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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 08/01/2014 à 10:08
» Dernière mise à jour le 02/09/2017 à 10:29

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 34 : Véritable nature
Ad était agenouillée devant Maître Narek, dans la grande salle du manoir Congois, à Crepiten, siège de la Rébellion. Ad se sentait mal à l'aise. D'une, parce qu'elle était à genoux, ce qui n'était pas son genre, mais surtout car il y avait un paquet de monde qui n'observait qu'elle. Pas mal de nobles, mais aussi beaucoup de soldats et de dresseurs, autant que cette salle énorme pouvait en accueillir. Tous étaient là pour leur nouvelle idole, Ad elle-même. Si elle n'aimait pas être sous le feu des projecteurs, elle prenait son mal en patience cette fois. Après tout, c'était elle qui avait levé l'armée de Narek et ralliée à sa cause. Dès cet instant, ce n'était plus les hommes de Narek, mais les siens. Maître Narek prit une médaille de l'étui qu'on lui passa, et fit signe à Ad de se relever.

- C'est en tant que Maître Pokemon de la région de Naya, et donc en tant que son premier protecteur et représentant, que je décerne la Médaille des Trois, la plus haute distinction de la région, à Adélie Dialine, pour son courage exemplaire, sa détermination et son ingéniosité qui ont permit aux combattants de la liberté de l'emporter à Tardsho.

Il épingla la médaille, qui représentait le symbole de Naya, sur la poitrine d'Ad. Puis il reprit la parole, et cette fois ci, Ad ne s'agenouilla pas, car ce n'était plus le Maître qui parlait, mais le noble.

- Et c'est en tant qu'héritier de la famille Congois et fondateur de la Rébellion que je transmets ici même le commandement à Adélie Dialine, qui a à la fois la force nécessaire pour nous mener à la victoire, le cœur de nos vaillants soldats, et le nom puissant qui fait sa légitimité. Quelqu'un ici pour s'y opposer ?

Tous les nobles gardèrent le silence, mais ils faisaient triste mine. Après tout, Ad avait plus ou moins promis l'abolissement des privilèges. Les soldats et les dresseurs, quant à eux, se mirent à applaudir et à l'acclamer avec force. Ad se força à leur sourire, quand bien même tout ceci était une mascarade. Ad n'avait aucunement l'intention de devenir chef de la Rébellion. Tout avait été prédéfini à l'avance avant la cérémonie. Le titre d'Ad n'était que de la poudre aux yeux, pour faire joli. Le conseil des nobles et Maître Narek continueraient à décider. Ad avait juste le droit de siéger au conseil et de prendre part aux décisions avec les autres. Et pas à cause de son statut de Gardien de l'Harmonie ou d'égérie des foules. Seulement à cause de son nom. De fait, elle était la noble la plus importante et la plus puissante ici.

Vint l'affreux moment de serrer des mains et de recevoir les félicitations et les serments d'allégeance - tous plus hypocrites les uns que les autres - des nobles. Seul Narek faisait montre d'une certaine sincérité. Il avait beau être un puissant noble, Ad sentait qu'il n'était pas totalement pourri. Bien qu'en réalité, il n'avait pas beaucoup de pouvoir. Maître Balterik avait expliqué à Ad que l'homme qui dirigeait la Rébellion dans l'ombre de Narek n'était autre que son père, Lord Robeos Congois. Ad le connaissait un peu de réputation, et elle savait qu'il était un manipulateur hors pair. Bref, rien pour la rassurer alors qu'elle avait lié les Gardiens de l'Harmonie à l'avenir de la Rébellion. Pourtant, ils n'auraient pas pu faire autrement. Ils avaient besoin d'une armée pour combattre Nathan. Ils ne pourraient pas s'en sortir seul. Elle avait donc promit à Balterik de rester courtoise et mesurée quand elle traiterait avec les nobles. Chose qui fut mise à rude épreuve dès que ce crétin de Lord Luklon ouvrit la bouche.

- Mes amis, cette bataille de Tardsho était le tournant de la guerre. Et grâce à nos amis et sauveurs les Gardiens de l'Harmonie, nous l'avons remporté. À présent, nous sommes en position de force pour négocier avec Lord Dialine !

La plupart des nobles hochèrent la tête. Ad fronça les sourcils.

- Négocier ? Répéta-t-elle. Que voulez-vous dire ?

- Eh bien, que les garanties que votre frère nous offrira serons plus conséquentes, bien sûr, expliqua un autre noble avec une barbe de Père Noël.

- Des garanties ? Cracha presque Ad. Nous ne nous battons pas pour négocier et pour vos garanties, messieurs ! Nous nous battons pour empêcher Nathan et ses alliés de faire un carnage à Naya. Des négociations ne sont pas possibles !

Les nobles se mirent à la regarder comme si elle était folle et dangereuse.

- Mais, Lady Dialine, il s'agit de ça, une guerre contre le Triumvirat, dit le jeune Baylan Morneto. Nous nous battons un moment, nous résistons bien, puis on s'assied tous devant la table de la paix, où le Triumvirat nous cédera terres et titres supplémentaires en échange de l'arrêt des conflits. Ça a toujours été ça.

Ad commença à s'agacer, et ce n'était pas la main de Balterik sur son épaule qui l'empêcha de dire ce qu'elle avait sur le cœur.

- Je crois que vous ne comprenez pas bien la situation, fit-elle d'un ton doucereux. Cette guerre n'est pas une guerre ordinaire des nobles qui cherchent juste à obtenir un peu plus de pouvoir en échange de la vie de leurs loyaux soldats. Il s'agit d'une guerre pour la survie, et pour la liberté. Nathan n'a plus besoin d'aucun d'entre vous. Vous ne l'intéressez plus. Il va vous caresser dans le sens du poil juste pour gagner du temps afin d'éliminer notre maître Archangeos et de m'attraper. Une fois sa domination totale sur la région, il se passera fort bien de vous pour gouverner, et vous donnera sûrement en pâture à son nouveau chien-chien, Odion.

- Absurde, renchérit un autre noble. Certaines de nos familles sont aussi anciennes que la maison Dialine. Le Triumvirat ne peut se passer de nous. Naya, c'est nous tous ! Finit-il en englobant tous ses collègues nobles du bras.

Ad ne put retenir sa patience plus longtemps. Elle laissa, de colère, échapper son Don, et quand elle parla, ce fut avec les yeux lumineux et une forte aura sortant de son corps, et tous les nobles s'enfoncèrent de peur dans leur somptueux fauteuil.

- Vous n'êtes rien. Seulement des reliques inutiles d'un passé injuste et pompeux. C'est le seul point sur lequel on s'accorde, mon frère et moi. Sauf qu'avec moi, vous avez une chance de survivre. Pas avec Nathan. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une guerre à mener tandis que vous vous empiffrerez un peu la panse.

Elle sortit de la salle avec les autres Gardiens et les quelques dresseurs qui leur étaient loyaux, comme le champion Hugo Fatens. Narek fut le seul à se lever pour demander :

- Lady Dialine. On peut savoir ce que vous comptez faire ?

- Bien sûr. Je vais reprendre des villes au Triumvirat. Ne faire que se défendre ne nous fera pas gagner.

Il y eut quelques rires stupéfaits dans la salle.

- Envahir le Triumvirat ? Ricana quelqu'un. C'est impossible...

- Allez dire ça aux gens d'Estanvol que nous avons libérés avant de venir à Tardsho, riposta Ad du tac au tac.

Elle claqua la porte derrière elle avec force.

- Bande d'abrutis dégénérés, marmonna-t-elle.

- Il y a au moins une chose qui n'a pas changé depuis mon époque, sourit Geran. Les nobles sont toujours des nobles.

- Ce que tu leur as dit était vrai, mais si tu l'avais dit avec un peu plus de tact, ça aurait été mieux, soupira Balterik.

- Je ne peux pas sentir ces types. Vous n'imaginez pas l'effort que je dois faire pour me retenir d'en prendre un pour cogner sur un autre.

- Et vous pourtant, vous n'avez pas à les côtoyer tous les jours, fit une voix amusée.

Maître Narek venait lui aussi de sortir de la salle pour les rejoindre.

- J'aimerai discuter avec vous, Lady Dialine, en privé si c'est possible. Sans vouloir vous offenser, maître...

- Il n'y a nulle offense Narek, l'assura Balterik en se dirigeant dehors avec les autres. C'est nous qui avons fait de la demoiselle notre porte parole.

Quand Narek et Ad furent seuls dans le couloir, le Maître prit la parole d'un ton presque conspirateur.

- Vous savez, je ne suis pas loin de penser comme vous. La noblesse a fait son temps. Cependant, comme pour tous les changements, il faut la faire disparaître en douceur, sinon nous ne récolterons que le chaos, ce contre quoi vous combattez précisément si j'ai bonne mémoire.

- Venez-en au fait Congois, soupira Ad. J'ai eu ma minute de politique pour tout le mois.

- Quoi que vous pensiez d'eux, vous avez besoin des nobles pour cette guerre. Certes, vous avez fait grosse impression à nos hommes, mais sans le soutien des nobles, beaucoup ne pourraient pas vous rejoindre. Les armées s'entretiennent avec de l'argent. Il faut les nourrir, les loger, les payer, acheter des armes... Et les nobles ont de l'argent.

- La seule chose d'utile chez eux, commenta Ad. Sans vouloir vous offenser...

Narek eut un pauvre sourire.

- Je ne me suis jamais considéré comme un des leurs. Je passais plus de temps à la Ligue Pokemon qu'au conseil de la noblesse. Mon plus cher désir est que cette guerre prenne fin pour que je revienne aux combats de Pokemon.

- Pourtant, vous êtes la famille qui contrôle un peu tout ici... Votre père a-t-il les mêmes idées que vous concernant les nobles ?

Le Maître Pokemon grimaça sensiblement.

- Mon père est sans doute le pire d'entre eux, parce qu'il est intelligent. Méfiez-vous de lui, vous et vos amis. Je ne connais pas tous ses projets, mais il ira dans le sens dans lequel le vent souffle. Si vous êtes en difficulté et acculée, il n'aura aucun scrupule à vous planter une lame dans le dos pour en récolter les bénéfices auprès de votre frère.

- Je vois, dit simplement Ad.

- Quand bien même, il reste mon père, et le maître de la famille Congois. Je lui dois obéissance, même si je fais tout pour l'influencer dans votre sens. Ne tardez pas trop pour remporter cette guerre, quoi que vous ayez prévu. Plus vous ferez attendre les nobles, plus ils seront tentés de se tourner vers le Triumvirat. Je peux les faire patienter... mais pas éternellement.

Ad hocha la tête. Elle sentait que cet homme était sincère.

- Je tiendrai compte de vos conseils. Merci. C'est bon d'avoir un allié tel que vous dans ce nid à serpents.

- En tant que membre des Congois, j'ai juré soumission à la famille Dialine, fit cérémonieusement Narek. Je sais que les titres et serments de noblesse ne signifient rien pour vous, mais pour moi ils comptent quand même.

Quand Ad ressortit, la plupart des hommes étaient en train de faire une grande fête improvisée à l'air libre, sous le ciel qui commençait à s'assombrir. Les autres Gardiens parlaient nerveusement entre eux. Ad alla les rejoindre.

- J'ai contacté Kinan et Kelifa par mon casque, lui dit Spyware. La base a été attaquée... par Odion.

Ad déglutit difficilement, attendant la suite.

- On déplore quelques pertes Rockets, mais Kinan, Kelifa, le Seigneur Archangeos et même ta tante Frilvia sont vivants. Ils ont dû faire décoller le Temple de la Vie pour s'échapper. Ultan a à moitié sombré dans l'océan, Odion avec.

Ad retrouva sa respiration.

- Bon, c'est une bonne nouvelle. Le Temple est pleinement opérationnel ?

- Pas entièrement non. Il vole et peut se rendre invisible, mais il manque les armes, et le bouclier a rendu l'âme dans la montée. Pour l'instant, ils restent au dessus d'Ultan, assez haut pour rester caché des radars. Ils ont cessé aussi toute communication de l'extérieur. On ne pourra communiquer avec eux que par mon casque de Don.

- Faudrait que j'y aille, dit Spam. C'est moi qui ai conçu la moitié des systèmes du Temple. C'est étonnant qu'ils soient parvenus à le faire décoller sans moi. Je mettrai vite tout ça au point.

- Très bien, approuva Ad. On va demander à Hugo de t'y amener avec ses Pokemon Vol. Mais juste des réparations hein ? Ne faites rien d'insensé pour l'instant. On doit garder le Temple secret aux yeux du Triumvirat... comme des nobles.

- J'avais saisi.

Quand Spam les eut quittés, Spyware se tourna à nouveau vers Ad pour lui dire autre chose.

- Kinan m'a dit qu'ils avaient appris pas mal de chose de ta tante. Sur ton père, notamment...

Ad eut un sourire ironique.

- Cette chère vieille tatie Frilvia savait donc des trucs. Vas-y, parle, je suis toute ouïe.


***


La fête durait depuis trois heures maintenant, et n'était pas prête de finir. De plus en plus de gens affluaient, ainsi que des barils de bières, payés aux frais des nobles bien sûr. Même eux savaient entretenir le moral d'une armée. Rien de mieux qu'une fête avec de l'alcool après une victoire. De plus, Killian interprétait plusieurs de ses chansons pour les soldats et les dresseurs, qui dansaient et chantaient sans retenue.

Ad avait fait un effort pour y assister un peu, d'autant que chaque homme semblait insister pour lui payer un verre chacun. Mais ce genre d'évènement n'était pas la tasse de thé d'Ad, réservée de nature. Surtout après ce qu'elle avait appris de Spyware. Ainsi, son père disparu avait bel et bien été un Gardien de l'Harmonie, ce qui expliquait pourquoi Nathan et elle avaient naturellement le Don. Le médaillon des Dialine qu'Ad tenait de lui était en fait la clé du Grand Orgue pour jouer la Mélodie de Vie. Et pour couronner le tout, il était probable que ce soit elle, l'Elue d'Arceus qui devrait la chanter.

Ça s'annonçait mal. Archangeos avait dit que la Mélodie de Vie devait être chanté par la voix la plus pure de cette époque, que la musique devait transcender la réalité. Or, Ad n'avait jamais chanté quoi que ce soit, et ne voulait en aucun cas se donner en spectacle pour la région entière ! Pourquoi ce genre de truc lui arrivait-il toujours à elle ? Encore une fois, à cause de son satané nom. Elle était une Dialine, et maintenant elle savait ce que ça signifiait, vu que les Dialine étaient les descendants de l'ancienne Élue d'Arceus, celle qui avait écrit la Mélodie de Vie du temps de Geran et d'Odion. Ah... ce que Ad n'aurait pas donné pour naître dans une autre famille, n'importe laquelle !

- Tu manques à tes devoirs d'héroïne nationale.

Ad avait senti la présence de Geran avant de le voir arriver. Elle aurait aimé rester seule, sur la rambarde du manoir Congois qui donnait sur sa chambre d'invitée, mais la présence de Geran ne la dérangeait pas. Geran ne la dérangeait jamais.

- Les Gardiens de l'Harmonie ne sont pas censés recevoir tant d'adoration, fit Ad en récitant les paroles même de Geran. Ils combattent anonymement, pour la paix seule.

- Dit par toi, ça manque vraiment de conviction, s'amusa Geran. Tu es perturbée par ce que Spyware t'a appris ?

Ad ne répondit pas. Inutile d'essayer de cacher quelque chose à Geran.

- Il faut garder la foi, poursuivit Geran avec force. Ton père est peut-être vivant quelque part. S'il est un Gardien de l'Harmonie, armé du Don, ses chances de survie dépassent celles de simples humains.

- Je ne me soucie plus trop de mon père, répondit Ad. Je ne me rappelle pas des masses de lui, et il est apparemment parti en tout état de cause. Je me soucie plus de son héritage. Tu penses vraiment que moi, je peux faire une bonne Élue d'Arceus ?! Il est censé être le dieu tout puissant et omnipotent non ? Mais s'il m'a choisi moi, c'est qu'il doit avoir une case en moins !

- Les plans du Créateur dépassent l'entendement des pauvres mortels que nous sommes. Mais nous ne sommes pas encore certains que c'est toi. Même si tu descends de l'ancienne Elue, en cinq cent ans, elle peut avoir des descendants un peu partout. Je sais juste que tu es la personne la plus incroyable que je n'ai jamais rencontré, et qu'apparemment Arceus voit les choses comme moi.

Ad ne put s'empêcher de rougir. D'ordinaire, elle balayait les compliments avec une nonchalance à peine voilée, mais ceux de Geran lui faisaient de l'effet, car elle savait que le jeune homme était très sincère et très direct. Un an qu'ils se connaissaient et vivaient ensemble, et Ad devait avouer qu'elle se laissait de plus en plus aller à succomber au charme naturel de Geran, elle qui pourtant s'était jurée de ne jamais tomber amoureuse. Mais elle s'était retenue. Par fierté, bien sûr, mais aussi parce qu'elle savait que Geran avait une fiancée dans son époque. Elle n'était pas aveugle, elle avait bien vu et senti via le Don que Geran avait des sentiments pour elle. Elle ne les avait pas encouragés pour ne pas blesser Geran, et le forcer à choisir entre elle et son Amelina du passé.

Mais ce soir, elle laissa tomber ses résistances, alors qu'elle prenait conscience de son extrême solitude. Elle commença à se lasser de cette vie passée à repousser les autres. De la lâcheté cachée sous une couche de froideur et d'ironie mordante. Elle ne voulait plus fuir maintenant. Elle devait laisser ressortir ses sentiments, sous peine qu'ils ne la déchiquètent de l'intérieur. Aussi elle ne cacha pas ses larmes, et alla se blottir dans les bras puissants et chaleureux de Geran. Plus de honte ni de fierté. Seulement un grand réconfort. Et comme quand on ouvre un barrage, l'eau s'écoule en un gigantesque torrent, aussi Ad n'en resta pas là. Elle avança son visage sur celui de son ami, et captura ses lèvres avec les siennes.

Si Geran fut surpris, il ne la repoussa pas, et lui retourna même son baiser. Ad savait que c'était mal, mais à l'heure actuelle, elle s'en fichait, et profitait de son premier baiser. Un baiser plus fraternel que réellement amoureux, mais chaud et agréable, qui lui fit grand bien. Leurs Don respectifs, déjà naturellement très proches, rentrèrent dans une harmonie parfaite. Mais quand ils se séparèrent, Ad se rendit compte qu'elle voulait encore plus. Son trouble et son envie rendit son Don qui s'échappait d'elle très instable, alors que celui de Geran restait totalement maître de lui. Ad rougit une nouvelle fois.

- Je suis désolée. Je n'aurai pas du... Toi, tu as une fille qui t'attend chez toi...

Geran leva la main pour la faire taire.

- Arceus ait pitié de moi, ce n'est pas à elle que je pense en ce moment. Si jamais j'ai la chance de la retrouver, j'expierai mes péchés auprès d'elle. Mais là, je veux seulement être avoir toi.

Ad jeta un regard plein de sous-entendus à la porte de sa chambre, puis indiqua la fête dehors.

- Ça va encore durer longtemps tu crois ? On a combien de temps avant que les autres ne rentrent et remarquent notre Don ?

- Bien assez, indiqua Geran.

- Parfait, fit Ad en ouvrant la porte de sa chambre. Car j'ai entendu pas mal de trucs sur ce qui se passe quand un homme et une femme sont seuls dans une chambre, et je suis très curieuse...

Geran eut un sourire gêné, mais n'en suivit pas moins Ad à l'intérieur.


***


Madison devait avouer que voir Nathan perdre ses moyens devant elle en sombrant dans une rage incohérente valait bien un triomphe d'Ad et un savon passé par le Seigneur Diavil. Varnellan venait de finir de lui rapporter, avec une grande précision, le contenu du message d'Ad à son frère. Déjà sonné par l'annonce de la défaite de son armée et de la victoire totale de la Rébellion, Nathan Dialine, le toujours si calme et souriant Nathan, en devenait méconnaissable tellement la haine assombrissait ses traits.

- Elle a osé... Elle ose... Répugnante bâtarde, traître à son sang ! Après l'avoir violée jusqu'à l'épuisement, je la donnerai à chacun de mes hommes, et même aux Pokemon sauvages que mes Inhumains contrôlent ! Je la démembrerai de mes mains et j'exposerai ses morceaux dans tout le territoire !

Madison se retint de rire. C'était dur, mais elle s'y força. Dans l'état où il se trouvait, si Madison montrait ainsi son amusement, Nathan la tuerait sans doute sur un coup de tête. Et quand il eut fini de promettre les pires tourments à sa sœur, tous plus imagés les uns que les autres, il s'en prit à Varnellan et Madison.

- Et vous ! Vous vous prétendez Agents du Chaos ?! Vous êtes pitoyables ! Vous vous êtes fait humilier par ces crétins de nobles désorganisés et par Adélie et sa bande ! Qu'est-ce que je vais dire au Seigneur Diavil à présent, hein ?!

Varnellan accepta la colère de son maître en silence, à genoux. Madison fronça les sourcils.

- C'était ta bataille. Tu m'y as juste invité. C'est toi qui a mal calculé de quoi étaient capables les Gardiens.

Nathan la foudroya du regard, d'une telle façon que Madison sentit malgré elle son corps trembler, et qu'elle crut que son cousin allait l'annihiler sur place. Une telle aura noire et meurtrière s'échappait de lui, bien plus que d'Odion. Oui... en dépit de son apparence affable et distinguée, Nathan était bien le chef des Agents du Chaos, et le plus puissant d'entre eux. Madison ravala sa fierté et s'agenouilla comme Varnellan pour sauver sa vie.

- Je m'excuse, Nathan. Je... suis juste en colère, moi aussi.

Mais Nathan lui décocha un coup de pied qui l'envoya bouler au sol, son nez et sa lèvre saignant abondamment. Si Varnellan fut surprit, il n'en montra rien, et ne bougea pas d'un pouce.

- C'est insuffisant, siffla Nathan. Cesse de te penser mon égale parce que nous partageons un peu de sang ! Tu m'es grandement inférieure. Tu n'es qu'un insecte, un parasite. Ton pouvoir est si faible que c'est une insulte aux Agents du Chaos et au Seigneur Diavil !

Madison tenta de se relever, mais Nathan la frappa à nouveau, à la tête, mais aussi dans le ventre. Elle sentait qu'une ou deux de ses côtes étaient brisées. À travers la douleur, Madison tenta de crier. Nathan allait-il continuer de la battre jusqu'à ce que mort s'en suive ?

- Supplie-moi, exigea Nathan. Montre-moi enfin ta véritable condition d'esclave ! Car tu n'es rien d'autre, Madison Hugerson ! Vous m'êtes tous inférieurs ! Vas-y, je veux l'entendre bien fort ! Supplie-moi de t'épargner !

Madison ne put rien faire d'autre que ce qu'il voulait. Elle rampa à ses pieds de façon pitoyable et dit :

- Je vous supplie, maître... pardon, pardon ! Je suis désolée...

Pour faire bonne figure, Nathan lui envoya un autre coup de pied avant de s'en retourner. Madison avait mal, très mal, autant dans sa fierté que dans son corps, mais plus grande encore était sa haine à l'égard de Nathan. Enfin elle le voyait sous son vrai jour. Il était aussi timbré et tordu qu'Odion !

- Varnellan, tu vas aller chercher ma mère, ordonna-t-il. Amènes-la moi ici. Qu'elle prenne ses affaires, car elle va y rester longtemps. Elle sera mon otage. Dis-lui juste que je crains pour sa sécurité et que je la veux près de moi. Et fais en sorte que ça se sache, afin que cela remonte jusqu'à Adélie. Elle a beau la mépriser, il n'en reste pas moins qu'elle a un cœur ridiculement faible. Elle n'osera plus me contrarier si elle pense que je vais me venger sur notre mère !

Madison n'osa pas croire ce qu'elle entendait. Nathan était-il à ce point inhumain pour menacer sa propre mère ?!

- Maintenant, hors de ma vue, incapables, avant que je ne vous transforme en résidus de rien du tout !

Les deux Agents du Chaos s'empressèrent de filer ; Varnellan pour exécuter ses ordres, et Madison pour réfléchir à comment elle pourrait quitter ce cercle de mabouls qu'étaient les Agents du Chaos.