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Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak



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Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/11/2013 à 09:57
» Dernière mise à jour le 31/08/2017 à 11:30

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Présence de Pokémon inventés   Région inventée   Romance

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Chapitre 30 : Robeos et Frilvia
Narek Congois, Maître Pokemon de Naya, leader du Conseil des 4, héritier de la famille noble Congois, Seigneur de Crepiten et chef de la Rébellion, se sentait toujours un moins que rien quand il se trouvait en compagnie de son père. Lord Robeos était peut-être vieux, mais n'en restait pas moins le seigneur attitré de la famille. Sa posture trahissait le poids des années, mais il demeurait toujours fier et inébranlable, prêt à tout pour porter au plus haut les intérêts de la famille Congois.

Jadis une famille de la plus petite noblesse, les Congois ont énormément gagné en prestige et en puissance depuis que Lord Robeos la gouvernait. Fin stratège politique, il ne reculait devant rien pour accroître son pouvoir. Fidèle serviteur de la famille Dialine, il avait trahi son serment en combattant le Triumvirat, tandis que d'un autre côté, il œuvrait dans l'ombre en fournissant des informations à Nathan Dialine, dans le but de regagner ses faveurs si jamais le Triumvirat venait à l'emporter, ce dont Lord Robeos ne doutait pas. Pour lui, cette guerre n'était que l'occasion de montrer sa puissance à Dialine, tout en réaffirmant son allégeance quand le vent tournerait.

Narek savait tout cela, bien entendu. Depuis tout petit, il était englué dans les manœuvres politiques de son père. Plusieurs d'entre elles le répugnaient, mais il ne disait rien, car il savait que c'était uniquement pour la gloire de la famille. Et aussi, accessoirement, car il n'avait jamais réussi à tenir tête à son père. Pourtant maintenant, il faisait bien deux têtes de plus que lui, vieillard ravagé par la maladie, dont les rares cheveux blancs qui lui restaient commençaient à tomber. Quand Narek entra dans sa chambre d'où son père ne sortait quasiment plus, il sentit cette aigre odeur de maladie et de renfermé.

- Oh, Narek, entre donc, fit de l'ombre la voix sifflante de Lord Robeos.

Narek entra et referma derrière lui. Non que quiconque à part lui se souciait d'entrer ici. Lord Robeos n'acceptait même plus les domestiques, à tel point que la chambre devenait de pire en pire. Lord Robeos eut grand peine à se lever pour accueillir son fils. Narek rencontra sans ciller le visage taillé à la serpe de son père, et ses yeux délavés de vipères.

- Quelles nouvelles de la guerre ?

Lord Robeos n'assistait jamais aux réunions des nobles et des leaders des dresseurs, mais ça ne l'empêchait pas de toujours se tenir au courant. L'information était source de pouvoir, comme il disait toujours.

- Je viens juste d'être avisé, commença Narek, que la ville de Selonu, sur laquelle le Triumvirat a envoyé une armée de Pokemon, a tenu.

- Voilà qui est étonnant...

- Et ce n'est pas tout. Hugo Fatens, le champion de Selonu fidèle à notre cause, à profité de la défaite de l'armée du Triumvirat pour se rendre à Estanvol. La ville est tombée.

Lord Robeos garda le silence un moment, réfléchissant.

- Ce champion n'aurait pu faire ça tout seul. Estanvol est toute proche d'Odipolis. Quelle armée a-t-il levé pour la prendre ?

- L'armée de Pokemon qui a attaqué Selonu. Les Inhumains qui la contrôlaient ont été tués. Selon les rumeurs...

Narek fit une pause, hésitant.

- Eh bien ? Insista son père. Que disent-elles, les rumeurs ?

- Que la fille Dialine serait de retour. Elle et Maître Balterik seraient venus à bout des Inhumains, et pris le contrôle de l'armée Pokemon. Avec... ce genre de pouvoirs qu'on prête aux Gardiens de l'Harmonie...

- Foutaises, coupa son père. Les Gardiens de l'Harmonie sont un mythe. Et même s'ils ont jadis existé, ils ont disparu depuis longtemps. Tout ceci n'est qu'une campagne de désinformation mis en place par le Triumvirat pour nous faire craindre ces personnes qu'ils recherchent.

Narek savait qu'il aurait mieux fait de se taire. Son père répudiait tout ce qui était un peu trop proche de la magie ou du surnaturel.

- En tous cas, Gardiens ou non, insista Narek, la jeune Adélie Dialine est revenue sur scène, et défie le Triumvirat au grand jour. Qu'elle utilise de vrais pouvoirs ou des tours de passe-passe, il n'en demeure pas moins qu'elle a protégé une ville de la colère de Nathan Dialine et qu'elle en a prise une lui appartenant.

Lord Robeos hocha la tête.

- Et tout cela est très bon pour nous. La jeune Dialine pourra nous servir de porte étendard sur lequel légitimer notre action. Après tout, nous autres Congois, sommes les fidèles serviteurs de la famille Dialine. Que notre allégeance aille à la sœur cadette à la place de Lord Dialine, qui saurait nous le reprocher ?

- Vous voulez faire de cette fille la chef de la Rébellion ? S'étonna Narek. Maître Balterik n'a dit que du bien d'elle, mais... ce serait renverser un Dialine pour en mettre un autre sur le trône non ?

- Ne sois pas ridicule. Cette Adélie Dialine n'est qu'un pion pour nous. Profitons de sa force et de son nom. Si les choses tournent mal, elle nous sera d'une grande utilité pour négocier avec son frère.

Narek tint sa langue. Évidement, il était impensable que Robeos Congois plie le genou devant cette adolescente qui a abandonné même la fierté de sa famille, d'autant plus si elle avait des dispositions pour la sorcellerie. Mais Narek respectait son père disparu, l'ancien triumvir Guben Dialine. Il ne se voyait pas vendre sa fille à ces serpents du Triumvirat. Surtout que c'était bien des Gardiens de l'Harmonie qu'était partie l'idée de la rébellion. C'était eux qui avaient convaincu Narek.

- Voilà ce que tu vas faire, reprit Lord Robeos. Tu vas soutenir officiellement la jeune Dialine et ses soi-disant Gardiens de l'Harmonie. Envois-lui des troupes, proclame-la comme véritable héritière de la famille Dialine, va même jusqu'à lui faire serment d'allégeance si besoin est. De mon côté, je vais monter quelques nobles contre cette idée, faire des mécontents, afin de préparer le terrain si jamais on doit se débarrasser de cette gamine encombrante le moment venu. Il convient d'attendre et de guetter la réaction du Triumvirat quant à ce retour imprévu de ses ennemis.

- Bien, père...

Qu'aurait-il pu dire d'autre ? D'un autre côté, son manque d'enthousiasme dut se ressentir dans sa voix, car Lord Robeos demanda :

- Tu n'approuves pas ?

Narek décida de se jeter à l'eau.

- C'est un choix prudent, j'en conviens. Mais peut-être l'heure n'est-elle plus à la prudence. Il est certain que Nathan craint sa sœur et les Gardiens, vu les récompenses qu'il offre pour leurs têtes. S'ils ont réellement le pouvoir de tuer des Inhumains, de retourner d'un claquement de doigt des armées entière de Pokemon... alors peut-être est-ce le moment...

- C'est le moment de survivre, coupa son père. Ça l'a toujours été. Alors que depuis la fondation de Naya, quantité de grandes familles ont disparues ou ont sombrées dans l'oubli, la famille Congois est aussi vieille que les trois familles régnantes. Pourquoi ? Car elle a toujours su conserver sa neutralité, d'une façon ou d'une autre. Ne vois pas autre chose en cette guerre qu'un conflit familial entre deux Dialine qui se disputent le pouvoir, car ce n'est rien d'autre, quoi que pouvait bien en dire ton prédécesseur, ce maître Balterik. Et nous, nous nous rangerons du côté du vainqueur, quel qu'il soit. Si c'est cette Adélie, tant mieux. Si c'est Nathan, c'est tout aussi bien. C'est notre force, à nous les Congois. Nous avons toujours senti dans quel direction allait le vent, et toujours nous savions nous y préparer en conséquence.

Narek soupira.

- Je comprends cela, père. Mais... j'aurai tant aimé me battre pour défendre mes convictions, pour une fois, comme Adélie Dialine et ses compagnons semblent le faire.

- Ceux qui se battent pour des convictions ont toutes les chances de mourir pour elles, rétorqua Lord Robeos. C'est moins le cas si tu te bats pour toi, sans toutes ces folies sur le sacrifice. Ça, c'est bon pour les roturiers, ou les fous. Tu n'es ni l'un ni l'autre, Narek. Tu es l'héritier des Congois, le Maître de la Ligue, et le détenteur d'un des Sept Pokemon Merveilleux. Le peuple t'aime et il t'écoute. Tu as le soutien des nobles et des dresseurs à la fois. Tu ne te rends pas compte de la puissance que cela te donne, dans cette région où ne règnent que la méfiance et les rivalités. Tu as ce qu'il faut pour un jour faire des Congois l'une des trois familles régnantes. Ne gâche pas cette chance, fils. Ne la gâche pas, que ce soit pour un Dialine, pour tes convictions, pour la paix, ou quoi que ce soit d'autre.

Narek ne put que s'incliner et prendre congé de son père. Il se hâta de sortir des murs de la demeure Congois, souhaitant respirer l'air frais et pur de Crepiten, son île natale, devenue le siège de la Rébellion. Ce n'était un secret pour personne, pas même pour le Triumvirat. Mais s'ils n'avaient pas encore attaqué, c'était parce que Crepiten était devenue une véritable forteresse, protégée par des remparts agrémentés de défenses militaires et technologiques dernier cri tout le long de la côte, et quantité de Pokemon aquatique de dresseurs fidèles à la cause qui patrouillaient autour de l'île.

Et bien sûr, il y avait Artemilion. Le Pokemon Légendaire de Narek, fort de son type Spectre, était capable de déchaîner la mauvaise fortune sur toute cible qu'il voulait, et ce à grande échelle. Du reste, il pouvait aussi utiliser une attaque Mégaphone si puissante qu'elle pouvait troubler tout appareil électronique, et même bloquer les ondes cérébrales mystérieuses qu'utilisaient les Inhumains pour contrôler les Pokemon. Artemilion était l'une des plus grandes craintes du Triumvirat, mais Narek ne doutait pas qu'à force, Nathan Dialine finirait par trouver un moyen de contourner ce problème. Chaque matin en se réveillant, il avait peur de voir une flotte aux insignes du Triumvirat apparaître à l'horizon.

Le pire, c'était que Nathan Dialine n'avait probablement pas besoin d'une armée pour balayer Crepiten de la carte. Si ce que lui avaient dit les Gardiens de l'Harmonie dans la Tour Scellée était vrai, Nathan s'était allié avec cet Odion, un seigneur noir d'un autre temps qui est responsable à lui seul du génocide de la ville de Cancrania, puis de la destruction de New Naya et du Stade G, il y a un an. Et une question demeurait donc : pourquoi Nathan ne leur avait-il pas envoyé Odion dès le début ? Narek connaissait un peu Lord Dialine. S'il ne l'avait pas fait, c'était qu'il avait autre chose en tête. Quelque chose de sans doute bien pire...



***


Kinan et Kelifa se tenaient incognito devant une table d'un bar à Port Oligo. Cela faisait un an qu'ils n'étaient pas sortis de leur base à Ultan, et durant tout ce temps, en prévision du jour où ils sortiraient, ils avaient tout fait pour sembler différents des avis de recherches les concernant, postés dans toutes la région. Kinan avait grandi et s'était laissé poussé les cheveux, ainsi qu'un peu de barbe. Il avait abandonné son bonnet, ses lunettes d'aviateurs ainsi que sa tenue de dresseur pour quelque chose de plus discret. Une tenue simple, passe partout, qui le faisait passer pour un simple ouvrier sortant du travail et se payant un verre au bar du coin.

Kelifa elle, au contraire, s'était coupée ses longs cheveux violets, et les avait teints en rouge. Bien évidement, elle avait laissé à la base son uniforme de la Team Rocket, pour des vêtements plus féminins qu'elle semblait détester autant qu'Ad. Personne n'aurait pu les reconnaître ainsi, et ce malgré leurs portraits vieux d'un an accrochés au mur d'enceinte du bâtiment, ou les policiers qui patrouillaient constamment dans les villes de grande importance comme Port Oligo. C'était la première ville au sud de la capitale, et un accès direct vers la mer. Avec la guerre civile actuelle, elle faisait l'objet de toutes les attentions de la part du Triumvirat.

Kinan but une gorgée de son breuvage infect - un remontant pour les marins, parait-il - tout en surveillant le port. Ils avaient choisi un bar juste devant le quai à dessein. S'ils étaient ici, c'était pour enlever quelqu'un, en fait. Quelqu'un qui, selon les renseignements de la Team Rocket, et notamment de l'Agent 007, devait justement arriver à Port Oligo par bateau d'un moment à l'autre. Comme ces informations provenaient de son supérieur, Kelifa avait décidé de mener elle-même la mission, ce qu'avait approuvé Ad, mais avait accepté d'amener Kinan avec elle.

Kinan aimait bien Kelifa. Pas d'une façon romantique, bien sûr. La capitaine Rocket avait presque dix ans de plus que lui. Mais en dépit de leurs différences - elle une Rocket froide et professionnelle, et lui un dresseur enjoué et souvent un peu bête - ils étaient parvenus à tisser un lien solide d'amitié et de confiance durant cette année passée ensemble. Kinan avait rencontré la Rocket alors qu'il était prisonnier de la Team Malware, et elle l'avait aidé à s'échapper, et par la même à échapper à la mort alors qu'Odion aurait détruit New Naya et tout ce qu'il y avait dedans. En contrepartie, peu de temps après, Kinan et Ad avaient pris d'assaut le Centre Général du Triumvirat même pour la sauver des griffes des Agents du Chaos. Ça avait été un coup dur pour l'orgueil de la Rocket, mais peu à peu, elle en est venue à bien considérer Kinan, et à le respecter pour ses talents de dresseur ; la seule chose en quoi il la dépassait. Kelifa leva la tête d'un journal qu'elle devait faire semblant de lire, regarda le port, et dit, d'un ton niais qui ne lui allait guère :

- Oh, regarde ce beau bateau, petit frère ! Il est vraiment grand !

C'était le signal. Le bateau qui allait accoster était bien de la même société de transport que l'Agent 007 leur avait indiqué. L'Agent Spécial leur avait été d'une grande utilité ces derniers temps pour les renseignements qu'il leur faisait parvenir. Mais Kinan ne le sentait pas trop, ce type. Il était trop beau gosse pour être honnête. Puis Kinan ne se faisait pas d'illusions sur le pourquoi du comment à son sujet. S'il les aidait contre le Triumvirat, ce n'était que pour voir ensuite les intérêts de la Team Rocket grandir à Naya. Et puis, il restait terré dans une de ses bases à Johkan, et ne les contactait que par hologramme ou vidéo.

Quoi que chez lui aussi, la guerre faisait rage. De ce que Kinan en avait entendu, la Team Rocket était en guerre contre elle-même dans un conflit de pouvoir entre ses dirigeants. Même à Naya, pourtant une région assez éloignée de Johkan, tout le monde avait entendu parler de cette Lady Venamia qui avait conquit Kanto et Johto, renversé l'ancien Boss de la Team Rocket, et qui avait apparemment pour ambition de déclarer la guerre au monde entier, à tel point qu'une partie de la Team avait fait sécession et se battait désormais contre elle avec l'aide des gouvernements en exil.

Enfin, Naya était assez engluée dans la guerre pour se soucier de celle des autres pour le moment. Aux dernières nouvelles, Ad et Balterik avait pris la ville d'Estanvol grâce à une armée Pokemon qu'ils ont retourné. De leur côté, le reste des Gardiens, à savoir Geran, Spam, Spyware et Killian, étaient partis à la chasse aux Inhumains à travers toute la région. N'étant ni taillé pour la guerre, ni pour combattre des Inhumains, Kinan était resté à la base d'Ultan avec la Team Rocket et le Seigneur Archangeos.

Mais avant de partir, Ad leur avait laissé quelques consignes. Dans leur quête pour retracer le parcours du père d'Ad, Guben Dialine, qui semblait lié de près ou de loin aux Gardiens de l'Harmonie et à la Mélodie de Vie, Ad leur avait recommandé de rencontrer une certaine Frilvia Hugerson. C'était l'épouse de feu Elias Hugerson, l'oncle d'Ad, membre du Conseil des 4 qui fut tué par Odion. Frilvia était archéologue, et avait apparemment été proche du père d'Ad dans leur jeunesse. Elle devait donc en savoir plus qu'eux à propos de la fameuse clé qui activera le Temple de la Vie, et sur cette Élue d'Arceus, destinée à chanter les paroles de la Mélodie de Vie pour rétablir l'équilibre entre Harmonie et Chaos, afin de rendre Odion mortel et d'avoir une chance de le tuer.

C'était donc Frilvia Hugerson que Kinan et Kelifa attendaient, et qui devait revenir de Sinnoh aujourd'hui. Seul petit problème : Frilvia détestait sa nièce Ad. Selon cette dernière, c'était justement à cause du fait que Frilvia était amoureuse de Guben autrefois, et qu'elle n'a pu l'obtenir. Elle haïssait donc l'épouse de Guben, Fastia, et par conséquent ses enfants. Autre souci : Frilvia était la mère de Madison, l'une des Agents du Chaos de Nathan. Madison devait savoir que sa mère rentrait aujourd'hui, ce qui expliquait l'affluence anormale de forces de sécurité. Frilvia ne serait pas forcément très enthousiaste à l'idée d'aider sa nièce qu'elle haïssait à combattre sa propre fille, donc un enlèvement en règle s'imposait.

Les passagers commencèrent à débarquer, et Kinan et Kelifa guettèrent l'arrivée de Frilvia, selon la description qu'en avait faite Ad. Mais elle aurait tout aussi bien pu se passer de description, Kinan n'aurait pas eu du mal à la repérer. Frilvia était en effet le portrait vieilli de sa fille. Les mêmes yeux violets et globuleux, la même chevelure beige avec quantité de rubans dedans. Malgré son âge, elle paraissait encore séduisante, si ce n'était la mine constamment renfrognée sur son visage. Elle portait un grand sac de voyage, dans lequel devaient se trouver les outils de travail de la bonne archéologue. Frilvia attendait au bord de la route, pour manifestement monter dans un taxi. Kinan et Kelifa se levèrent de leur table, au moment même ou un policier avisa Frilvia.

- Madame Hugerson ?

Kinan et Kelifa se figèrent. Frilvia se tourna vers l'agent.

- Oui ?

- Mademoiselle votre fille nous envoie vous chercher. Si vous le voulez bien, nous vous conduirons à elle dans les plus brefs délais.

Frilvia fronça les sourcils, suspectes.

- Et pourquoi ma fille enverrait-elle la police pour venir me chercher au juste ?

- C'est un service que nous lui rendons naturellement, fit le policier en s'inclinant. Mademoiselle votre fille est très appréciée du Premier Triumvir Lord Dialine.

- Vous pouvez répéter ça ?! S'exclama Frilvia, choquée.

Kinan comprit que Frilvia ne devait pas savoir ce qui s'était passé dans la région depuis ses deux ans d'absence. Pas même la mort de son mari...

- Si Madison s'est accoquinée avec ce déchet de Nathan Dialine, il n'y a aucune raison que je vous suive, ni même que j'aille la voir, fit Frilvia, manifestement furieuse.

- Je crains que nous devions insister, madame, fit le policier. Mademoiselle votre fille serait fort en colère, et Lord Dialine également.

Déjà, deux autres s'avancèrent vers eux. La situation ne se passait pas exactement comme prévue. Mais c'était peut-être mieux. Si les sbires de Nathan et Madison se mettaient Frilvia à dos, elle serait peut-être plus consentante à les accompagner. Enfin, pour ça, faudrait déjà qu'elle sache qui ils étaient. Dans tous les cas, il allait y avoir du grabuge. Heureusement, Kinan avait la Master Ball de Stratoreus sur lui. Guère discret comme sortie, mais rapide et sûre. Alors que Frilvia tenta de se dégager du regroupement de policier, Kelifa fit sortir son Brutapode de sa Pokeball.

Le grand Pokemon Insecte eut le temps d'envoyer balader dans l'eau deux policiers avant que les autres ne se rendent compte de ce qui se passait. Ils sortirent leurs armes, mais Kelifa avait déjà invoqué ses fouets de Don, un dans chaque main, qui pouvait au bout se diviser en cinq lanières, que Kelifa contrôlait par la pensée. En quelques claquements secs, les armes des policiers tombèrent au sol. Il ne fallut rien de plus que cette manifestation de surnaturel pour provoquer la panique général dans le port. À vrai dire, les Gardiens comptaient un peu sur ça pour la réussite de leur mission.

Kinan fit appel à son Octillery qui provoqua encore plus la panique et la confusion avec son attaque Brouillard. D'autres policiers durent arriver, à en juger par les coup de feu. Kinan grimaça. Ces idiots tiraient à l'aveuglette, en prenant le risque de toucher un civil. À travers la brume, Kinan en repéra deux non loin de lui. Il invoqua ses gants lumineux et les envoya à travers la vitre du bar d'un seul coup. De son coté, Kelifa avait réussi à capturer Frilvia, qui se débattait dans ses bras en hurlant. Kinan arriva juste à temps pour arrêter le bras de Kelifa visant à assommer leur cible.

- Non, ça ne sert à rien. On s'en va.

Si Frilvia devait les aider dans leur quête, Kinan ne tenait pas à la fâcher dès le début. Il jeta en l'air sa seule et unique Master Ball, celle qui contenait le légendaire Pokemon Stratoreus, le Roi de l'Orage. Kinan l'avait un peu capturé par hasard, dans le but de sauver sa peau et celle de ses amis. Il avait proposé au légendaire de le relâcher directement, mais Stratoreus avait préféré demeurer son Pokemon le temps qu'Odion soit mis hors d'état de nuire. Selon Maître Balterik, c'était un grand honneur, car Stratoreus l'avait jugé digne de le posséder, ne serait-ce que temporairement.

Kinan grimpa sur son long corps bleu et orageux, puis il aida Kelifa à monter tandis qu'elle soulevait une Frilvia guère consentante pour ce voyage improvisé. Derrière, le brouillard d'Octillery commençait à se dissiper, et les policiers les visèrent. Kinan leur envoya une onde de Don. Rien qui ne put les affecter physiquement, mais le Don était un pouvoir jouant sur le mental d'autrui. Ils hésitèrent les deux secondes nécessaire à Stratoreus pour s'envoler. Quand Port Oligo ne fut plus qu'un petit point tout en bas, Kinan put souffler. Ça c'était plutôt bien passé, finalement.

- Lâchez-moi ! Hurlait Frilvia Hugerson. Par Arceus, laissez-moi partir !

- Je peux vous lâcher, lui dit Kelifa. Mais je doute que vous ne partiez bien loin.

En effet, Frilvia vint de se rendre compte de sur quoi elle se trouvait, et poussa un gémissement étouffé. Un gémissement de terreur, mais aussi d'excitation.

- Dieu tout puissant... Stratoreus, le légendaire Pokemon de l'Orage...

- Ne vous en faites pas madame, il est très sympathique, sourit Kinan. Nous sommes désolés de vous avoir un peu bousculée, mais il était de la première importance que nous vous parlions.

- Mais qui êtes-vous à la fin ? Des laquais du Triumvirat ?!

- Loin s'en faut. En fait, nous sommes plutôt ses ennemis. Une savante historienne et archéologue comme vous connait sans doute les Gardiens de l'Harmonie ?

Frilvia en resta sans voix, signe qu'elle en avait effectivement entendu parler.

- Eh bien, nous vous amenons voir notre chef, le Seigneur Archangeos. Si ça avait été votre fille qui vous avait emmenée, vous auriez sans doute rencontré un Pokemon bien moins sympathique. Ce que je vais vous dire va vous paraître fou, mais c'est la vérité. Tout d'abord, il me faut vous annoncer la mort de votre mari, Elias Hugerson. Son meurtrier est celui que nous combattons. Et il est l'allié de votre fille...