Team Rocket X-Squad de Malak

Pour apprendre tout ce qu'il avait appris en retournant à la base, Mercutio aurait plutôt préféré rester à Unys combattre D-Suicune. Déjà, Eryl et Zeff lui avaient fait un récit plutôt détaillé de leurs aventures à la Fédération Ranger puis à la Tour des Cieux. Vu que les affaires de ces Gardiens de l'Innocence étaient top secrètes, Eryl n'aurait du normalement rien dire, mais vu que Zeff était au courant...

Donc, pour résumé, l'arme ultime anti-Horrorscor se trouvait dans le corps d'Eryl. Et les Agents de la Corruption, par le biais de ce Mister Smiley que Mercutio avait pourtant cru mort, le savaient, ce qui plaçait sans doute Eryl en tête de leur liste de personnes à éliminer d'urgence. Eryl allait donc être conduite au manoir Brenwark, le siège des Gardiens de l'Innocence, et protégée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ce à quoi Mercutio n'avait rien à répliquer, du moment qu'il avait le droit d'aller la voir de temps en temps, ce que Silas avait accepté. Après tout, Mercutio avait été confronté à Horrorscor par le passé, et était autant son ennemi que celui des Gardiens. Zelan, par exemple, s'était déclaré comme l'un des leurs. Puis ce Mister Smiley, qu'il avait affronté alors qu'il protégeait la jeune Kyria...

Donc à peine rentrée, Eryl était vite repartie. Ensuite Mercutio avait appris de Seamurd que Galatea était en prison sous ordre de Siena pour sa conduite lors de la mission à Céladopole. Le jeune Mélénis lui avait aussi appris l'existence de ce qu'il appelait un Découpeur, un Mélénis anti-Flux, qui se trouvait être sans nul doute Trefens. Merveilleux tout cet étalage de bonnes nouvelles ! Et avec ça Tuno qui était en dépression... Si le colonel avait guéri de sa blessure, son cœur lui était irrémédiablement atteint. D'ordinaire toujours affable et dynamique, il était maintenant d'une morosité sans nom. Dur de voir une femme que vous aimez se retourner contre vous. Mercutio savait ce que c'était. Il l'avait vécu avec Solaris. Pourtant, l'attitude de Tuno commençait à le chauffer.

- Bon sang colonel, il faut vous ressaisir ! Vous saviez ce qu'était cette femme au fond de vous non ?

- Laurinda est toujours là, affirma Tuno. Elle coexiste avec Ujianie.

- Elle a essayé de vous tuer ! S'exclama Mercutio, accablé.

- Non. Si elle avait vraiment voulu me tuer, je serai déjà mort, et tu le sais.

Mercutio devait avouer que c'était vrai. Les Shadow Hunters n'étaient pas connus pour faire le travail à moitié.

- Laurinda est toujours en elle, répéta Tuno. Et je la retrouverai...

Mercutio avait abandonné. Selon lui, le colonel se berçait d'illusions, mais que pouvait-il bien y faire ? Il essaya plutôt d'aider Galatea dans sa situation très précaire. Mais, si Tender avait obtenu qu'elle soit emprisonnée à la base et non dans une de la GSR, toute visite lui était interdite. Bien sûr, Mercutio aurait pu s'occuper des gardes sans problème, mais ça ne l'aurait pas aidé. Et puis, si Galatea était restée bien sage sans essayer de s'échapper, alors qu'elle aurait facilement pu, il devait lui aussi être patient.


***


Galatea dormait mal dans sa cellule sombre. Elle ne cessait de revoir en rêve le visage du vieillard que Siena avait abattu de sang froid. Un civil innocent. Pourquoi ? Pourquoi, par Arceus, avait-elle fait quelque chose d'aussi cruel et inutile ? Plus elle s'interrogeait, plus le visage déformé par la rage et la folie de sa sœur qui s'imposait à elle menaçait de la rendre dingue. Galatea était enfermée depuis une semaine, sans voir personne. Et pour éviter qu'elle ne tente de s'échapper, on lui avait mis, devant sa cellule, une pierre d'Ysalry. Sans doute une idée de Siena. Galatea savait que son procès se tenait aujourd'hui, qu'il était même déjà sans doute fini, mais elle n'avait pas eu le droit d'y assister. Siena devait sans doute considérer qu'un accusé Mélénis pourrait se servir du Flux pour influencer l'esprit des jurés, ou quelque chose de ce genre. De la visite ne se fit plus attendre. Ce fut Mercutio qui vint la voir, avec dans un regard une étincelle de pitié que Galatea trouva très irritante.

- Alors, c'est toi qui viens m'annoncer la sentence ? Demanda Galatea d'une voix badine. Qu'est-ce que Siena a pu trouver ? L'éviscération ? L'écartèlement ? Le bûcher ?

Mercutio soupira, puis fit signe au garde d'ouvrir.

- Tu es libre.

Galatea se leva, interdite.

- Eh bien, je dois dire que je suis surprise. Siena n'a même pas réclamé le peloton d'exécution ?

- Dis pas de connerie. Jamais Siena ne condamnerai sa sœur à mort.

Galatea leva un sourcil pour exprimer son scepticisme. Elle n'était plus sûre de rien concernant Siena.

- Elle a demandé ton bannissement de la Team Rocket, précisa Mercutio. Mais Tender a intercédé en ta faveur, et comme le Boss n'est pas vraiment fan de la GSR en ce moment, et que ce serait du gâchis de se priver d'un Mélénis, il l'a écouté. Tu restes dans la team, mais tu es déchue de ton grade de l'armée.

- Tant mieux. Je n'aimais pas « Capitaine Crust ». Ça sonnait mal. Mais ça change quoi ?

- Rien. Tu continueras à faire parti de la X-Squad comme si de rien n'était. La seule différence, c'est que tu ne pourras plus commander des soldats réguliers lors de missions hors X-Squad.

Galatea quitta la cellule en faisant la moue.

- Je ne m'en sors pas trop mal, en fin de compte. Je pensais qu'un bleu sur la tronche de Sa Majesté le Colonel de la GSR me vaudrait bien plus.

- Le Boss a étudié les rapports, et même s'il condamne ton geste, il en a conclut que Siena n'aurait pas du menacer de civils.

- Première nouvelle... J'ai tenté de lui expliquer gentiment pourtant, mais tu connais notre sœur, elle a un esprit assez obtus.

- Ecoute, tâche d'éviter Siena pour l'instant et de te faire le moins remarquer possible, fit Mercutio d'un ton sérieux. Le colonel est hors jeu pour le moment, et l'affaire Laurinda a fragilisé son autorité et celle de Tender en même temps que Siena a marqué des points. La X-Squad risque de partir en morceau, alors on va faire profil bas devant la GSR.

- Mais Siena est différente, même toi tu peux le voir non ?! S'insurgea Galatea. Tu as senti sa présence dans le Flux récemment ? On dirait un chaudron bouillonnant de rage et de noirceur prêt à exploser à tout moment. Il faut faire quelque chose tant qu'on le peut encore !

Mercutio secoua la tête.

- Les dirigeants sont en train de planifier le siège de Safrania. Ce sera la dernière bataille de cette guerre. On s'occupera de Siena une fois ça terminé.

- Cher frangin, je n'ose imaginer ce qui risque de se passer si le Boss lâche Siena telle qu'elle est maintenant sur Safrania.

Mercutio ne répondit pas, mais au fond de lui il partageait les mêmes craintes.

- Bon, laissons tomber Siena pour le moment. Il faut d'abord faire quelque chose pour Tuno, qui est au fond du trou en ce moment. Tu n'as qu'à essayer de lui remonter le moral. Tu es douée pour ça.

- Mouais, j'ai qu'à monter un duo comique avec Goldenger et lui sortir mes meilleures blagues... Ou bien tâcher de lui faire oublier Ujianie en lui proposant en rencard ?

- C'est la première chose que tu ais tenté la première fois qu'on l'a rencontré, lui rappela Mercutio.

- Oui, mais maintenant, j'ai cinq ans de plus !

- Lui aussi...


***


Giovanni avait invoqué son état major au complet. Tous ses Agents Spéciaux, sauf bien sûr Lord Judicar dont personne ne savait où il se trouvait en ce moment. Le général en chef Boxtown, tous les autres généraux, certains colonels, la direction du service de renseignement, le commandant de l'Unité du Silence, celui des sbires, et bien sûr, celle de la GSR. Tous étudiaient la carte holographique de la capitale Safrania et de ses environs. Maintenant que la Team Rocket avait pris possession de quasiment tout Kanto, il était temps de lancer le dernier assaut, celui qui allait mettre fin à la guerre : conquérir Safrania et en déloger les Dignitaires une bonne fois pour toute. Mais ça n'allait pas être une partie de plaisir. Si conquérir la province de Kanto avait été aussi simple, c'était que les Dignitaires, en lâches qu'ils étaient, avaient concentré une grande partie de leurs forces autour de leur capitale. Puis au fur et à mesure que les villes tombaient, ils rappelaient les troupes présentes.

Aujourd'hui, les défenses de la ville étaient quasi-imprenables pour un assaut direct. Elle était fortifiée par de gigantesques remparts et canons, avec boucliers énergétiques. Quant à la ville en elle-même, les quartiers intérieurs s'étaient transformés en quartiers militaires. Même si les Rockets parvenaient à causer une brèche, il leur faudrait traverser ce cercle extérieur pour atteindre le centre, et c'était un piège mortel. Et quand bien même ils auraient fait tout ça, le QG des Dignitaires était protégé par la Shaters en personne.

Bref, se lancer tête baisser sur Safrania, même de tout les cotés, ne servirait à rien. Donc, sous les conseils de ses généraux, le Boss avait décrété le blocus de Safrania. Vu que les Rockets contrôlaient la zone tout autour, qui comprenait les villes d'Azuria, Lavanville, Carmin-sur-Mer et la défunte Céladopole, ils pouvaient encercler la capitale sans craindre d'attaque extérieure. Ce serait un siège, long et épuisant, mais à force, Safrania finirait par se rendre, ses habitants affamés. Siena jugeait ce plan avec le plus grand dédain. Elle n'était pas femme à attendre que ses ennemis se rendent. Elle était femme à aller les défier et les tuer !

- Reste le problème des Shadow Hunters, dit l'Agent 006. On peut raisonnablement penser que les Dignitaires les voudront près d'eux durant toute la durée du siège, mais Erend Igeus, qui semble les contrôler officieusement, est quelqu'un d'intelligent. Il ne se privera certainement pas d'un tel atout en les faisant demeurer sur place. Et s'ils tentent une sortie, ils pourront causer de gros dégâts et rompre l'encerclement.

- La X-Squad est là pour s'occuper des Shadow Hunters non ? Demanda l'un des généraux.

Siena grogna son mépris.

- La X-Squad est incapable de gérer un seul Shadow Hunter qu'ils avaient pourtant réussi à capturer. De plus, ma sœur Galatea et son toutou Mélénis se sont montrés extrêmement perturbés par la présence de Trefens, qui, selon leurs dires, se serait éveillé au Flux. Si j'étais vous, je ne compterai pas trop sur eux.

- D'ailleurs, pourquoi le colonel Tuno est-il absent de cette réunion ? Questionna le général en chef Boxtown. On avait bien convié tous les chefs d'équipes et d'unité.

- Tuno a quitté la base, sans que l'on sache où il est allé, dut avouer Tender. La... défection d'Ujianie a été un coup dur pour lui.

- Non content d'intégrer un Shadow Hunter soi-disant reprogrammé dans son unité, il s'est laissé séduire et maintenant fait passer ses sentiments avant son devoir, résuma Siena. Un tel comportement est indigne d'un officier de l'armée Rocket, et plus encore d'un dirigeant d'unité. Monsieur Giovanni, il faudra réfléchir à des possibles sanctions à l'encontre du colonel Tuno.

- Je ne pense pas que ce soit le moment, colonel Crust...

- Si vous laissez passer ça, ça vaudra comme une marque de faiblesse de votre part, lui rétorqua Siena. Certains pourraient même mettre en doute votre capacité à diriger la Team Rocket...

Il y eut un silence abasourdi, durant lequel tout le monde passait son regard du Boss à Siena. Le défi de la part de cette dernière était flagrant. Mais le Boss se contenta de sourire.

- Depuis le premier jour que je gouverne la Team Rocket, j'ai été confronté à bien des gens qui « mettaient en doute ma capacité à diriger », comme vous dites. Vous remarquerez qu'eux ne sont plus là, alors que moi oui. Je sais m'en occuper tout seul. Mais votre sollicitude me touche, colonel Crust.

Il y eut quelques ricanements parmi les fidèles du Boss. Siena encaissa sans broncher, mais au fond d'elle elle fulminait. Comment ose-t-il, ce vieux décher inutile ?! pensait-elle. On va voir s'il saura s'occuper de moi quand le moment viendra ! Horrorscor ricana à sa colère.

- Calme-toi. Il te provoque. Il te pousse à te dévoiler avant l'heure. Mais tu dois patienter. Son temps n'est pas encore venu...

Siena écouta les conseils de son précieux ami et laissa tomber sa colère. Oui, Horrorscor était son ami, l'un des rares qui lui restaient. Il la comprenait bien, et lui donnait toujours d'excellents conseils. Pendant donc que tous ces vieux idiots discutaient du déroulement du siège, Siena elle réfléchissait au moyen qu'elle aurait de conquérir la capitale sans attendre des mois autour. Aucune base n'était imprenable pour elle. Elle l'avait démontré en infiltrant la base de Balthazar Igeus et en détruisant son Canon Jupiter alors que toute la Team Rocket avait jugé que c'était infaisable. Aujourd'hui, alors qu'elle avait Ecleus en sa possession, alors que son pouvoir Futuriste était si développée, il était impensable de laisser à Erend Igeus le plaisir de savoir que ses défenses l'avaient retenue dehors. Non. Elle allait les traverser, les détruire une à une, et prendre la ville à elle seule. Un plan commença à germer dans son esprit tandis qu'elle étudiait la carte de Safrania. Mais pour ce plan, elle aurait besoin... d'une personne en particulier.


***


Erend regarda par la fenêtre de son bureau, du haut du quarante-sixième étage du siège du gouvernement. Safrania s'étendait devant lui, et derrière les remparts, il pouvait voir l'étendue des forces Rockets qui commençaient à mettre en place le blocus. Un plan prudent venant de Giovanni, et prévisible. Mais si Erend pensait bien connaître l'esprit de Siena Crust, il savait qu'elle ne se satisferait pas de cette situation. Elle viendrait l'affronter, car elle était immensément arrogante. Tout comme lui d'ailleurs. C'était pour cela qu'il allait accepter son défi.

- Erend, ton rendez-vous de 18h est là, intervint derrière lui sa fidèle Ladytus.

- Bien. Fais là entrer.

Erend abandonna la vision de la guerre qui avait atteint jusqu'à la capitale pour aller accueillir son invitée. C'était une femme d'une cinquantaine d'année, quoi que très bien entretenue ; on lui en aurait donné vingt de moins. Elle portait un tailleur jaune canari, des cheveux bouclés couleur cuivre, et un regard acéré brillait derrière ses lunettes carrées. Elle s'appelait Tralivi Mogasus, elle était journaliste, et relativement connue à Kanto, pour son habitude de rapporter les scoops toujours en avance, et aussi à cause de son partenaire.

Il flottait derrière elle en ce moment. On aurait dit un petit vaisseau spatial avec deux canons. Sauf que ce n'était pas des canons, mais des aimants, et ce n'était pas un vaisseau spatial, mais un Pokemon. Méga-Magnezone, le seul spécimen connu au monde. Pourquoi le seul ? Car sa Méga-gemme, qui permettait à Magnezone d'évoluer, était pour le moment unique. Travili avait été la seule à dénicher cette Magnezite, et avait refusé des tonnes d'argents de la part des laboratoires scientifiques qui voulaient impatiemment la reproduire. En plus de protéger très efficacement sa dresseuse en zone de guerre durant de périlleux reportage, c'était lui qui se chargeait de la caméra. Travili lui avait intégré dans son œil central, caché à l'intérieur de son corps d'acier, un système d'enregistrement.

Erend n'avait jamais été trop fan des journalistes. Ils lui faisaient l'effet de rapaces fondant sur une proie, sans moralité ni autre but que l'audience, et prêt pour cela à arranger la réalité à leur sauce. Mais cette Travili Mogasus était différente. C'était une journaliste professionnelle mais avec un réel code éthique. Elle était politiquement engagée, mais ne déformait jamais la vérité pour autant. Elle ne mâchait pas ses mots, mais pensait ce qu'elle disait, et disait ce qu'elle pensait. Elle couvrait plusieurs zones sensibles dans le monde, souvent des guerres, au péril de sa vie. Pas pour l'argent ou la gloire, mais parce qu'informer les gens était sa vocation, tout simplement. Une femme admirable.

- Ah, madame Mogasus, fit Erend en lui serrant la main. Merci d'avoir accepté cette invitation.

- Pas de quoi, dit l'autre en haussant les épaules. J'ai pas eu beaucoup l'occasion d'avoir une invitation ici... Oh fait, vraiment charmant votre Pokemon qui parle là. Où je pourrai trouver l'même ?

- Vous aurez du mal, sourit Erend. Ladytus est l'évolution de Babytus, un Pokemon extrêmement rare qui vie dans la Forêt-Monde du Continent Perdu. Et les spécimens capables de parler et d'une intelligence bien supérieure aux autres sont encore plus rares. Si l'envie me prenait de vendre Ladytus, je pourrai bien m'acheter un pays entier.

- Fascinant, admit Travili. Mais vous avez déjà un pays entier pour vous, si je ne m'abuse ?

- Vraiment ? S'amusa Erend. Vous avez jeté un coup d'œil dehors en rentrant ?

- Ouais, et j'espère que les Rockets qui s'occupent du blocus respectent la liberté de déplacement des journalistes, sinon je suis bloquée ici pour un long moment. Alors, pourquoi m'avoir fait venir, Dignitaire Igeus ?

- Un travail, répondit Erend.

- Vraiment ? Vous savez que je suis pro-Rocket, non ?

- Bien sûr, mais quand le talent est là, l'idéologie importe peu. À vrai dire, je...

Le Méga-Magnezone émit un bruit bizarre, comme un cliquetis, avant de faire du surplace non loin du lustre.

- Oh, désolé. C'est juste pour nous signaler qu'on peut parler librement, déclara Travili.

- Comment ça ?

- Méga-Magnezone est équipé d'un système repérant et brouillant les mouchards. Le bruit indique qu'il n'en a repéré aucun dans cette pièce.

- Les Dignitaires ont une forte tendance parano, c'est vrai, mais ils ne s'espionnent pas encore entre eux, dit Erend avec bonne humeur.

- Sans doute. Mais ce sont les habitudes du métier. Vous me comprenez j'espère ?

- Naturellement. Je dois vous exprimer tout d'abord mes compliments pour le reportage que vous avez mené sur la GSR et ses nouvelles méthodes. Pour une pro-Rocket, j'ai trouvé le reportage très critique à l'égard du colonel Crust.

Travili haussa les épaules à nouveau.

- J'apprécie les idéaux de la Team Rocket, mais je ne trouve pas que cette gamine mal fagotée les représente. Dans mon métier, on est habitué à suivre la vie de despotes, et je sais en reconnaître un quand j'en vois un. Cette Crust est bien partie pour détenir le record de mannequin féminin pour armure noire en même temps que celui du plongeon le plus rapide du pays vers le chaos.

- Je suis d'accord. Comprenez-moi bien, madame Mogasus. Je suis devenu Dignitaire par pur hasard, parce que mon père est décédé. Il n'était pas dans mes projets de le remplacer à Kanto. Je souhaitais plus faire partie de la vie politique de la région Bakan, celle de ma mère. Mais j'ai pris la place. Pas pour gagner une guerre que je savais déjà perdue. Pas pour combattre la Team Rocket, dont je respecte l'idéalisme primaire s'il n'est pas entaché de crimes et d'injustices. Non, je suis devenu Dignitaire pour une seule raison.

- Siena Crust, acheva Travili.

Erend hocha la tête.

- Oui. J'ai vite compris que cette femme serait la ruine assurée, à la fois pour la région et pour la Team Rocket. En mon âme et conscience, je ne pouvais pas laisser Kanto sans défense contre elle. Si pour que la paix règne, la Team Rocket doit gouverner sur la région, eh bien soit. Giovanni est un homme raisonnable, cultivé, doué en affaire et un fin politicien. Kanto aurait pu tomber sur pire. J'étais prêt à lui laisser la région. Mais j'ai vu qu'il n'avait aucun espèce de contrôle sur Siena Crust, et qu'inévitablement, la Team Rocket se retrouvera écartelée entre les fidèles de Giovanni et les francs-tireurs de Crust, si ce n'est déjà fait.

- Je partage votre analyse, mais qu'attendez-vous de moi au juste ? Demanda la journaliste.

- Avez-vous déjà renoncé à un sujet à cause de menaces ou de pressions ?

- Jamais.

- Bien. J'aimerai juste que vous continuez quand Kanto sera au main de la Team Rocket. Que vous continuez à montrer aux gens la vérité sur la GSR. Que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour miner son régime et sa réputation. Que les gens soutiennent Crust s'ils veulent, mais je ne veux pas qu'ils le fassent sans tout savoir sur elle.

- Tout savoir... répéta Travili, songeuse.

Elle croisa les jambes sur son siège pour adresser à Erend un sourire inquiétant.

- Et vous, Erend Igeus ? Vous passez pour quelqu'un d'honnête et de moral, ce qui est rare chez les Dignitaires. Votre image est celle de quelqu'un qui s'intéresse au peuple et veut son bien. Mais est-ce que vous aussi, vous cachez des choses ? Comme par exemple... l'origine de la destruction de Céladopole ? Vous avez mis ça sur les épaules de la GSR, mais ça ne colle pas à mon enquête.

Erend retint un sourire. Oui, cette femme était douée. Mortellement douée. Erend avait honte d'utiliser les mêmes méthodes de désinformation que la bande à Crust, mais il ne pouvait pas laisser soupçonner que les Shadow Hunters, habilités par le gouvernement lui-même, soient à l'origine de cette catastrophe. Maudit soit Trefens ! Il lui avait pourtant toujours semblé comme le plus raisonnable de la bande, un homme qui ne tuait pas plus que nécessaire. Et voilà qu'en plus de désobéir à ses ordres, il a entraîné son équipe dans ce massacre à grande échelle... Quand il avait appris cela, Erend avait été à deux doigts d'ordonner à son demi-frère Ithil la destruction totale de la Shaters. Mais il s'était retenu. Ce serait pour bientôt, mais il fallait attendre que la bataille commence et que, si possible, la X-Squad intervienne elle aussi.

- Parfois, une vérité peut faire plus de mal que de bien, répondit prudemment Erend. J'ai appris ça lors de la crise de Bakan il y a cinq ans.

- Un beau merdier que c'était, admit Travili. J'y étais, j'ai filmé tout ça. J'ignorai que vous y étiez aussi.

- Je n'étais qu'un gamin, mais je me suis trouvé impliqué dans quelque chose qui me dépassait. J'y ai appris pas mal de chose qui me serviront beaucoup pour la suite si jamais je survis à cette bataille.

- C'est assez mal barré pour vous, j'dirai, dit Travili sans gène. Crust semble vous haïr. Dès que cette ville sera entre les mains de la Team Rocket, elle exposera sans doute votre tête comme elle a fait pour votre père.

- Oh non, rigola Erend. Si Siena Crust m'attrape, je n'aurai sûrement pas cette chance. Mais je ne suis pas encore vaincu.

Travili le jugea du regard, puis se leva.

- Eh bien, j'vous souhaite bonne chance alors. Vous m'avez l'air de type réglo. Je continuerai à mettre des bâtons dans les roues de la GSR quoi qu'il en soit. Parce que d'une, je n'aime pas Crust, et deux, je méprise l'homme qu'elle a engagé pour monter sa petite propagande, cette ordure d'Esliard. J'espère qu'on se reverra.

- Et moi donc. Merci pour cette charmante conversation.

Quand elle fut partie, suivit de son Méga-Magnezone qui flottait dans les airs, ce fut Ithil qui pénétra dans le bureau, en traversant le mur de gauche. Comme à chaque fois qu'il était en présence de son frère et maître, il retira son masque, puis alla se placer à coté de Ladytus.

- Tu as tout écouté ? Demanda Erend.

- Bien sûr.

- Et qu'en penses-tu ?

- Cette femme me semble servir sa propre conception de la justice avec effort et sincérité. Elle pourrait vous être utile.

- Je le pense aussi. Si tout se passe bien pour nous deux, on se retrouva bientôt dans le même camp. On ne doit pas sous-estimer l'utilité des journalistes. Même Siena Crust l'a compris...

Puis il se tourna vers Ithil.

- Bon, il sera bientôt temps. Tu as bien retenu tous les détails du plan, grand-frère ?

- Oui monsieur. Tout se passera comme vous l'avez décidé.

- Et la partie sur la X-Squad ? C'est tout enregistré ?

- Sans l'ombre d'un oubli.

- Erend, fais confiance à Ithil, intervint Ladytus. Il saura s'occuper de ça, comme toujours. Il est temps de partir.

- Partir... répéta Erend.

Il s'avança vers le seul placard du bureau où il sorti quelque chose. Un fourreau, avec qui dépassait la garde d'une épée.

- Devrai-je partir ? Ou devrai-je me battre ? Cette épée m'a été donnée par ces gens de Cinhol en l'honneur de mon ancêtre. Lui n'est pas parti. Il est resté, et il s'est battu. Suis-je digne de son héritage si je me contente de fuir ?

- Fuir n'est pas renoncer, dit Ladytus. Il existe plusieurs façons de se battre, mon ami.

- Oui. Si j'avais la force et les pouvoirs d'Ithil, je resterai. Mais les faibles comme moi doivent se contenter de se battre avec leur esprit. Siena Crust, elle, se bat à la fois avec son esprit mais aussi avec son corps. Pourrai-je jamais l'égaler ?

- Vous aussi, vous êtes fort, monsieur, intervint Ithil. Et pas seulement d'esprit. Je vous ai vu vous battre. Je vous ai formé au combat.

Erend rigola franchement.

- Oui, je me vois bien gesticuler avec cette épée face à Crust. Sans doute parviendrai-je à la tuer en la rendant morte de rire. Enfin, vous avez raison. Le temps n'est pas encore venu pour qu'Espérance montre sa lueur aux ennemis de la paix. Mais il viendra...

Il tira un peu sur la garde de son épée, laissant apparaître le début d'une lame blanche étincelante d'une lueur surnaturelle.






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Image de Méga-Magnezone :