Chapitre second : Equipe J²
Céladopole, Kanto, la veille
— Mais qu'est-ce que tu fiches Jéjé avec ces beignets ? lança un jeune homme qui courait.
— Bah je mange, ça se voit pas JT ? répondit le prétendu « Jéjé ».
— Espèce de Ramoloss, on est en mission sérieuse ! l'ordre de mission stipulait qu'il fallait attraper ce scélérat d'Abelian, pas d'attraper une indigestion, tonna JT.
— Boah, c'est pas comme si c'était un Ninjask. Il est aussi lent que —, rétorqua l'autre.
— Tais-toi, le coupa JT, je crois l'avoir repéré dans la foule.
La petite troupe s'arrêta net en plein milieu de l'artère principale, cherchant du regard ce soi-disant « Abelian ». Tout à coup, JT siffla :
— Il est là, à quatre heures.
— Mmh ? il est l'heure de manger ? demanda son coéquipier.
— Mais vas-tu arrêter de sortir des conneries ? Viens, il faut le rattraper avant qu'il ne s'échappe !
Et les deux compères se mirent en mouvement, ou plutôt devrions-nous dire qu'ils passèrent du stade Noacier au stade Galopa. Tout en tentant de se frayer un passage dans l'immense masse qu'était composée de touristes, autochtones ou même Pokémon, ils émergèrent sur la grande place de Céladopole, s'arrêtant pour localiser leur cible. Là, à la lumière d'un soleil d'août, on pouvait distinguer les deux individus.
Le plus grand des deux avait plutôt fière allure. Silhouette athlétique, mesurant dans les un mètre quatre-vingts, il ne devait pas avoir plus de vingt ans. Son compagnon était un peu plus trapu et bien moins sportif. Tenant sa boîte de beignets dans une énorme main, il peinait à reprendre son souffle; c'était un peu normal, vue sa carrure faisant penser à un Grodoudou plutôt qu'à un Léopardus pourchassant une proie. Les deux garçons étaient des amis d'enfance, l'un s'appelant JT et l'autre Jérémie, ou Jéjé. Ils étaient considérés comme l'une des meilleures équipes que PISE ait jamais connue. Peut-être par honte de son prénom ou par simplicité, JT avait expressemment demandé à tout le monde de l'appeler par ses initiales.
— Bon, où pourrais-tu bien te cacher vil serpent ? pensa JT.
— Je crois que je devrais ..., haleta Jérémie.
— Faire du sport ? compléta son ami en riant.
— Eh ! s'indigna son coéquipier, je sais que je suis enrobé mais j'arrive quand même à courir de ma chambre à la cuisine hein. Blague à part, tu as réussi à le repérer ?
— Non, il a comme ... disparu. Attends, je me rappelle que lorsque nous sommes passés il y a vingt minutes, il n'y avait pas cet arbre ! Magnézone, révèle-moi donc cette supercherie ! s'exclama JT en lançant une PokéBall bleue en l'air.
Un éclair rouge illumina la place et un Magnézone en sortit, flottant à quelques mètres du sol, scannant le dit végétal afin d'y détecter une quelconque trace du fuyard avec son attaque Verrouillage. JT lui ordonna alors d'utiliser son attaque Bombaimant et, oh surprise!, l'arbre se secoua, révélant un Desséliande et Abelian, caché derrière lui. Ne lui laissant pas le temps de faire quoique ce soit, Jérémie sauta sur lui, l'écrasant de tout son poids, et lui arrachant par la même occasion un couinement digne d'un Rattata. Il faut dire que le plaquage de Jéjé avait une puissance comparable à celle du Tacle Lourd d'un Wailord, ce qui est peu dire !
Escortant le malfrat jusqu'à leur QG provisoire situé dans une misérable camionnette garée devant le casino, les « Deux J » sursautèrent lorsque l'émetteur-récepteur de JT grésilla, une voix féminine lançant :
— Dites les jeunes, vous en avez mis du temps pour l'attraper celui-là. Trente-trois minutes et vingt secondes, cinq minutes de plus que pour le dernier, haha !
— Mais Mélanie, c'est pas ma faute ! L'estomac de Jéjé ne pouvait tenir sans son camion de beignets quotidien, plaida JT.
— Hé mon estomac est très bien comme ça, c'est juste qu'il est un peu plus ..., répliqua Jérémie.
— Un peu plus gros, hein ? pouffa Mélanie. Allez les gars, le patron nous attend à Sinnoh pour notre rapport, et je crois qu'il sera bien content qu'on ait enfin pu attraper cette enflure. Vous inquiétez pas pour moi, je fais le voyage par mes propres moyens. De toutes façons vous savez bien que je supporte pas les Pokémon volants.
— Tu manques vraiment un super truc. C'est grisant de voler sur un Flambusard. Je devrais même le renommer JT Airlines, ça sonne d'enfer non ? demanda JT.
— Oh oui, comme chacun de tes autres surnoms que t'as déjà essayés : JET, I believe I can fly ou encore d'autres conneries dans le genre, hein ? Bref, ne traînez pas les gars hein, M. n'aime pas qu'on le fasse attendre.
— See ya baby ! et il mit fin à la communication.
Arrivés à destination, ils remirent Abelian aux forces de police de la mégalopole et se préparèrent à la quitter. Jérémie demanda alors à son coéquipier d'une voix sérieuse :
— Dis, tu crois qu'un jour on arrivera à coincer ces salauds qui — ?
— Tais-toi, je ne veux pas en parler. Tu sais bien que je n'aime pas parler d'eux. Maintenant il faut qu'on se prépare pour revenir à Unionpolis et faire notre rapport. Une longue route nous attend et je n'aimerais pas arriver après le dîner.
— Ah bah voilà, là on se comprend bien ! acquiesça son ami en riant.
— Mais comment pourrais-je déprimer avec un compagnon qui ne pense qu'à s'empiffrer et à dormir franchement ? La vie est belle avec un ami comme toi ! sourit-il en lui tapant l'épaule amicalement.
— Eh oui, la vie est belle, murmura l'autre en baissant les yeux.