Hélio de MerrySai

Il est parti. J'ai été assez bête de croire qu'il resterait pour toujours, comme un vrai papa. Il me manque déjà, tiens. Mais je vais bien garder son mot, comme ça c'est comme si il est avec moi…

Will venait de s'éveiller et la première chose qu'il avait remarquée, était l'absence d'Hélio. Réveil avec des regrets pour l'enfant. Il se maudissait d'avoir autant dormi, de ne pas avoir dit au revoir à son père d'un soir. Son unique joie avait été de lire le papier laissé par son « héros ». Il n'avait pas caché ses larmes et un Pachirisu curieux, bien connu, l'avait rejoint pour le consoler. Les sanglots stoppés, l'écureuil était parti et Will était descendu de l'arbre dans lequel était perchée la cabane, espérant sans doute retrouver les traces d'Hélio, en vain.

-Roucoups, go !

Ils étaient dans la clairière découverte la veille, et Will voulait vérifier que la machine était réellement détruite. Enfin, ça, c'était la version « officielle », la vraie raison étant évidemment l'espoir de retrouver Hélio et aussi de revivre, en quelque sorte, les évènements du jour précédent. La rosée avait transformé la terre retournée en une sorte de boutasse humide, qui avait achevé l'appareil. Will se revit verser le sac sur l'appareil en question avec Hélio, et se souvint, en détails, de la journée…

…
9h45, d'après le cadran solaire. Mais Will savait qu'il était foireux. Il y avait au moins une bonne heure de décalage, mais il ne savait pas dans quel sens. Malgré tout, il y avait peu de chance que ce soit juste 9h, le garçon avait encore joué tard, la veille au soir, et le Soleil était pratiquement à son zénith, étant donné qu'il était visible au-dessus des arbres. L'enfant lança une Pokéball qui dévoila un Roucoups. Le Pokémon s'envola aussitôt, trop heureux d'enfin déployer ses ailes après une nuit et une matinée enfermé dans la balle. Will descendit de sa cabane par son petit escalier construit à la va-vite, et lança à Roucoups :
-Surveille la forêt d'en haut, je m'occupe du sol, comme d'hab' !

Tandis que son Pokémon partait faire sa ronde aérienne, l'enfant se mit à marcher au hasard dans le regroupement d'arbres. Bien que non indiquée sur les cartes, la forêt était tout de même conséquente… Assez pour permettre à Will de se cacher de sa mère, comme durant les dix jours qui avaient précédé cette journée. Le gamin s'amusait comme un fou dans cette forêt dont il s'était proclamé le protecteur, et que son Roucoups et lui arpentaient toute la journée. Aujourd'hui, il était suivi par un Pachirisu qui jouait à faire des allés-retours devant lui. Will se prit rapidement d'affection pour l'écureuil, et il tenta vainement de le battre à la course. Ils furent interrompus dans leur nouveau jeu par Roucoups, qui tira l'enfant par le bas du t-shirt. Pour la première en dix jours, Will et Roucoups allaient pouvoir sauver un Pokémon de la forêt et remplir leur rôle de protecteur ! Le dresseur suivi son Pokémon jusqu'à un petit chemin, et il déboula devant un homme, qu'il ne prit pas le temps de vraiment regarder lorsqu'il vit un Cheniti au sol.

-C'est toi qu'a balancé Cheniti ? ahana le gamin.
-Oui, et je n'ai rien à dire dessus petit, je n'ai rien dormi de la nuit alors écarte toi de mon chemin, répondit l'homme en posant la main sur son épaule pour le décaler, et merci de me laisser trouver un endroit où je pourrais me reposer en paix.

Trop surpris pour réagir, Will laissa l'homme s'avancer de quelques pas. Il allait lentement, les poings serrés. Des cheveux bleus-gris hérissés, des vêtements sales, l'homme était grand. En même temps, du haut de ses neuf ans, Will voyait tous les adultes comme des géants. Il rattrapa l'homme en se souvenant qu'il cherchait un endroit où se reposer.

-Eh, vous voulez pas vous reposer dans ma maison, c'est une super cabane j'ai fait un super lit en feuille et j'ai construit une super échelle !!
-Petit, tu es… Bien aimable, mais je n'ai aucune envie de renouer avec la société, encore moins avec un enfant, répondit le drôle d'homme.
-J'suis pas un enfant ! J'suis un super aventurier, moi et mon super Roucoups on protège la forêt et euh… Ça va monsieur? s'inquiéta Will en voyant son interlocuteur froncer les sourcils en penchant la tête d'un air douloureux.
-Tu n'entends pas une sorte de sifflement ? dit-il en tentant, visiblement avec peine, de rester droit.
-Ben euh… Non. Roucoups, tu vois quelque chose ? Ou entend, quoi ?

Will regardait fièrement son Pokémon remplir sa mission, jusqu'à ce que celui-ci s'écroule, traversant les branches dans sa chute. Will bondit immédiatement à sa rescousse mais tomba sous le poids de l'oiseau. Se retenant de gémir de douleur, il fit rentrer son Pokémon dans sa Pokéball, et il se releva, se dirigeant vers l'homme, trop curieux pour s'énerver contre « l'agresseur » du Cheniti. L'homme se plaint que le bruit amplifiait, mais l'enfant ne voyait toujours pas de quel bruit il s'agissait. Pourtant, il se rapprocha d'Hélio, inquiet.

-Argh, c'est de plus en plus fort, marmonna-t-il.
-Euh… Je peux faire quoi moi ? Euh… Oh je sais! s'écria l'enfant en souriant. Il sortit un casque qui ressemblait à ceux des chantiers et le tendit à Hélio: C'est mon papa qui l'avait donné à ma maman quand elle était venue le voir utiliser un marteau-piqueur parce que Triopikeur était malade, elle l'a gardé en souvenir, d'après elle, ça faisait vachement de bruit, mais avec ce truc on n'entendait pas!
-Merci petit, dit l'homme d'une voix hésitante, je vais chercher la cause du sifflement et je te rapporte ça, ajouta-t-il en montrant le casque du doigt.

Même s'il s'était emparé du casque un peu violement, Will ne protesta pas. Il remarqua que l'étranger parlait un peu fort, et il devina que c'était à cause du casque, qu'il parlait comme ça, comme les sourds. Will eut envie de sourire devant le spectacle du vieil homme au visage sérieux portant un casque de chantier. Cependant, il se retint de rire et écrivit rapidement sur son calepin qu'il voulait l'accompagner. Etonnement, l'homme ne protesta pas, et Will put le suivre sans se faire rembarrer. Bon point pour lui, et l'enfant sourit d'avoir trouvé un « acolyte » pour crapahuter avec lui dans le bois. Ils marchèrent un peu, croisant plusieurs Pokémon que Will se retint de poursuivre, enfin, « d'examiner » et, lorsque l'enfant posa une question, ils furent interrompu dans le peut-être début de conversation par un groupe de Nosférapti.

Je croyais que ça aimait pas le Soleil, un Nosférapti, en plus le monsieur m'a pas répondu, du coup !

Will se souvint alors de la capacité à entendre les ultrasons du Pokémon, et il se félicita de ne pas avoir demandé à quoi était due leur présence à l'extérieur. Il jeta un coup d'œil à Hélio, qui continuait d'avancer, et le suivit. Ils débouchèrent finalement dans une petite clairière, vide au premier abord. Pourtant, un Zigzaton sortit de sa cachette, et sa surprenante présence dans la région fut vite oubliée lorsque que les zigzags du Pokémon les amenèrent à voir une sorte d'antenne sortie de sous terre.

-Ah, je vois… marmonna Hélio.
-De quoi? L'antenne? Si c'est une télé, je récupère pour ma super cabane, elle sera encore plus super comme ça! S'enthousiasma Will.
-C'est pas une télévision, sombre idiot, c'est un engin inventé par… Un certain groupe de personne – qui étaient censés la détruire – et qui servait initialement à attirer les Pokémon, mais l'utilisation excessive lui a donné les propriétés inverse à l'effet escompté, expliqua l'homme au gamin, qui répliqua au quart de tour :
-Euh, j'ai rien pigé, trop d'mots, mais c'est ça qui fait siffler ?
-Oui, c'est ça, détruisons la, puisque ce n'est pas déjà fait.
-Euh, on… Merde, faut que j'écrive, il m'entend pas, se raisonna automatiquement l'enfant.

Il se mit donc à griffonner sur son carnet, demandant quoi faire et s'il devait déterrer la machine. Il se sentait prêt à obéir bien gentiment à Hélio, qui acquiesça et se dirigea vers l'endroit où était enterrée ladite machine. Will regarda son compagnon abandonner le casque, avant de le rejoindre pour l'aider à creuser, sans le quitter des yeux.

Il à l'air d'avoir mal et pourtant, il part pas en courant… Il est vraiment courageux…

…
Les minutes, longues, passèrent et la terre avait dévoilé toute la partie supérieure de la machine. Heureusement, c'était sur cette partie visible que se trouvaient les commandes principales, et notamment le maudit bouton marche/arrêt qui était profondément enfoncé. Un peu trop, même.

-Foutue… Foutue machine… grogna Hélio, qui ne cachait même plus sa douleur.
-On y met des coups de pieds ? Ca à l'air trop coincé, le bouton, là… Monsieur... ?
-Ca ne cèdera pas, il faudrait faire disjoncter la machine entière… Sais-tu s'il y a une rivière ou de l'eau n'importe quoi, finit le « monsieur » dans un râle.
-Ouais ! Oui, il y en a une super juste derrière où je vais me baigner des fois, pour… l'enfant s'interrompit de lui-même, se répondant à son « pourquoi » qu'il n'avait pas encore posé : Ah ouais, on va en emmener et y verser sur le truc pour que ça pète !

D'un air exaspéré, que Will s'expliqua par le sifflement, Hélio tourne les talons et se dirigea dans la direction indiquée. La rivière n'était pas loin du tout, et Will vida son maigre sac pour transporter le liquide jusqu'à la machine, espérant qu'il en faudrait peu pour mettre hors service l'appareil. Par un heureux hasard, ils découvrirent aussi que les sacs imperméables existaient pour les enfants, et celui-ci en était un. (D'où la découverte, évidemment…) Vite revenus ils renversèrent le contenu du sac sur l'engin. Le résultat ne se fit pas attendre, et des étincelles jaillirent dans des crépitements semblables à des protestations rendant la mort de la machine presque vivante. Quelques secondes plus tard, Hélio déclarait qu'il avait cessé d'entendre le sifflement, et la machine sembla définitivement hors d'état de nuire.

-Ca, c'est fait, conclus l'enfant en souriant.

Il est vraiment cool, ce monsieur.

L'enfant continuait de regarder Hélio avec un grand sourire figé sur le visage. Il se sentait fier, heureux et admiratif. Ses yeux marrons et en amande, exprimaient une joie inattendue, mais ça lui était égal. Il se sentait tout de même impressionné par l'homme aux épaules assez carrée qui se trouvait devant lui. Will était un enfant plutôt petit et maigrichon, pour son âge, et Hélio, sans être un géant, avait déjà une carrure impressionnante, particulièrement pour l'enfant qui l'observait. Le gamin nota que ses vêtements étaient aussi déchirés que les siens, et se retint à grand-peine de lui demander s'il était un aventurier, comme lui.

-Tu… Comment t'appelles-tu, demanda Hélio, presque gêné.
-William ! répondit immédiatement l'enfant, enfin tout le monde m'appelle Will… Ou crétin, mais ceux qui m'appellent comme ça, je leur réponds pas, et s'ils continuent à m'embêter, je demande à Roucoups de leur lancer une tornade, et même qu'une fois…
-Oui, c'est bon, le coupa Hélio, quoi qu'il en soi, je te remercie de ton aide et de ton… Courage. On ne savait pas sur quoi nous allions tomber et tu m'as tout de même suivi, c'était courageux de ta part.
-Bah merci, enfin de rien, enfin les deux, sourit Will de plus belle, mais vous savez, je suis pas le super protecteur de la forêt pour rien !!

Will surprit un léger sourire sur le visage de son interlocuteur, qui s'effaça lentement, pour rendre l'expression dénuée de sentiment à Hélio. Celui-ci annonça, au grand désespoir du garçon, son départ imminent. Le Soleil déclinait doucement au-dessus des cimes.

-Non, non, restez avec moi, s'il vous plait ! s'affola-t-il.
-Je ne peux pas, Will, excuse-moi, je dois m'en aller, je voyage d'habitude de nuit, et elle va justement tomber, rentre chez toi, enfin, dans ta cabane, j'y vais.

Sur ces mots, Hélio tourna les talons, et l'enfant laissa ses larmes couler. Qu'importe qu'il le voie pleurer, si cela pouvait lui permettre de passer encore un peu de temps avec son nouveau héros…

-S'il vous plait… sanglota-t-il doucement, je… J'ai pas de papa, et vous vous avez été super avec moi, super sympa et super courageux et… Et je vous aime bien, et puis aujourd'hui ça a été super avec vous, vous êtes un modèle, comment vous avez cherché pourquoi il y avait un problème, et comment vous avez dit qu'il fallait faire pour le régler… C'est vrai, quoi, j'avais l'impression que vous aviez pas peur, alors que vous aviez super mal, non ? Et vous êtes allé super près du bruit quand même, vous êtes super, vous êtes un héros quoi !

Le discours du gamin, en larmes, était poignant. Particulièrement pour son héros, qui fut touché voire ému des mots de l'enfant. Will, en larmes, releva vers Hélio un visage plein d'espoir lorsque celui-ci se retourna, avec un probable sentiment de culpabilité.

-Je te raccompagne au moins jusqu'à ta cabane mais ap…
-Ouiiii !! Merciiiii !! s'exclama l'enfant.

Will sauta au cou d'Hélio, l'obligeant à se baisser légèrement à cause du poids. Il eu un visage quelques peu surpris, mais ne dit rien et se contenta de serrer doucement l'enfant. Will lui murmura un petit merci à l'oreille, trop heureux pour dire quoi que ce soit d'autre.

-Venez, je vous montre le chemin, et je vous ferais visiter ! déclara immédiatement l'enfant.

Will considéra tout de suite Hélio comme un père tombé du ciel, lui racontant ses « aventures », lui faisant des farces qui le firent sourire, et l'embarque même dans un jeu sans vraiment de règles. Ils firent de nombreux détours dus aux blagues et aux jeux de Will, qui ne manqua pas d'oublier une seconde où il devait mener son nouvel ami, avant d'arriver à la cabane, perchée entre deux arbres et presque invisible du sol. Le gamin montra divers moyens dont il avait usé avant d'arriver à construire la cabane, il expliqua comment il avait assemblé les branches, puisqu'il s'était interdit les planches, comment Roucoups l'avait aidé, ravi de voir quelqu'un s'intéresser, ou au moins faire semblant de s'intéresser à sa petite vie. À cause de l'obscurité, Will se prit plusieurs fois les pieds dans des racines et autres caprices du sol de la forêt mais, chaque fois, Hélio le rattrapa et l'empêcha de tomber. Comme un père. Il lui avait aussi dit son nom « Hélio ». Il l'adorait, ce nom, mais ne savait pas où il avait déjà pu l'entendre…

…
Et maintenant, il était là. En plein milieu de la clairière, les yeux perdus dans le vide, avec pour seuls réconforts, ses souvenirs. Et son petit mot. Il le relit, et sourit doucement. Will resta encore une minute sans bouger, jusqu'à ce qu'un éclat de lumière attire son attention. C'était le reflet du soleil sur un objet… Will s'approcha, un peu méfiant, et sourit de toutes ses dents en reconnaissant la monture en ferraille du casque de chantier. Hélio l'avait lancé un peu au hasard, et il s'était retrouvé suspendu dans un buisson. L'enfant plaça le casque autour de son cou et, toujours souriant, reparti dans la forêt. Jamais il ne l'oublierai.

…
Quelques jours plus tard, en passant voir sa mère pour la rassurer (et se débarbouiller, aussi), Will apprit par la télévision qu'une preuve de l'existence d'Arceus mettait toute la région en émoi. Qu'un homme était arrivé près de Célestia, un parchemin à la main, écrit dans une langue presque inconnue, qui prouvait l'existence du Dieu Pokémon. Lorsque le présentateur annonça que l'homme en question était l'ancien chef de la Team Galaxie, l'intérêt de du garçon fut piqué au vif, puis il reconnut une photo d'Hélio, et le journaliste confirma en quelques phrases :

« L'homme en question n'est autre que l'ancien chef de la Team Galaxie, Hélio, qui était responsable de l'explosion aux Colonnes Lances, entre autres méfaits. Etrangement, il a été choisi pour être le porteur du message d'Arceus, malheureusement, nous ne pourrons jamais avoir plus de précision sur son périple, car le pauvre homme n'a pas survécut à… »

Après cela, Will n'écouta plus. Car il savait qu'Hélio était mort. Son implication dans la Team Galaxie comptait peu, Hélio était toujours le même héros à ses yeux. Mais il était mort. À ce moment-là, il décida de partir, d'aller jusqu'à Celestia, pour le pleurer. Il n'expliqua rien à sa mère, qui ne l'aurait tout de façon pas écouté. Son petit voyage dura quelques jours, le temps de traverser la montagne, en somme. Lorsqu'il arriva, l'enterrement avait été fait, mais il s'agenouilla sur la tombe, murmurant quelques mots :

« Merci pour tout, merci, et adieu, mon deuxième papa, je t'aime, héros. »

La lettre à Will
«Will, excuse-moi d'être parti avant ton réveil, mais je crois qu'il valait mieux agir comme cela. Sache que j'ai été heureux et plutôt fier pendant cette soirée à tes côtés, tu m'as fait redécouvrir des sentiments que j'avais enfoui. Jouer le rôle de ton père pendant ces quelques heures a été un réel plaisir, prend bien soin de toi et de ta forêt, Hélio. »