Soudure, méthane et mitraillette
Je suis descendu par la lande, je suis passé devant mon bunker de la première nuit et j'ai continué sur la route faite par les Allemands jusqu'à l'estran où était échoué le porte container. Il contenait sûrement du désinfectant, mais il était gros et je ne savais pas ou chercher. Le fusil accroché par une sangle j'ai escaladé les rochers où était échoué le monstre. J'allais entrer par la cale qui était éventrée et donc accessible. Soudain alors que j'étais à côté, je remarquais une silhouette prés du catamaran, je ne vis pas précisément mais je devinai qu'il avait une arme, il était face au catamaran et semblait le fixer. Je préférai éviter le combat et me mis à couvert dans les rochers.
Quand il est parti j'ai commencé à escalader la chaine qui pendait de la cale puis j'ai débuté ma recherche. La cale contenait encore de vieux containers mais à l'intérieur il n'y avait que des morceaux de fonte, le sol était jonché des marchandises des containers: bouts de fontes, outils, lames de rasoirs, téléviseurs, téléphones, paquets de cigarettes, stylos, mais pas de désinfectant, j'aurais aimé que la recherche s'arrête là, mais non, il fallait monter en haut dans les cabines.
J'ai monté la vieille échelle rouillée, remarquant d'ailleurs que la cale du cargo présentait aussi des graffitis menaçant, têtes de morts, inscriptions etc. Le pont du navire était encore encombré de containers. Ne pouvant pas les ouvrir seul j'ai directement pris la direction de la tour.
L'entrée se situait au-dessus d'un petit escalier en fer. La porte, complètement rouillée était impossible à ouvrir, mais heureusement il y avait une vitre sur le dessus. Je l'ai brisée avec la crosse de mon arme, puis je suis entré dans un couloir qui donnait sur plusieurs cabines. Le couloir était sombre et seuls les rayons qui passaient à travers la porte l'éclairaient, j'ai regretté de ne pas avoir pris la lampe détaché la lampe de mon harpon.
Je suis entré dans la première cabine, des rattatas et rattatacs se sont enfuis à mon arrivés, il y avait un hublot qui laissait passer la lumière du jour. Il y avait une couchette superposée et une table pour tout mobilière, aucun objet personnel. Je suis passé à la suivante qui était vide aussi, c'était pareil sur tout l'étage.
Au second, beaucoup plus malsain, il faisait presque noir malgré les hublots, par terre il y avait toujours la même désolation, des bouteilles d'alcool, des objets brisés, des photos de famille parfois, de vieux papiers d'identité et surtout des corps, ils avaient les os brisés, sûrement à cause de la tempête qui avait détruit le bateau, ils avaient dû être projeté contre les murs, dans une cabine l'un d'eux était écrasée sous une armoire qui avait dû tomber sous le choc des vagues. Après être arrivé au sommet du bateau je redescendis, bredouille. J'espérais trouver mieux dans le méthanier. Je marchais, pensif, jusqu'à ce colosse de métal. Il était encore plus impressionnant vu de près, à côté des tuyaux émergents des cuves gaz il y avait une échelle, qui devait avoir été placée la pendant l'installation de ces tuyaux. Le pont était bien à 10 mètres de haut, une fois dessus je me suis immédiatement dirigé vers la tour. La porte de celle-ci n'était pas rouillée et ne me résista pas.
L'intérieur était éclairé par des néons blafards: ce bateau était régulièrement visité voire même habité. Je n'aimais pas cette idée, mais si c'tait le cas j'avais des chances de trouver ce que je voulais. Il n'y avait rien dans les cabines, soudain je vis quelque chose qui m'intéressait: la clinique du bord, marquée d'une grosse croix rouge elle était immanquable. À l'intérieur il y avait de quoi faire: toutes sortes de médicaments, pansements, désinfectants. Je pris une bouteille de "Bactericide one shot" puis m'en alla. En rejoignant l'échelle je vis deux hommes près des tuyaux, ils soudaient quelque chose, le soudeur avait une machette dans son dos et son compère lui parlait, un MP5* entre les mains. Je me cachait en attendant leur départ.
- Pourquoi tu dois ressouder ça?
- Paraît qu'un boulon a pété, mais crois-moi s'il y a une fuite c'est nous qui allons péter.
- Un boulon? et c'est pour ça qu'on s'emmerde à ressouder ce tuyau.
- Si l'alimentation en gaz du village n'est pas garantie on les bouffera crus nos cerfrousses c'est ça que tu veux?
- Pas spécialement, mais bon un boulon ce n'est pas la fin du monde.
- Les ordres c'est les ordres, t'a envie que le maitre nous exécute?
- Non pas vraiment mais si tu veux mon avis ça ne nous empêchera pas d'y rester dans ce trou merdique, on se fait décimer par les absols.
- Arrête tes conneries, s'il était là le maitre t'aurait tué pour ces paroles.
- Ouais c'est vrai, mais franchement tu crois vraiment qu'on va s'en aller d'ici un jour?
- Oui, le maitre nous sauvera, Raphaël.
- Si tu le dis...
- Mais, oui maintenant laisse-moi réparer, ce tuyau.
- Ouais, vraiment de la merde ce tuyau.
- D'accord avec toi, mais il a été construit à l'époque des premiers survivant avec du matériel rudimentaire.
- Ça pour être rudimentaire, ils sont rudimentaires... Bon attend je vais pisser.
- C'est ça va y.
L'homme qui s'appelait Raphaël s'approchait de ma position, je ne savais pas quoi faire, je tentai de m'en aller mais je fis tomber dans ma fuite une bouée de sauvetage accrochée au mur.
- Eh, Anthony, t'as entendu?
- Ouais, ce n'est pas normal, les mecs c'est vous?
- Ça répond pas, j'y vais, toi garde l'échelle.
Il s'approcha mitraillette en main. J'avançais à couvert le long du pont, mais pas d'échelle et impossible de sauter, c'était trop haut. Je me cachais derrière un chariot plein de bouteille de gaz à l'angle d'une cuve. Il passa à quelques mètres de moi sans me voir. Une fois disparu j'ai tenté de faire le tour de la cuve, mais l'homme à la machette était là et il venait de me repérer.
- Raph, arrive, c'est pas un des nôtres et il est armé.
Je fonçais vers l'homme à la machette, prenais mon arme par le canon et lui assénais un gros coup de crosse dans la figure. Il tituba un peu et je profitai de cette situation pour prendre l'échelle le plus vite possible. Une fois en bas j'entendis l'homme pester.
-Il s'est barré, tue le, il est sur la plage.
- Tu es vraiment maladroit, laisse-moi faire, je vais te l'immobiliser et on va le foutre au bunker nord.
Je ne voulais pas savoir ce qu'était ce bunker nord je courais à toute vitesse, les balles tombaient à côté de moi avec un bruit terrifiant, quand tout à coup j'ai croisé une vieille mine sous-marine à moitié enterrée, j'avais eu une idée, je suis allé m'embusquer derrière une barque en les attendant.
- Sort d'ici, t'est foutu.
- Rends-toi ou on va te chercher!- C'était exactement comme ça que je souhaitais que ça se passe.- Ok, tu l'auras voulu, on arrive.
Je les vis descendre et arriver vers moi. Je visais la mine (les mines sous-marines sont très grosses) par un trou dans la barque, une fois les deux hommes à côté je tirai, une terrifiante explosion retentit, j'avais atteint ma cible, les deux hommes avaient été pulvérisés par l'explosion, il y avait un énorme trou dans le sable. La déflagration avait été bien plus puissante que je ne pensais. Je courus en leur direction pour prendre la mitraillette puis m'en allait très vite en direction du camp.
* MP5: mitraillette