Gardiens de l'Harmonie T.1 : La mélodie de vie de Malak

Nathan était en train de manipuler un cerveau. Au sens propre du terme. Un homme de la Garde Gouvernementale qu'il avait prit comme cobaye était allongé sur une table d'opération, tandis que Nathan lui creusait la cervelle. C'était assez répugnant, il devait l'avouer. Sans doute qu'un taré comme Odion y aurait pris plaisir, mais pas lui. Il était un homme distingué, et travailler la matière cérébrale d'autrui n'était pas dans ses habitudes.

Pourtant, seul lui pouvait mener à bien son expérience. Le Seigneur Diavil lui avait transmis mentalement ce qu'il fallait faire. Nathan retira des portions de cerveau et y ajouta des tiges métalliques à certains endroits. Ce qu'il était en train de faire se nommait "hémalurgie". Une science noire combinée avec les sombres pouvoirs du Seigneur Diavil, afin de créer des humains surévolués. Des humains qui n'auraient plus rien d'humain, bien sûr. Ce seront des espèces de zombies. Mais ils deviendront le fer de lance de Nathan. Si l'expérience fonctionnait sur cet homme, Nathan comptait faire de même pour toute la Garde Gouvernementale.

Nathan prit une autre de ces tiges métalliques ayant baignées dans le fluide que Nathan avait préalablement conçu. Un mélange de sang radioactif stimulé par des ondes psychiques. Puis il planta la tige dans le cervelet. L'homme, bien qu'inconscient, eut un spasme. Il ne restait plus que trois tiges. Deux devaient être enfoncés dans les yeux, et la dernière sur la nuque. Mais avant qu'il n'approche la prochaine tige de l'œil droit, Madison entra dans la salle d'opération. Elle avait l'air passablement sur les nerfs, mais se figea quand elle vit ce que faisait son cousin.

- Que... Mais qu'est-ce que tu fous ?!

Nathan stoppa son geste pour faire rentrer la tige dans le globe oculaire du cobaye. Madison n'avait que treize ans.

- J'expérimente, très chère. La science ne cesse de progresser. Les possibilités aussi.

- Mais tu... C'est un cadavre, n'est-ce pas ?

- Oui et non, sourit Nathan. Il était vivant quand j'ai commencé bien sûr. Le but est de le transformer en corps capable de bouger et de réfléchir, tout en l'affranchissant de ces choses agaçantes que sont la peur, les blessures et la mort.

- Un homme immortel ?

- En un sens. Mais pas seulement. Vois-tu, les tiges de métal que je lui ai mises dans le cerveau vont servir à stimuler des ondes psychiques tout à fait remarquables. Si ma théorie se confirme, ces êtres seront capables de contrôler les Pokemon sauvages. Un peu comme toi tu le fais avec tes illusions, sauf qu'il s'agira là d'un contrôle psychique auquel ils ne pourront échapper. De plus, ils ne souffriront pas de limite de nombre. Un seul de mes super-soldats pourra contrôler toute une armée de Pokemon à la fois. Il faudra que je leur trouve un nom sympa...

Madison fronçait les sourcils, dubitative, et aussi un peu effrayé.

- Pourquoi faire ça ? Si l'on veut contrôler les Pokemon sauvages, autant les capturer non ?

- Mais ça serait une perte de temps inimaginable, répliqua Nathan. Alors qu'avec ma méthode, j'aurai la possibilité de contrôler tous les Pokemon non capturés de la région en quelques mois. Ces idiots d'Akenvas et de Sochenfort nous ont sans doute mis à dos tous les dresseurs de Naya. Il nous faut donc trouver une armée pour les contrer. Et par chance, il y a bien plus de Pokemon sauvages à Naya que de Pokemon appartenant à des dresseurs !

- Mais bien moins puissants et expérimentés qu'eux.

Nathan ricana.

- Ah oui, j'oubliais que je parlais avec une dresseuse. Mais en l'occurrence, le nombre sera plus important que la puissance. Grâce à cette armée de Pokemon, je vais envahir toutes les villes qui s'opposeront à moi. La rébellion des nobles et des dresseurs sera vite étouffée dans l'œuf. Au pire, je pourrai toujours leur envoyer Odion. Il a hâte de se défouler.

Madison se répondit pas, et Nathan lut la répulsion dans son regard.

- Tu n'es pas d'accord ?

- Ce type est dangereux, Nathan. Je ne pense pas que tu puisses totalement le contrôler. Et je n'ai aucune envie qu'il continue à tuer des gens en masse.

- Ah oui, la guerre est cruelle, soupira Nathan avec une voix de fausset. Mais si quelques-uns doivent périr pour que des millions vivent mieux, ça me va. Et ne t'en fais pas pour Odion. Il a une grande gueule, mais je suis plus puissant que lui.

- Comment pourrai-je le savoir ? Tu ne nous as toujours pas montré le pouvoir que tu as eu du Seigneur Diavil...

- L'ignorance entretient la méfiance. La méfiance entretient la peur. La peur entretient la loyauté. Sache juste que je ne suis pas le chef des Agents du Chaos pour rien... Maintenant, si tu veux bien me faire savoir l'objet de ta visite ?

Le visage de Madison redevint ce qu'il était quand elle était rentrée.

- Laisse-moi me lancer à la poursuite d'Ad.

Nathan soupira.

- Non. Tu as eu ta chance.

- Je me suis alliée avec toi uniquement pour pouvoir la ridiculiser ! S'emporta la jeune fille. Elle m'a trop souvent humilié ! Je vais lui faire payer ! Je vais...

Nathan secoua la tête. Madison était une fille intelligente, mais dès qu'on parlait de Ad, elle perdait totalement ses moyens. Qu'est-ce que sa sœur avait pu bien lui faire pour que Madison la haïsse autant ?

- On a plus besoin de la pourchasser, tu comprends ? Je craignais qu'ils ne soulèvent le peuple contre nous, mais ils vont sans doute se cacher, vivre dans la clandestinité. Et même s'ils soutiennent la rébellion de Narek, on les écrasera en même temps que lui. Le temps joue contre eux. Soit ils se montrent et on les massacre, soit ils se cachent et nous finirons par les trouver une fois la région totalement soumise.

Madison réfléchit un moment, puis demanda :

- Pourquoi fais-tu tout ça ?

- Tout ça ?

- Quel est ton but, Nathan ? Tu dis vouloir dominer la région entière, mais en tant que Premier Triumvir, tu le fais déjà légalement. Tu veux la fin d'Archangeos et de ses Gardiens, et il suffit pour cela que tu envoies Odion à leur rencontre, mais tu t'y refuses. Que recherches-tu réellement ?

Nathan fut d'abord étonné par cette question, au point de ne pas savoir quoi répondre. Puis il déclara :

- Je suis un serviteur du Seigneur Diavil. Je ne fais qu'accomplir ses désirs. Et il veut une région qui lui soit entièrement dévouée. Il ne suffit pas que je règne légalement sur Naya, Madison. Les gens ne sont pas prêts à embrasser la cause du Chaos. Je dois les y amener peu à peu. Et puis, quand toute la région sera soumise au Seigneur Diavil, nous nous lancerons à la conquête d'une autre, j'imagine. Puis d'une autre, et encore d'une autre, jusqu'à que le monde entier soit sous contrôle des Agents du Chaos.

- C'est ce que veut le Seigneur Diavil ? Dominer le monde ?

Nathan réfléchit à comment il allait lui expliquer ça.

- Pas exactement. Le Seigneur Diavil veut la propagation du Chaos. Il oppose le désordre à l'ordre. Il pense qu'un monde régulé, ordonné, ne nous permet pas d'évoluer, et ne fait que rapprocher les gens entre eux, alors que les forts doivent obligatoirement se distinguer des faibles. Ce n'est que dans le chaos le plus total que nous atteindrons notre plein potentiel. Lorsque notre vie est bouleversée, que nos jours sont constamment comptés, l'humain fait alors preuve d'une capacité extraordinaire. C'est ça, la vraie force. Vivre dans un monde en ligne droite où rien ne change, où tout est en sécurité, ne fait que plonger les hommes dans la paresse et rend leur vie inutile. C'est le déclin de l'humanité. Et pas seulement pour les humains. Cela concerne aussi les Pokemon. Cette si parfaite harmonie que défendent si ardemment Archangeos et les Gardiens ne nous conduira qu'à la régression !

Nathan se rendit compte qu'il commençait à s'enflammer en discourant ainsi. Mais ça ne le dérangea pas. Il n'avait que peu l'occasion de faire part de sa vision du monde à d'autre personnes, et Madison avait l'air captivé.

- J'ai constaté ça quand je suis entré en politique, poursuivit-il. Le monde est morne. Terriblement morne. Les gens sont las de ces vies absurdes. La société et l'ordre sont un peu comme une cage dorée pour nous. On s'y croit bien, mais on se leurre. Ce que nous désirons tous au fond de nous, c'est la chute de ces institutions débiles. Nous voulons revenir à un mode de vie plus simple, plus libre, basé sur nos propres actions et notre propre force, sans que rien ni personne ne puisse nous dire « vous n'avez pas le droit ». Et pour parvenir à ce monde là, il nous faut démolir l'actuel. Faire tomber les règles qui nous enchaînent. Faire tomber cette morale artificielle, qui comprime nos justes et réels sentiments. Il ne doit subsister que le désir. Le désir de chacun à faire ce qu'il veut. Et nous n'y parviendrons que par le chaos. Voilà ce que veut le Seigneur Diavil, cousine. Il veut seulement que nous soyons ce que nous sommes, sans contrainte pour nous retenir.

Au bout d'un moment, Madison eut un léger sourire.

- Eh bien, j'avoue que je suis surprise. Je ne m'attendais pas à un tel déballage idéologique et philosophique. Je pensais juste que tu étais un de ces connards assoiffés de pouvoir et d'idées de dominer les autres.

- Je hais le pouvoir, Madison. Aucun homme ne devrait pouvoir dominer un autre sous prétexte de simples lois. La seule forme de domination possible est celle de sa propre force.

- Bizarre d'entendre ça de l'homme le plus puissant du pays...

- Je ne fais que me servir de ce pouvoir pour atteindre le monde idéal du Seigneur Diavil. Mais oui, je suis en réalité un anarchiste, car je sers le Chaos. Et le salut de ce monde ne pourra passer que par le chaos. Afin de...

Mais Nathan fut soudain arrêté par un tremblement qui se fit ressentir à cet étage même du Centre Général. Il y avait des bruits sourds qui provenaient de dehors. Et l'alarme du Centre Général se mit à sonner. Nathan se rendit dans la salle de contrôle, suivie de près par Madison.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il aux techniciens.

- On nous attaque, monsieur !

- Narek ? S'étonna Madison. Je le croyais à Crepiten !

- Ce n'est pas Narek, siffla Nathan.

L'écran de contrôle montrait un Pokemon géant qui survolait la capitale en tirant plusieurs attaques sur les canons de défense de la ville. Un Pokemon bleu et filiforme. Stratoreus, le Pokemon de l'Orage. Il était escorté par une dizaine d'appareils armés de la Team Rocket. Et sur son dos, il y avait...

- C'est elle ! S'exclama Madison. Elle a osé !

Nathan avait bien reconnu la chevelure rose de sa sœur. Et il y avait avec elle ce gamin là, Kinan Denteks. Ad tenait un arc lumineux qui paraissait sortir de son poignet, et tirait avec une précision redoutable sur les troupes de sécurité au sol. Leur destination ne faisait aucune doute : ils visaient le Centre Général. Nathan se maudit de ne pas avoir repéré le Don d'Adélie avant son arrivée. La petite garce l'avait sans doute caché au maximum. Mais qu'est-ce que cette folle voulait bien faire en attaquant de la sorte ?! D'autant qu'ils n'étaient que deux Gardiens...

Puis la réponse se fit claire. Ils voulaient la Rocket. Ce qui expliquait qu'ils s'étaient alliés avec des membres de cette organisation maudite. Stratoreus lança une attaque Hydrocanon en plein sur le bâtiment du Centre Général. Nathan s'accrocha à une rambarde pour ne pas tomber. Damné Pokemon Légendaire ! Nathan n'avait pas prévu qu'il attaque si tôt. Les défenses n'étaient pas prêtes... C'est à ce moment qu'Odion déboula dans la salle, un sourire sadique étirant son visage pâle et rempli du sang de la Rocket qu'il ne cessait de torturer.

- J'ai sentit le Don de Geran ! S'exclama-t-il. C'est lui, tout ce bazar ?

- Ce n'est pas Geran, mais ma sœur, répliqua Nathan.

- Je m'en contenterai. Cette gamine m'a trop souvent échappé...

- Je vous prierais d'être assez aimable pour me laisser m'en occuper, coupa Nathan d'un ton froid. Si vous voulez, vous pouvez tuer le garçon qui l'accompagne. Ou Stratoreus. Ou qui vous voulez, mais laissez-moi Ad.

- Elle est à moi Nathan, fit sombrement Madison.

- En l'état actuel des choses, tu ne peux rien contre elle. Mais ne t'inquiète pas. Après l'avoir soumise, tu auras le droit de la tourmenter. Prends plutôt une escouade de la Garde Gouvernementale et protège notre prisonnière. Elle est sûrement leur but. Ma sœur, elle, ne perdra pas une occasion de me rendre une petite visite. Je ne la connais que trop bien...


***


Kinan se demandait comment Ad faisait pour se tenir debout sur Stratoreus en plein vol, sans s'accrocher à quoi que ce soit, et en plus en tirant à volonté avec son arc de lumière. Lui, il était sur le point de chuter du dos de Stratoreus à chaque seconde. Il ne pouvait que s'accrocher de toutes ses forces à ses écailles. Il aurait bien aimé empoigner sa crinière, mais elle était en fait uniquement faite de nuages électriques. Les tirs de canons, ou même parfois de lasers, pleuvaient autour d'eux. Ils avaient peut-être pris les défenses d'Odipolis de vitesse, mais c'était différent pour celles du Centre Général.

Le siège du Triumvirat avait son lot de défenses aériennes, tout autour de lui, et à plusieurs étages. Si le but avait été de le faire s'effondrer, ils auraient déjà fini. La puissance des tirs d'Hydrocanon de Stratoreus était affolante, et puis ils avaient aussi la puissance de feu des appareils Rockets. Mais non, le but était de s'y approcher suffisamment pour pouvoir y entrer et libérer Kelifa. Aussi Kinan et Ad avaient bien plus à craindre ce qui se trouverait à l'intérieur de l'immeuble qu'à l'extérieur.

Leur arrivée avait vite provoqué le chaos dans la ville. Les gens couraient et hurlaient, terrifiés. Plus par les Gardiens que par Stratoreus ou la Team Rocket, à vrai dire. Nathan Dialine leur avait tellement lobotomisé la cervelle avec ses avis de recherches que quasiment tout le monde à Naya considérait les Gardiens de l'Harmonie comme des tueurs fous psychopathes. Sans doute là devaient-ils penser que les Gardiens tentaient de conquérir la capitale avec l'aide d'un Pokemon Légendaire déchaîné et d'une team hors-la-loi bien connue. Les apparences jouaient un peu contre eux.

Les échanges de tirs contre le Centre Général doublèrent d'intensité au fur et à mesure qu'ils approchaient. Trois vaisseaux Rockets avaient déjà été abattus. Mais ils n'arrivaient toujours pas à s'approcher suffisamment pour rentrer. Et pire, une silhouette sombre et volante était sortie d'une des fenêtres du Centre. Kinan n'eut pas trop de mal à reconnaître l'ombre ailée qu'était Proscuro, avec Odion sur son dos, ses yeux aciers brillant d'une lueur gourmande. Il leva la main.

- Ton Don au maximum, vite ! Ordonna Ad.

Kinan se détacha une main des écailles de Stratoreus pour y faire ressortir le plus possible de Don. Il alla rencontrer celui d'Ad, bien plus puissant que le sien, pour se transformer en un bouclier transparent de lumière. La Déferlante de Mort projetée par Odion se cogna contre le mur de Don, et les deux énergies opposées s'annulèrent. Alors, Ad eut une de ses idées un peu folles que détestaint tant Kinan.

- On ne peut pas lutter contre ce type comme ça. Stratoreus ! Lancez-nous sur l'immeuble, puis éloignez vous le plus possible d'Odion ! Il ne pourra pas vous suivre si vous montez assez haut.

Avant que Kinan n'ait pu faire savoir son opposition, le Pokemon Légendaire se cabra et délogea Ad et Kinan de son corps en les envoyant valser d'un revers vers l'immeuble du Centre Général. Ad brisa une vitre et se réceptionna à l'intérieur avec grâce. L'arrivée de Kinan fut bien moins maîtrisée. Au moins eut-il la bonne idée de tomber sur l'un des gardes armés qui visaient Ad avec son pistolet. Ad libéra immédiatement ses trois Pokemon, et réinvoqua son arc. Avec le Don poussé à fond, elle troublait assez les gardes pour les faire hésiter, ce qui lui donna le temps de s'en débarrasser avant même que Kinan n'appelle ses propres Pokemon.

- Va chercher Kelifa, ordonna Ad.

Kinan avait peur d'Ad quand elle était ainsi. À chaque fois qu'elle se battait, sa personnalité habituellement froide et ironique se transformait en quelque chose d'aussi tranchant qu'une épée, et ses yeux reflétaient férocement son envie d'en découdre. Aussi Kinan ne lui aurait désobéit pour rien au monde, sauf que...

- Mais... Je ne suis jamais venu ici. J'ignore où la chercher !

- Il va te falloir encore longtemps pour te rendre compte que tu n'es plus un humain ordinaire ? S'impatienta la jeune femme. Tu es un Gardien de l'Harmonie ! Tu possèdes le Don, et Kelifa aussi. Tu peux facilement la repérer avec. Je la sens d'ici !

En effet, quand Kinan attisa son Don, il ressentit celui de leur camarade. Faible, mais facile à suivre. Sauf que d'un coup, il sentit un autre Don. Un Don bien plus puissant que celui de Kelifa. Une tempête lumineuse et sauvage qui donna des frissons à Kinan.

- Que... Qui est-ce ?

Les yeux dans le vague, Ad aussi examinait ce nouveau Don à distance. Elle aurait pu contempler le sien, mais en plus violent.

- Nathan...

- Comment ça se fait ? S'étonna Kinan. C'est aussi un Gardien ?

- J'avais le Don avant d'être Gardienne, lui rappela Ad. Apparemment, je n'étais pas la seule de la famille... Mais ça ne change rien. Va sauver Akenvas. Moi, je vais toucher deux trois mots à mon grand frère adoré...


***


Il se passa une heure entre la fuite d'Ad et Kinan et le moment où le reste des Gardiens remarquèrent leur absence. Il n'en fallu pas plus à Balterik pour deviner où s'étaient rendus leurs deux plus jeunes confrères.

- Ces jeunes inconscients ! Soupira-t-il. Est-ce une tare de la jeunesse que de ne pas pouvoir rester en place ni suivre les ordres ?

- Non, c'est juste une tare des idiots, répondit aigrement Spyware, qui n'avait pas vraiment plus qu'Ad question âge.

- Nous ne pouvons pas leur en vouloir de tenter de sauver l'une des leurs, commenta Archangeos. La valeur d'une vie est sacrée aux yeux des Gardiens de l'Harmonie.

- Au point de sacrifier la notre sans avoir rien accompli ? Demanda Spam. Ils ne peuvent pas, à eux deux, vaincre le Triumvirat sur son propre sol !

- Ils ne sont pas seuls. Il y a l'ami Stratoreus avec eux, ainsi que la plupart des Rockets de la base.

- Mais ça reste de la folie, insista Spam.

- Seigneur Archangeos, intervint Geran, vous savez à tout moment où sont vos Gardiens de l'Harmonie. Pourquoi ne pas les avoir arrêtés ?

L'ange Pokemon battit des ailes.

- Cela aurait causé plus de mal que de bien. Ils brûlaient d'envie d'y aller. Je l'ai senti dans leur Don. Si je m'étais avisé de les retenir ici, j'aurai bridé à jamais la confiance et le respect qu'ils peuvent porter à notre cause. Et puis... j'ai confiance en Adélie Dialine. Ce n'est pas une humaine comme les autres...

- Mais elle deviendra un cadavre comme les autres si nous ne l'aidons pas, dit Spyware.

- Elle a raison, approuva Killian. On ne va pas laisser ces deux gamins s'amuser tous seuls non ? Sus au Triumvirat, par Arceus, et par le dieu du rock'n'roll !

Archangeos appela pour eux tous plusieurs Pokemon Vol qui se trouvaient sur l'île. Geran monta sur le sien, un puissant Etouraptor, avec sa main droite qui le démangeait d'empoigner son épée. Geran n'avait pas pour habitude de désobéir aux directives du Seigneur Archangeos, mais si Ad lui avait demandé, il serait venu avec elle. Il se sentait d'ailleurs un peu vexé qu'elle ne l'ait pas fait, surtout après ce qu'ils avaient vécu dans le Verger. Doutait-elle de ses capacités ? Ou alors elle ne lui faisait pas encore confiance ? Quoi qu'il en soit, Geran était troublé. Parce qu'il savait qu'il ferait à chaque fois passer cette jeune femme aux cheveux roses avant sa mission ou Archangeos. Pour lui qui s'était toujours voulu le plus digne et honorable des Gardiens, c'était un rude coup. Il ne se l'expliquait pas. Adélie Dialine était l'une de ses personnes qui parvenaient à nous obliger à la suivre jusqu'en Enfer sans rien faire ou sans rien dire.