od termina sa tasse, et pris une belle rose qui était posé sur la table. Il la renifla et soupira d'un air théâtral.
- C'est d'une telle beauté... Ma rose est de la même couleur que tes cheveux ! C'est un signe du destin. Le Créateur a voulu réunir en ce lieu ses plus belles œuvres, pour un combat de toute beauté !
- Les combats sont rarement beaux, mon gars, répliqua Galatea.
- En voilà une sottise d'une telle beauté ! Les combats sont les choses les plus belles qui soient, après moi bien sûr. Même deux personnes moches peuvent devenir belles en combattant. La beauté se révèle dans quelqu'un se bat pour sa vie. Sa détermination, sa peur, ses doutes, sa force... tout cela est un exquis mélange qui fait rejaillir un spectacle d'une extase sans pareille !
Od se leva, et Galatea eut une vue parfaite sur son corps tout aussi parfait. Elle tâcha de ne pas rougir. Ce type était beau, oui. Beaucoup. Il était même carrément sexy. On aurait dit un quelconque Apollon qu'Arceus aurait fait descendre des cieux pour faire étalage de toute la beauté humaine. Mais Galatea n'était pas vraiment tombé sous son charme, comme c'était le cas pour la plupart des autres mecs. Il était trop beau. C'était comme regarder le soleil en sachant qu'on ne pourrait jamais le posséder. Et puis, c'était un ennemi. Galatea était une Rocket entrainée. Elle ne perdrait pas ses moyens parce que ce type s'était foutu à poil.
- Toi, tu es belle, sais-tu ? Poursuivit Od. Mais ta véritable beauté ne ressortira que lorsque tu seras à fond contre moi. Je veux voir ton esprit combattif. Je te voir ton regard brûler. Je veux sentir toute la rage de vaincre qui t'habite. Et, lorsque je te tuerai, je veux voir tout ton désespoir dans tes yeux ! C'est cela, la vraie beauté. Celle qui m'excite ! Et, Arceus tout puissant, ça m'excite déjà rien qui d'y penser !
- Je peux voir ça, en effet, répondit Galatea en désignant le haut des jambes d'Od. Je suis heureuse de provoquer ce genre d'effet sur les hommes, mais je dois t'avertir, loyalement. Bien que je ne puisse plus utiliser le Flux pendant un moment, histoire d'échapper à l'aura anti-Flux de ton patron, je suis restée bloquée sur le Quatrième Niveau. Ma force devrait être bien supérieure à la tienne.
- Peut-être bien. Mais il y a une chose que j'ai et pas toi. Et c'est... la grâce !
Se faisant, il ouvrit grand les bras et leva la tête, comme s'il était sous le feu des projecteurs. Il tomba alors sur l'un de ses miroirs, et quand il vit son reflet, il se porta la main au cœur, et Galatea cru qu'il allait défaillir.
- Ohhhhh ! Mon dieu, quelle beauté ! Ah ciel, que je suis beau... Pourquoi suis-je trop beau ? Quel mal ai-je fait pour mériter cela ?! Ahhhh, cruel destin ! Je suis la cible de la jalousie de tous les hommes, et du désir de toutes les femmes ! Comme il est dur d'incarner à tout moment la perfection ! Quel fardeau sur mes épaules !
Il secoua la tête, son corps saisis de spasmes, en produisant des sons dignes d'un film porno. Si Galatea arrivait à ne pas être gênée par sa nudité, elle le serait bientôt par son attitude. Mais Od se reprit, et prenant son nunchaku rouge posé sur sa garde robe, il entreprit de détruire chacun des miroirs de la pièce.
- Simple mesure de sécurité, se justifia Od auprès de Galatea. Si jamais je me vois en plein combat, ça serait dangereux pour moi.
- T'es un vrai malade, soupira Galatea.
- Non, mais je suis beau. Est-ce que je t'ai dit comment j'étais beau ?
Perdant patience, Galatea fonça vers lui, propulsé par l'immense force de ses jambes grâce au Quatrième Niveau. Od eut tout juste le temps d'esquiver en une pirouette pleine de grâce, et le poing de Galatea s'abattit sur la table et le service à thé d'Od, qui vola en mille morceaux. Galatea n'avait pas fini de se retourner qu'elle sentit quelque chose s'enrouler autour de son bras. Od venait de d'allonger la chaine de son nunchaku et l'avait entortillé autour du bras de la Mélénis.
Galatea se savait plus forte qu'Od à l'heure actuelle. Si elle tirait, elle emportait le nunchaku avec elle, ou carrément Od s'il ne lâchait pas. Sauf qu'elle n'eut pas le temps. Od venait d'appuyer sur un bouton du manche qu'il tenait, et la chaine de son arme s'électrifia soudainement. Une décharge violente, fait de toute évidence pour être mortelle. Le choc envoya Galatea contre le mur. Elle lutta pour rester consciente, car elle sentait une douleur atroce et oppressante dans sa poitrine. Son cœur s'était arrêté. Elle commençait déjà à perdre ses sens, et ses muscles devenaient lourds.
Galatea ferma le poing, et mis toutes ses forces à donner un dernier coup. Par sur Od, mais sur elle-même, sur sa poitrine. Avec la puissance du Quatrième Niveau, elle craignit de se briser le sternum, mais au moins, son cœur reparti sous le choc. Elle put reprendre assez ses esprits pour voir le bout du nunchaku d'Od, désormais plein de piques, partir vers elle à toute allure. Elle roula pour l'éviter, et prenant appuis sur le mur, se propulsa sur Od. Le Shadow Hunter bloqua son pied avec son nunchaku tendu. Il avait fait revenir son autre bout plus vite que Galatea n'était arrivé sur lui !
Galatea brisa l'engagement et recula prudemment, ne perdant pas de vue le nunchaku rouge, mais prenant quelques secondes pour retrouver une respiration normale après son arrêt cardiaque. Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Galatea était censée être en état de Quatrième Niveau. Avec sa force actuelle, elle aurait facilement pu briser la chaîne du nunchaku d'Od avec son pied. Et quand elle s'était lancée à l'aide du mur, ce dernier aurait dû être en miettes maintenant. Pourquoi était-elle si faible ? Od dut voir son trouble, car il sourit largement.
- Cet air de franche incrédulité sur ton visage, c'est d'une telle beauté ! N'aie crainte, je vais t'éclairer de mes lumières. J'ai toujours mon fragment d'Ysalry sur moi, au cas où tu te déciderais à m'envoyer des trucs lumineux. Mais je sais que ça ne fonctionne pas sur la force que tu peux gagner grâce à ton Flux. Alors, j'ai fait fonctionner mes si beaux méninges, et j'ai ajouté une petite option à mon nunchaku. Le choc que tu as reçu, ce n'était pas seulement de l'électricité. J'ai inséré dans mon arme une petite quantité d'Ysalry, qui a explosé quand j'ai activé l'électricité. Son énergie anti-Flux s'est rependue dans ton corps en même temps que la foudre, t'empêchant d'utiliser le Flux pour augmenter ta force. N'est-ce pas là l'expression d'une intelligence de toute beauté ?
Galatea n'aurait pas pu vérifier l'explication d'Od. Vu qu'avant de venir ici, elle ne ressentait déjà plus le Flux, elle ne pouvait pas sentir qu'elle avait son Quatrième Niveau bloqué lui aussi. Pourtant, elle sentait bien qu'elle n'était pas en état d'envoyer ce bellâtre sur orbite, comme elle l'aurait pu avec le Quatrième Niveau. Et affronter un Shadow Hunter sans Flux, sans pouvoir ou sans force particulière, c'était un peu beaucoup du suicide. Faute de mieux, elle décida de faire appel à ses Pokemon.
- Pyroli, Galladiateur, j'ai besoin d'un petit coup de main, là...
La jeune femme se rendit compte que ça faisait un certain temps qu'elle ne les avait plus appelé en combat. Il n'aurait servi à rien qu'ils risquent leur vie dans un champ de bataille alors que Galatea ne craignait pas grand-chose avec le Flux. Toutefois, le commandant Penan avait appris à tous ses élèves à respecter leurs Pokemon et à bien s'occuper d'eux. Galatea les faisait souvent sortir quand elle était à la base, et faisait parfois des combats contre Mercutio avec eux.
Son Pyroli était son tout premier Pokemon. Il lui avait été donné par le commandant Penan alors qu'il était encore un Evoli, avec deux autres pour Mercutio et Siena, tous d'une même portée. Tandis que Mercutio, en geek du dressage, avait galéré à mort pour faire évoluer le sien en une forme super rare, Mortali, et que Siena était partie à la recherche d'une Pierre Glacée pour prendre un Pokemon de la même nature que son caractère froid, un Givrali, Galatea avait choisi la simplicité en optant pour une pierre feu, qu'on pouvait facilement se dégoter. Elle n'avait jamais regretté son choix. Elle aimait bien le type feu, et puis, la couleur de Pyroli allait plutôt bien avec ses cheveux à elle. Très important, ce genre de détail.
Quant à Galladiateur, elle l'avait capturé comme Tarsal il y a maintenant pas mal d'années. Il avait évolué en Kirlia peu avant que Galatea n'intègre la X-Squad, puis, durant la guerre contre l'Empire de Vriff, Maître Irvffus lui avait remis un cadeau de son père, un casque vieillot en bronze, qui avait été l'objet nécessaire à l'évolution de Kirlia en Galladiateur, une forme de la famille de Gardevoir jusque là inconnue. Il possédait en outre l'attaque Excalibur, la plus puissante des attaques aciers. Galatea avait aussi un autre Pokemon rare et impressionnant. Son Tentacrime, l'évolution de Tentacruel, qui avait évolué lors du combat contre le Pokemon du Zodiaque du Poisson. Mais vu sa taille et le fait qu'il ne pouvait pas faire grand-chose en dehors de l'eau, l'appeler contre Od n'aurait pas servi à grand-chose, si ce n'est à détruire l'immeuble.
- Pyroli, attaque Danseflamme, ordonna Galatea.
Les flammes que cracha Pyroli allèrent entourer Od, mais pas seulement. Elles mirent feu à une bonne partie de la pièce. Od, sans se souciait des flammes autour de lui, poussa un grand cri de détresse.
- NoOoOoOoOoOn ! Mes vêtements ! Tous mes beaux costumes !
Galladiateur sauta dans le cercle de flammes et attaqua Od avec son bras tranchant comme une épée. Od bloqua d'une seule main. Mais Galatea remarqua qu'il se forçait pour ne pas reculer, et que la paume de sa main saignait beaucoup. Galatea arriva derrière lui, et pris son poignard qu'elle gardait toujours sur elle. Elle pensait qu'Od allait se servir de son nunchaku pour bloquer Galladiateur, et qu'ainsi elle pourrait le prendre sans crainte par derrière, mais Od lança son arme vers elle, son manche parfaitement pointé sur son corps. Craignant que quelque chose d'autre n'en sorte, Galatea s'écarta précipitamment, et grand bien lui en pris, car le bout du manche avait laissé sortir un minuscule canon qui avait fait un beau grand trou dans le mur.
Avec son autre manche qu'il tenait en main, Od aspira les flammes de Pyroli, qu'il put ensuite relancer avec ce même manche, comme un lance-flamme. Galatea en avait assez des armes multifonctions des Shadow Hunters. Quel scientifique sensé enfermerait-il un arsenal dans un simple nunchaku ?! La Mélénis évita d'être incinérée grâce à son Pyroli qui avait lui-même utilisé son Lance-flamme pour repousser celles d'Od. Au final, ça dispersa encore plus l'incendie, et toute la pièce était en feu à présent.
Ça, ce n'était pas bon. La sortie était déjà bloquée par les flammes, et il n'y avait pas d'autre issue. S'ils restaient trop longtemps, ils allaient finir cramés, si bien sûr ils ne suffoquaient pas avant. Belle affaire qu'Od y reste aussi si Galatea devait mourir. Ça ne l'intéressait pas dès masses. Et puis, le Shadow Hunter pourrait facilement se frayer un chemin dans le mur s'il voulait. Galatea, privée de son Flux, ne pourrait pas en faire autant. Déjà, la fumée commença à lui irriter la gorge et elle toussa.
Comprenant la détresse de sa dresseuse, Galladiateur dut faire un choix. Il choisi de ne plus lutter avec Od et de se servir de son bras pour lancer une Coupe Psycho sur le mur. La fissure, qui donnait sur le dehors, eut l'avantage de laisser entrer un peu d'air frai, se qui remit de l'ordre dans les idées de Galatea. Elle devait sortir, passer par la brèche, et si jamais grimper par le bas ou par le haut sur le mur de l'immeuble ; tout plutôt que rester là. Elle rappela son Pyroli, mais n'eut pas le temps d'en faire de même avec Galladiateur. Profitant qu'il lance son attaque, Od avait utilisé son nunchaku pour assommer le Pokemon avec une force digne des Shadow Hunter. Même si Galladiateur portait un casque, il fut K.O sur le coup.
Galatea le rappela tout de même, puis se dirigea vers la brèche dans le mur, mais Od avait allongé la chaine de son nunchaku pour lui entourer le bras gauche avec. Galatea s'arrêta. Elle savait que ça ne servait à rien de tirer sur l'autre coté ; elle ne pourrait pas faire lâcher prise à Od sur son arme dans son état. Elle s'attendit au choc électrique, où à quoi que ce soit d'autre qui sortirait du nunchaku d'Od, mais il ne se passa rien.
- Eh bien ? Je pensais que tu voulais une mise à mort de toute beauté ?
- Oh que oui ! Mais j'ai utilisé toutes les options de mon nunchaku. Elles sont limitées, et ne marchent qu'une fois. Ce n'est pas grave. Tu ne peux plus m'échapper. Je vais tranquillement m'avancer vers toi, en toute beauté, puis te briser le cou, et contempler tes yeux perdre leur lueur de vie et leur détermination. Un spectacle de toute beauté ! Ou peut-être veux-tu que je te jette dans le vide ? Un plongeon de l'ange est aussi de toute beauté, bien que de cette hauteur, je ne puisse pas voir ton visage au moment de ta mort.
Galatea fronça les sourcils. Crever ne lui disait rien bien sûr, et elle ne pouvait pas prétendre ne pas avoir peur, mais là, elle n'allait sûrement pas laisser un narcissique à poil faire ce qu'il voulait d'elle. Au lieu de tenter d'échapper à l'étreinte du nunchaku, elle fonça vers Od. Son visage souriant perdit de sa superbe. Il ne s'était pas attendu à ça de sa part. Il eu toutefois largement le temps de se préparer et d'envoyer à Galatea un coup de poing qui lui aurait sûrement défoncé le crâne, mais il resta paralysé devant le visage de la jeune femme. Il semblait en contemplation absolue.
- Ohhhhhhhhh ! Oh oui ! C'est ça ! Ces yeux ! Ce regard ! Cet esprit ! Tu marches contre la mort avec une telle détermination ! La perfection, la beauté suprême !!
Od se mit à se convulser comme s'il était en état d'extase, le visage levé au ciel. Galatea ralentit sa course, presque effrayée.
- Ah, mon Arceus ! Je ne peux plus attendre pour... TE BRISER !
Son regard retomba sur Galatea. Cette fois, la jeune femme était vraiment terrifiée. Elle lisait dans les yeux du Shadow Hunter une telle insanité d'esprit, une telle envie de meurtre. Un besoin irrépressible de la tuer, de transformer sa détermination en désespoir. Mais la Mélénis laissa sa peur de coté. Elle ne pouvait pas se permettre d'avoir peur ou d'hésiter. C'était tout ou rien. Elle poursuivit donc sa course, et une fois arrivée sur Od qui la regardait avec délice, elle fit mine de lui donner un coup de poing au visage, mais au dernier moment, elle se baissa et glissa entre ses jambes. Comme elle avait toujours le bras enroulé au nunchaku d'Od, elle s'en servit pour faire un tour complet du Shadow Hunter, puis s'arrêta juste en face de lui, un grand sourire aux lèvres.
Etonné, Od lui décocha un coup instinctivement. Juste ce qu'attendait Galatea. Bien sûr, son coup de poing en pleine poitrine dut lui endommager les poumons car elle cracha du sang sous le choc, mais Od fit ce qu'elle voulait. Sous la puissance du coup, Galatea fut bien sûr propulsée à toute vitesse contre le mur. La chaîne qui la gardait entravée à Od se tendit donc. Elle se tendit vite, et d'un coup sec. Galatea était passée sous les jambes d'Od pour une bonne raison. La chaîne de son nunchaku sous ses jambes fut soulevée d'un coup, et ne s'arrêta que lorsqu'elle eut comprimée le seul point sensible qui ne bénéficiait pas de l'endurance propre aux Shadow Hunters : son organe génital.
Le visage d'Od se contracta sous le choc, ses yeux s'agrandirent et se révulsèrent. Galatea avait mal pour lui, même si elle n'avait pas ce genre d'appareil entre les jambes. Lors des entraînements au corps à corps, quand ils étaient plus jeunes, Galatea prenait toujours un malin plaisir à viser les couilles de Mercutio avec son pied. Pas très fair-play, mais un moyen infaillible de gagner. Od s'effondra, toujours conscient, mais proprement paralysé, et poussant un petit gémissement comique. Galatea, la respiration sifflante après le coup d'Od, le regarda avec un mélange de pitié et d'amusement.
- Voilà ce qui arrive quand on se bat à poil, mec.
***
Sa naissance était un coup du destin, un signe. C'était ce que sa mère avait toujours dit. Il était une bénédiction envoyé par Arceus.
Il ne se rappelait plus trop de sa mère. Il n'avait que quatre ans quand elle est morte. Mais il se rappelait de sa voix, de sa douceur, de sa beauté. Ivida. C'était son nom. Elle avait été une prêtresse du Cercle Rouge, jadis la plus puissante guilde d'assassin du monde. Son devoir envers son dieu était de faire des enfants à offrir aux maîtres de la secte. Mais son premier accouchement fut difficile, et il y avait très peu d'espoir qu'elle enfante à nouveau. Et les prêtresses qui ne pouvaient plus donner d'enfant au Cercle ne servaient plus à rien. Elles étaient éliminées.
Consciente que son temps était compté, Ivida tomba néanmoins amoureuse d'un jeune assassin de la guilde. Fort, fier, et pas encore fanatisé par le discours des dirigeants de la secte. Son nom était Dazen. Lui aussi l'aimait. Il l'aimait tellement qu'il décida de fuir avec elle pour lui éviter qu'elle ne soit tuée. Et, coup du destin, Od naquit de leur union, alors que pourtant, Ivida était persuadée que plus jamais elle n'aurait pu avoir d'enfant. C'était pour cela qu'Od était spécial. Il avait été pour Dazen et Ivida le signe divin qu'ils avaient bien fait de quitter la secte. Ivida éleva son fils comme s'il était la première des merveilles du monde. Enfant, Od était déjà d'une beauté surhumaine. Ne voulant pas qu'il suive les traces de son père, elle fit en sorte de bannir en lui toute violence et lui appris à apprécier les choses belles.
Mais finalement, Ivida mourut, tuée par les assassins du Cercle Rouge. Bien des années plus tard, Dazen prit son fils avec lui et l'engagea dans sa propre unité d'assassin. Od avait toujours gardé le souvenir de sa mère et ce qu'elle lui avait appris sur la beauté. Mais il appris bien vite que le meurtre, s'il était parfaitement exécuté, recelait une beauté remarquable. C'était un art, ni plus ni moins. Il était un artiste. Od s'était exercé à commettre les meurtres les plus parfaits, pour apprécier toute l'étendue de leur beauté. Il avait ainsi l'impression de rendre hommage à sa mère.
Son seul but dans la vie était de rendre les choses belles. Lui en particulier, mais aussi les choses qui, à première vue, n'étaient pas faites pour être belles. Les meurtres étaient un bel exemple. Et ce qu'il désirait le plus, c'est que lorsque le moment viendra, il rejoigne sa mère avec la plus belle des morts.
***
Od souffrait le martyr, un douleur à son entrejambe qui dépassait toute notion mesurable et quantifiable. Il avait tellement mal qu'il était comme paralysé, et incapable de pousser le cri de douleur qui restait bloquait dans sa gorge. En même temps, il était amusé. Lui qui avait toujours rêvait d'une mort radieuse, il allait mourir après s'être fait écrasé les testicules par son propre nunchaku. Une mort superbe, certes. Superbement ridicule. Mais tant pis. Ça avait été un beau combat. Et ce regard dans les yeux de cette fille... Pure beauté !
Jamais encore Od n'avait vu ça. Il la voyait encore, au dessus d'elle, se tenant les côtes et l'observant avec un léger sourire. Od espérait qu'elle allait l'achever en beauté. Elle se pencha pour le prendre par les jambes et le traina à travers la pièce en feu. Comptait-elle le jeter du haut de l'immeuble ? Pourquoi pas, après tout ? Lui-même avait suggéré une chose identique pour elle. Mais non, elle le traîna hors de la pièce, le mettant à l'abri des flammes. Elle lui retira son nunchaku et se releva, toujours avec le même sourire ironique.
- Pour le bien de ma réputation, je préfère que tu restes en vie. Je crains que tu ne puisses plus jamais avoir d'enfant à présent, mais ça fera un beau message au reste des hommes de ma part. Je ne tues pas mes ennemis, je les émascule.
Elle s'en alla, le laissant là dans le couloir. Od songea là qu'il s'agissait d'une réplique de fin de toute beauté.