[Arc I] Chapitre 3 : Étrange Summer
En une fraction de seconde, le Ramboum adverse fut rembarré trois mètres plus loin. Une rage folle m'avait envahie. Aziliz ouvrait des yeux aussi ronds que des billes. J'étais entre elle et le Ramboum, et je grognais sur ce dernier. Il avait été sacrément amoché par le coup que je lui avais infligé. Sans lui laisser le temps de réagir, je fonçai sur lui tête baissée, les crocs en avant. J'entendis son maître crier, mais c'était trop tard : mon attaque Morsure avait touché sa cible, et le Pokémon Grosse Voix tomba à terre, KO. Le dresseur cria quelque chose :
- Sancoki, à toi !
Une petite limace bleue sortie de la balle blanche et rouge du dresseur. Elle avait des oreilles qui formaient une sorte de vague et des... ailerons (?) sortaient de son dos. Le Pokémon avait l'air un peu plus faible que les deux précédant, et c'était tant mieux car nous étions épuisés. Piper, prit d'une soudaine bougeotte, cria « A l'assaut ! » et d'une attaque Tempêteverte parfaitement maîtrisée, le Sancoki adverse fut KO en un coup. Le premier truc qui sorti de ma gueule fut « Non mais il s'est dopé ou quoi ?! », mais le Vipélierre m'expliqua :
- Mais non, c'est juste que Sancoki est un type Eau, mon attaque Plante fait de gros dégâts sur ce genre de Pokémon ! Et encore plus s'il avait évolué, car Tritosor (son évolution, donc) est de type Eau/Sol, je suis donc doublement efficace ! Vois-tu, les...
C'est bon, j'ai perdu le fil de la conversation. Piper n'est pas très bavard habituellement, mais quand il s'agit d'un sujet qui l'intéresse comme la science, on n'en finit plus. Mon regard se posa sur le dresseur, dépité. Il prononça quelque chose que je n'entendis pas, et s'en alla, l'air boudeur.
- Piper, arrête de parler et sort la carte, il faut qu'on emmène Tulipe se faire soigner, et vite, dit Zéphyr d'un ton sec.
Le Pokémon Serpenterbe s'arrêta de déblatérer sur les différents types de Pokémon et sortit la carte de son Sac aux Trésors. Elle était une peu froissée à force d'être sortie, mais on pouvait encore bien la lire. Il la regarda d'un air attentif et la rangea pour finalement nous dire que nous n'étions pas très loin.
- Nous arriverons à Port Yoneuve dans moins de dix minutes si nous gardons le même rythme.
Effectivement, environ huit minutes plus tard, nous arrivions à cette ville nommée Port Yoneuve, par la Route 6, si je ne me trompe pas. C'était la première ville que je voyais. Elle était pleine de charme, ces petites gens qui s'affairaient ça et là, qui rentraient ou sortaient du marcher, des ouvriers chaudement habillées qui se dirigeaient vers les sud de la ville, les pavés beige et ocre qui jonchaient le sol, ce dresseur qui sortait de l'arène... Un dresseur, encore ?! Oh non !
- Vite, cachez-vous, il vient par ici ! criai-je à mes compagnons.
Personne ne comprit, mais ils se cachèrent quand même dans un buisson juste à côté de nous. Le dresseur qui passa à côté avait un drôle d'air : les cheveux longs et verts, un étrange collier suspendu à son cou, une casquette blanche et noire comme son t-shirt et son pantalon. Il marchait d'un pas décidé vers la route d'où notre petit groupe venait. Aucune émotion ne venait perturber son visage, un peu comme Zéphyr. Quoique là, l'anxiété se peignait sur le visage du Dimoret. Une fois que le jeune homme aux cheveux verts nous eûmes dépassé, notre colonie pokémonesque (si ça se dit d'abord) sortie du buisson et entra dans la ville de Port Yoneuve.
- Regardez ce grand bâtiment, peut-être qu'on peut y soigner Tulipe ? lançais-je à tout hasard.
- Malheureusement non, c'est un marché.
Ce que j'avais pris pour un hôpital Pokémon il y a une seconde n'était qu'un marché aux puces. Mais on peut trouver des Potions et toutes sortes de médicaments au marché ! Je répétai cette phrase à mes compagnons de route, et nous entrâmes finalement dans ledit bâtiment.
Il était bondé. Des centaines de personne gigotaient dans tous les sens pour faire leurs emplettes. Des enfants couraient, pleuraient, criaient un peu partout, et leurs parents essayaient tant bien que mal de les calmer.
- Là-bas ! Une herboriste ! cria Piper. Il n'y a personne en plus !
- S'il n'y a personne, c'est qu'il y a un hic avec ses produits, dit Zéphyr, pas très rassuré.
- Peut-être, mais c'est tout ce qu'on a pour le moment, alors on y va.
- Comment ça « C'est tout ce qu'on a » ? Y'a bien un Centre Pokémon, non ? souffla Aziliz, toujours pas très remise de l'attaque Plaquage de Ramboum.
Un grand blanc suivit ces paroles. D'un même pas, notre troupe sortie finalement du marché pour se mettre en quête d'un Centre Pokémon. Je tournai la tête en tous sens, mais rien ne m'apparaissait comme étant un Centre Pokémon. Port Yoneuve paraissait si petite avant d'y entrer. Pour des Pokémon, c'est l'anarchie de se déplacer dans une ville, si petite soit-elle !
Finalement, ne trouvant pas de Centre Pokémon, notre troupe se dirigea vers le sud de la ville, où beaucoup d'ouvriers s'affairaient dans tous les sens. Un petit Pokémon ourson aux différentes teintes de bleu nous remarqua. Il vint vers nous d'un pas pas très... normal, si on peut dire. Comme s'il faisait ses premiers pas.
- Bah dis donc, vous êtes perdus ?
C'était un mâle ; il avait une voix grave pour sa petite taille. Une voix qui inspirait le respect. C'était bizarre d'entendre un son pareil sortir d'une si petite bouche.
- En fait, nous cherchons le Centre Pokémon. expliqua Aziliz.
- Mais vous n'êtes pas au bon endroit ! Ici, c'est le Hangar Frigorifique.
Je tournai la tête vers Zéphyr, qui ne comprit pas non plus où nous nous trouvions.
- Je ne peux pas vous guider jusqu'au Centre, il faut que je rejoigne mon dresseur. Mais je connais quelqu'un qui peut le faire.
Un dresseur ? Comment un Pokémon à l'air si gentil pouvait avoir un dresseur ? Une image me frappa. Lucie. Etait-elle notre dresseuse ? Ou juste une personne ayant notre garde ? Personne dans notre compagnie ne savait réellement d'où il venait. On sait juste qu'on habite au Blog. Le petit ourson bleu me tira de ma rêverie :
- Eh ! Sorbébé ! Il y a là cinq Pokémon qui désireraient aller au Centre ! Tu peux les accompagner ?
Presque aussitôt, un petit Pokémon en forme de glace de couleur bleue et blanche vint à notre rencontre. Il flottait légèrement et un sourire étirait son visage glacial.
- Bien sûr !
Il se tourna vers nous et nous inspecta un par un. Son regard s'arrêta sur Tulipe.
- Oh ! Il faut faire vite ! Suivez-moi.
La glace volante était rapide. Sorbébé était parti en courant. Enfin, il ne courait pas vraiment puisqu'il n'avait pas de jambes. Notre troupe lui couru après, jusqu'à ce qu'il s'arrête enfin devant un grand bâtiment au toit orangé. Comment avons-nous pu ne pas voir cet établissement ? Son toit était tellement flashy qu'on aurait pu le voir à des kilomètres. Le Sorbébé nous expliqua qu'une fois à l'intérieur, nous n'aurions qu'à parler à une femme aux cheveux roses. Elle était gentille d'après lui. J'avais peur de parler à cette humaine. A part Lucie, tous les humains que nous avons vu jusqu'ici étaient assez violents. Remarque, je n'en n'ai vu qu'un, si on ne compte pas ce jeune homme aux cheveux verts. Peut-être qu'ils ne sont pas tous comme ça ? On verra bien.
Notre compagnie entra dans le fameux Centre Pokémon pendant que la glace qui nous avait guidé flottait vers le Hangar Frigorifique. A peine entrés, une dizaine de personnes nous fixa, et leur Pokémon avec. Ils devaient être tous dresseurs. Nous marchions d'un pas tremblant vers le comptoir d'en face, quand une petite fille nous doubla. Elle avait un petit poussin orangé dans les bras. Une dame aux cheveux roses -sûrement celle dont nous a parlé Sorbébé- prit une expression de surprise et regarda un autre Pokémon à ses côtés, qui clama un joyeux « Nanméouie ! » avant de prendre le poussin dans ses bras et de s'en aller avec le Pokémon de la demoiselle dans un couloir éclairé à gauche du comptoir. La petite fille s'assit sur un banc près de la porte où nous nous trouvions. Elle avait des cheveux blonds au carré, portait une veste fermée bleue accompagnée d'un jean plus clair et de baskets noires. Un air triste se peignait sur son visage. Tout d'un coup, Aziliz prit l'initiative d'aller vers la fille, ce qui me surprit. La Feunard s'arrêta au niveau du doux visage de l'humaine. Cette dernière leva la tête, quelque peu surprise de voir un grand Pokémon venir la voir. Sa main se posa sur le museau d'Aziliz, ce qui me fit frissonner. Se faire toucher par un humain, je ne savais pas ce qu'était cette sensation. L'humaine posa sa deuxième main derrière une des oreilles du Feunard, qui ferma les yeux. Aziliz avait l'air d'aimer ça. La fille continuait de caresser Aziliz, jusqu'à ce que celle-ci se retourna et nous fit signe de venir. La fille sembla nous remarquer :
- Ce sont tes amis ?
- Oui, répondit Aziliz.
- Ils ont l'air gentils.
La dos du Feunard se courba.
- Attends... Tu... as comprit ce que j'ai dit ?
- Bien sûr !
Le reste de notre troupe était assez proche pour avoir entendu. Cette fille avait comprit Aziliz. C'était incroyable. Le garçon qui nous a attaqué tout à l'heure ne nous avait pas comprit, enfin, je ne pense pas. Toute notre compagnie se trouvait maintenant au niveau de la petite fille.
- Je m'appelle Summer, et vous ?
Aziliz, toujours un peu surprise, lui répondit en nous montrant un par un :
- Voilà Zéphyr, Piper, Vix, Tulipe et moi, Aziliz.
Summer posa son regard sur Tulipe.
- Il faut aller voir l'infirmière Joëlle !
- C'est ce qu'on a essayé de faire, mais tu nous es passée devant ! Lui rétorqua Zéphyr.
Cette fois-ci, la fillette ne comprit pas. Aziliz était aussi abasourdie que nous tous. Qu'est-ce qui se passait ? Une fille nommée Summer comprenait Aziliz et pas Zéphyr ? Piper essaya de lui parler aussi, mais Summer ne comprit pas. D'accord, elle ne comprend qu'Aziliz, génial. Nous on n'a pas le droit de parler à une fillette assise sur un banc. Non mais c'est quoi cette loi pourrie ? Pendant que je cherchais le pourquoi du comment, Zéphyr parti en direction du comptoir, Tulipe toujours entre ses pattes.
- Eh, machine !
L'infirmière se retourna et regarda le Dimoret et la Floette. Ne posant pas de questions, la femme prit Tulipe dans ses bras et demanda à un dénommé Leveinard de l'emmener dans le même couloir de gauche où le poussin de Summer avait été emmené quelques minutes plus tôt. En parlant du poussin, le Nanméouie revenait avec. Ce dernier avait l'air bien plus en forme que tout à l'heure.
- Poussifeu ! s'écria la fillette.
Son Pokémon couru vers elle, et ils se firent un gros câlin. Ils avaient l'air vraiment complices. On aurait dit qu'ils se connaissaient depuis toujours. Peut-être était-ce le cas. Je regardai Aziliz et lui demandai de répéter ma phrase.
- Demande-lui s'ils se connaissent bien.
- Et « s'il te plaît », t'en fais quoi ?
- Je n'ai pas envie d'employer la politesse avec une fille qui me rembarre tout le temps.
J'avais dit ça d'un ton sec, un ton que je n'employais presque jamais. Aucun son ne sortit de sa bouche (ou plutôt de sa gueule) après ça. Pourquoi avais-je été méchant envers elle ? Je l'aimais, et je ne lui avait jamais manqué de respect. Jamais. La femelle Feunard baissa la tête quelques secondes en voyant que tout notre petit groupe avait assisté à la scène. Mon cœur se serra. Je n'avais pas vraiment eu tort non plus ; ses critiques commençaient franchement à me gonfler. Je ne savais pas comment réagir face aux regards accusateurs de mes amis. Je fis mon mâle très viril : je gonflai le torse et tournai la tête d'un mouvement sec. Piper avait l'air consterné. En même temps, je rappelle qu'il est gay, lui et la virilité, ça fait au moins quarante-douze... Ouais, j'ai plein de clichés comme ça. Summer, ne comprenant que les paroles d'Aziliz, ne savait pas vraiment de quoi il retournait. Aziliz lui posa quand même ma question.
- Sirina et moi ? Non, ça fait à peine une semaine que l'on se connaît. J'ai commencé mon voyage le semaine dernière. Le professeur Keteleeria possède énormément de Pokémon différents ! répondit-elle.
J'ai déjà entendu parler de ce professeur ; il paraît qu'elle propose tout un tas de Pokémon aux nouveaux dresseurs et qu'ils doivent en choisir un.
- Regardez, grâce à ma magnifique Poussifeu, Sirina, j'ai capturé un Chovsourir tout à l'heure. Mike, à toi de jouer !
Le dénommé Mike sortit d'une boule blanche et rouge. Il était petit et volait. On aurait dit un amas de plumes surmonté d'ailes et d'un gros nez. Son unique dent n'arrangeait rien à son physique.
Dimoret sembla s'impatienter.
- Pourquoi c'est si long ? Tulipe n'est toujours pas reven...
Il n'eut pas le temps d'en dire plus. Une énorme explosion se fit entendre. Toutes les personnes présentent dans le Centre Pokémon se baissèrent, touchant terre. Certains dresseurs eurent le temps de rappeler leur Pokémon dans ses balles, mais ce ne fut pas le cas de Sirina et Mike, qui restèrent néanmoins aux côtés de leur dresseuse. Parmi le vacarme et la fumée provoqués par l'explosion, une voix grave se fit entendre.
- Summer, combien de fois t'ai-je dis que tu ne partirais pas en voyage ? On te retrouvera toujours, ma puce.
Elle soupira. Qu'est-ce qui se passait ? Elle avait l'air de connaître cette voix. Ce fut au tour de sa petite voix de résonner dans ce brouhaha.
- J'arrive papa...