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Partie de pêche à Carmin-sur-mer. (One-Shot) de Hardcase



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Informations

» Auteur : Hardcase - Voir le profil
» Créé le 24/10/2013 à 10:11
» Dernière mise à jour le 28/04/2014 à 23:14

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Partie de Pêche à Carmin-sur-mer
Une musique douce résonnait à mes oreilles. À moitié inconscient, je gémissais:

- Oh non, je ne veux pas mourir sur cette musique.

J'entendis une voix:

- Hé Irish, tu sais quels espèces de Pokémons aquatiques on trouve à Carmin-sur-mer?

- Négatif, sergent-chef. répondit une voix plus grave que la précédente.

Je tâtonnais autour de moi et sentais avec ma main gauche un volant de voiture au niveau de ma tête et avec celle de droite, la vitre de la portière. Une sensation humide au niveau de mon bassin m'apprit que la voiture était inondée. J'avais aussi mal aux jambes. Comme des courbatures.

La deuxième voix me parla et me secoua l'épaule, me sortant de ma torpeur.

- Hé Recker, tu es avec nous? Reste avec moi, mec.

J'ouvris les yeux et tournais la tête. C'était Irish.

- Ça va, je suis OK. lui répondis-je en lui faisant un signe de tête.

Je regardais autour de moi. Je me trouvais dans une voiture retournée en train de couler.

Irish, de son vrai nom Krimble Graves, était mon équipier d'escouade dans l'Escadron Tombstone. C'était un homme d'une trentaine d'années d'origine africaine coiffé d'un bonnet. Un gilet pare-balles recouvrait son uniforme de militaire.

Le pare-brise se fissura sous la pression de l'eau. La première voix m'interpella et me félicita sur ma conduite.

- C'était la meilleure que j'ai jamais vue. ajouta-t-elle.

Je me retournais et aperçu celui qui parlait. C'était le chef de l'Escadron Tombstone, Dunn Kerenko. Il avait une trentaine d'années avec de courts cheveux bruns.

- On reste ici jusqu'à nouvel ordre. Allume cette lumière, Pac.

Le quatrième membre de l'escadron s'exécuta. C'était le benjamin, Clayton Pakowski, alias Pac.

- Shit. gémit-il.

Il semblait être au bord des larmes.

- Le siège ne bougera. Vous êtes coincé, sergent.

- Irish, répondit Dunn, la pire chose à faire dans ce genre de situation, c'est de paniquer.

- Vous me foutez les jetons quand vous parlez comme ça. Pac, aide-moi à bouger ce siège, mec.

- On coule toujours! répondit Pac qui était au bord de la crise de nerfs.

La chanson, extrêmement douce, contrastait avec la situation dans laquelle nous étions plongés.

- On va vous sortir de là, Dunn. Vous m'entendez?

- Et comment on fait? Les portes sont complètement bloquées! répondit Pac qui faisait
de gros efforts pour garder son calme.

Une secousse ébranla le véhicule. Me retournant, je vis avec horreur que le pare-brise s'était de nouveau fissuré et était sur le point de se briser sous la pression. Avec l'énergie du désespoir, nous secouâmes le siège de Dunn. Nouvelle secousse. Le pare-brise n'allait pas tarder à casser. Je me retournais à nouveau pour juger de son état et cru apercevoir la silhouette d'un Sharpedo.

Dunn, qui avait gardé son calme, malgré l'extrême gravité de la situation, dit tout à coup:

- Ce n'était pas censé se terminer comme ça, Irish.

Il marqua une pause.

- Recker...

Je me tournais vers Dunn. Il venait de sortir un revolver REX MP 412.

- ... Prends mon arme...

Nous étions les seuls à avoir gardé notre calme.

- ... C'est la tienne désormais.

Il me tendit le revolver. Je pris l'arme à feu dans ma main gauche et l'arma. J'avais compris où il voulait en venir.

- À quoi est-ce-que vous pensez, Dunn? firent Pac et Irish. À quoi est-ce-que vous pensez?

- Quand un Podeloup est pris au piège, il mange sa patte. Tire!

Le ton était neutre, quoiqu'avec une légère pointe de peur. Je le comprenais. On flippait tous lorsqu'Elle arrivait pour vous prendre.

- Négatif! Ne le fais pas! s'exclama Irish.

- Allez Recker! m'ordonna Dunn. Tire dans la vitre! C'EST UN ORDRE!

- N'Y PENSE MÊME PAS! hurla Pac qui s'était mis à pleurer.

Je me tournais lentement vers le pare-brise et pointait le revolver dessus.

- Sauvez-vous. Sortez de là. SORTEZ DE LÀ!

- C'EST DES PUTAINS DE CONNERIES, MEC! TU M'ENTENDS! protesta Irish.

- TIRE DANS CETTE PUTAIN DE FENÊTRE OU VOUS Y RESTEREZ TOUS!

Je n'avais qu'à appuyer sur la détente. Et ce serai fini. Mais Dunn se serait noyé. Et je m'y refusais en tant que soldat. On n'abandonnait pas quelqu'un sur le champ de bataille. Au dernier moment, ce précepte m'empêcha de tirer. Si je désobéissais, nous pourrions sortir Dunn, mais nous n'aurions jamais assez d'air pour remonter à la surface.

Finalement, je me décidais à appuyer sur la détente mais un centième de seconde avant, la peur se mit à m'envahir. La peur de ne pas s'en sortir. De ne pas revenir à la base. De ne pas avoir un jour une promotion. De ne pas un jour rencontrer une femme et fonder une famille avec elle. De ne plus entendre les remontrances de Dunn qui nous disait qu'on ne valait pas un fromage lors des exercices ou des parties sur le simulateur. De ne plus faire de combats Pokémons avec les autres membres de l'Escadron Misfit. De ne plus faire des paris sur les parties de flipper et de billard dans le navire où on avait été affectés. Etc...

Si moi et les deux autres, on parvenait à s'en sortir, ça allait nous faire tout drôle de ne plus être avec Dunn. Certes, on nous affecterait un nouvel équipier puisque je deviendrais sergent en respectant sa dernière volonté, mais jamais je ne pourrais le remplacer en tant que meneur. C'était prouvé. On ne changeait pas une équipe qui gagne.

Pendant un centième de seconde, toute ces choses avaient traversé mon esprit et celui de Dunn. Alors, je pris une profonde inspiration et pressa la détente du revolver.

BLAM!

Le coup de feu claqua dans l'habitacle de la voiture. Sous l'impulsion de la détente, le percuteur alla frapper l'amorce d'une cartouche du barillet qui s'était décalé d'un cran sur la gauche lorsque je l'avais armé. Le choc du percuteur contre l'amorce de la cartouche fit exploser la poudre explosive et propulsa la balle hors de son alvéole de stockage qui partit à la vitesse de 1200 km/h dans le fût du canon avant de frapper la vitre qui explosa sous l'impact.

Pac et Irish allaient m'en vouloir. Moi-même je m'en voulais pour ce choix. Mais il y avait certaines situations où il fallait se résoudre à abandonner un ami. Les larmes me vinrent aux yeux au moment où l'eau emplissait l'habitacle de la voiture.

– 14:40 minutes plus tôt –

La porte était bloquée. Haletant, je frappais la porte comme un Pokémon en cage mais elle bougea pas. J'étais enfermé dans le sous-sol d'un immeuble abandonné de la banlieue de Carmin-sur-mer. Le bâtiment était délabré. Ses murs étaient couverts de tags et de graffitis et le sol de débris et de déchets. Une odeur nauséabonde emplissait le sous-sol qui, pour couronner le tout, était inondé.

De rage, je frappais à nouveau la porte, mais ne réussissais qu'à m'endolorir la main.

Je fis volte-face et repris mon arme, un fusil d'assaut AN-94 équipé d'un viseur Kobra. Je retirais le chargeur de son logement.
Un chargeur plein. Avec les trois qui sont à ma ceinture, ça fait quatre. Si je tombe sur les mecs qui patrouillent dans les rues, j'aurai de quoi me faire un petit baroud d'honneur...
Je fus tenté d'appeler mon Pokémon, un Spectrum, mais le bruit que produirait l'ouverture de sa pokéball m'ôta cette idée de la tête.

Me secouant, je me décidais à avancer et à laisser la porte derrière moi. Je débouchais dans un couloir. Sur le haut du mur de droite, des soupiraux laissaient passer la lumière du jour. Le couloir était inondé. L'eau m'arrivait jusqu'au chevilles.
Toujours cette odeurs nauséabonde! C'est décidé, si je m'en sors, j'arrête la cigarette!
Je longeais le mur tout en restant en alerte. J'entendais dehors des militaires patrouiller. Certains avaient sortis leurs Pokémons. La tension était palpable car ils semblaient nerveux. Un événement important devait probablement se préparer.

Soudain, l'un des Pokémons s'énerva. Instinctivement, je me plaquais contre le mur. Levant les yeux vers le haut, je constatais avec horreur que le Pokémon venait de passer sa tête dans le soupirail. C'était un Malosse, un Pokémon de type feu et ténèbres, réputé pour son flair. Le pokémon idéal pour les chasses en tout genre.

Par chance, le Pokémon s'apaisa et partit. L'odeur du sous-sol venait de me sauver. Je m'accordais trente secondes, le temps que les battements de mon cœur redeviennent normal puis reprenais mon chemin.

Plus loin, le couloir bifurquait à gauche avant de faire demi-tour pour se muer en un escalier. J'arrivais dans un autre couloir, avec des fenêtres à ma gauche et des portes à ma droite.
Vaut mieux pas rester dans ce couloir. Même si l'intérieur est caché par ces tentures, il suffit d'un courant d'air et boum! Repéré!
J'ouvrais la première porte et entrais dans une pièce. Délabrée, comme le bâtiment.
À en juger par les meubles encore debout et leur disposition, je dois être dans une ancienne école. Marrant, il y a encore une inscription sur le tableau: Poésie: Jean de La Fontaine... Certains débris ont l'air d'êtres brûlés. Incendie?
J'entrais dans la pièce suivante. Toute aussi délabrée, avec un trou dans le sol en prime.
Un vacarme se fit entendre à l'étage d'en bas en même temps que le faisceau d'une lampe traversait le trou pour aller éclairer le plafond. Silencieusement, je me mis à plat-ventre. J'entendais les soldats ennemis discuter. Leurs voix avaient un accent Kalossien. Ils avaient un petit camp d'entraînement à quelques bornes de Carmin-sur-Mer.

- Alors? demanda l'un.

- Rien, répondit l'autre. Probablement un Nosferapti, y en a pleins dans l'coin.

Et ils reprirent leur recherches.

Je me relevais et me dirigeais vers la porte de gauche puis l'ouvrais. Je regardais à ma gauche dans le couloir pour voir si un ennemi y était. Personne. J'ouvrais la porte qui se tenait devant moi... et manquais de tirer sur trois Roucools qui s'envolèrent, effrayés.
Putain! Cons de Roucools! Pourvus que les mecs d'en bas n'aient rien entendus!
La pièce était vide. Le sol était tout aussi sale et trois fenêtres condamnées par des planches de bois laissaient filtrer la lumière du jour.
J'entrais dans la pièce... et me fis agripper le bras.

- Pose ça! s'exclama la personne en m'éblouissant avec le faisceau d'une lampe-torche.

Par chance...

- Damn'it, Recker, j'ai failli te tirer dessus!

... c'était Pac qui me pointait un MP-443 équipé d'une lampe-torche.

- T'as pas été suivi? (il éteignit la lampe de son pistolet).

- Non. répondis-je.

Je remarquais qu'il avait peur. Très peur. Je tentais de le rassurer mais la porte derrière lui s'ouvrit. Pac sursauta, se retourna pour mettre en joue le nouveau venu. C'était Dunn.

- Relax, Pac. dit-il. Où étais-tu fourré?

- Après que la communication ait été coupée, je me suis rendu ici avec Recker. Ils étaient de Kalos. Des Spec Ops. Un coup ils sont là, un coup ils le sont plus, à croire qu'ils savent qu'on est là et qu'ils jouent au Miaouss et au Rattata avec nous!

On le comprenait. Pac et sa famille ainsi que de nombreuse personnes avaient émigré de Kalos pour fuir un gouvernement d'extrême-droite. Si jamais nous étions faits prisonniers, ils serait exécuté comme traître à son pays.

- Respire profondément, garçon. tu as l'info?

- Ouais, ouais, je l'ai.

- Bien joué.

Il respira et parvint à reprendre son calme. Je regardais l'heure à ma montre. Onze heures quarante-cinq.

- C'est bientôt midi. Il faut qu'on rejoigne le point d'exfiltration. Où est Irish?

- Je croyais qu'il était était vous. répondit Dunn.

- Je stoppe le silence radio. annonça Pac. Tombstone 3, ici Tombstone 4, 2 et 1. Quelle est ta position?

- Tombstone 4, ils viennent par le Nord. Ça devient hardcore. Il faut que vous couvrez ma retraite!

Merde!
Je me dirigeais vers la fenêtre du milieu et arrachais ses planches.

- Bien compris, Irish. Tiens-toi prêt à sprinter car ça va péter dans tout les sens.

- Pac, dit Dunn en arrachant les planches de la fenêtre de gauche. Ramène-toi et sois prêt!

- Vous me couvrez?

La transmission fut coupée. Rapidement, j'observais le paysage alentour. C'était une rue où une petite ruelle débouchait perpendiculairement en face de sa fenêtre. Un camion et une voiture étaient stationnés de part et d'autre de la ruelle ainsi que quelques passants qui discutaient. Un poteau de ligne à haute tension gênait un peu ma vision à droite mais heureusement, Pac couvrait la droite. J'apercevais aussi les bâtiments du port de la ville à quelques kilomètres de lui ainsi qu'une ou deux grues au-dessus des bâtiments qui faisaient face à l'école.

- Ne tirez pas! nous ordonna Krimble.

Tout à coup, un bruit de vitre brisée se fit entendre. Nous vîmes alors Irish se réceptionner sur le trottoir dans une roulade avec un Démolosse et un Malosse à ses trousses. Voyant que le Pokémon Sombre préparait une attaque Lance-Flammes, Irish l'abattit d'une rafale de M240 dans la tête. Les passants, effrayés, prient la fuite en criant. Le Malosse tenta d'attaquer Irish par derrière avec une attaque Morsure. Krimble le fit passer par-dessus son épaule puis le plaqua au sol avant le poignarder avec son couteau. Pas le temps de s'apitoyer sur la mort de ces deux Pokémons, plusieurs contacts hostiles furent signalés par Pac dans le bâtiment à droite.

- Ces salauds m'ont piégés! s'exclama Irish en s'abritant derrière le camion.

Deux militaires Kalossiens apparurent aux fenêtres du rez-de-chaussée. Je réagissais au quart de tour et ouvrais le feu sur eux avec de petit rafales. Ils ripostèrent. Les coups de feu claquaient de part et d'autre de la rue.

- Dans la ruelle!

Je me mettais à l'abri et rechargeais mon AN. Je dégoupillais une grenade puis évaluais la distance et la force nécessaire pour le lancer puis la décochais sur les ennemis. Elle explosa une demie-seconde plus tard.

- Deux autres à gauche! Descendez-les! ordonna Dunn.

Je visais le premier et tirais. Touché à la jambe. Il s'effondra par terre. Le second riposta et me visa. Je me mis à l'abri pour éviter la rafale de M416 pendant que les autres se chargeaient des deux soldats. Deux rafales de une grenade plus tard, ils avaient leur compte.

- Irish! criais-je. Par ici!

Krimble ne se fit pas prier et se dirigea vers notre position.

- Donne-moi un coup de main.

Pac l'aida à escalader le mur de l'école.

- Ça va, Irish?

- Fait chier, mec. me répondit-il. J'imagine que ce lieu "sûr" ne l'est plus tellement...

Il n'avait pas tort. L'escarmouche ayant déclenché les alarmes des véhicules allait rameuter tout les flics et les Kalossiens du coin. Il ne fallait pas traîner. On se dirigea vers la porte que Dunn avait ouvert pour entrer. Dunn ne fit pas de reproches sur les deux meurtres de Pokémons qu'Irish avait commit pour nous rejoindre. La loi l'autorisait en cas de légitime défense.

– 10:40 minutes –

Nous étions sortis de l'école. Nous faisions une petite halte dans un petit bois entre des HLM afin de vérifier nos munitions. Dunn contacta notre base:

- Foretress, ici Tombstone 1, 2, 3 et 4, on a le colis. Mais on a réveillé une colonie de Férosinges. On file au point d'exfiltration.

- Bien compris, Tombstone. Helo est en chemin. Mettez votre escouade en position. Terminé.

- C'est à une ou deux bornes d'ici. dit Pac en vérifiant les munitions du chargeur de sa mitraillette.

- Sortez vos Pokémons, on ne sait jamais. nous demanda Dunn.

Je prenais la pokéball de mon Pokémon à ma ceinture et la lançait. Un Spectrum en sorti. Il était de type spectre et poison et pouvait se rendre invisible aux yeux de l'ennemi avec les quelques pouvoirs psychiques qu'il maîtrisait. Irish sortit un Magnéti, de type électrique et acier et Pac, un Herbizarre. Contrairement à Irish et moi, Pac possédait trois pokémons, un Herbizarre, un Farfuret et un Nostenfer.

Vingt mètres plus loin, nous passâmes sous le pont d'une voie ferrée avant de nous arrêter. Au delà, c'était l'ancienne zone industrielle de Carmin-sur-Mer. J'apercevais à ma gauche d'anciennes usines et à droite, des chantiers ainsi que plusieurs voies ferrées. Le pont agissait comme une frontière. D'un côté, un petit bois avec des HLM. De l'autre, une zone industrielle à l'abandon à moitié en friche et servant occasionnellement de dépotoir.

- C'est laquelle? demandais-je.

- Celle avec les deux cheminées droit devant nous. (Dunn désigna un ancien incinérateur au milieu de l'ancienne zone).

Nous nous remîmes en marche sous un ciel rempli de Goélises, d'un ciel bleu azur avec quelques cyrus et d'un soleil de midi cognant. Plus loin, alors qu'on traversait une maison en ruine, nous entendîmes un bruit de moteur à notre droite.

- Où est passée notre satanée chance? grommela Clayton.

- À couvert. Derrière les balles de caillasse. ordonna Dunn en montrant un ligne de balles de graviers à côté d'une maison.

Le bruit de moteur montait en crescendo. Rapidement, on se mit à l'abri en on attendit. Les premiers véhicules passèrent. J'en comptait un, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis six. Je commençais à me relever quand un septième véhicule arriva. Un blindé, d'après le bref coup d'œil que je pus jeter avant de me remettre à l'abri.

Brusquement, il s'arrêta et son moteur stoppa. Nous osions à peine respirer. Je risquais un œil vers Pac. Il avait toute les peines du monde à garder son calme. Étrangement, le bruit de moteur qui indiquait que la tourelle était en train de pivoter ne se faisait pas entendre. Un bruit de charnière nous indiqua qu'une trappe s'ouvrait. L'ouverture fut suivie un bruit de pas. D'après les sons qu'il ou ils produisai(en)t, il(s) se dirigeai(en)t vers l'avant du tank. Là où se trouvaient le moteur et le réservoir à essence. Nouveau bruit de charnière, il(s) avaient ouvert le capot.
Chance de merde! Ils sont en panne!
Je priais de toute mes forces que les gars envoyés pour nous exfiltrer ne nous appellent pas par la radio.

- C'est bon, c'est juste une saleté qui gêne l'arrivée de l'essence. dit l'un des occupants du véhicule. Il suffira de bourriner sur le démarreur et ça ira.

- J'appelle les autres pour qu'ils ne s'inquiètent de rien. dit un autre.

- À trois, chuchota Dunn, on attaque. Irish, ton Magnéti fera une attaque Flash. On les descendra ensuite. Un...

Un premier essai pour démarrer le tank eu lieu. Il échoua.

- Deux...

Second essai. Nouvel échec.

- Convoi blindé? Ici DCA blindée mobile deux-cinq-cinq. Nous avons calé, on arrive tout de suite.

- TROIS!

Tout se passa très vite. Le Mangéti de Krimble sorti de notre cachette et lança son attaque Flash, ce qui aveugla les occupants du tank. On sortit à notre tour avant de tirer. Les trois occupants s'effondrèrent, morts. Le dernier sortit pour voir ce qui se passait et mourut à son tour.

Pas le temps de souffler. Il fallait vite partir car les coups de feu, si brefs furent-ils, avaient très probablement alerté le convoi car la radio de l'ennemi était encore allumée. Pas question de repartir à pied, on se ferait rattraper en moins de deux.
La solution pour aller à notre porte de sortie était de prendre le tank, un LAV-25 avec une configuration DCA: le canon de 25 mm était remplacé par une mitrailleuse Gatling de 25 mm, deux rampes lance-missiles et un radar signalant les ennemis à distance.

Nous entrâmes dans le véhicule. Le véhicule se commandait à l'aide de deux manettes, une pour accélérer/reculer et une pour tourner. J'appuyais sur le démarreur. Cette fois, le véhicule démarra.
Alléluia!
Je tournais la manette de gauche vers la droite et accélérais en direction de l'usine qui grossissait petit à petit dans la lucarne qui permettait au chauffeur de voir la route.

- Tombstone, ici Firebird 2-1. Nous sommes en route. Quand serez-vous sur zone?

C'était une voix de femme qui avait parlé. C'était Helo, ou plutôt Hawkins, Sakaya Hawkins. Helo étant son surnom.

- C'est bon de t'entendre, Hawkins. On arrive. répondit Irish qui était à la tourelle. Par contre, on est dans un blindé ennemi. Ne nous tire pas dessus.

- Je vous ai en visuel. Ne me faites pas attendre!

Je levais les yeux et vis un hélicoptère Bell UH-1 Iroquois "Huey" nous dépasser.

Une centaine de mètres plus loin, Pac annonça plusieurs contacts qui venaient vers nous par la gauche.

- C'est le convoi militaire ennemi de tout à l'heure! s'exclama Krimble. Mets-toi à l'abri, Hawkins!

Le Huey prit de l'altitude pour échapper aux éventuelles roquettes.

- Accélère, Recker! m'ordonna Dunn.

- Je suis déjà à la vitesse maximale!

À peine avais-je terminé de répondre qu'un trait lumineux suivit d'un sifflement aigu frôla notre véhicule.

- Ils vous tirent dessus!

Je me mis à conduire en zigzag afin d'empêcher les tankistes ennemis d'ajuster leurs tirs. Un autre sifflement se fit entendre, suivit d'un bruit métallique, puis d'une secousse, déséquilibrant le véhicule.

- Ils vont nous retourner! Irish, utilise les lances-missiles!

- Affirmatif. Je vais les faire taire. Hawkins, trouve et marque-moi les cibles. Je ne les voit pas avec tout ces bâtiments abandonnés.

Je remis en marche le LAV-25 et repris ma conduite désordonnée.

- Cible marquées.

- Bien reçu.

Les quatre roquettes tirées partirent et frappèrent les blindés ennemis qui se tenaient devant d'une usine en ruine surmontée d'une cheminée. L'explosion provoqua son effondrement, ce qui acheva les deux tanks. Nous reprîmes en direction de l'incinérateur.

- Attention, je détecte plusieurs signatures thermiques devant vous à une cinquantaine de mètres. signala Hawkins.

Signal qui fut suivit d'une roquette de SMAW qui s'écrasa à quelques mètres de notre blindé. Je distinguais alors le reste du convoi, trois camions et un 4x4, qui nous tirait dessus. Certains soldats étaient des dresseurs car des Pokémons les accompagnaient.
Irish tira avec la mitrailleuse sur le groupe. Je fis un écart à gauche pour éviter une attaque Lance-Soleil mais trop tard, elle fit mouche, juste à l'avant, là où se trouvait le moteur.
Le moteur a des ratés. Il n'en a plus pour longtemps.
J'allumais ma radio et parlais à Hawkins:

- Hawkins, occupe-toi d'eux, je veux pas prendre de risques. La coque a souffert et la prochaine roquette ou attaque de Pokémon mettra notre tank hors-service.

- Bien compris, j'engage les cibles.

Le Huey passa au-dessus des véhicules et son artilleur déversa un flot de balles sur ses occupants. Deux missiles achevèrent le reste.

- Il reste quelques signes de vie qui se dispersent. On les a eus.

Faisant fi de l'odeur de métal et de plastique carbonisé et des cadavres, je passais en trombe entre les épaves en flammes des camions. Il ne restait plus que deux-cents mètres environs.

- Je vous retrouve sur le toit, Tombstone. Ne me faites pas attendre.

- Bien reçu, on sera là.

Il n'y avait plus qu'une centaine de mètres, quand le moteur s'arrêta. Un rapide coup d'œil sur le tableau de bord m'apprit que le réservoir d'essence était crevé.
Fais chier, on va devoir terminer à pied! Et tel que je connais Dunn, ce sera en sprintant.
Nous descendîmes du véhicule, avant de commencer, à mon grand désespoir, notre sprint en direction de l'incinérateur.

– 5:40 minutes –

Je reprenais mon souffle tant bien que mal. Le jogging, pourquoi pas? Mais pas quand on se trimbalait un gilet pare-balles plus un fusil d'assaut AN-94 de 4,75 kilos et quatre chargeurs plus un lance-grenades Milkor MGL de 5,9 kilos et à peu près quinze grenades plus un fusil à pompe Masterkey de 2,6 kilos plus un sac à dos avec un kit pour forcer les portes et une trousse premier secours plus la Pokéball de son Pokémon.

- C'est bon, y a personne. dit Pac qui avait fait un petit tour de reconnaissance.

- Très bien, on avance. fit Irish en rechargeant sa M240 et en sortant son Magnéti.

Je me retenais de demander encore quelques secondes de pause, le temps de souffler encore un peu. J'inspirais une dernière fois puis suivais mes camarades dans les entrailles de l'incinérateur.
Le bâtiment a été presque vidé de ses machines. Probablement pour êtres recyclées.
Je regardais autour de moi.
Il y a des coins sombres malgré les fenêtres le long du mur. Cet endroit ne me dit rien qui vaille. Et en plus le sol est inondé.
Je sortais ma Masterkey, plus adaptée pour les combats en milieu clos et mon Spectrum.
Il y avait des tas de débris partout autour de nous.

- Cet endroit délabré me fout la trouille. dit Pac.

- Yep, fit Irish, ça me rappelle ma chambre quand j'étais gosse.

On contourna un petit excavateur abandonné avant de tomber sur un ascenseur.

- Je crois qu'on a notre moyen d'accéder à Hawkins. fit Dunn. Si, bien sûr, ce machin a encore la force de grimper.

- On ferait mieux de prendre les escaliers, répliqua Pac, ce truc pourrait nous lâcher en plein milieu.

Je m'approchais de l'ascenseur et examinait sa marque de fabrique.

- C'est de Starter. C'est de la très bonne qualité. Ils font aussi des casseroles à pression.

- Après deux ans à pourrir dans cette ruine qui n'a put être démontée, faute de moyens financiers pour l'entretien des engins de chantier et pour la paye des ouvriers? ironisa Pac. Les escaliers sont plus sûrs, on est pas en terrain découvert comme là dedans.

Dunn trancha:

- Ça prendrait trop de temps. Les gars d'en face pourraient se ramener avec des renforts. On prend l'ascenseur, que ça te plaise ou non, Pac.

Clayton acquiesça en ronchonnant. Dunn nous demanda d'observer les alentours.

- J'espère être impressionné... ironisa Clayton.

- Ta gueule, répondis-je en chœur avec Krimble.

- Z'avez pas d'humour, les mecs.

Dunn appuya sur le tableau de commande. L'élévateur grinça et - ô miracle!- s'éleva. Mais tout à coup, alors que nous étions à mi-chemin entre le rez-de-chaussée et le premier étage , Hawkins appela:

- Tombstone, mon radar émet quelque chose!

Elle avait l'air paniquée.

- C'est pas vrai! Contact aérien hostile!

Je regardais autour de moi, en alerte. Et je le vis.

- UN REAPER! CES CONNARDS ONT RAMENÉ UN REAPER! BAISSEZ-VOUS! IL NOUS A VU!

Il était temps, à peine nous nous étions baissés que les balles commencèrent à siffler. L'ascenseur s'arrêta brusquement.

- TOUT L'MONDE DEHORS! L'ASCENSEUR VA TOMBER!

On sortit en désordre de l'élévateur qui se mit à tomber. Juste au-dessus de nous et à une dizaine de mètres de l'incinérateur, j'aperçus le Reaper.

L'hélicoptère MQ "Reaper" était un drone d'escorte de convoi. Plus petit qu'un hélicoptère ordinaire, il était armé de quatre mitrailleuses 40mm et de deux rampes lance-missiles légers. Un photorécepteur se trouvait sous son nez.

On se releva avant de se mettre à courir. Le Reaper se remit à tirer. Balles et roquettes sifflaient à mes oreilles. La plupart d'entre elles allaient frapper le mur d'en face.

- Ce tas d'ferraille va réduire l'endroit en cendres! s'exclama Irish.

- J'vous avais dit que ce serait mieux de prendre l'escalier. répliqua Pac.

- Ta gueule et cours!

Irish demanda à son Magnéti une attaque Protection. Un petit mur lumineux nous entoura, nous protégeant en partie des balles.

Brusquement, le sol se déroba sous mes pieds. Par chance, je parvint à me rattraper in-extremis. Pac m'aida à remonter, puis la poursuite reprit. La fatigue revenait.
Lâchons du lest!
Je jetais mon AN et mon Milkor. Nous montâmes un escalier qui menait à un couloir. Le couloir faisait un demi-tour avant de se muer en un autre escalier qui menait à l'étage suivant.
Le manège infernal se reproduisit. Par chance, la crasse des vitres empêchait le drone d'y voir correctement si bien qu'il devait tirer au hasard.

- Tombstone, où êtes-vous, bordel?

- Dernier étage, on arrive. répondis-je en m'abritant derrière une machine.

Le bâtiment trembla brusquement.

- Que?

- Bâtiment instable! Dépêchez-vous! Je sais pas si je pourrai attendre le(s) retardataire(s)!

Je m'élançais à nouveau. Un tas de débris surmonté d'un trou dans le plafond permettait d'accéder au toit. Je rassemblais mes dernières forces et escaladais le tas de débris et malgré mes mitaines en cuir, je me lacérais les mains sur les débris. J'atteignis le toit. Me retournant à nouveau, je vis le Huey d'Hawkins, avec un gars dans l'habitacle qui attendait avec un kit de soins pour les blessés. Je courus. Mon équipement pesait lourd et je n'avais même pas la force d'appeler mon Pokémon pour me soutenir. Je m'arrêtais à mi-chemin entre le trou et l'hélico, hors d'haleine.

- Monte à bord, Daniel! m'encouragèrent la jeune femme et le soldat. Allez, tu peux y arriver!

Lors de la course-poursuite il y avait quelques secondes, l'adrénaline et la peur m'avaient redonné des forces, mais là, j'en pouvais plus. C'était l'effort de trop. J'avais du mal à respirer. Des points noirs apparurent alors que ma vue se troublait. J'allais m'évanouir.
Non! Pas si près du but! Pas maintenant!
Au prix d'un effort qui me valut une atroce douleur dans les jambes, je me remettait à courir en direction du Huey. J'entendis Pac hurler derrière moi:

- CETTE PUTAIN D'INFO À INTÉRÊT À EN VALOIR LE COUP! SINON Y AURA DE LA CASSE!

Plus que dix mètres. Plus que neuf mètres. Plus que huit. Sept. Les points noir réapparurent. J'allais pas tarder à tomber épuisé pour de bon voire carrément dans les pommes.
Allez! Plus que cinq putains de mètres et c'est b... ! Non!
Je voulus la prévenir du danger, mais j'avais plus la force de crier. Je vis, impuissant, le Reaper surgir derrière le Huey et lui tirer dessus. En plein moteur.
Freine, putain! Freine!
Trop tard, je tournais en roue libre. J'allais m'écraser dans le Huey qui était touché et qui penchait à présent. Par chance, le bâtiment trembla, ce qui me projeta à terre. Ma tête heurta le sol, et la douleur du choc m'empêcha de m'évanouir.

- NON! HAWKINS! hurla Irish.

- RECULEZ, JE PERDS LE CONTRÔLE! nous hurla-t-elle.

Les pales du rotor principal du Huey se mirent à racler le toit de l'incinérateur. Dunn et moi reculâmes à toute vitesse avant d'être broyés par les pales de l'hélice.

- Allez, redresse-toi, saloperie! cria Hawkins qui luttait contre le manche à balai.

Au moment où les pales allaient nous couper les pieds, elle parvint à reprendre le contrôle de son aéronef et le redressa avant de prendre la fuite, sous les tirs du Reaper.
Avec un coup de Milkor, je peux aligner cette saloperie et...
Je me souvint que j'avais jeté le lance-grenades pour être plus léger. Restait le M320 d'Irish mais...

Un craquement se fit entendre. Je regardais d'où il provenait et vis l'une des cheminées d'effondrer sur le toit dans un grincement horrible. Ce fut le coup de grâce pour le bâtiment. Le toit s'effondra à son tour, suivit de l'étage inférieur. Je perdit de vue mes camarades. Je glissais au milieu d'un océan de plaques de pierres menaçants de m'écraser à tout moment. Je parvint à m'arrêter quelques secondes. J'aperçus Irish et Pac qui s'agrippaient à une structure métallique. Je tentais de les rejoindre. Malheureusement, le sol s'effondra à nouveau et je repartis en glissade sur une plaque de béton tout droit en direction d'un mur qu'elle perça comme des Legos.
Je parvins à agripper le rebord du trou de justesse.

- AAAAAAAAHHHHHHH!

Irish surgit tout à coup. Je l'attrapais au vol. Plus qu'une main nous retenait. Pac arriva et s'accrocha au rebord. Je vis tout à coup le Huey d'Hawkins surgir derrière le mur du bâtiment. Son moteur était en flammes.

- Merde! Je suis touchée!

Son Huey se mit à tournoyer doucement sur lui même.

- Je vais m'écraser! Je vais...

Le Huey toucha le sol et tournoya plusieurs fois sur lui même avant de disparaître dans un nuage de poussière. Je lâchais prise et tombais. Pac suivit une seconde après. Par chance, le Magnéti de Krimble nous rattrapa de justesse avec une attaque Vol Magnétik avant qu'on s'écrase au sol. L'incinérateur acheva de s'effondrer et la deuxième cheminée tomba dans notre direction. Juste avant de m'évanouir, j'appelais mon Spectrum et lui demandais de dévier la cheminée avec Psyko pendant que l'Herbizarre de Pac frappait la cheminée avec un Lance-Soleil. Ce ne fut pas suffisant. La cheminée se brisa et ses débris nous tombèrent dessus.

---

Je ne sais pas combien de temps je restais évanoui. En tout cas, lorsque je revint à moi, les premières paroles que j'entendis furent un magistral "Putain de merde!" lancé par Krimble. J'ouvrais les yeux. J'avais mal partout, mais aucun de mes membres n'avait l'air cassé. Le haut de mon corps était enseveli sous une petite plaque de béton, le reste sous une plaque de métal. Irish se dirigea vers moi et dégagea le haut de mon corps.

- Ça va?

- Ouais.

- Pac, t'as un signe d'Hawkins ou du soldat?

De la poussière s'infiltra dans mon nez, me faisant éternuer.

- Ils s'en sont pas sortis.

- Sors Dunn des décombres!

- Il est coincé sous les débris!

Une voix douloureuse gémit:

- Aarrgghh! Ma jambe!

- Essaie, je termine de dégager Daniel!

Et aidé de son Magnéti et de mon Spectrum, il retira la plaque métallique. Avec d'immenses précautions, je me levais, et constatais avec soulagement que je n'avais rien de cassé.
Le paysage autour de moi était apocalyptique, l'atmosphère était remplie de poussière, mêlée à la fumée de l'incendie de l'hélicoptère d'Hawkins. Celui-ci se tenait debout et ses rotors tournaient lentement, comme si il attendait qu'on monte à son bord. Une odeur de brûlé atteignit mes narines, une odeur d'essence, de métal et de chair humaine. Je vis le cadavre de la jeune femme dans le cockpit brûler et celui du soldat dans la soute. Sans ce foutu Reaper, ils s'en seraient sortis. On s'en serait tous sortis. Juste devant l'épave en feu, je vis Dunn et Pac. Dunn avait sa jambe droite coincée sous un énorme pan de béton.

- Oh, non! Oh, non! gémit Clayton. Sa jambe ressemble à une saucisse éclatée!

Il tenta de le rassurer.

- Vous allez vous en sortir, Dunn. Tout va bien se passer! On va vous sortir d'ici!

- Pac, l'essence! M'écriais-je.

Une mare d'essence qui s'écoulait du Huey prit brusquement feu, menaçant d'atteindre mes deux camarades. Irish s'approcha avec son Magnéti et agrippa le pan de mur. Mon Pokémon et moi fîmes de même. Puis nous essayâmes de soulever la plaque de béton. Trop lourde. Même le Vol Magnétik et l'attaque Psyko de nos Pokémons étaient impuissants.

- Qu'est-ce-qu'on peut faire?

Pac sorti son kit de soins et regarda un livret qu'il feuilleta en hâte.

- Le manuel dit qu'il faut...

Il marqua une pause. Ses mains se mirent à trembler. Et une lueur terrifiée s'alluma dans ses yeux.

- ... Amputer le membre. acheva-t-il d'une voix blanche.

- QUOI?

- Recker, m'interpella Dunn, j'ai besoin de ton couteau.

- Dans vos rêves sergent.

- C'est la seule solution. haleta-t-il. Un Podeloup pris au piège est capable de sectionner sa propre jambe!

Je faisais «Non» de la tête.

- FAIS-LE!

Je pouvais pas. Malheureusement, c'était la seule solution. Couper un membre ne me répugnait pas, on s'était déjà exercé à l'entraînement sur un mannequin. Ce que je craignais le plus, c'est que la gangrène se mette dans le moignon et là, c'était foutu. J'essayais de trouver du secours en Pac mais celui-ci m'intima de le faire. En tant que médecin de l'escadron, il avait autorité sur tout le monde quand il fallait opérer un blessé.

- Très bien. Très bien.

J'inspirais à fond et sortais mon couteau. Pac sorti un bandage élastique pour faire un garrot pendant que son Herbizarre préparait un Para-Spore pour endormir la douleur et pour désinfecter.

- Courage! Les os sont broyés. C'est rien que de la chair et de l'uniforme.

Je plaçais mon couteau sur la jambe juste sous le genou. L'odeur de brûlé de donnait des nausées.
À trois. Un.
Je raidissais mon bras, prêt à couper le membre.
Deux.
Un bruit de moteur se fit entendre au loin.
TROIS!
Et j'appuyais de toute mes forces contre la chair. Le sang gicla. Dunn hurla. Horrifié, je me relevais à toute vitesse et allais à l'écart.
Plus jamais! Plus jamais!
Je jetais au loin le couteau de toute mes forces, puis vomissais. Tout ce que j'avais ingurgité au petit-déjeuner.
Je me retournais. Pac prodiguait les premiers soins à Dunn.

- Aide-moi à le soutenir!

Je me dirigeais vers lui quand une automobile arriva. Une Jeep des Marins-Pompiers de Carmin-sur-mer. Son occupant descendit.

- Est-ce-que vous allez bien?

Irish répondit:

- Monsieur, vous n'êtes pas en sécurité. Il faut vous mettre à l'abri!

- Je peux aider. répondit le pompier. S'il vous plaît, je peux aider.

- Non, non, non, il faut que vous partez en vitesse. Ce truc va péter d'une seconde à l'autre. (il désigna le Huey). Barrez-vous et appelez plutôt des renforts.

- Mais...

- BARREZ-VOUS! cria Krimble en le braquant avec sa M240.

Effrayé, le pompier partit en courant. Je pris un des bras de Dunn derrière ma nuque puis je marchais avec Pac en direction de la voiture.

- Il est mort? demanda-t-il.

- Non, juste dans les vapes. répondais-je. Bon sang, Pac, c'est toi le médecin, tu devrais le savoir!

- C'était un cours de trois heures! protesta-t-il.

Une explosion nous projeta à terre. Irish se mit à plat-ventre et nous intima de ne plus bouger.

- Ce connard de Reaper cercle autour des ruines!

Après quelques secondes d'attentes...

- C'est bon, il est parti! Tous dans la Jeep! Recker, prends le volant!

Je me précipitais sur le véhicule. J'ouvris la portière. Les clés étaient sur le contact. Je démarrais la voiture pendant qu'Irish et Pac installaient Dunn à l'arrière.

- Vous allez vous en sortir, Dunn. Vous allez vous en sortir. Ça va aller, hein?

Irish me rejoignit à l'avant.

- Pleins gaz!

Je ne me fis pas prier. J'écrasais l'accélérateur et quittais cet endroit maudit avec mes compagnons qui nous avait coûté un hélicoptère, un médecin, une pilote et leurs Pokémons. Une musique de douce se mit en route.

– 1:40 minute –

Je roulais à toute allure dans un tunnel sur une route bordant la mer. Irish contacta la base et l'informa de la situation:

- Foretress, ici Tombstone, Hawkins s'est faite descendre. On a besoin d'une autre porte de sortie. Bien reçu?

- Tombstone, on vous suit à la trace. Exfiltration secondaire en route. Suivez cette route côtière en attendant instructions.

- Bien compris!

Nous émergeâmes du tunnel. Je passais la vitesse supérieure. Une vague s'écrasa contre les récifs et créa un embrun qui alla mouiller le pare-brise.

- Dépêche-toi, Daniel. Dunn va rentrer en état de choc!

La route était une départementale. Je doublais en quatrième vitesse un camion, puis une autre voiture. Mais tout à coup, au détour d'un virage...

- C'est pas vrai!

- Attention!

Le Reaper. Cette saloperie nous avait coursé jusqu'ici et s'était placé en embuscade. D'un coup de volant à gauche, j'évitais la rafale de son minigun et quittais la route pour aller sur un chemin de terre.

- C'était beaucoup trop proche! fit Irish.

- Fonce, Reck'!

- J'fais qu'ça!

La conduite sur le chemin de terre faisait déraper les roues. Par chance, la départementale ne faisait qu'un petit détour et revenait.

- Il se met en position!

La voiture arriva sur le bitume. Léger dérapage d'une demie-seconde suivi d'un autre coup de volant à gauche pour éviter une deuxième rafale.

- Ah, merde! Maintenant!

Krimble agrippa le volant. Je croisais son regard et compris on idée. Elle était totalement folle mais c'était la seule chose à faire pour riposter. J'ouvris la portière au moment où nous passions sous le drone. Il se retourna. Un coup de volant à droite manqua de me faire tomber. Par chance j'agrippais la carrosserie. Le Reaper n'allait par tarder à se remettre en position. Je me tournais vers Krimble. Il me tendit son M320.

- Défonce cet enfoiré!

Je pris le lance-grenades et visais le Reaper. Il se remettait en position de tir. Des notes de musique se mirent à sortir des enceintes de l'autoradio. Bonnie Tyler, Total Eclipse of the Heart. Il n'y avait pas une chance sur mille que ça marche. Pourtant, des miracles arrivaient parfois. Et je croyais en eux.

TOUMP!

J'avais pressé la détente. Sous son impulsion, le percuteur alla frapper l'amorce de la cartouche de 40 mm, ce qui fit exploser la poudre explosive et propulsa la balle qui partit à la vitesse de 1200 km/h dans le fût du canon.

La grenade frappa le Reaper en plein moteur. On avait réussi. On était tirés d'affaires à présent. Irish m'aida à remonter.

Je fermais la portière et repris le volant. C'est alors qu'un frisson parcouru mon dos. Le Reaper apparut dans mon champ de vision et se crasha au milieu de la route, comme si il voulait nous emporter avec lui.

J'écrasais les freins et le frein à main. Surtout, ne pas braquer, sinon, on finissait dans le décor. Je regardais l'aiguille du compteur. Il fallait une certaine vitesse pour tourner rapidement sans déraper et sans perdre de vitesse.
Encore un peu. Encore un tout petit peu. Maintenant!
Je tournais mon volant vers la gauche et je parvins à éviter de justesse le drone en flammes. Malheureusement, ce fut le moment que choisirent les roquettes et l'essence pour exploser. Le souffle de l'explosion projeta notre véhicule en l'air. Tout se mit à tourner, le ciel devint mer, la mer devint ciel. Pendant une seconde, nous fûmes en apesanteur. Et puis la gravité nous rappela. La voiture retomba et plongea dans l'élément liquide, avec nous à son bord.

---

L'eau avait rempli l'habitacle de la voiture. Je jetais un dernier regard à Dunn. Il avait fermé les yeux et semblait dormir. Elle l'avait pris sans souffrances.
Dormez-bien, sergent.

J'abandonnais derrière moi la Jeep et nageais en direction de la surface. L'eau était glacée. Heureusement, je voyais l'ombre une vedette qui venait pour nous repêcher.

J'émergeais, suivis de Pac et Irish. Immédiatement, j'inspirais de l'air. On attrapa une corde qu'on nous tendait. Des marins de Foretress, ou plutôt, du Destroyer le Walkyrie. Des mains nous saisirent et nous mirent sur des brancard puis nous conduisirent dans l'entrepont puis dans l'infirmerie. C'était fini.

Du moins, pour l'instant. À présent, j'étais sergent. Je dirigeais l'Escadron Tombstone. Et il fallait que je fasse un rapport sur la mission. Il fallait aussi que je me prépare psychologiquement aux regards noirs de Pac et Irish dans mon dos et à accueillir le nouveau. On nous retira nos uniformes et nos gilets pare-balles. Je tournais la tête. L'un des marins se tenait devant moi. C'était le médecin de bord. Il prit un sac et l'ouvrit: c'était une couverture de survie en laine de Wattouat. Aidé d'un Kadabra qui me souleva avec ses pouvoirs psychiques, il m'enveloppa de cette couverture. Elle était chaude. Je cessais de grelotter.

- C'est fini. Vos copains vont bien. Ils s'en sortiront. Dormez à présent.

Avec le trajet d'aller, on avait peu dormi. Je me laissais aller. Mes paupières s'alourdirent. Juste avant de sombrer, les dernières paroles de Dunn me revinrent en tête.

- Quand un Podeloup est pris au piège, il mange sa patte. Tire!

Et les protestations d'Irish.

- Négatif! Ne le fais pas!

Et de Pac:

- N'Y PENSE MÊME PAS!

Incapable de retenir mes larmes, je me mettais à pleurer. Puis je sombrais dans un sommeil sans rêves.

OOOoooOOO

Pendant ce temps, au centre de commandement des armées de Kanto, un téléphone sonnait dans le bureau du chef des armées.

- Allô?

C'était le capitaine du Destroyer Walkyrie.

- Mon général, Tombstone a récupéré l'info.

- Et?

- Les Kalossiens seront fidèles au nouveau Maître de la Ligue Pokémon, Black. Ce qui confirme vos rapports venus d'Unys.

L'homme sembla lire une pointe d'amertume dans la voix du capitaine. Amertume qui se confirma lorsqu'il appris que...

- Le sergent-chef Dunn Kerenko est mort.

- Le sergent-chef Dunn Kerenko serait-il mort pour quelque chose que nous savions déjà?

- Oui, monsieur.

L'homme soupira. Il compatissait pour cette perte. Dunn était un soldat sérieux et très compétent. Il était irremplaçable. Malgré tout, il fallait donner un nouvel équipier aux Tombstone. Il demanda:

- Qui est le nouveau chef?

- Le caporal Daniel Recker. Kerenko lui a donné son revolver.

Nouveau soupir. Puis il se reprit.

- Vous avez vos ordres, capitaine?

- Affirmatif.

Il raccrocha.

Sur le Walkyrie, le capitaine donna ses instructions:

- Bien, avançons vers les côtes d'Unys. Contactez la vedette. Dites-lui de nous retrouver à minuit au point D-Z avec le porte-hélicoptères le Titania.

- Bien, monsieur.

Le Destroyer changea de cap, et prit la direction des côtes d'Unys.


NDLA: Je vous conseille Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler pour la musique d'ambiance au début.