« Si l'administration militaire était bien faite, il n'y aurait pas de soldat inconnu. »
(Louis Jouvet)
« Adventure Time
Come on, grab your friends
We'll go to very distant lands »
(Générique d'ouverture d'Adventure Time)(Et ce sera vraisemblablement mon dernier chapitre de 2013, merci à tous de m'avoir lu cette année, à l'année prochaine et un excellent réveillon du nouvel an à tous !)
Mama Cass Elliot – Make your own kind of music
Vous avez toujours été le néant absolu.
Rien du tout.
Vous l'avez toujours su, vous le saurez toujours. Dans cette jeunesse faite de prés et de ruisseaux, vous êtes l'enfant rouquin du patelin. Le gosse dont tout le monde se moque, que tout le monde prend pour une espèce de monstre sans âme ni talent quelconque, auquel il est impossible de parler, que tout le monde prend pour un méchant démon inhumain. Juste une espèce d'animal. Votre mère est une blonde prétentieuse que tout le monde déteste à cause de sa grande gueule. Votre père est un abruti passif et sans envergure. Et vous le suivez droit dans sa tombe.
Quand vous ne deviendrez rien du tout, vous le savez dès la jeunesse : Vous n'avez pas de rêve pour plus tard, et vous n'en aurez jamais. C'est aussi inné qu'un don pour la musique.
Seule vous guide la passion, et elle seule vous guidera parce que le reste du monde ne vous atteint pas comme il le devrait.
Monomaniaque, vous vous éprenez des calendriers. Le passage des jours vous fascine. Le lundi d'une année devient le mardi de la suivante. Découverte d'une proportionnalité, d'une continuité entre les jours de la semaine, le chiffrage des jours, les mois, les années... Et gare aux années bissextiles qui décalent tout. La maîtresse du cours préparatoire met vite fin à votre prolifique œuvre artistique et vous oblige à rester à votre place. Dessiner des conneries, c'est tellement mieux.
Mais un crayon dans la main, c'est votre truc. Ecrire permet de créer. Créer c'est vivre. Vous n'avez pas d'autre choix. Vous n'êtes pas doué pour les sports, ni pour les mathématiques – stupide prof de préparatoire – donc vous écrivez. En même temps, comme votre jeunesse pleine de brimades a défoncé votre estime de vous-même, vous vous retrouvez à devenir l'assistant de tout le monde.
Et ensuite un assistant tout court.
***
Holland, huit ans, était venu en aide à un homme en fauteuil roulant à monter la rampe menant à une banque. Les Tenorman, accompagnés d'amis à eux, étaient un peu embarrassés.
Là où tout parent aurait été charmé de voir que leur enfant était humain et altruiste, Scottie Tenorman et sa femme Clarence étaient respectivement hébétés et offusqués.
- Wow, Clarence, vous devez être contente d'avoir un garçon si serviable !
- Si on veut, oui...
Si on veut. La mère avait énormément de mal à comprendre comment son fils pouvait être aussi investi dans le soutien aux autres...
***
... Et aussi peu dans le soutien de sa propre vie.
- Tu ne sais même pas ce que tu vas faire plus tard ? Non mais je rêve !!
Holland, dix ans, regarda sa mère. Non, il ne savait pas.
- On voit bien que tu tiens tout de ton père !!
***
C'était pourtant un étudiant doué, pas spécialement dans les notes, mais les professeurs avaient tous de bonnes appréciations à son sujet.
- C'est un brave garçon.
- Il n'hésite pas à dire ce qu'il pense mais il a un grand respect des consignes.
- S'il faisait plus d'efforts pour lui... A part ça, il est très fiable pour ce qui est de l'aide aux devoirs avec ses camarades !
- Il a du potentiel. Il pourrait cependant faire tellement mieux...
Et sa mère pensait pareil, mais en pire.
- Tu es une déception INCROYABLE. C'est horripilant de te voir ramper alors que tu pourrais voler !!
Holland baissait la tête. Cette façon de ne pas trop en faire, d'être en dessous de ses capacités, c'était une manière de se protéger. « Si on en attend trop de moi, je vais avoir quelque chose à prouver à tout le monde à chaque instant de ma vie et c'est hors de question. »
Il ne voulait pas devenir quelqu'un qu'il n'était pas. Juste rester lui-même. La pression infligée par sa mère l'avait transformé en mollusque contraint de se retirer en permanence dans une coquille différente. Mais en restant le même corps, la même entité.
Un développement des plus difficiles.***
Réveil. L'homme se lève. Dans un canapé.
- Hmph...
- Déjà debout ?!
Holland regarda son père qui buvait son café à la table.
- Hm... Ce canapé est tellement inconfortable...
- En même temps personne est censé dormir dessus...
Holland leva les yeux au ciel. Son père était décidément le roi des lieux communs. « Autant de conversation qu'un Magicarpe... »
Holland se leva et alla à la cafetière. Plus de café.
- ... T'as jeté le café ?
- Ta mère prend du thé.
- Moi je prends du café !
- Je savais plus.
- Hmmmmph...
- Qu'est-ce qu'il a, à se plaindre ?
Holland vit sa mère arriver. Grande dame imposante, cheveux blancs. Clarence Tenorman, femme hyperactive malgré sa cinquantaine tassée.
- Papa a jeté le café !
- Quand tu sauras garder une femme, tu auras le droit de parler ! tonna la mère de Holland.
Holland leva les yeux au ciel. « Bah voyons... paye ton lien de causalité... »
- Et ne roule pas les yeux sur moi, jeune homme. D'autant qu'aujourd'hui je t'emmène sur ton lieu de travail.
- Ah ?
- Oui. Je dois pratiquer une inspection sur ton équipe administrative et professorale.
Holland regarda sa mère.
- Mais QUOI ? Mais comment ça ?
- Tu te rappelles au moins que je suis inspectrice pour le compte de l'association Pokémon et de l'académie ? Après des années en tant que juge à la cour suprême, moi, requalifiée en inspectrice scolaire... Si un jour j'attrape ce Roland Smirnoff, je lui arracherai les gonades avec les ongles...
Holland inspira.
- Tu ne peux pas venir sur mon lieu de travail !
- Comme si tu avais quoi que ce soit à y redire, Holland ! Tu n'es qu'un agent administratif ! Je suis bien au-dessus de toi dans la hiérarchie ! J'ai même plus d'expérience que ton attardé de patron !
Holland serra les dents.
- Attends, tu vas refaire du café, là ? Ca va pas, non ? Tu crois que l'arabica, on le fait pousser ? Prends un grand verre de coca et arrête de gaspiller nos ressources, petit parasite !
Holland grommela tandis que son père se faisait tout petit et regardait les clips à la télé.
***
- Quel pays de merde. Tu te rends compte que dans les autres pays civilisés, on ne prête pas autant d'importance aux Pokémon. Du coup il n'y a pas d'affaires comme celles-là ! Le hall d'accueil mis à sac... N'importe quoi. Attaqués, vous dites ?! Bêtises. Quelqu'un vient dans votre école et vous pensez tout de suite à une attaque !
Holland, sur la place passager, observait l'école en soupirant. Dans les jardins à côté de l'école, il remarqua un Couafarel. Le chien blanc suivait la voiture des yeux.
- Ce parking est ridiculement grand. Tu te rends compte qu'ils ont détruit des entrepôts désaffectés pour construire cet établissement immonde ?
Sa mère descendit de la voiture.
- Tu te rends compte également que les élèves qui sortent de ce genre d'école sont des incompétents ? Ah ça, ils savent se battre, mais rien d'autre !
- L'apprentissage de la maîtrise des Pokémon est indispensable à Poképolis, maman...
- Tout comme aux Etats-Unis, on apprend aux enfants à utiliser des armes à l'école !
Holland grimaça.
- Quoi mais non !
- Si, c'est pareil. Les Pokémon sont des créatures dangereuses. Ton... Polagriffe, là. D'un coup de patte, il pourrait arracher la tête d'un homme !
- Hagen est dressé pour n'attaquer que quand je lui demande, maman...
- Si on était en Europe, tu n'aurais même pas reçu de Pokémon, tu ne serais même pas obligé de dresser cette créature et tu aurais fait de grandes études, et tu serais une meilleure personne que... ça !
Holland soupira.
- Je suis assistant du proviseur !
- Autant dire larbin d'un moins que rien, ce qui fait de toi moins que moins que rien !
Holland leva les yeux au ciel. « La foudre, pitié, la FOUDRE... »
- Quel jour on est, déjà ?
- Le...
Holland soupira lourdement.
- Le quatorze février, maman.
- Bah. Peu importe.
Holland inspira et se dirigea avec sa mère dans l'allée centrale menant à l'établissement. Il vit Walter accompagné par Perrine.
- Bonjour monsieur Tenorman...
- Bonjour...
- Lut, les enfants...
- Tu ne vas pas discuter avec les enfants, non plus ? Tu es quoi, nounou en plus ?!
Holland partit avec sa mère. Walter soupira.
- Lui, il est foutu.
- Hm...
Naomi arriva.
- Voilà ! Plus jamais je ne prête de livres à Ana, elle met des années à les lire ! soupira la jeune fille. C'est qui cette femme avec monsieur Tenorman ?!
- Soit c'est le diable en personne, soit c'est sa mère ! admit Walter.
- C'est dans ces moments que je suis contente de ne pas avoir de mère ! soupira Perrine.
Robbie arriva, essoufflé.
- D... Désolé ! Grosse matinée, j'ai dû... passer l'aspirateur dans ma chambre en urgence, c'était... long !
Perrine soupira et tendit la main.
- Donne-moi tout de suite ce que tu as été m'acheter comme babiole !
Robbie leva les yeux au ciel. Naomi et Walter observaient, intrigués. Le jeune homme sortit le pinceau de sa poche. Perrine l'observa.
- Biseauté... le manche a des motifs à fleurs... Virole dorée... Merveilleux ! Tu m'écoutes quand je te parle de mes pinceaux cassés !
- Pas que quand tu parles de tes pinceaux !
- C'est mignon, merci. J'ai rien prévu pour toi...
- Pas grave, ça me fait plaisir de te faire plaisir !
Perrine se pencha vers Robbie et lui embrassa la joue. Naomi regarda le petit couple puis regarda Walter alors qu'elle le montait sur sa rampe.
- C'est... très romantique tout ça !
- Oui, oui... admit Walter.
- Je me demande ce que j'aurais pour la saint-valentin, moi...
Walter serra les dents. Naomi attendit une réponse qui ne vint pas. Steven arriva vers le groupe.
- QU'EST-CE QUE JE VIENS DE VOIR ?!
- Bonjour Steven... marmonna Walter.
- Salut !
- Yo... marmonna Robbie.
- Wesh...
Walter, Naomi et Robbie regardèrent Perrine qui haussa les épaules.
- J'suis très ouverte culturellement, faut pas croire !
- Wesh à toi aussi ma sœur. D'où t'embrasses ton mec sur la joue ?!
Perrine haussa les sourcils.
- Bah...
- Je viens juste de lui offrir son cadeau de la saint-valentin !
- RAISON DE PLUS ! Roule-lui une pelle !
Perrine grimaça. Walter regarda Naomi.
- On peut s'éloigner genre, loin ? Que j'entende plus ce genre de choses ?
- Tu veux certaines choses, j'en veux d'autres, chacun sa guerre ! souffla Naomi.
- C'est ce que tu fais avec chacune de tes conquêtes ? demanda Perrine.
- Bah ouais !
- Raison de plus pour que je ne le fasse pas ! A tout à l'heure !
La petite troupe se dirigea vers l'entrée. Naomi sembla interloquée.
- Steven est un porc et un gros con...
- J'VOUS ENTENDS !!! grommela Steven, derrière, au loin.
- ... mais... Vous ne vous êtes jamais embrassés ?!
Perrine et Robbie se regardèrent.
- Nan...
- Bah...
- M'enfin, vous avez bien des gestes d'affection l'un envers l'autre quand même !
- Naomi, je crois que tu les embarrasses...
- Tais-toi !
Walter haussa les sourcils, sachant très bien qu'une longue journée l'attendait.
- Bah... ça... nous... regarde ! admit Robbie.
- En effet oui... admit Naomi.
- Mais sache qu'on a des gestes d'affection, oui ! assura Perrine.
- J'espère pour vous deux ! sourit Naomi.
Robbie plissa les yeux. Wallace arriva derrière tout le monde.
- L'amour, l'amour, lalalalala ! Bonjour à vous, les amoureux ! En ce jour exceptionnel, je vous salue joyeusement ! J'espère que vous avez fait plaisir à vos amoureux respectifs !
- Oui ! sourit Robbie.
- Non ! souffla Perrine.
- Euh bah...
- Pas dans la situation actuelle ! grommela Naomi.
Walter se tut. « Tais-toi, Walter... »
- C'est pour ça que j'aime n'avoir aucun amoureux... Pas d'obligation, pas de contrainte... J'ai rien acheté pour personne et c'est GENIAL !
- T'es pas le seul ! soupira Naomi.
Walter serra les dents. Wallace haussa les sourcils.
- Qu'est-ce qui... AAAAAAAAARGH !
Les trois se retournèrent : Wallace était attaqué par un Pandespiègle qui lui avait choppé la tête.
- HMMMMMPHGHGGHPPG !!!
Robbie, Perrine et Naomi se regardèrent.
- J'veux voir ! Qu'est-ce qui se passe ?! geignit Walter.
***
- Madame Tenorman, tout d'abord, sachez que... J'apprécie que... l'administration scolaire centrale se préoccupe autant de nous...
- Vous plaisantez ? J'ai une pile haute comme une fontaine sur mon bureau rien que pour votre stupide école.
- Vous... pourrez constater que... notre... administration fonctionne parfaitement !
- Evidemment, tout est règlementé comme du papier à musique. C'est autre chose que le corps professoral. Ils autorisent les professeurs à faire n'importe quoi et après ils s'étonnent... Non, monsieur Grant, je ne mettrais pas en cause votre administration...
Holland soupira.
- Quoi que veuille bien en dire mon cher fils.
- Il... ne m'a pas parlé de vous lors de l'entretien qu'il a passé pour... travailler ici...
- Vraiment ? Mon fils ne sait pas profiter de ses opportunités !
- Si j'avais su je... lui aurai offert un poste plus important !
Holland regarda son patron comme s'il venait d'avouer être la Reine d'Angleterre.
- Inutile. Mon fils n'est pas quelqu'un d'important et il le sait. Bon. Je vais observer cette fameuse classe, ce sera plus probant que n'importe quel interrogatoire de votre personnel. Où est la doyenne de cet établissement ?
- En congés !
Clarence acquiesça.
- Bon. Mérités, je suppose ?
- Les premiers qu'elle prend en six ans ici ! admit Aloysius.
- La brave femme. Tu vois, Holland, certaines personnes deviennent professeurs. D'autres sont courageuses !
- Elle ne prend pas souvent de congés parce que conformément à la réforme administrative prétendument écrite par Roland Smirnoff, si elle prend des congés, son salaire est dévalué...
Clarence acquiesça.
- Oui. Comme ça, elle bosse au lieu de glander, et ses congés, elle les savoure ! On a bien assez du week-end pour se la couler douce. Bon ! La classe de seconde année deux, c'est ça ?
- Oui... une sacrée bande de petits rebelles, faites attention à vous !
- Oh mon fils va m'accompagner. Je vous l'emprunte, j'ai besoin d'un secrétaire ! Si tant est qu'il puisse assumer cette fonction, empoté qu'il est.
Holland se frictionna le visage.
***
Clarence arpentait les couloirs, suivie par son fils.
- Maman, c'est une très mauvaise idée...
- Pourquoi ? C'est l'occasion idéale pour mater ces feignasses de professeurs !
- Maman, tu te rappelles que j'ai quitté la maison parce que j'avais une relation avec quelqu'un...
- Ce furent six mois absolument délicieux !
- C'était une prof !
Clarence regarda son fils, outrée.
- Et... on va la voir. Si on suit les secondes années aujourd'hui parce que... elle a cours avec eux cet après-midi, après leurs heures d'apprentissage technique et les options.
- Je fais mon travail. Je me fous de tes soucis amoureux, tu as trente-trois ans, tu es sorti PREMIER de ta promotion, et tu es incapable de gérer la moindre situation qui dépasse le cadre professionnel ?
Holland soupira.
- J'étais dans le commerce international !
- Et voilà où tu finis, quelle vie !
Holland leva les yeux au ciel. Clarence entra dans la salle des professeurs.
- Bonjour à vous, bande de feignasses. Ravie de vous voir travailler un minimum.
Helen haussa les sourcils. Blandine fit craquer ses poings. Sandrine ouvrit la bouche, surprise. Jeffrey s'étonna de voir cette chose.
- Je suis l'inspectrice d'académie Clarence Tenorman. Je suis là pour établir les responsabilités dans l'affaire du saccage de votre hall. L'administration, ça n'est pas que du papier. C'est aussi des biens. Saccager les biens publics est un crime inadmissible. Une certaine classe s'est rendue coupable de ces exactions, et c'est à moi de déterminer à qui revient la charge d'indemniser l'établissement !
Jeffrey regarda les autres profs, ébahis.
- C'est qui cette conne ?!
- Vous êtes ?
- Vous êtes ? rétorqua Jeffrey.
- Je viens de me présenter, jeune homme. Vous êtes fainéant et sourd ?
- Vous êtes jeune et aimable ?
- Très amusant. Vous étiez où pendant cet évènement ?
- Eh bah deux élèves, un membre de l'équipe professorale et un employé étaient pris en otage dans le gymnase, et j'étais un peu en train de les sortir de là, cocotte.
Helen haussa les sourcils. Holland était excessivement embarrassé.
- Balivernes. C'est une école, pas un épisode de Supercopter !
- J'y étais, je peux vous dire que c'est la stricte vérité ! assura Sandrine. Cette horrible vieille dame a volé mes dossiers personnels !
Clarence regarda Sandrine et regarda Jeffrey.
- Vous couchez ensemble ?
Holland tourna le dos, plus embarrassé que jamais. Il remarqua Wallace qui se faisait courser par un Pandespiègle.
- DEGAAAAAAGE !
Holland se retourna, interloqué.
- Non mais dites... s'offusqua Sandrine.
- Vous êtes genre une espèce d'accusatrice à charge professionnelle ?! grommela Jeff.
- Qu'est-ce que vous venez foutre ici en fait, j'comprends pas... souffla Blandine.
- Si c'est juste pour foutre la merde, vous pouvez vous casser, c'est déjà fait ! grogna le coach de l'équipe de foot.
- Salut tout le monde...
Le professeur de littérature arriva, quelque peu éteint. Clarence le pointa avec sa liasse de papiers.
- Vous êtes en retard, monsieur !
Ambrose regarda les autres professeurs. Helen soupira.
- Inspectrice d'académie...
Ambrose soupira.
- Laissez-la gesticuler, au bout d'un moment elle partira d'elle-même si vous l'ignorez...
Les autres profs observèrent leur collègue tout déprimé.
- Je ne partirai pas avant d'avoir fait mon travail, monsieur !
- Qui consiste en quoi ? Rester ici et gueuler sur tout le monde ? Félicitations, vous vous débrouillez comme un chef...
Ambrose prit ses livres et partit de la salle des professeurs. Clarence soupira.
- Lequel d'entre vous aura les seconde années un dans quelques minutes ?
- Moi ! informa Sandrine.
- Eh bien nous verrons cela tout à l'heure !
- Hors de question que vous perturbiez mon cours ! Vous observerez mais je vous défends de leur adresser la parole dans mon cours !
- Et vous êtes qui pour en décider, mademoiselle ?
- On en discutera avec le proviseur si vous voulez ! grommela Sandrine.
- Volontiers, vu que votre Doyenne est en congés, ça va être beau, tiens !
- Je suis leur professeur principal, vous leur en parlerez dans mon cours ! souffla Helen pour calmer le jeu.
Clarence acquiesça.
- Voilà une dame bien aimable et polie ! Quel est votre nom ?
- Helen Clover, madame !
Clarence regarda Holland.
- C'est elle ?
Holland acquiesça, au comble de l'embarras.
- Eh bien. Tu choisis mieux tes femmes que tes débouchés professionnels !
La matrone se dirigea vers la porte. Holland attendit un peu, observée par une Helen à moitié compatissante.
- Euh... Continuez votre travail, l'inspection ne concerne que les seconde année un, elle est purement formelle et consiste juste à inscrire un justificatif officiel sur le libellé du devis qui sera fait à l'association pour le dédommagement... Et désolé pour ça.
Holland partit à la suite de sa mère. Ils assistèrent ainsi à une scène des plus originales.
- PROTEGE-MOI LINDSAY ! T'ES MA GRANDE SŒUR, MERDE !
Pandespiègle cherchait le meilleur angle pour attaquer Wallace, caché derrière sa sœur, laquelle était toute émerveillée.
- Elle est trop mignonne !
- Je SAIS que c'est une femelle !! Crois-moi je sais !
- Elle veut juste jouer !
Wallace montra à sa sœur son visage couvert de griffures.
- JOUER ???
- Tu saignes même pas !
- CA FAIT MAL !!
Clarence se pencha vers son fils.
- Tu vois, dans un établissement normal, ce genre de choses n'arriverait pas !
Pandespiègle sauta dans les bras de Lindsay qui sourit en la caressant.
- Elle est trop chouuuute !
Le Pokémon se leva dans ses bras et fourra sa tête dans le cou de Lindsay. Wallace s'était éloigné.
- Regarde elle me fait des bisous !
- Ou alors elle va te sucer le sang !
- J'devrais la capturer. Ou alors toi.
- J'te la laisse !
Pandespiègle tira la queue de cheval de Lindsay et s'en servit comme liane pour passer derrière elle.
- AAAAAH !
- DEMON ! DEMON QUE TU ES !
Pandespiègle partit en ricanant, observée par Lindsay et Wallace.
- Elle est folle ! geignit Lindsay.
- J'te l'avais dit !
- JEUNES GENS !
Lindsay et Wallace se tournèrent vers Holland et sa mère.
- Noms, prénoms et affectation !
- ...
- ...
- Obéissez, je suis un membre de l'administration centrale !
Wallace et Lindsay se regardèrent.
- C'est quoi ?
- J'sais pas.
- Pour une fois que tu sais pas un truc que je sais pas aussi, c'est rassurant ! souffla Lindsay.
- Faut dire que je m'en branle un peu de toutes ces conneries administratives ! soupira Wallace.
- J'avoue c'est gavant...
Holland transpirait à grosses gouttes. Clarence inspira.
- Eh bien bravo Holland, voilà le système dans lequel tu aimes tant travailler, les enfants sont malpolis et idiots !
- Hey ! Je suis juste malpoli !
- Ouais, et...
Lindsay grimaça et frappa son frère.
- AOUCH ! J'AI LA CHAIR A VIF J'TE RAPPELLE !
- Me traite pas d'idiote devant la vieille de l'administration centrale ! grommela Lindsay
- La... vieille s'appelle Clarence Tenorman !
Wallace s'étonna.
- C'est votre daronne ?!
Holland acquiesça. Wallace hocha la tête en écarquillant les yeux.
- Ah ouais quand même. Chié.
- Je vous ai demandé vos noms !
- Wallace Gribble.
- Lindsay Gribble.
- Ainsi que vos classes respectives !
- Seconde année un...
- Troisième année deux.
- Seconde année un... Vous êtes un des élèves liés au saccage du hall !
- Ouais, et l'équipe d'ouvriers qui répare, c'est celle du père de mon meilleur pote !
- Sans importance. Je vous ai à l'œil, jeune homme, et croyez bien que nous nous reverrons.
Clarence passa entre les deux élèves, suivie par Holland, complètement abattu. Wallace plissa les yeux.
- J'avais pas assez d'une petite emmerdeuse aujourd'hui... soupira Wallace.
- Au fait c'est la saint valentin... s'étonna Lindsay.
- Ouais. Shawn t'offre quelque chose ?
Lindsay regarda son frère qui haussa les épaules.
- J'suis pas débile.
- J'sais pas... Un seul mot à maman et j'te tue !
- Je sais, grosse idiote ! Pis j'en ai rien à foutre, j'suis trop occupé avec Oncle Jeffrey, je sais pas où il passe ses soirées en ce moment mais j'en ai ras le cul de le couvrir auprès de maman...
- Il a une meuf.
Wallace regarda Lindsay, faussement étonné.
- QUOI ??? Tu veux dire qu'il ne passe pas ses soirées à jouer au BRIDGE avec des VIEUX ??? Ma vie entière est un mensonge ! MENSONGE !!
- T'es vraiment con...
- QUOI ??? Tu veux dire que...
Lindsay partit, gavée. Wallace ricana... comme un Pandespiègle.
***
Dans la suite de sa scolarité, Holland Tenorman a vite pris conscience de la complexité des rapports humains. Il y avait ce type qui a un peu été son seul « ami » pendant l'académie. Pour autant, il n'avait jamais été chez lui et ils n'avaient jamais partagé plus que quelques conversations dans l'amphithéâtre. La plupart des gens connaissaient Holland uniquement comme « Le rouquin avec un nom bizarre ».
Après la réception de Polarhume, il prit vite conscience qu'il n'était pas un dresseur d'exception et se cantonna à ne pas se forcer à devenir trop fort.
Ce que sa mère apprécia.
- C'est bien. Concentre-toi sur les vraies études, personne n'a besoin d'être un grand dresseur. Moi ça fait des lustres que je n'ai pas entraîné la bestiole qu'ils m'avaient refilé !
Le père de Holland communiquait extrêmement peu avec lui, il l'engueulait quand c'était nécessaire ou que sa femme n'était pas là pour le faire, mais il avait bien peu d'autorité. A part travailler et ramener un salaire, et subir les colères de sa femme, Holland se demandait parfois à quoi servait ce père qui ne lui avait jamais vraiment donné d'affection.
Quoique sa mère ne lui en donnait pas non plus. Enfant, il n'avait reçu aucun câlin, aucun geste particulier d'amour maternel, ce qui avait encore plus poussé Holland dans ses retranchements. Ses relations avec les femmes étaient donc excessives, il avait du mal à garder de la contenance et était généralement taxé d'être beaucoup trop affectueux. Ce qu'il avait appris à doser avec le temps. C'était toute une éducation à refaire.
Par chance pour lui, ensuite, il travailla.***
Lorsque la classe de seconde année un entra en classe, Sandrine Aubert reçut un joli panier garni de la part de Gina, Holly, Quinn, Fey, Ana et Christina.
- En quel honneur ?!
- Bah déjà votre retour au travail après votre arrêt ! sourit Quinn.
- On l'a choisi toutes ensemble ! sourit Christina.
- C'est de la part de toute la classe ! sourit Fey.
- Oui on s'est cotisés ! admit Ana.
- Pis bon après ce que vous avez subi... en quelque sorte par notre faute... souffla Gina.
- On s'est dit que c'était la moindre des choses ! assura Holly.
Sandrine sourit.
- Vous n'étiez pas obligées, les filles ! Je vous suis reconnaissante, vraiment ! A vos places, je suis inspectée ! geignit la blonde.
Les filles se pressèrent. Sandrine plaça le panier sur un coin de bureau et souffla, embarrassée. Les élèves se placèrent peu à peu.
- Mais arrêtez les mecs, j'ai aucune obligation !
- C'est pas ce qu'on dirait vu de l'extérieur... marmonna Mike.
- Je pense aussi que tu devrais te faire tout petit aujourd'hui... marmonna James.
- Arrête, mec, genre t'as prévu quelque chose pour Ferrero Rocher !
James se retourna vers Steven, furax. Mike le retint par le bras.
- Vieux, t'es au-dessus de ça !
- Je l'emmène au restaurant ce soir !
- Tu l'emmènes pas au resto une fois par semaine d'habitude ?!
- J'ai rien à faire de spécial, c'est un jour comme un autre ! soupira James.
- Il a raison dans un sens ! admit Mike.
- Bah voilà alors j'ai rien à faire pour Ana, on sort même pas ensemble !
- C'est pas clair vieux... soupira James.
- Grave, Steven, honnêtement je serais toi je ferais gaffe ! souffla Mike.
Steven haussa les sourcils.
Clarence s'était déjà postée au plus haut de la salle avec Holland.
- Tu consignes tout ce que tu vois.
- Je sais comment marche le travail d'assistant secrétaire en inspection...
- Si c'est le cas, pourquoi te contentes-tu d'un boulot minable d'assistant administratif ?
Holland leva les yeux au ciel.
- Bien... Bonjour, merci pour vos attentions et désolée pour mon absence imprévue...
Clarence étouffa un éclat de rire.
- ... bien, je vais reprendre là où j'en étais... Les enchaînements. Les enchaînements ne doivent pas être confondus avec les combinaisons. Les combinaisons sont la résultante de l'assemblage des deux attaques de deux Pokémon distincts. Un Pokémon seul peut réaliser des enchaînements d'attaques selon son niveau d'expérience, qui lui garantit sa stabilité énergétique, mise à mal par l'usage, dans le même temps, de deux attaques...
- Excusez-moi !
Holland tentait de retenir sa mère mais autant retenir un Tauros au galop avec une main. Clarence descendait dans les escaliers.
- Je ne crois pas vous avoir autorisée à...
- Je ne crois pas avoir d'ordres à recevoir de vous ! Prenons un élève au hasard... Vous !
Tino regarda l'inspectrice, étonné.
- Que souhaitez-vous faire plus tard ?
- ... J'hésite entre professeur et chercheur !
- Chercheur dans quel domaine ?
- Les Pokémon...
Clarence agita la main et désigna Christina, à côté de lui.
- Vous, jeune fille ?
- Journaliste...
- Ce qui se dit ici vous intéresse pour le métier que vous aurez à faire plus tard ?
- ... j'ai les options pour ça !
- Oui mais n'avez-vous pas l'impression de perdre votre temps ici ?
- Bah... non... je suis à l'école... et les Pokémon font partie de notre monde, c'est important d'en apprendre plus sur eux...
Sandrine croisa les bras, gavée.
- Vous !
- Bwaaah !! répondit Orson.
- Que souhaitez-vous faire plus tard ?
- Euh... conducteur de trains !
Clarence réprima de nouveau un éclat de rire.
- Et... Ce que vous apprenez ici vous servira forcément plus tard, n'est-ce pas ?
Orson grimaça.
- Euh... madame, je trouverais ça très bizarre d'avoir des cours de conduite de train à l'école...
Le reste de la classe ricana. Sandrine sourit. Clarence soupira.
- Vous ?
- Informaticien... soupira Tristan.
- Vous ?
- Probablement expert-comptable ou mathématicien... admit Benjamin.
- Voilà autant de jeunes gens qui, en ce moment, perdent leur temps !
- Non, il y en a vingt de plus, mais continuez, je vous en prie... soupira Sandrine.
- Vous ne comprenez pas ce que j'essaie de dire ? Cette école regorge de potentiels que vous ne développez pas, au profit de cours inutiles !
Sandrine inspira, énervée.
- Ouais c'est bon allez la vieille, dégage !
La classe éclata de rire et tout le monde se tourna vers Steven.
- Voyez, ces jeunes sont mal encadrés et malpolis !
- Nan c'est juste que j'en ai ras le cul de voir ta face, j'peux pas dormir tranquille !
- Steven... souffla Sandrine.
- Vous allez témoigner un peu plus de respect jeune homme, sinon...
Le proviseur entra dans la salle à ce moment.
- Que se passe-t-il ?!
- Je me livrai à mon inspection ! informa Clarence.
- ... vous êtes censée délivrer votre avis à la fin du cours, madame Tenorman ! Comme le règlement l'indique !
Clarence inspira, vexée, et remonta à sa place. Sandrine regarda Holland qui rangea son téléphone portable.
- Je... continue mon cours...
***
Les filles restaient à l'extérieur de la salle pour observer par la lucarne vitrée de la porte le sermon/dispute entre l'inspectrice et la prof, dispute chaperonnée par Holland.
- Elle se fait enchaîner... soupira Gina.
- La pauvre... souffla Fey.
- Pourquoi cette dame est aussi méchante ?! souffla Ana.
- Vous faites quoi, là ?!
La plupart des filles de la classe excepté Amélia, Naomi et Perrine, Santana et Violette se tournèrent vers Rebecca.
- On... fait preuve de solidarité envers notre prof ! admit Quinn.
- Elle se fait enguirlander, c'est pas cool pour elle ! geignit Fey.
- Vous êtes ridicule ! Elle est prof, c'est dans son rôle de se faire recadrer par une inspectrice d'académie !
Les filles se regardèrent.
- Elle a raison dans un sens ! admit Lucy.
- On peut quand même la soutenir ! rétorqua Quinn.
- Dans ce cas, Quinn, pourquoi n'es-tu pas une pom-pom girl ?! soupira Rebecca.
- T'es jalouse parce qu'on t'aime pas autant qu'elle ? demanda Andréa.
Les autres filles regardèrent la blonde et acquiescèrent. Rebecca leva les yeux au ciel.
- Je trouve juste que vous perdez votre temps, vous ne pourrez pas l'empêcher de se faire inspecter de toute façon !
Christina plissa les yeux et s'éloigna.
- Voyez, elle est d'accord avec moi !
- Non, j'ai quelque chose à aller demander, nuance !
Les autres filles regardèrent Rebecca, puis se retournèrent vers la porte. Rebecca soupira et partit à son tour.
Christina arriva vers Wallace et compagnie, alors que le groupe semblait en plein débats séparés.
- Je sais que la saint-valentin est une fête puérile et commerciale. Mais n'empêche !!
- Naomi parfois tu me surprends mais pas dans le bon sens... marmonna Walter.
- Ca veut dire quoi, ça ?!
Perrine regardait Robbie, embêtée.
- On va pas s'embrasser parce que Steven nous y oblige !
- Clairement pas, non... Seulement si on en a envie tous les deux ! assura Robbie.
Wallace vit Christina.
- J'peux t'aider, Miss Québec 2005-2007 ?
Christina plissa les yeux et regarda Wallace.
- Je... pensais à quelque chose. Roland Smirnoff a créé cette école, ce système scolaire...
- Tiens, ça t'intéresse, ça ?
- Bah en fait je me suis fait la réflexion pendant le cours et là, Rebecca vient de me faire remarquer quelque chose...
- Je t'écoute.
- Bah personnellement, j'ai déjà vu des professeurs se faire inspecter deux ou trois fois, même en cours préparatoire... C'était toujours terrible pour les professeurs, comme si... C'était juste là pour les casser !
- Hm.
- Et rien n'a changé avec l'arrivée de Roland Smirnoff ?! Il n'a rien... arrangé de ce côté-là ?
- ... du côté administratif, c'est pas lui qui s'en est chargé, il a fait appel à un sous-traitant.
Christina hocha la tête.
- Un sous-traitant qui ne l'aimait pas beaucoup visiblement...
- Bien deviné, Lady Jugeote.
- ... en entendant l'inspectrice, j'ai eu l'impression qu'elle... voulait nous faire adhérer à sa cause...
- C'est l'idée, je pense...
- Dans ce cas, elle est contre Roland Smirnoff... c'est pas complètement paradoxal ?!
Wallace acquiesça.
- Ouais... totalement contreproductif, même. On peut pas faire grand-chose contre ça, en fait.
- Mais qu'est-ce qui nous dit que Direction Dresseurs n'est pas impliquée activement dans l'administration scolaire Poképolite ?
Wallace acquiesça.
- Le... sous-traitant auquel je pensais est effectivement le chef de Direction Dresseurs.
- ... mais alors tout se recoupe !
- Ouais, euh... Excuse-moi Christina, je sais que tu veux bien faire, mais après ce qui s'est passé, on ne veut pas vraiment impliquer trop de monde en profondeur, d'accord ?
Christina hocha la tête, compréhensive.
- Mais merci pour ta réflexion, ça apporte effectivement pas mal d'eau au moulin.
- De rien !
- Maintenant éloigne-toi de la banderole jaune et laisse la police faire son travail !
- OK ! Euh...
Wallace devint rouge comme une tomate. Pandespiègle lui avait baissé son pantalon.
- ..................
- Boxers noirs ? Sympa, Gribble ! sourit Santana en passant avec Violette.
Christina devint toute rouge. Naomi, Walter, Robbie et Perrine observaient, médusés. Francis regarda Wallace, devant Christina, le pantalon baissé. Tino, Orson et Benjamin n'en revenaient pas.
- ................ Espèce... de...
Wallace remonta son pantalon et poursuivit Pandespiègle.
- PETITE CONNASSE !!! STRING, SECRETION !
Manternel attaqua, l'attaque fusa, mais Pandespiègle plaça Léon Grimes dans la ligne de mire de la sécrétion.
- Hey...
Le jeune homme se retrouva pris par le bras.
- Aaaaaah ! Lilian au secours !!
- Euh... ouais... nan...
- CROTTE ! Reviens !!
Manternel et son attaque revinrent dans la Pokéball. Léon regarda Wallace, énervé.
- Il se passe quoi ?!
- Il se passe que les pandas c'est vraiment des connasses !!
Wallace poursuivit Pandespiègle qui atterrit dans le hall. Le jeune homme s'arrêta et perdit Pandespiègle de vue : Tristan était assis dans un coin avec son copain Nick. Wallace s'éloigna, embarrassé.
- Grmbl... Perd rien pour attendre, cette salopiotte !
Tristan recevait le porte-clés ordinateur que Nick lui offrait pour la saint-valentin.
- C'est chou, merci !
- C'était ça ou un ordinateur en peluche, et crois-moi tu ne veux pas voir à quoi ça ressemble !
- Non en effet... encore que... ! Bon, à mon tour !
- Oh c'était pas nécessaire, Tristan, même moi je t'ai offert une broutille vraiment pour l'occasion...
Nicolas ouvrit la boîte et découvrit une cravate grise.
- C'est du Gris Psystigri ?!
- Hm !
- Génial ! Merci Tristan !
Nicolas s'avança pour embrasser Tristan, mais Tristan sembla stressé tout d'un coup.
- Euh... gentil et sans la langue, on est d'accord ?
- Bah... oui ! On est devant tout le monde, évidemment que ce sera gentil !
- Okay alors !
Tristan accepta le baiser. Une fois cela fait, il s'étonna.
- Hey, c'était notre premier baiser !
- Y'a un début à tout ! sourit Nicolas.
Tristan acquiesça, quelque peu... intrigué par le déroulement des opérations.
Wallace revint vers son petit groupe, constitué uniquement de Robbie et Perrine.
- Ils sont où, Super Couple de Minorités hétérosexuelles ?
- ...
- Walter voulait aller aux toilettes...
- BEEEEERK !
- ... du coup Naomi l'a suivi pour lui parler même là-bas.
- Le pauvre. Et elle, si elle savait... Quoi, qu'est-ce que t'as, toi ?
Robbie haussa les sourcils.
- Rien, je suis pas habitué à tes... sobriquets...
- J'en ai pas encore trouvé pour toi, d'ailleurs...
- Nan, c'est pas la peine ! sourit Robbie, gêné.
- Tu ferais mieux de le laisser t'en trouver un, sinon il va te faire chier avec ça tout le temps...
- Aryen, c'est trop Godwinesque... et Walter va m'engueuler... Blondie, c'est méprisant... Jaune d'œuf aussi... un peu moins quand même...
Robbie plissa les yeux.
- Dis-toi que ça aurait pu être pire, tu aurais pu sortir avec Steven ! souffla Wallace.
Robbie grimaça. Perrine agita la tête, presque d'accord.
***
Sandrine revint dans la salle des profs, furieuse.
- Quelle vieille garce !! Si je n'étais pas aussi calme... Hmmmm !!!
- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? soupira Blandine au casier d'à côté.
- Tout, elle m'a tout fait ! J'ai été humiliée devant mes élèves, elle a dit que mon cours ne servait à rien !
- La salope... qu'elle vienne en donner des cours, on va voir...
Helen soupira. Blandine et Sandrine se retournèrent vers elle.
- Helen, fais quelque chose, c'est la mère de ton mec ! grommela Blandine.
- Ce serait effectivement appréciable... souffla Sandrine.
Jeffrey tendit une oreille. Helen sembla gênée.
- C'est... délicat, les filles, moi et Holland ne sommes plus ensemble !
Blandine plissa les yeux. Sandrine s'étonna.
- Ah bon ?!
- C'est pour ça que vous ne mangez plus ensemble ?! s'étonna Blandine.
- Voilà.
Blandine et Sandrine se regardèrent, surprises.
- On l'a à peine vu réagir...
- Bah oui... Comment ça s'est fait ?! s'étonna Sandrine.
- Disons que... J'ai... revu mes priorités. C'était trop lourdingue à gérer, cette relation, alors j'ai préféré rompre !
Blandine haussa les sourcils. Sandrine hocha la tête.
- D'accord... tu... as mal choisi ton moment, je crois...
- Hm, parce qu'après les professeurs en option, la prochaine sur la liste, c'est toi... souffla Blandine.
Helen acquiesça.
- On verra bien... Je pense que Holland est assez adulte pour ne pas... donner de tournant personnel à tout ça !
Les deux collègues d'Helen se regardèrent, pas rassurées.
***
Jeffrey rejoignit Helen sur le chemin de sa salle.
- Tu ne leur avais pas dit ?!
- Je ne parle pas beaucoup à mes collègues de l'état d'avancée de mes relations personnelles ! souffla Helen.
- Bon. Content que tu ne leur aies pas dit que j'étais ton nouvel amant !
- Contente que tu utilises le terme « Amant » et pas « Petit ami ».
- Si j'étais ton petit ami, les choses seraient beaucoup plus ennuyeuses. Que les choses restent comme ça et ce sera très bien !
- Heureuse de te l'entendre dire.
- Tu me rappelles vraiment mon neveu. Sur ce point, je veux dire.
Helen acquiesça.
- J'en suis pas fière, crois-moi.
- Tu fais ce que tu veux, c'est ta vie. Le fait que tu en décides par toi-même est exemplaire.
Helen hocha la tête.
- Tu ne m'as rien prévu pour la saint-valentin ?
- Bah nan, pourquoi, on est en couple ?! Nan ! Bah alors !
Helen soupira de soulagement.
- Reste comme ça aussi longtemps que possible, s'il te plait !
- Bien reçu !
Plus loin, Blandine et Sandrine digressaient.
- Elle est toujours tellement sérieuse et là... souffla Sandrine.
- Si encore il avait fait une vraie connerie, j'aurais compris, mais vu de l'extérieur, ça avait l'air de bien se passer ! On devrait demander à Holland...
- Ce serait trop gênant... soupira Sandrine.
- Hm. N'empêche je suis sûr que maintenant elle se tape le remplaçant de fondamentaux, Houston...
- C'est clair comme de l'eau de roche, vu comme elle était gênée en parlant de sa rupture... On parie qu'elle a largué le rouquin pour s'afficher avec un beau gosse ?
- C'est certain, même une grosse buse comme moi, je l'ai remarqué ! soupira Blandine.
***
- Et il y a eu ce jeune auteur au salon du livre... On a juste discuté, un peu longtemps, c'est tout... Je le trouvais talentueux et je voulais le lui faire savoir, c'est ma passion bordel !
Denis acquiesça.
- Mais là, Harlan s'est mis à faire une autre crise de jalousie, alors j'ai essayé de le raisonner, je lui ai dit que je faisais juste mon travail, je l'ai traité en gamin, qu'il était journaliste et qu'il pouvait comprendre que je veuille encourager de jeunes talents, j'ai cru qu'il me faisait un banal numéro de jalousie, et...
Ambrose soupira, les larmes aux yeux.
- ... là, il m'a dit qu'il était malheureux avec moi... parce que j'étais encore passionné par mon travail alors que lui en était dégoûté de jour en jour et... je l'avais même pas réalisé !
Denis plissa les yeux.
- Ca va s'arranger...
- On fait chambre à part, je l'ai conjuré de venir dormir avec moi, je voulais le rassurer, et là il m'a dit qu'aucune partie de jambes en l'air ne pourrait le sortir de sa dépression...
Denis souffla.
- C'est compliqué... En même temps c'est pas vraiment ta faute s'il est malheureux...
- Mais j'aurais pu m'en apercevoir avant !
- Mais il aurait pu t'en parler aussi !
Ambrose acquiesça.
- Je sais même pas si j'ai envie d'aller faire cours...
- Il faut bien, ça va t'occuper l'esprit...
- ...
Ambrose regarda Denis qui haussa les sourcils.
- N'y pense même pas !
- ... n... non, bien sûr, désolé...
- Je suis désolé pour toi, Ambrose, mais ne fais pas ça, c'est la pire chose à faire. Tu t'en remets pas, ou difficilement.
Ambrose s'étonna.
- ... attends, de ton côté ça t'embêterait pas ?!
- Je... Si, bien sûr, je suis marié ! J'ai deux enfants ! Je ne peux pas...
Ambrose haussa un sourcil. Denis inspira.
- David... n'est pas le meilleur amant qui soit, mais... il est tendre, il m'aime pour tout ce que je suis et j'apprécie énormément sa compagnie.
Ambrose pencha la tête.
- Tu es en train de me dire que tu... n'es pas satisfait sexuellement ?!
- C'est complètement tertiaire dans une relation de couple, Ambrose ! Et honnêtement, si tu penses que tromper Harlan avec moi ça va arranger tes affaires... C'est que ton bréviaire, c'est Bel-Ami de Maupassant !
Ambrose acquiesça, conscient des abîmes de décrépitude qu'il avait atteint.
- Ouais... Pardon pour...
- Hey, on est amis, je te conseille des bouquins, tu me conseilles des bouquins. Mais si tu crois que coucher à droite à gauche permet l'ascension sociale et améliore le confort de vie, c'est vraiment que tu es stupide !
Ambrose hocha la tête.
- Je mérite pas un collègue comme toi ! sourit Ambrose.
- Entre gays amateurs de livres et fonctionnaires, on peut bien se serrer les coudes !
- Qu'est-ce que je dois faire avec Harlan ?
- Parle-lui, dis-lui de te parler et... soutiens-le, c'est dur une dépression. C'est la Saint-Valentin, offre-lui un truc !
Ambrose plissa les yeux.
- On est DEJA le 14 février ?!!
- J'offre juste un bouquet de fleurs à David pour marquer le coup !
Ambrose acquiesça.
- Trouver un fleuriste...
Denis secoua la tête en regardant son collègue partir vers les cours.
***
Clarence Tenorman avait décidé de voguer d'option en option, toujours suivie par son éternel fiston, vraiment pas ravi.
- Que fais-tu, jeune fille ?
Christina grimaça, de plus en plus importunée par l'inspectrice.
- Je mets au propre un article très important sur les récents évènements du congrès Poképolite !
- Tout ça pour le fil de nouvelles du site web de l'école ? Ce doit être peu gratifiant !
Christina souffla. Le régisseur de l'option haussa les sourcils.
- Si votre but est d'entamer ma motivation, madame, vous avez intérêt à utiliser une pioche !
Christina s'en retourna à son travail. Clarence se pencha vers Robbie.
- Du rangement ?!
- C'est utile. Je suis plus calé pour les travaux de seconde main, l'archivage, le classement, et je m'occupe des brèves et des critiques musicales !
Clarence se releva et se pencha vers Holland.
- Il me rappelle quelqu'un, celui-là !
Robbie haussa un sourcil. Holland soupira derrière sa mère. Robbie le regarda, compatissant.
Clarence arriva vers Lilian qui s'éloigna littéralement devant elle.
- Non mais...
- J'ai des choses à faire.
- Jeune homme, j'estime que je suis en droit d'observer ce que vous faites !
- Non.
Clarence regarda Holland.
- Je déteste cet établissement !
- Et je crois qu'il te le rend bien... soupira Holland.
- Pardon ?
- Passons à un autre cours, maman...
- Et pourquoi cet horrible homme juif grassouillet nous surveille ?!
Jacob Andrews grimaça et alla voir Christina.
- C'est le régiss... enfin le professeur de cette option !
- Mais qu'est-ce qu'il leur apprend ?!
- Demande-lui !
- Je ne demanderai rien à ce parasite !
Holland sembla au comble de l'embarras.
- Maman, cet homme est aussi Poképolite que toi et moi !
- C'est un israélite, Holland, comme si tu ne savais pas les reconnaître !
Holland serra les dents. Clarence salua le professeur qui hésita à lui rendre son salut.
- Combien il gagne ? Plus que toi, je suppose !
- Oui, plus que moi, parce qu'il est prof et moi agent de l'administration ! Maman, passons à un autre cours !!
- Ce que tu peux être pète-sec !!
***
Odile Dulac semblait méfiante vis-à-vis de l'inspectrice, mais Perrine, elle, affichait un grand sourire, trop contente que sa prof préférée soit revenue. Elle peignait un joli tableau avec des Wattouat angéliques entourant un Darkrai en talons hauts rouge carmin.
- Voilà un cours d'utilité publique ! Le cours d'art ! sourit Clarence en passant dans les rangs. Vois, cher fils, ces jeunes gens qui perdent leur temps à peindre. Est-ce que ça fait vivre, peindre, au moins ?!
Odile leva les yeux au ciel.
- Et vous revenez d'un arrêt maladie, ma pauvre ! Qu'est-ce que vous aviez, un rhume ? demanda Clarence, cynique.
- J'ai dû me faire opérer...
- Oh-ho ! Oh ! Quelle veinarde ! Une opération !
- Mamaaaan...
- Et on peut savoir de quoi vous vous êtes fait opérer ?
Odile secoua vivement la tête. Clarence passa derrière Perrine.
- Oh regarde, celle-là peint des Pokémon ! C'est bien, ça, c'est original ! Bravo jeune fille ! Vous espérez tirer combien de cette croûte ?
Perrine ne daigna même pas répondre, elle continuait à peindre avec son nouveau pinceau.
- Et en plus elle est sourde ! J'attends votre réponse, madame Dulac !
- Maman, laisse-là tranquille !
- Quoi, tu as couché avec elle aussi ?! Décidément, si tu maniais aussi bien ton engin que ton CV...
Holland se recroquevilla, complètement humilié. Odile Dulac était également assez estomaquée. Clarence passa derrière Andréa.
- Han ! C'est nul ! Qui est cette grosse limace noire et baveuse avec des cheveux gris ?!
- Jabba le Hutt... marmonna Andréa.
Holland regarda le tableau. « Mais c'est ma mère ! »
- Bah voyons ! Un personnage du Seigneur des Anneaux ! Pauvre fille !
Perrine et Clive réprimèrent un fou-rire.
- Ah, ça, ça me plait ! Qu'est-ce que c'est ?!
Clarence désignait le tableau de Clive. Holland écarquilla les yeux. Clive se fit une joie d'expliquer.
- Eh bien il s'agit d'un Tadmorv qui... dégouline peu à peu de la bouche d'une femme très vieille et très laide, pleine d'amertume, qu'elle gerbe continuellement.
- C'est du vrai symbolisme ! Dommage que vous soyez habillé comme un prostitué !
Clive fronça les sourcils et se remit à peindre. La dame ressemblait de plus en plus à Clarence...
- Bon, cours suivant, ça pue les produits toxiques ici !
***
Gymnastique. Mounia Ghanem n'était pas ravie.
- Regarde-moi ces dindes se dandiner ! Dans un sens, au moins, plus tard, elles sauront comment gagner de l'argent !
Certaines filles se tournèrent vers l'inspectrice, outrées. Gina et Holly ignoraient la femme. Rebecca faisait signe à Amélia de ne pas en tenir compte.
- Dites-moi, vous êtes née ici ? demanda Clarence à la prof.
Mounia Ghanem regarda Clarence Tenorman, tout à fait sérieuse.
- C'est intéressant pour mon cours ?
- Si vous avez appris à enseigner la gymnastique dans du sable, oui, ça l'est !
Holland chercha son téléphone mais il ne l'avait plus. Clarence le lui montra.
- Tu ne m'empêcheras pas de bosser cette fois !
Elle le remit dans sa propre poche et continua.
- Vous vous faites certainement plus d'argent ici que dans votre précédent pays, n'est-ce pas ?
- Maman on sort !
- Mais quoi, je pose des questions ! Vous êtes quoi, iranienne, tunisienne ?
- Maman !
Mounia regarda la vieille, affligée. Clarence semblait vraiment vouloir sa réponse. Holland la fit sortir.
- Maman, merde !
- Pardon ? Sur quel ton tu me parles, toi ?
- Maman, arrête ! Respecte ces professeurs ! Tu ne fais pas ton travail correctement, là !
- J'ai toujours fait comme ça, et regarde où j'en suis !
Holland avait envie de lui balancer ses quatre vérités, mais elle se dirigea vers les terrains de sport. « Han non, non, non ! »
***
- PLUS VITE QUE CA, DENTON, ON DIRAIT QUE T'AS UN CHAFFREUX DANS LE CUL !
Clarence s'offusqua.
- Quelle vulgarité !
Holland leva les yeux au ciel, alors qu'ils écoutaient le coach Gilbert Grey.
- J'vous ai rien demandé ! grommela le coach.
- Pardon ? Vous savez qui je suis ?
- Une vieille emmerdeuse. Foutez-moi le camp avant que je ne vous botte le cul, l'ancêtre !
Clarence s'éloigna et sortit un calepin.
- Lui, il se tape un rapport. Tout comme l'autre métèque en survêtement et le juif crasseux.
- Maman !
- Tais-toi et contente-toi de consigner ! Tu m'assistes aujourd'hui ! Jeune homme !
Gregory Tremblay, professeur de sport en option course, vit arriver Clarence et Holland.
- Bonjour madame...
- Vous êtes donc le professeur de sport...
- Oui madame... Excusez-moi, je suis stressé, c'est ma première inspection...
Holland serra les dents.
- Bien, bien, bien... Votre casier judiciaire est vide, je suppose ?
Gregory acquiesça, intrigué.
- Euh... oui, madame, oui...
- Nous vérifierons ça...
Gregory regarda Holland qui agita les mains.
- Euh... bah... je m'occupe de préparer les élèves pour leur compétition en fin de troisième année, celle qui décidera de leur note finale... on appelle ça un cross, enfin je suppose que vous savez ce que...
- Oui, oui, bref. Il y a dans ce cours six garçons et dix-huit filles...
- Maman...
- ... Quel effet ça fait d'être un voyeur et un pervers ?
Gregory Tremblay blêmit. Holland manqua de s'évanouir.
- Q... Quoi, mais... j... je donne simplement un cours de sport, je...
- Je vous en prie, vous passez vos journées à observer des gamines en pantalon moulant !
- M... mais madame enfin...
- Maman, ça suffit...
- J'inspecte, Holland ! Si ce jeune homme est un détraqué, je dois le savoir !
Gregory, au comble du stress, s'évanouit.
- Et merde !! Passe-moi mon téléphone !
- Au nom de quoi ?
- MAIS PASSE-MOI MON TELEPHONE, IDIOTE !!!
Clarence gifla son fils.
- Reparle-moi comme ça, pour voir, petit con, tiens ! Reparle sur ce ton pour voir !!
Les élèves avaient fini leur tour d'endurance et se demandaient pourquoi leur professeur était tombé dans les pommes.
- Je dois appeler l'infirmerie !
- Tu dois appeler la police ! S'évanouir, c'est avouer !
- Primo, c'est un jeune professeur, donc quand tu lui dis qu'il est concupiscant, forcément, lui qui n'a jamais été inspecté, ça lui fout un gros coup de stress, secundo, c'est un sportif, il est au régime, donc il ne s'alimente pas normalement et est sujet à des baisses de glycémie ! Monsieur Tremblay ?! Gregory, est-ce que ça va ?
Gregory se releva doucement.
- Wow... qu'est-ce que...
- Vous êtes tombé dans les pommes, ça va ?
Gregory acquiesça mollement.
- J'aurais juste besoin d'un verre d'eau... souffla le jeune prof.
- NAN MAIS C'EST QU'ELLE NOUS L'A TUE, L'AUTRE FOLLE ! J'Y CROIS PAS ! cria le coach Grey.
Violette, Lucy et Léon se regardèrent. Steven, Mike, Francis et James observaient, non loin derrière.
- Prochaine étape, Philosophie, Holland !
Holland regarda Violette et Lucy qui vinrent soutenir leur professeur. Il partit à la suite de sa mère, quelque peu furax.
***
- Et l'instinct de prédation est un instinct de possession. Quand on désire ardemment quelque chose, on est prêt à tout pour l'obtenir. C'est humain et c'est animal.
Wallace acquiesça. Santana notait patiemment. Clarence et Holland étaient assis derrière Vivienne Marx, celle-ci ne voulant pas les avoir dans son giron.
- Il peut se présenter sous plusieurs formes : On peut garder quelqu'un esclave de sa propre aura. C'est un état de prédation sadique. On ne dit pas clairement à la personne qu'elle n'a aucun intérêt pour nous, on la maintient dans un état de... limbo sentimental qui la fait souffrir terriblement.
Wallace soupira et se pencha vers Santana pour chuchoter.
- Je déteste ce cours...
- Si tu en as marre qu'il raconte ta vie, fait ce qu'il faut pour qu'il ne la raconte plus... marmonna Santana, concentrée.
- Il y a aussi des prédations plus morales, garder quelqu'un auprès de soi alors qu'on sait au fond de soi qu'on ne la mérite pas...
Santana plissa un sourcil mais resta concentrée.
- Les formes de manipulation et de domination sont de puissantes formes de prédation, et je rappelle que j'entends par prédation toute volonté de possession affective. Cette volonté étouffante de vouloir posséder quelqu'un. Mais certaines personnes veulent être possédées, adorent être possédées. La question qui nous intéresse ici est : Sommes-nous des prédateurs pour les Pokémon ? Avons-nous tous en nous cet instinct de prédation ? Notre désir de posséder tel ou tel Pokémon est-il une prédation en soi ?
- Oui, les enfants, répondez à cette question, votre avenir en dépend ! souffla Clarence.
La classe reçut cette remarque avec un grand « shhhht ! » vindicatif. Holland se pencha vers sa mère.
- C'est un cours destiné à la réflexion sur soi et au développement de la pensée.
- C'est aussi utile que de manger de l'herbe !
- Pourquoi tu es aussi obsédée par le fait que les cours soient utiles ?!
- Parce qu'aucun cours ne l'est, pardi !
Holland se remit droit, peiné. Clarence se leva et partit.
- Ce sera tout, merci madame... Marx !
- De rien...
Clarence et Holland partirent vers le cours de littérature.
- Tu sais pourquoi cette femme t'a quitté ?
- Maman...
- Parce que tu es une mauviette. Tu n'as jamais rien su estimer, pas même ta propre valeur. Je suis sûr que tu t'es fait des films quant à votre relation et qu'elle n'a pas supporté la pression que tu lui as infligée, parce qu'elle et toi n'étiez pas sur la même longueur d'ondes.
Holland plissa les yeux. Clarence arriva devant la porte du cours de littérature mais c'était fermé.
- ParDON ?? Ouvrez monsieur... Rodenberg !! Ouvrez !!
***
Maria Callas – Madame Butterfly- Je suis désolé de faire ça, je me rattraperai...
Les élèves dans la salle lisaient religieusement alors que leur professeur se repassait toute La Callas depuis le début des deux heures. Et personne n'avait protesté devant tant de beauté, de grâce et de charme.
« OUVREZ MONSIEUR RODENBERG ! JE SUIS INSPECTRICE D'ACADEMIE ! »
Ambrose monta le son.
- Lire en musique c'est très bien aussi je vous encourage à le faire chez vous. C'est un peu... retrouver du calme dans le bruit. Trouver une harmonie dans sa concentration.
Naomi et Walter lisaient en se tenant la main. Naomi se pencha.
- C'est pas vraiment le cadeau de la Saint-Valentin rêvé, mais ça le fait.
- Je suis désolé, Naomi...
- Je suis trop relaxée par cette musique pour t'en vouloir pour le moment.
- Comprends-moi... en plus cette tradition est débile !
Fey, Quinn et Ana lisaient et observaient en même temps.
- Ils sont tellement mignons... soupira Ana.
- Enfin ils s'affichent, j'ai cru qu'on verrait jamais ça ! soupira Quinn.
- Je me demande ce qu'il va lui offrir pour la Saint-Valentin... souffla Fey.
Ambrose restait dans son siège, mélancolique. Au bout d'un moment, les coups sur la porte cessèrent.
***
- Je rêve ! JE rêve !!
Holland leva les yeux au ciel. Ce faisant, il remarqua au bout du couloir le Couafarel du parking. Il plissa les yeux. Le Pokémon le regardait avec un sérieux implacable. Holland pencha la tête, intrigué.
- C'est qui le dernier ? Informatique ! Bah il va prendre celui-là !!
Holland plissa les yeux et se retourna.
- « Il » ?!
- Oui... le professeur c'est bien Dominic Long ?
- Non maman, non, c'est... Il a été remplacé !
- Je n'ai eu vent d'aucune procédure de remplacement, ou alors mes dossiers ne sont pas à jour ! Oh, il y a juste... QUOI ???
Holland serra les dents.
- Rapports sexuels avec un élève ?! DE CETTE CLASSE EN PLUS ???
- Cette affaire a été réglée, maman !
- Pourquoi l'élève n'a pas été exclu ?
Holland écarquilla les yeux.
- Parce que... Ca n'avait pas lieu d'être, maman ! Le professeur a abusé de sa position et de son autorité sur ce jeune homme !
- Oui mais dans ce cas, une très bien faite procédure implique qu'on exclue l'élève pour protéger le professeur contre d'éventuels cas de chantage ou de mise en danger de la carrière pour des faits annexes à la profession...
- Maman, cette procédure c'est de la connerie en barres et tu le sais au fond de toi ! Le but d'une administration c'est d'administrer, pas de se faire justice !! Ce genre d'affaires devrait être jugé devant des tribunaux !
- Ecoutez qui parle, celui qui n'a pas réussi son droit !
Clarence partit vers la salle d'informatique.
- Maman, promets-moi que tu ne remettras pas ça sur le tapis !
- C'est simplement un élève, Holland !
Holland rattrapa sa mère et la retourna vers lui.
- PROMETS-MOI !
Clarence regarda son fils qui faisait preuve d'un sérieux impérieux.
- D'accord, d'accord. Je vais inspecter le nouveau professeur alors et je ne remettrais pas cette vilaine affaire sur le tapis !
- Merci. Vraiment.
Clarence et Holland montèrent vers la salle en question. Clarence frappa et Agnès Wendell lui ouvrit.
- Bonjour madame, inspection académique !
- Oui oui, entrez...
Clarence se dirigea vers le fond de la salle et vit les quatre élèves de seconde année un la regarder.
- C'est lequel ?
- Maman !!
- Je veux juste savoir c'est lequel !
Tino, Benjamin, Orson et Tristan se regardèrent. Holland poussa sa mère.
- Au fond de la salle, fais ton travail !! grommela Holland.
- Je... peux continuer ?! marmonna Agnès. Bon alors, la commande de programmation telle qu'inscrite dans le manuel me semble erronée d'après ce que j'ai vérifié hier, je vous demanderai donc de la rectifier...
Tristan se recroquevilla, mal à l'aise.
***
Si les résultats de Holland n'étaient pas la preuve de son sérieux, il s'avéra qu'il était doué dans ce qu'il faisait modestement. Les premières années, il enchaîna les stages. Se fit bien voir. Accumula les lettres de recommandation, et du coup entra vite dans une grande boîte de commerce international, ce qui lui permit de voyager et de voir du monde.
Cependant à chacun de ses postes, un point commun : Il n'avait JAMAIS évolué professionnellement. Toujours resté au même poste. Ce n'était plus de la modestie, c'était un art de vivre. Il aimait à faire son trou sans pour autant évoluer.
C'est ainsi qu'il devint interprète dans le domaine commercial, du français à l'anglais, de l'anglais au français, avec quelques notions purement commerciales d'allemand, d'italien, d'espagnol et de chinois. Il n'était pas polyglotte, il savait juste conclure des ventes et plaisanter sommairement dans chacune de ces langues, et il avait également étudié les cultures respectives.
Au moment où il tentât d'apprendre des rudiments d'arabe pour étendre son domaine de compétences, seul endroit où il s'autorisait une progression claire et nette, il fut victime d'une vague de licenciements dans le secteur suite à une crise financière qui lui fit perdre son emploi.
Mais Holland ne se résigna pas. Il ne demanda pas d'indemnités ni même de reclassement. Il décida de se rediriger vers l'administration. Il y avait tant à faire de ce côté-là.***
Le repas de midi se déroula dans une ambiance des plus cordiales.
- Comment ça y'a pas de repas pour moi ?!
- J'ai reçu des ordres ! signala la cantinière.
Naomi grimaça et regarda Walter qui haussa les épaules.
- Tu pourrais au moins m'aider à protester !
- Bah...
- Donc je mange quoi, moi ?
- J'sais pas, partagez avec votre copain en fauteuil !
Naomi grommela alors que Perrine, Robbie et Wallace restaient stoïques.
- J'y crois pas !
- On te donnera un peu de notre part, c'est rien ! souffla Wallace.
- Mais oui ! assura Perrine.
- Si au moins je comprenais POURQUOI on refuse de me servir !!
Les cinq élèves se mirent à leur table, Naomi constatant de plus en plus son absence de plateau et n'ayant même pas remarqué que Wallace n'avait pas été servi non plus.
- Je vais piquer une de ces gueulantes !
Walter regarda Perrine qui hocha la tête.
- Bah... je crois qu'en fait...
Walter donna son assiette à Wallace. Naomi regarda Wallace, étonnée.
- Toi non plus ?!
Perrine et Robbie étaient face à face à côté de Wallace.
- Bah non et comme tu vois, j'en fais pas tout un plat !
- Walter pourquoi tu lui donnes ton plat ?!
Perrine acquiesça en regardant la porte. Un cuisinier traiteur arriva avec un chariot qui comportait deux assiettes qu'il distribua à Naomi et Walter.
- Voilà messieurs dames !
- Merci ! sourit Walter.
- Mais... Mais...
- Joyeuse saint-valentin ! sourit Walter.
- Mais comment...
- Ca n'a pas été simple, j'ai arrangé ça avec madame Clover entre autres.
- La tête que le proviseur a fait quand je suis entré dans son bureau pour lui demander d'organiser une surprise à la cantine ! ricana Wallace.
Naomi regarda Walter, dépitée.
- Pourquoi je suis toujours une telle idiote avec toi !
- Ce que je préfère chez toi c'est ton sale caractère ! sourit Walter.
- Oooooh ! Du coup je peux t'offrir mon cadeau !
- Oui bah oui ! sourit Walter.
Naomi sortit de sa sacoche une carte. Walter l'ouvrit, haussa les sourcils et la lut à voix haute.
- « J'espère qu'entre nous ça roulera toujours »... Pas mal !
- J'avais pas d'idée ! Ooooh c'est du gratin de pommes de terre, Walter !!
- Eh oui... sourit Walter. Bonne saint-valentin mon petit cœur !
Wallace manqua de vomir. Il remarqua soudainement que Pandespiègle s'était assise entre Walter et Perrine.
- Ils laissent vraiment entrer n'importe qui ici !
- J'ai l'impression qu'elle t'aime bien ! assura Robbie.
- Elle m'a griffé la face et m'a baissé le pantalon devant Christina, elle me veut du mal, du mal absolu à base de sauce piquante ! grommela Wallace.
Pandespiègle grimpa sur la table et s'empara du dessert de Wallace. Wallace le chopa à temps et regarda la Pandespiègle droit dans les yeux.
- T'es MORTE !!
Pandespiègle lui asséna un coup de patte et partit. Wallace se précipita à sa poursuite.
- MON DESSERT !
Perrine regarda Robbie.
- Et c'est comme ça tous les jours !
- Ca fait tellement de fois que tu me dis ça... sourit Robbie.
Wallace se retrouva dans le hall face à Pandespiègle qui mangeait son entremet avec les pattes.
- Manny, attaque Tranch'Air !
Canarticho frappa le Pokémon qui était trop occupé à manger pour esquiver. Pandespiègle lâcha la crème de yaourt pour faire face à son adversaire.
- Petite gueuse, je vais t'étriper !! Manny, Lame Feuille !
Canarticho fonça vers Pandespiègle, le poireau ballant. Pandespiègle réalisa un Poing Comète de toute beauté et frappa à répétition Canarticho qui le sentit passer.
- La vache... Reviens, Manny... A toi, Tabasco !
Chartor se déclara hors de sa Pokéball. Pandespiègle sembla apeuré.
- Lance Flammes !! Pas de pitié !!
Chartor cracha le puissant jet de flammes, mais Pandespiègle se dirigea vers d'autres élèves, et de fait Chartor cessa son attaque.
- GNAAAAH ! T'ES PIRE QU'UNE VRAIE GONZESSE !!
Pandespiègle se dirigea vers la queue avant le réfectoire, dans les pattes de Tristan, aux côtés de Nicolas. Wallace allait sortir des énormités mais il se ravisa. Nicolas se pencha vers Tristan.
- Tu... connais ce type ?
- Il est dans ma classe... marmonna Tristan.
- C'est quoi ce Pokémon ?!
Tristan observa Pandespiègle qui lui fit un regard tout mignon.
- C'est... un... Pandespiègle, selon toute vraisemblance.
- Elle me fait CHIER depuis ce matin !
Nicolas haussa les sourcils. Tristan plissa les yeux en tenant Pandespiègle comme un bébé.
- Bah... Capture-la !
- J'aimerais bien mais elle m'échappe sans cesse !
- Pourtant elle est toute mignonne !
Tristan lui gratta la tête. Pandespiègle sembla toute contente, jusqu'à ce que...
- AH MAIS NOOOON !
Tristan lâcha Pandespiègle qui venait littéralement de lui déféquer dessus. Tristan n'en avait heureusement que sur ses chaussures. Wallace serra les dents. Nicolas était offusqué.
- Mes chaussures... geignit Tristan.
- Maudite bestiole !! grommela Wallace.
- Han non en plus c'est ma seule paire ! geignit Tristan.
- Tu pourrais genre... Aller ailleurs avec cette chose ?! souffla Nicolas en regardant Wallace comme si c'était un patient d'hôpital psychiatrique.
Wallace poursuivit Pandespiègle qui courait dans les couloirs, un sourire vicieux sur sa face de panda.
- C'est pas vrai mais quelle petite chieuse !! Au sens propre en plus !!
***
Dans la cantine du personnel, Clarence mangeait avec son fils.
- Equipe pédagogique, une belle bande de tire au flanc, oui... Tous les mêmes, ces professeurs...
Holland soupira.
- Maman, comment tu peux être inspectrice et partiale en même temps ?!
- Tu m'accuses de partialité ? Oh bah celle-là c'est la meilleure ! Je ne fais qu'examiner leur travail et leur travail est inutile !
Holland soupira.
- Mais qu'est-ce que tu as, bon sang, pourquoi tu fais cette mauvaise tête ?!
Jeffrey, avec Helen, quelques tables plus loin, haussa les sourcils.
- On dirait ma sœur avec son mari... souffla l'oncle de Wallace.
- Je suis sûre que tu exagères... souffla Helen.
- Tu es la prochaine inspectée, ça te fait peur ?
- Comme toutes les inspections, mais bon, c'est pas la première fois et ce sera pas la dernière.
- Je comprends... Blandine et Sandrine ne mangent pas avec nous ?
Helen soupira.
- Je crois qu'elles s'attendaient à ce que je les aide, et la nouvelle de ma rupture avec Holland a brisé cet espoir...
- Belle bande d'opportunistes ! sourit Jeffrey.
- C'est pas comme si c'était des amies...
Jeffrey haussa les sourcils.
- Ah ouais carrément, t'es violente comme meuf en fait !
- Non, c'est la vérité, on est collègues, pas amies !
Jeffrey hocha la tête.
- Tu outrepasses les limites du pragmatisme en société !
- Je suis humaine, je le jure ! souffla Helen.
- Tu es surtout tendue. Ça se règlera avec un massage dans ton bain !
- Euh...
Helen et Jeffrey se tournèrent vers Wallace. Le jeune homme hocha la tête.
- J'aurais dû m'en douter...
- Wallace, ce n'est pas du tout ce que tu crois... geignit Helen.
- Ouais, ouais, je m'en fiche... Euh... Tonton, j'ai besoin d'argent !
Jeffrey s'étonna.
- En... quel honneur ?!
- J'ai besoin de fric, au moins cinq cent Pokédollars, je te les rendrai !
Jeffrey haussa les sourcils.
- Bon, bon... Ok...
Jeffrey sortit des billets de son portefeuille et les tendit à Wallace qui les prit.
- Merci...
- On rediscutera de... tout ça à la maison, mon grand, d'accord ?
- Avant ou après que t'aies donné le bain à ma prof ?
Wallace s'en alla. Helen serra les dents.
- Tu vois, autant la réaction de Holland, j'en avais rien à foutre, autant la sienne... geignit la prof.
- Hm... mais ça ira, c'est un grand garçon !
Blandine et Sandrine mangeaient avec les professeurs de sport.
- Elle est complètement conne cette grosse vache, c'est pas une inspectrice, c'est un kapo ! soupira Gilbert Grey.
- Si jamais elle me colle un rapport, je lui colle un procès pour discrimination. Elle va pas s'en tirer la garce... grommela Mounia.
- Je ne veux même plus entendre parler d'elle ! geignit Gregory.
- Et devinez quoi ? Helen ne sort plus avec Holland, donc elle ne peut rien faire pour nous ! souffla Blandine.
Sandrine confirma d'un hochement de tête. Gilbert soupira.
- Bah pour une fois qu'elle pouvait se rendre utile, mémère...
- Décidément elle n'en rate pas une... souffla Mounia.
- C'est dommage... soupira Gregory.
Vivienne Marx mangeait avec Odile Dulac.
- Tu es sûre que tu peux reprendre les cours ?
- Oui, oui... Il fallait bien, ils m'ont fait remplacer par un crétin d'artiste raté qui se vengeait sur les élèves...
- Oui nan mais toi dans ta tête...
- Oh ça va, je me fais juste à l'idée que j'ai la quarantaine et que je ne pourrais jamais avoir d'enfants... M'enfin c'était ça ou un cancer...
Vivienne acquiesça.
- L'autre tordue qui voulait absolument savoir pourquoi je m'étais fait opérer...
- Quelle garce. Si j'avais su, j'aurais fait un cours sur la tyrannie et l'abus de pouvoir ! souffla Vivienne.
- De toute façon il faut que je fasse cours, sinon je devrais y penser et y repenser et ça je refuse.
Vivienne hocha la tête.
- C'est parfaitement compréhensible. Mais si ça ne va pas, tu sais que je suis là. C'est moins facile d'en parler avec Ambrose, surtout en ce moment, mais moi je suis là.
- Merci Vivi.
- De rien c'est normal entre amies !
- Il a quoi en ce moment Ambrose ?! s'étonna la prof d'art.
- Harlan lui fait une dépression.
- C'est pour ça qu'il est fourré avec le bibliothécaire ! sourit Odile. Mais il est pas marié, lui ?
- C'est des homos, tu sais comment ils sont ! sourit la prof.
Denis était plutôt embarrassé face à un Ambrose de plus en plus...
- Si j'étais avec un gars comme toi, ma vie serait beaucoup plus épanouissante, on aime les mêmes trucs !
Denis serra les dents. Ambrose faisait quelque chose que le compagnon de David ne supportait pas : Il énonçait ses rêves à voix haute afin qu'ils se réalisent comme par magie.
- Tu... sais, quand les choses vont mal, la tentation de l'autre, c'est le truc facile...
- David t'a bien trompé, lui.
Denis cligna des yeux.
- Je ne t'ai pas parlé de ça pour que tu me le ressortes à tout bout de champ !!
- C'est la vérité, non ?
- Je ne veux pas le tromper, Ambrose ! Toi et moi sommes amis, pas... Je n'ai jamais été attiré par toi !
- Ah bon ?!
- Tu es en couple et moi aussi !
- Je sais pas si je suis encore en couple...
- Moi je sais que je le suis ! asséna Denis comme un comique britannique. Ambrose, tu es un type bien, un type intelligent, ne cède pas bêtement à des pulsions débiles sous prétexte que ça ne va pas dans ton couple !
Ambrose acquiesça, penaud. Denis plissa les yeux.
- Je t'assure que ça me fait de la peine de te voir comme ça, mais reprends-toi.
Ambrose hocha la tête et sembla au bord des larmes.
- J'suis désolé Denis...
- C'est rien...
- Si quand même...
- Mais non... Ambrose, voyons...
- Vous !!
Les deux hommes levèrent la tête vers Clarence.
- C'est vous, Ambrose Rodenberg ? Vous m'avez fermé votre porte avant votre inspection !
- Et je le referais... soupira Ambrose en s'essuyant les yeux.
- En attendant je vais vous coller un beau rapport pour refus d'obtempérer !
Denis ne put s'empêcher de pouffer.
- Bah voyons. Vous êtes qui, la police ?!
- Vous êtes qui, l'homme de ménage ?
Denis grimaça sous le coup de la remarque. Clarence regarda Ambrose.
- Rapport ! C'est clair ?
- Allez au diable, vieille merde.
Clarence écarquilla les yeux, stupéfaite. Ambrose la regarda, furieux.
- VOUS VOULEZ MON ASSIETTE DANS LA GUEULE AUSSI, CONNASSE ???
- Ambrose, calme-toi ! geignit Denis.
- Cet établissement est rempli de grossiers hystériques... soupira Clarence.
- DU VENT, PUTAIN !
- Ambrose, Ambrose, je t'en prie ! souffla Denis.
Helen soupira et se dirigea vers la scène.
- Qu'est-ce qui se passe ?!
- Je signifiai simplement à monsieur Rodenberg qu'il avait un rapport pour son attitude déplorable vis-à-vis de mon travail !
Helen soupira.
- Du peu que j'en ai entendu, vous avez sévèrement perturbé les cours de ce matin...
- Cela dépend si on appelle ça des cours, madame.
- Mes collègues font mal leur travail ?
- Non, leur travail, tout comme votre travail, est inutile !
Helen acquiesça.
- Et je suppose que le vôtre relève de la grâce divine et qu'il sert une noble et juste cause ?
- Je suis inspectrice, madame, mon rôle est de rectifier ce qui ne va pas !
- La seule chose qui ne va pas depuis ce matin, c'est votre présence, alors baissez d'un ton, revoyez votre définition de l'impartialité, vous qui avez été juge, et ne venez pas parler d'inutilité quand vous avez été juge dans un système judiciaire des plus discutables, à savoir le nôtre.
Clarence haussa un sourcil et regarda Holland, derrière elle.
- Tu lui as parlé de moi ?!
- Oui...
- Trahie par sa progéniture, quelle déception... Ecoutez-moi, mademoiselle Clover. Je vous inspecte tout à l'heure...
- Ce sera avec grand plaisir si vous restez professionnelle et compétente !
- ... Ne faites pas la maligne avec moi, le fait que mon fils ait péniblement forniqué avec vous ne vous autorise pas à lever le ton avec moi !
- Et moi je ne vous autorise pas à parler de moi ou de votre fils en ces termes, c'est compris ?
Holland s'étonna. Helen restait ferme face à Clarence qui souffla.
- Ca va être beau tout à l'heure, je le sens...
L'inspectrice quitta la cantine. Holland soupira.
- Je suis désolé...
- Arrête de t'excuser pour elle. Quelle peau de vache !
Holland hocha la tête.
- Et encore, c'est pas ta mère...
Helen hocha gravement la tête.
- Tu vas bien ?
- Non. Mais il faut que je m'y fasse, je suppose.
Helen acquiesça.
- J'ai jamais eu l'intention de te faire du mal, tu sais ça ?
Holland agita la tête.
- Tu m'avais prévenu depuis le début en même temps, c'est moi qui ne t'ai pas écouté.
Helen acquiesça.
- On ne voulait tout simplement pas la même chose, voilà tout.
Holland hocha la tête.
- Tu es un homme bien, tu trouveras quelqu'un qui veut vivre ce que tu veux vivre. Si ça peut te rassurer, je larguerai Jeff un jour ou l'autre !
Holland grimaça. Helen hocha vivement la tête.
- Si ça peut te rassurer, tu as été ma plus longue relation !
- Six mois, c'est ta plus longue ?
- Oui ! Alors tu vois...
Helen s'en retourna vers Jeffrey. Holland soupira et s'en retourna à son plateau, sur la table, au milieu de la cantine, alors que les professeurs le regardaient comme un ennemi.
***
- Un repas servi par un traiteur... Qu'est-ce que c'est romantique !! sourit Fey.
- Il est tellement attentionné... sourit Ana.
James leva les yeux au ciel. Rebecca, face à Mike, soupira.
- En même temps il est en fauteuil, il faut bien qu'il demande à quelqu'un pour être romantique avec elle. Je me demande comment ils font pour...
Steven, Mike et Ana grimacèrent. Fey semblait offusquée.
- Tu n'as que ça à faire de penser à ces choses-là ?
- Comme si j'étais la première à me poser la question ! Steven !
- Mais nan trop pas, meuf, j'veux même pas imaginer comment l'autre éclopé il pisse tout seul !!
- Bah assis !
Tout le monde regarda James qui haussa les épaules.
- Enfin, j'imagine !
Orson soupira.
- Ca m'embête qu'il ne mange plus avec nous...
- Il a un petit copain maintenant... rappela Benjamin.
- Bah oui mais... Ils pourraient manger avec nous !
- Personnellement ça m'embêterait un peu, on le connait pas ce gars... et pis surtout je pense que ça les gênerait aussi...
Tino ne put qu'acquiescer.
- Ca va toi à la maison ?
- Oh ma mère s'est résolue à inscrire Emeline à des concours Pokémon et du coup ma petite sœur me demande des conseils pour dresser ses Pokémon, je suis super fier ! sourit Orson. Et toi ?
- Ma mère, enceinte, ils font plein de projets, je sens que je vais être bien ignoré pendant les prochains mois !
Christina pouffa.
- Jaloux d'un bébé même pas né ?!
- Je sais c'est débile, mais ils sont surexcités et c'est très perturbant !
- Vous avez prévu quelque chose pour la Saint-Valentin ? demanda Orson.
Christina rougit. Tino sembla outré.
- Comment ça ?!
- Oh... Je... Je sais pas, je pensais que vous...
- Orson, n'importe quoi ! s'étonna Benjamin.
- Bah oui, on sort pas du tout ensemble !! s'étonna Tino.
- Je sais pas, t'es beaucoup plus gentil avec elle depuis le tournoi...
- Oui nos rapports se sont améliorés, mais...
- Et tu as lu sa fanfiction alors que d'habitude ça te dégoûte !
- M... Orson, tais-toi !
- Oh, ok... geignit Orson.
Christina semblait embarrassée tout comme Tino qui ne savait plus trop où se mettre.
- On est amis, c'est tout... marmonna Christina.
- Oui bah oui ! C'est tout ! assura Tino.
Nicolas observait Tristan, très embarrassé.
- Ça va ?
- J'ai du caca de Pokémon sur mes chaussures, non, ça va pas !! Ça veut pas partir...
- Calme-toi, on mange, tranquille...
- C'est mes seules chaussures...
- Ca partira avec de l'eau, t'as qu'une après-midi à tenir !
Tristan acquiesça et laissa ses chaussures.
- Ça pue pas trop ?
- Mais non, tu ne pues pas du tout ! Arrête enfin !
Tristan grimaçait, au comble de l'embarras.
Santana et Violette mangeaient avec Amélia au bout de leur table, seule.
- On dirait qu'on a un bébé en laisse... marmonna Santana.
- Je crois que Rebecca l'a un peu laissée tomber depuis qu'elle sort avec Mike...
- Elle ferait pas ç... Oh, si...
Les filles continuaient à manger.
- Merci encore pour ta Ceinture Noire, Martial va adorer ! sourit Violette.
- Ne le répète à personne. Merci pour ta veste de combat, drôle d'objet pour Moyade.
- Tu peux pas savoir ce qu'on trouve sur le web ! sourit Violette.
- Oh que si, je sais !
Andréa les observait de loin. Clive hésitait à lui demander ce qu'elle avait.
- J'hésite à te demander ce que tu as car j'ai l'impression qu'en le faisant, je délivrerai le Kraken...
Andréa inspira.
- Robbie était là il y a quelques semaines.
- Hm. C'est vrai, je crois l'avoir constaté.
- Et maintenant il sort avec Perrine.
- Hm. C'est vrai, je crois l'avoir constaté.
- Tristan sort avec cet adorable petit mec. Naomi sort avec Walter, Rebecca sort avec Mike, tu sors avec Ana...
- Je ne sors pas avec Ana !
- Hm, c'est vrai, je crois l'avoir constaté... marmonna Andréa, cynique.
- Où veux-tu en venir ?
Andréa soupira.
- Je suis seule. Depuis trop longtemps.
- C'est gentil pour moi.
- Dans le sens intime !
- Recouche avec Steven.
- NAN !
- Tente le coup avec Wallace, t'as jamais essayé les gays.
- M... Nan !
- Bon d'accord, je me dévoue... soupira Clive. Ce sera horrible et on ne pourra plus se regarder en face, mais si ça peut te calmer...
- Cliiiiiiiive !
- Tu ne te sens pas seule, Andréa, si tu as besoin d'être avec quelqu'un, tu peux être avec quelqu'un. Tu vois ces gens en couple autour de toi et tu te dis... hey, pourquoi pas moi !
Andréa agita la tête.
- Le problème, c'est que t'es bisexuelle et c'est pas le mieux pour être en couple avec quelqu'un. Je t'aime, mais je serais toujours attirée par l'autre sexe. C'est pas une vie, je te plains.
- Au moins tu ne nies plus que la bisexualité est un vrai truc, merci Clive.
- C'est comme être omnivore quoi...
Andréa grimaça et agita la tête.
***
Sortie de la cantine. Rebecca était avec Mike.
- Ca va, toi ?
- Hm.
- Ça t'embête pas que j'ai rien prévu pour la saint-valentin ?
Rebecca inspira.
- C'est... trop récent, de toute façon j'avais rien prévu non plus.
- Ok. Ta journée ?
- La vieille m'énerve. Elle est méchante. Elle a été insultante envers ma prof de gym. Même selon mes critères. Les autres filles sont là « Ouin pauvres profs », et moi...
- Toi ?
Rebecca soupira.
- Qu'est-ce que je peux y faire ?
- Hmmm... Tu sais, ton caractère n'a pas que des mauvais côtés. C'est comme la lumière avec un prisme. Ça peut déborder ou ça peut se focaliser.
Rebecca acquiesça.
- Merci.
- Pour ?!
- Pour tout. Ça fait du bien d'avoir... quelqu'un.
- T'es pas ma première meuf et je suis pas ton premier mec... sourit Mike.
- Hm. Mais... c'est la première fois que ça me tient à cœur !
- C'est cool de te voir sourire sincèrement !
Rebecca hocha la tête.
- Après histoire, on aura les groupes de travail...
- Reste tranquille, t'as pas à être en conflit avec elles. Arrête d'être en conflit avec des gens qui ne sont pas tes ennemis !
Rebecca hocha la tête et se blottit contre Mike en avançant.
Steven marchait avec Ana et semblait silencieux. Ana plissa les yeux.
- Un souci ?
- Naaaaan...
- Bah alors ?!
- ... Je sais pas...
Ana fit la moue.
- Tu as quelque chose à dire ?!
- ... Qu'est-ce que tu penses de moi ?!
- Tu... es... un ami !
Steven hocha la tête.
- Ouais voilà ! Donc j'ai pas de cadeau de la saint-valentin à te trouver !!
- ... nan ! Enfin tu aurais pu, ça aurait été gentil !
Steven souffla, rassuré. Tristan et Nicolas sortirent.
- Bon, j'ai mes options. Aaaaarts ! J'espère que l'autre tordu s'est barré ! sourit Nicolas. A plus, Tristou !
- Hm, à plus !
Tristan marchait avec embarras. Tino, Orson, Benjamin et Christina allaient le rejoindre, mais Wallace arriva en premier. Tristan le regarda, étonné.
- ...
- Tiens !
Tristan remarqua la boîte à chaussures.
- Mais... Mais quoi ?!
- Tiens.
- ... Mais nan !!
Les autres observaient, étonnés. Wallace soupira.
- Cette petite merdeuse t'a chié dessus par ma faute. Accepte !
- Mais ça va pas la tête ?! T'as mangé au moins ?
- On s'en fout putain, tes chaussures puent la schnek, prends ces pompes ! Ta pointure c'est bien 40-42 ?
Tristan regarda Wallace, stupéfait.
- Tu m'as acheté des chaussures ?! T'es malade !
- Accepte putain, ou j'te les balance à la gueule !
Tristan se mordilla les lèvres.
- J'accepte pas la charité !
- C'est pas de la charité, j'ai niqué tes chaussures, j'te les remplace !! Tu sais pas à quel point c'est dur de trouver ce genre de merdes ! Accepte !
Tristan grimaça.
- Pourquoi tu fais ça ?
- J't'en pose des questions ?
Wallace frappa Tristan avec la boîte et eut pour réflexe de les attraper. Wallace les lui laissa et partit.
- Nan ! Nan Wallace !
- Joyeuse Saint-Valentin !
Tristan resta là, tout con. Ses amis approchèrent.
- Bah mon vieux... s'étonna Tino.
- Ca va Tristan ?! s'étonna Orson.
- Il est pas mort ! souffla Benjamin.
- Mais pourquoi il a fait ça ?! geignit Christina.
- Parce que c'est rien qu'un sale con ! grommela Tristan, vexé.
***
Aloysius Grant était stupéfait.
- Commerce international, stages comme intendant dans trois arènes différentes, stages comme sténo, écrivain public, responsable de la paie dans deux services de ressources humaines... Lettres de recommandations comme étant l'employé le plus sérieux et le plus impeccable, le plus incorruptible et le plus digne de confiance...
Aloysius regarda Holland, devant lui pour son entretien d'embauche.
- ... et vous postulez pour être mon assistant ???
Holland acquiesça.
- ... M'enfin, vous pourriez être au congrès avec un CV pareil !!
- Je veux juste un poste tout simple. C'est pas loin de chez moi, et j'apprécie les travaux d'administration ainsi que le milieu scolaire.
Aloysius soupira.
- Je voulais un débutant au départ, mais avec ce nouveau président de l'association Pokémon, les nouvelles réformes vont être difficiles à appliquer, j'ai besoin de quelqu'un de plus confirmé...
- Je ne pense pas être un débutant... Quant à être confirmé...
Aloysius acquiesça.
- Je vous prends. Vous pouvez commencer quand ?
- Maintenant.
- Génial... Vous allez à coup sûr m'enlever une épine du pied.
***
- Je serais responsable de votre salaire. En conséquence de quoi je veux que vous soyez tous bien conscients que nous avons tout votre cursus dans nos fichiers. Cette réunion de présentation est uniquement destinée à mettre en place une base de données administrative. Ce n'est pas dans mes habitudes... d'obliger les gens à faire des choses. Mais cela permettra une très grande facilité de circulation pour vous, pour travailler, et pour nous, pour assurer votre suivi. Je suis Pablo Montes, et c'est mon sigle, le signe de mon service de paiement que vous verrez en bas de vos fiches de paie. Merci !
Aloysius fit la queue pour se faire tirer le portrait comme tous les administratifs, suivi par Holland. Il soupira.
- Tous ces changements... Comment vous faites pour vous y faire ?
- Je suis jeune ! admit Holland.
- Et insolent avec ça... Vous en pensez quoi, de tout cela ?
- Cela va dans la bonne direction, l'association fait du bon travail, mais cette réforme de l'administration...
- Je la trouve bonne. On revient aux classiques, on n'essaie pas d'innover dans des directions naïves, comme la première réforme !
Holland inspira.
- Je sais pas. Il aurait fallu s'en inspirer et améliorer, pas en réécrire une nouvelle.
- Bah voyons.
Holland haussa les épaules et passa devant le photographe comme tout le monde.***
- Bon, bon, bon. Eh bien on va commencer... Preston, rétroprojecteur !
Miradar amena le matériel à Helen qui était à son bureau. Clarence se pencha vers Holland.
- Même pas foutue de bouger son cul...
- SHHHHHT ! grommela Holland.
- Elle ne t'aime pas !
- Silence maman !
Les élèves évitaient de regarder Clarence. Helen garda son self control.
- Alors... Voici la carte des flux migratoires historiques entre les quatre régions originelles. On remarque que Hoenn est la région qui a le moins migré, c'est dû à la politique conservatrice historique qui y est menée, on en a déjà parlé... Les autres régions ont observé de fortes migrations notamment parce que les populations sont extrêmement actives et le travail très changeant. La politique de Poképolis en matière de logement permet de pouvoir bouger facilement, ce q...
- Ce qu'on peut lire dans n'importe quel journal !
- Maman !! grommela Holland.
Les élèves se tournèrent vers Clarence. Tristan était obnubilé par ses nouvelles chaussures, et il regardait avec insistance vers Wallace.
- Excusez-moi, je ne vous ai pas dit quelque chose ce midi ?
- J'écoutais pas !
Helen leva les yeux au ciel.
- Ce qui permet encore aujourd'hui aux gens de se loger assez facilement, le gouvernement ayant toujours eu la mainmise sur le marché immobilier...
- Non mais dites donc !
Helen regarda Clarence, gavée.
- C'est quoi votre PROBLEME ???
- Vous n'avez pas à parler du Gouvernement dans votre cours !
- C'est un cours d'HISTOIRE, madame !!
- Oui et personne dans cette classe ne veut être historien, c'est inutile l'histoire, alors arrêtez de faire comme si votre cours était un 101 sur la révélation divine...
Holland se frictionna les yeux.
- Sachez par ailleurs que la critique du Gouvernement est un acte puni par la loi !
- ETAIT. Depuis, les gens vivent dans des maisons, ont l'électricité et l'eau courante ! soupira Helen.
- La loi qui n'est plus reste quand même la loi !
- Bah voyons, vous en avez d'autres comme ça ?! Genre « Braquer une banque c'est OK si on a besoin d'argent et qu'on est gentil » ?
- Si la loi a un jour été la loi c'est pour une bonne raison !
- Excusez-moi !
Clarence, Helen et le reste de la classe se tournèrent vers... Rebecca qui levait la main.
- Manquait plus que ça... soupira Helen, trop doucement pour qu'on l'entende.
- J'entends depuis ce matin que... nos cours sont inutiles, que nos professeurs sont des tocards... Et j'avoue que je suis d'accord : Ces cours ne nous donneront pas de travail plus tard. Faut être réalistes, les amis !
Mike grimaça. Les filles avaient envie de tuer Rebecca.
- Eh bien voilà ! Vous voyez qu'à force, les esprits forts se réveillent ! sourit Clarence.
- Pas de travail MAIS ! Une éducation. Et c'est tout aussi important d'avoir de l'éducation dans le monde où l'on vit. Parce que sinon, on peut tomber sur des personnes qui n'en ont pas...
Rebecca s'était levée, et regardait Clarence.
- Voilà que la petite péronnelle veut se battre ! ricana Clarence.
- Je ne me bats qu'avec des adversaires de valeur, madame. Je suis une fille de bonne famille, j'ai reçu la meilleure éducation possible de par ma famille, et ça n'a pas suffi. L'école, par contre, m'a appris à être une fille meilleure. A réaliser qui j'étais.
Violette s'étonna et regarda Santana qui haussa les épaules et mima Rebecca en train de boire une bouteille. Rebecca continua.
- Visiblement vous n'avez pas été assez à l'école parce que vous ne savez pas où est votre place. Vous savez ce que je vois quand je vous regarde ?
Helen observait, médusée. Holland clignait des yeux, intrigué. Clarence observait Rebecca.
- Vous allez m'insulter, c'est ça ?
- Je vois... une vieille femme, piégée dans un mariage de merde avec un tocard, qui n'a qu'un seul fils unique de trente ans, ce qui signifie que la dernière fois qu'elle s'est faite tringler de manière régulière et satisfaisante, c'était quand elle avait vingt ans, et depuis, elle calme ses nerfs de vieille frustrée en enguirlandant des professeurs, parce qu'elle est trop grasse et trop ridée pour divorcer et refaire sa vie, et POURQUOI ?
Clarence était abasourdie.
- ... Parce qu'elle est GENIALE pour juger les autres. Mais incapable de se juger elle-même. Trop lâche pour réaliser qu'elle a cinquante ans et que sa vie entière, est une immense boule de rien du tout. Elle n'a rien accompli, elle n'a aidé personne, elle n'a fait aucun bien, que du mal, et par habitude elle continue à en faire. Je vous plains. Vous n'avez pas eu notre chance. Alors oui, on ne sera pas inspecteurs d'académie comme vous, et ce qu'on apprend ici, on va l'ingurgiter et l'intégrer, pas forcément s'en resservir, mais ce sera en nous. A l'endroit où vous, vous n'avez plus rien. Parce que vous êtes un zombie, madame. Une femme morte. Qui bouge. Qui traine sa carcasse. Et je vous plains, vraiment.
Petit silence. Santana commença les applaudissements, qui furent suivis par le reste de la classe, Tristan compris. Mike était tout content. Rebecca étendit les bras en levant la tête, savourant les vivats de la foule, un sourire narquois sur son visage. Clarence, furieuse, descendit, suivie par son fils. Helen hocha la tête et se pencha vers son micro.
- Merci Rebecca !
Clarence sortit, furieuse.
- Un rapport ! Un rapport, ils vont TOUS se prendre un rapport !
- Maman...
- QUOI ??? Tu vas dire que J'AI provoqué cette situation ???
- Oui !
- Ne me parle pas comme ça !
- COMMENT ??? EN TE DISANT LA VERITE ???
Clarence serra les dents.
- Je ne veux pas qu'on ait cette conversation !!
- Cette fille a raison !! Elle ne te connait pas, elle a dix-sept ans et elle t'a percé à jour, maman !
- La FERME !!!
- Tu n'as fait que passer tes nerfs sur ces gens...
- TAIS-TOI !!!
- Tu peux fuir mais tu ne peux pas oublier ce qu'elle t'a dit !
Clarence se retourna vers son fils, furax.
- Ecoute-moi bien, petite VERMINE ! Tu es mon fils. Tu as trente-trois ans. Si moi je suis une frustrée minable, alors toi tu es MOINS que de la MERDE !! Tu n'es qu'un VERMISSEAU, un CRETIN fini, je me demande même comment tu as réussi à ne passer ne serait-ce que le COURS PREPARATOIRE tellement tu es aussi CON que ton père !!!
Clarence regarda Holland qui acquiesça.
- Ouais. Sauf que moi je le sais depuis longtemps, et je vis avec. Toi, ça te fout les boules rien qu'à l'idée qu'on puisse voir que tu es une frustrée minable !
Clarence grommela et lâcha toute sa paperasse au sol.
- RAMASSE !
Holland soutint le regard de sa mère et resta immobile, les bras croisés.
- RA-MASSE !
Pandespiègle arriva et déchiqueta les papiers à coups de griffes.
- M... M-M-M-MES PAPIERS !!! MES RAPPORTS !!! HOLLAND !!!!
Holland observa la créature, halluciné. Pandespiègle se roulait dedans et déchiquetait les papiers entre ses pattes et ses dents.
- HOLLAND !!! HOLLAAAAAND !!!
Pandespiègle s'essuya les fesses sur un papier, sauta sur Clarence et lui colla le papier au visage.
- HUEEEEEEEEEH !! HOPFLLAND !!! HOPFLLAND PFFFFFT !!!
- Je vais vivre à l'hôtel.
- AAAAAAAAAAAAAH !!!
- J'sais pas si on se reverra un jour, j'en ai ma claque de ce canapé.
Holland partit alors que Pandespiègle ravageait la paperasse de Clarence et que Clarence était effondrée contre un mur, un papier couvert de caca collé sur le visage, tétanisée.
***
Eagles – Hotel California- Je continue de penser que tu es une petite garce, mais là franchement, t'as assuré ! admit Santana.
Rebecca hocha la tête.
- J'approuve ton compliment même si comme d'habitude tu es incapable d'en dire sans ajouter des insultes derrière !
- Oui... bravo... admit Violette.
Rebecca sourit.
- Bon. On bosse ?
Les filles s'activèrent sous le regard absent d'Amélia.
James, Fey et Steven regardaient Mike qui les regarda, étonné.
- Quoi ?!
- Tu lui fais un effet bœuf ! s'étonna Fey.
- On sort juste ensemble, elle a juste ça en elle !
Steven hocha la tête.
- Vieux, j'espère pour toi qu'elle sera pas comme ça au pieu, parce que putain quoi !
- Meeeec, parle pas de ça !!
- Bah quoi, c'est la nature !
- Rhooon... la journée avait si bien commencé... soupira Fey.
- Ohlala... soupira James en se frictionnant le visage.
Gina, Holly, Lilian et Léon bossaient tranquillement, tout comme Francis, Quinn, Lucy et Ana. Clive arriva, observé par la petite bande.
- Tiens !
Ana s'étonna. Elle prit le t-shirt noir avec un crâne dessus.
- Ooooh ! Comme je voulais ! Tu es fou ?!
- On m'en a fait cadeau dans un bar de métalleux.
- C'est gentil, merci !
- C'est pour toi, voilà !
Clive repartit comme il était venu. Quinn et Lucy se regardèrent, surprises.
- Il est gentil, hein ?
- Hm, oui, c'est... au moins une chose qu'on peut dire à son sujet ! admit Francis.
Clive revint avec Andréa, Orson et Benjamin.
- Il lui a offert des chaussures ?! s'étonna Andréa.
- Oui, parce qu'il avait du caca de Pandespiègle sur les siennes ! affirma Orson.
- La tête que faisait Tristan ! sourit Benjamin.
- Mais quand même il lui a offert des chaussures ?! Sérieusement, si là c'est pas la preuve qu'il veut se le faire, je me demande ce qu'il faut ! ricana Andréa.
Tristan bossait, toujours aussi emmerdé.
- Ça va ? demanda Tino.
- Tu sais que ça va pas...
- Il ne pensait pas à mal... marmonna Robbie.
- Non, bien sûr. Il ne m'aime pas mais il m'achète des chaussures. Il ne veut pas être mon petit copain, mais il m'achète des chaussures ! Il ne veut pas de relation, mais il m'achète des putains de chaussures !!
- Calme-toi... marmonna Tino.
- Je crois qu'on devrait le laisser tranquille en fait... marmonna Christina.
Tristan désigna Christina.
- Ecoutez la demoiselle !
Tino et Robbie se mordillèrent les lèvres.
- Je suis bien avec un mec et il m'offre des chaussures... grogna Tristan en pianotant sur son ordinateur.
Denis lisait les cahiers de brouillon de Dimitri.
- Incroyable, incroyable... Il a eu tellement d'évènements... Quel dommage qu'il manque un carnet ! Ca répondrait à tellement de questions... Peut-être que Roland est caché à Pokétopia, ils en avaient à peine parlé quand il l'a racheté, vu que sur le coup c'était détruit, mais depuis ça a été refait... Mince alors...
Perrine, Walter et Naomi se regardèrent.
- C'est limite s'il va pas faire notre boulot...
- Ce serait cool ! admit Walter.
- Hm ! Une bonne à tout faire... sourit Naomi.
- Donc Roland a été en concurrence avec ce type... à qui il a juste demandé de lui écrire une réforme... En gros il a voulu appliquer le « Garde tes amis tout près et tes ennemis encore plus près »... et ça s'est retourné contre lui... Après tout ce qu'il a fait...
- Avec Wallace on avait une théorie... Pourquoi Oncle Roland est parti à la base ? demanda Perrine.
Denis serra les dents.
- Eh bien... ta tante Rachel... a comme qui dirait fait une énorme erreur alors qu'Ethan avait disparu... et Roland n'a pas supporté, il est parti...
Perrine plissa les yeux. Wallace baissa la tête.
- Et merde. Je m'en gourais... soupira Wallace.
- C'est bizarre j'aurais cru que ça t'enthousiasmerait plus de voir cette théorie confirmée... marmonna Walter.
- Mais visiblement les choses ont évolué... Parce qu'aujourd'hui, Rachel, Malcolm, Claire et Roland sont tout aussi introuvables les uns que les autres ! Ainsi que leurs enfants, ça va sans dire...
Walter pencha la tête sur le côté.
- Où peuvent-ils être ?!
- Alors ça...
- Des gens ne disparaissent pas comme ça... Vous avez essayé de les appeler ?!
Denis acquiesça.
- Leurs lignes respectives ont été coupées. On sait juste qu'ils ne sont pas morts parce que sporadiquement, on reçoit des lettres, des photos...
Perrine s'étonna.
- Nous aussi ?!
- Ton père reçoit une lettre de Rachel chaque année pour l'anniversaire de notre premier dîner.
Perrine s'étonna.
- On ne t'a jamais rien dit évidemment pour ne pas...
- Oui, oui, ça... se comprend. Mais maintenant je veux savoir ! admit Perrine.
Denis acquiesça.
- Ok. Moi je veux savoir qui est ce garçon, Robbie, que tu as invité la dernière fois !
Perrine devint toute rouge. Wallace, Walter et Naomi sourirent.
- C'est... un secret, papa... geignit Perrine.
- Je saurais bien un jour. Tout comme vous avec Roland. Vous savez déjà qu'il vous protège, qu'il veille sur vous, maintenant... Les voies de Roland Smirnoff sont impénétrables !
Une femme arriva près d'Helen qui faisait ses corrections à la table de Gina, Holly, Lilian et Léon.
- Madame Clover ?
Helen releva la tête.
- Elvira, comment allez-vous ?
- Bien, bien... Le proviseur m'envoie parce qu'Holland est rentré chez lui... Madame Tenorman est partie et a annulé son inspection pour cause de résultats inutilisables.
- ... Bien... je suppose !
- Voilà.
- Merci Madame Sterling !
- De rien. Bonne fin de journée.
- Vous aussi...
Helen prit son téléphone et envoya un message collectif.
[Ding, dong, la sorcière est morte, biiiiiiatch !!!]
***
Holland arpentait les couloirs de l'hôtel en traînant sa valise. Il arriva devant sa chambre et l'ouvrit avec une clé.
- Pfffff... vie de merde, toi, vie de merde...
Holland ouvrit la porte et vit, assis sur le lit...
Un Couafarel.
- ... c'est quoi cet hôtel à la con ?!
Ce fut la dernière fois qu'on entendit parler du citoyen Holland Tenorman...
***
- Ton père a bien pris notre petit devoir finalement ! sourit Naomi.
- Tu parles. Excité comme un gamin, ouais... marmonna Perrine.
Robbie marchait aux côtés de sa blonde tandis que Naomi poussait Walter.
- Il est où, Wallace ?!
- Soit il a pris de l'avance, soit il est en retard...
Wallace leva les yeux au ciel.
- Je rêve ou tu m'engueules pour des chaussures ?! VOUS REGARDEZ QUOI ???
Tino, Benjamin, Orson et Christina reculèrent. Tristan semblait furieux.
- Ca veut dire quoi, ça, Wallace ??? Des chaussures ???
- Tu en avais BESOIN, c'est ma FAUTE si elles sont sales !!
- NON ! C'est la faute d'une idiote de Pandespiègle !
- Que je poursuivais !
- C'est pas une raison, tu aurais dû me laisser me débrouiller ! Arrête de me rendre service, arrête de m'aider, arrête de me couver du regard, arrête de me protéger...
Tristan agita les bras, énervé.
- ARRETE DE ME FAIRE SOUFFRIR !!!
Tristan partit comme une trombe. Wallace resta sur place, complètement hébété. Tino, Christina, Orson et Benjamin partirent à la suite de Tristan. Wallace leva les yeux au ciel, dégoûté.
- Putain... Putain... Putain de merde...
Il regarda dans un coin et vit Pandespiègle qui mâchonnait du papier.
- Espèce de petite merdeuse, tout est de ta faute...
Pandespiègle ricana et approcha de Wallace pour le narguer. Il lui balança la première chose qui lui tomba sous la main...
Une Pokéball.
- ... putaiiiiiiiiiiin !!!! Saloperie...
Wallace regarda sa sœur, étonnée.
- Cool, t'as cinq Pokémon !
- Oui, merci, mon allocation Jeune Dresseur est foutue !
- Tu veux que je te la garde ?!
- Pfffff... Nan, elle est chiante mais elle est mignonne. J'peux en faire une bonne combattante.
- Faut que tu la surnommes, frangin...
- J'l'appellerai bien Connasse ou Merdeuse mais c'est interdit... Lindsay ?
- N'y pense même pas !
- Bon, ok... Brenda, comme dans Beverly Hills, un bon nom de chieuse !
Lindsay haussa les épaules.
- Au fait, ça s'est bien passé avec la vieille de l'administration centrale ?
- Boh, j'sais pas. Une meuf de la classe l'a remise à sa place, et nan, c'est pas des paroles de rap !
- Je sais, j'suis pas idiote.
- Il t'a offert quoi, Shawn ?
- Un bracelet avec mon nom !
Wallace haussa les sourcils.
- Super cadeau de rupture !
- Hahaha. Moi au moins quelqu'un m'a offert quelque chose !
- Détrompe-toi, j'ai offert des chaussures à un mec.
Lindsay haussa les sourcils.
- Oh lala, j'vais le dire à maman !
- Nan !
- Si. Maman, Wallace il a offert des chaussures à un mec !
- Putain Lindsay !
- Des chaussures de mec, au moins ?
- BAH OUI ! Nan nan, des Louboutins rouges à semelle léopard, talons de dix centimètres !
- Beeeerk ! Godasses de pétasses !
- Ouais, exactement. Et c'est pas des paroles de rap non plus je suppose...
- Totalement pas...
Arrivés dans le hall, Wallace s'arrêta.
- A toute à la maison ! souffla Lindsay.
- Ouais...
Ambrose s'étonna de voir Harlan ici. L'homme était brun portait des lunettes et semblait avoir eu une grosse journée. Wallace observait les deux hommes face à face.
- Mais... Qu'est-ce que tu fais là ?!
- Ambrose, je suis... désolé pour la semaine de merde que je t'ai fait passer... J'ai été con, et je te demande pardon...
Ambrose se mordilla les lèvres.
- T... C'est pas ta faute, c'est... moi qui te demande pardon pour pas avoir été assez présent...
- Tu plaisantes ? Tu es l'homme le plus attentionné du monde... Maintenant c'est à mon tour.
- C'est... à dire ?!
Harlan souffla.
- J'ai démissionné.
Ambrose écarquilla les yeux.
- QUOI ?
- Mon boulot me rend malheureux, eh bah... Adieu le boulot. Je préfère encore quitter mon travail que te quitter toi. Je trouverai quelque chose de moins stressant, ou... j'en reviendrai à la pige et à la rédac en freelance... Mais voilà, je serais plus présent à la maison, maintenant.
Ambrose sourit.
- Mais... Mais ton travail c'était ton rêve, tu en parlais tout le temps...
- Mon rêve, c'est d'être heureux avec toi. Ça te dit qu'on adopte un enfant ?
- ... Harlan, mais oui, bien sûr que OUI !
Les deux hommes se sautèrent au cou. Wallace serra les dents, agita la tête et s'avança vers les portes, l'air d'avoir vu un fantôme.
Voire plusieurs. Du passé, du présent ou du futur, qu'importe. Mais décidément, il détestait cette Saint-Valentin de merde.