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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 19/02/2014 à 09:32
» Dernière mise à jour le 02/09/2017 à 11:33

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 37 : Vérité et ultimatum
Après avoir quitté la capitale, Ad ne revint pas à Crepiten. Elle voulait mettre sa mère en sécurité avant de repartir au combat en toute quiétude, et ce n'était sûrement pas sous les yeux des nobles qui la haïssaient et de ce tordu de Lord Congois que Fastia serait en sécurité. Elle avait donc décidé de l'amener au Temple de la Vie, qui se cachait toujours dans l'espace aérien de Naya, au dessus de la mer. Elle devait y aller pour de nombreuses choses. Amener sa mère, certes, mais aussi revoir Kinan et Kelifa, parler à Archangeos, mettre au point la suite de leur plan concernant Odion, avec tout ce qu'ils avaient appris entre temps sur la Mélodie de Vie, et surtout... surtout aller dire à tante Frilvia que sa fille était retenue par Nathan après leur avoir permit de s'enfuir.

Ad se demandait vaguement si elle cesserait un jour d'avoir ce genre de dettes envers la famille Hugerson. Oncle Elias était mort par sa faute et en tentant de la protéger, après quoi Ad est allée présenter ses excuses à Madison. Puis maintenant, c'est Madison elle-même, qui fut pourtant son ennemie, qui s'était sacrifiée pour elle et sa mère. Et voilà qu'Ad allait à nouveau présenter ses excuses, cette fois à l'irascible tante Frilvia. Que se passera-t-il ensuite ? Frilvia allait-elle se sacrifier pour elle à son tour ? Bien que ce soit peu probable étant donné leur rapport très... glacial.

N'empêche, Ad ne pouvait pas laisser Madison comme ça. Elle avait un devoir envers elle, et ferait tout pour la sauver. Ou au moins, pour venger sa mort, car c'était certain que Nathan avait prévu le pire pour elle. Ad avait conservé auprès d'elle l'Alakazam de Madison, comme pour lui rappeler cette promesse. Peut-être fallait-il accélérer les choses et attaquer les Agents du Chaos directement ? Maintenant qu'ils avaient apparemment toutes les pièces pour faire fonctionner la Mélodie de Vie...

Elles partirent pour le Temple en volant sur trois Pokemon Vol qu'Ad avait attirés grâce au Don. Spyware les accompagnait, car elle était la seule à pouvoir situer le Temple grâce à sa communication mentale avec Kinan, Kelifa ou Spam qui se trouvaient dessus. Ad n'avait pas dit grand-chose à sa mère depuis l'évasion. Elle ne savait pas quoi lui dire. Elles n'avaient jamais vraiment parlé ensemble par le passé. Pourtant, Ad venait juste de prendre conscience que malgré tout, elle tenait à sa mère, et ne voulait pas la perdre. Elle essaierait de se rapprocher d'elle à présent, de tenter de la comprendre... si jamais elle survivait à la guerre. Une des rares choses que Fastia ait dit était qu'elle ne voulait pas la voir retourner au combat. Elle lui avait demandé de se cacher, de quitter la région, car Nathan avait les pires projets à son sujet.

- Ça nous fait au moins ça en commun, avait-elle répondu. Moi aussi, j'ai les pires projets pour lui. Et c'est pour ça qu'il est hors de question que je fuie. Si on ne bat pas Nathan et ses sbires, la région de Naya est foutue.

Puis elle avait regardé sa mère dans les yeux.

- Je suis navrée mère, mais vous devriez vous préparer à perdre l'un de vos enfants, quoi qu'il advienne.

- Nathan est déjà perdu pour moi. Je ne veux pas te perdre toi non plus... Qu'importe si tu me détestes, je le mérite sans doute. J'ai probablement été une mère terrible, et c'est peut-être pour ça que Nathan est devenu ce qu'il est... Mais, Adélie... Tu es tout ce qu'il me reste de Guben. Tu es tout ce qu'il reste de la maison Dialine. Tu as le devoir de vivre, tu m'entends ?

Fastia avait repris ses manières cassantes quand elle prononça cet ordre, mais Ad fut émue. Elle répondit que mourir ne la chauffait pas vraiment. C'était vrai d'ailleurs, mais elle avait comme un mauvais pressentiment sur la suite. Ils avaient fait tout ça au début pour vaincre Odion, mais à présent, la situation allait bien au-delà de ça. Même s'ils parvenaient à tuer Odion grâce à la Mélodie de Vie, Nathan et ses autres Agents du Chaos représentaient une menace bien plus grande. Car Odion était fou, ce qui n'était pas le cas de Nathan. Si Odion s'amusait à provoquer la mort et la destruction autour de lui sans but précis, Nathan lui avait des objectifs concrets sur le long terme, et vu comme il était devenu tordu, valait presque mieux mourir sur le coup par une Déferlante d'Odion que d'expérimenter le chaos que Nathan avait prévu pour Naya.

À l'œil nu, le Temple de la Vie était impossible à détecter, car un bouclier d'invisibilité, créé par les soins de Spam et des techniciens Rockets de Kelifa, le cachait aux yeux et aux radars de tous. Ce fut drôle pour Ad de voler tranquillement sans rien devant elle, quand d'un coup elle traversa le bouclier et se retrouva à quelques mètres d'une minuscule île flottante. De l'avis d'Ad, ça ne ressemblait pas vraiment à un temple : c'était juste un morceau de roche sur lequel étaient posées des colonnes de type antique et l'immense orgue et ses centaines de tuyaux au centre. Mais apparemment, l'intérieur était une vraie fourmilière, de quoi faire une base très valable. Ceux qui avaient bossé dessus d'ailleurs avaient trouvé la place pour y faire rentrer des dizaines de systèmes pour faire de ce Temple autant une arme qu'une forteresse.

Kinan et Spam étaient là pour l'accueillir quand elle se posa. Comme ça faisait un moment qu'Ad n'avait pas vu son ami, elle supporta sans rien dire l'embrassade qui s'en suivit. Contrairement à elle, Kinan était assez démonstratif dans ses émotions. Spyware, elle, ne perdit pas de temps pour aller saluer son ancien Boss. Depuis plus d'un an qu'ils vivaient ensemble, Spyware l'appelait toujours « Monsieur » et le vouvoyait toujours. Pourtant, Ad savait qu'ils avaient dépassé la relation chef-subordonné il y'a un moment.

- Où est Kelifa ? Demanda Ad quand Kinan l'eut enfin lâchée.

- En bas, dans la salle des commandes, répondit Spam. Il faut une équipe nuit et jour pour diriger ce fichu engin. Mais on a pas mal avancé.

- Assez pour se lancer à l'assaut d'Odipolis ?

- Euh... Quand même pas à ce point. L'armement est quasiment au top, mais le bouclier reste instable, et on n'a pas encore toute la puissance qu'on voudrait sur les réacteurs. Pourquoi tant de hâte ? La guerre progresse mal ?

Ad ne pouvait pas lui dire que c'était pour aller secourir Madison. Surtout parce que justement, tante Frilvia venait d'arriver des escaliers qui descendaient dans le temple. À sa vue, la mère d'Ad fut surprise. Madison avait dû lui dire qu'elle était morte dans la catastrophe d'Ultan. Mais le dédain remplaça bien vite l'étonnement. Les deux belles-sœurs n'avaient jamais pu se sentir.

- Tiens, deux Lady Dialine pour le prix d'une, ironisa Frilvia de son ton méprisant qu'Ad se rappelait bien.

Elle dévisagea Fastia avec toute la haine dont elle était capable, puis examina Ad d'une curieuse expression, comme si elle était à la fois fascinée et dégoûtée.

- Ça faisait un moment que je ne t'avais pas vu, toi... Remercie Arceus d'avoir hérité des traits de ton père, bien que tu ne les mérites pas.

Ad n'en pris pas ombrage. Tante Frilvia avait toujours été comme ça avec elle. Du reste, elle était comme ça avec quasiment tout le monde. Ad avait peine à croire que cette femme irascible ait pu être une amie proche de son père. Et surtout, quand elle a fait Madison, elle ne l'a pas manqué. Madison n'avait quasiment rien de son père, mais tout le physique et le caractère de sa mère.

- Tante Frilvia, heureuse de vous revoir aussi, dit Ad. On m'a dit que, par vos informations, vous nous avez beaucoup aidé. Je vous en remercie.

- Tout le monde ici semblait ignorer des choses des plus évidentes... Ça m'a fait tellement pitié qu'un groupe si ignare puisse prétendre vouloir sauver le monde que j'ai dû intervenir.

- Bien sûr... Euh, Kinan, Spam, Spyware, si vous pouviez faire visiter à ma mère... Elle va rester ici un bout de temps.

Comprenant qu'Ad désirait rester seule avec Frilvia, bien que n'en saisissant pas la raison, Kinan obtempéra et amena Fastia avec les autres, laissant seules entre les colonnes de l'orgue Ad et Frilvia. Cette dernière la regarda avec suspicion. Ad affronta son regard et lui raconta tout à propos de sa fille. Frilvia écouta jusqu'au bout sans rien montrer de ses émotions.

- Je sais que j'ai une dette envers elle, insista Ad. Une double dette en fait, car je n'ai toujours pas remboursé le sacrifice d'oncle Elias... Mais sans le Temple, il m'est impossible d'aller la secourir maintenant, je suis désolée, tante Frilvia. On ne pourra attaquer Odipolis avec toute l'armée rebelle que lorsque le Temple de la Vie sera prêt.

Frilvia garda le silence, les yeux dans le vague, puis dit :

- Tu dois la sauver.

- Je sais que je le dois, mais...

- Non, tu ne comprends pas, petite idiote ! Coupa Frilvia. Tu dois la sauver. Pas pour moi, ni pour elle, ni pour Elias, mais parce qu'elle est ce qu'elle est.

- Que voulez-vous dire ?

Frilvia hésita, regarda autour d'elle, puis murmura :

- C'est ta demi-sœur. Elle n'est pas la fille d'Elias, mais celle de Guben.


***


Un conseil des nobles avait été réuni de toute urgence. Quand Narek arriva, tout le monde était agité. Il ignorait pourquoi, car il se trouvait alors en pleine négociation avec la région voisine de Sinnoh. De toute évidence, il s'était passé quelque chose de grave, car son père, Lord Robeos Congois en personne, présidait le conseil, chose qu'il ne faisait jamais. Narek alla s'asseoir à coté de son ami Baylan Mornetto.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il.

- Sans doute le tournant de la guerre, répondit le jeune noble d'un ton sombre.

Quand tout le monde fut installé, Lord Congois se leva péniblement pour réclamer le silence. Narek ne vit nulle trace de Lady Dialine et de ses Gardiens.

- Il y a maintenant deux heures, nous avons été piratés par le Triumvirat, commença Robeos. Ils ne nous ont rien pris ni envoyé de virus ou autre. Seulement une vidéo, que je vous invite à regarder.

Lord Congois activa d'une télécommande l'écran géant accroché au plafond. La vidéo montrait une ville. Elle semblait paisible. C'était un jour de marché. Les gens étaient dehors avec de nombreux Pokemon. Ils parlaient, riaient, comme si la guerre qui déchirait la région depuis un an n'existait pas ici. Ce qui était peut-être le cas.

- D'où viennent ces images ? Demanda Lord Luklon.

- Nous avons confirmation qu'il s'agit de Bonnepal, répondit Robeos.

Bonnepal... Pas étonnant que les gens y soient aussi insouciants. C'était un petit village tout au sud de Naya, d'une importance si faible que ni le Triumvirat ni les rebelles n'avaient tenté d'en prendre le contrôle. Il n'avait rien d'exceptionnel, si ce n'était qu'il était généralement le point de départ des dresseurs de la région, car le professeur Pokemon local habitait ici et chaque année distribuait leurs premiers Pokemon aux jeunes dresseurs qui débutaient.

Pendant deux minutes, il ne se passa rien. Puis tout d'un coup, il y eu un bruit étrange. Les gens de la vidéo tournèrent le regard vers quelque chose qu'on ne put voir à l'écran. Leur visage prit un air curieux, surpris, puis enfin effrayé. Le bruit gagna en puissance, et alors, une espèce de vague noire envahit l'écran, balayant tout sur son passage. C'est du moins ce qu'il semblait, car tous les habitants et Pokemon tombèrent à l'instant, et les plantes se ratatinèrent en quelques secondes. Toutes les maisons et construction étaient debout, sans dommage, mais une chose était certaine : tout le monde sur la vidéo était mort. Le visage du Premier Triumvir vint remplacer cette scène d'horreur.

- Chers nobles qui vous êtes dressés contre le pouvoir légitime du Triumvirat, commença Nathan Dialine. Ce que vous avez pu voir s'est passé il y a quelques instants. L'annihilation de tout un village, Bonnepal, par une arme de mon invention.

La vidéo montra alors une sorte de canon géant noir installé sur le toit du siège du Triumvirat à Odipolis. En guise de viseur, il avait une boule dans laquelle se trouvait un homme. Narek le reconnut grâce aux descriptions qu'en avaient fait les Gardiens de l'Harmonie. Les cheveux noirs et longs, les yeux gris, et la robe noire... Ça ne pouvait être qu'Odion, le Prince des Ténèbres.

- Je l'ai nommée le Cibleur Mortel, reprit la voix de Nathan Dialine. C'est le fruit d'une technologie poussée qui fonctionne grâce à l'assistance d'un ami à moi. Il peut atteindre n'importe quelle cible dans toute la région, et chacun de ses coups annihile la vie à des kilomètres à la ronde. Ses munitions sont illimitées, car elles ne dépendent que des pouvoirs de mon ami. Mais chaque tir a un besoin massif de ces pouvoirs, et il lui faut un délai minimal d'une journée pour récupérer et tirer une nouvelle fois. Vous vous demandez pourquoi je vous dis tout cela ? N'ayez crainte, je ne mens pas. C'est la pure vérité. Mais je vous la dis quand même, pour que vos esprits s'imprègnent de cette certitude : vous n'avez aucun moyen de m'empêcher de tirer à nouveau. J'ai fait replier la quasi-totalité de mes forces à Odipolis. La capitale est devenue une véritable forteresse, elle est imprenable. Mon Cibleur Mortel restera protégé. Vous êtes totalement impuissants, désormais.

Nathan fit une courte pause, comme pour laisser aux nobles le temps de digérer la nouvelle et d'être submergés par le désespoir.

- Vous vous demandez peut-être pourquoi j'ai pris Bonnepal pour cible alors que j'aurai pu viser directement Crepiten, là où vous vous trouvez ? La raison est simple : Bonnepal et ses habitants ne m'étaient d'aucun intérêt, et j'avais besoin de vous faire une démonstration. En revanche, je ne désire pas encore totalement vous anéantir, vous les nobles. Je vous offre donc une dernière chance. Rendez-vous, et soumettez-vous à moi. Je veux que vous me livriez Adélie Dialine et les autres Gardiens. Je sais qu'ils vous ont rejoint. Si je n'en ai pas au moins un devant moi dans vingt quatre heures, j'exterminerai une autre ville, cette fois plus proche des rebelles. Et je recommencerai chaque vingt quatre heures, jusqu'à ce que Crepiten soit le dernier bastion vivant des rebelles ou que j'aie les Gardiens en mon pouvoir. Vous pouvez toujours montrer cette vidéo à la population, mais ça ne vous servira à rien, car je n'en ai plus rien à faire de la populace. Elle sera soumise au même choix que vous : m'obéir, ou m...

Tout le monde sursauta ou fit un bond sur sa chaise quand l'écran explosa, une flèche lumineuse ayant percé le visage de Nathan Dialine. Tout le monde se retourna pour voir Adélie Dialine, entourée de plusieurs de ses Gardiens, qui venaient d'entrer. Narek fut saisi d'un tremblement. Ce regard dans les yeux de Dialine... il était encore plus terrible que celui de Nathan.

- Quand nous avons senti dans le Don cette catastrophe à Bonnepal, nous avons été vérifier, commença Lady Dialine en tournant autour de la table du conseil. Ce n'est pas un trucage. Tout comme à Cancrania, la ville a été purgée de tous ses êtres vivants. Nathan a décidé de s'en prendre aux innocents pour atteindre ses objectifs. Nous ne pouvons le laisser continuer. Nous avons besoin de tous les hommes que vous avez de disponibles, et même de vous tous.

Narek put presque sentir la tension monter d'un cran.

- Euh... Puis-je vous demander pourquoi, Lady Dialine ? Demanda l'un des nobles.

Adélie le regarda comme si c'était un demeuré.

- Pour lancer tout ce que nous pouvons sur la capitale, et arrêter Nathan avant qu'il ne se serve à nouveau de son abomination !

Un grand silence accueillit ses propos, jusqu'à que le père de Narek dise :

- Vous avez entendu votre frère, Lady Dialine ? Il a ramené toutes ses armées pour défendre Odipolis, quitte à perdre toutes les autres villes. Contre de pareilles défenses, il convient de réfléchir à... d'autres options.

- D'autres options ? Répéta Adélie, furibonde.

Au regard que Narek échangea avec son prédécesseur, le Maître Balterik, qui se trouvait aux côtés d'Ad, les deux hommes surent que ça allait bientôt dégénérer.

- Peut-être que par là vous entendez céder au chantage de cette ordure, nous arrêter mes compagnons et moi et vous prosterner la queue entre les jambes tandis que Nathan sera libre de continuer à massacrer qui il veut quand il veut ?!

- Lady Dialine... tenta d'intervenir Narek.

- Nous ne pouvons prendre Odipolis, rétorqua Lord Luklon.

- Bien sûr que si ! Nous avons gagné à Tardsho alors que vous n'aviez aucun espoir ! Nous avons pris plusieurs villes à Nathan alors que vous pensiez que ce n'était que folie ! Pourquoi pensez-vous que Nathan ait sorti son gros jouet maintenant ? Il est désespéré, il ne sait plus quoi faire contre les Gardiens. Alors il utilise son arme la plus efficace : la peur. Et je constate que sur vous, elle marche sans doute au-delà de ses espérances...

Avant que plusieurs nobles n'aient pu répliquer à cette insulte, Narek se leva.

- Lady Dialine, je vous en prie, sortons un moment pour parler.

Adélie le suivit non sans avoir lancé un dernier regard de pur mépris à l'assemblée des nobles, qui le lui rendirent avec les intérêts. Seul Robeos Congois la regardait avec réflexion. Dès qu'ils eurent quitté la salle et refermé la porte derrière eux, Narek commença d'un ton suppliant.

- Je vous en prie, Lady Dialine, ne poursuivez pas sur cette voie... Vous êtes finie si vous vous mettez les nobles à dos maintenant.

- Vous croyez que vos vieux gâteux m'inquiètent plus que ce que Nathan et Odion comptent faire ? Si c'est le cas, alors vous êtes aussi fou et égocentrique qu'eux !

- Vous êtes allé plus loin qu'aucun de nous n'aurait pu le faire, j'en suis conscient, et les nobles aussi. Mais contre ce qui nous attend à Odipolis... Toute l'armée du Triumvirat, ses Inhumains et leurs milliers de Pokemon sous contrôle. Sans compter Odion, ce Cibleur Mortel et les autres Agents du Chaos.

- Les Gardiens aussi ont des cartes à jouer. Des cartes que Nathan ignore encore.

- Quand bien même, contre ces forces...

Adélie poussa un tel rugissement que Narek crut qu'elle allait lui sauter dessus pour l'attaquer.

- Mais vous ne comprenez pas ?! C'est notre dernière chance, notre dernière bataille ! Si vous vous rendez avant d'avoir essayé, toute votre vie, vous resterez à lécher les pompes de Nathan ! Pour l'amour d'Arceus Narek, vous n'êtes pas un idiot ! Vous êtes le seul ici qui a un tant soi peu de bon sens et de courage. Le peuple vous connait et vous respecte. S'il vous voit demain à mes côtés, qu'importe ce que les nobles pourront décider ou dire. Nous aurons une armée unie qui pourra rivaliser avec tout ce que Nathan pourra envoyer.

Narek était comme paralysé par ce qu'il voyait dans le regard de la jeune femme. Une telle conviction, une telle force d'âme... Ça lui donna de la force, et envie de croire à ses paroles, lui qui n'avait toujours vécu que dans le fatalisme passif de ses pairs nobles. Pourtant, il restait un problème.

- Ce n'est pas moi qui dirige ma famille, mais mon père. C'est lui que les nobles écouteront...

- Je vous ai dit que les nobles n'avaient aucune espèce d'importance ! Maître Narek, vous êtes un dresseur d'élite. Dites-moi, pourquoi vos Pokemon se battent-ils pour vous ?

La question dérouta Narek.

- Eh bien... Parce qu'ils sont mes Pokemon, bien sûr.

- J'ai déjà vu pas mal de dresseurs dont les Pokemon n'obéissaient pas. Vous, vous êtes Maître de la région. Grâce à votre talent et votre sens tactique bien sûr, mais pas seulement, n'est-ce pas ? Parce que vos Pokemon donnent le meilleur pour vous.

- Oui, sans doute, mais...

- Et pourquoi font-ils ça ? Est-ce à cause de votre nom ? De votre titre de Maître ? Moi je crois que c'est parce qu'ils respectent votre force. C'est pareil avec les soldats. C'est le courage qu'ils suivent, pas les titres de noblesse.

Adélie lui tendit alors la main.

- Aidez-moi. Aidez la région Naya. Aidez-vous vous-même ! Si nous laissons passer cette occasion, ce sera fini, et Nathan aura gagné !

Encore ce regard, cette force dans la voix... Comme s'il avait été envoûté par le Don d'Adélie, Narek ne put que serrer la main qu'elle lui tendait.

- Demain, nous serons côte à côte, dit Narek. Je vous le promets.

Adélie le regarda avec reconnaissance, puis s'en fut à toute allure, bientôt suivie par les autres Gardiens. Au fond de lui, malgré les risques, Narek savait qu'il avait pris la bonne décision. Il n'y avait que cette fille pour les faire gagner. Il décida de ne pas revenir dans la salle du conseil, où les nobles devaient être en train de débattre sur quelques sujets futiles. Il se rendit plutôt dans sa chambre, pour se préparer, lui et ses Pokemon. Mais alors, il tomba sur son père, qui l'attendait assis sur son lit.

- Père ?

- Je savais que tu viendrais ici après ton entrevue avec la fille Dialine, sourit Lord Congois. Tu es si transparent, mon fils, que ça en devient inquiétant.

- J'ai décidé de me battre avec les Gardiens, déclara Narek avec force.

- Oui, ça, je l'avais compris avant même que tu n'aies quitté la salle du conseil avec cette fille. Toujours tes convictions personnelles, et jamais le bon sens et l'intérêt à long terme...

- Qu'avez-vous prévu de faire ?

- Mais je vais te le dire. Et te dire aussi ce que toi, tu devras faire.

Et Robeos le lui dit. Narek en fut horrifié.

- C'est... c'est impossible... Je ne saurais...

- Tu feras ce qui est nécessaire pour notre maison, Narek, coupa Robeos. Te battre aux côtés de cette folle idéaliste causera ta perte, mais aussi celle de notre famille. Je ne peux l'accepter.

- J'ai donné ma parole, fit piteusement Narek. Je lui ai promis...

- Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, sourit Lord Congois.