Livre Premier - Partie 2
Devant un chalet de Renouet,
Un petit Pichu se trouvait.
Il n'était pas brillant
Comme les Shinies si rares
Mais il était pourtant
Notre dernier espoir.
Car ce n'était pas un Pichu.
C'était un être d'exception, élu par Arceus le grand, il y a des éons.
Mais le moment n'était pas venu.
Pas encore.
*
* *
Maman ne me comprenait pas.
Ces mots faisaient un va-et-vient constant dans mon esprit.
Je me sentais vide.
Inconsistante.
Comme si j'allais m'évaporer d'un instant à l'autre.
Il aurait mieux valu d'ailleurs.
Toute trace de moi semblait avoir disparu dans la maison.
Plus de lit.
Plus de chambre.
Plus de bol à mon nom.
Une seule chaise autour de la table.
Comme si je n'avais jamais existé.
Et ce n'était pas à cause de Maman.
Je n'étais plus Irina.
J'étais un Pichu.
Voilà.
[cente]*
* *[/center]
Je me mis à marcher sans but précis, telle une âme errante.
Je ne savais pas où j'allais.
Je devais marcher. Seul cela comptait.
Je ne m'arrêtais pas pour manger.
Je ne m'arrêtais pas pour dormir.
Je marchais, et c'était tout.
J'étais seule et incomprise.
Plus le temps passait, plus je m'affaiblissais.
Et j'aurais continué comme ça jusqu'à la fin si le Destin cette fois clément n'en avait pas décidé autrement.
* Ce jour-là, pour la première fois, je me suis arrêtée. C'était sans doute aussi la dernière fois, chaque partie de mon corps me le faisait douloureusement savoir.
Mais j'ignorais mon corps.
Tu dois continuer ! me soufflait la force qui m'entraînait tout droit.
Mais cette fois, je ne pouvais pas.
Ce fut lui qui me sauva.
Riolu.
Je m'étais affaissée sur le bord du chemin, vidée de toute force.
Résignée.
Et il est arrivé.
Lui, il m'a comprise.
Pas besoin de paroles.
Il sentait les choses.
Petit-à-petit, il m'insufflait son bonheur, sa joie de vivre, sa vitalité.
Et il m'a guérie.
*
* *
« Comment tu te sens ? »
J'étais étendue sur ce qui semblait être une couche de paille.
Je ne voyais pas distinctement mon interlocuteur, mais je compris à son ton que ses intentions étaient bonnes.
Je voulus répondre « On ne peut plus mal ! » mais seul un grognement rauque sortit de ma gorge.
« Tiens, prends ça, ça te fera du bien. »
Il me tendit une sorte de coupe remplie d'un liquide parfumé.
Je réussis à me redresser et pris le bol entre mes mains. Je bus goulûment la boisson et souris intérieurement. C'était du miel ! Ou, plutôt, du grog au miel. Avec du lait.
Un délice !
Je reposais délicatement le bol et émis un faible « merci ».
L'inconnu sourit et me donna une serviette pour que j'essuie la moustache de lait qui m'entourait la bouche.
Maintenant que j'étais rassasiée, je voyais nettement celui qui m'avait sauvée. C'était un jeune Riolu, presque adulte. Il vit que je l'observais et se présenta :
« Moi, c'est Blu, je suis un Riolu. Je t'ai trouvée près de l'ancienne voie de chemin de fer. Tu étais en piteux état ! On aurait dit que tu n'avais rien mangé depuis des jours ! Et toi, comment t'appelles-tu ? »
J'ouvris la bouche, puis la refermai. Je me rendis compte à cet instant que j'avais oublié mon nom. Comme tout le reste, d'ailleurs.
Sauf le fait que j'avais été une humaine.
- Je m'appelle...euh...Lily !
Le Riolu se figea un instant, mais se reprit très vite.
- Lily ? C'est très joli, mais... ça ressemble plus à un nom d'humain qu'à un nom de Pokémon, énonça-t-il en me regardant d'un œil à la fois suspicieux et surpris.
« Moi et ma grande g... ! » pensai-je en cherchant rapidement une réponse pertinente.
« Euh, c'est parce que les Hôtes de la pension ont choisi mon surnom ! Mais je me suis enfuie, et je suis sauvage maintenant ! »
Il ne fallait pas que je dise la vérité ! Sinon je serais à nouveau toute seule, sans personne sur qui compter !
Cette réponse parut ne le satisfaire qu'à moitié, mais il fit comme si de rien n'était.
Je l'en remerciais intérieurement.
« Il est tard, tu dois être épuisée. Repose-toi maintenant, m'intima-t-il.
-D'accord. Bonne nuit !
-À toi aussi.
À peine avais-je fermé les yeux que je m'endormis aussitôt.
* Arceus les vit.
Il était temps d'agir.
* [i]J'avançais à tâtons dans le noir, guidée par un instinct nouveau mais indéfectible. De petites billes d'électricité voletaient autour de moi, comme attirées par un aimant.
Puis soudain, un écran lumineux apparut devant moi. Des images défilaient devant mes yeux : un Malosse martyrisé par son dresseur, un clan de Larveyette pleurant autour de deux des leurs congelés, l'œil d'Unys tournant à toute vitesse puis se détachant et roulant sur Méanville... et tant d'autres visions de tristesse et de désespoir glacés. C'était horrible.
Tout-à-coup, l'écran s'éteignit et un gigantesque Pokémon surgit devant moi. Encore aveuglée par la lumière de l'écran, je ne pus distinguer que sa silhouette. Il parla d'une voix grave :
« Ce monde que j'ai créé sombre peu à peu dans la désolation. Ce que tu viens de voir est infime par rapport à ce qui arrivera si quelqu'un ne combat pas cela de toutes ses forces.
J'avais prévu cela.
Et c'est pour ça que je t'ai choisie.
Tu es l'Elue. Combats le mal et sauve le monde des Pokémon ! »
Peu à peu, il s'évanouit dans les ténèbres.[/]
* « Lily ?
« Lily ! Tu m'entends ?
« Hé ho !
« Bon, tant pis, tu l'auras voulu. À la une... à la deux... et à la trois ! »
- Hé ! Ça va pas ?! Qu'est-ce qui t'as pris ? m'écriai-je en me redressant, toute dégoulinante d'eau.
- Excuse-moi, mais je devais te réveiller ! Tu commençais à t'illuminer, et de petites billes flottaient au-dessus de ta tête !
- Comme dans mon rêve... MON REVE ! Vite, dépêche-toi Blu, nous devons partir sur-le-champ !!!
- Mais calme-toi, ce n'était qu'un cauchemar !
- MAIS TU NE COMPRENDS PAS ?! IL FAUT L'EN EMPECHER, OU ON VA TOUS MOURIR !!!
- Qui « il » ?
Je le regardais avec des yeux de folle.
- Kyurem !!!
* * « Raconte-moi tout de puis le début, m'ordonna Blu.
J'avais fini par reprendre mes esprits, et, toute tremblante, lui racontai mon rêve.
- Je sais juste qu'il faut empêcher les visions de se réaliser afin de faire sortir Kyurem de sa cache, puis l'affronter pour le ramener à la raison, terminai-je.
Blu restait songeur. Il était très mystérieux et pas très loquace, c'était vrai, mais il était formidable.
« Un formidable ami, songeai-je en l'observant.
- Je ne vois qu'une solution, finit-il par dire.
- Laquelle ?
- Nous devons nous rendre sur le lieu de la première vision.
Et notre voyage commença !