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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 31/03/2014 à 11:31
» Dernière mise à jour le 31/03/2014 à 11:34

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 220 : Beautiful
Beautiful - Christina Aguilera


Accoudée au comptoir, un tablier de dentelle sur son ventre, elle regardait les allers et venues des clients à l'intérieur du café. Elle les scrutait avec une insistance déplacée, mais heureusement pour elle, personne ne le remarquait jamais.

Après avoir pris deux autres commandes supplémentaires, elle revint à son poste d'observation tout en préparant cinq expressos. Elle désespérait qu'il se passe quelque chose, et songeait sérieusement à donner sa démission en pensant que son aide pour la mission serait plus précieuse ailleurs, cependant quelque chose se produisit enfin.

Un groupe de filles, des lycéennes à première vue, pénétra dans le café. Elle en dénombra quatre, avant d'en repérer une cinquième qui marchait dans leur sillage, tête basse. Elle était un peu plus petite que ses camarades, avec ses cheveux marron, assortis à ses yeux, tressés de part et d'autre de son visage timide paré d'une grosse paire de lunettes. Elle arborait le même uniforme que les autres, soit un pull gris et une jupe en laine, avec des chaussettes blanches qui montaient jusqu'à mi-cuisses.

Les adolescentes tirèrent une chaise autour de la table la plus proche de la fenêtre, tandis que leur camarade restait en retrait. Celle qui semblait être à la tête de toute cette petite troupe, une splendide blonde aux jambes interminables, lui lança :

- Tiens, Brigdet, sers à quelque chose, pour une fois. Va passer notre commande, qu'on n'ait pas à attendre.
- Oui, tout de suite.

Dans une effusion de voix, les autres lui annoncèrent ce qu'elles désiraient et Cassy fronça les sourcils. Apparemment, elles considéraient cette jeune fille davantage comme leur esclave que comme leur amie. L'intéressée s'approcha doucement du comptoir, où elle bredouilla :

- B-bonjour, je v-voudrais un cappucino, un diabolo menthe et deux smothies à la pêche.
- J'ai parfaitement entendu. Qu'est-ce que toi tu veux ?
- M-moi ? R-rien.
- Tu aimes le café ?
- O-oui.

La dresseuse se retourna pour prendre sous la machine l'un des expressos qu'elle avait préparé pour une autre table et le lui tendit. Son interlocutrice, cependant, hésita à prendre la tasse en faïence.

- Cadeau, c'est la maison qui offre. Et tu diras à tes amies qu'elles n'ont que trois mètres à faire pour venir jusqu'ici, alors cela ne va pas ruiner leur coiffure de se déplacer en personne.
- Oh non ! Je ne peux pas leur dire cela. Je... S'il vous plaît, mademoiselle. Servez-les.

Elle lui adressa une petite moue adorable, qui évoquerait vaguement celle d'un Rondoudou si ses prunelles avaient été bleues et non noisette. Elle repartait déjà en direction de ses camarades, lorsque Cassy eut comme un pressentiment. Elle parcourut son corps du regard, comme si elle pouvait apercevoir un glyphe au travers de ses habits.

De taille moyenne, de corpulence moyenne, à l'allure si ordinaire... Dans cet uniforme, elle ressemblait en tous points à celles qui l'accompagnaient, or ces dernières la traitaient différemment, pourtant, elle était normale. Peut-être même un peu trop normale...

- Comment ça, elle ne veut pas nous servir ? Elle se prend pour qui, cette peste ? Attends, je vais aller lui toucher deux mots. Oh, toi, là-bas !
- Moi, j'ai un nom, comme tout le monde, rétorqua la jeune femme. Je m'appelle Cassidy.
- Je m'en fous, poil de carotte. Rapplique ici tout de suite et grouille-toi un peu de prendre notre commande.
- On dit s'il te plaît quand on est poli.
- Ah ouais ? Quand on est serveuse, on fait son boulot et on la boucle. Le client est roi, je te signale.

La dresseuse contourna l'étal des pâtisseries puis traversa la salle d'un pas ferme, décidé, pour venir à la hauteur de la blonde qui lui manquait de respect. Même ses amies se turent en croisant l'expression de son visage, étrangement similaire à celle de Lilith lorsqu'elle était en colère.

- C'est pathétique. Qu'est-ce que tu crois ? Que ta manucure peut tout te permettre ? Alors écoute-moi bien, ma jolie : tes ongles vernis, que tu arbores avec tant de fierté, enfonce-toi les dans le crâne, et je te parie que tu n'atteindras même pas le cerveau, parce que pour cela, il faudrait déjà que tu en aies un. Maintenant, j'ai du travail, alors si tu veux être servie, tu n'as qu'à venir m'aider à faire la plonge.

D'un geste, elle lui lança son torchon humide au visage, dans ses boucles non naturelles. L'autre poussa un cri strident, plus puissant encore que si elle venait d'apercevoir un Scarabrute. Elle secoua la tête avec une grimace de dégout, comme si elle risquait d'attraper quelque maladie.

- Non mais ça va pas ! T'es complètement cinglée, ma pauvre. Tu vas voir, je vais te faire renvoyer. Tu vas perdre ton travail et en plus, tu seras complètement humiliée devant tout le monde.
- Tiens donc ? Pourtant, ce n'est pas moi qui est l'audace de sortir en public avec une tâche pareille.
- Oh ! Nom d'Arceus, une tâche ? Où ça ?
- Je m'adressais à tes amies. La tâche, c'est toi. Maintenant, tu as raison, je vais partir avant d'être renvoyée pour le tapage que je viens de causer. Bonne chance, ils vont devoir embaucher une remplaçante.

D'un geste, Cassy dénoua les lanières de son tablier et le lui posa sur la tête, ce qui déclencha une nouvelle crise d'hystérie chez la blonde. Sans rien ajouter d'autre, elle tourna les talons. Autour d'elle, les clients semblaient bien amusés par cette scène. Elle leur adressa un bref au revoir, puis quitta le salon de thé.

Elle n'avait pas fait plus de quelques mètres dans la ruelle rendue obscure par la nuit tombante qu'elle entendit un bruit de pas précipités derrière elle. Sur ses gardes, elle se retourna, mais elle ne se sentit pas menacée. La jeune fille dénommée Bridget courut jusqu'à elle.

- Je suis désolée pour ce qui vient de se produire, c'est de ma faute. Si tu veux, je vais aller voir ta patronne et lui expliquer ce qui s'est passé. Je lui dirais que c'est de ma faute, comme cela tu pourras garder ton emploi.
- Je te remercie, mais ce n'est pas la peine. Mon contrat se finissait dans quelques jours, de toute façon.
- Je me sens quand même un peu responsable.

Elle resta figée face à elle, incapable de prononcer le moindre mot supplémentaire. Apparemment, elle ne savait plus quoi dire, sans pour autant songer à partir. La dresseuse finit par lui tendre la main :

- Cassy, enchantée. Tu es Bridget, c'est bien cela ?
- Oui, ce... C'est moi.
- Pourquoi restes-tu avec des pestes pareilles ? Tu m'as l'air d'être quelqu'un de bien, toi.
- Je... Je n'ai pas d'autres amies.
- Parce que tu appelles cela des amies ? Elles t'exploitent et te traitent comme un Caninos.
- Je...

L'adolescente hésita un moment à répondre. Son regard devint fuyant et elle préféra le poser sur les alentours plutôt que sur son interlocutrice, qui choisit de se montrer insistante :

- Oui ?
- De toute façon, je ne vois pas pourquoi elles ne le feraient pas. Je ne suis pas assez intéressante pour mériter mieux.
- Tu plaisantes, j'espère ? Il ne faut pas te déprécier de la sorte.
- Et pourquoi pas ? Je suis une véritable empotée, je rate toujours tout ce que j'entreprends et je fais les choses de travers.
- Autrement dit, tu es une véritable soumise.
- Je te demande pardon ?

Cassy fut soulagée d'avoir plus de patience que Lilith, car si cette dernière avait été là, elle l'aurait déjà secouée violemment afin de la faire réagir. Elle ne supportait pas la passivité de ce genre de caractère, pas suffisamment dur pour oser de temps en temps affronter les choses en face.

- Si là, tout de suite, je te disais de me rendre un service, n'importe quoi, tu accepterais ?
- Sûrement. Je te dois bien cela, après ce qui vient de se passer.

La jeune femme leva les yeux au ciel. Cette Bridget laissait tout couler sur elle sans protester. Elle était facilement manipulable et serait à présent prête à assouvir la volonté d'une personne qu'elle connaissait depuis à peine dix minutes.

- Et si je te demandais de sauter du haut d'une falaise, comment réagirais-tu ?
- Cela ne me surprendrait pas, je sais que le monde se porterait mieux sans moi.
- Tu es fatigante, j'espère que tu en as conscience. J'ai une bien meilleure idée... Et si je décidais de te torturer ?
- C-comment cela ?
- Oui, te torturer. Te faire du mal. J'aimerais t'entendre dire non, pour une fois. Crois-tu que cela soit possible ?

La lycéenne la regarda, les yeux écarquillés de terreur. Elle regrettait visiblement de l'avoir suivie dans cette ruelle sombre et cherchait désormais à comprendre sur quelle genre de folle elle était tombée.

- Draby ! Mâchouille-la !

Un flash écarlate illumina l'endroit où elles se trouvaient et le petit dragon se matérialisa aussitôt, pour refermer sa solide mâchoire sur la main pendante de Bridget. Celle-ci se dégagea trop tard de ses crocs pointus. Ils ne l'avaient pas blessée, cependant, juste laissée quelques marques par endroit, qu'elle se hâta de remuer.

- Qu'est-ce que tu me veux ? demanda-t-elle en reculant d'un pas, inquiète.
- Donne-moi ta main.
- Pour essayer à nouveau de m'écharper ? Sans façon.
- Je désire simplement voir la cicatrice qu'il t'a laissée.
- Tu es une... sadique.
- Ce n'est un secret pour personne. Ta main.

Comme l'adolescente ne semblait pas décidée à la lui tendre, elle fondit sur elle pour la saisir de force. Elle retourna sa paume vers le haut, qu'un rayon de lune naissant éclaira. Un fin trait horizontal se dessinait sur le sens de la largeur, fendu de deux petites barres verticales, le tout d'un marron clair tirant légèrement sur le beige.

- Brigdet... Bienvenue dans la Confrérie.