Step 1 : Quand départ est synonyme d'ennuis
J'ai quitté le QG le sac sur l'épaule et tout un tas de questions dans la tête :
Pourquoi la loi Arlequin existe ? Pourquoi j'ai été choisi ? Pourquoi aujourd'hui ? etc.
Je pris le temps en chemin de m'arrêter, m'asseoir sur une pierre et réfléchir. J'étais un Chasse-Couleur. Ces quelques mots signifiaient que mon job consistait désormais à capturer des Escargolor. Je ne savais pas pourquoi, mais c'était comme ça. Et d'ailleurs, j'allais devoir faire une réserve de balls si je voulais pouvoir bosser dans des conditions convenables. Je faisais partie des malheureux élus qui devaient se charger de capturer TOUS les Escargolor de la région afin qu'il n'en reste plus un seul à l'état sauvage. J'avais, pour m'aider dans cette tâche pénible et très longue, deux compagnons. Et je me fis la réflexion qu'il valait mieux qu'ils se connaissent. Je sortis donc mes deux Pokéballs et les lançai. Et c'est là que les problèmes commencèrent :
-Bon. On va devoir travailler tous les trois ensemble, alors je vais faire les présentations. Moi c'est Camille, Abo s'appelle Cobra et Yanmega s'appelle Nuée.
Les deux Pokémon s'observèrent un moment. Cobra se dressa de toute sa hauteur et émit un sifflement menaçant. Nuée répondit par une attaque Pouvoir Antique et la bataille commença. Mes Pokémon venaient à peine de se rencontrer et déjà ils se détestaient. Mais qu'est-ce que j'avais fait de mal, par Arceus ?! Je restai un instant sans voix puis je réagis : je me suis levé brusquement et j'ai crié :
-Maintenant ça suffit ! Si vous voulez vous battre, battez-vous, mais pas entre vous ! Vous aurez largement assez d'adversaires pour vous défouler, mais foutez-vous mutuellement la paix.
Ils me regardèrent d'un air surpris, surtout Cobra qui ne me connaissait pas encore vraiment. Je continuai mon sermon quelques minutes, après quoi j'attendis leur réaction. Ils se regardèrent, me regardèrent, se tournèrent le dos. Je soupirai. La cohabitation s'annonçait difficile.
-Cobra, dis-je, j'aimerais savoir quelles attaques tu maîtrises. Attends...ouais, on pourrait faire ça...bien, vous allez vous battre l'un contre l'autre, mais cette fois de manière civilisée. Je ferai équipe avec Nuée et toi, Cobra, tu vas nous montrer toutes tes attaques. On est d'accord ?
Approbation générale. Ouf ! C'était déjà ça de gagné. Cobra s'éloigna donc un peu et se mit face à nous, l'air menaçant. J'examinai l'attitude de Nuée et en déduit que notre adversaire n'avait pas la capacité spéciale Intimidation. J'ordonnai une attaque Pouvoir Antique, qui fut exécutée à merveille mais facilement esquivée. Cobra répliqua avec une Morsure. C'est à ce moment que je compris ce qui me dérangeait chez ce Pokémon : sa couleur. Je n'avais vu que deux Abo auparavant et ils étaient violets. Mais celui que j'avais reçu aujourd'hui était d'un étrange marron un peu vert. Je n'en revenais pas. J'avais un Abo shiney ! Et personne ne l'avait pris avant moi !
Yanmega me rappela à la réalité par un cri. Je redescendis donc sur terre et poursuivis le combat. Que j'ai d'ailleurs fini par gagner haut la main. Au final, j'avais découvert que Cobra possédait la capacité spéciale Mue et les attaques Morsure, Dard-Venin, Ligotage et Groz'Yeux. Il était donc probablement de faible niveau. Mais ça m'était égal parce qu'il était SHINEY, NOM D'UN CANINOS ! Je réprimai l'envie de faire une danse de victoire tellement c'était génial.
Pour fêter cette merveilleuse rencontre, j'ai (très exceptionnellement) préparé un déjeuner que j'espérais convenable, en me disant que j'allais probablement devoir apprendre à cuisiner si je ne voulais pas mourir de faim, vu que j'étais trop jeune pour avoir une carte de retrait et que mes nouveaux patrons ne m'avaient fourni ni argent, ni quoi que ce soit d'autre. Juste des fringues moches et un Pokémon faible. Bon d'accord, un Pokémon faible mais shiney. Mais faible quand même. Je me mis à rire de ma propre mauvaise foi, ce qui me valut un regard surpris de la part de Cobra. Nuée, elle, me connaissait assez bien pour savoir que c'était tout à fait normal. Je lui fis un clin d'œil complice qu'elle me rendit à sa manière. Puis nous avons commencé le repas, ou plutôt l'espèce de bouillie hideuse mais mangeable quand même. Et d'après la réaction de mes Pokémon, c'était bon. Ou en tout cas pas mauvais. De mon point de vue, c'était simplement mangeable.
Après ce « repas », j'ai rappelé Cobra et Nuée dans leurs balls et je me suis remis en route. Je regardai la carte qu'on m'avait fournie et y vis que ma zone de travail s'étendait jusqu'à Illumis. Ce qui me laissait une bonne douzaine de kilomètres côté Est. Et côté Ouest, eh bien, j'étais limité par la mer. Cette grande mer qui bordait notre chère région envahie par les Escargolor.
-Essca...
Je sursautai. Je venais d'entendre LE bruit qui allait occuper toute ma vie et probablement hanter mes cauchemars. Un cri d'Escargolor. Ce qui signifiait que je devais commencer à bosser tout de suite. Mais j'ai eu beau chercher du regard, pas moyen de trouver cette sale bête. Pourtant, difficile de les louper, avec leurs couleurs flashies sur tout l'exosquelette ! Soudain je sentis que quelque chose n'allait pas : ma jambe était lourde, comme engourdie et je peinais à la soulever. Je baissai les yeux pour voir une espèce de bande colorée enroulée autour de ma jambe.
-D'accord, soupirai-je. C'est quoi le problème ? Je t'ai réveillé ? J'ai écrasé tes œufs ? J'ai une sale gueule ?
Une attaque Morsure particulièrement hargneuse m'arracha un cri de douleur. Je réagis aussitôt en sortant Cobra de sa Pokéball. Mais je n'avais pas pensé au problème posé par ma présence sur le « terrain ». L'Escargolor se servit de moi comme d'un bouclier, se déplaçant le long de mon corps à chaque fois que Cobra lançait une attaque. Finalement, je perdis patience et ordonnai à Cobra de faire comme si je n'étais pas là. Il me regarda sans comprendre.
-Attaque-le comme si vous étiez seul à seul, dis-je en essayant de décrocher l'Arlequin de mon torse. Imagine que je suis juste un gros rocher ou un quelconque obstacle.
Le Abo me prenait sûrement pour un fou mais au moins il a obéi. Il s'est déchaîné sur Escargolor sans tenir compte de ma présence, ce qui me valut pas mal de blessures. Puis je l'arrêtai, sortis une Pokéball de mon sac et enfermai l'emmerdeur dedans. La ball remua un instant puis s'assombrit et se figea.
-Et restes-y, sifflai-je entre mes dents.
Puis, me tournant vers Cobra :
-Avec moi, c'est comme ça que ça fonctionne. Si je te dis de faire un truc qui a l'air idiot, tu le fais. Et si tu veux me faire savoir que ça ne te plaît pas, tu me mords dès que tu en as l'occasion. OK ?
Acquiescement de la part de mon compagnon. Je souris et regardai la ball que je tenais toujours fermement dans ma main comme pour qu'elle ne s'ouvre pas toute seule. Je venais de capturer un Escargolor. Je venais à peine de commencer ce métier et déjà le boulot me tombait dessus. Si ça c'est pas de la poisse...
J'ouvris prudemment la ball et regardai le Pokémon qui en sortit. Il me regarda en retour avec curiosité.
-Escargolor ? siffla-t-il, la tête penchée sur le côté.
Je lui tirai la langue pour lui signifier qu'il m'avait fichu les nerfs en boule. Il parut comprendre et attendit patiemment que je dise quelque chose. Je pris mon Pokédex dans mon sac et consultai la fiche d'Escargolor. J'appris par la même occasion que j'avais capturé un mâle.
-Flash, ça te va, comme surnom ?
Hochement de tête et sifflement joyeux. Complètement cinglé, celui-là... Il m'attaque et la seconde d'après il est tout content d'être avec moi et d'avoir un nouveau nom. À moins que...non, les Pokémon ne complotent pas. Ils n'ont pas d'intentions machiavéliques et ne préparent pas des plans diaboliques et ingénieux pour piéger les pauvres taches comme moi. Je regardai le Pokémon à mes pieds, qui me fixait, les yeux pétillants comme s'il attendait quelque chose. Non, il était décidément trop bête pour comploter.
-Et maintenant, dis-je, on va au premier centre Pokémon qu'on croisera et j'espère ne pas être attaqué encore une fois. J'ai eu ma dose d'emmerdes pour la journée.
Je rappelai Flash et joignis le geste à la parole. Cette première journée de travail m'avait suffi pour comprendre que j'étais maudit. Jusqu'à l'os. Voire plus loin encore. Enfin bref ! On ne va pas s'éterniser sur ma malchance quasi-légendaire, j'ai une histoire à raconter.
J'ai marché longtemps avant de trouver un centre Pokémon et il se faisait tard quand je l'ai atteint, mais au moins j'aurais un toit au-dessus de la tête pour passer la nuit. L'infirmière Joëlle eut un sourire compatissant en voyant la couleur de mes habits. Ça en fait au moins une...
Ma chambre était gigantesque. Elle faisait à peu près la taille du salon + la salle à manger de ma maison. Soit trois fois la taille de ma propre chambre. Je passai un moment à compter le nombre de pas que je pouvais faire en long, en large, en diagonale, imaginer la hauteur du plafond, bref m'extasier devant l'immensité de cette chambre qui, pour une nuit, était pour moi seul. C'était très agréable d'avoir plus que 5m² pour dormir. Vraiment très agréable. J'enlevai mes vêtements, ne gardant que mon pantalon, et me laissai tomber, épuisé, sur un lit bien plus confortable que le mien. Je fermai les yeux et laissai mon esprit vagabonder. Il m'emmena dans une séquence-souvenir : mon aventure en tant que dresseur débutant.
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J'avais 10 ans. C'était le jour où le professeur Platane passait près de notre village pour donner leur premier Pokémon à des enfants souhaitant se lancer dans la quête des badges. Cette année-là, nous n'étions que deux, bien déterminés à battre la Ligue un jour. Le professeur nous a vus arriver, a souri, a sorti un coffret et l'a ouvert devant nous. Il contenait trois Pokéballs. J'ai choisi en premier. J'ai pris Feunnec et je l'ai baptisé Incendie. Ma méthode pour trouver des surnoms consiste à prendre un nom qui a un rapport avec le type du Pokémon et qui symbolise quelque chose de grand, d'imposant, d'impressionnant. Incendie était donc, de mon point de vue, le surnom parfait pour un Feunnec. J'ai tout de suite couru chez moi pour le montrer à mes parents. Ils étaient très fiers de moi. Mon père m'a recommandé de ne pas chercher la bagarre avec les autres dresseurs si j'estimais ne pas avoir l'avantage. Ma mère m'a donné une carte de Kalos et une table des types pour que je puisse évaluer les faiblesses de mes Pokémon et apprendre à y pallier.
Le professeur m'a ensuite donné un Pokédex et puis j'ai foncé droit vers les hautes herbes, droit vers l'aventure. Un Passerouge m'a brusquement sauté dessus sans prévenir. Incendie lui a mis une raclée. Une fois mon adversaire K.O, j'ai ressenti une puissance inimaginable, un sentiment de supériorité absolue qui m'a fait tourner la tête. J'ai repris mes esprits et j'ai continué ma route.
Le premier Pokémon que j'ai capturé fut un Passerouge. Une Passerouge, en fait, puisqu'il s'agissait d'une femelle. Je l'ai appelée Tornade. Incendie et elle s'entendaient plutôt bien et en combat duo ils étaient simplement merveilleux. Du moins, de mon point de vue de débutant en combat Pokémon. J'enchaînais les victoires contre les Pokémon sauvages à un rythme effréné. Mes deux compagnons progressaient à vue d'œil. Je suis resté une semaine sur la première Route, évitant soigneusement les dresseurs qui avaient l'air trop puissants et développant les points forts de mes Pokémon tout en essayant de trouver une parade à leurs points faibles.
Un jour, un Gamin payé pour affronter tous les dresseurs qu'il croisait me lança un défi. Ce fut ma première victoire contre un dresseur. Il m'a donné un peu d'argent en récompense. Voyant mon air surpris, il m'a expliqué que les combats entre dresseurs fonctionnaient toujours de cette manière et que la somme donnée devait être proportionnelle à la force du vainqueur.
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Quelqu'un frappa à la porte, me tirant de ma rêverie. J'allai ouvrir et vit une fille qui devait avoir mon âge, cheveux châtains en QDP (queue-de-Ponyta), yeux bleus rieurs, vêtements en camaïeu marron. Nos regards se croisèrent et j'eus une sensation étrange, indescriptible et impossible à identifier.
-Tu pourrais m'aider ? demanda-t-elle d'une voix plus grave que ce à quoi je m'attendais. J'ai...cassé quelque chose et comme je suis vraiment maladroite j'ai peur de me faire mal ou de casser autre chose en essayant de ramasser.
-Bien sûr, donne-moi juste une seconde.
Je rentrai dans ma chambre et enfilai rapidement ma chemise. Quand elle me vit ressortir, elle eut un hoquet de surprise.
-Tu es un Chasse-Couleur ?
-Depuis ce matin. Sois sympa, n'en tiens pas compte. C'est assez pénible comme ça. Alors, qu'est-ce que tu as cassé ?
Elle me guida jusqu'à sa chambre et me montra un carton renversé. Il contenait des objets en verre, dont certains avaient visiblement volé en éclats. Un Evoli était assis à côté du carton, à une distance raisonnable des débris. Il s'est levé quand nous sommes entrés dans la pièce et est allé se mettre sur le lit. La fille m'expliqua qu'elle était censée apporter ce carton à quelqu'un mais qu'un faux mouvement l'avait fait tomber et s'ouvrir. J'ai hoché silencieusement la tête et commencé à ramasser prudemment les morceaux de verre pour les poser sur la table.
-Tu aurais pu demander de l'aide au personnel, fis-je remarquer au bout d'un moment. Pourquoi tu es venue me voir moi ?
-Eh bien, tu vas trouver ça bizarre mais j'ai plus facilement confiance en un parfait inconnu qu'en une infirmière Joëlle aux allures de clone.
-Je comprends. Je suis un peu pareil. Je fais rarement confiance aux gens qui appartiennent à une « catégorie » : les infirmières Joëlle, les Chasse-Cou... Aïe !
Je portai vivement mon doigt à ma bouche dans une vaine tentative pour calmer la douleur. L'éclat de verre fautif retomba sur la moquette de la chambre. Je regardai la blessure. Une petite ligne rouge dans la dernière phalange de mon index gauche coupait mon empreinte digitale. Une goutte de sang s'en échappa et coula le long de mon doigt. Je l'ai observée sans rien dire, comme hypnotisé par cette trace rouge qui formait un chemin sur mon doigt tendu.
-Ça va ? entendis-je.
Je sursautai et tournai la tête.
-Euh, oui, ce n'est rien. Juste une coupure.
Elle me regarda d'un air suspicieux.
-C'est la première fois que tu te blesses ? demanda-t-elle finalement.
-Non. Mais ça faisait assez longtemps.
-C'était quand la dernière fois ?
Mon esprit repartit dans le passé. Inconsciemment, j'ai ouvert la bouche pour raconter...
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C'était il y a deux ans. Un an et dix mois, plus précisément. Je venais de battre la Ligue de Kalos. J'avais accompli la première étape de mon rêve. Je rentrais chez moi pour annoncer la bonne nouvelle à mes parents, mais je suis tombé dans un piège. Deux membres de la team Flare me sont tombés dessus et m'ont poursuivi jusqu'au bord d'une rivière. Je ne sais pas nager alors je n'ai pas eu d'autre choix que de les combattre. Avec trois Pokémon en bonne santé, deux K.O et la Yanma à moitié morte que j'avais capturé dix minutes plus tôt. Ils m'ont laminé. Ils m'ont pris mes Pokémon. Ils m'ont seulement laissé Yanma parce qu'elle était trop faible et qu'elle ne leur rapporterait rien. Je me suis débattu, j'ai voulu reprendre mes Pokémon... Ils m'ont tiré une balle dans l'épaule et m'ont jeté à l'eau. J'ai survécu de justesse. Et je me suis juré d'entraîner mon seul Pokémon restant jusqu'à ce qu'elle soit assez forte pour vaincre la team Flare.
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Je baissai les yeux sur mon épaule droite. Sous la chemise, je savais qu'il y avait la cicatrice. La cicatrice qui m'interdisait d'arrêter l'entraînement, qui m'interdisait d'abandonner mes Pokémon volés deux ans plus tôt. La fille s'était tenue coite tout le temps de mon histoire. Elle posa doucement la main sur mon bras. Je levai la tête pour la regarder. Elle avait des larmes dans les yeux. Le brouillard qui enveloppait mon champ de vision m'apprit que c'était également mon cas.
-Je suis désolée, souffla-t-elle.
-Désolée de quoi ? répliquai-je d'un ton plus amer que je l'aurais voulu. Tu n'y es pour rien.
-Désolée de t'avoir posé cette question et d'avoir fait remonter ce souvenir douloureux à ta mémoire. Si je peux faire quoi que ce soit pour toi, n'hésite pas à me demander.
Je lui adressai un sourire rempli de toute la gratitude que j'éprouvais à l'idée que quelqu'un était prêt à m'aider. Une inconnue, en plus. Je ne l'avais jamais vue de ma vie et elle m'offrait son aide. Je laissai les larmes quitter mes yeux pour aller rouler sur mes joues. Je ne savais pas si c'étaient des larmes de peine, de remords ou de joie et, honnêtement, je m'en moquais. Et mine de rien, ça m'a fait un bien fou de pleurer, parce qu'après j'allais beaucoup mieux.
Passée la crise de larmes et après avoir terminé de ramasser les débris de verre, je me suis levé, rapidement imité par la fille.
-Merci beaucoup, dit-elle. Ah, au fait ! Je m'appelle Valérie, et toi ?
Je ne répondis pas tout de suite. Mon prénom a une fâcheuse tendance à susciter les rires moqueurs. Aucun indice dans le regard ou l'attitude de Valérie ne m'aidait à savoir si c'était une bonne idée de lui dire. Voyant mon embarras, elle haussa les épaules.
-D'accord. Si tu ne veux pas me dire ton nom, je n'insiste pas. Je peux t'appeler Machin ?
-Euh, non, évite. En fait, c'est juste que...j'ai un prénom un peu...inhabituel...
-Inhabituel ? répéta-t-elle d'un air suspicieux. Genre Isgrath ou Cuthbert ?
-Non, pas à ce point-là !
Mais d'où pouvait-elle sortir des noms pareils ?! Elle éclata de rire devant mon expression affolée et me demanda à nouveau mon nom, me promettant de ne pas se moquer.
-Camille, finis-je par dire.
-Ah, je vois. C'est vrai que c'est un prénom difficile à porter pour un gars. Mais tu sais, les premiers à s'appeler Camille étaient des garçons, même si maintenant c'est principalement des filles. Et puis franchement, je trouve que c'est un très beau prénom alors je ne vois aucune raison de se moquer. Et il te va bien.
-... Merci. C'est sympa.
-De rien. Bon, ben, je ne te retiens pas. Bonne nuit.
-Bonne nuit.
Je sortis de sa chambre et repartis vers la mienne. Il était vraiment tard alors je me suis rapidement endormi. Mon sommeil fut peuplé de rêves étranges impliquant des Pokémon transformistes et des savants fous. Rien d'inhabituel, en somme.