La lueur du chrome et la persévérance - Le Livre de Chrome de Renyu

Et si tout devais se terminer si rapidement ? Nous n'aurions connu que le dixième du dixième, que ce que lui, a vu.

J'inventerais l'un des plus beaux mensonges qui auraient existés, si je disais que je n'avais pas pas peur. L'aventure nous entraînait inexorablement vers son cœur, nous criant secrètement de trouver une faille, une fin, pour tout boucler comme une petite boîte de Pandore où seraient répertoriés d'infâmes et inavouables secrets.

Sous le ciel gris et face au vent violent, je suivais Yami - sans avoir mon mot à dire - vers le début d'épave du dirigeable. Bientôt, des éclairs chutaient instantanément du ciel à la mer. Leur nombre et leur force me terrorisait en pensant à ce qu'ils auraient été sous l'influence de la force du grand Electhor.

_Ils sont probablement venus là, m'indiquait Yami en pointant du doigt l'extrême sud centre du gros vaisseau endommagé et chancelant dans les airs.

_Tu crois vraiment qu'on devrait monter là-dessus ? Il va tomber d'un minute à l'autre, on aura même pas le temps de terminer ce qu'on sera venu y faire.

_Ne t'occupes pas de ça. Plus vite on sera monté à bord, plus vite on en sera reparti.

Sur ces mots, Yami sortait un Kunai de je-ne-sais-où, sans que vraiment, je n'ai le temps de percevoir avec quelle subreptice il s'y était pris. Je voyais bien dans ses yeux que cette affaire de ne l'amusait pas.

_Même s'ils sont de ta famille, ils sont encore aveuglés par leurs motivations, alors si j'étais toi, je sortirais quand même ce sabre lumineux.

Je n'y arrivais pas. Yami m'avait clairement fait comprendre que peu importe notre vécu et notre passé ensemble, s'ils avaient besoin de me supprimer, ils l'auraient fais comme si j'étais un simple dossier inutile traînant sur un bureau d'ordinateur. Les yeux écarquillés, comme pour laisser passer l'importance de l'information, se refermant en suite brièvement. J'avais décidé, une fois de plus que rien de m'arrêterais.

La pluie commençait à tomber à son tour, sous une chaleur lourde et désagréable. Je comprenais que Kyogre et et Groudon souffraient à l'unisson, et je ressentais partiellement leur douleur par les répercussions que ces dernières semblaient avoir sur le climat. En me retournant sans raison apparente, je voyais une étoile turquoise briller à l'extrême sud-ouest d'Hoenn. La précipitation était bien trop grande, je n'ai pas pris le temps de réfléchir et je continuais d'avancer vers le dirigeable au dos du Corboss de Yami qui me déposait délicatement sur la surface abîmée avant de rejoindre son maître, encore dans les cieux.

En arrivant dans l'épave, j'apercevais deux silhouettes tout au fond de la salle. La fratrie de mes cousins se trouvait là, un tiers complète. Ma cousine manquait à l'appel et j'osais espérer qu'elle ne trempait pas, de loin ou de près dans ces affaire dangereuses et mauvaises. Les jambes tremblantes et le sabre à la main, j'avançais lentement à leur rencontre pour comprendre, une fois de plus, ce qui les motivaient, sans pour autant vouloir le leur demander directement.

_Alors, Ackem, tu n'abandonnes jamais, c'est ça ? Ce n'est pas ce que j'appelle de la persévérance, c'est de l'obstination, lançai-t-il, les mains gigotant de manière dérangeantes dans ses poches.

_Ce garçon est mon ami, et peu importe qui tu es pour lui, je ne te laisserais pas parler de lui comme ça une fois de plus, lançais Yami en même tant qu'une suite de cinq shuriken sur les mains de Trevor en atterrissant à son tour avec son Dracaufeu.

_Ah, gémissait briévement Trevor en retirant ses mains de ses poches. On voit bien que tu es descendant de la vieille tribu des Ninja d'Exanor, hein ? Les Ninja d'Unys. Ton agilité et ta précision pourront bien être à leur paroxysme, mes balles seront toujours plus puissantes, plus rapides et plus précises que tes bouts de fers datant de plus de cinq cents printemps.

Trevor continuait en finissant par sortir deux armes à feu de ses poches, les faisant habilement tourner dans ses mains pour finir par les positionner respectivement devant moi et Yami. Je tremblais de peur et de regret devant la tournure que prenait la situation, et j'avais encore un mal terrible à réaliser ce qui était entrain de m'arriver.

_Il... Il est vraiment capable de me tuer... Il est capable de me tirer une balle ?

Le vent qui passait dans les recoins abîmés du débris volant se faufilait entre mes jambes et mes bras, et même dans mes vêtements, comme pour rire et m'infliger des moqueries silencieuses. Je regardais le sol, les yeux grand ouverts, et même si je n'avais pas de question précise, j'aurais voulu une réponse, une solution.

Un coup de feu.

_Bah alors, Ackem. Tes mots ne te servent à rien maintenant, hein ? Tes jambes ne te portent plus, tu tremble comme le gamin présomptueux et arrogant que tu était lorsqu'on était encore des gamins ? Tu n'as pas changé depuis le temps ?

Les provocations de Trevor étaient pour moi comme une enclume qui s'écrasait lourdement sur mon crâne pour m'enfoncer violemment sur le sol. Je relevais faiblement la tête et plongeait difficilement mon regard dans le sien. Je n'avais même pas la force d'activer mon œil de vérité. Pendant tout ce temps, pourtant court mais qui me paraissait une éternité durant laquelle Trevor ne cessait de m'énumérer mes défauts les plus apparents et à me drainer le peu de confiance qu'il me restait comme un Nosferapti qui use de Vol-vie, j'observais de temps à autre le comportement étrange et incompréhensible de Tybéin, en retrait. Il regardait le vide, insensible à la chute que prendrais cette histoire, caressant son écharpe par instant, droit, sans parler. Il était visiblement spectateur de la scène et n'y prenais part d'aucune manière.

_Tu as beau te tenir discrètement sans prononcer un seul mot, je n'ai pas terminer avec toi, s'enflammait Yami avant de bondir furtivement vers Tybéin, suivi par son Dracaufeu.

_Phernaught, répondait-il en le libérant de sa Ball et ne bougeant pas la direction de son regard de pierre. Utilise Fatal Electacle... Et fait ce que tu juge bon.

Phernaught commençait à se multiplier pour se placer à divers endroits de la pièce abîmée et sombre, en déchaînant des éclairs mauves violents, en se divisant encore et encore. Cela faisait déjà deux fois que je voyais Trevor et Tybéin faire ça, laisser leur Pokémon s'exécuter au gré de ses envies durant un combat. C'était comme s'ils manifestaient une certaine flemmardise durant le combat, comme si durant quelques instants, leur Pokémon avait le droit, l'occasion de regagner son instinct sauvage et de se libérer de ses chaînes, explosant à pleine puissance. D'un bond en arrière, il esquivait l'assaut que Yami lui portait en étendait ses bras pour faire apparaître deux grandes lames effilées qui planaient de leur propre volonté. Lorsqu'il fermait les yeux, ses deux dernières s'enveloppaient d'une aura bleuté en se positionnaient droitement, prenant position d'attaque.

De mon côté, voyant que Trevor s'évertuait à tirer des balles dans ma direction, tout en libérant de sa Ball le dénommé Onigear, qu'il avait visiblement pris le temps de soigner précautionneusement. Je décidais de libérer Méta de sa Ball pour me protéger. J'avais bien vu : Les balles se cognaient faiblement sur son corps de fer rigide. Cependant, caché derrière lui, je m'agenouillais, la tête entre le mains pour comprendre. Je prenais mon sabre et le regardais dubitativement, et le corps proche de celui de Méta, je sentais que me défendre lui procurait un bien fou. Plus les balles le percutaient, plus il semblait prendre un malin plaisir à les arrêter sans n'avoir à rien faire. Le cliquetis du choc des Balles sur le corps de Méta me laissait entendre que les armes de Trevor avaient été infiniment chargées.

Si je cours sans réfléchir, je vais recevoir une balle, et je ne pourrais pas supporter ça. Dans un certain sens... Si je reste à me cacher lamentablement derrière Méta, ça ne fera pas avancer les choses. Je ne peux pas laisser Yami tout faire tout seul comme ça, c'est vraiment pas courageux de ma part. Pour être arriver jusqu'ici, il faut que je réagisse... Il faut que je trouver quelque chose !

Encore au sol, le cerveau plus actif à présent, je me retournais et glissait un œil pour voir ce que je pouvais faire. A mesure que le temps passait, voyant que les armes de Trevor ne se déchargeaient pas, je commençais sérieusement à croire que ses armes étaient réellement infiniment chargées. Comme je n'arrivais décidément pas à réagir, j'ai constaté un phénomène inattendu. Méta semblait recevoir les balles avec une endurance encore plus grande à chaque fois, si grande, qu'instantanément, j'ai vu son corps s'envelopper d'une lueur blanche durant un très court instant avant de laisser apparaître un majestueux Métalosse. Une fois qu'il avait évolué, il s'est laissé retomber fièrement sur le sol, ancrant ses pattes une par une au nom du courage, de la loyauté, de l'amour et de la force.

Je n'en revenais pas, il avait atteint le stade final de son évolution à force de prendre les balles tirées par Trevor. Joyeusement, il faisait un bond pour pivoter vers moi et pousser un hurlement digne de celui d'une araignée de fer, comme des billes de fer percutant les moindre recoins de son corps. Ses yeux plongés dans les miens, j'arrivais à voir dans les yeux de Métalosse, derrière son bandage d'acier, la joie et la fierté d'être. Si j'étais parvenu à ressentir des sentiments aussi puissants, camouflés dans une armure de métal, j'avais également compris que Méta et moi avions atteint un point culminant de notre relation "Dresseur-Pokémon". Personne ne le comprendrais mieux que moi à présent, et personne ne me comprendrais mieux que lui.

_Tu es vraiment devenu un Pokémon magnifique... Méta. Je suis si fier de toi... Tu n'imagine pas.

Prenant aisément les balles que Trevor ne cessait décidément pas de tirer, je le caressaient en souriant avant de sortir mon sabre, plus déterminé encore que je ne l'étais avant d'arriver sur l'épave.

_Tu en as fais énormément... Ami. Maintenant, c'est à moi d'agir, tu m'entends ? Je vais le faire.

Les mains et les jambes tremblantes malgré tout, apparemment encore en conflit avec mes décision, je décidais malgré tout de sortir de la protection que m'avais offerte Méta qui subissait au même moment une capacité Laser Glace de la part d'Onigear. Courageusement, je glissais au sol pour ne pas être atteint par les balles tirées par Trevor, et l'atteignant aux tibias en lui administrant un coup de pied violent qui le faisait trébucher au sol. Sans perdre une seule seconde, je me relevais et prenait l'avantage en le plaquant au sol et plaçant mon sabre sous sa gorge.

_Trevor, il y a encore un moyen d'arrêter tout ça. Arrête de faire ça, je t'en supplie, et ne m'oblige pas à faire ce que je ne veux pas faire, s'il te plait !

_Ne t'inquiètes pas Ackem, tu n'auras pas à faire ce que tu ne veux pas faire, riait faiblement Trevor avant que je ne reçoive de plein fouet une capacité Damoclès de la part d'Onigear.

Subissant la violence du Pokémon, j'étais projeté a une vitesse ahurissante, tournoyant en faisant trois salto dans les airs et percutant le mur qui se trouvait dans ma direction, le nez le premier. J'avais été jeté si loin que Trevor avait perdu ma position, et je me relevais douloureusement en frottant mon dos. La douleur nasale due au choc faisait couler sur mon visage des larmes indésirées. Tenant difficilement debout, je voyais au loin Yami et Tybéin qui menaient un duel épique entre deux épées et une multitude de projectiles ninja. La beauté de leur combat et leur maîtrise me fascinait, à tel point que les regarder m'avait ralenti dans mon propre affrontement. Les esquives de Yami et la danse des lames de Tybéin étaient incontestablement délicieuses.

Là où je m'étais retrouvé, l'éclairage était encore plus sombre, mais je percevais au loin les silhouettes. Au premier plan, Trevor se relevait en cherchant ses armes au sol. Au second-plan, Onigear voletait furtivement à la recherche d'un ennemi à anéantir, et à l'arrière-plan, Méta semblant s'enfoncer dans le sol. Initialement, je ne saisissais pas trop ce qui lui arrivait, jusqu'à ce que je me souvienne que nous nous trouvions dans les cieux. Gagné par la panique, moi qui avait l'intention de réapparaître et d'attaquer Trevor sous le signe de la sournoiserie, mon coeur gagnait et je me précipitais vers Métalosse sans réfléchir.

Avant que je n'ai le temps de m'en rendre compte, j'étais déjà arrivé au bord du trou qu'il avait créé avec son poids, fendant le "sol" de la "salle". Plus j'observais tristement le corps de mon premier Pokémon, plus je le voyais rapetisser à mesure qu'il chutait vers la mer. Enragé, je libérais Silver et Thora de leurs Ball. Force était de constater que Méta était également leur ami, et ma rage les a contaminé en un éclair. En parlant d'éclair, je voyais encore Yami, du coin de l'oeil, mené son duel difficilement, se débrouillant pour maîtriser les éclairs fou de Phernaught.

Alors qu'une larme chaud coulait sur ma joue, encore penché au dessus du trou qu'avait fait Méta, j'ai senti un bras se resserrer autour de mon cou et une arme se coller sur ma tempe. Silver et Thora voulait me protéger, mais Onigear avait sorti le grand jeu : Thora et Silversky devaient impérativement être à deux pour le maîtriser.

_Alors, on dirait que ton ami à décidé de rejoindre le palais de Lugia. C'est triste et dommage : Ton premier Pokémon. Et en plus, il venait d'atteindre son stade d'évolution final. J'aurais eu la rage à ta place.

Je bouillais à l'intérieur, mais la situation délicate dans laquelle je me trouvais ne me permettais aucun écart physique.

_Le palais de Lugia ? Cette mer appartient à Kyogre... Tu es idiot, Trevor.

_Même en frôlant la mort, tu es capable de faire preuve d'austérité et de te permettre des comportements hautain et réprobateur !

Sur ces mots, j'ai senti l'étreinte du bras de Trevor et l'appui de son arme sur ma tempe se resserrer. Là ou j'étais placé, je pouvais encore voir la pluie tomber abondamment, et sous l'énervement soudain de Trevor, mon coeur s'était remis à battre aussi violemment que quand je venais d'arriver ici.

_C'est pour ça que je n'ai jamais réussi à te supporter Ackem ! Tu m'entends ? Tu avais toujours un mot à rajouter... Toujours.

Cette question avait longtemps planer dans la famille : La distance entre moi et Trevor, nous qui semblions cultiver une certaine relation distante, mais demeurant présente malgré tout. Son corps était a présent très proche du mien, voire collé. Je sentais les battements de son coeur qui étaient aussi violents que les miens. J'ai commencé à avoir des doutes, tout en l'écoutant m'avouer des choses encore cachées, je sentais sa gorge se serrer et sa voix se perdre dans ses entrailles. Jamais les musiques "Trance" et "Techno" que j'avais écouté auparavant n'avaient été aussi rythmées que les battements du coeur de Trevor à ce moment.

Quelques secondes durant, il s'était arrêté de parler, et moi aussi. Je sentais encore l'étreinte de son bras sur mon cou, et je commençais à me demander s'il m'étreignait pour me tuer, où s'il m'étreignait parce qu'il n'avait jamais osé le faire ? Sentant un instant de relâchement dans ses membres membres, j'en profitais pour user de l'œil de vérité en me retournant furtivement vers lui. Mon nez collé au sien, jamais mes yeux n'avaient été aussi proches des siens. Je pouvais lire tout ce que je n'avais pas compris, et j'ai ressenti des milliers d'erreurs.

_Est-ce que tu es sûr de vouloir faire ça, sanglotais-je en relâchant pas son regard.

Je voulais croire dur comme fer à son hypothétique rédemption, et l'étreinte de son bras sur mon cou commençait à trembler. Je commençais à y arriver, j'avais peut-être fait renaître les sentiments perdus de Trevor, lorsque l'impossible se produisait. De nulle part, Méta réapparaissait en tournoyant à une vitesse telle que ses pattes étaient impossible à distinguer. Il rasait sans réfléchir, le dos de Trevor qui réagissait sous le choc ultra violent du coup inconnu que Méta venait de lui porter. La force qu'il venait d'utiliser était si violente, que j'ai moi-même cru en ressentir le choc. Je voyais le corps de Trevor s'étendre devant moi, sujet à la souffrance extrême qu'il venait de subir, les yeux écarquillé et laissant s'échapper de sa bouche un long filet de sang avant de s'abattre sur moi, sans vie.

J'étais perdu, abasourdi, et je hurlais comme un animal en peine. Mes cris étaient si perçants et animés que Yami et Tybéin s'arrêtaient de livrer bataille immédiatement en venant à ma rencontre. En constatant les dégâts, Tybéin se jetais sur le corps de son frère, sans vie. Contemplant son visage blême et pâle, il se mettait à sangloter faiblement, et face à l'atrocité de l'événement, tout le monde rappelait ses Pokémon à rentrer dans leur Balls. Seuls Méta et Onigear restaient dehors. Méta manifestait une sorte de regret amer, caché sous sa cuirasse de fer. Je ne savais pas s'il était mort ou non, mais je tremblais comme une personne âgée en fin de vie. Des torrents jaillissaient de mes yeux, et pour ne rien arranger, je me souvenait au même instant, que l'épave se dirigeait vers le pilier céleste.

Alors que j'essayais de ranimer Trevor, ce qu'il restait du dirigeable géant finissait par s'écraser au pied du pilier céleste, nous vomissant violemment de sa bouche avant de tomber et de se décomposer sur le grande édifice sacré.