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Passé et futur, la lutte des hybrides de Evolinda



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» Auteur : Evolinda - Voir le profil
» Créé le 21/11/2013 à 22:09
» Dernière mise à jour le 22/11/2013 à 08:28

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Chapitre 5 : Level up, now !
Un éclair fendit l'air. Un rocher vola en éclats. À quelques mètres de là, un Zebibron poussa un cri de victoire. Un jeune homme applaudit, un sourire presque paternel sur les lèvres.

-Joli coup, commenta-t-il. Tu fais de gros progrès, Arthur. D'ici quelques semaines, tu pourras peut-être même grimper dans la moitié supérieure de la pyramide.

La silhouette du Zebibron se brouilla. L'instant d'après, c'est un adolescent aux yeux jaunes qui se dirigeait vers son camarade pour lui taper dans la main.

-Pari tenu. J'ai encore trois échelons à grimper pour y arriver, en admettant que personne d'en-dessous ne me défie. Tiens, au fait ! Tu es où, toi ? J'ai vu deux Dylan dans la pyramide, et comme je ne connais pas ton nom de famille...
-Eginky. Je suis à deux échelons du sommet. Au-dessus de moi, il y a Jeena, Fanny et Noam. Et au sommet, c'est Stan. Il a mis trois ans à monter jusque là. Il gagne la plupart de ses combats au coup de bol. Un peu comme toi, d'ailleurs, sauf que lui il redescendait de temps en temps. Souvent, même.

Arthur regarda le rocher en morceaux derrière lui. Il était en effet monté un peu à l'arrache dans la pyramide du tournoi, mais à aucun moment il n'était redescendu d'un échelon. Il gagnait souvent de peu, épuisé par un combat interminable, mettant toutes ses forces restantes dans une dernière attaque dévastatrice. Il progressait cependant rapidement et visait désormais le sommet de la pyramide. Mais il ne se battait pas uniquement pour le tournoi...

-Tu crois que j'ai une chance de le battre ? demanda-t-il. Pas tout de suite, évidemment. Mais dans l'absolu ?
-Bien sûr, répondit Dylan. De mon point de vue, il n'est pas si fort que ça, alors n'importe qui, avec un peu d'entraînement et une stratégie, a toutes ses chances face à lui. Et surtout toi. Je suis incapable de dire pourquoi, mais j'ai l'impression que tu vas vite dépasser tout le monde.

Il fit un clin d'œil à Arthur et lui proposa de rentrer. Ils étaient dehors depuis plusieurs heures et il commençait à se faire tard.

_______________
Arthur courait. Encore. Il avait l'impression que sa vie se résumait à courir depuis qu'il avait rencontré Evolina. Il eut un pincement au cœur à la pensée qu'il ne l'avait pas revue depuis un an.

"Désolé, mon vieux, mais il va falloir que tu l'oublies. Tu ne la reverras jamais.
-Je sais. Mais c'est dur. C'est quand même elle qui s'est occupée de moi pendant cinq ans, alors que mes propres parents m'avaient laissé tomber. Et je n'ai même pas eu l'occasion de lui dire adieu.
-Je te comprends. Mais pour l'instant tu devrais peut-être te concentrer sur autre chose, comme par exemple ta fuite. On parlera d'Evolina plus tard, si tu veux."

Arthur sortit de sa conversation télépathique et regarda autour de lui. Il se figeait toujours quand il parlait avec Zebibron, ça le mettait d'ailleurs souvent en situation gênante, voire périlleuse. Mais pas cette fois. Ses poursuivants étaient toujours trop loin pour qu'il les voie.

"Ou alors trop près.
-Oh, ta gueule ! Je les entendrais, s'ils étaient là."

Il reprit sa course à travers les arbres. Ça aussi, c'était devenu une constante. À cette époque-ci, la majorité du pays était recouverte d'une immense forêt. C'était un peu monotone, mais Arthur s'y était vite habitué. Après tout, il évitait les villes depuis des années, une forêt de plus ou de moins, ce n'était pas ça qui allait le dépayser.

Il entendit le bruit caractéristique d'un tir de fusil. Enfin, un fusil de l'époque, bien sûr ! Rien à voir avec les armes qu'Arthur connaissait dans son ancien présent. Beaucoup plus moderne...et meurtrier. Quiconque était touché par un de ces fusils agonisait dans un bain de sang jusqu'à ce que le tireur vienne l'achever à l'arme blanche.

Le jeune hybride se baissa instantanément après avoir entendu le bruit. Ces saletés avaient une portée effarante. Le rayon passa au-dessus de sa tête sans le toucher.

-Et merde, je croyais qu'ils étaient plus loin que ça. C'est le moment de passer à la vitesse supérieure.

Il se releva et se transforma, laissant donc la « place » à son symbiote comme ils en avaient convenu quelques mois plus tôt. L'Originel Electrik partit à toute vitesse, slalomant entre les arbres avec une agilité hors du commun. Il arriva bientôt à la lisière, où il s'arrêta brusquement. Il chercha du regard autour de lui et, ne voyant personne, hurla. Un gigantesque Lugia apparut, avec sur son dos une Jungko qui tendit la patte à Arthur. Ce dernier se retransforma et monta sur le dos du légendaire. Le groupe repartit en direction du château.

-Jung ?
-Ouais. Je me suis fait repérer, mais ils ne m'ont pas eu.
-Jungko jung...
-Oui, je sais. La prochaine fois je serai plus prudent.

Le Lugia (vous l'avez évidemment reconnu, ainsi que la Jungko) vola tranquillement jusqu'au château.

-Au fait, reprit Arthur pendant le trajet, je me demandais... Je ne vous ai jamais vu en conversation télépathique, vous ne parlez jamais avec vos symbiotes ?
-Nous n'en avons pas, répondit Dylan.
-Mais pourtant, vous êtes des hybrides !

NDA : Je vais vous servir d'interprète parce que Mélanie va parler, mais en langage Pokémon.

-Il y a deux sortes d'hybrides, dit-elle. Les hybrides naturels, comme toi, on rencontré au hasard de la vie un symbiote originel. Les autres (moi, Dylan, la plupart des hybrides de cette époque, en fait) sont appelés hybrides scientifiques. On nous a injecté de l'ADN originel. C'est pour ça que tu trouveras beaucoup d'hybrides légendaires.
-Beaucoup d'hybrides scientifiques ont été « créés » de force, dans la violence et le non-respect des valeurs fondamentales, ajouta Dylan sur un ton amer. Nous avons beaucoup souffert lors de notre hybridation.

Arthur baissa la tête, un peu honteux d'avoir posé sa question.

-Pardon, je ne savais pas...

Mélanie posa la patte sur l'épaule de son camarade.

-Ce n'est pas ta faute, dit-elle, tu n'as pas à t'excuser. Dylan a souffert encore plus que les autres, c'est pour ça qu'il a toujours l'air un peu bizarre.
-Hum, fit l'intéressé.
-Quoi ? Entre tes sautes d'humeur, tes cinquante tentatives de suicide...
-Quarante-huit.

Arthur était sidéré. Il ne s'était jamais rendu compte à quel point tout le monde souffrait, parfois bien plus que lui. Il se sentit soudain très bête et très égoïste.

_______________
Une semaine après cet événement, une autre question fit son apparition dans la tête d'Arthur. Une question concernant les hybrides en général. Il descendit dans le grand hall avec l'espoir d'y trouver quelqu'un qui pourrait lui répondre, si possible un de ses amis. Mais il n'y avait presque personne, pour une fois. Juste Tony, qui de toute façon était toujours là (sauf quand il dormait, heureusement) et un ou deux groupes qui discutaient dans leur coin. Arthur ralentit le pas, cherchant du regard un indice lui permettant de comprendre pourquoi la pièce était presque vide, mais rien n'y fit. Il alla rejoindre Tony qui faisait de la paperasse près du tableau avec la pyramide du tournoi.

-Tony, je peux te poser une question ?
-Tu viens de le faire, répliqua l'autre sans lever la tête. Qu'est-ce que tu veux ?
-Pourquoi est-ce qu'il n'y a personne ?

Tony leva les yeux de ses papiers pour regarder qui lui parlait.

-Ah, c'est vrai, tu ne dois pas être au courant.
-Au courant de quoi ?
-C'est une journée spéciale aujourd'hui.

Il se redressa sur sa chaise et s'étira un peu.

-C'est la Journée de l'évolution. Il y a une espèce de concours un peu idiot consistant à essayer d'évoluer le plus vite possible. Tous ceux qui réussissent à évoluer dans la journée gagnent quelque chose.
-Justement, dit Arthur soudain très intéressé, je me posais une question à propos de l'évolution. Comment évolue un hybride ?
-Comme un Originel normal, fit Tony blasé, sauf que ça prend environ le double de temps et d'énergie. C'est pour ça que pendant la journée de l'évolution tout le monde est dehors et se tape dessus. Il n'y a pas de règles, il faut juste frapper plus pour augmenter ses chances d'évolution.
-Et ceux qui ont déjà évolué ou qui ne le peuvent pas ne participent pas, j'imagine ?
-Si. Ils servent de punching-ball aux évoluants. Ne me dis pas que tu as l'intention de t'y mettre !

L'hybride Electrik partit d'un rire gêné. C'était en effet son intention à la base, mais à bien y réfléchir il n'en avait pas réellement envie.

-Non, je ne vais pas le faire. Ça ne me dit trop rien de frapper sur les autres pour une évolution que je ne suis même pas certain de réussir. Est-ce qu'il y a un autre moyen d'évoluer rapidement ?

Tony le regarda fixement avec une moue dubitative.

-Mouais, commença-t-il. Il y en a bien un. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, rectifia-t-il brusquement.
-Dis toujours, demanda l'adolescent.
-Si tu penses pouvoir le supporter, il y a le SEF du Professeur Sapin. Mais à mon avis tu risques plus d'y rester que d'en sortir, évolué ou non.

Le regard que lui lança Arthur le convainquit de poursuivre son explication :

-Le SEF (Système d'Evolution Forcée) est, en résumé, une séance de torture abominable supposée aboutir à une évolution immédiate et ce, quel que soit le niveau de l'hybride. Le SEF ne fonctionne pas sur les Originels normaux et plusieurs hybrides y ont laissé leur santé, voire leur vie. Ceux qui s'en sont sortis indemnes ont juré de ne plus jamais y retourner. Crois-moi, c'est beaucoup trop risqué.

Mais Arthur ne l'écoutait plus. Il réfléchissait à toute vitesse. Il essayait de comprendre comment le SEF pouvait provoquer une évolution instantanée. Mais il ne parvenait pas à trouver la moindre idée et ça l'énervait au plus haut point. Finalement, il fixa Tony de ses yeux jaunes et déclara d'un ton sans appel :

-Je vais le faire. Où est-ce que je peux trouver ce Professeur Sapin ?
-Mais tu es fou ! Tu ne m'as pas écouté ? Je t'ai dit que tu avais plus de chances de crever qu'autre chose !
-J'ai compris. Réponds seulement à ma question, le reste c'est mon problème.
-T'as tant que ça envie d'évoluer ?!

Arthur fronça les sourcils. Oui, il avait envie d'évoluer. Et le plus tôt serait le mieux. Il voulait devenir plus fort, quel qu'en soit le prix. Il serra les poings.

-Réponds. À. Ma. Question.
-Je peux pas faire ça, murmura Tony au désespoir. T'as que 16 ans, ce serait t'envoyer à la mort.
-Tu n'avais qu'à ne pas m'en parler. Maintenant réponds.
-Calme-toi, on dirait que tu vas le tuer.

Arthur se retourna d'un coup. La personne qui venait de parler n'était autre que Dylan, qui venait juste d'arriver.

-C'est quoi la question ? demanda-t-il calmement.
-Il veut voir le prof pour qu'il le fasse évoluer, répondit Tony, soulagé que quelqu'un vienne à son secours.
-Tu es sûr que c'est ce que tu veux, Arthur ?
-Oui. Tu sais où il est ?

Dylan soupira.

-J'ai trouvé plus suicidaire que moi, on dirait. Moi non, mais Jeena le sait, elle.
-Dylan ! s'écria Tony. Tu ne vas quand même pas l'encourager ?!
-J'ai eu un an pour apprendre que quand Arthur a une idée en tête on ne peut pas la lui enlever.

Il fit signe à Arthur de le suivre. L'adolescent lui emboîta le pas jusqu'à la salle informatique, qui semblait être le « repaire » de Jeena. Les deux garçons entrèrent.

-Jeena ?
-Tiens, Dylan ! Qu'est-ce qui t'amène ?

La jeune femme se leva et embrassa son petit ami.

-Arthur a un service à te demander. Il veut tester le SEF.

Le sourire de Jeena disparut. Elle se tourna vers Arthur.

-Vraiment ? Tu es sûr ?
-Oui. Tu sais où on peut trouver le prof ?
-Oui, bien sûr, répondit-elle, je l'aide à entretenir sa machine de temps en temps. Il vit pas très loin du désert des plaintes perdues.

Arthur tiqua.

-Le quoi ?
-C'est l'endroit où sont jetés les hybrides scientifiques ratés de la zone Est, intervint Dylan d'un ton amer. Ceux pour lesquels l'expérience a foiré, qui ont mal supporté l'injection, ou alors quand le résultat obtenu n'est pas celui qui était attendu. On les abandonne là, en plein milieu de nulle part, sans même un arbre à l'horizon, juste une vaste étendue d'herbe et de pierraille à l'infini.

Des larmes perlèrent aux coins de ses yeux.

-Ils marchent pendant des heures, espérant voir quelque chose qui leur tiendrait lieu de but à atteindre, puis ils finissent par se décourager et se laisser mourir. Sans eau, sans nourriture, ils ne tiennent pas plus de trois jours.

Jeena passa un bras autour de ses épaules.

-C'est terminé, Dylan. Toi tu as survécu, et nous ferons en sorte que tu ne sois pas le seul, promis.

Dylan ferma les yeux. Arthur culpabilisa un peu, lui-même avait eu beaucoup de chance par rapport à tous ces pauvres gens et il trouvait quand même matière à se plaindre.

Finalement, après quelques minutes de silence total, les trois jeunes gens convinrent de partir sur-le-champ pour le laboratoire du professeur Sapin. Les quelques personnes qui les virent traverser le château purent facilement deviner qu'il allait se passer une catastrophe. Et le Créateur sait qu'ils avaient raison...

_______________
Le trajet fut rapide puisque Dylan transporta ses deux compagnons sur le dos de sa forme originelle. Ils arrivèrent enfin à destination, une sorte de petite cabane en bois au milieu de nulle part, à proximité du fameux désert des plaintes perdues. Arthur et Jeena posèrent pied à terre et Dylan redevint humain. Ils s'approchèrent de la cabane. Avant qu'ils n'aient eu le temps de frapper à la porte, celle-ci s'ouvrit et un homme proche de la cinquantaine, les cheveux en bataille, mal rasé, vêtu d'une blouse (anciennement) blanche pleine de trous, les dévisagea d'un œil mauvais.

-Bonjour professeur, commença Jeena. Vous avez l'air en forme...

Le regard de l'homme s'illumina et un vague sourire déforma sa bouche.

-Ah, c'est vous, Rose ! Qu'est-ce qui vous amène ? Vous ne deviez passer que la semaine prochaine.
-C'est Jeena, professeur. Rose, c'est juste la couleur de mes cheveux, pas mon prénom. Je suis venue parce que mon ami voudrait tenter le SEF.

Elle poussa légèrement Arthur pour qu'il avance. Le savant fou (c'en est un, pas de doute possible) l'observa de la tête aux pieds.

-Alors comme ça tu veux évoluer ? T'as l'air un peu trop gringalet, je sais pas si tu vas tenir le choc.

Arthur leva le menton comme pour défier son interlocuteur.

-Je suis peut-être un gringalet, mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter, affirma-t-il.
-Parfait ! s'exclama le professeur. C'est une attitude comme je les aime, ça pourra peut-être te sauver si ton physique ne suffit pas. Allez gamin, viens par là.

Il prit l'adolescent par le bras et l'entraîna à sa suite à travers l'unique pièce du « laboratoire » vers une espèce de prisme de verre qui faisait plus de deux mètres de haut et 50 centimètres de large.

-Entre là-dedans et pose tes mains sur les marques sur les parois.

Il appuya sur un bouton du panneau de contrôle qui se trouvait à côté du prisme. La porte s'ouvrit, laissant juste la place à Arthur d'entrer. Il aperçut deux marques en forme de mains. Au moment du contact entre sa peau et lesdites marques, il sentit quelque chose le sonder.

"Je ne le dis que maintenant, mais je trouve que c'est une mauvaise idée.
-Tiens, t'es là, toi ? Désolé, mais il fallait te manifester plus tôt si tu voulais donner ton avis. C'est trop tard pour reculer maintenant.
-Je sais. Si on meurt, je vaux que tu saches que j'ai été très heureux de t'avoir comme porteur. T'es vraiment un gars bien, malgré tous tes défauts."

Arthur ricana intérieurement. Zebibron faisait du sentimentalisme ? Il devait être vraiment très inquiet...

"T'inquiète, on mourra pas aujourd'hui. Mais moi aussi je suis content de t'avoir, et si on meurt je te regretterai.
-En admettant qu'il y ait quelque chose après la mort..."

Arthur ferma la Porte. Il vit que le prisme s'était refermé et que le scientifique le regardait fixement de son regard désagréable.

-C'est bon ? demanda-t-il. On peut y aller ?

Arthur hocha silencieusement la tête. Il était mort de peur mais n'en laissait rien transparaître. Le professeur Sapin tourna quelques boutons sur le panneau de contrôle.

-Evolution forcée, type Electrik, début dans 3...2...1... C'est parti !

Il enfonça un énorme bouton bleu et Arthur reçut une violente décharge électrique. Il encaissa péniblement le coup. Une deuxième décharge suivit, puis une troisième... Dix chocs s'enchaînèrent, le laissant épuisé, à genoux, et avec l'envie irrésistible de sortir de cet enfer, mais il n'y avait plus de porte à sa cage de verre. De l'autre côté de la paroi, il pouvait voir les mines inquiètes de Dylan et Jeena et l'air sérieux et concentré du professeur. Ce dernier déclara, comme un robot :

-Phase de chargement terminée. Transforme-toi, maintenant.
-Je ne peux pas, souffla Arthur. Je n'ai pas assez de place.
-Tant pis. Ce sera plus douloureux. Phase de libération dans 3...2...1... Top !

Il appuya sur un autre gros bouton, rouge cette fois. Arthur sentit toute l'énergie qui l'avait frappé modifier sa structure moléculaire et sortir brutalement de son corps. Il hurla de douleur. Il avait l'impression d'exploser, de se reconstituer, d'exploser à nouveau et ainsi de suite à l'infini. Le supplice dura quelques minutes qui parurent une éternité à Arthur. Il perdit connaissance.

_______________
"Arthur ? Arthur ! Arthur, réponds-moi, je t'en prie !
-Que... Quoi ? Qui parle ?"

L'esprit du jeune hybride lui paraissait en morceaux. Il tenta de reconstituer les pièces de ce puzzle.

"C'est moi, ton symbiote. Comment tu te sens ?
-Mon quoi ? Oh... Excuse-moi, j'ai l'impression d'avoir le cerveau en miettes...
-Je sais. Et c'est pas loin d'être vrai. J'ai vraiment cru qu'on allait y passer.
-Moi aussi. On est vivants ? On a tenu ?"

Il essaya de bouger physiquement, mais il ne sentait même pas son propre corps. Comme s'il n'était plus qu'un esprit.

"On est vivants, oui." répondit le symbiote. "Et on a évolué. Je te présente notre nouvelle forme : Zeblitz."

Une image mentale apparut, représentant la nouvelle forme originelle de l'hybride. Il n'y avait pas beaucoup de différence avec la précédente, mais il percevait tout de même l'écart de puissance. Zeblitz reprit la parole :

"Par contre, tu ne vas pas pouvoir la tester tout de suite. Ton système nerveux est K-O, ça va prendre un certain temps avant que tu puisses reprendre le contrôle de tes mouvements.
-D'accord. Combien de temps s'est écoulé ?
-... Deux jours. Tu es inconscient depuis deux jours.
-Qu...Quoi ?! Mais...tu aurais dû me réveiller !
-Je n'ai pas réussi. Et je ne pouvais pas non plus prendre ton corps. Ne me demande pas pourquoi, j'en sais rien !" ajouta-t-il avant qu'Arthur ne puisse l'interrompre. "Des questions ? À part celle que je viens juste d'éluder ?
-Non... Je ne crois pas... C'est encore un peu confus, je ne sais pas trop où j'en suis."

C'est à ce moment que son corps se manifesta : le jeune hybride ressentit une vive douleur à l'intérieur de son crâne, signe que son système nerveux s'était remis à fonctionner. Il tenta une nouvelle fois de faire un mouvement, mais il n'y parvint pas plus que la première fois. Il réussit cependant à entrouvrir les yeux et fut aussitôt aveuglé par une trop grande lumière. Un gémissement s'échappa instinctivement de ses lèvres.

-Il est réveillé ! s'écria une voix féminine, qu'Arthur entendit très mal.
-Quoi ? Tu es sûre ?

Un homme, cette fois. Le puzzle mental d'Arthur était presque reconstitué, il parvint à identifier les voix comme appartenant à Jeena et Dylan.

-Il a ouvert les yeux, c'est une preuve suffisante ?
-Pas la peine de te payer ma tête, je suis déjà à bout de nerfs.
-Moi aussi. Mais soulagée de le savoir vivant. Arthur, tu m'entends ?

L'adolescent rouvrit péniblement un œil, puis l'autre. Il vit, encore flou pour l'instant, le visage de Jeena au-dessus de lui. Enfin, il croyait que c'était Jeena, et l'espèce de halo rose qui entourait le visage semblait le confirmer. Arthur voulut parler. Sa bouche s'ouvrit mais aucun son n'en sortit. Déçu, il la referma et se concentra sur sa vision, tentant d'y voir un peu plus clair.

-Tu ne peux pas parler ? fit Jeena, inquiète.
-Il est encore trop faible, ne lui en demande pas trop. Dis donc Arthur, je t'ai déjà dit que tu étais super chanceux ?

Arthur ferma les yeux un instant en guise d'acquiescement. C'est tout ce qu'il pouvait faire puisque sa tête refusait de lui obéir. Dylan reprit :

-Tu avais trois manières de mourir pendant le processus. Et tu les as toutes soigneusement évitées. Pour commencer, ton corps n'aurait jamais dû être capable d'emmagasiner toute cette énergie, ça aurait dû te faire imploser. Ensuite, l'évolution est un énorme choc pour le métabolisme. C'est déjà difficile de le supporter sous forme originelle, mais là tu étais humain, il y avait un fort risque pour que ton cerveau lâche. Et probablement pas que le cerveau d'ailleurs. Enfin, et je crois que c'est ce qui nous a fait le plus peur, toutes tes fonctions vitales se sont éteintes. Sauf ton cœur. Il a continué à battre pour irriguer un corps en apparence mort. Le professeur nous a dit que si tu ne te réveillais pas au bout de 24h ce serait probablement définitif.
-Et ça fait un peu plus de deux jours maintenant. Inutile de te dire qu'on était désespérés...

Arthur fit un sourire qui se voulait rassurant, mais il n'était pas certain du résultat. Il était vivant, même si on ne pouvait pas dire qu'il allait bien.

"Tu as frôlé la mort et tu y est presque encore, oui !" s'exclama Zeblitz. "J'ai vraiment cru que tu allais me crever entre les doigts. Façon de parler, hein...
-Je comprends. Je préfère ne pas y penser pour l'instant, si ça ne te dérange pas. Tu t'occupes de ranger ça au fond de ma mémoire s'il te plaît ?
-Comme tu voudras. Mais il va bien falloir que tu affrontes la réalité à un moment ou un autre.
-Je sais. Laisse-moi le temps de me rétablir physiquement, après on discutera du problème psychologique. Mais après seulement. Je n'ai pas envie de devenir fou ou de partir en dépression.
-À vos ordres patron ! Je range l'événement tout au fond de ton esprit, on le ressortira plus tard."