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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/01/2014 à 09:40
» Dernière mise à jour le 15/06/2018 à 23:22

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 215 : Chant de mort
Ithil marchait d'un pas lent à travers les ruelles malfamées de la zone industrielle de Céladopole. Cette dernière était la ville la plus criminalisée de tout Kanto, à cause d'une mafia souterraine alimentée par la Team Rocket. La corruption y régnait en maître, d'autant que le maire, Gédéon Hovor, recevait de la part de la Team Rocket des dessous de table quotidien. En clair, même si l'armée gouvernementale tenait toujours Céladopole, la ville appartenait déjà à la Team Rocket. Si elle décidait de lancer un assaut - ce qui ne saurait tarder, selon l'avis d'Erend - elle s'emparerait de la ville sans le moindre mal, et serait même aidé par la moitié des autorités locales. Même la population était favorable à la Team Rocket.

Il fallait dire que ce n'était pas l'économie des Dignitaires qui faisait vivre les gens ici, mais bien celle des Rockets. Une situation absurde. Ithil ne pouvait en vouloir aux civils de tourner le dos aux Dignitaires, mais ils renonçaient donc à la justice. Et la justice, c'était la composante essentielle d'une société en paix. Ainsi donc, sur demande d'Erend et sur ordre du nouveau chef de la Shaters, Ithil était aujourd'hui à Céladopole. Pour y faire appliquer la justice des ombres.

Mais il commençait en avoir assez des Shadow Hunters. Il les méprisait, tous autant qu'ils sont. Le mot "justice" n'avait aucune signification pour eux. Ils ne regardaient que l'argent et leur propre réputation. Mais bon, c'était un ordre d'Erend que de s'infiltrer dans la Shaters à son service. Et Ithil ne vivait que pour servir son demi-frère, le réel détenteur de la vraie justice. Mais si Ithil n'aimait pas tuer, il devait confesser que ça ne le chagrinerait pas outre mesure quand Erend lui ordonnerait inévitablement de détruire la Shaters.

Le lieu de rendez-vous était un immeuble désaffecté, en ruine et laissé à l'abandon. Ils étaient déjà tous là, tendus et énervés. Il faut dire qu'Ithil n'était pas en avance. Mais ça lui plaisait de mettre à l'épreuve la patience de ces gens. Surtout qu'ils étaient tous plus ou moins maussades suite à la mort de leur ancien chef, Dazen. Une bonne chose qu'il ne soit plus là, lui. Il aurait été dangereux pour Ithil. Sauf qu'à présent, il avait été remplacé par quelqu'un de plus dangereux encore. Kenda se leva le premier alors qu'il était en train d'aiguiser son poignard.

- T'es enfin là, enfoiré !

- On t'attend depuis deux heures, gné, lui reprocha Two-Goldguns.

Ithil ne répondit rien. Il contempla plutôt les lieux. Les Shadow Hunters étaient mal à l'aise, et ça se comprenait. Tout autour d'eux, des débris de pierres et de ciment flottaient dans les airs, se désintégrant peu à peu. Ithil ne pouvait pas la sentir, car il était G-Man, mais une pression glaciale imprégnait les lieux. Une pression née du Flux, que tout le monde sauf les G-Man pouvait sentir. Car les Shadow Hunters ne devaient plus porter leur morceau d'Ysalry en présence du nouveau chef.

- Chef, on est tous là, indiqua Lilura à la personne qui était le centre de cette dépression de Flux.

Trefens, nouveau dirigeant de la Shaters, se leva, et tous les débris retombèrent aussitôt. L'aura néfaste qui se dégageait de Trefens était grise, brumeuse, et tout ce qui avait le malheur d'être à moins de quatre mètres de lui, que ce soit des êtres vivants ou des objets, perdait peu à peu sa structure, jusqu'à se désintégrer totalement. C'est ainsi que les Shadow Hunters se tenaient à une distance respectable de leur chef. De toute façon, même l'Ysalry ne protégeait pas contre son pouvoir. C'était du Flux, certes, mais un Flux différent. Trefens lui aussi était différent depuis la mort de Dazen, autrement dit depuis que sa colère l'avait pleinement ouvert au Flux. Ce fut une surprise pour tout le monde, et Erend l'a immédiatement bombardé chef de la Shaters. Il pensait pouvoir mieux le contrôler que Dazen, mais Ithil en doutait à présent. Trefens était devenu... glacial. Une espèce de trou noir qui aspirait la chaleur et n'en faisait ressortir que le désespoir.

- Le Dignitaire Igeus s'attend à voir les Rockets débarquer d'un moment à l'autre à Céladopole, commença Trefens. La Team Rocket n'attaquera pas Safrania tant que Céladopole ne sera pas totalement à elle. Nous sommes donc là pour accueillir les Rockets quand ils viendront. Ce sont les ordres d'Igeus. Mais nous n'allons pas les suivre.

Tout le monde le regarda, étonné. Trefens n'était pas du genre à désobéir aux ordres pourtant.

- Céladopole est gangrénée par la Team Rocket du début à la source, reprit-il, méprisant. Cette ville ne peut être sauvée, pas plus que ses habitants. Nous devons la purger pour la reconstruire ensuite.

Kenda se mit à sourire.

- J'aime ce mot. Purger... Nous allons donc mettre à feu et à sang les quartiers de la ville qui sont pro-Rockets ? Hein ? Hein ?

- Nous n'avons pas besoin d'aller jusque-là, dit Lilura. Il nous suffit de tuer le maire qui est un pion des Rockets et les cadres corrompus.

- Une purge ciblée, déclara Od. C'est d'une telle beauté.

- Pas de cible, réfuta Trefens. Notre cible, c'est la ville entière. Pas seulement ses quartiers pro-Rockets ou ses dirigeants corrompus. Elle doit entièrement brûler, pour détruire au plus profond les racines de la Team Rocket qui l'infectent !

Cette fois, même Kenda fut choqué.

- La... ville entière ? Balbutia Two-Goldguns. Mais... et tous les habitants ? Tous ne sont pas des pro-Rockets, gné.

- Ils seront des dommages collatéraux, répliqua Trefens. Les Rockets sont partout dans cette ville, et on ne doit en laisser s'échapper aucun. Nous ne pourrons pas empêcher que la Team Rocket s'empare de la ville, mais nous pouvons faire en sorte qu'ils s'emparent d'une ville morte.

Ithil secoua la tête. De la démanche. Erend n'aurait jamais autorisé ça ! Kenda lui se mit à trembler. Et sûrement pas de peur, mais plutôt de joie.

- Je kiffe ça... Je suis si heureux ! Toute la ville ! Tous les habitants ! Toute la Shaters ! Ça va être l'enfer ! AHAHAHAHAHAH !

Puis il se reprit et pointa le doigt sur Trefens.

- Allez chef, donne-nous tes ordres ! Dis-le !

Trefens hocha la tête, et sorti son katana qui brillait de la même lueur brumeuse que son corps.

- Je vous y autorise. Détruisez la ville. Tuez-les tous. Pas de quartier.

Et le silence abasourdi des Shadow Hunters laissa place au rugissement bestial et extatique de Kenda. Ce soir, Céladopole allait connaître l'horreur.


***


Galatea avait l'impression d'être un mouton au milieu des loups. Pour deux membres de la X-Squad - ou plutôt deux et demi en comptant Goldenger - il y avait une centaine de membres de la GSR. Armures noires, regards froids, aucun humour... On aurait dit une armée de robot ! Sa Majesté le colonel Crust était en train de discuter de la stratégie avec son lieutenant Fatra Rebuilt, sans se soucier de Galatea et de Djosan. Ils n'avaient qu'à attendre qu'on leur donne les ordres. Et puis il y avait la capitaine Althéï Dondariu qui s'amusait à diriger entre ses doigts un filet de sang, tandis que la petite Sharon, magnifique enfant au visage d'ange, se demandait à haute voix combien de gens allait-elle éventrer aujourd'hui. Mortelle l'ambiance...

Seul le jeune Faduc, un adolescent qu'avait recueilli la Team Rocket et qui avait été formé par Penan faisait mine d'être amical avec Galatea. Mais cette dernière ne manqua pas de remarquer avec quel air ce gamin regardait Siena. De l'admiration. Du fanatisme. Mais comment lui en vouloir ? Faduc avait toujours voulu intégrer la Team Rocket, et Siena lui avait offert cette chance, en le faisant participer à quelque chose de grand en tant qu'officier. Mais c'était le seul, avec Fatra Rebuilt, qui semblait éprouver tant de vénération pour leur supérieure. Althéï et Sharon parlait à Siena avec respect mais indifférence. Quant à la grande majorité des simples membres de la GSR, ils ne ressentaient qu'une seule émotion pour Siena : la peur.

Galatea aussi avait peur, mais pas de Siena. Dès qu'elle avait pénétré dans l'enceinte de Céladopole, elle s'était trouvée mal à l'aise. Elle avait commencé à suer et à trembler sans raison, et avait rendu son déjeuner. Une rapide analyse avec le Flux lui avait prouvé qu'elle n'était pas du tout malade, et ça l'avait en quelque sorte rassuré que Seamurd se trouve dans le même état.

- Il y a quelque chose dans cette ville, avait murmuré le jeune Mélénis. Quelque chose de... répugnant, de terrifiant, qui agite le Flux. Je n'ai jamais rien senti de tel !

Galatea ne pouvait pas prétendre le contraire. C'était comme une allergie, quelque chose dont elle ne pouvait pas s'approcher. Elle tremblait de peur, mais ne savait pas de quoi elle avait peur au juste. Quand elle en parla à Siena, celle-ci balaya l'information d'un geste méprisant.

- Je ne sens rien moi.

- Non ? C'est étonnant... Ah si, je sais pourquoi. C'est que tu n'es pas Mélénis peut-être, avait ironisé Galatea.

- Je n'ai que faire du mysticisme des Mélénis dans mon unité. Nous avons une mission. Si tu as trop peur pour je ne sais quelle raison, tu peux retourner à la base. Tu n'es pas indispensable.

Galatea s'était mordue sévèrement la langue pour ne pas répliquer. Si elle n'était pas indispensable, que faisait-elle ici alors, au lieu d'être avec Mercutio et Tuno ? L'arrogance de Siena était telle qu'elle pensait pouvoir s'occuper à elle seule des Shadow Hunters si jamais ils se pointaient. Décidément, Galatea ne pouvait plus blairer sa demi-sœur. Elle en souffrait, mais c'était comme ça. Siena était devenue ce qu'elle appelait, dans son jargon diplomatique et distingué, une connasse.

Tandis que la GSR avançait de maisons en maisons pour démolir les portes, prendre en otage la population et maltraiter les Pokemon, Galatea restait en arrière, à moitié soutenue par un Djosan très inquiet qui ne cessait de lui demander si elle allait bien. Non, elle n'allait pas bien. Il y a une heure, elle peina à se servir du Flux pour vérifier mentalement l'intérieur d'une maison sur demande d'un lieutenant de la GSR. Elle avait failli tourner de l'œil. Dès qu'elle se servait du Flux, sa nausée atteignait de tels sommets qu'elle devait immédiatement tout relâcher. Pareil pour Seamurd.

Les GSR avaient ironisé sur l'utilité douteuse des Mélénis, mais Galatea savait une chose : il y avait en ce moment même, à Céladopole, une personne qui utilisait quelque chose pour repousser le Flux. Par à la façon de l'Ysalry non. C'était comme si le Flux lui-même était terrifié, et n'osait pas sortir. Et plus ils avançaient à travers la ville, plus cette horrible sensation se faisait sentir. La source de ce pouvoir était donc à la destination de Siena : l'hôtel de ville, où elle devait expatrier le maire.

- Il nous faut partir, lui dit faiblement Seamurd. Rester ici te met en grand danger, et le Refuge doit être prévenu de ce phénomène. Les maîtres savent sûrement ce que c'est.

- Hors de question que je m'enfuis ! Riposta Galatea. Je n'ose imaginer ce que Siena va dire sur moi en particulier et sur la X-Squad et les Mélénis en général ensuite.

- Ta sécurité est plus importante pour moi que ta réputation.

Galatea jeta un coup d'œil à l'adolescent aux cheveux roux et aux taches de rousseurs. Elle aimait bien Seamurd. Il était sympa, toujours joyeux, et intelligent. Un peu comme elle quoi. Mais là, elle aurait préféré qu'il ait un peu du caractère coincé et formel de Miry, qui appelait toujours Mercutio « seigneur » et osait rarement contredire le moindre de ses ordres.

- Je ne peux pas laisser Siena seule, insista Galatea.

- Quoi, pour sa protection ? Je croyais que tu ne l'aimais pas.

- Que je ne l'aimais plus, corrigea Galatea. Et non, ce n'est pas pour elle, mais pour ce qu'elle peut faire. Tu as vu comment elle traite les civils ? Et là pourtant, ce sont des gens qui sont pour la plupart pro-Rockets. Attend de voir ce qu'elle va faire quand nous arriverons dans le quartier des fidèles au gouvernement !

- Je doute que tu puisses faire quoi que ce soit pour ça, dit sagement Seamurd. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, nous sommes entourés de GSR, et ta sœur commande tout ici.

- Que ce jeune damoiseau a mille fois raison, gente dame Galatea, ajouta Djosan. Par ma foy, si vous vous avisiez de contredire Siena Crust ici, alors qu'elle est en position de force, je ne saurai deviner le sort qu'elle vous réserverait...

Galatea voulut répliquer, mais une explosion eut lieu en ce moment même en tête de file. Siena et ses capitaines venaient de tomber sur une escouade de l'armée gouvernementale. Une dizaine d'homme, quelque Pokemon et un char d'assaut. Galatea courut pour utiliser le Flux, et tant pis pour sa douleur, quand elle se rendit compte que ce n'était absolument pas nécessaire.

Siena ne s'embarrassait même plus d'esquiver les balles. Son bouclier individuel d'Eucandia les arrêtait toute. Ensuite, il lui suffisait de lever son éclair tranchant pour invoquer la foudre sur ses ennemis. Pour le tank, elle le lança comme un boomerang qu'elle contrôlait parfaitement grâce à son gant magnétique, et Ecleus alla s'enfoncer dans l'appareil blindé comme s'il ne s'agissait que du beurre. Le tank explosa ensuite, tandis que l'éclair revint se loger dans la main de sa maîtresse. Althéï s'occupa d'achever les blessés en les vidant de leur sang par un simple geste des doigts. C'était un spectacle hautement répugnant. Voir tant de sang léviter dans les airs tandis que les corps de ses malheureux se desséchaient totalement comme de vieilles momies.

La prise du quartier sud de Céladopole continuait. La GSR sécurisait chaque maisons, chaque coins de rues, et délogeaient de force les habitants. Si certains s'avisaient de protester, Siena se faisait un grand plaisir de faire des exemples pour rendre les autres plus coopératifs. Par la même, le colonel de la GSR examinait les prisonniers, en embarquant parfois certains pour les enrôler de force dans la GSR.

Le peu de défense que l'armée gouvernementale avait levé était ridicule. Siena aurait pu prendre la ville toute seule, et cent fois. C'était toujours elle qui allait en première ligne, provoquant carnage sur carnage avec son éclair. Mais Galatea devait avouer qu'elle le faisait avec une grâce et une précision stupéfiante. Elle ne ratait jamais son coup, que ses ennemis soient devant elle, derrière elle, ou caché. Elle débusquait les snipers avant même qu'ils n'aient tirés, elle savait exactement où lancer Ecleus et le trajet qu'il devait emprunter pour faire le maximum de dégâts. Le plus souvent, ses propres hommes, pourtant en nombre, n'avaient même pas besoin de tirer une seule balle.

Quand est-ce que Siena était devenue si puissante ? Probablement en même temps qu'elle était devenue si froide et arrogante. Bien sûr, Galatea n'avait jamais sous-estimé sa sœur, mais là, elle se battait avec une efficacité qui ferait pâlir un Mélénis. C'était une autre personne que la Siena avec qui Galatea avait grandi. Elles avaient joué ensemble, s'étaient entraînées ensemble, avaient ri ensemble, avaient pleuré ensemble. Elles avaient toujours été proches, bien que de caractères très différents. Mais aujourd'hui, Galatea ne parvenait même plus à distinguer quoi que ce soit de semblable dans le Flux de Siena. Sa présence était... inquiétante, comme une espèce de noirceur cachée qui la rongeait totalement de l'intérieur. Il fallait que Galatea en discute sérieusement avec Mercutio. Il y avait Anchwatt sous roche quelque part.

Ils eurent bientôt atteint le centre de la ville, où se dressait l'immense immeuble qui faisait office de mairie. C'était là que la pression nauséeuse dans le Flux se faisait la plus proche. Galatea avait de plus en plus de mal à mettre un pied devant l'autre, et sa vue se troublait. La moindre cellule de son corps la poussait à fuir, à mettre le plus de distance possible entre cette odieuse présence et elle. Très bientôt, son corps eut raison de sa volonté, et elle commença à rebrousser chemin quand une autre explosion retentit. Mais plus loin. Elle fut suivie par de nombreuses autres. Siena ordonna la halte et exigea des renseignements de la part de ses éclaireurs.

- Il y a une attaque dans les quartiers nord, lui répondit un de ses hommes.

- Nous n'avons encore une force dans les quartiers nord, répondit froidement Siena. Qu'est-ce qui se passe ?!

- Les rapports signalent des individus en costume noir qui s'en prendraient aux civils et aux infrastructures. Ça reste encore à déterminer, mais...

- Les Shadow Hunters, conclut Siena. Mais que diable font-ils à s'en prendre aux civils ?

Galatea se le demanda aussi, quand une vague de mort terrible lui parvint par le Flux. Des morts. Des morts en pagaille, non loin d'ici. Des morts toutes les secondes. Et ce choc, couplé à la présence glaçante de l'hôtel de ville, eut raison de la résistance de Galatea qui s'effondra au sol, inconsciente.


***


Kenda venait d'achever une femme qui tentait de s'enfuir, tandis que Two-Goldguns, à côté de lui, avait descendu son Pokemon, un Arcanin qui avait tenté de la protéger. C'était vraiment sympa tout ça, tuer comme bon lui semblait, mais Trefens voulait que ce soit vite fait, et Kenda ne pouvait donc prendre son temps pour apprécier pleinement la souffrance et l'agonie de ses victimes. Enfin, on ne pouvait pas tout avoir... La moitié des quartiers nord était à présent en ruine et en flamme. La plupart des destructions revenaient bien sûr à Lilura et à son Beebear qui lançaient quantités d'armes explosives ou rayons laser destructeurs. Kenda trouvait ce genre d'arme vraiment chiant. Quel intérêt de désintégrer ses victimes ? On ne l'entendait pas hurler, on ne lisait pas l'horreur et la souffrance sur son visage. Pareil pour Two-Goldguns qui tuait ses ennemis d'une balle dans la tête à chaque fois. Le comlink de Two-Goldguns sonna, et il répondit. Quand Kenda eut terminé de lécher le sang sur son poignard, son collègue vint vers lui.

- Un message du chef, gné. Il nous demande de nous avancer vers le centre. Apparemment, les Rockets seraient arrivés, avec en tête la miss Siena Crust.

- En voilà une bonne nouvelle. J'ai deux trois choses à régler avec elle.

- Mais Trefens nous indique aussi de continuer la purge. Il ne veut plus aucune maison debout, aucune âme qui vive, gné.

- Ça aussi j'aime bien. Qui aurait pu croire ça de Trefens ? Apparement, il en veut un max aux Rockets pour la mort du chef. Alors, on continu à tout détruire en donnant un beau spectacle aux Rockets ?

- C'est ça, fit Two-Goldguns qui n'appréciait pas autant que lui la situation. Les autres arrivent aussi. Ah, et le chef a donné une nouvelle consigne, gné.

- À savoir ?

- « N'ayez aucune retenue ».

Kenda sourit amplement.

- De toute façon, je n'en ai jamais eue.

Ils continuèrent d'avancer en tuant et détruisant. Kenda, telle une ombre furtive, passait à travers ses victimes, lacérant et tranchant avec ses longs couteaux. Two-Goldguns tiraient avec précision sur les fuyards, et détruisaient les maisons et immeubles avec ses balles explosives. Quand ils arrivèrent au centre, autour de la mairie, ils retrouvèrent les autres, occupés à la même chose qu'eux. Furen était responsable d'une grande partie des démolitions. Il fonçait de mur en mur, détruisant tout sur son passage, retournant les chars d'assaut - qu'ils soient Rockets ou du gouvernement - comme rien. Un seul coup de ses poings suffisait à faire éclater le crâne de n'importe qui.

Od maniait son nunchaku multifonction, tournoyant comme un danseur de ballet mais fauchant tout le monde à la ronde, brisant les membres et parfois les faisant voltiger sous le choc. Quant à Lilura, elle se servait de sa large gamme d'armes intégrées dans le corps de son ours en peluche pour rayer de la carte des rangées entières d'habitations. Rien ne pouvait les arrêter, car ils étaient inarrêtables. Ils étaient les Shadow Hunters, et pour la première fois depuis des années, ils se lâchaient complètement. Plus terrible qu'une catastrophe naturelle, ils amenaient mort et destruction. Le feu qui avait envahi Céladopole monta très haut et fit rougeoyer cette nuit sombre, comme autant de sang qui avait coulé sur le sol.

Deux personnes, très calmes, contemplaient ce spectacle. En hauteur sur le toit d'un immeuble du quartier est, encore épargné, Ithil observait, écœuré, cet étalage de violence, refusant d'y prendre part. Il avait retiré son masque, révélant un visage assez jeune aux cheveux gris. Il se mit à genoux et pria pour l'âme de tant de victimes, jurant un jour de les venger. Puis, au dernier étage de l'hôtel de ville, Trefens, le chef de la Shaters, regardait son œuvre à travers l'immense vitre, tandis que les murmures d'agonie du maire derrière lui n'en finissaient pas.

- Tuez-moi... demandait-il. Pitié... tuez-moi !

Trefens soupira, agacé. S'il avait pu, il l'aurait fait. C'était d'ailleurs son but en venant ici. Mais quand il avait tranché le maire de son katana, ça ne l'avait pas tué comme ça l'aurait dû. À la place, les deux parties de son corps s'étaient mises à flotter dans les airs, tandis que ses membres se disloquaient peu à peu, en morceaux de plus en plus petits, jusqu'à devenir poussière. Le maire de Céladopole, le traitre, était en plusieurs morceaux, pourtant il vivait encore.

- Je suis navré de ce travail très médiocre de ma part, s'excusa Trefens. Je ne maîtrise pas encore mes pouvoirs de Mélénis, pas plus que je ne les comprends. C'est assez embêtant. Mon katana ne tranche plus, mais il déconstitue tout ce qu'il touche tandis que la victime reste consciente.

Trefens poussa de la main un des doigts du maire qui flottait en l'air comme sous une gravité zéro. Et il n'y avait pas simplement le maire qui partait en morceaux, mais tout son bureau. Ses murs, ses meubles, sont tapis, tout, qui flottait doucement dans les airs en se décomposant. Un mélange d'objets et de chair humaine. Du sang qui dansait dans les airs. Les os qui se transformaient en poussière en un ballet macabre. Et au dehors, le carnage absolu. Céladopole brûlait, et ses habitants mourraient. Trefens avait de la peine pour les innocents, mais c'était nécessaire. La Team Rocket lui avait pris assez de choses dans sa vie pour que Trefens veuille lui rendre la pareille.

Ils n'auraient pas cette ville, tout simplement parce qu'il n'en resterait rien. Il allait la leur prendre, tout comme les Rockets lui avaient pris ses parents, son enfance, sa fille, ses deux maîtres et son honneur. Il ne lui restait plus que son travail. Shadow Hunter. Assassin. Meurtrier. C'était tout ce qui lui restait. Son identité. La Team Rocket n'allait pas lui prendre ça non plus. Trefens continuerait à tuer, même s'il se méprisait pour ça. Il détruisit la fenêtre pour laisser l'odeur de la fumée et de la mort pénétrer ses narines. Puis, au rythme des destructions et des cris en dessous de lui, Trefens leva les bras, accompagnant les sons de la mort et de la désolation comme un chef d'orchestre.

- Chef, vous nous entendez ? Demanda-t-il en s'adressant aux cieux. Nous jouons un chant en votre honneur. Un chant de mort.