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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 18/01/2014 à 16:55
» Dernière mise à jour le 15/10/2017 à 18:07

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 01 : Naissance d'un monstre
« Je suis seul. »

Telle fut la première pensée de l'adolescent lorsqu'il s'éveilla au monde.

Insidieuse, illogique, terriblement puissante. Il n'avait aucune idée de ce qui le poussait à croire à cette idée, mais au fond de lui, quelque chose lui soufflait qu'il était seul. Comme une voix intrépide, à la limite de sa conscience, qui répétait cette phrase en boucle.

Alors, l'adolescent se leva. Pour vérifier qu'il avait raison - ou tort.

... Du moins voulut-il se lever. Ses jambes le lâchèrent immédiatement et il s'écrasa lamentablement par terre, les morceaux de verre brisé écorchant ses genoux. Avec un gémissement de douleur, l'adolescent regarda autour de lui.

Il se trouvait au centre d'une pièce ronde, dans un tube en verre désormais répandu en éclats sur le sol. Tout autour de la capsule où il s'était réveillé se trouvaient des consoles informatiques, pour la plupart hors d'usage. Certaines clignotaient péniblement, affichant des codes d'erreur écrits en lettres d'un rouge peu rassurant.

Les murs étaient zébrés par d'immenses fissures, qui en parcouraient la surface en lézardant paresseusement. Le plafond était crevé par endroit, laissant des câbles coupés pendre lamentablement dans la salle, crachant leurs étincelles comme s'il s'agissait là de leur dernier souffle de vie.

Enfin, devant le garçon, une porte automatique déficiente s'ouvrait et se refermait lentement, à intervalles réguliers, venant frapper le mur en produisant un son gourd. Peut-être était-ce là le bruit qui avait réveillé l'adolescent.

Ce dernier, ne voyant pas d'autre issue à cette prison détruite, présuma que la sortie était dans cette direction. Aussi décida-t-il de braver à nouveau son extrême faiblesse physique en tentant de se redresser. Ses jambes, traîtresses, tremblèrent un peu mais tinrent bon. Chaque parcelle de son être, chaque cellule de son corps semblait crier grâce, le suppliant de céder, d'embrasser à nouveau le sol pour ne plus jamais le quitter.

Mais l'adolescent refusait. Il voulait voir s'il avait raison. Il voulait voir s'il était réellement seul. Il voulait faire taire la voix en lui. Ensuite... Oui, ensuite, une fois qu'il serait sûr qu'il était le dernier, alors seulement, il s'endormirait.

Le garçon tituba jusqu'à la porte, l'unique porte, la bouche du monde, qui s'ouvrait et se fermait comme si l'univers entier bégayait. Il attendit le bon moment et passa dans l'ouverture.

Clac.

La porte se referma, coinçant malicieusement un morceau de sa combinaison, près de sa cheville gauche. L'adolescent tira d'un coup sec et dégagea sa jambe dans un craquement de tissu.

Ainsi commença son errance dans le monde. Sans se poser de questions sur l'endroit où il se trouvait, sans se demander pourquoi il était vêtu de cet étrange habit grisâtre. Simplement avec l'envie de faire taire le murmure obsédant.

L'adolescent marcha longtemps dans les couloirs dévastés. Ou peut-être pas. Il n'avait aucune notion du temps.
Autour de lui, les murs étaient ébranlés par des saillies gargantuesques, les portes bloquées par des gravats tombés du plafond éventré. Il marchait, ses chaussures blanches crissant sur le sol recouvert de bris de verre, de poussière et de pierres. De nombreuses issues étaient bloquées, des portes coupe-feu avaient été abaissées pour faire barrage à des incendies, qui s'étaient déclarés dans de nombreux endroits, à en juger par le béton noirci de part et d'autre, là où il avait été léché par les flammes.
Régulièrement, il butait contre des masses blanches allongées par terre, sans s'y intéresser outre mesure. Ceux-là n'étaient pas comme lui. Ils ne marchaient pas. Lui était seul.

L'adolescent se retrouva plusieurs fois dans des impasses, revenait régulièrement sur ses pas, voire tournait en rond, perdu dans l'immensité du complexe. De plus en plus exténué, il comprit rapidement que s'il continuait à ce rythme, il mourrait.

L'air sentait le renfermé et l'atmosphère était de plus en plus lourde. Quelque part dans le complexe, loin sous les pieds du garçon, un rugissement horrible, sourd et furieux, se fit entendre. Quoi que ce fût, ça n'était pas humain, et l'adolescent l'ignora. Etait-il bien seul ?

Après avoir repris son errance quelques temps, il remarqua un étrange dessin accroché sur un mur fissuré. D'un revers de manche, le garçon débarrassa l'affiche de la poussière qui l'avait recouverte et s'intéressa au schéma.

Il s'agissait d'un plan de cet étage du complexe, pour autant qu'il pût en juger. L'adolescent l'examina longuement, cherchant à comprendre la structure de l'endroit.

Malgré le fait qu'il ne se rappelât pas avoir jamais regardé ce plan, il lui parut étrangement familier.

Et c'est alors que le garçon réalisa.
Il ne se souvenait de rien.

C'était étrange. Ses souvenirs les plus anciens étaient ceux de son réveil dans le tube brisé.

Mais l'adolescent n'y accorda pas plus d'importance. Rien n'avait d'importance, sinon sortir de ce complexe dévasté.

Il avisa sur le plan des escaliers non loin, et s'y rendit en empruntant l'un des rares passages ayant survécu à.. à quoi, au juste ? Ça non plus, il n'en savait rien. Mais de cela aussi, il se moquait. Il devait juste sortir.

Gravir les escaliers fut une torture sans nom. Chaque marche, l'une après l'autre, était franchie au prix d'un coûteux effort, et à partir du premier palier, l'adolescent devint incapable de retenir des grognements de douleur à chaque pas, qui se muèrent rapidement en gémissements suppliants.

Il voulait juste sortir. Pourquoi fallait-il que ce soit si dur ? Qu'y avait-il au-dehors pour que le sort s'acharne ainsi sur lui ?

Le temps semblait s'étioler, s'effilocher comme un mouchoir que l'on étire trop. Il lui fallait des heures pour gravir trois marches, et des jours entiers passaient avant qu'il n'atteigne le palier suivant. Du moins, c'était là l'impression qu'il en retirait.

Ses jambes étaient raides et douloureuses, mais à force, le garçon finit par ne plus les sentir. Tout son être ne devint bientôt qu'une coquille vide, emplie de souffrance, et tandis qu'il grimpait les étages, il oubliait peu à peu la raison qui le poussait à aller de l'avant.

Quand, soudain, les escaliers disparurent, laissant la place à un ultime palier, un étage final. C'était fini. Il était en haut.

Un léger courant d'air vint lui frôler le visage, faisant tressaillir sa tignasse brune. Ici, l'atmosphère était fraîche.

S'accordant quelques instants de répit, le garçon se laissa choir et resta au sol, inanimé, jusqu'à ce qu'il récupère à nouveau la sensation de ses jambes et de ses genoux écorchés. Une douleur sourde, atroce, émanait de ses pieds, mis à mal par tant d'efforts.

Mais rapidement - ou pas, il n'avait aucune idée du temps passé à récupérer -, le garçon se releva et marcha droit devant lui, vers le mince rai de lumière qui filtrait depuis le bout du couloir. Le vent venait de là également, et l'adolescent sut qu'il marchait vers sa délivrance. Bientôt, il saurait.

C'est seulement en s'approchant qu'il constata qu'un éboulement avait bloqué la sortie. La lumière et l'air passaient sans problèmes parmi les décombres, mais lui n'était pas aussi intangible. Alors, comme s'il s'agissait là de l'ultime épreuve avant son repos éternel, le garçon entreprit de pratiquer un passage à travers les rochers qui s'étaient détachés du plafond éventré.

Avec courage, il empoignait les pierres qu'il estimait pouvoir déplacer, et les tirait violemment en arrière pour les faire rouler en bas de la pile de débris. Autour de lui, trois câbles détachés pendaient lamentablement, comme des serpents morts, mais l'adolescent se garda de les toucher, avisant d'un œil méfiant les étincelles qui jaillissaient parfois des fils dénudés.

Son travail l'épuisa encore plus rapidement que la montée des escaliers, mais il tint bon. L'air s'engouffrait de plus en plus au fur et à mesure qu'il progressait dans sa besogne, et la lumière qui se déversait depuis l'extérieur l'aveugla bientôt. Quand, enfin, l'adolescent put passer.

En quelques pas, il fut dehors.

Au début, il ne vit rien, ébloui par le soleil qui dardait sur lui ses cuisants rayons. En revanche, une foule de sensations lui vinrent. Chaleur. Il faisait cruellement chaud.

Puis, ses yeux bruns s'habituèrent et la vue lui revint.

Et ce que l'adolescent vit le terrifia.

Il tomba à genoux. Il était en haut d'une montagne de roche ocre, à l'intérieur de laquelle le complexe d'où il émergeait avait été creusé.

Tout autour de son perchoir rocheux, une terre aride, desséchée et morte, s'étendait à perte de vue, formant une mer de sable. Ça et là, d'autres pics venaient crever la surface mordorée de cet océan sec. Le ciel, d'un bleu éclatant, l'écrasait de tout son poids. Tout était désert, tout était vide, dénué de vie, d'espoir.

« Je suis seul. »

Telle avait été la première pensée de l'adolescent lorsqu'il s'était éveillé au monde - ou plutôt, à ce qui restait du monde.