Ghost Trail : La Piste du Fantôme de Auraman

Jérémie Collin aurait aimé ouvrir les yeux. Cependant, il avait beau essayer, rien ne changeait, il faisait toujours noir. Il frissonna. Que lui arrivait-il ? Il se rappelait juste d'une ombre inquiétante à laquelle il cherchait à échapper et qui l'avait mené à retourner dans le van. Il avait envoyé un message d'aide, mais il n'avait pas pu le finir car la camionnette avait été brutalement secouée. Pour le reste, il était inutile de chercher à se souvenir, il avait perdu connaissance à ce moment précis.
Cependant, il ne savait toujours pas s'il dormait ou s'il était éveillé. S'il était éveillé, il se trouvait dans une pièce sans le moindre rayon de lumière. Auquel cas il avait raison de s'inquiéter. Il tâta ses poches afin de voir s'il avait quelque chose qui pouvait l'aider. Rien. Son portable, sa lampe torche et ses autres ustensiles de travail avaient disparu. Quelqu'un avait dû lui prendre. Mais qui ? Et où était-il, à la fin ?

- Bordel… C'est quoi ce plan pourri…

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-Franchement, Magna, vous m'impressionnez, lança Erhiam sur un ton moqueur. Deux accidents de van à deux jours d'intervalle et vous êtes toujours en vie ! Pire, vous vous en sortez avec une fracture du bras gauche ! Par contre, le véhicule est fichu. Je ne sais pas comment vous vous êtes débrouillé pour lui infliger de telles griffures, mais il ne roulera plus…

Il était bientôt vingt heures et le soleil venait de se coucher. Gaël, allongé dans le lit d'hôpital de la chambre 305, écoutait le PDG sans lui prêter vraiment attention. Il était trop occupé à repenser à ce qui l'avait attaqué dans la forêt et à essayer de déterminer de quoi il s'agissait. Cela ne ressemblait à aucun des Pokémon Spectres qu'il appréhendait régulièrement. Ce monstre s'était montré trop agressif pour un simple Pokémon et il était certainement prêt à tuer. D'ailleurs, était-ce vraiment un Pokémon Spectre ? Un type Ténèbres aurait pu faire l'affaire… Bien qu'il n'en connaisse pas non plus qui ressemble à cette étrange masse gazeuse, semblable en de nombreux points à une ombre.

- … c'est d'ailleurs pour ça que… Eh, Gaël, vous écoutez ce que je dis ?
- Hmm ? Oh, excusez, chef. J'avais la tête ailleurs.
- Vous pensiez à votre agression ? La description que vous m'avez faite du Pokémon assaillant ne m'évoque rien. Mais ne vous en faites pas, un de nos spécialistes ne tardera pas à arriver et il ne fait aucun doute qu'il parviendra à l'identifier. Je pense. J'espère. Ah, tant que j'y pense, vous avez reçu des cadeaux de la part des collègues. Etant donné que vous vous êtes réveillé il y a à peine deux heures, je me suis dit qu'il serait plus sage de vous les donner une fois que vous seriez en forme. Tenez, ils sont dans ce sac…

Le PDG traîna vers la chaise où il était assis un énorme sac rempli d'objets divers.

- Ils ont trouvé tout ça en deux jours ? questionna Gaël.
- Ils ont surtout eu l'aide de Ghosteria. Bref, je vous les pose sur votre table de nuit. En attendant, j'aimerais vous parler de votre mutation.
- En fin de compte, que va-t-il se passer ?
- Eh bien, rien ne change. Dès que vous irez mieux, vous prendrez vos fonctions à Nocpure. Nous pouvons facilement payer des vans, mais un bâtiment public, c'est un autre budget. Quoi qu'il en soit, vous avez fait du bon boulot chez nous et ça ne va pas être facile de trouver d'autres éléments aussi doués que vous.
- Je vous remercie.
- Bref, je pense qu'il va être temps pour moi de partir. J'ai pas mal de dossiers à régler et je devrais m'y mettre dès maintenant.

Gaël salua son employeur qui quitta la chambre du jeune homme, retombant dans le silence. Aussitôt, il se remit à penser au monstre. Existait-il un moyen de le capturer ?
Cependant, il se força à l'effacer de ses pensées. Il allait être muté, ce n'était plus son travail. Les autres se débrouilleraient pour savoir ce qui était arrivé à Jérémie.
Il se redressa dans son lit.
Jérémie ! Il en avait honte, mais il l'avait complètement oublié ! Et Erhiam semblait ne plus y penser non plus !

« Toc, toc, toc. »

- Qui est là ? demanda le jeune homme.
- Amanda, répondit une voix féminine.
- Amanda qui ?
- Amanda d'arrêt !

Gaël mit quelques instants pour comprendre le jeu de mots de la personne qui venait lui rendre visite, puis son regard se perdit dans le vide, sidéré.

- Je peux entrer ?
- Allez-y…

La porte s'ouvrit et laissa passer le Docteur Zetsu, qui semblait ravie de voir Gaël. Elle se précipita sur lui.

- Cela me fait plaisir de voir que vous allez mieux ! Vous m'avez fichu la trouille avant-hier soir, j'ai cru que c'en était fini de vous.
- J'ai pensé la même chose.
- Quelle synchronisation !
- Ouais. Je veux dire, non ! Bref, vous êtes juste venue prendre des nouvelles de ma santé ?
- Non, ça, je m'en suis occupée hier.
- Hie- Mais j'étais pas réveillé, hier…
- C'est vrai, répondit Zetsu en arborant un sourire malicieux.
- Qu'Arceus me vienne en aide.

Zetsu avait amené une petite mallette qu'elle ouvrit et qui révéla un ordinateur portable visiblement très performant sur lequel elle pianota pendant quelques instants puis regarda à nouveau Gaël.

- Donc, nous allons tâcher d'identifier votre agresseur et probablement celui de Jérémie par la même occasion. Nous n'avons toujours pas de nouvelles et vu ce qui vous est arrivé, je ne suis pas sûre que nous en ayons un jour. Dites-moi précisément à quoi il ressemblait.
- En vérité, je n'ai vu que ses mains. Le reste de son « corps » était camouflé par une sorte d'ombre ou de brume, je ne sais pas bien comment l'expliquer. Mais ses mains ressemblaient à s'y méprendre à celles d'un Spectrum. Plus j'y pense et plus j'en suis sûr.
- C'est amusant, c'est le Pokémon que vous deviez capturer lorsque vous êtes allé aider Mr. Collin.
- Et je l'ai capturé.
- Etrange… Nous n'avons rien reçu.
- Je n'ai pas pu l'apporter à cause de l'accident avec ce monument public.
- Non, c'est impossible. Votre véhicule a été vidé par la police après l'accident. Et s'ils avaient trouvé la moindre Pokéball Fantôme, ils nous l'auraient apportée ou l'auraient au moins signalée…
- Qu'est-ce que cela signifie ?
- Le Spectrum n'est jamais arrivé à destination. Peut-être a-t-il été récupéré par quelqu'un d'autre. Mais si c'est le cas, cette personne doit encore l'avoir avec elle. Nous n'avons eu aucun Spectrum depuis deux semaines. Je trouve d'ailleurs que c'est une bien étrange coïncidence que vous vous fassiez attaquer par un Pokémon qui y ressemblait.
- Vous n'imaginez tout de même pas que c'est le même Spectrum ? Aucun de nos agents n'aurait été assez fou pour relâcher une de nos captures !
- Je tiens juste à vous rappeler que quelqu'un de doué en informatique a envoyé un message à Jérémie Collin pour le piéger.

Zetsu regarda sa montre et se mordit la lèvre.

- Je dois partir à présent. Avec ce que vous venez de me dire, je pense qu'il va falloir prendre des mesures radicales pour trouver la personne qui s'amuse avec le système informatique de Ghosteria.
- Faites tout de même attention. Ce monstre était prêt à me tuer et si c'est la même personne qui est responsable de cela, c'est quelqu'un de dangereux.
- Pas de soucis pour moi, j'ai connu pire. Mais vous, remettez-vous bien.

Elle souffla un baiser en direction de Gaël qui tourna la tête puis quitta la pièce en sifflotant. Il aurait bien aimé l'oublier mais il était persuadé que Zetsu était en danger. La personne qui avait piégé Jérémie et lâché ce monstre dans la nature était bien capable de se débarrasser d'une personne de plus…

« Bah, au moins j'aurai la paix… » songea Gaël.

Mais il n'en était pas si sûr. Il décida de se changer les idées et de s'intéresser aux cadeaux que lui avaient laissés ses collègues. La majeure partie des biens offerts étaient des friandises telles que des boîtes de chocolat.
Pourtant, une boîte en particulier attira son attention. Il s'agissait d'un petit carton à peine plus grand qu'une main d'adulte qui était emballé dans un papier mauve. Il n'y avait aucune indication de la provenance ou de l'auteur du cadeau et la seule écriture qu'il trouva provenait d'une petite étiquette collée à même le papier cadeau qui disait simplement : Bon Rétablissement.
Des Teddiursas dansaient joyeusement à côté du texte, dans une expression de bonheur intense. Peut-être un cadeau de Miss Zetsu…

Il déchira le papier facilement et ouvrit la petite boîte. Il constata avec étonnement qu'elle renfermait une pokéball banale, mais qui semblait contenir un Pokémon.
Qui avait bien pu lui offrir un tel cadeau ? Il s'en préoccupait plus tard. Il avait hâte de découvrir ce que contenait la petite balle rouge et blanche.
Il la prit dans sa main mais n'appuya pas sur le bouton tout de suite. Il venait de voir une ombre passer devant la fenêtre de la chambre, dans l'horizon nocturne. Il aurait aimé se lever pour aller voir de plus près, mais ses jambes étaient encore engourdies et il n'était pas sûr de parvenir à se relever avec le plâtre qui occupait son bras gauche.
« Bah, ça devait être un rêve. » songea t-il en reposant la pokéball dans le paquet. Une chambre d'hôpital n'était pas vraiment le meilleur endroit pour faire apparaître un Pokémon, surtout s'il ignorait tout de la créature qui vivait dans la balle.

Il n'y pensa plus et se mit à lire les cartes de rétablissement que lui avaient laissé ses autres collègues tout en grignotant quelques pralines qui se trouvaient dans le même sac.
Alors qu'il s'était remis à réfléchir à la nature de son agresseur, l'infirmière qui s'occupait de lui vint l'informer que le repas était prêt et qu'il pouvait descendre le prendre quand il voulait.
La réflexion avait amené la faim, aussi il essaya de se quitter son lit, mais ce faisant, il renversa le sac de cadeaux et quelques paquets ainsi que la pokéball allèrent rouler sur le sol. L'infirmière se pencha aussitôt pour les ramasser.

- Attendez, je vais m'en occuper, dit Gaël.
- Ne soyez pas ridicule, Mr Magna, répondit l'infirmière d'une voix conciliante. Vous êtes blessé au bras gauche et ces paquets sont encombrants. Allez-y sans moi, je vous rejoins dans quelques secondes.

Gaël acquiesça avec un sourire et se dirigea vers la porte en titubant quelque peu, ses jambes étant engourdies par le temps passé dans le lit.
Toutefois, il s'en remit rapidement et fit quelques pas dans le couloir, songeant déjà au repas qui l'attendait.
Et sans crier garde, il s'effondra.