Entre infini et au-delà de Cyrlight

The monster - Rihanna et Eminem


- Je répète une dernière fois : Tina, tu ne me quittes pas d'un pouce, sauf si je t'en donne l'ordre, ou en cas d'attaque, auquel cas tu fais le maximum pour rester avec Sandra. Si jamais l'une de vous deux s'égare pour quelque raison que ce soit et qu'elle ne parvient pas à recoller dans la minute qui suit, elle s'arrange pour quitter le bâtiment sans se faire remarquer. Même si vous voyez quoi que ce soit de suspect, surtout ne vous agitez pas. Pour une fois, ce n'est pas un passage en force qu'il faut faire, mais une entrée en finesse. Nous devons tabler sur la discrétion pour ne pas alerter l'ensemble des sbires Galaxie qui sont potentiellement présents dans le bâtiment. D'accord ?

Cassy regarda avec fermeté ses acolytes qui acquiescèrent d'un signe de tête. La porteuse du glyphe électrique se trouvait avec elle sur le dos de Dracolosse. La Championne volait à côté d'elles, à califourchon sur son Dracaufeu.

- Et si nous tombons sur ton cousin ? demanda l'enfant d'une voix innocente.
- Je n'ai plus de cousin. A présent, nous le considérerons comme un membre à part entière de l'organisation, à l'instar de tous les autres. C'est ici, nous descendons.

Leurs montures étendirent leurs ailes pour se laisser planer jusqu'au-dessus de la ville de Vestigion. Le QG était identique à ses souvenirs, bien qu'elle n'y soit pas venue depuis des mois de cela. En apparence, il semblait inoccupée, mais elle savait que cela ne voulait rien dire, malgré les grands rideaux de fer qui en condamnaient les divers accès.

- Nous allons nous poser sur le toit. Je sais qu'il y a un conduit de ventilation suffisamment large pour nous permettre de pénétrer à l'intérieur.
- Ne crois-tu pas qu'ils aient des capteurs ? suggéra la dracologue avec un grimace.
- Cela reste toujours plus discret que de défoncer la porte avec une attaque Casse-Brique. C'est un risque à courir.

Elles sautèrent de leur dragon pour atterrir en souplesse sur le toit du bâtiment. Elles n'émirent quasiment pas le moindre bruit à la réception, pas plus qu'en rappelant les pokémon dans leur ball respective.

- Je passe devant, déclara la jeune femme, déterminée. Si jamais il se produisait quelque chose de... Disons pour faire simple de relativement fâcheux, vous faites immédiatement demi-tour.
- Mais...
- Tina, ne discute pas. La mission est déjà assez dangereuse en elle-même.

Elles se mirent à quatre pattes pour avancer, car debout, elles auraient été repérables à des lieux à la ronde. Heureusement, elles ne se trouvaient pas loin du large tuyau évoqué par la dresseuse. Les vis qui retenaient la grille protectrice cédèrent lorsqu'elle tira dessus afin d'en libérer l'accès.

Elle fut la première à se faufiler à l'intérieur. Le conduit formait une pente sinueuse et elle dut appuyer avec force sur les parois en métal pour ne pas glisser tout le long, d'autant qu'elle ignorait encore où il allait les conduire.

L'axe redevint horizontale après qu'elle soit descendue sur plusieurs mètres. Elle continua sa progression à genoux. Les claquements derrière elle indiquaient que ses partenaires la suivaient toujours.

Elle arriva à hauteur d'une nouvelle grille, mais ne s'arrêta pas. Un seul regard en contrebas lui permit de découvrir qu'il s'agissait de la bibliothèque, autrement dit la pièce la plus sécurisée de tout le complexe. Elle poursuivit donc son chemin jusqu'à trouver une autre issue, qui les mena pour celle-ci dans un couloir.

- Penses-tu vraiment que la Team Galaxie ait réinvesti cet endroit ? murmura Sandra à son oreille tandis qu'elles aidaient Tina à se couler hors du tuyau sans faire de bruit.
- Je n'en ai pas la moindre idée, mais je préférerais ne pas avoir à vérifier. Maintenant, j'ai besoin d'un point de repère, même si je crois savoir à peu près où nous sommes.

Elles suivirent le corridor presque plongé dans les ténèbres. Seuls quelques lumières grésillantes au plafond, à intervalles irréguliers, leur permettaient de regarder où elles mettaient les pieds.

- Oui, voilà, c'est cela. Nous sommes dans la partie habitation du QG.
- C'est ici que tu vivais avant de nous rejoindre ? s'enquit l'adolescente avec curiosité.
- Hum... Oui.
- C'était quelle chambre ?
- Chut ! intima Sandra en voyant que la conversation rendait leur meneuse mal à l'aise.
- Si mes souvenirs sont bons... Voilà, exactement, nous devons arriver devant le grand salon. Malheureusement, je n'ai pas de passe magnétique pour déverrouiller les portes, alors il va nous falloir faire le tour.

Elles s'apprêtaient à disparaître dans l'angle formé par le couloir lorsqu'un battant coulissa. Elles se retournèrent tout en se jetant à couvert tandis que deux hommes en uniformes sortaient de la pièce devant laquelle elles venaient de passer. Ils riaient aux éclats, une tasse de café à la main.

- Cela répond à votre question ? s'enquit Cassy à l'intention de la dracologue qui se contenta de hocher la tête. Remettons-nous en route. Nous ferions mieux de ne pas traîner ici.

Prudemment, elles continuèrent à avancer, mais sur la pointe des pieds, à présent. Elles ne firent pas d'autres mauvaises rencontres, à leur grand soulagement. Arrivées devant une nouvelle porte électronique, la jeune femme leur indiqua qu'elles se trouvaient à présent au bon endroit.

- Comment allons-nous entrer, sans carte ?
- Je réfléchis à la question.

Elle n'eut pas à se la poser bien longtemps, car celle-ci s'ouvrit aussitôt. Un homme en sortit, avec lequel elle se souvenait avoir travaillé autrefois, bien qu'elle ait oublié son nom. Par réflexe, elles se tapirent de chaque côté de l'ouverture. Il ne les remarqua pas immédiatement et lorsqu'il sentit enfin leur présence, la dresseuse l'assommait déjà d'un coup violent porté aux cervicales.

Elle attrapa son badge qu'il venait de glisser dans la poche de sa blouse blanche et le fit tourner entre ses doigts en essayant de mettre au point un nouveau plan. Finalement, elle se tourna vers Tina pour murmurer avec autorité.

- Je vais déverrouiller la porte. Tu n'attendras pas qu'elle se soit complètement ouverte pour te glisser à l'intérieur à l'aide de ton pouvoir de vitesse. Je veux que tu mettes hors d'état de nuire toutes les personnes présentes dans ce laboratoire, et ce avant qu'elles n'aient eu l'occasion de comprendre ce qui leur arrivait, d'accord ?

L'enfant acquiesça d'un signe de tête et Cassy enfonça le passe magnétique dans la fente prévue à cet effet. L'appareil émit un bip sonore, pendant que la lumière rouge de la diode virait au vert. Le battant coulissa lentement.

Elle n'eut même pas besoin de donner le signal à son amie pour que celle-ci s'élance. Elle partit en courant, presque invisible, ne laissant dans son sillage qu'une traînée de jaune, soit la couleur de sa combinaison rendue floue par son allure insaisissable. Sandra resta aux côtés de la meneuse, chacune gardant la main rivée sur une pokéball au cas où la situation ne tourne mal.

Seuls deux scientifiques étaient présents dans la salle à la blancheur si immaculée qu'elle en devenait presque éblouissante. Comme la dresseuse quelques secondes auparavant, elle eut raison de la femme en la frappant à la nuque. L'homme, toutefois, fut plus résistant. Elle dut le cogner à plusieurs reprises, mais il continua de se débattre. Au final, elle se contenta de prendre de l'élan pour le pousser contre le mur, dans lequel son crâne laissa un impact sous la violence du choc.

Elle revint ensuite vers la porte, en direction de ses acolytes, mais cette fois à une vitesse plus modérée, afin d'économiser la réserve d'énergie de ses gants. L'effort la rendait un peu haletante, mais elle s'en remettrait vite. Elle leur fit signe d'entrée. Cassy ne perdit pas une seconde pour se diriger vers l'immense coffre-fort à la porte blindée.

- C'est ici que tu es venue la dernière fois ? Comment as-tu fait pour l'ouvrir ?
- Ce n'était pas moi, mais Sylvain. Ses pouvoirs le lui permettent. En attendant, je n'ai pas le temps de craquer des millions de codes. Il va falloir le forcer, mais j'ignore de quelle façon m'y prendre. Je ne suis pas sur que le souffle du dragon suffise à avoir raison d'un titane aussi épais.

La jeune femme s'approcha de la protection massive afin de l'étudier sous toutes les coutures. Elle cherchait une faille, mais n'en trouva aucune. Elle ne serait pas assez puissante pour balayer cela d'une seule attaque. Peut-être à force d'insistance y parviendrait-elle, cependant une unique salve de son pouvoir alerterait déjà l'intégralité du bâtiment.

Elle se retourna vers les deux autres qui patientaient, immobiles, dans son dos, lorsqu'un couinement étouffée leur parvint. Il semblait provenir de la pièce voisine, une minuscule anti-chambre qui, si la dresseuse se souvenait bien, servait aux chercheurs pour stocker leur matériel.

Elle interrogea ses amies du regard, mais apparemment elles n'avaient rien entendu. Le bruit fut répété, plus fort, cette fois-ci. Elles prirent alors une expression horrifiée en identifiant le timbre bâillonné.

- Chloé ! s'écrièrent-elles en choeur.

Tina fut la première à arriver devant la porte, cependant elle dut attendre que Cassy la rejoigne car elle détenait toujours le passe magnétique. Elle actionna le mécanisme et celui-ci se mit en mouvement pour libérer l'ouverture. L'adolescente dut détourner le regard, tandis que même la porteuse du glyphe dragon réprimait une grimace de dégoût.

Leur consoeur se trouvait bien là, mais dans un sale état. Elle était retenue en position allongée sur une sorte de siège médicale, auquel des sangles en cuir épais la maintenait attachée. Un morceau de ruban adhésif gris, à moitié collé dans ses cheveux, l'empêchait de parler. Une palette d'instruments divers, digne de ceux que Sven transportait toujours avec lui, était posée sur une table, à hauteur de sa tête.

La scène ne fut pas le pire à regarder, cependant, contrairement au corps de la nageuse. Brûlé par endroit, tailladé à d'autre, elle semblait avoir subi les pires traitements. Les Gijinkas travaillaient donc pour la Team Galaxie, et eux-mêmes avaient décidé de la torturer.

- Chloé, surtout, ne bouge pas. Nous allons te libérer !

Tina s'approcha d'elle pour tirer sur les sangles, mais celles-ci tinrent bon. Elle s'empara d'un long couteau effilé dont elle comptait user pour les trancher. Cassy allait venir lui offrir son aide lorsqu'un bruit sourd l'obligea à se retourner, juste après que la porteuse du glyphe eau ait écarquillé les yeux d'effroi.

Le corps de Sandra gisait, inconscient, dans l'encadrement de la porte. A sa place se tenait une silhouette, dont elle ne distinguait pas les traits, dissimulés par le contre-jour. Une voix teintée d'un ricanement mauvais déclara :

- Si j'étais vous, je ne compterais pas trop là-dessus.