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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 11/12/2013 à 17:19
» Dernière mise à jour le 31/08/2017 à 11:34

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 32 : La bataille de Tardsho
Derrière Narek et son armée, il y avait Tardsho. Première ville à l'ouest de Crepiten, elle se trouvait au pied de la chaîne de montagnes du sud-est de Naya. Une grande ville, avec sa propre arène, mais d'ordinaire prospère. Elle faisait route commune avec la Rébellion depuis le début, et sa championne, Calicea, était une bonne amie de Narek. Elle se trouvait à ses côtés aujourd'hui, avec toute sa gamme de Pokemon acier. Il y avait aussi environ deux cents dresseurs, soit de Crepiten, soit de Tardsho, dont deux anciens membres du Conseil des 4 qui étaient restés fidèles à Narek, Dylan et Alcalia. Ce qui faisait environ un peu moins de mille Pokemon, plus bien sûr Artemilion, qui en valait bien cent. Et Narek et ses alliés nobles avaient pu réunir une armée de trois milles hommes. Une armée conséquente. Depuis la création de la Rébellion, c'était la première fois que Narek voyait ça. Pourtant, cela allait-il suffire face à l'énorme armée du Triumvirat qui approchait ? Narek en doutait...

De toute évidence, Nathan Dialine commençait à perdre patience contre la Rébellion. Et le retour récent des Gardiens de l'Harmonie l'avait persuadé qu'il fallait en finir avec les traîtres de Narek. Si le Triumvirat parvenait à s'emparer de Tardsho aujourd'hui, il aurait le champ libre jusqu'à Crepiten, et ça en serait fini de la Rébellion. Tout le monde ici en était conscient. Nathan avait mis le paquet pour en finir une bonne fois pour toute. Et ceux qui en pâtiraient le plus étaient bien sûr les civils de Tardsho, qui soutenaient tous Narek. Ils étaient tous là, derrière les murailles de la ville, à croire que leur héros, le Maître Pokemon, allait les sauver. Ils allaient être bien déçus... L'un des amis nobles de Narek, Baylan Morneto, héritier de la famille Morneto, mis une main sur l'épaule de Narek pour attirer son attention.

- Notre éclaireur revient.

Le soldat, à dos de Ptera, se posa devant Narek et son état-major, les saluant rapidement.

- Messires... Je l'ai vu de mes propres yeux... L'armée du Triumvirat est immense.

- Les proportions, mon brave ? Exigea Lord Luklon, l'un des plus grands alliés de Lord Robeos Congois.

- À vue de nez, je dirais que nous sommes à un contre six. J'ai compté une dizaine d'Inhumains, ainsi que plusieurs tanks et engins aériens.

- Dix Inhumains... répéta Dylan, maussade. Si l'on part du fait qu'un Inhumain peut contrôler jusqu'à mille Pokemon...

- On a une armée de dix-mille Pokemon sur le dos, acheva Calicea, la championne acier de la ville aux manières toujours tranchantes.

Lord Luklon s'épongea son front luisant de sueur.

- C'est pure folie... Narek, il faut se rendre et tenter de négocier !

- Que peut-on négocier, Lord Luklon ? D'une façon ou d'une autre, Nathan voudra se venger de nous, et le sang coulera. Vous ne voyez donc pas ? Il veut faire un exemple de Tardsho. Même si nous nous rendons, il fera un massacre. Il n'a pas déployé autant de force pour nous arracher quelques promesses. Ce sont des vies qu'il veut. Autant se battre et tenter de protéger les habitants.

- Je suis d'accord, approuva Calicea. Ces gens sont sous ma protection, en tant que championne d'arène.

- N'oubliez pas que si nous arrivions à tuer des Inhumains, ça sera le désordre le plus total dans les rangs ennemis, leur dit Alcalia, l'Elite 4 de la foudre. Les Pokemon qu'ils tiennent en leur pouvoir deviendront incontrôlables. Il faut nous concentrer là-dessus, et...

Elle ne termina pas sa phrase, car un bruit régulier de pas et de machines qui roulaient retentit peu à peu dans ce décor montagneux. Narek eut l'impression que le sol tremblait sous ses pieds, et le bruit se répandit dans tout son être. L'armée du Triumvirat était en train d'arriver. Les premières lignes de Pokemon étaient en vue. Puis celles d'après. Puis encore d'autres. Il semblait en arriver à l'infini, sans que personne ne pût en voir la fin. Dans le ciel, des centaines de chasseurs du Triumvirat, avec quantité de Pokemon Vol. Puis vinrent les blindés et les canons mobiles, avec plusieurs troupes de soldats du Triumvirat.

Les dix Inhumains étaient tout au bout au centre, entourant deux personnes que Narek reconnu même d'aussi loin. L'une était une jeune adolescente, ancienne championne d'arène et fille d'un Elite 4 décédé un an auparavant : Madison Hugerson. Le second était un grand type baraqué à l'uniforme militaire : Dakon Varnellan, le commandant de la Garde Gouvernementale. Tous deux étaient les âmes damnés de Nathan Dialine, et comme les triumvirs, ils possédaient des pouvoirs terrifiants.

À la vue de ce déferlement de force, Lord Luklon eut du mal à se tenir debout. Il ne fut pas le seul à perdre tout courage. Déjà, parmi les soldats de la Rébellion et les dresseurs, certains partaient en courant, d'autres soulevaient leurs camarades, les exhortant à ne pas mourir pour les combats des nobles. Narek secoua la tête, éperdu. Si leurs troupes se mutinaient, le combat serait perdu avant même d'avoir commencé. Il fit signe à Artemilion de le suivre et alla droit devant les rangées de ses hommes qui commençaient à se désordonner.

- Mes amis, ne perdez pas courage ! Il faut faire face à l'ennemi ! Nous ne pouvons...

- Fermez-là, messire Congois ! Fit l'un des révoltés. On ne peut pas gagner face à ça ! On ne va pas vous laisser nous entraîner à la mort pour vos petits conflits de bourgeois !

- Il ne s'agit pas de petits conflits de bourgeois, protesta Narek, en colère. Il s'agit de protéger les innocents et de se battre pour notre liberté !

Mais les soldats mugirent de plus belle.

- À d'autres ! Reprit l'individu. Nous, les gens du peuple comme les dresseurs, on sert seulement de chair à canon pour les nobles, et ce depuis des lustres ! On en a assez ! Allez vous tuer entre vous, et grand bien vous fasse !

Les soldats, ainsi que plusieurs dresseurs, commencèrent à déserter malgré les exhortations et encouragements de Narek et des autres. Finalement, Narek se laissa tomber par terre, désespéré. Son ami Baylan tâcha de le réconforter.

- Tu auras essayé, mon vieux. Allez, relève-toi, et allons transmettre notre reddition à Varnellan. Si on fait tout ce que Nathan désire et qu'on s'affiche officiellement à ses cotés, il nous épargnera peut-être...

Narek faisait bien peu de cas de sa vie à l'heure actuelle. Mais Baylan avait raison. Si Narek devait lécher les bottes du Triumvirat pour que tous ceux qui les avaient soutenu soient épargnés, eh bien, ainsi soit-il. Sauf que quand Narek se releva, une nouvelle ferveur envahit le rang de leur armée en désordre. Une nouvelle troupe venait d'arriver. À vue d'œil, trois cents humains, et de nombreux Pokemon. Ils provenaient du flanc ouest. Narek se demanda comment diable le Triumvirat avait pu déployer des troupes à partir de là, mais plus ces nouveaux arrivants avançaient, plus il apparaissait qu'ils ne faisaient pas parti du Triumvirat. Narek ne repéra aucun Inhumain parmi eux.

- Qui c'est ça ? demanda Baylan, surpris. Tu attendais des renforts ?

Narek secoua la tête. Les personnes qui menaient cette nouvelle armée marchaient au devant. Elles étaient reconnaissables à leurs étonnantes capes vertes derrière leur dos. Et elles étaient six. Celle qui marchait en tête, une jeune femme aux cheveux roses, semblait inspirer le respect, si ce n'était la crainte, à tous ceux qu'elle croisait. L'armée de Narek avait cessé ses cris et ses gesticulations. Tous s'écartaient respectueusement quand les six capes vertes passaient devant eux. Ces gens dégageaient des auras incroyables qui faisaient qu'on ne pouvait que baisser les yeux sur leur chemin. Quand ils furent assez proches, Narek reconnu Maître Balterik comme étant l'un d'entre eux. Et parmi les hommes qui menaient l'armée des Pokemon, il y avait Hugo Fatens, le champion d'arène vol de Selonu.

- Par Arceus ! S'exclama Lord Luklon. Ce... ce sont eux... les Gardiens de l'Harmonie !

Narek hocha la tête, sans savoir s'il devait se réjouir ou s'inquiéter. S'ils étaient là, ce n'était sûrement pas pour se rendre. Or, même avec leur renfort, leur armée restait bien inférieure à celle du Triumvirat. Le groupe des Gardiens, accompagnés de quelques dresseurs, vint vers Narek et les nobles. Le maître de la ligue put enfin voir la célèbre Adélie Dialine de ses propres yeux. Une jeune femme de dix-sept ou dix-huit ans, aux cheveux rose bonbon emmêlés et sales. Elle était jolie, mais sans plus, et son visage dur était trop renfrogné pour la laisser paraître séduisante. Mais il y avait quelque chose dans ses yeux jaunes, une lueur tranchante et inébranlable qui lui donnait un air de grande noblesse. Narek avait jadis connu son père, le célèbre triumvir Guben Dialine, et il se rappelait de la même lueur dans ses yeux.

Parmi les autres Gardiens, en dehors de Maître Balterik, il y avait l'ancien boss Spam de la Team Malware, accompagné d'une de ses subordonnées. Il y avait aussi le chanteur du groupe Go-Rock, Killian, à la coupe si déjantée. Et puis un autre jeune homme aux cheveux blancs, qui avait la particularité de porter une épée. Sans doute le fameux voyageur du passé que Maître Balterik avait évoqué la dernière fois... Autour d'eux, les hommes de Narek et les dresseurs murmuraient sur le passage des Gardiens. Mais en silence. Tous avaient momentanément oublié la menace de l'armée du Triumvirat pour contempler avec stupéfaction et fébrilité l'arrivée des fous tant décriés qui avaient osé défier le Triumvirat en premier. Les Gardiens s'arrêtèrent pile poil devant Narek et son commandement. Adélie Dialine le dévisagea intensément des yeux. Par Arceus, quelle force et quelle volonté dans ces yeux ! Narek avait l'impression de regarder le soleil et de s'y brûler les rétines.

- Maître Narek, commença Adélie Dialine, je suis heureuse de vous rencontrer enfin. Je vous remercie de vous être présenté en personne sur le champ de bataille.

Narek parvint à se souvenir des directives de son père, qui l'enjoignaient de se mettre la fille Dialine dans la poche. Aussi prit-il un ton largement respectueux quand il s'adressa à elle.

- C'est un honneur, Lady Dialine. Je...

- Pas de « lady », l'arrêta Adélie d'un ton tranchant. Je ne suis pas une dame. Et je ne viens pas ici en tant que Dialine, mais comme Gardien de l'Harmonie. Et qu'est-ce que j'ai vu en venant ici ? Une armée de gens et de Pokemon libres prêt à défendre une ville et ses habitants de la folie de mon frère. Belle intention.

Elle sourit, puis s'adressa directement aux hommes de Narek en élevant la voix.

- Sauf que, bien que je ne sois pas une experte en bataille, il me semble que les armées ennemies doivent se faire face ! Pourquoi vous retournez-vous ?!

La plupart des soldats ne purent que se taire, penauds et honteux. Seul celui qui avait défié Narek eut le courage de faire face à Adélie Dialine.

- On ne veut pas mourir pour les nobles et leurs intérêts ! Vous aussi, vous êtes née privilégiée, sans rien connaître de la souffrance du peuple ! Vous êtes une Dialine, les personnes les plus puissantes de la région ! Et tout ceci, tous ces carnages, tous ces combats, tous ces morts, c'est de la faute de votre famille ! La vôtre !

Sa diatribe avait remonté le courage de ses voisins, qui se mirent à leur tour à houspiller Adélie Dialine. Cette dernière garda son calme.

- Vous avez raison, admit la Gardienne de l'Harmonie à la stupéfaction générale. Vous savez ce que sont exactement les familles nobles, dont plus particulièrement les trois grandes du Triumvirat ? Ce sont des parasites. Ils ne vivent que sur le dos des autres, qui triment pour eux. Ils gardent les mains propres tandis que les vôtres sont sales. Ils vous imposent leur loi uniquement parce que leurs parents le faisaient avant eux. C'est ça, les nobles.

Étonnés par ce discours provenant de la bouche même d'une aristocrate, les soldats n'en crièrent pas moins leur assentiment, certains en tirant en l'air avec le peu d'arme à feu qu'ils avaient.

- Qu'est-ce qu'il lui prend ?! S'exclama Baylan, effrayé. Elle veut que notre propre armée nous massacre ?!

Narek ne répondit pas. Il voulait voir où Adélie voulait en venir.

- Oui, le système est mauvais, reprit-elle. Oui, il est injuste. Et oui, il faut le changer, pour que le peuple ait enfin le pouvoir qu'il mérite. Mais pensez-vous que ça pourra se faire sous le règne du Triumvirat ? C'est lui qui vous asservit le premier. Plus que votre liberté, ce sont vos vies qu'ils s'accaparent maintenant !

Adélie fit une pause, comme pour donner plus de poids à ses prochaines paroles.

- Tout le monde ici doit savoir ce qui est arrivé aux habitants de Cancrania, il y a un an. Peut-être certains d'entre vous étaient au Stade G lorsqu'il fut attaqué. Moi j'y étais, ainsi qu'à New Naya, qui fut totalement détruite par le même homme responsable des deux autres massacres. Il se nomme Odion. C'est un fou possédant de terribles pouvoirs, qui a juré de tuer le plus grand nombre de gens. Et au lieu d'essayer de l'arrêter, que pensez-vous que mon frère, le Premier Triumvir Nathan Dialine, ait fait ? Je vais vous le dire : il s'en est fait son allié. Parce qu'il voulait obtenir la puissance d'Odion. Parce qu'il voulait l'utiliser contre son propre peuple et ce seulement pour posséder encore plus de pouvoir !

L'armée commença à manifester son écœurement et sa colère. Elle semblait prête à exploser. La voix de Dialine avait sur elle un effet que Narek n'arrivait pas à expliquer. Une ferveur et une volonté incroyable combinées à son influence grâce au Don.

- Vous qui rêvez de liberté, d'avoir votre destin en main, vous n'aurez rien que la mort si le Triumvirat l'emporte ! Vous voyez cette immense armée, qui n'attend que de tous nous tuer ? Eh bien, elle n'est pas invincible, et je peux vous le prouver. Toutefois, je ne vous mentirai pas. Oui, certain d'entre vous mourront. Sans doute beaucoup. Et oui, si vous fuyez ou que vous vous rendez, peut-être vivrez-vous plus longtemps. Cependant...

Adélie fit une nouvelle pause, le temps de voir tous les regards de chaque homme et femme scotchés au sien.

- Cependant, moi je pense qu'une mort au combat pour défendre son droit de vie et de liberté est préférable à une vie de misère et d'esclavage. C'est le choix que j'ai fait. Maintenant, et avant, en quittant ce cocon dorée et étouffant qu'est la famille Dialine pour vivre pleinement ma vie, aussi risquée soit-elle. Je ne le regrette pas. Et si je meurs aujourd'hui, je ne le regretterai pas non plus. Et vous, dites-moi, quel est votre choix ?!

Narek fut paralysé. Il avait beau être un noble de naissance, un homme qui faisait écouter les autres plutôt qu'un homme qui écoutait les autres, mais là, il était sous le choc, au même titre que le plus petit troufion de son armée. Cette Dialine... Quelle charisme, quelle audace, quelle volonté ! Elle était une de ces personnes qui pouvaient contrôler une foule juste par la parole. Et elle le fit. Peu à peu, les soldats crièrent leur assentiment. Comme le tonnerre, le bruit de leur voix s'éleva petit à petit, de plus en plus fort, de la première à la dernière rangée. Quand Adélie Dialine leva le bras pour les rallier à sa cause, tous se mirent à scander son nom et d'autres slogans :

- Adélie ! Adélie ! Adélie !

- Vive les Gardiens ! Mort au Triumvirat !

- Adélie Dialine va nous mener à la liberté !

Baylan et Lord Luklon regardèrent autour d'eux tout ces hommes remontés à bloc, éberlués, ne croyant pas ce qu'ils voyaient. En deux minutes à peine, leur propre armée qui s'apprêtait à se mutiner leur avait été ravie par une adolescente, et ce à l'aide d'un simple discours. Narek ne pouvait que mesurer le pouvoir qu'avait la fille Dialine. Si elle leur avait ordonné, les soldats se seraient jetés sur Narek et les nobles pour les étriper séance tenante.

- Par tous les diables, marmonna Baylan, c'est qui cette fille ?!

- Sans doute le seul espoir de notre Rébellion, mon ami, répondit Narek. Elle fera tomber la noblesse quand tout cela sera terminé, mais pour l'instant, on n'a pas d'autre choix que de la suivre.

Sans doute alertée par les cris de rage et de joie de l'armée rebelle, celle du Triumvirat passa à l'attaque. En un instant, des milliers de rayons d'attaques spéciales de Pokemon furent propulsés vers eux. De loin, c'était magnifique, mais de près, ça allait causer quantité de morts. Les soldats commencèrent à se désolidariser, mais Adélie leur cria :

- Ne bougez pas. On s'en occupe.

Sous les yeux ahuris de Narek et de tous les autres, Adélie et les Gardiens firent face à la volée d'attaques. Ils se mirent en lignes, et se tinrent la main. Narek pouvait presque voir la lueur de lumière qui passait d'un corps à un autre. Et toute cette lumière semblait se concentrer dans un seul Gardien : le jeune chevalier du passé. Apparemment, les Gardiens transféraient leur Don dans leur ami. Et juste avant que ne s'écrasent les milliers d'attaques, un énorme bouclier d'énergie sorti du corps du Gardien à l'épée, englobant l'armée rebelle dans sa totalité. Les attaques ennemies s'écrasèrent dessus dans un fracas d'épouvante, mais aucune ne traversa.

C'était un pouvoir qui défiait l'imagination, et tout le monde s'en rendit compte en poussant des cris de stupeur. Narek songea qu'il aurait fallu au moins une centaine de Pokemon avec Mur Lumière pour arriver à la moitié de ce bouclier. L'armée ennemie fut apparemment plus abasourdie que les rebelles, car elle resta un bon moment sans réaction. Puis elle tira une seconde fois, et cette fois également avec leurs canons et leurs engins aériens. Le résultat fut le même. Pas un seul tir, pas une seule attaque ne pénétra le bouclier des Gardiens de l'Harmonie.

- On change, ordonna Adélie à ses compagnons. Mode attaque.

Ils changèrent l'ordre de leur membre dans la ligne qui se tenait la main. Cette fois, c'était Adélie qui se trouvait au milieu, tandis que tous les autres lui transmettaient leurs Don. Quand elle fut apparemment chargée à bloc, elle fit apparaître dans ses mains une espèce d'arc de lumière circulaire aux multiples cordes. Elle chargea son énergie en une énorme flèche qul fila vers les cieux. L'armée du Triumvirat tenta de l'arrêter en lui tirant dessus, mais toutes les attaques la traversèrent. Arrivée à une certaine hauteur au dessus de l'armée ennemie, l'immense flèche explosa en un millier de petites, qui s'abattit telle la pluie sur l'armée du Triumvirat. Adélie Dialine ne perdit pas de temps et se tourna vers Narek pour lui donner ses ordres.

- Que tous vos Pokemon qui attaquent dans le spécial se dispersent sur nos côtés. Montez une ligne de Pokemon robustes, de type Roche ou Acier, et faites-les partir devant. Je veux une dizaine d'éclaireurs sur Pokemon Vol qui survolent l'armée ennemie. Il faut qu'ils informent Spyware de la position des Inhumains, puis grâce à son casque télépathique, Spyware le transmettra à l'ensemble de nos forces. Quand nous chargerons, ils se fondront dans la masse, et il nous faudra vite les repérer et les abattre. Séparez vos hommes en deux groupes. Ceux avec des armes à feu, derrière les lignes de Pokemon aux attaques spéciales. Les autres à la charge avec tout les Pokemon qui restent, derrière les lignes aciers et roches. Il nous faut deux Pokemon Psy sur chaque cent mètres de notre ligne médiane, pour repousser les obus, ainsi qu'un Pokemon maîtrisant Protection pour tous les dix Pokemon attaquant sur le spécial. Quant à vous et votre Artemilion, il faut que vous soyez dans la mêlée. C'est compris ?

Non, Narek n'avait pas compris. Bien qu'il soit un Maître Pokemon et donc un stratège confirmé, il n'avait tout simplement pas eu le temps d'assimiler toute la tactique d'Adélie. Mais elle avait dit tout cela avec une telle confiance et certitude, que Narek, bien qu'il soit un homme qui n'avait pas l'habitude qu'on lui donne des ordres, ne put dire que :

- À vos ordres, Lady Dialine.


***


Varnellan regarda autour de lui pour évaluer les dommages de la salve de flèches lumineuses. Ces projectiles faits de Don concentré ne blessaient pas vraiment, mais lancé sur un Pokemon contrôlé par un Inhumain, ça contrait pendant un moment l'ascendant que celui-ci avait sur lui, ce qui provoquait une belle pagaille quand c'était en grand nombre, comme maintenant. Le commandant de la Garde Gouvernementale, et donc des Inhumains, observa avec attention les mouvements de l'armée rebelle.

- Ils positionnent leurs troupes. Laissons-les donc nous montrer ce qu'ils vont faire le temps que nos Inhumains reprennent le contrôle des Pokemon touchés.

Il avait parlé à Madison Hugerson, la cousine de Lord Dialine, qui se tenait à ses cotés. Varnellan aurait pu penser qu'elle serait motivée à l'idée d'affronter sa cousine qui de toute évidence se trouvait là-bas, mais elle avait de toute évidence l'esprit ailleurs.

- Miss Hugerson, il serait bon que vous vous serviez maintenant de vos illusions, lui dit Varnellan. Les rebelles nous envoient leurs Pokemon bourrins.

- Je ne peux pas les maintenir longtemps sur une si grande distance, répondit l'adolescente d'une voix morne.

- Je n'ai pas besoin de longtemps. De toute évidence, les rebelles veulent couvrir leur avancée avec tout ces Pokemon résistants. La seule petite désorganisation ouvrira plusieurs brèches. Des brèches dans lesquelles nous allons nous engouffrer.

- D'accord...

Madison leva les bras, et Varnellan pu sentir le pouvoir obscur des Agents du Chaos qui s'échappait d'elle. Bien que le pouvoir de Madison ne fût aucunement offensif, Varnellan savait qu'elle était sûrement la plus puissante Agent du Chaos - derrière Lord Dialine et Odion - au niveau de la quantité de pouvoir qu'elle pouvait utiliser. Une fille étrange que cette Miss Hugerson. Lord Dialine affirmait qu'elle avait une réelle utilité, mais avait demandé à Varnellan de la garder à l'œil. Son allégeance envers lui ou envers le Seigneur Diavil n'était pas réelle. Elle ne faisait que se servir de ses pouvoirs pour ses propres intérêts. Au début, il s'agissait de se venger d'Adélie Dialine. Mais aujourd'hui... Qui pouvait dire ce que voulait vraiment Madison Hugerson ?


***


Ad contempla leurs premières lignes Pokemon se heurter à d'immenses monstres noirs sortis du sol. Les lignes furent bien vite désorganisées, et les Pokemon sous contrôle des Inhumains en profitèrent pour charger, les traverser et atteindre le gros des troupes rebelles derrière.

- Ta cousine a fait des progrès aussi, lui dit Geran. Créer une telle illusion plusieurs endroits à la fois doit requérir beaucoup d'énergie.

- Je ne pensais pas qu'elle viendrait en personne sur le champ de bataille... Elle veut se faire tuer, cette idiote ?!

Ad n'avait jamais aimé Madison, et encore moins depuis qu'elle avait rejoint le camp de Nathan. Toutefois, elle ne voulait pas la tuer, ou la voir mourir. Elle était tout ce qu'il restait d'oncle Elias, le parrain d'Ad, un des rares membres de sa famille qu'elle appréciait véritablement. De plus, il était évident qu'elle se faisait manipuler par Nathan. Ad espérait encore pouvoir la sauver.

- Que... que sont ces choses ?! Balbutia Narek à coté d'eux.

- Des illusions provoquées par Madison, répondit Maître Balterik. Il faut faire savoir à nos hommes et à nos Pokemon de les ignorer. Spyware !

- Compris, répondit la Malware.

Elle fit apparaître son casque de Don sur sa tête et ferma les yeux. Au début, il ne pouvait lui servir que pour communiquer avec les Gardiens de l'Harmonie seulement, mais après son entraînement d'un an, elle savait maintenant se connecter à l'esprit de n'importe quelle personne à la ronde. Cependant, communiquer en temps réel avec une armée entière serait difficile, et c'est pourquoi Balterik se chargeait de rester à coté d'elle pour la fournir en Don si besoin. Quelques secondes plus tard, Spyware rouvrit les yeux, et la ligne des soldats se remit en ordre. Mais les Pokemon continuèrent de fuir ou d'attaquer les illusions de Madison.

- Je peux communiquer avec les humains, mais pas avec les Pokemon, signala Spyware.

- Rétrectis va s'en charger, répondit Geran. Il peut communiquer avec les sentiments des Pokemon.

- Nous, il faut qu'on avance, fit Ad. Notre victoire repose uniquement sur le fait d'éliminer les Inhumains au plus vite. Spyware, tu restes derrière. Spam, tu restes ici pour la défendre. Son rôle est primordial.

- Ça me va, acquiesça l'homme blond à lunettes toujours élégamment vêtu. Tant que j'évite la mêlée de devant...

- Maître Narek, on m'a dit qu'Artemilion avait des capacités pour faire résonner des sons ? Demanda Ad au noble.

- Euh... oui, il possède une attaque Brouhaha des plus puissantes grâce aux trous dans ses bois. Mais si je lui demande de lancer ça en plein dans la mêlé, ça affectera aussi nos hommes et nos Pokemon.

- Je n'ai pas parlé d'une attaque Brouhaha. Je veux qu'Artemilion amplifie la musique de Killian.

- La musique de...

Déboussolé, Narek regarda le membre du groupe Go-Rock qui venait de faire apparaître une guitare lumineuse entre ses mains.

- La musique née de mon Don est mon arme, cher maître. Elle peut fortifier mes alliés et affaiblir mes ennemis. Je veux que tout le monde sur ce champ de bataille entende la passion qui se dégage de mon cœur. Tu peux faire ça, beau Pokemon ? Je resterai à côté de toi, et tu me protégeras dis ?

Artemilion, l'un des Sept Pokemon Merveilleux, acquiesça hautement en abaissant ses ramures.

- Narek, votre présence motiverait vos hommes au milieu du combat, fit enfin Ad en passant à lui. Vous avez d'autre Pokemon qu'Artemilion pour vous défendre ?

Cette fois, Narek Congois répondit avec conviction.

- Bien sûr. Et de très forts. Je suis le Maître de Naya !

Ad sourit ironiquement.

- C'est si rare quand un noble possède un titre qu'il n'a pas usurpé grâce à son nom ou à son argent. Il faudra vérifier quand cette bataille sera finie que tel n'est pas le cas pour vous. J'ai quelques connaissances en combat Pokemon moi aussi.

Narek regarda pour la première fois Ad avec une certaine forme de condescendance.

- Jeune dame, je n'ai peut-être pas le pouvoir comme vous d'exalter une armée entière ou de lancer des milliers de flèches de lumière, mais les combats Pokemon sont un sujet que je maîtrise.

- À la bonne heure. Car le dressage de Pokemon est l'un des rares points en notre faveur quand on affronte une armée pareille. Messieurs, c'est simple, soit on gagne, soit on meurt. Si on gagne, ce sera un terrible coup pour Nathan, et peut-être le tournant de cette guerre. Mais si on meurt... eh bien tant pis, après tout !

Geran gloussa de rire.

- C'est parler comme un vrai général.

Sur ce, les Gardiens de l'Harmonie et leurs alliés dresseurs et nobles chargèrent en compagnie de leurs Pokemon dans la grande plaine montagneuse de Tardsho, pour la plus grande bataille qui s'est déroulée à Naya depuis des centaines d'années.


***


Varnellan suivait en temps réel le déroulement de la bataille, et ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Il était lui-même un stratège militaire, donc il savait reconnaître quand l'ennemi l'était aussi. Et il connaissait assez Narek et ses nobles pour savoir que cette stratégie n'était pas de leur fait. Ces agaçants Gardiens de l'Harmonie avaient étudié à l'avance cette bataille, et avaient élaboré de brillantes tactiques. Avec l'énorme armée que Lord Dialine avait donné à Varnellan, ce dernier n'avait pas jugé indispensable de mettre au point une stratégie fumeuse, pensant que le nombre aurait de toute façon raison face à ces misérables rebelles. Il avait eu tort, et c'était impardonnable !

Les Pokemon ennemis étaient positionnés par rapport à leur type et à leurs capacités. De fait, les lignes défensives des rebelles étaient dures à percer. Les rebelles se battaient aussi avec une ferveur qui étonna le chef de la Garde Gouvernementale. Et il y avait cette agaçante et stridente chanson qui résonnait à travers tout le champ de bataille. Elle semblait agir en bien sur les rebelles mais ralentir les réflexes de l'armée du Triumvirat. Mais le pire restait Adélie Dialine et Geran Glasbael. La jeune Lady Dialine avait déjà tué quatre Inhumains. On aurait dit qu'elle savait où les trouver, quand bien même ils se mêlaient aux combattants. Elle se déplaçait avec grâce et vitesse à l'aide de ses Pokemon sans qu'aucune attaque ne puisse la toucher. Quant à Geran, il levait son agaçant bouclier toujours au bon moment.

La présence de tant de Gardiens sur le champ de bataille avait réduit l'efficacité avec laquelle Madison se servait de ses illusions. Le Don les repoussait aisément. Varnellan devait intervenir. S'ils perdaient d'autres Inhumains, les Pokemon qu'ils contrôlaient allaient se retourner contre eux, et ce serait la pure débandade. Il fallait qu'il arrête Lady Dialine, quitte à la tuer de ses propres mains. Lord Dialine avait bien spécifié qu'il voulait sa sœur vivante, mais Varnellan n'était pas homme à envisager la défaite. Il accepterait toute punition que Lord Dialine jugerait bonne, mais en attendant, il ne pouvait pas laisser cette gamine triompher. Il en allait de l'honneur du Triumvirat, et de sa réputation auprès de la population !


***


Pour échapper à un groupe de Pokemon qui l'avait encerclée, Ad créa une grosse flèche sur son arc, la tira, mais garda intact le lien de Don qui la reliait à son doigt. Ainsi, elle s'envola en même temps que la flèche, survolant de haut la bataille. Spyware lui indiquait mentalement la position des Inhumains, qu'elle repérait facilement en étant en hauteur. Le plus dur était de les tuer ensuite. Ces gars là étaient des coriaces. Mais un par un, c'était dans les cordes d'Ad. Le commandant de cette armée était un idiot. Au lieu de disperser ses Inhumains, il aurait dû les regrouper. Là, Ad n'aurait eu aucune chance, car elle se voyait mal affronter dix de ces créatures en même temps.

Mais non, Varnellan avait préféré les placer aux quatre points, à une certaine distance entre eux. Un plan somme toute cohérant, sauf si les adversaires étaient les Gardiens de l'Harmonie. Décidément, le Triumvirat les sous-estimait grandement. Ad avait hâte d'apprendre son erreur à son frère. Elle se réceptionna sur les épaules d'un autre Inhumain, qui ne l'avait pas vu arriver et ne comprit rien à ce qui se passait. Ad lui trancha la tête avec sa vibrolame en un instant. Normalement, les os modifiés des Inhumains étaient trop solides pour être tranchés avec une simple lame. Mais avec une vibrolame, c'était une autre histoire. L'alliage dont étaient faites ces lames spéciales était à la fois si solide et si fin qu'il n'existait pas grand-chose qu'il ne pouvait trancher. L'Agent 007, le supérieur de Kelifa et leur allié Rocket leur avait envoyé récemment dix de ses merveilles. Seul problème, leur usage était très limité. Au bout de trois utilisations, la lame était à jeter, aussi les Gardiens avaient décidé de ne s'en servir que pour les grandes occasions.

Le corps de l'Inhumain continua à bouger et à tenter de l'attaquer même avec sa tête en moins. Ces saloperies étaient résistantes, mais une fois leur tige de métal centrale retirée, elles mourraient pour de bon. Et sans tête, un Inhumain était une cible facile. Une fois son cinquième Inhumain de tué, Ad s'apprêtait à remonter dans les cieux pour en dénicher un autre, quand un éclair noir fila près d'elle pour aller toucher une dizaine de soldats, des rebelles ou du Triumvirat, qu'il traversa un à un. Quand un second arriva droit sur elle, Ad était prête. Elle canalisa son Don pour se protéger, et stoppa l'éclair. Le fait que son bouclier de Don eut marché confirma à Ad ce qu'elle pensait : cette attaque n'était pas une attaque de Pokemon, mais venait d'un Agent du Chaos. Dakon Varnellan, le bras droit de Nathan, lui fit face. Au fur et à mesure qu'il avançait, tout le monde autour d'eux, rebelles comme soldats du Triumvirat, s'écartèrent. Il fallait dire que ce géant fringué de noir attirait la peur partout où il passait.

- Lady Dialine, fit Varnellan d'un ton respectueux. Vous m'avez causé bien du souci. Ceux qui ont pu me vaincre lors d'une bataille rangée sont peu nombreux, et aucun ne vit encore aujourd'hui.

Ad connaissait peu Varnellan, mais elle l'avait déjà rencontré autrefois, du temps où elle était obligée d'assister aux dîners et aux réunions assommantes de la famille Dialine. Du temps de Guben Dialine, Dakon Varnellan avait été un officier efficace, mais souffrant d'une terrible réputation du fait de ses pratiques barbares et de son manque total de retenue. Le père d'Ad l'avait alors placé à l'écart, mais lorsque Nathan prit le siège de triumvir, il fit de Varnellan son chef de la Garde Gouvernementale, ce qui lui valut une obéissance et un respect total. Que ce gars ait suivi Nathan même sur le chemin des Agents du Chaos n'était pas étonnant.

- Je m'attendais à ce que Nathan m'envoie son toutou, répondit Ad. Je ne m'attendais pas en revanche à ce qu'il soit aussi peu compétant en stratégie militaire, au point de se faire avoir par une gamine de dix-sept ans.

- Quel ton mordant, sourit Varnellan, guère vexé. Vous avez tout le génie de votre père, mais rien de son bon sens. C'est pourquoi vous ne saurez triompher face à Lord Dialine. Il est le digne héritier de votre glorieuse famille, le plus puissant et le plus noble Dialine de tout les temps !

- Je laisse à Nathan ce grand honneur, ironisa Ad. Mais ça m'étonne que vous me cherchiez des noises. Vous auriez vraiment le cran de me tuer, Varnellan ? À ce que j'ai compris, Nathan me veut en vie pour faire de moi son jouet et m'exposer comme un trophée.

- Il est vrai. Lord Dialine est fort sage. Je vous suggère de l'être tout autant. Rendez-vous, ma dame, et venez avec moi implorer la clémence de Lord Dialine. Je suis sûr qu'il vous pardonnera. Il est regrettable que les deux héritiers de la plus grande famille de Naya se fassent la guerre.

Ad soupira.

- Je savais que vous étiez stupide, vu que vous bossez pour mon frère. Mais là, votre idiotie dépasse l'entendement. Je suis une Gardienne de l'Harmonie, Varnellan. Je sers Archangeos, la liberté et la vie. Je hais Odion, et je ne peux pas sentir Nathan. En revanche, on peut inverser votre proposition. Si Nathan veut se rendre et me présenter ses excuses, qu'il commence par dilapider sa fortune et la reverser à tous ceux qui ont eut à souffrir par sa faute et celle d'Odion. Ensuite, il devra abdiquer et mettre fin au système actuel qui fait des nobles les grands décideurs de la région. Il devra quitter Diavil et se présenter à genoux devant Archangeos pour implorer son pardon. Et enfin, il devra venir vers moi, se mettre la tête entre les jambes, et embrasser son cul. Alors seulement, j'accepterai ses excuses. Soyez donc un bon chien, et allez lui transmettre cette offre de ma part, voulez-vous ?

En réponse, Varnellan passa à l'attaque avec ses éclairs noirs. Si apparemment il se fichait qu'on se moque de lui, il n'acceptait pas l'insolence envers son seigneur et maître. Ad bloqua le premier avec son arc et tira une salve de petites flèches en riposte. Varnellan les toucha toutes avec un fouet d'éclairs noir, qu'il lança ensuite vers Ad. Cette dernière créa une flèche pour s'envoler et éviter. Sauf qu'elle n'était pas pour autant plus en sécurité en haut. En effet, Varnellan leva le bras, et des dizaines d'éclairs noirs sortirent des nuages pour se diriger vers elle. Ad n'eut d'autre choix que d'appeler un de ses Pokemon pour qu'il la couvre. En l'occurrence, Zegrozard, fort de son type Plante et Dragon, ne craignait pas du tout la foudre, et encaissa les éclairs pour protéger sa dresseuse.

- Attaque-le, ordonna Ad. Lance Tempêteverte !

La déferlante de feuilles magiques qui sortit du buisson dorsal de Zegrozard était d'une puissance à peine croyable. Zegrozard était un Pokemon avec une attaque spéciale immensément haute, comme lui avaient fait remarquer des experts en Pokemon comme Balterik et Kinan. L'Agent du Chaos ne chercha pas à esquiver, mais concentra ses éclairs pour contrer l'attaque. La lutte entre les deux rayons dura un moment, avant qu'ils ne provoquent une belle explosion dont Ad se servit pour se dissimuler et attaquer Varnellan par derrière. Il reçu quelques flèches, mais son statut d'Agent du Chaos faisait qu'il était plus protégé que le commun des mortels contre le Don.

Vu la vitesse avec laquelle il attaqua en retour Ad, il était probable que Varnellan s'était laissé approcher et avait encaissé son attaque à dessin. Ad ne put esquiver ni contrer l'éclair noir qui lui faucha le genou gauche, qui croula sous son poids. Mais elle avait toujours l'usage de ses deux bras, et invoqua une énorme flèche qui aurait sans doute désintégré Varnellan s'il avait été touché. Sauf qu'il se servit d'un de ses éclairs comme d'une perche pour s'élever à son tour dans les airs, et une fois en haut, il invoqua une dizaine de petits éclairs qu'il dirigea en ligne sur Ad. Pouvant à peine se relever, il était impensable qu'elle les esquive tous à une telle vitesse ! Mais heureusement, elle n'eut pas à essayer. Geran venait d'arriver et de matérialiser son bouclier de Don autour d'elle, faisant disparaître les éclairs dès qu'ils arrivèrent. Puis il tira son épée déjà pleine de sang à l'adresse de Varnellan.

- Au lieu de t'en prendre à une femme, daigne venir m'affronter à présent, Agent du Chaos !

Varnellan plissa les yeux, puis au grand étonnement d'Ad, il prit la fuite. Sans doute avait-il jugé le risque de se frotter à deux Gardiens à la fois trop grand, ou qu'il devait reprendre en main la bataille qu'il était en train de perdre. Quand Geran aida Ad à se relever, celle-ci lui donna un petit coup sur l'épaule.

- Je t'ai déjà dit d'arrêter avec ton machisme. Il y a beaucoup de femmes qui ont besoin d'être protégées comme tu sembles le croire, mais je n'en fais pas partie.

Geran lui répondit par un pauvre sourire.

- Désolé. Toute cette bataille rangée et le fait de combattre des Agents du Chaos m'a rappelé mon époque.

- J'aurais pas aimé y vivre... Mais merci quand même, avoua-t-elle enfin. En fait, j'étais vraiment dans la merde.

Elle fit alors quelque chose qu'elle n'avait encore jamais fait : elle embrassa Geran sur la joue. Ce fut un geste spontané, naturel, qui pourtant fit grimper la température de la tête du jeune Gardien de quelques degrés.


***


Varnellan alla retrouver son état major et Madison d'un pas furieux.

- Sonnez la retraite, ordonna-t-il.

Son second hésita.

- La retraite, monsieur ? Mais nous pouvons encore nous battre !

- Et vous perdrez. Il faut sauver ce qui peut l'être. Les Inhumains coûtent chers. Laissons aux rebelles leur petit moment de triomphe. Il ne durera pas longtemps.

Varnellan se voulait rassurant, mais au fond de lui, il bouillait. Comment allait-il expliquer ce fiasco à Lord Dialine, maintenant ? Quand le reste de leur armée se regroupa pour partir, les rebelles ne tentèrent pas de les suivre. Ils laissèrent exploser leur joie, et poussèrent de grands cris à la gloire d'Adélie Dialine. Madison avait gardé son visage stoïque, mais Varnellan la soupçonnait de s'amuser de la situation.

- Lord Dialine ne sera pas content. Pas content du tout, la prévint Varnellan.

Madison haussa les épaules.

- Vous savez quoi ? Je m'en fiche.