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Hélio de MerrySai



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» Auteur : MerrySai - Voir le profil
» Créé le 30/11/2013 à 23:16
» Dernière mise à jour le 09/12/2013 à 14:16

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Chapitre 10 – Arceus
La grotte était plus un tunnel qu'autre chose. Il filait droit, les murs étaient comme taillés sans être gravés, et le sol bien plus plat que le reste de la montagne. Comme s'il avait été creusé, avec précision et soin, par quelqu'un ou quelque chose. Hélio avançait confiant entre les parois, les yeux fixés sur l'extérieur, face à lui. Sans réellement savoir à quoi s'attendre, il était calme, avec ce sentiment d'être protégé, intouchable. Lentement, pas à pas, la lumière se rapprochait.

La Vérité se rapproche.

Un dernier pas, et il serait dehors. Hélio sortit du tunnel, et se retrouva immédiatement face à une statue qu'il reconnut sans peine. Il s'avança encore de quelques pas, sentant et entendant la poudreuse craquer sous son poids. Arrivé aux pieds de la statue, il tomba à genoux, pas d'épuisement, de soulagement. Et de respect, aussi, probablement.

-Arceus, enfin, je te trouve…

Là, les yeux de la statue s'illuminèrent, et la couverture grise qui faisait office de roche sembla fondre sur le corps blanc du Pokémon. Malgré sa connaissance de la mythologie, Hélio ne s'étonna pas de la présence d'Arceus sur le Mont Couronné, qui devrait dormir loin d'ici. Aujourd'hui était spécial. Et c'était tout.

-Tu es Hélio, martela Arceus de sa voix puissante, tu es Hélio, et tu n'as jamais eu la même vision du monde que les autres. Tu vois les imperfections, et tu n'as jamais cessé de croire en mon existence. J'ai vu l'histoire devenir une religion, et la religion tourner à la légende. La plupart des gens pensent que je n'existe pas. Pourtant je les ai créés, sauvés…

L'imposant Pokémon se tut. Ses propres paroles semblaient l'avoir blessé, comme si le dire à haute voix avait rendu la chose réelle.

-Relèves-toi, intima-t-il à son visiteur, qui obéit de suite. Quand j'ai vu ce que tu as fait aux gardiens des lacs, à Dialga, et à Palkia, j'avoue que je ne t'ai pas compris. Et j'ai soutenu tes opposants, j'ai fait en sorte qu'ils puissent t'arrêter.

Hélio baissa les yeux. Arceus n'approuvait pas son initiative.

-Malgré tout, tu fais partie de ces rares personnes qui croient encore dur comme fer à mon existence. Je vois les hommes, Hélio, ils prient, ils pensent à moi, mais… Ils ne croient plus en moi comme avant. La prière, les yeux implorants au ciel… Les traditions, les fêtes en l'honneur des Légendaires… Tout ça est entré dans une routine, si bien que tout cela a perdu son sens. Le comprends-tu ?
-Oui… Je… Arceus, je comprends ce qu'il se passe sur cette Terre, répondit Hélio, les yeux toujours baissés, j'ai vu les hommes prier sans y croire, fêter des Légendaires sans vraiment savoir pourquoi, je les ai vu implorer ton pardon et dire ensuite que tu n'existais pas car tu n'intervenais pas mais… Intervenir, ce n'est pas ton rôle.

L'homme aux cheveux gris releva la tête, convaincu que ses paroles étaient véridiques. Son regard rencontra celui du Dieu Pokémon, et une sorte de communion s'établit entre eux. Arceus savait que les idées de pouvoir et autres étaient sorties de l'esprit d'Hélio, et ce dernier ne se concentrait plus que sur une chose : rétablir la Vérité.

-Hélio, je vais te remettre le Parchemin, écrit d'un alphabet plus vieux encore que l'alphabet Zarbi. Je veux que tu le remettes à la doyenne de Célestia, elle saura le retranscrire. Il contient la preuve de ma légitimité. Toi seul s'est révélé digne d'être guidé jusqu'ici pas Cresselia, et par Darkrai… J'ai vu ce que tu as enduré, j'ai vu comme tu t'es battu. Et je suis heureux que tu l'ais fait. Mais ce n'est pas encore finit. Tu dois redescendre, à présent, et je sais que tes forces te quittent.
-J'irais jusqu'au bout, Arceus, si je suis venu jusqu'ici, c'est pour rétablir la Vérité, je n'abandonnerais pas maintenant, ce fusse au péril de ma vie.
-Bien… Alors, voici le Parchemin.

Entre les pattes avants du Pokémon, apparu un petit parchemin aux bords rongés et jaunis. Le Parchemin d'Arceus…

Ca y est… Je touche au but…

-Prends-le. Et pars, maintenant. Finis ce voyage, tu te reposeras ensuite.

Sur ces mots, le voile gris qui recouvrait le Légendaire à l'arrivée d'Hélio refit surface et engloba Arceus. L'homme resta encore une minute là, à regarder la statue, avant de prendre une grande inspiration, et de tourner les talons. La dernière ligne droite. La dernière étape.
Hélio retraversa le petit tunnel, et redescendit les escaliers, qui se recouvrirent de neige derrière son passage. Personne ne devait retrouver Arceus. La nuit était tombée, désormais, mais ni Cresselia, ni Darkrai, ne se montra. Pas de Pokémon, mais une sorte de piste dans la neige, qui ne se dirigeait pas vers la grotte dans laquelle il avait erré en compagnie du Pokémon Noirtotal. Un nouveau chemin, soit dissimulé avant, soit nouvellement tracé, apparu aux yeux d'Hélio. Il descendait directement en direction de Célestia, longeant le flanc du Mont Couronné. Ce n'était pas moins dangereux, au contraire, mais bien plus rapide. Sans poser de questions, comme à son habitude, et serrant le précieux Parchemin contre lui, Hélio entreprit de descendre, le pas hésitant, sentant des graviers se dérober sous ses pieds. Et puis, il se souvint des questions qu'il s'était posé… Et regretta de ne rien avoir demandé à Arceus.

J'aurais au moins dû lui demander pour les sifflements de la machine… Au moins ça…

Au moment même où il repensa à cette question, une voix résonna dans sa tête. Une voix déjà familière. Arceus.

-Pourquoi tu as ressenti les effets de la machine, qui avait pour but de se faire entendre par les Pokémons ? Pour que tu saches. Que tu saches ce que ressent un Pokémon, lorsqu'il tombe sous l'emprise d'un groupe comme ton ancienne Team Galaxie. Tes sbires l'avaient bien détruite, au passage, mais il me fallait te tester… Savoir si tu étais digne de confiance.
-Merci, Arceus.


L'intervention du Légendaire dans l'esprit d'Hélio lui avait rendu les idées un peu plus claires, et la réponse à cette question était précieuse. Sans vraiment réaliser pourquoi, Hélio sentait, au fond de lui, que cette réponse était importante. Au moins pour lui, du moins.
Il continua de descendre, lentement mais sûrement, l'esprit à la fois vide, clair, et plein des souvenirs des derniers jours. En peu de temps, de la création et destruction de son monde à maintenant, il avait parcouru énormément de chemin. Aussi bien physique que psychologique. Il se sentait libre, maintenant, libéré d'un poids, alors qu'il tenait dans ses mains le Parchemin renfermant la parole d'Arceus. Cette responsabilité ne lui pesait pas. Autre chose, par contre, le faisait souffrir. Rendait son pas incertain, l'obligeait à se tenir à la paroi de la montagne à sa gauche. C'était physique. La faim, la fatigue, le froid. Son corps. S'il n'avait eu que son esprit, sa détermination, son courage à écouter, il serait depuis longtemps à Célestia. Mais il était enchaîné dans son corps faible, qu'il trainait douloureusement. Depuis quelques heures, et encore pour quelques autres.


Les lueurs de la ville étaient enfin visibles. Enfin. Maintenant, Hélio butait à chaque pas sur une pierre au ras du sol. Il trainait des pieds, épuisé, la vue brouillée. C'est si proche… Le but est si proche… L'aube pointait à peine, mais certaines habitations étaient éclairées, probablement par des travailleurs très matinaux… Ou très nocturnes… Chaque pas lui arrachait le ventre, lui détruisait les jambes. Le faisait souffrir, tout simplement.

Encore… Quelques mètres… À descendre…

Il s'écroula. Hélio n'avait plus la force nécessaire pour rester sur ses jambes, et il glissa sur le sol, avant de descendre les fameux quelques mètres en roulant, le Parchemin toujours serré contre lui. Il déboula sur le sol plat et herbeux dans un vacarme amplifié par le silence de l'aube naissante. Sonné, il tenta de se redresser, en vain. Poussant de toutes ses dernières forces sur ses membres, Hélio se remit sur pied et, s'agrippant aux arbres bordant le chemin, reprit sa marche désespérée vers le village. Quelques mètres plus loin, il retomba à genoux, refusant d'abandonner, de mourir sans avoir accompli sa mission.

Je n'ai plus la force… J'ai… échoué… ? NON !!

Puisant une dernière fois au fond de son être, Hélio cria le nom d'Arceus, espérant que sa voix atteindrait une maison, une oreille…


Un coup de vent inattendu pénétra dans la maison de la doyenne de Célestia, le professeur Carolina, qui étudiait sans relâche les évènements des Colonnes Lances avec sa petite-fille, Cynthia. Celle-ci était actuellement penchée sur un plan, qui s'envola en même temps que le vent souleva les cheveux de la blonde.

-Les documents ! s'écria-t-elle.
-Chut ! lui intima sa grand-mère, tu n'as pas entendu ?
-Quoi ? murmura Cynthia.

Le nom d'Arceus parvint aux oreilles des deux femmes, qui échangèrent un regard éberlué. Puis, Cynthia réagit :

-Cette voix ne peut pas venir de nulle part, elle semble provenir du Mont Couronné, allons voir !
-Bien, on y va toutes les deux.
-Ce n'est pas un peu dangereux… ?
-Non, ma fille, je le sens.


Une ultime fois, Hélio cria le nom du Dieu, et il retomba, face contre terre, le Parchemin dans la main. Dimoret sortit de sa Pokéball, et lança un hurlement de détresse, empli de douleur. Au même moment, Cynthia arrivait, suivie de près par le professeur.

-Grand-mère, c'est…
-Hélio…

Dimoret, ignorant les deux femmes, secouait toujours l'épaule de son dresseur, pleurant à chaudes larmes. Cynthia alla s'agenouiller près du Pokémon pour prendre le pouls d'Hélio, et la doyenne récupéra le Parchemin. Elles échangèrent un regard, Cynthia secoua la tête.

-Ce qu'il a fait, depuis sa disparition, maintenant, nous le savons, déclara Carolina sous l'œil interrogateur de sa petite-fille. Il a parcouru un long chemin pour récupérer ceci, continua-t-elle en montrant le parchemin, c'est un Parchemin qui vient d'Arceus lui-même, ramenons le à la maison, quand à Hélio…
-Il n'y aura personne pour lui offrir un enterrement, pour le pleurer, personne à part Dimoret qui refuse d'y croire, chuchota-t-elle.
-On l'emmène aussi, demande à Carchacrok de le porter, hors de question qu'il reste ici. Moi je lui offrirais son enterrement, et je le pleurerais. Si Arceus l'a jugé digne de nous rapporter ce Parchemin, Hélio mérite les honneurs.

Dimoret ne dit rien quand le grand Pokémon de Cynthia pris son maitre dans ses bras. La drôle d'équipe rentra à Célestia, toujours endormie, et se glissa jusqu'à la maison de la vieille femme. Carchacrok déposa Hélio sur le divan, Dimoret se plaça immédiatement à ses côtés. Il avait l'air de dormir, si paisible…
Le Parchemin fut étalé sur la table dévoilant ses étranges signes qu'Hélio ne verra jamais.

Hélio est mort. C'en est fini pour lui, il a accompli sa mission à bien, il repose en paix, et, pour la première fois, il est serein. Il a eu droit à l'enterrement promis, et Dimoret a été adopté par la doyenne. Le Parchemin a trouvé sa place dans les ruines de Célestia, et Sinnoh n'a jamais cru aussi fort en Arceus.

Will a su, il est venu pleurer sur la tombe de son père d'un soir. Il n'a jamais expliqué d'où il connaissait Hélio. À quoi bon ?

Tout le monde a su comment il est mort, et, même si l'on ne peut pas effacer le passé, Hélio restera gravé dans les mémoires comme un élu d'Arceus, bien avant d'être celui qui a provoqué l'explosion des Colonnes Lances.