Need you now - Lady Antebellum- Mais... Où est Chloé ? s'exclamèrent en choeur Léa et Tina lorsque Cassy regagna l'Arène d'Ebénelle.
Sven avait choisi, pour sa part, de retourner dans l'Antre du Dragon, car il savait pertinemment qu'en dépit de la situation d'urgence, il ne restait pas moins un indésirable dans la demeure de Sandra.
- Elle... Il s'est passé quelque chose lorsque nous étions à Azuria, répondit doucement la jeune femme en dégluant avec peine. Une... Une Dryade est venue nous voir afin de nous mettre en garde.
- Une Dryade ? C'est une Gijinka, pourtant.
- Ils se sont scindés en deux. Un groupe dont elle fait partie intégrante est encore fidèle à Lilith, et ne nous fera en l'occurrence pas de mal. Cependant, l'autre a été approché par un humain à l'identité inconnue, qui compte les transformer en soldats dans le but de me... nous détruire.
- Alors... Nous sommes vraiment en danger ? Et Chloé ? Tu ne nous as toujours rien dit. Où est-elle ?
- Les Naïades l'ont enlevée.
En voyant les yeux écarquillées de terreur des deux adolescentes, Cassy décida de tempérer ses propos. Elle ne pouvait décemment pas leur dire qu'il y avait de fortes chances pour que leur amie ait déjà succombé entre les mains de celui qui voulait leur perte.
- Rien ne prouve qu'il lui soit arrivé malheur, cependant. Au contraire, il serait même judicieux pour notre ennemi, peu importe qui il est, de s'en servir comme appât afin de nous attirer dans un piège.
- Je ne comprends plus rien, souffla Tina en arrangeant l'élastique de ses gants. Je croyais que c'était Arceus qui en avait après nous, désormais ?
- Apparemment, celui qui rassemble les Gijinkas ne se doute pas qu'il va également devenir sa cible, car il déteste tout ce qui s'approche un peu trop près des pouvoirs de Darkrai.
- Cela signifie donc que nous allons devoir nous battre sur deux fronts différents si nous voulons survivre ?
- Il est encore un peu tôt pour parler de bataille. Attendons que Marion et Esméralda nous aient rejointes avant de tirer des plans sur la comète, d'accord ? Pour l'instant, contentez-vous de vous entrainer. Cela ne vous fera pas de mal : au moins, en cas de besoin, vous serez prête ?
- Et Sven ? demanda soudain Léa alors qu'elle s'apprêtait à quitter le salon où elles se trouvaient.
La dresseuse marqua un temps d'arrêt, s'immobilisant sur le seuil de la porte ouverte. S'efforçant de conserver une expression faciale des plus anodines, elle se retourna lentement afin de demander d'une voix calme :
- Quoi, Sven ?
- Il va vraiment rester ?
- Dans l'Antre du Dragon. Je ne vois pas en quoi cela pourrait poser de problèmes à quiconque.
- Cynthia dit toujours qu'il est méchant, qu'il va nous faire du mal et que tu as tort de lui faire confiance.
- Je ne lui fais pas confiance.
- Alors pourquoi es-tu toujours avec lui et as-tu insisté pour qu'il ne parte pas ?
- Que vous le vouliez ou non, que ses méthodes soient approuvables ou pas, il est de loin le plus redoutable combattant d'entre nous. Je l'ai vu vaincre un Gijinka alors qu'il nous menaçait, Yohanna et moi. On peut dire ce que l'on veut de lui, mais on a besoin d'un atout pareil dans notre manche. Qui plus est, ce n'est pas moi qui donne les ordres pour l'instant, mais Lilith. Elle lui a dit de ne pas s'éloigner de l'Arène d'Ebénelle, et il le fera, même si nous ne sommes pas d'accord.
- Il fait partie de la Team Galaxie.
- Faisait. Cette histoire est derrière lui, à présent, et je ne peux pas en prétendre autant de mon cousin. Si vous n'avez pas confiance en Sven, ayez-en au moins en moi. Je sais ce que je fais.
Ses amies se contentèrent de baisser les yeux, penaudes. Apparemment, elles n'étaient pas convaincues, toutefois elles préférèrent ne rien ajouter par peur de contrarier leur meneuse de toujours. Finalement, Léa murmura d'une petite voix timide, comme par crainte de prononcer le mot de trop :
- Yohanna a demandé à plusieurs reprises si tu étais revenue. Je pense qu'elle aimerait savoir que tu es rentrée.
Cassy se contenta d'acquiescer d'un hochement de tête et prit congé. Dans le couloir, Sandra était sortie de la bibliothèque afin de venir aux nouvelles, mais à défaut de lui en donner, elle se contenta de hausser les épaules. Quel mot pourrait définir au mieux la situation ? En existait-il seulement un ?
D'un pas lent, elle monta à l'étage, où elle vit de la lumière par-dessous la porte de sa chambre. Comme il la nuit tombait très vite sur Ebénelle, quelqu'un avait sûrement allumé pour éviter à la religieuse de se retrouver dans le noir.
Elle toqua un petit sec contre le battant en bois et entra presque aussitôt, sans attendre d'invitation. Dès qu'elle la vit, le visage de la jeune femme étendue sur le lit se mit à rayonner. La dresseuse s'étonna un peu d'une telle réaction, car elle n'était partie que depuis le matin, mais ne fit aucune remarque. Elle alla simplement s'asseoir sur la chaise positionnée à côté de la table de nuit.
- Comment te sens-tu ? Tu as mangé ?
- Je vais beaucoup mieux, je te remercie. Sandra m'a porté un plateau repas tout à l'heure, elle pense que c'est important que je me nourrisse bien, afin de compenser le sang que j'ai perdu suite à la morsure du Grahyéna.
- Elle a raison, c'est le plus raisonnable.
- Léa m'a aussi conseillé de rester coucher jusqu'à demain au moins et ensuite d'éviter de faire trop d'efforts si je devais me lever.
- Si ton état est stationnaire, tu demeures en grande faiblesse. Tu ferais bien de l'écouter.
- C'est une gentille petite. Tina aussi. Elles sont adorables, toutes les deux. Ce sont toutes des... Tu sais... Comment vous vous appelez, déjà ?
- La Confrérie, oui.
- Et Sandra ?
- Non. Ni elle, ni Cynthia. Bientôt, tu rencontreras Marion et Esméralda. Nous les avons averties, elles nous rejoindront sous peu.
- Tu ne devais pas aller chercher l'une d'entre elles, aujourd'hui ?
- Chloé, malheureusement, rien ne s'est déroulé comme prévue. Des créatures, des Gijinkas, mais pas de la même espèce que celle du cimetière, m'ont précédée et l'ont enlevée.
- Oh ! C'est affreux ! Que vont-ils faire d'elle ?
- Je n'en ai pas la moindre idée. Sven est persuadé qu'elle est déjà morte à l'heure qu'il est, et même si je m'efforce de me montrer plus optimiste, une part de moi est bien forcée d'admettre qu'il a probablement raison. Tu comprends pourquoi il est important que tu te rétablisses au plus vite ? Tu es une cible, à présent. Il faut que tu sois capable de te défendre le jour où tu seras toi aussi menacée.
- Je ne suis pas comme vous, moi. Je ne me sens pas capable de devenir une combattante, et puis je n'ai pas de dons exceptionnels à l'image des vôtres.
- Aucune d'entre nous n'avait l'âme d'une guerrière... Enfin, Sven, si, mais c'est un cas à part. Quant à tes pouvoirs, ce n'est qu'une question de temps. Dès demain, je contacterai Régis, même si cela m'en coûte, afin de lui demander s'il peut te fabriquer des gants.
- Tu veux dire... Comme ceux que tu portes ?
- C'est de là que provient notre magie. Sans eux, nous serions complètement désarmés. Je vais également te constituer une équipe de pokémon glace qu'il te faudra entraîner. Je sais, coupa Cassy en la voyant ouvrir la bouche pour répondre, cependant ce n'est pas comme si tu avais le choix. Nous tirons notre énergie des attaques du type similaire à notre glyphe.
- Et les autres ? s'enquit Yohanna en s'agitant sur son oreiller pour mieux se tourner face à elle.
- Quels autres ?
- Il existe dix-sept catégories de pokémon, or il ne me semble pas que tu aies cité autant de nom lorsque tu me parles de la Confrérie.
- Effectivement, nous n'en avons découvert que onze. Une fois, nous sommes passées à un cheveu de mettre la main sur le glyphe combat, mais il nous a échappé avant même que nous ayons eu l'occasion de l'identifier.
- Ne sont-ils pas en danger, eux aussi ?
- Sans doute, toutefois c'est un problème que nous sommes pour l'instant incapable de résoudre. Nous n'en avons pas les moyens techniques, et nous aurons déjà suffisamment à faire pour assurer notre propre protection jusqu'au retour de Lilith.
- Cassidy... J'ai peur.
- Tu serais folle si ce n'était pas le cas.
Elle lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, auquel elle avait pourtant elle-même du mal à croire, puis laissa la religieuse se reposer. Elle rejoignit Sandra dans la bibliothèque, où celle-ci était attablée devant un épais pavé qu'elle ne semblait pourtant pas lire. Elle se contenta de lui jeter un regard lorsqu'elle pénétra dans la pièce.
- J'ai contacté Blanche. Elle partait chercher Esméralda à la foire cette après-midi. Je pense qu'elle nous aura rejoint d'ici demain, sauf incident en route.
- J'aurais peut-être dû la faire escorter. Contrairement à elle, nous savons quels dangers pèsent au-dessus de nos têtes. Et Marion ?
- Un Roucool a quitté l'Arène juste après toi pour transmettre un message à la FSR de Fiore.
- Je vous remercie.
- J'ai entendu, pour Chloé. Les petites sont bouleversées, pourtant quelque chose me laisse penser que tu ne leur as pas tout dit. Tu crains de ne jamais la retrouver, n'est-ce pas ?
- C'est une possibilité qui n'est pas à exclure. Cependant, tant que rien ne prouve qu'elle n'est plus en vie, je préfère ne pas les inquiéter plus que nécessaire. Comme si nous manquions déjà de motifs de panique légitime !
- Je comprends. Quant à Sven... Vu que je ne le connais pas véritablement, je ne peux pas me permettre de juger. Je n'en ai pas eu de bons échos, mais toujours est-il que cela ne reste que des échos. Donc, tant qu'il ne rentre pas dans mon Arène, sauf circonstances très exceptionnelles et avec mon accord, je n'ai pas de raison de m'opposer à ce qu'il demeure dans les parages.
- Vous pouvez avoir confiance en moi, Sandra. Je le surveille.
- J'avais l'intention d'en faire de même, rassure-toi.
- Je peux ? demanda soudain Cassy en désignant la chaise libre à côté de la sienne.
- Tu es presque chez toi, ici. Fais ce que tu veux, répondit simplement la dracologue en se replongeant dans son livre, où ses yeux restaient cependant fixés sur le même point.
- Quelque chose ne va pas ?
- Je te mentirai si je te disais que toute cette histoire ne m'ébranle pas un peu. J'aimerais que Peter soit là, malheureusement...
La jeune femme passa un bras réconfortant autour de son épaule. Elle comprenait son désarroi, même si elle ne le partageait plus, à présent. Contrairement à la Championne, s'il s'agissait de la fin de tout, elle n'aurait aucune absence à déplorer, car elle n'avait plus personne.