Chapitre 1: La lettre.
"Ici, tout n'est que néant. Ce monde est révolu. Je suis le dernier habitant de cette maudite planète. Plus rien n'y naît, et visiblement, plus rien n'y meurt. Les Pokémon et les plantes, tous disparus. Les hommes aussi. Tous à l'exception de moi. La planète n'est plus qu'un long désert constitué de sable chaud et fin. Le temps ne fait plus effet. Les jours et les nuits s'enchaînent, et je reste là à errer dans ce malheureux monde. Tout était si beau avant. Tout ça n'était pas un rêve. Je le sais. J'y étais. Je les ai vus. Ils étaient là. Tous. Ils vivaient. Ils étaient vivants. Ce n'est qu'un mauvais rêve. Je vais trouver ce misérable livre et je me réveillerai. Ils seront tous là, autour de moi. Tout sera comme avant. Ce monde renaîtra."
Je me levais, comme tous les matins, dans cette chambre vide et froide. Seul mon lit était présent dans cette petite et sombre pièce. A moitié endormi, je poussais la même porte afin d'entrer dans le même salon accueilli par mon Pokémon de compagnie, un mignon petit Rattata très affectueux. J'avais le sentiment que mon salon avait changé: J'inspectai les moindres recoins pour en connaitre l'étrange raison. Je voyais la même lampe accrochée au même plafond, le même canapé à la même place, le même fauteuil accolé au même mur, le même parquet en bois assez sale, et toujours la même table basse faite du même verre. Néanmoins, un élément s'était rajouté sur le meuble de verre: Une lettre. Mon petit Rattata, que j'avais surnommé Titouille me la rapporta dès qu'il aperçut mon regard se poser sur elle. Je le caressai en guise de remerciement et lut cet inhabituel courrier attentivement.
Je poussai un léger cri mêlant l'étonnement et l'énervement: La terrible lettre était en réalité une convocation à Canvres, un logement en colocation m'avait été trouvé. Je me disais d'abord que tout ceci était scandaleux, et qu'une erreur pareille était vraiment honteuse, ou bien que ceux qui s'en étaient occupée étaient des incapables, ainsi je me rendis vers la ville dans cet état d'esprit. Mais en y réfléchissant un peu plus profondément, ça me permettrait de changer un peu mon quotidien qui était bien trop banal et qui commençait réellement à m'exaspérer. Ce n'était pas vraiment une si mauvaise nouvelle que ça, finalement.
Titouille dans les bras, je marchai d'un air décidé vers la sortie de Mothrielle, mon tout petit village natal ne comptant que quelques habitants. Nous nous connaissions tous, et nous appréciions plus ou moins. Une petite et charmante forêt séparait les deux bourgades. De nombreux arbres et Pokémon la composait. Un petit fleuve séparait ce bosquet en deux, celui-ci ne sortait jamais de son lit, protégé de la pluie par les feuillages très denses. Le coin était vraiment beau et valait le détour. J'avais lâché Titouille pour qu'il aille s'amuser avec les autres Rattata et les Rattatac sauvages du coin qu'il connaissait bien grâce à nos nombreuses visites ici. Je m'étais assis sur une bûche pour contempler le paysage, j'aimais vraiment cet endroit. Les rayons du soleil, passant par les épaisses feuilles, éclairaient de nombreux petits Pokémon. On pouvait y voir diverses espèces allant du Pikachu au Papillusion tout en passant par les Lovdisc ou même les Coquiperl. Tout ça me redonnait le sourire. Je cueillis deux ou trois grosses baies bien mûres sur les arbres pour la route et repris le chemin tout en veillant à ce que Titouille me suive bien.
J'étais si apaisé par ce petit bois que j'en avais oublié la raison de ma venue. Mais celle-ci revint vite dans mon esprit à la vue de l'imposante mairie qui s'élevait au loin. Fronçant les sourcils, je me dirigeai vers la porte sans même faire attention aux villageois et aux maisons. Je m'arrêtai devant la porte, pris une grande respiration et rentrai d'un pas décidé, presque agressif.
"- Bonjour. J'aimerais savoir pourquoi j'ai reçu une convocation dans cette ville. Je n'ai jamais demandé ni cherché de maison ici. Encore moins en colocation. Je souhaiterais des explications, s'il vous plait, avais-je dit à la secrétaire se trouvant à l'entrée.
- Excusez-nous de notre erreur. Cela ne se reproduira plus. J'en informerai le Maire, c'est lui le responsable de ce genre de convocations. Mais ne lui en voulez pas, s'il vous plait, nous sommes vraiment débordés en ce moment." avait-elle répliqué d'une voix ferme.
Soudain, la porte s'ouvrit et laissa apparaître un vieil homme assez bien habillé, petit, et possédant de très courts cheveux blancs. Mettant ses lunettes rondes qui lui donnait un air très sérieux, il m'adressa la parole après avoir lâché un "Bonjour !" enjoué et sonore.
"- Y a-t-il un problème, monsieur ?
- En effet, j'ai reçu une lettre m'informant qu'un logement en colocation m'a été trouvé.
- Oh. J'en suis désolé, je ne ferai plus cette erreur. Veuillez m'excuser. Je suis vraiment confus, balbutia-t-il.
- Ah, vous êtes donc le maire ? répliquais-je.
- C'est exact, jeune homme. Je suis le maire de cette petite ville. La maison ne vous intéresse vraiment pas ? Vous ne voulez même pas la visiter ? Qui sait, vous trouverez peut-être votre bonheur, même si c'est une erreur à la base, dit-il avec entrain.
- A vrai dire, je veux bien visiter la maison. Mais je ne vous promets rien, hein !" répondais-je sur la défensive.
Il se mit à rire et me regarda m'en aller après m'avoir indiqué quelle était la maison que je devais visiter. En sortant, je pus entendre un mot qui ressemblait plus à un prénom qu'à un vrai mot s'échapper de sa bouche. Il s'était dit quelque chose à lui-même: "Shyna".