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Garou de GalloViking



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» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 13/03/2014 à 17:42
» Dernière mise à jour le 13/03/2014 à 17:42

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Offensive Progressiste
Le lendemain matin, le réveil fut plus rude que la veille. La jeune infirmière brune me réveilla, et se justifia rapidement :

« Désolée de vous réveiller aussi tôt madame, mais il est déjà midi, et quelqu'un demande à vous voir d'urgence. »

D'urgence ? Cela pouvait-il être Isadore ? Rapidement, je me levai et suivit la jeune femme. Après avoir traversé un couloir où toutes les portes se ressemblaient, elle me mena à un ascenseur, qui à son tour nous fit descendre au premier étage. Sur le trajet, nous croisâmes quelques personnes qui me lancèrent quelques regards intrigués. Ils devaient savoir qu'une créature non humaine se trouvait ici, mais me voyait pour la première fois, ce qui bien entendu pouvait paraître impressionnant. Malgré tout, je me sentais mal à l'aise, et j'évitais de croiser les regards.

Nous arrivâmes finalement dans une chambre où était allongé sur un lit un homme que je ne reconnus pas du premier coup. Mais, lorsque je vis son bras couvert de bandages, je compris qu'il s'agissait de Hans. Il semblait en bonne santé malgré le fait que son bras soit toujours dans un état déplorable. Lorsqu'il se tourna, il m'examina un moment, avant de dire :

« -Alors c'est toi qui m'a sauvé ? J'ai vraiment était chanceux ce jour là. D'abord je me fais attaquer par trois montres, je m'en débarrasse sans vraiment comprendre comment, et je me fais soigner par le même type de bestiole.
-Ne vous énervez pas trop monsieur, lui répliqua une infirmière d'âge avancé. C'est déjà exceptionnel que vous receviez de la visite. (Elle me dévisagea un moment à son tour, avant de continuer:) Quant à vous, mademoiselle, je dois vous avouer que nous avons été surpris de voir les soins apportés à cet homme. Si vous aviez appliqué votre garrot ne garrot ne serait-ce qu'une minute plus tard, il aurait perdu trop de sang pour être soigné.
-C'est de l'histoire ancienne ça, répliqua Hans. Je suis vivant et je le dois... (Il regarda ma blouse, et continua:) à 8F. Je ne sais pas comment vous remercier. Je n'y arriverais probablement jamais, vu que dans mon état, je vais encore passer un mois ou deux chez le toubib.
-Peut-être plus, continua l'infirmière. Votre bras n'est pas simplement cassé, il a été complètement broyé. Il est possible que n'en récupériez jamais l'usage normal. Soyez heureux, il n'est pas nécessaire de l'amputer, vu que madame ici présente à penser à désinfecter les blessures.
-C'est sûr, vu comment cette brutasse qui ressemblait à un Ursaring m'a frappé. J'ai eu l'impression qu'un bus avait percuté mon bras. De toute façon je suis gaucher. Mon bras droit est inutile. Oh, attendez. Je sais. Infirmière, ce serait possible de me ramener le matériel que j'avais sur moi dans l'ambulance ?
-Il est dans cette armoire. Mais pourquoi diantre le voulez-vous ?
-Ce n'est pas pour moi, mais pour 8F. J'ai quelque chose qui vous appartient, me dit-il. Vous devriez le récupérer. »

De quoi voulait-il parler ? Je m'approchais de l'armoire que l'infirmière venait d'ouvrir. Et dedans, au milieu du matériel rangé un vrac, je trouvais ma sacoche beige. J'hésitais à la récupérer car elle me rappelait trop le laboratoire... Mais je finis par la prendre. Déjà, pour faire plaisir à l'homme couvert de bandages, mais aussi car elle avait une valeur sentimentale. Avec elle, j'avais sauvé une vie, et je pouvais certainement recommencer. Et puis, elle allait peut-être me porter chance.

« -Comme c'est mignon, commenta l'infirmière. Je pourrais peut-être vous apprendre à mieux vous en servir, vu que vous allez devoir passer un moment dans cet hôpital.
-N'espérez surtout pas m'utiliser comme cobaye, répliqua Hans.
-Ne vous inquiétez pas, vous êtes de toute façon en trop piteux état, répondit-elle d'un ton sarcastique. »

Alors qu'ils se disputaient gentiment, un médecin arriva en courant dans la chambre. Tout en haletant, il déclara :

« -Nous sommes attaqués ! On nous signal que un véhicule est en approche. C'est confirmé, il est de l'Armée Progressiste.
-Quoi ? Mais c'est un scandale ! Nous sommes en plein territoire allié. De plus, nous ne sommes qu'un modeste hôpital de campagne, pour quelle raison peuvent-ils nous en vouloir ?... »

Et elle se tourna vers moi. Je compris immédiatement : c'est moi qu'ils voulaient. Ils avaient eu vent de ma présence ici, de je ne sais quelle manière. Et maintenant ils venaient me chercher. Après tout, j'étais une arme, et ils voulaient s'en emparer. Je ne pouvais qu'espérer que le bâtiment soit bien protégé. Vu que j'étais quelque chose de très précieux, ils avaient logiquement renforcé la sécurité, au rez-de-chaussée. Mais cela allait-il suffire ?

Je m'approchais de la fenêtre pour voir à quoi nous avions affaire. Je vis que, au loin, se dégageait une épaisse panache de fumée, provoquée par un gros véhicule blindé. Le char d'assaut se rapprochait à une vitesse considérable. Dans d'une demi-heure il serait là. L'ambiance était devenue très tendue dans la chambre. Alors que Hans demandait à ce qu'on le laisse prendre les armes pour défendre avec les autres, l'infirmière brune me raccompagna dans ma chambre, au dernier étage, et m'y enferma, à clé cette fois. J'étais donc si précieuse à leur yeux ? Serrant contre moi ma précieuse sacoche, je regardais par la fenêtre le véhicule se rapprocher. Son gros canon était certainement capable de tirer des obus pouvant raser des maisons entières. De plus, il était assez large pour pouvoir transporter un nombre acceptable de personne, peut-être une dizaine. L'épais métal qui le recouvrait le rendait invulnérable à des armes conventionnelles comme le fusil d'assaut de Hans. Pourquoi tant de violence pour ma personne ? Je ne pouvais le supporter. Savoir que plusieurs personnes allaient perdre la vie à cause de moi dans les minutes qui suivraient l'arrivée du char me rendaient triste. Je ne voulais pas que l'on se batte pour moi.

Guettant l'arrivée du véhicule, je remarquai qu'il s'arrêta à environ un kilomètre du bâtiment, et qu'en descendirent cinq soldats lourdement armés. Ils s'abritèrent derrière le véhicule, qui recommença à avancer, lentement, dans la neige. Depuis le rez-de-chaussée de l'hôpital, des coups de feu partirent en direction du blindé, mais les munitions ne causèrent aucun dommage, le véhicule continuant son inexorable avancée. Alors, lorsqu'il eut parcouru la moitié de la distance le séparant de l'hôpital, une voix retentit.

« Ceci est un ultimatum. Nous ne sommes pas ici pour blesser quiconque mais nous n'hésiteront pas à utiliser la force. Vous savez ce que nous sommes venu chercher. Alors livrez-le nous, ou nous lanceront l'assaut. Vous avez dix minutes. »

Dix minutes de répit. J'avais dix minutes pour décider quoi faire. Au même moment, l'infirmière brune pénétra dans ma chambre et m'expliqua, toute tremblante :

« Vous devez partir d'ici. C'est vous qu'il veulent et ils ne partiront pas sans, soit avoir récupéré ce qu'ils veulent, soit en ayant massacré tout le monde pour donner l'exemple. Nous avons appelé des renforts mais ils n'arriveront pas avant une demi-heure. Alors, pendant que les soldats postés au rez-de-chaussée essaieront de repousser l'assaut, vous allez fuir avec moi jusqu'à ce que la situation soit calme. »

Fuir ? Laisser un hôpital entier se faire massacrer pour « donner l'exemple » ? Il en était hors de question. Au fond de moi, j'étais terrorisée, et certainement la personne la moins apte ici à servir à quelque chose. Mais je refusais catégoriquement de fuir alors qu'il me suffisait de me rendre pour sauver grand nombre de personne. Une fois dans ascenseur, j'attendis qu'elle appuya sur le bouton menant au rez-de-chaussée pour rapidement en sortir. Abasourdie, elle ne réagit pas à temps, et la porte se referma derrière moi, l'infirmière entamant une descente de cinq étages. Quant à moi, je retournais dans ma chambre et j'ouvris rapidement la fenêtre. Alors, saisissant fermement ma sacoche beige et prenant mon courage à deux mains, je grimpais sur le toit, pour mieux voir ce qui m'attendait. Lorsque j'atteignis le rebord qui faisait face aux troupes de l'Armée Progressiste, je vis qu'ils attendaient patiemment, à l'abri du véhicule blindé. L'un d'entre eux surveillaient les faits et gestes des défenses de l'hôpital avec des jumelles tandis que les autres attendaient. Alors, mon cœur martelant dans ma poitrine comme un tambour de guerre, je commençais à descendre le bâtiment, à l'abri des regards. Alors que j'en étais à la moitié, la voix retentit de nouveau.

« Il ne vous reste que cinq minutes pour prendre votre décision. Après quoi, nous tirerons. »

Je me dépêchais d'attendre la terre ferme. Rassemblant tout ce qui me restait comme courage et ignorant les conséquences de l'acte que je commettais, je marchais en direction du véhicule blindé. L'un des soldats, celui qui observait le bâtiment avec des jumelles, me remarqua enfin. Faisant des gestes pour alerter ses coéquipiers, ils se passèrent les jumelles tour à tour pour m'observer. L'un d'eux, qui tenait un fusil pointé vers moi, le rabaissa, et ils continuèrent à m'observer. Au même moment, de nombreux cris sortirent du rez-de-chaussée de l'hôpital. Les soldats qui attendaient là m'avaient eux aussi aperçu et me faisaient eux aussi signe de revenir. Ils semblaient complètement déboussolés, comme si ils s'attendaient à tout sauf à ma reddition : il semblaient près à donner leur vie pour ne pas me voir passer chez l'ennemi. Alors que plusieurs d'entre eux sortaient du bâtiment pour essayer de me rattraper, les soldats qui attendaient derrière le char d'assaut tirèrent quelques rafales. Cela ne causa pas de dégâts mais força les soldats à se replier dans l'hôpital. Alors, me retournant pour ne plus les voir, je continuais à m'éloigner d'eux... Lorsque je fus assez près du véhicule, les quelques soldats s'approchèrent de moi. Alors que trois d'entre eux tenaient toujours en respect les défenseurs du bâtiment, les deux autres me poussèrent en direction de leur véhicule avant de me faire rentrer dedans, par l'écoutille arrière, rapidement suivis par les trois derniers.

L'arrière du véhicule était assez spacieux et comportait six sièges, ce qui suffit à faire asseoir tout le monde. Je remarquais que, contrairement à un char d'assaut ordinaire ou au minium trois membres d'équipage sont nécessaires, une seule personne suffisait à conduire celui-ci. De même, l'équipement des soldats était de bien meilleure qualité que celui de Hans. L'avancée technique des soldats de l'Armée Progressiste était impressionnante comparée à celle de l'Armée Régulière. Ces cinq soldats auraient sans peine pu venir à bout d'une vingtaine de personnes. Au milieu de ces mastodontes en armure, je me sentais à la fois terrorisée et impressionnée. Alors qu'ils enlevaient leur casque, certainement à cause de la chaleur qui régnait dans le véhicule qui s'était mis en route, le pilote parla à sa radio.

« L'opération s'est déroulée comme prévu. Non, ils n'ont rien vu venir. Ils ne s'attendaient pas à une telle attaque, aussi loin sur leur territoire. Oui, nous avons récupéré le colis. Elle a d'elle-même accepté de se rendre. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. Oui, nous allons la questionner plus tard. Pour le moment nous devons absolument partir d'ici. Les renforts arriveront d'une minute à l'autre et nous ne pourrons pas tenir longtemps en cas d'affrontement direct. Quelques soldats armés de pétoires à bouchon c'est une chose, une dizaine de tanks c'en est une autre. Oui, nous nous dirigeons actuellement vers le point d'extraction. Nous y serons dans trois heures. Terminé. »

L'un des soldats se tourna vers moi. Il m'observa longuement, et, intimidée, je me cachais le visage derrière ma sacoche.

« -C'est dingue quand même. Il faut être dérangé pour jouer comme ça avec la génétique.
-Ils savent qu'ils vont bientôt perdre la guerre, alors ils font ce qu'ils peuvent.
-Oui mais quand même, c'est complètement dingue. Tu te verrais toi, enlever un gosse de chez lui en pleine nuit et l'utiliser comme sujet de laboratoire ? C'est grosso modo ce qu'ils ont fait là.
-Tu sais bien que c'est faux. Un gamin qui disparaît, ça créerait un scandale. Là, c'est juste un Pokémon, et tout le monde s'en fout de ça.
-Tu comprends rien à rien toi. Même un Pokémon n'a pas à subir un tel traitement.
-Leur « Projet Garou » à la con n'aura servi à rien, de toute façon, vu que leur seul survivant est avec nous. Je les vois mal tout reprendre depuis le début.
-C'est sûr. Ils voulaient tellement protéger leurs secrets que, au final, les seules personnes qui auraient pu reprendre le projet ne sont plus de ce monde.
-Maintenant on est certain de la gagner, cette foutue guerre. Je reverrais bientôt mes gosses et ma femme.
-Toi, il te reste de la famille, soupira le pilote. Moi, j'avais perdu ma mère à l'âge de trois ans. Mon père, mon grand frère, et mon petit frère sont morts dans cette foutue guerre. La gagner ne me les ramènera pas.
-Pourquoi tu te bats, alors ? Tu pourrais juste t'enfuir.
-Oui, et pour faire quoi ensuite ? Tu sais très bien ce qui arrive aux déserteurs.
-Tu parles. Sur cent personnes qui désertent, ils n'en retrouvent que dix.
-Et les autres, c'est l'ennemi qui les retrouve. Ce n'est pas mieux.
-Eh, toi, me dit l'un d'entre eux. Tu en penses quoi de tout ça ?
-... »

Même si ils étaient des soldats, ils restaient tout de même des êtres humains. Aussitôt la bataille terminée, ils enlevaient leur masque de guerrier et redevenaient eux-même. C'était quelque chose que je ne pouvais malheureusement pas faire. Je ne pouvais pas changer de personnalité pour pouvoir m'adapter à une situation particulière. À chaque fois, je restais toujours la créature muette et terrorisée, et cette fois ne faisait pas exception.

« -On ne va pas te manger, tu sais, continua-t-il.
-Oui, il paraît que les OGM provoquent des cancers, répondit mon voisin de gauche.
-Mais ferme ta gueule. Elle ne sait même pas ce que c'est. »

Bien sûr que si. OGM est le diminutif de Organisme Génétiquement Modifié. Généralement utilisé pour la nourriture végétale, comme des céréales. La nourriture modifiée pousse plus vite, résiste mieux aux parasites et dans des conditions plus rudes que la nourriture classique. Cependant, il a été confirmé qu'elle était hautement cancérigène si utilisée trop couramment. Mais pourquoi je savais ça, moi ?

« -On s'occupera bien de toi, ne t'en fais pas.
-Tu lui dis ça alors qu'il y a moins d'une demi-heure on a failli démolir un hôpital.
-Nous y étions obligés, tu le sais bien. Cent victimes, ce n'est rien comparé aux nombre de victimes qu'auraient pu causer les créatures crées par le Projet Garou. »

Cela pouvait-il être vrai ? Alors que je réfléchissais, un bruit sourd semblable à un claquement métallique retentit, et, après une violente secousse qui secoua tout l'équipage, le véhicule arrêta d'avancer.

« -Bon sang de ! Nous sommes immobilisés ! La chenille de droite a lâché !
-Tu ne peux pas être sérieux ? On n'arrivera jamais à réparer ça et à être sur place à l'heure.
-De toute façon ils nous auront rattrapé avant.
-Je vais prévenir le QG, répondit le pilote. Allez dehors pour constater les dégâts.

Alors que je me relevais, je constatais que le soldat à ma droite s'était cogné la tête contre une plaque de métal, et saignait. Voyant qu'il ne se réveillait pas, j'attrapais la manche de l'un des hommes qui sortaient du véhicule. Se retournant à son tour, il remarqua enfin que son coéquipier était blessé.

« -Bon sang, Terrence a des ennuis ! Et merde, on avait vraiment pas besoin de ça.
-Pendant que les trois autres sont dehors, je vais rester là à m'occuper de lui, répondit un autre.
-On compte sur toi. »

Visiblement, l'homme qui était resté avec moi pour soigner le dénommé Terrence ne savait pas comment s'y prendre. Alors, plutôt que de le laisser faire un mauvais geste, je lui fis signe de m'aider à le soulever. Il avait l'air de me faire confiance, sans doute car lui-même savait que tout seul il n'arriverait à rien. Rapidement, nous allongeâmes Terrence le long de la banquette. Alors que je craignais le pire vu la violence du choc, je constatais que la blessure était tout à fait bénigne. Sous le regard inquiet du soldat, je sortis de ma sacoche de quoi désinfecter la blessure et je la pansai. Il avait juste perdu connaissance à cause du choc et se réveillerait bientôt. Moins d'une minute plus tard, les trois autres revinrent.

« -La chenille a belle et bien cédé. Le choc de l'atterrissage couplé au froid a fait éclaté le métal.
-C'est ce que je craignais, répondit le pilote. On en a pour plus d'une heure à réparer ça. Comment va Terrence ? »

Rapidement, ils constatèrent que Terrence était hors de danger. Le soldat qui était resté avec moi leur expliqua.

« -C'est elle qui a fait ça ?
-Oui. Elle a immédiatement soigné Terrence avec le matériel dans sa trousse, là.
-Incroyable. Je suis certain qu'elle nous cache encore beaucoup de chose.
-Terrence est vraiment hors de danger ? Me demanda l'un d'entre eux. (Je hochais la tête.)
-Très bien. Dès que Terrence se réveil on continue à pieds, déclara-t-il avec un ton autoritaire.
-Eh, ça ne va pas non ? On ne va pas abandonner Marcel ici ! On le répare et on repart ! Contesta le pilote.
-Ne fait pas le gamin ! Tu ne vas pas mettre en danger six personnes juste parce que tu es attaché à cette boite de conserve.
-On vient juste de mettre en danger une centaine de personne juste pour un monstre et tu oses me dire ça ?
-Elle est d'une importance primordiale et tu le sais bien. Alors soit tu viens avec nous, soit tu restes ici, mais on va partir sans toi. »

Au même moment, le soldat blessé se réveilla. Alors, tout le monde s'attroupa auprès de lui pour l'aider à se mettre debout.

« -Humm... J'ai vachement mal au crâne moi. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-Tu t'es cogné la tête lorsque la chenille a cédé. On continue à pieds.
-Je suis mécano je vous signal. J'ai déjà réparé les chenilles de ce machin. On peut réparer ça en une heure si on se donne à fond.
-On n'a pas une heure ! Donc on continue à pieds, point final. »

Rapidement, tout le monde récupéra son matériel, remit son casque, et descendit du véhicule, à l'exception pilote. Alors ils allaient vraiment l'abandonner ? Au bout de quelques minutes de marche, j'entendis des crissements de pas dans la neige. Me retournant, je remarquai que le pilote avait lui aussi endossé son attirail et revenait vers nous en courant. Le chef de l'escouade, qui suivait aussi la scène, lui demanda :

« -Alors, tu nous accompagnes ?
-Eh bien... Je n'ai pas le choix. Mais si Marcel ne nous accompagne pas, alors je refuse qu'il tombe aux mains de l'ennemi.
-Et tu comptes t'y prendre comment ?
-Je vous conseil de presser le pas. J'ai mis le moteur en surchauffe et j'ai bloqué la ventilation. Dans quelques minutes, l'intérieur sera comme dans une cocotte-minute les munitions exploseront d'elles-mêmes.
-Mais t'es complètement taré comme gars, Brice !
-Je ne veux pas le savoir, courez ! »

Tout en courant, j'imaginais ce que ressentait le pilote, Brice. Les autres soldats avaient encore des choses auxquelles ils tenaient. Alors que lui avait tout perdu dans cette guerre, et avait finalement trouvé de quoi lui redonner ne serait-ce qu'un petit peu d'espoir : ce véhicule qu'il appelait Marcel. Dans un sens, il était comme moi... J'espérais juste qu'il allait supporter le choc.

Alors que nous avions parcouru moins de 500 mètres, une formidable explosion retentit et le souffle nous projeta tous dans la neige, qui amortit notre chute. Une série d'explosions plus petites, mais toujours aussi impressionnantes, retentit pendant encore quelques dizaines de secondes. La température et la pression à l'intérieur du véhicule avaient fini par faire exploser un obus, et tous les autres obus du râtelier explosaient maintenant un par un. Lorsque cela fut enfin terminé, nous nous levâmes tous pour contempler les dégâts. Une épaisse fumée noire se dégageait maintenant de la carcasse, et des débris avait était projeté dans tous les sens. Bien entendu, nous devions partir au plus vite, car les renforts auraient vite fait de venir inspecter la zone. Le chef d'escouade aida tout le monde à se relever et nous nous mirent en route. Alors qu'ils peinaient à marcher dans la neige avec leur équipement, j'étais quant à moi tout à fait libre de mes mouvements.

Au bout d'un long moment, lorsqu'ils furent tous fatigués et que la nuit commençait à tomber, ils décidèrent d'aller s'abriter au couvert d'une petite forêt, à l'abri des regards. Les sapins offraient une bonne couverture et retenaient bien la neige, à tel point que le sol était sec. Alors, assez profond pour être cachés mais assez près pour voir à l'extérieur, il établirent un petit camp pour y passer la nuit, qui tombait très rapidement.

« -Roland, tu surveilles ce qui se passe dehors. Nous on reste là et on finit de préparer le camp.
-Bien compris, répondit le soldat qui avait fait la blague sur les OGM, avant de prendre ses jumelles et de partir. »

Nous allions donc passer notre nuit dans cette forêt. J'avais toujours dormi dans un bâtiment depuis ma transformation. Peut-être cela n'allait-il pas être si terrible après tout ? Alors que, adossée contre un tronc d'arbre, je les regardais faire, l'un d'entre eux me demanda :

« -Tu es un Évoli n'est-ce pas ? La collerette autour de ton cou ne trompe pas. (Je hochais la tête.)
-C'est aussi ce que je pensais, commenta un des ses camarades. Mais si ils voulaient faire des guerriers, pourquoi utiliser un Évoli ?
-Je ne sais pas. Peut-être pour faire des études dessus. Si ça se trouve elle est capable d'évoluer et c'est ça qui les intéressait ?
-Je ne peux pas vérifier de toute façon, j'ai oublié ma Pierre Feu chez moi.
-Si tu devais évoluer maintenant, tu évoluerais en quoi ? Me demanda-t-il. »

Je n'y avais jamais pensé. Penser que je pouvais évoluer après ma transformation me paraissait fantaisiste, mais après tout, ma geôlière m'en avait parlé. Ils m'avaient gardé, entre autre, pour mes capacités évolutives. Peut-être pouvais-je vraiment évoluer. Mais en quoi ? Mon affinité avec la nuit me laissait penser que Noctali était la meilleure solution. Si, bien entendu, le fait de marcher dans la neige plusieurs jours encore ne me faisait pas évoluer en Givrali avant...

« -Les renforts à nos trousses sont composés d'une dizaine de motoneiges et de cinq tanks légers, déclara Roland, qui venait de revenir. Ils ont bien entendu trouvé l'épave.
-Et alors quoi ? Ils viennent par ici ? Ils ont suivi nos traces ?
-Non, il a recommencé à neiger dehors, et nos traces ont disparu. Ils cherchent je ne sais quoi dans les débris. Des traces organiques peut-être. Vu comment il neige, tout sera bientôt recouvert.
-Ils doivent certainement penser qu'il s'agissait d'une erreur involontaire. Si on a de la chance, ils vont abandonner les recherches et on sera tranquille.
-Alors, Marcel ne sera pas mort pour rien, soupira le pilote du véhicule en ruine.
-Tu ne devrais pas la ramener, toi. Sans cette tempête de neige ils auraient sans peine suivi nos traces.
-Le QG m'a demandé de les prévenir quand on sera au point d'extraction, répliqua Brice.
-Tant mieux. Bon, je prends le premier tour de garde. On repart demain matin. »

Alors, nos poursuivants nous croyaient morts. Mais comment allaient-ils expliquer ça à Isadore, à qui on avait promis qu'il allait me revoir très bientôt ? Je ne savais pas ce qu'il était devenu. Mais je savais qu'il allait être terrassé en apprenant cette nouvelle... Tout ce que j'espérais, c'était de pouvoir revenir vers lui le plus rapidement possible. En acceptant d'accompagner ces hommes, j'avais sauvé la vie de nombreuses personnes, mais à quel prix ? Ignorant les conséquences, j'avais renié Isadore, Hans, mes créateurs. Mais j'avais fait le bon choix. Je n'avais pas cédé à l'égoïsme et toutes ces personnes étaient sauves, maintenant... D'ailleurs, il y avait une chose que ces hommes ignoraient. Ils me pensaient seule survivante du carnage, mais ils se trompaient. Isadore étant toujours en vie, leurs efforts pour priver l'Armée Régulière de leur dernier garou avaient été vains... Mais peut-être pas tout à fait ? Maintenant, chaque camp possédait un garou pour pouvoir faire des recherches, et l'autre l'ignorait. Cela n'annonçait rien de bon du tout et, comble du sort, j'étais la seule à m'en rendre compte.

Alors que je m'apprêtais à m'allonger sur le sol couvert d'aiguilles de pins, je remarquais qu'il y avait six lits, et que nous étions sept. Mais vu que l'un d'entre eux montait la garde, il restait un lit de libre, et je m'allongeais dessus. Personne ne fit de remarque. Alors, terriblement fatiguée après cette rude journée, je finis par m'endormir.