Chapitre 225 : Le chaos de Siena
Le commandant Penan était en train de regarder la bataille de Safrania dans sa petite cabane, avec un petit téléviseur qu'il avait dégoté, lui qui n'avait jamais eu la télé. Il aurait bien sûr préféré y assister lui-même, mais il était trop vieux pour se battre désormais. Il aurait certes pu assister Siena comme conseiller, mais la gamine n'avait apparemment besoin d'aucun conseil pour faire ce qu'elle voulait comme elle le voulait. Et de toute façon, Penan savait qu'elle ne suivait plus les conseils de personnes. Penan ne lui aurait certainement pas conseillé de conquérir Safrania en la détruisant de moitié. À cause du blocus de la Team Rocket, peu étaient les habitants à avoir pu fuir avant le début de la bataille, et Siena venait de réduire la population de la plus grande ville de Kanto d'au moins cinquante pour cent.
Penan ne la comprenait plus. Ce qui était étrange, car des trois enfants Crust qu'il avait élevés et entraînés, elle avait été celle qu'il comprenait le plus autrefois. Pragmatique, très militaire, parfois un peu trop rigide, certes, mais elle avait toujours eu un grand respect pour la vie humaine. Penan y avait veillé. Il n'avait jamais formé de fanatique. Mais il ne se sentait pas responsable de ce que Siena était devenue. Il ne pouvait pas chaperonner ses enfants jusqu'à l'âge adulte. Ils prenaient tôt ou tard leurs propres décisions, et Siena avait pris les siennes, même si c'était loin d'être les meilleures. C'était comme ça, mais le vieux commandant en souffrait. Il avait été le parrain de Livédia, une fille douce et charmante. Siena était aussi différente de sa mère que les Aspicot l'étaient des Chenipan. Elle ressemblait plus à Tender, oui, sauf que Penan ne voyait pas le général ordonner le massacre de milliers de civils sans sourciller.
Enfin, Penan ne pouvait rien y faire, désormais. Siena le lui avait fait bien comprendre la dernière fois. Ça n'empêchait pas le commandant de regarder avec intérêt le déroulement de la bataille sur son petit téléviseur, et de prier pour que ses trois enfants rentrent sains et saufs. Car il venait d'apprendre qu'il en avait perdu quatre aujourd'hui. Pour une quelconque raison, la prison de Basroch avait été détruite, ainsi que tous les gardes et les prisonniers s'y trouvant. Parmi les gardes, il y avait quatre anciens élèves de Penan, dont Richel Hazock, un brave petit que Penan avait aimé comme un fils. Et Penan avait une règle qu'il avait toujours respectée jusque-là. Il tuait quiconque prenait la vie d'un de ses enfants. Si Penan trouvait un jour l'identité du salaud qui avait fait exploser la prison, rien en ce monde ne pourrait le protéger de sa vengeance !
Il sentit son chagrin remonter à la surface et décida de ne noyer dans le whisky. Mais une fois le verre servi, il le vida. Non. Il devait continuer à regarder la bataille, et pour cela, il fallait qu'il ait l'esprit clair. C'était la seule chose qu'il pouvait faire pour ses enfants. Il était en train de voir les officiers de l'unité GSR de Siena se déployer, quand une voix rauque derrière lui le fit sursauter.
- Tout cela doit vous rappeler de bons souvenirs, commandant. Que n'auriez-vous pas donné pour être présent et vous battre vous aussi, je le demande...
N'ayant jamais perdu ses réflexes de soldats aguerris, Penan sortit son couteau de poche qu'il gardait toujours à portée de main. L'intrus dans sa petite maison était un homme entièrement recouvert d'un imperméable gris et d'un chapeau à bords larges, ce qui ne laissait rien entrevoir de son visage. Il se dégageait aussi de cet homme une odeur âcre que Penan n'avait jamais réussi à oublier après toutes ces années de combat dans la Team Rocket : celle de la chair brûlée.
- Qui êtes-vous ? Vous êtes cinglé de me surprendre comme ça. Des hommes sont morts pour bien moins que ça.
L'intrus ricana d'une façon aussi roque et sèche que sa voix. Apparemment, il avait un problème à la gorge.
- Et certains sont encore en vie, mais il aurait mieux valu qu'ils soient morts. Ça me fait plaisir de voir que les années ne vous ont pas changé, commandant. Toujours à vivre dans cette bicoque moisie.
Penan regarda l'individu avec suspicion.
- Nous nous connaissons ? Sachez que je n'apprécie guère les devinettes. Dites-moi qui vous êtes une fois pour toute.
- Qui je suis, hein ? J'ai été bien des hommes, commandant. Vous devez sans doute vous rappeler de l'un d'entre eux.
L'homme leva la tête, et Penan, qui avait pourtant le cœur bien accroché, frémit d'horreur à la vue de son visage. Ce n'était qu'un tissu de peau brûlée, un visage déformé et brouillé, avec par endroit de la peau sèche et sombre qui tombait comme de la cendre. Ce visage horrible ne lui disait rien, mais en revanche, ce furent les yeux qui permirent à Penan de l'identifier. L'ex-commandant oubliait souvent les visages, mais jamais les yeux.
- Vrakdale ? Par Arceus, tu es vivant ?!
- Plus ou moins. Cela vous étonne-t-il, commandant ? Y'a-t-il des nuits obscures durant lesquelles vous êtes assez sobre pour vous souvenir de moi et être rongé par le regret ?
Le vieil homme frissonna. Oui, il y avait encore ce genre de nuit. Toutes, à vrai dire.
- Je... Fedan, à ce moment... Je n'avais pas d'autre choix...
Il n'arrivait pas à se justifier. Après toutes ces années, il ne l'avait jamais pu. Mais loin de paraître furieux ou en colère, Vrakdale étira son horrible face en un sourire.
- Allons, ne faite pas cette tête-là, commandant. Je n'ai pas de rancœur envers vous. Peut-être en avait-je il y a trente ans, mais le passé est le passé, n'est-ce pas ? J'ai compris votre geste à ce moment-là. Et même si j'en souffre constamment le martyr depuis, je vous reconnaissant, en quelque sorte. Ceci a fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui.
La méfiance revient en Penan.
- Et quel homme es-tu aujourd'hui, Fedan Vrakdale, toi qui a été le meilleur Rocket que j'ai formé. Pourquoi es-tu resté caché tout ce temps ? Pourquoi n'es-tu pas revenu parmi nous ? Nous aurions pu t'aider...
- Personne ne peut m'aider, commandant. Ce qui a été fait ne peut être défait, et vous le savez parfaitement, vous qui avez activé le détonateur. Si vous aviez attendu ne serait-ce que deux secondes, j'aurai pu avoir une mort propre. Aujourd'hui, imaginez un peu ce que je suis devenu ?
Penan blêmit. Il venait de comprendre ce qui était arrivé à son ancien élève et ami. Et cela dépassait l'entendement. De telles souffrances étaient inimaginables.
- Combien de temps ? Bredouilla-t-il. Combien de temps te reste-t-il ?
- Oh, je dirai bien dix ans encore, répondit Vrakdale d'un ton neutre. Le truc marrant quand on tombe tête la première dans la lave, c'est qu'on meurt avant même de l'avoir touchée. Mais même ça, ça met trop longtemps. Ces dernières années vont être les pires, je le crains.
- Il y a surement quelque chose à faire, insista Penan. Tu ne peux pas rester comme ça ! Il doit exister un moyen de te suicider...
- Ne pensez-vous pas que j'ai essayé, durant toutes ces années ? Chaque jour, j'imaginais une méthode différente pour me tuer, et ce durant presque dix ans. Mais j'ai fini par abandonner, faute de nouvelles idées. Mon corps ne peut être détruit. Rien ne peut l'affecter. Il est prisonnier de la boucle temporelle que votre bombe Arctimes a créé autour de moi, au moment où je tombais dans la lave.
- Ce n'était pas ma bombe, rectifia Penan. J'ai toujours été contre son utilisation. Et ce qui est arrivé ce jour-là a convaincu Madame Boss de ne plus jamais s'en servir.
- Ah oui ? Au moins, mon petit accident aura servi à quelque chose. Mon corps est là devant vous, mais il aussi toujours en train de tomber dans le magma bouillant du volcan de Cramois'île. Lentement. Très lentement. Apparement, chaque mois, c'est comme si je m'approchais de trois centimètres de la lave. Imaginez un peu, commandant... Sentir sa peau brûler continuellement, chaque jour un petit peu plus, et ce durant toutes ces années, en sachant très bien comment ça va se terminer. Est-il une torture physique et mentale aussi terrible que celle-là, surtout quand on sait qu'on ne peut rien faire pour y échapper, pas même se suicider ?
Vrakdale éclata de rire. Penan frissonna à nouveau. Son ancien élève avait l'air fou, mais il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça, après ce qu'il subissait continuellement.
- Vous savez le plus drôle ? Poursuivit-il. C'est d'être ainsi soumis à une impuissance telle, que rien au monde ne peut vous sauver. Et le fait que je descende d'une grande famille et que j'ai bien plus d'argent que quiconque ajoute encore plus à ce désespoir ambiant. Oui, Fedan Vrakdale est mort ce jour-là, commandant. Il ne reste plus que Vrakdale la Souffrance, qui a trouvé un maigre réconfort en vouant son âme au Seigneur Horrorscor... Mais bon, assez parlé de moi. C'est de vos nouvelles que je suis venu prendre, commandant.
Penan secoua la tête, soudain très las.
- Que veux-tu Vrakdale ? Me tuer pour prendre ta vengeance ?
- Vous tuer ? Me prenez-vous pour un tueur fou, commandant ? Vous me vexez. Au contraire, je veux vous aider.
- Et à quoi donc pourrais-tu m'aider ?
- J'ai appris que certains de vos anciens cadets avaient trouvé la mort dans l'explosion d'une prison Rocket. Une bien triste histoire...
Penan serra le poing sur son poignard, bien que face à Vrakdale, ça ne servait strictement à rien.
- C'est donc toi le responsable ?!
- Moi ? Et qu'est-ce que pourrai m'apporter la destruction de cette prison, commandant ? Absolument rien. En revanche, je connais quelqu'un qui en tirerait un avantage certain.
Il désigna la télévision. Penan plissa les yeux.
- Que veux-tu dire ?
- Allons commandant, je vous ai connu plus vif. Vous ne saviez pas qui était emprisonné là-dedans ?
- Et comment le serai-je ? Je suis à la retraite maintenant. On ne me dit plus rien.
- Allons bon, je vais vous le dire alors. Un dénommé Crenden. Ça vous dit quelque chose ?
Penan réfléchit un moment.
- Il me semble. C'était l'un des hommes de l'ancien Agent 002. Il pouvait...
- Passer à travers n'importe quel solide, oui, acheva Vrakdale. Dites-moi, avez-vous la moindre idée de comment votre petite protégée de Siena Crust a-t-elle fait pour faire exploser la moitié de Safrania alors qu'elle n'avait, normalement, aucun homme dans l'enceinte de la ville ?
Penan se leva brusquement.
- Tu mens ! Es-tu venu jusqu'ici après toutes ces années pour te moquer de moi ?!
- Jamais je n'oserai. Je vous ai toujours respecté, vous qui m'avez tant appris, qui avez été comme un père pour moi. Je vous respecte encore. Vous êtes quelqu'un d'intelligent, commandant. Je vous laisse réfléchir à tout ça tout seul. Vous trouverez bien la vérité tôt ou tard, aussi déplaisante soit-elle.
Puis Vrakdale se retourna, mais avant de sortir, il dit :
- Oh, ne dites rien à mon fils de ma venue, voulez-vous ?
- Ton fils ? Répéta Penan.
- Allons commandant, ne faites pas l'innocent. Je suis sûr que depuis le temps, vous avez enquêtez et fait le lien. J'ai vu qu'il vivait sa vie de façon heureuse. Il peut continuer sans moi. Ma vie n'est que souffrance, et elle n'apporte que souffrance à tous ceux qui me côtoient. Je vous souhaite une bonne journée, commandant.
Et il laissa là Penan, comme assommé, faisant le point sur ce que Vrakdale lui avait dit et l'horrible vérité que cela impliquait.
***
Siena ne perdait pas de vue la carte holographique du déroulement de la bataille. En se concentrant profondément, elle parvenait à distinguer ses évolutions probables plusieurs minutes dans le futur. Normalement, sa capacité Futuriste ne lui permettait que d'avoir une avance de quelques secondes sur la réalité, mais plus elle progressait, plus ce temps se rallongeait. Et quand elle se concentrait sur une seule chose en particulier, dans ce cas présent une carte, elle pouvait voir des choses encore plus éloignées.
Et c'était pour cela qu'elle était invincible. Aucune attaque surprise, aucune embuscade de la part des soldats du gouvernement ne pouvait fonctionner. Elle savait ce qu'ils allaient faire avant même qu'ils ne le sachent eux-mêmes. Elle connaissait leurs futures positions avant même qu'ils n'aient bougé. Et elle transmettait tout cela à sa fidèle Fatra Rebuilt, qui à son tour contactait les troupes en question avec une célérité et une efficacité redoutable.
Les hommes des Dignitaires se battaient quand même bien, Siena devait leur reconnaître au moins cela. Ils se savaient acculés, donc ils donnaient tous ce qu'ils avaient. De plus, beaucoup de leur famille avaient sans doute péri lors de l'explosion provoquait par Siena, ce qui ajoutait la haine et la vengeance à leur motivation. Mais cela ne changeait rien. Ils étaient forcés de reculer toujours plus, tandis que Siena et ses troupes progressaient inlassablement jusqu'au centre de la capitale. La GSR formait l'avant-garde, et pourtant elle n'avait aucunement besoin du gros des forces régulières Rockets derrière elle. Siena allait prendre cette ville toute seule.
Au bout d'un moment, le futur de la carte holographique lui appris que les soldats du gouvernement se regroupaient un peu plus loin, sans doute pour lancer un assaut désespéré. Siena aurait pu ordonner un encerclement qui leur aurait été fatal, mais elle en avait assez d'utiliser Futuriste. À force, ça donnait mal à la tête. Elle allait plutôt sortir et se battre elle-même. Après tout, elle était aussi mortelle au combat qu'en tactique.
- Je sors me défouler un peu, dit Siena à Fatra. Je vous laisse le commandement. Continuez d'avancer jusqu'au point F-6. L'ennemi se regroupe en D-6. Je vais ouvrir le passage.
- Bien madame. Voulez-vous une unité avec vous, madame ?
Fatra sut que sa question était une gaffe avant même de l'avoir terminée. Le colonel Crust la regarda de travers.
- D'après vous, ai-je besoin de renfort, lieutenant Rebuilt ?
- Non madame. Je vous présente mes plus plates excuses.
Siena prit l'éclair d'Ecleus et sorti de la base mobile, et en une large inspiration, s'imprégna de l'odeur de la fumée, des cendres, du sang et de la chair brûlée. L'odeur de la guerre, qu'elle avait appris à apprécier. Puis elle lança l'éclair géant dans les airs.
- Aujourd'hui, nous allons nous battre ensemble, Ecleus.
L'éclair se déploya totalement, jusqu'à redevenir l'oiseau métallique de foudre.
- Je commençais à penser que tu avais oublié ma véritable forme, maîtresse, ironisa le Pokemon légendaire.
- Je n'ai pas oublié. Mais tu es plus facile à manier sous ta forme d'arme.
- Et c'est surtout plus impressionnant pour les soldats derrière.
Siena étira ses lèvres en un sourire.
- Aussi.
Siena aimait bien son Dieu Guerrier. Ecleus avait été un bon investissement, même si elle avait dû sacrifier Lusso et Givrali. Il était une arme des plus destructrices sous sa forme d'éclair, et un Pokemon intelligent et immensément puissant sous sa forme normale. Il avait aussi une personnalité intéressante. Il ne refusait jamais le combat, car c'était la gloire et la renommée que recherchaient les Dieux Guerriers. Il se fichait en revanche de la politique ou des concepts d'idéaux. Il servait Siena parce qu'elle était forte, et en la servant, il démontrait aussi sa force. C'était aussi simple que ça.
Siena grimpa sur le dos d'Ecleus et se dirigea vers le point de regroupement des défenseurs en survolant la ville en ruine. Quelques fous tentèrent de la viser avec leurs lances-rocket, et il suffisait à Siena de renvoyer les missiles sur eux avec son gant magnétique. Plus loin, Solaris affrontait le général Peter Lance dans un duel d'attaques dragons qui dévastèrent encore plus le cadre local. Une bonne chose que Solaris soit de leur côté. Le Maître G-Man aurait pu faire de sérieux dégâts, et Siena ignorait si elle aurait pu en venir à bout. Avec la X-Squad qui se chargeait des Shadow Hunters, toutes les personnes dangereuses étaient occupées, laissant le champ libre à la GSR pour conquérir la ville à sa guise.
Quand Siena se trouva au-dessus du point de rassemblement des soldats du gouvernement, ces derniers commençaient à peine à se regrouper, signe que la vision de Siena était vraiment éloignée dans le futur. À en juger par leurs cris terrifiés, ils avaient reconnu leur invitée surprise. Ils tirèrent d'en bas un feu nourri, avec balles, missiles et quelques attaques Pokemon. Siena ne prit pas la peine d'utiliser son gant. Ecleus esquivait les missiles et attaques sans problème, et les balles rebondissaient sur son corps métallique. Et si jamais l'une d'elle devait toucher Siena, elle avait toujours son bouclier d'Eucandia.
- Dois-je utiliser ma Fatal-Foudre, maîtresse ? Demanda Ecleus.
- Je t'en prie.
La série d'éclairs qui tombèrent sur la place en bas ne tua pas seulement les soldats ; elle réduisit tout le quartier en cendre. Telle était la puissance d'Ecleus, qui devait dépasser celle de Pokemon comme Electhor, Raikou, et même le puissant Zekrom. Siena prit à nouveau conscience de son pouvoir. Si elle le voulait, elle pouvait faire monter Ecleus bien plus haut pour ensuite faire pareil à la ville entière. Presque que Crenden n'aurait servi à rien, finalement. Ça aurait été risqué avec tous les canons anti-aérien qui se trouvaient alors tout autour de la ville, mais pas infaisable.
Siena éclata de rire en voyant l'œuvre d'Ecleus. Ça serait marrant de se rendre à la tour des Dignitaires, et de saluer Erend Igeus par la fenêtre. Peut-être pourrait-elle éliminer quelques Dignitaires au passage. Au moment où cette idée très attirante naquit dans son esprit, Siena sentit tout son corps se crisper et ses membres devenir lourd. Elle n'arrivait plus à bouger, ne serait-ce que le petit doigt. Et elle remarqua qu'Ecleus faisait du surplace, donc ça devait aussi être son cas. Que diable se passait-il ?!
C'est alors qu'elle le vit, grâce à son dispositif réfléchissant devant son œil droit. Sur le toit d'un immeuble, derrière elle, se tenait un individu très reconnaissable à la tenue qu'il portait. Un haut de forme violet ridicule et un masque qui lui cachait la partie supérieure du visage comme à un carnaval. Clément Psuhyox, le G-Man de Xatu et maître Pokemon Psy, était en train d'utiliser ses pouvoirs de l'esprit sur elle pour paralyser son corps. Bien sûr, Siena n'avait rien vu venir, car les attaques psys étaient invisibles, et son bouclier d'Eucandia ne servait à rien contre ça.
Et comme il y en avait rarement un sans l'autre, Siena vit arriver devant elle, sautant de toit en toit avec l'agilité d'un léopard, le second disciple G-Man de Lance, à savoir Marion Karennis, G-Man de Noctali et maître Pokemon Ténèbres. Siena devait admettre qu'elle les avait totalement oublié, ces empêcheurs de tourner en rond. Une grave erreur. Car même s'ils n'étaient pas des Maîtres G-Man comme Lance, il n'en restait pas moins surhumains. Et ils avaient tout l'air d'avoir pris Siena pour cible.
- Tu vas payer pour toutes tes crimes, Crust ! Clama Marion en sautant vers elle.
Siena avait vu bien avant qu'elle ne saute le poignard qu'elle allait lancer. Elle pensait vraiment l'atteindre avec un simple couteau, elle, le colonel Siena Crust de la GSR ? L'arrogance des G-Man était stupéfiante. Le poignard allait s'arrêter bien gentiment contre son bouclier d'Eucandia. Sauf que Siena vit son trajet avec Futuriste, et le poignard n'en fit rien. Selon le futur qu'elle lisait, il allait bel et bien traverser son bouclier personnel et se loger dans sa poitrine. Et ce dans exactement quatre secondes.
Siena n'avait pas le temps de se demander pourquoi. Elle était paralysée, et ne pouvait pas utiliser son gantelet magnétique pour le repousser. Mais elle savait que Clément devait se servir de toute sa puissance psychique pour les maintenir sur place, elle et Ecleus. Il ne résisterait pas longtemps. Faute de pouvoir lever son gant pour contrer le poignard, Siena l'utilisa contre Ecleus lui-même. La force magnétique exercée sur un si gros morceau de métal fut plus puissante que le contrôle psychique du G-Man de Xatu, et Ecleus s'écrasa au sol, avec Siena sur son dos. Elle avait échappé au couteau, mais pour gagner plusieurs blessures dues à sa chute. Mais elle n'avait pas le temps de s'en soucier. Le futur imminent qu'elle voyait était celui de sa propre mort. Marion, furtive comme une ombre, avait sauté à sa suite avec un autre poignard en main. Siena ordonna alors à Ecleus :
- Lance Tonnerre partout autour de nous !
L'attaque électrique coupa la route de la G-Man de Noctali, mais n'affecta pas Siena, protégée derrière son bouclier d'Eucandia. Elle en profita pour se relever et examiner les futurs à suivre. Une Ball'Ombre qui surgissait sur elle, tirée par Clément Psuhyox, et Marion qui arrivait à trois endroits à la fois. Siena crut d'abord à trois futurs possibles, mais les images étaient identiques, et il n'y avait aucun futur identique. Elle comprit alors qu'il s'agissait d'une attaque reflet.
Siena tira de son laser d'Eucandia sur la Ball-Ombre au moment même où Psuhyox la lançait. Au même moment, les trois Marion lancèrent trois couteaux sur elle. Les capacités de réflexions de Siena, augmentées grâce à Futuriste, lui apprirent ce qu'elle devait savoir. Les couteaux de Marion ne pouvaient pas traverser son bouclier d'Eucandia. Seulement, le dernier qu'elle avait lancé était un reflet, un double immatériel. Une ruse pour voir comment Siena réagirait. Ingénieux.
Elle ne se soucia donc pas des couteaux, et rappela Ecleus sous sa forme Arme grâce à son gant magnétique. Elle le lança sur les trois images de Marion et le contrôla pour qu'il frappe les trois à la fois. Dès que les images disparurent dans l'esprit de Siena grâce à Futuriste, elle sut qui était la vraie Marion, et modifia la direction de l'éclair en conséquence. Sauf que Siena ne fut pas la seule à avoir deviné qui était la bonne. Clément venait de protéger sa consœur en modifiant avec ses pouvoirs psy la trajectoire de l'éclair. Marion recula jusqu'à son camarade et Siena récupéra Ecleus dans sa main gantée.
- Belle synchronisation, leur dit Siena. Vous avez réussi à me surprendre.
- Un humain sain d'esprit aurait immédiatement pris la fuite face à deux G-Man, répondit Clément. Tu caches un pouvoir certain, jeune dame. Personne ne peut réagir et anticiper comme tu le fais.
- C'est vrai, personne ne le peut. Mais vous le saviez avant, sinon vous ne m'auriez pas piégé avec ce poignard factice au début.
- Nous avons étudié et passé en revue tous les combats que tu as mené depuis le début de cette guerre.
- C'est beaucoup d'honneur fait pour un seul ennemi...
- Si nous t'arrêtons, la Team Rocket peut bien gagner cette guerre, on s'en fiche, renchérit Marion. Tu es la seule véritable menace ici.
- Igeus vous a bien briefé, apparemment.
- Nous n'obéissons qu'à Maître Peter, mais il est d'accord avec Erend Igeus. Pour la paix actuelle et future, tu dois disparaître. Tu n'aurais jamais dû exister.
Sans qu'elle ne sache pourquoi, cette dernière phrase fit bouillonner la rage en Siena. Une rage alimenté et attisé par Horrorscor, pour lui donner de la force et de la volonté.
- Tu n'as aucun droit de nier mon existence, dit Siena avec une voix qui ne lui ressemblait pas. Je suis venue au monde pour remodeler ce monde infect et dépassé, et ça commence par la région de Kanto. Ce ne sont pas deux minables comme vous aux tours de passe-passe tirés des Pokemon qui m'en empêcheront !
Elle brandit l'éclair d'Ecleus devant ses deux ennemis, et créa une multitude d'arcs de foudres qu'elle contrôla avec son gant. En ce moment, Siena Crust était une déesse de la foudre, dansant avec les éclairs. Elle les voyait tous, malgré leur vitesse. Elle pouvait dire avec certitude là où ils allaient tomber et quand. Et une fois son gant magnétique chargé, ce fut une véritable tornade électrique qu'elle envoya sur les deux G-Man.