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Le Chasse-Couleur de Evolinda



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» Auteur : Evolinda - Voir le profil
» Créé le 07/04/2014 à 16:13
» Dernière mise à jour le 05/05/2015 à 15:46

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Step 5 : Aller de l'avant
-Camille ! Camille !

La voix est celle d'une femme. Elle est joyeuse. J'ouvre les yeux. Assis au pied d'un arbre, il y a moi. Oui, moi. Je me vois moi-même, comme si j'étais spectateur de ma propre vie. Radieuse, rayonnante même, ma mère vient vers moi.

-J'ai une excellente nouvelle pour toi, mon chéri.

Je lui parle. Enfin, je crois. Je n'entends pas mes paroles. C'est étrange...

-Non, ce n'est pas ça, répond ma mère. C'est encore mieux. Viens voir par toi-même, allez !

Je me lève et je la suis. Nous allons jusqu'à la maison. À l'intérieur, mon père parle avec quelqu'un. Je ne vois pas l'inconnu. Tout ce que je distingue, c'est une silhouette sombre. Mais sa voix ne me rassure pas. Elle me met mal à l'aise. Cet homme me met mal à l'aise.

-Ah, te voilà ! dit mon père en nous voyant arriver. Je te présente ..., c'est lui qui va t'aider.

Je parle encore. J'entends l'homme rire.

-Oui, exactement. C'est précisément pour ça que je suis là, petit. On commence maintenant ?

Mes parents échangent un regard embarrassé. Puis ils hochent la tête et s'en vont, me laissant seul avec cet homme qui m'effraye. Il s'approche de moi et me prend le bras. Sans méchanceté, mais j'ai quand même un réflexe de recul.

-Ne t'inquiète pas. Ce ne sera ni long, ni douloureux. Tu n'auras rien le temps de sentir que ce sera déjà fini. Je te le promets.

Je ne vois toujours qu'une silhouette brumeuse. Mais cette silhouette est de moins en moins rassurante. Pourtant, je me calme. Le moi observateur tente d'avertir l'autre moi du danger, mais je n'écoute pas. Je n'entends pas. Je fixe la silhouette, à l'endroit où doivent se trouver les yeux. Le moi observateur fusionne alors avec le moi personnage.

-Tu es prêt, petit ?

Je hoche la tête. Il se rapproche encore. Ce qui doit être son visage se place juste à côté de ma tête. Soudain, je ressens une vive douleur au cou. Je hurle. L'autre ricane. La douleur perdure, elle se fait de plus en plus grande. Et le rire se fait de plus en plus fort. Je me sens vaciller, mais deux bras puissants me rattrapent et me forcent à rester debout. Je ne vois plus rien. Ma vision est recouverte par une sorte d'écran de fumée noire.

-J'ai menti... me susurre-t-il à l'oreille.

Un nouveau pic de douleur, un nouveau hurlement. Je ne me débats plus. Je ne suis même pas sûr que ce soit encore moi qui crie, puisque je ne sens pas mes muscles bouger.





Le rêve se brisa brusquement. Je me suis redressé d'un coup, affolé, haletant, un torrent de larmes coulant sur mes joues. Je mis quelques secondes à comprendre que ce n'était qu'un rêve, et quelques secondes encore à me calmer. Quand ce fut chose faite, je ramenai mes jambes contre moi pour me mettre en boule, le visage enfoui dans mes genoux.

J-1, 11h24

Après plusieurs minutes passées à pleurer toutes les larmes de mon corps, je me rendis compte que je ne sentais pas mon propre visage. Passant le bout de mes doigts sur ma joue, je sentis la joue mais pas la main. C'est quelque chose qu'on ne peut comprendre que quand on le vit, si vous voulez comprendre vous devez essayer.

La mémoire me revint. La team Flare. Myosotis. L'affrontement. L'attaque Déflagration. Tous ces souvenirs me revinrent en mémoire d'un coup, m'arrachant un énième hurlement. La tête dans mes mains, je me remémorais ce qui aurait dû me tuer. Je ne savais pas comment j'avais survécu. Je ne savais même pas comment s'était terminée la bataille. Je savais juste que je ne sentais plus mon visage.

Des bruits de pas. Une porte qui s'ouvre brusquement. Quelqu'un qui se précipite vers moi, passe ses bras autour de mes épaules et me parle. J'entendais ce qu'il ou elle me disait, mais je ne comprenais pas. Le temps que mes larmes arrêtent de m'inonder, je compris qu'il s'agissait de Valérie. Elle s'efforçait de me rassurer. Je levai la tête vers elle, les yeux encore grand ouverts.

-Val... Comment ça s'est fini ?
-Bon sang, même dans ton état, tu te préoccupes d'abord de ça...

Elle soupira. Un soupir soulagé, me semblait-il. Mais je n'en étais pas certain, mes oreilles bourdonnaient encore de mes propres cris.

-Nuée a gagné. Elle a mis à terre le Demolosse, le Grahyena, le Dimoret et le Drakkarmin des deux imbéciles de la team Flare. Les quatre, à elle seule. Et après ça, eh bien... Elle s'est jetée sur toi. Comme si elle essayait de te protéger. Je n'avais encore jamais vu un Pokémon aussi attaché à son dresseur. Tu...ça va aller ?
-J'en sais rien. Depuis combien de temps je suis là ?

Elle ne répondit pas immédiatement. Elle réfléchissait.


-Je dirais une grosse dizaine d'heures. Il est 11h30 passé, Camille. Et, désolée de te le rappeler, mais la date butoir est pour demain.
-D...demain...?

J'étais abasourdi. Le temps avait défilé sans que je m'en rende compte, et il était bientôt trop tard. Trop tard pour reprendre mes Pokémon à la team Flare... Non ! Je ne pouvais pas accepter ça ! Mais je n'étais pas en état d'agir, je le savais.

-Je suis désolée. C'est ma faute, j'aurais dû intervenir. Je sais que tu m'as dit de ne pas le faire, mais j'aurais dû me battre avec toi quand même.

Elle commença à pleurer, elle aussi. Bouleversé, je mis ma main sur son épaule avec un demi-sourire timide qui se voulait réconfortant.

-Je t'en aurais trop voulu. Tu as bien fait de rester en arrière. Si tu étais intervenue, je t'aurais haïe.

Nous avons passé un certain temps à nous réconforter mutuellement. Mais je continuais de m'inquiéter. Pour mon visage, mais aussi pour Nuée. Si elle avait vraiment combattu les quatre Pokémon des deux femmes, elle devait être dans un sale état, elle aussi...

-_-_-_-_-_-
J-1, 15h15 (Marignan !)

Sur une échelle de 1 à 10, à quel point ma figure est défoncée ? 11 ? Hum, non, on n'est pas dans Doctor Who. Non, en fait ça allait. Je m'en tirais plutôt bien. Bon, évidemment, je n'étais pas indemne, mais je n'avais pas trop perdu de morceaux.

-Camille ? Tu es prêt ?

Je relevai la tête. Tête qui était maintenant décorée d'une large marque partant de mon nez et s'élargissant pour former une sorte de soleil. Ce n'était pas très joli à voir, mais ce n'était pas moche non plus. Niveau défiguré, j'avais déjà vu largement pire. Les accidents de match Pokémon pouvaient parfois laisser des séquelles, autant physiques que psychologiques, vraiment affreuses.

-Oui, j'arrive.

J'ai accroché mes balls à ma ceinture et je suis sorti. Valérie m'attendait dehors.

-Tu es sûr que ça va aller ?
-Mais oui, répondis-je avec un sourire. Ce n'est pas la première fois que j'ai un accident, et ce ne sera certainement pas la dernière. Si je n'étais pas sur pied en quelques heures après une simple brûlure, qu'est-ce que ce serait avec trois fois plus !

Eh, l'auteur. [Quoi ?] Et mes cheveux ? [Oh. Ils n'ont rien.] Genre ? [Ouais, je sais. Un petit miracle.] Encore un... Ça te tuerait d'expliquer quelque chose de temps en temps ? [Plains-toi, si je n'arrive pas à expliquer c'est signe que l'histoire devient d'un niveau trop élevé pour que mon cerveau atrophié suive le mouvement. Et maintenant, retourne à ce qui se passe au lieu de m'embêter !]

Donc, comme vous l'aurez compris, un gros coup de bol a fait que mes cheveux n'avaient presque rien. Juste quelques mèches grillées, mais rien de grave et surtout rien de voyant. Tant mieux, je n'avais pas envie de devoir porter un chapeau toute ma vie pour cacher un truc horrible.

Réajustant mon sac sur mon épaule, je suivis Evolina. Les gens se retournaient sur notre passage, me faisant baisser la tête. Tous voulaient regarder celui qui avait tenu tête à la team Flare et qui en avait payé le prix. Tous voulaient voir l'adolescent qui avait voulu se venger et avait eu droit au retour de bâton. Et moi, être le centre d'attention me gênait. Une timidité que je ne me connaissais pas me poussait à regarder le sol devant moi plutôt que de regarder devant moi tout court.

-Eh.

Je relevai un peu la tête pour regarder mon amie. Elle me fit un clin d'œil en souriant.

-Ce coup-ci, c'est moi qui y vais, puisque les grottes te portent malheur. Essaye juste de ne pas t'attirer des ennuis pendant que je serai à l'intérieur.

Je soupirai, incapable d'empêcher un petit sourire de se dessiner sur mes lèvres.

-Je ferai de mon mieux, répondis-je dans un murmure. Je vais essayer de bosser, tiens. J'avais presque oublié que j'avais ce boulot de merde à côté...

-_-_-_-_-_-
J-1, 16h32

Quittant Roche-Sur-Gliffe, nous sommes partis sur les routes vers un endroit beaucoup plus lointain : la Caverne Gelée. À mon grand dam nous allions devoir traverser toute la région de Kalos jusque là-bas. Ce qui nous prendrait beaucoup trop de temps, et vu l'heure, nous n'y serions jamais à temps. Plus nous avancions, moins j'avais d'espoir de réussir.

Merde, fais quelque chose ! [Hors de question.] Donc en fait, le but c'est que je perde mes Pokémon à tout jamais, c'est ça ? [Non, mais...] ... [...] ... [Ouais, t'as pas tort. OK, je vais voir ce que je peux faire.] Merci.

-Il est quelle heure ?

Je jetai un œil à ma montre et fis une légère grimace.

-Quatre heures et demie. Merde, y a intérêt à ce qu'elle se bouge...
-Qui ça ? me demanda Valérie, intriguée.
-Euh... Non, personne, oublie ce que je viens de dire.

Je me mordis les lèvres. Non, je ne pouvais pas lui dire que je pouvais parler avec l'auteur, elle me prendrait pour un fou. Enfin, si ce n'était pas déjà le cas. Quoi qu'il en soit, je priais pour que quelque chose, pour qu'un deus ex machina arrive et nous sorte de ce pétrin. Et ce quelque chose vint. Sous la forme d'un Pokémon. Sous la forme...d'un Escargolor.

-Cargo ! fit une petite voix dans les hautes herbes.
-Ah, je crois qu'on t'appelle !
-Fait chier...

J'ai appelé Palette, histoire de voir comment elle se débrouillerait face à un congénère. Nous étions, au cas où vous vous poseriez la question, sur la route 7. Valérie avait réussi à me faire passer de force la Cave Connecterre.

-Vas-y ma grande, balance un Tranch'Herbe. En circulaire.

L'attaque eut pour effet premier de « tondre la pelouse ». Ensuite, il y eut le problème des deux humains présents. Bon, ça, Palette l'avait bien compris et elle nous évita soigneusement. Et enfin, nous avons entendu un cri d'Escargolor. Encore une fois. La bestiole sortit de sa cachette et balança...

-À TERRE !!

L'attaque Ampleur fut dévastatrice. Elle devait être au moins de puissance 7. Et j'ai bien dit au moins. Valérie et moi avons tout juste eu le temps de nous jeter au sol avant de s'y faire envoyer plus violemment. Le souffle coupé, je mis une poignée de secondes à repasser en « mode stratège ». Toujours au sol, je me suis néanmoins un peu redressé pour voir le champ de bataille et j'ai commencé à donner des instructions :

-Lance-lui un autre Tranch'Herbe !

(Une petite ellipse, rien que pour vous chers lecteurs...)

J-1, 17h45

-Je t'emmerde.
-Esss !
-Ouais, je sais. Maintenant sois sympa et ferme-la.

Silence total. L'Escargolor et moi nous affrontions du regard, sous celui, consterné, de Valérie. De son point de vue, il y avait (probablement) deux crétins finis qui faisaient un concours de crétinisme, et qui allaient arriver premiers ex-æquo.

-Les gars...

Pas de réponse. Mon amour-propre ne supporterait pas que je me détourne de ce « duel ».

-Merde, Camille, arrête tes conneries !

Elle me prit par les épaules et me força à me retourner. Mais au moment où elle amorça un geste pour me coller une gifle, elle s'interrompit.

-... Non, je peux pas. Dis, ça te fait mal, ton soleil ?

Surpris, je ne répondis qu'après une petite seconde de silence :

-Un peu. Donc évite de taper dessus, s'il te plaît.
-Escar ? tenta le Pokémon.
-Toi, ta gueule.

Cette fois, je me la pris, la gifle. Pile là où il n'y avait pas la trace. Mais c'était douloureux quand même, aussi ma main se porta à ma joue, la touchant du bout des doigts, plus par réflexe qu'autre chose. La journée était déjà bien pourrie, voilà qu'elle en rajoutait une couche...

-Pardon...