Chapitre 5 : A bout de souffle
Deux semaines plus tard...
Le groupe de Pokémon marchait déjà depuis un peu plus de trois semaines, et la fatigue commençait à se faire sentir...
Sur deux cent pokémons, ils en restait cent soixante dix. La plupart furent perdus lors de tempêtes et d'autres au bord de l'épuisement furent laissés sur place suite à leur demande, bien que Polagriffe se soit battu pour ne pas avoir à les laisser. Certains enfant avaient perdu leurs parents ainsi. Ce n'était pas le cas de Polarhume, il devait s'en réjouir, mais s'il les perdait durant la semaine qu'il restait ?
Il cessa immédiatement de penser à cela et se remit plutôt à repenser au rêve qu'il avait fait deux semaines auparavant. Depuis, il n'avait plus eu de communication télépathique de Kyurem. Lui avait-il tout dit ? Polarhume avait pourtant si peu d'informations... Surtout concernant le second élu. Pour la première fois de sa courte vie, il était réellement inquiet. Comment allait-il disparaître du groupe à leur arrivée ?
Tout en réfléchissant, il avançait, les pattes toutes gonflées après de nombreux et harassants jours de marche. Plus personne n'avait le cœur à parler lors des maigres repas du soir, même pas Polagriffe ou le roi Hexagel. Ils s'étaient eux aussi absentés d'une telle ou telle conversation. Quand ils parlaient, c'était pour annoncer le nombre de semaines ou jours restants.
Une des rares bonnes nouvelles des deux semaines à marcher fut que l'eau n'était plus en dessous de leur pied, mais une base solide et bel et bien rocheuse. Il n'y avait donc plus aucun risque que la glace se décroche. Oniglali n'était plus tellement sur le qui-vive et les Pingoleon pouvaient se reposer. Tout le monde était à bout moralement et physiquement, et pourtant, il restait une semaine. Une semaine de marche intensive et ensuite s'achèverait leur migration vers le pôle.
Le soir venu, ils mangèrent tous, en silence, chacun son poisson. Il avait été décidé, puisque l'eau n'apparaissait plus, de faire des réserves et de se les partager.
Cependant, la pêche n'ayant pas été très fructueuse, seulement une dizaine de sacs en peau de Mammochon pouvant contenir une centaine de poissons furent remplis.
Ils en avaient encore pour 7 longs jours et un sac se vidait par repas. Chacun avait donc un poisson par jour.
Une très faible ration quand on a un corps de deux cent soixante kilos à traîner tout le long de la banquise pour le cas des Polagriffe.
Heureusement, les enfants n'étaient pas touchés par ce phénomène de la famine, leur corps étant relativement petit et donc pas besoin de plus d'un poisson pour le nourrir.
Mais Polarhume voyait bien la détresse des adultes, et notamment des plus costauds d'entre eux, qui avaient plus de mal à résister que leurs confrères moins forts.
Le groupe s'endormit encore une fois avec le soleil en haut du ciel, depuis le début du cycle de jour.
Ils firent ainsi le lendemain et le surlendemain pendant une semaine. Aucune tempête ne frappa le groupe cette semaine ci, et ils arrivèrent sans encombre au pôle. Dès que Polagriffe leur annonca qu'ils étaient enfin arrivés, il n'y eu aucun cri de joie, mais beaucoup de soupirs, de pleurs de joie, et d'écroulement total. Le groupe était épuisé, si bien que marcher une journée de plus aurait été pour eux le coup fatal. Il restait trois quarts des Pokémons du groupe. Cinquante avaient tout de même été perdus en chemin, aucun n'était mort devant le groupe bien heureusement, mais on peut supposer que ceux qui ont été abandonnés le soit à présent.
Polarhume dormit quelques heures. Quand il se réveilla, l'heure indiquait que c'était le soir, mais il faisait toujours aussi clair sur la banquise. Le soleil était même encore plus haut que quand il se trouvait sur l'ex-littoral de l'Antarctique.
Tout le groupe dormait, les adultes mieux que les enfants, Polarhume ne se demandait même pas pourquoi, il savait la réponse. Il marcha donc d'un pas léger pour s'éloigner doucement du groupe puis se laissa tomber et regarda l'horizon pendant plusieurs heures. Il aperçut à un moment un petit point noir à l'horizon, puis plusieurs jusqu'à former une véritable file indienne de points noirs. Polarhume se leva, et alla chercher en urgence Polagriffe qui dormait encore. Ce dernier se réveilla bougon :
- Mhh... Qu'y a t-il petit ?
- Des points noirs se rapprochent de nous à l'horizon !
- Ah, serait-ce... ?
Polagriffe se leva d'un bond et partit regarder ces points noirs. Il se mit à marmonner :
- C'est bien eux ! Mais... je ne m'attendais pas à ce qu'ils arrivent si tôt. La fonte serait-elle encore plus rapide que ce que nous pensions ?
Polarhume l'observait se parler à lui même d'un ton inquiet. Le chef du groupe lui fit remarquer que le groupe des Dimoret arriverait en fin de matinée au campement. Il s'attacha alors à réveiller tous les Pokémons et à les activer pour recevoir les Dimoret qui sans doute, devaient être dans le même état que le groupe de Pokémons la veille...