... ceux qui se concertent. [7]
Les nuages cachaient les étoiles, privant le monde de leur bienveillant éclat. Serais-ce un mauvais présage ? Irisée resta de longues secondes à regarder le ciel, à travers la fenêtre de son sombre bureau. Bien sûr, elle pouvait allumer la lumière, mais elle ne le fit pas. Chaque soir, la seule brillance qui l'intéressait était celle des astres. La lumière artificielle n'avait aucunement sa place ici, dans ce bureau.
« La lumière... ne me parvient pas aujourd'hui... »
La championne soupira. Il n'y avait vraiment aucune étoile en vu, juste un énorme nuage noir menaçant. Epuisée, elle se plongea dans ses papiers. Des rapports sur la pollution, de nombreuses personnes qui continuaient de jeter leur détritus à même le sol, ignorant le système mis en place... mais aussi des rapports sur l'état des infrastructures qui se dégradaient naturellement au cours du temps. Donblonville est grande, immense même. Maintenir une parfaite propreté était une illusion, mais c'était une illusion en laquelle Irisée croyait réellement. Croire, réaliser. Pour la championne, l'un n'allait pas sans l'autre.
Irisée fixa la porte de son bureau. Plus tôt dans la journée, elle s'était refermée en un grand fracas. Ivy était venu la voir, un problème avec les jumeaux Ciel il semblerait. Lann et Lynn Ciel, on ne pouvait rien faire pour eux, pas dans les conditions actuelles. Edouard Ivy ne l'entendait pas de cette oreille : "En tant que professeur, je dois montrer la voie à mes élèves !". Ivy était partie furieusement sur cette exclamation. La directrice fut un peu surprise qu'un si jeune enseignant soit capable de prendre un ton aussi irrespectueux devant sa supérieure la plus éminente. Tout le contraire de Kazé. Eric Kazé... il était incapable de défier l'autorité. Il suffisait de lui parler un peu durement et d'avoir un peu de pouvoir pour qu'il perdît tout ses moyens. Au fond, ce n'était pas de sa faute. Comme elle, Irisée Etherial, Eric Kasé avait dans son sang un héritage qu'il ne pouvait renier.
« Tiens, en parlant d'héritage... »
La championne préféra penser à autre chose : l'héritage de l'Institut. Il était entre de bonne main. Irisée en était sûre, cette année... oui, cette année sera la bonne. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle avait fait accélérer les choses. Comme la Sortie Forestière par exemple, qui était normalement censée avoir lieu la quatrième semaine de la rentrée. Mais aux circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnels. Irisée n'en pouvait plus, il était temps que cela cesse.
« En plus... »
Et comme si ses obligations familiales ne suffisaient pas, un ennemi était soudainement apparût. Juste avant la remise des Pokédoll, Irisée avait passé la nuit à vérifier encore et encore les résultats des tests de personnalité. Quelque chose de tournait pas rond. Une erreur, voir... une fraude. C'était d'ailleurs pour cela que la championne n'avait pas pu renvoyer les papiers à temps et que les Pokédoll étaient en retard. Enfin, elle avait réussit à faire patienter les élèves, alors ce n'était au final pas si grave. Ce qui inquiétait le plus Irisée, c'était la présumée fraude. Au fond, elle n'avait pas la preuve qu'un tel acte avait été commis, mais elle en était intimement convaincue. Quelque chose se tramait. Irisée ne savait pas quant est-ce ce que cet ennemi allait intervenir, cependant, elle était certaine qu'il se manifestera un jour ou l'autre.
«Je ne laisserais personne toucher à mes élèves. »
***
8 heures, dans le réfectoire de l'Institut. Ce dernier était extrêmement vivant et pour cause : demain, aura lieu la fameuse Sortie Forestière.
« Aaaah ! s'exclama Fa après avoir bu une grande gorgée d'eau fraîche. Ça fait tellement du bien d'avoir un jour libre ! Profitons-en !
–Grrrmm, grommela Yuki. On ne peut pas se reposer... demain, notre destiné sera mise en jeu... Le loup solitaire devra sortir ses crocs...
–Mais oui, mais oui ! poursuivit le garçon-manqué. Pourtant toi aussi tu en as profité pour dormir deux heures de plus !
–Tssst !... ce... ce n'était pas intentionnel.
Effectivement, d'habitude le petit groupe se réunissait vers 6 heures, un peu avant l'ouverture du sefl. Or, vu que ce mercredi était entièrement libre, tous les enfants avaient sauté sur l'occasion afin de se réveiller un peu plus tard.
–...
–SHIRO ! protesta vivement Fa. Ça ne va pas recommencer, hein ?!
– ... je...
–Humpf, souffla Yuki. Ces jumeaux sont vraiment embêtants. Hé, Shiro. Tu ne penses quand même pas encore à les "aider", non ?
–...n...non...
–Tant mieux, alors. De toute façon, on les reverra demain, à la Sortie Forestière.
–...
–Alors ça ne sert à rien de s'en faire ! Hé, tu m'entends ?
Yuki resta un moment à observer la demoiselle plongée dans son assiette vide, le regard morne. En lâchant un grand soupir, il se résigna :
–Tiens, prends-ça.
–...oh !
Etonnée, Shiro fixa un long moment le croissant au beurre que le garçon lui tendait maladroitement.
–Je... s'expliqua t-il, je... je ne peux pas laisser notre héroïne gloutonne sans rien à manger.
–... m...merci...
–Ne me remercie pas ! Idiote ! Je fais ça juste pour que tu arrêtes de nous refiler le bourdon !
–...merci...
–Raaaah ! Je regrette déjà !
De leur coté, Fa et Célio observaient la scène avec une grande intention.
–Dis, Célio, chuchota Fa. Tu crois que c'est pour ça qu'il avait pris deux croissants ?
–Mmmh... tu veux dire qu'il avait déjà prévu de le lui donner un dès le début ?
–Oh, c'est qu'il peut être attentionné le Yuki.
–Oui ! Il n'en a pas l'air comme ça, mais Yuki est très gentil !
–Et aussi, et aussi ! Tu te souviens d'hier matin ? Il a dit que Shiro était toujours la première à arriver au réfectoire ! Comment est-ce qu'il le sait ?
–Oh ! Je n'avais pas remarqué ! C'est bizarre ! Il m'accompagne toujours le matin... et quand on arrive, vous êtes déjà là toute les deux ! Il ne peut pas dire si c'est toi ou Shiro qui arrivait en première.
–Ah je sais, je sais ! Euh... il a aussi dit qu'il nous avait vus par sa fenêtre entrer dans le self hier ! Alors... ça veut dire que de sa chambre, il peut voir l'entrée du bâtiment !
–Mmmh... je m'en souviens...
–On avance dans l'enquête !
–Une... une enquête ? s'interrogea Célio devant la tournure des événements.
– Oui, oui ! confirma énergétiquement Fa avant de se gratter le menton. Reste à savoir pourquoi est-ce qu'il regarde le bâtiment central tout les matins... tu ne trouves pas ça bizarre, toi ?
– Mmmh... Je regarde bien ma fenêtre le matin...
–Mais, mais ! Tu regardes le ciel, non ? Et pas le bâtiment principal !
–Oh ! C'est vrai !
–Alors, alors ! Ça veut dire qu'il y a UNE raison pour laquelle Yuki se lève tôt et regarde par sa fenêtre EN DIRECTION du bâtiment principal !
–Je... vois...
–Hihihi ! Et si on fait le lien avec tout ce qu'on a dit avant...
–Oh ! C'est vrai ! Hahaha !
Les deux apprentis détectives se partagèrent un petit sourire avant de déclarer en chœur :
–Shiro !!
–Hihihi !
–Hahaha !
–HÉÉÉ ! s'écria le loup solitaire. Qu'est-ce que vous complotez tout les deux ?!
–Hihihi ! Rien, rien !
–Hahaha ! Oh ! Yuki ! Tu es vraiment gentil !
–Qu... qu'est-ce qu'il vous prend ?! Hé ! Arrêtez de rire ! Répondez-moi !! »
Bien qu'il soit maintenant dans une situation délicate à protester à tout vas, Yuki avait réussit à détendre l'atmosphère. Même s'il la détendit un peu trop à son goût. Et alors que Shiro continuait silencieusement de manger, Fa et Célio continuait inlassablement de rire devant les vives protestations de Yuki. Une fois que Shiro eut terminé, le garçon-manqué réagit instantanément :
« Hé Célio ! J'y pense ! On n'a pas visité le jardin la dernière fois ! Hein ?
–Oh ! répliqua exagérément ce dernier. C'est vrai !
–Vu que la journée est libre et qu'on n'a rien à faire, on pourra le visiter !
–Oui !
–En plus, c'est vraiment un tréééés beau jardin ! Avec pleins de fleurs !
–Oh ! Des fleurs !
–C'est même un endroit trop romantique ! A ne pas louper !
–Oui, oui !
–Qu'est ce qu'il vous arrive encore ? grogna Yuki. Et pourquoi vous vous extasiez autant qu'un jardin ait des fleurs ?!
–Dis, dis ! l'ignora Fa. Yuki, tu vas venir visiter avec nous, hein ?
–J'y suis déjà allé, répondit l'intéressé. Juste avant la remise des Pokédoll.
–Hé bien, un second coup d'œil te ferra le plus grand bien !
–Pourquoi tu veux absolument que j'y aille ?! Il n'y a que des fleurs et des plantes là-bas !
–Ah non Yuki ! s'écria Fa. N'oublie pas, tout ce qui compte, c'est la situation.
–Je ne comprends absolument rien à ce que tu dis !
–Oui, intervint timidement Célio. Je pense que c'est important.
–Même toi Célio ?!
–Alors c'est décidé ! s'exclama Fa euphorique. Shiro, tu viens aussi hein ?
–...oui. Ma Chlorobule aime bien les plantes...
–Ah ! C'est vrai ! Mais..., tenta encore une fois Fa. Il n'y aura pas une autre raison pour laquelle tu voudrais venir dans un tel endroit avec Célio, moi et ... Yukiii ?
–... Pourquoi mon nom a été dit avec autant d'insistance ?
–A vrai dire... oui il y a une autre raison...
–Oh ! s'enthousiasma Fa. Laquelle, laquelle ?!
–C'est que ... rougit légèrement Shiro. Il paraît... qu'il y a des plantes comestibles... dans le jardin...
–Ah... Comme prévue de notre héroïne gloutonne ! Hahaha...haha...
Pour quelques raisons, Fa fut un peu déçue.
–Quoiqu'il en soit, on y va tous ensembles ! Hein, Célio ?
–Oui ! TOUS ensembles ! Même avec Yuki et Shiro !
–Quoi ?! s'écria Yuki. C'est quoi cette déclaration irrévocable ?! »
Sur ce, tandis que Célio attrapa la main de Yuki, Fa fit même avec Shiro, et le petit groupe s'enfuit du réfectoire sans prêter aucune attention au nettoyage de la table où ils étaient installés.
« Hum... grogna un des cuisiniers, ces enfants... toujours la même chose... nettoie jamais... verrons la prochaine fois... »
Du coté des "Rewriters", le jardin de l'Institut se rapprochait de plus en plus. Célio et Fa profitèrent de la marche pour comploter encore un peu.
« Tu as compris Célio ? chuchota le garçon-manqué. Je suis sûre que Shiro est encore affectée par ce qui arrive aux jumeaux ! Elle essaie de faire la forte mais ça se voit qu'elle n'est pas normale...
–Je... vois ce que tu veux dire...
–J'ai lu dans un magazine qu'il n'y a qu'une seule solution pour complètement oublier un souvenir douloureux !
–Un... magazine ?
–Oui ! Mais là n'est pas là question !
–Et cette solution ... c'est quoi ?
–Hihihi ! C'est le ... "Lõve-Lõve" !
–... "Lõve-Lõve" ? C'est quoi ?
–C'est une technique secrète millénaire ! Selon le magazine !
–Euh... c'est-à-dire ?
–Le pouvoir du "Lõve-Lõve" est inimaginable Célio ! Avec lui, tu peux tout faire !
–Ça ne m'explique toujours pas ce que c'est...
–Hihihi ! Ecoute-moi ! Je vais te dire ce que l'on va faire...
–Oh... Aaaah ! Sérieusement ? Oh... je vois... »
Pendant, Fa expliquait joyeusement son petit plan à son ami, l'humeur de Yuki commençait sérieusement à se dégrader.
« Grrmm... j'ai l'impression qu'ils s'amusent avec moi... grrrmmble...on ne joue pas avec un loup... ça non... »
Le loup solitaire bafoué arrêta de grogner lorsqu'il aperçut Shiro en train de regarder avec grande attention le jardin qui commençait à se dessiner.
« Au faite, Shiro. Quand tu parlais de manger les fleurs, tu ... plaisantais, hein ?
–Mmh ?
Yuki resta un moment perplexe devant le regard "Pourquoi ? C'est mal ?" que lui lançait la demoiselle.
–Raaah, non, oublie... »
Malgré ses protestations, Yuki suivit Célio et Fa à l'intérieur du jardin. Situé à quelques dizaines mètres derrière le dortoir des filles, le lieu végétal resplendissait de multiples couleurs vifs. "The Rewriters" passa la somptueuse arche florale et se plongea dans un paradis de senteur coloré.
« Waaah ! s'exclama Célio avec des étoiles dans les yeux.
–Oui, oui ! confirma Fa. C'est exactement ça ! L'endroit parfait !
–"Endroit parfait" ? Et pourquoi ?
–Hihihi... »
L'interrogation de Yuki resta en suspend, et en lâchant un énième grognement, le garçon se tut et continua d'avancer. Le groupe était maintenant au centre du jardin de l'Institut. C'était un grand cercle de dalle blanche a partir duquel on pouvait admirer la majeure partie des lieux.
Fa fit un petit clin d'œil à Célio qui prit maladroitement la parole :
« Euh... Yu... Yuki ! YUKI !!
–Qu...Qu'est-ce qu'il se passe encore ?! s'étonna l'intéressé devant ce cri inattendu.
–Je... mon... euh... Mon étoile de gloire brille de mille feux ! Et ... euh... qu'en est-il du tien ? Ne serais-tu pas en train de te laisser aller ?! Ta lame... euh... euh... s'émousserait-elle au fil du temps ?!
–Oh ! s'étonna Yuki un bref instant avant de reprendre. Ha ! Hahahahaha ! Alors ce moment est finalement arrivé... Hahahaha ! Tu m'impressionnes Célio. Je ne pensais pas que ton éveil te pousserait aussi loin dans ta quête. Le destin est réellement une chose mystérieuse. Mais n'aie craintes ! Un loup solitaire ne perd jamais ses crocs, et les aiguises sans cesse. Il s'élance toujours de plus en plus haut, dépassant ses adversaires, vers son étoile... oui, son étoile. Le but ultime de toute vie. L'étoile de gloire ! Tu dis que ton étoile brille, n'est-ce pas... ne te fourvoies pas ! Cette brillance n'est rien si tu ne parviens pas à l'acquérir ! Et c'est le premier qui parviendra à obtenir cette lumière sacré qui deviendra le roi... le roi de son propre destin ! Tu es mon rival, Célio ! Je ne te laisserais pas trouver ta vérité avant que je ne trouve la mienne ! C'est là, la fierté la plus sincère des guerriers !!
Tu m'entends Célio ?! ... ... euh ... Cé...Célio ?
Depuis un bon moment, Yuki parlait tout seul. Célio avait disparu, et Fa aussi d'ailleurs.
–Raaaaah ! Mais qu'est-ce qu'il se passe, bon sang ?! »
Quelque part, vers le gymnase deux silhouettes reprenaient leur souffle.
« Aaah...aaah... Fa... je suis ... fatigué...
–C'est bon ... Célio... on est assez loin ... arrêtons nous...
Après avoir pris quelques grandes respirations, Fa s'esclaffa :
–Hahahahaha ! L'opération à réussit ! Félicitation partenaire !
–C'était... embarrassant..., murmura ce dernier.
–Une fois que Yuki rentre dans son discours passionné, il ne remarque plus rien ! Mon plan était parfait ! Hahahaha !
–Et... et maintenant on fait quoi ?
–On a fini notre rôle partenaire ! Yuki se retrouve seul avec Shiro dans un cadre idyllique, notre but est atteint !
–J'espère... qu'il ne va pas trop ... m'en vouloir...
Célio n'était vraiment pas fait pour les courses à grande vitesse.
–La mission de sauvetage de l'humeur de Shiro par le "Lõve-Lõve" est en bonne voie, partenaire !
–Ohoo... Une mission, intéressant.
–Oui ! Une mission de la plus grande importance ! Mon magazine dit que le "Lõve-Lõve" est infaillible... c'est le moment de vérité.
–Je vois... Mmmh...le "Lõve-Lõve" tu dis... ça ma l'air de quelque chose de démoniaque...
–Mais non, partenaire ! C'est quelque chose de merveilleux, je te l'ai déj... Oh !
Décidément, Célio devrait vraiment travailler l'envoie de ses ondes "Ce n'est pas moi qui te parle !". La même scène qui était arrivée pendant la recherche des groupes de répéta : devant Fa se trouvait une sorte d'adolescente, bien qu'elle n'ait pas l'air si mature que ça, qui affichait un petit sourire intéressé.
–Kiara ! s'exclama Fa totalement surprise.
–Chut ! souffla brusquement l'intéressé. Le Roi Démon est peut-être là... Il sait que je suis une menace pour lui... il est mon Némésis comme je suis le sien. Pour l'instant il a l'avantage... mais dès qu'il se manifestera, je le prendrais en photo et je dévoilerais son existence !
Tout d'un coup, la préadolescente à la chevelure ondulée se mit à mitrailler tout ce qui se trouvait autour d'elle de son petit appareil photo, tout en poussant un rire effroyable.
–Euh... Fa ? finit par demander Célio. Qui... c'est ?
–Ah c'est vrai, je ne te l'ai jamais présentée ! C'est Kiara, ma camarade de chambre, une deuxième année! Tiens, d'ailleurs, c'est la première fois que je la voie de jour...
–Mouahahahaha ! s'approcha Kiara. Je me suis enfin décidé d'apparaître dans cette histoire... car j'ai sentis l'œuvre du Roi Démon...
Fa et Célio restèrent interloqués face à cette soudaine révélation.
–Le Roi Démon... reprit elle. Cet être de pur malveillance... horrible et sans merci ! J'ai dévoué ma vie à le combattre ! Et là, qu'est-ce que j'apprends ? Qu'il utilise son influence pour faire régner la peur et l'angoisse, ici, dans cet institut ?! Je ne peux pas le laisser faire. Là où moi, Kiara la Noble, sera présente, le Roi Démon devra répondre de ses actes ! Mouahahahaha !
Célio n'avait jamais entendu parler d'une Noble qui combattrait à coup d'appareil photo. Mais finalement, il se décida de classer cette nouvelle arrivante dans la catégorie des "Ne pas chercher à comprendre" et continua de la regarder rire avec une expression maladroite.
De leur coté, Shiro et Yuki été restés dans la place centrale du jardin de l'Institut...
« Raaaaah !! s'écria Yuki qui ne décolérait pas. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?! Pourquoi ils se sont enfuit ?! »
Pendant que le loup solitaire hurlait au ciel, Shiro en profita pour laisser sa Chlorobule jouer et aussi, pour élargir son champ gustatif...
« Itaï ! »
Yuki se retourna instinctivement à l'entente de ce petit cri inattendu. Il aperçut des gouttes de sang, visiblement, Shiro s'était blessée en tentant d'arracher une rose blanche.
« Quelle maladroite... »
Le garçon soupira et détacha sa cravate. Après avoir évalué la bonne mesure, il y arracha un petit morceau au niveau du nœud. Ce morceau était suffisamment épais pour que Yuki s'en serve comme pansement d'urgence qu'il serra autour de la main ensanglantée de la demoiselle.
« Yuki ! Ta... ta cravate !
–Humpf, j'en ai plein d'autre. Une de moins où une de plus... Et puis, elle est juste un peu raccourcie, je peux encore l'utiliser. Lève toi vite plutôt, on va aller à l'infirmerie. Ce pansement ne va pas durer bien longtemps.
–... tu... tu peux être cool quand tu le veux.
–La...la ferme !! rougit le loup solitaire. Je ne pouvais simplement pas laisser quelqu'un saigner comme ça devant moi !
–Mmmmh... vraiment ? Ce n'est pas toi qui m'avait dis que je pouvais "crever" et ça ne te dérangerais pas ?
Un éclat malicieux apparu dans les yeux de Shiro.
–T...toi... Toujours à sortir les choses de leur contexte !
–Hahahaha !
–Humpf, même dépressive tu restes aussi agaçante...
–Je me le demande...
Shiro se leva et commença à faire quelque pas vers la sortie avant de s'arrêter, dos tourné à Yuki.
–Tu sais Yuki, à moi aussi... il m'est arrivé quelque chose quand j'étais jeune.
–Hum ?
–Ah, non mes parents ne sont pas morts, et ils ne m'ont pas abandonné... enfin dans un sens... peut-être. Mais ce n'est pas là même chose.
Même si elle s'efforçait de garder une voix fluide, Shiro ne parvint pas à garder de son émotion et des larmes commençaient à toucher l'herbe.
–Je... je suis désolée, tu sais... je veux dire... ce qui s'est passé avec les jumeaux et tout...
–...
–Si tu veux tout savoir, Lynn n'est pas venue dans la chambre hier soir non plus.
–... ! Quoi ? Ne me dis pas que ...
–Hahaha ! le coupa la demoiselle dans un rire sinistre. Non, je ne suis pas restée toute la nuit éveillée... c'est juste que je le sais. Elle n'était pas là quand je me suis couchée et quand je me suis levée. Et son lit était resté dans le même état : preuve qu'elle n'y a pas été.
–Je ... je vois...
–Au fond de moi... je désire vraiment les aider... malgré tout... mais je ne veux pas vous inquiétez aussi, alors ... je tente de me modérer...
– ...
–Je... n'y peux rien... c'est comme ça...
Les larmes de Shiro s'écoulèrent de plus en plus sur ses joues, afin de finir éclater au sol.
–Pa...parc...parceque... Oh ! Waaaah !
–Laisse l'arrosage du jardin aux personnels de l'Institut.
Yuki venait retourner Shiro de force vers lui, avant de placer son index sur ses lèvres, l'empêchant de continuer son discours.
–Tu n'as pas besoin de parler maintenant. Je le vois bien. Si tu continues ainsi tu risques la déshydratation. Et crois moi, je n'ai pas envie de porter une gloutonne à l'infirmerie.
–Tu... tu ne veux pas savoir pourquoi... je fais tout cela ?
–Je m'en fiche royalement, à vrai dire. Ce que tu peux ressentir ne regarde que toi.
–... !
–Tout ce qui compte, c'est comment tu fais face à l'avenir. Le passé... y rester enfermé rend aveugle, Shiro. Comme Célio l'était. Il était bloqué dans son monde passé et n'arrivait pas à en sortir. Je n'ai fait que lui montrer la voie, et finalement, il a réussit à trouver seul une porte de secours.
–Yuki...
–Qu'importe ce que tu penses, ou ce que tu pensais. Seules tes actions présentes comptent. Souviens-toi bien de cela.
–Hahaha... quand tu le veux, tu peux vraiment ... être cool...
–La ferme je t'ai dis ! Raaah, allez, dépêche toi d'aller à l'infirmerie avant que tes blessures ne s'infectent ! C'est malin de faire ça juste avant la Sortie Forestière !
–... merci... Yuki... »
Shiro murmura ses dernières paroles de manière à ce que Yuki ne pût pas les entendre. Après tout, il risquerait de s'énerver encore plus... Shiro se sentait un peu mieux maintenant. Au fond d'elle-même, les paroles de Yuki continuait à résonner. "Seuls tes actions présentes comptent". C'était vrai, Shiro ne pouvait pas le nier. Cependant, le regard de la demoiselle s'égara un instant :
« Malheureusement... »