Chapitre 0 et chapitre 1
Chapitre 0 : Informations utiles
Cette histoire se déroule dans le monde des Pokémon. Plus précisément dans le futur du monde Pokémon tel que nous le connaissons pour l'instant. C'est pourquoi certaines précisions sont nécessaires.
Tout d'abord, vous devez savoir que les Pokéballs n'existent presque plus. Des scientifiques ont mis au point une technique permettant de « stocker » ses Pokémon directement en soi, ce qui a des utilités pratiques (pas de perte ou vol de la ball, rapidité d'invocation, etc.). De plus, cette méthode permet de fusionner ses Pokémon lors de l'invocation. On assiste ainsi à l'apparition de créatures telles que Roucarvol (Roucarnage et Etourvol) ou Pikarisu (Pikachu et Pachirisu).
Ensuite, il y a les lois. Deux lois ont été mises en vigueur : la loi des Duos, qui force les dresseurs à n'avoir que deux Pokémon avec obligatoirement un point commun (leur type, un genre d'attaque, etc.) et la loi des Quarts, selon laquelle chaque Pokémon appartenant à un dresseur doit maîtriser quatre attaques au maximum. Ces deux lois sont respectées par la très grande majorité des dresseurs. Il existe cependant quelques personnes qui refusent de s'y plier. Parmi eux ont recense les leaders des Teams et la tristement célèbre Chasseuse J.
On a d'ailleurs découvert comment cette dernière pouvait rester éternellement jeune. Il s'agit en réalité de plusieurs personnes. On recrute les jeunes filles dès l'enfance avec comme critère la ressemblance vocale, on les forme à devenir Chasseuse J, puis on modifie leur apparence. Quand la Chasseuse actuelle arrive à un âge où son physique change trop, on la remplace. Et autre détail sur elle : elle fait aussi dans le trafic d'êtres humains, maintenant.
La dernière chose à savoir concerne les dresseurs qui perdent leurs Pokémon. Si votre adversaire est trop puissant et que vos Pokémon sont en réel danger (et ça arrive malheureusement assez souvent), vous avez la possibilité d'abandonner le combat et de vous rendre. Dans ce cas, vous offrez vos Pokémon au vainqueur. Or, comme indiqué précédemment, les Pokémon occupent une certaine place dans l'esprit (au sens physique) du dresseur, de sorte que leur perte crée un vide. Ce vide est parfois comblé par des symbiotes, c'est-à-dire des créatures qui n'existent pas vraiment tant qu'elles n'ont pas trouvé un porteur (prenons l'exemple de Venom dans Spiderman). Ces symbiotes peuvent communiquer avec leur porteur par télépathie, prendre le contrôle de leur corps et possèdent un pouvoir de transformation : le porteur devient capable de se transformer en un Pokémon bien précis. Les hybrides peuvent évoluer, mais de façon beaucoup plus lente que les Pokémon normaux.
Chapitre 1 : Double capture
Arthur était épuisé. Il courait depuis tellement longtemps qu'il avait arrêté de chronométrer. Il était tombé un nombre incalculable de fois. Mais malgré ça il se relevait à chaque fois et recommençait à courir. Parce que c'était sa vie qui était en jeu. Parce qu'il ne voulait pas être capturé. Mais elle était derrière lui. Elle le rattrapait.
-Tu ne pourras pas courir beaucoup plus longtemps. Allez, arrête-toi.
Arthur aurait voulu lui hurler le fond de sa pensée, mais il avait trop besoin de son souffle. Il serra donc les dents et continua de courir. Plus qu'une cinquantaine de mètres et il serait en sécurité. Il voyait déjà la cabane devant lui, entre les arbres. Mais, alors qu'il était presque arrivé, il trébucha sur une racine et tomba. Le temps qu'il perdit à se relever lui fut fatal. Elle leva le bras et tira. Le rayon arriva sur Arthur et le frappa alors qu'il venait de se remettre debout. Au moment de l'impact, sa vision fut entravée par une espèce de mur couleur or. S'il n'avait pas été paralysé, il aurait pleuré de rage et de désespoir...
_______________Quand Arthur recouvra l'usage de ses sens, il était sous une cloche de verre. Tout autour se trouvaient d'autres cloches avec d'autres gens à l'intérieur, parfois des Pokémon, parfois des humains. Et devant lui se tenait celle qui l'avait capturé, la célèbre Chasseuse J. Son regard triste surprit Arthur, mais il préféra ne pas en tenir compte.
-Vous allez me vendre combien ? demanda-t-il.
La réponse le prit au dépourvu :
-Je ne vais pas te vendre. Je trouve ça cruel de vendre des êtres humains.
-Alors pourquoi vous m'avez capturé ?
-C'est un peu compliqué...
Le prisonnier s'autorisa un reniflement dédaigneux et répliqua d'un ton sec :
-Prenez le temps de m'expliquer, je ne risque pas de partir. Et pourtant, c'est pas l'envie qui m'en manque.
-Ne prends pas ce ton, s'il te plaît, soupira-t-elle. Ce n'est pas ma faute. Si tu savais ce qu'on nous fait...
-Dites-le-moi. Mais ça ne va pas être facile de me convaincre.
-Mais...quel âge as-tu, pour parler de cette façon ? À t'entendre, on dirait que tu es largement adulte !
Arthur ricana. Oh non, il n'était pas adulte. Loin de là... Mais à seulement 14 ans, il était bien plus mature que beaucoup d'adultes. Et c'est cette maturité qui lui permettait de ne pas pleurer ou supplier sa geôlière, et c'est elle aussi qui lui permit de rester calme pendant toute la conversation, qui dura plusieurs minutes.
La chasseuse de primes expliqua que, en gros, elle l'avait capturé parce qu'on lui avait fait une sorte de lavage de cerveau. Elle avait cependant échappé temporairement au contrôle et voulait désormais garder Arthur en tant que compagnon, à défaut d'ami.
-Si tu acceptes, je te fais sortir. Sinon, tu restes là et si quelqu'un veut t'acheter je ne refuserai pas.
-Eh, c'est du chantage ! s'indigna Arthur. Tu parles d'un choix ! J'ai l'impression que vous me demandez si je préfère mourir ou devenir riche. Présenté comme ça, évidemment que j'accepte. Mais dès que mes amis viennent me chercher, moi je m'en vais. Et croyez-moi, ils viendront. Ils ne me laisseront pas tomber. Dès qu'ils sauront où je suis, ils viendront me libérer.
-Ils n'auront pas à te libérer, puisque si tu acceptes mon marché tu seras libre.
-C'est ça, libre de circuler dans une zone aussi grande qu'un placard ! Vous savez, je ne suis pas naïf, alors arrêtez d'essayer de m'arnaquer, ça ne fait que m'énerver.
Son interlocutrice ne répondit pas. Elle le regarda sans paraître comprendre. Arthur reprit :
-Vous êtes formée, entraînée à mentir aux gens et à les arnaquer. Je le sais parfaitement. Vous jouez un rôle comme au théâtre. Alors maintenant, c'est simple : soit vous me faites sortir et je vous pourrirai la vie jusqu'à ce que mes amis arrivent, soit vous remontez ce curseur et vous me paralysez à nouveau pour que je vous fiche la paix.
Il croisa les bras et planta son regard azur dans celui, plus sombre, de la chasseuse. Celle-ci soutint un moment son regard puis ricana.
-Tu es plus malin que je ne le pensais, petit. Parfait, je devrais pouvoir tirer de toi un excellent prix. Et maintenant, comme tu l'as dit toi-même, je vais te paralyser et je ne te libérerai que quand un acheteur me le demandera.
Elle joignit le geste à la parole. Arthur fut à nouveau coupé du monde.
_______________Le jeune garçon cacha ses yeux avec sa main. La lumière l'aveuglait. Dès que ses yeux furent habitués, il baissa la main pour voir qui était devant lui et donc, logiquement, qui avait l'intention de l'acheter. Il retint un cri de surprise quand il se vit face à face avec un policier.
-C'est bien lui.
-Alors nous sommes d'accord ? Je vous laisse l'emmener et en échange, vous m'oubliez, c'est ça ?
-Oui, oui. J'oublierai votre existence à l'instant même où ce garçon sera sous les verrous.
Arthur grimaça. Un policier corrompu. Si ce n'était pas de la poisse... La chasseuse fit disparaître la cloche de verre, le policier empoigna Arthur et le tira jusqu'à sa voiture de fonction.
-Je ne sais pas ce que vous me voulez, mais quand mes amis viendront me chercher, une prison ne suffira pas pour les arrêter.
-J'espère bien qu'ils viendront, répondit l'homme. C'est pour ça que je t'ai récupéré. Sinon je t'aurais laissé à cette imbécile de Chasseuse J. D'ailleurs, fais-moi penser à envoyer une équipe la capturer.
Arthur écarquilla les yeux de stupeur. Ce type était complètement fou ! Il venait de berner Chasseuse J et croyait s'en tirer sans représailles ? En état de choc, le prisonnier ne prononça pas un mot de tout le trajet jusqu'à la prison.
Au même instant, à quelques kilomètres de là, l'impitoyable Chasseuse J hurla de rire sans raison apparente. Puis elle invoqua son Drattak et l'envoya à la poursuite de la voiture de police.
-Ramène-le-moi en bon état, ordonna-t-elle. Ce garçon me rapportera une petite fortune, mieux vaut ne pas trop l'abîmer.
_______________-Tu connais Evolina ?
Arthur tiqua. Il sentait le piège et ne voulait pas tomber dedans.
-Qui ne la connaît pas ? demanda-t-il évasivement.
-Ne te fous pas de moi, mon garçon. Je peux te faire coffrer pour entrave à la justice, assistance à criminel en fuite et probablement autre chose si je fouille un peu dans ton passé.
-De toute façon vous allez me « coffrer », alors autant ne rien vous dire, répondit Arthur d'un ton sec.
L'autre se gara et retourna pour le regarder dans les yeux. Arthur soutint son regard.
-T'as vraiment envie de finir tes jours en prison ? À ton âge, c'est vraiment idiot.
-Et vous ? Vous avez vraiment envie de vous attirer des ennuis ? Parce que là c'est ce que vous faites en me retenant prisonnier.
Il marqua une pause le temps que sa phrase rentre dans le crâne de son interlocuteur. Puis il reprit la parole :
-Et vous savez quoi ? Je ne vais même pas attendre qu'ils arrivent, je vais partir tout de suite.
Il sortit un outil de sa poche, neutralisa le verrou de la portière et s'enfuit. Le policier sortit de la voiture avec un affreux juron et se lança à sa poursuite. Mais l'adolescent disparut vite dans les ruelles paradoxalement sombres d'Illumis.
Arthur ne s'arrêta de courir que quand il fut certain d'avoir semé son poursuivant. Le temps de reprendre son souffle, il repartit plus calmement en direction de la première cabine téléphonique qu'il trouva. Il y entra et, après avoir vérifié que personne ne le dérangerait, il appela la seule personne dont il connaissait le numéro et qui pouvait l'aider.
-Allô ? fit la voix à l'autre bout du fil.
-C'est Arthur.
-Bon sang, Arthur, on se fait un sang d'encre ! Tu es où ?
Arthur regarda autour de lui. Excellente question : où était-il ?
-Euh...Illumis, je crois. Je me suis fait choper par Chasseuse J et elle m'a refilé à un policier véreux. J'ai réussi à lui échapper mais il faudra sûrement pas longtemps avant que je me fasse recapturer. Je suis quelque part dans la ville, euh...pas très loin d'un café qui s'appelle...le Chacripan Repenti.
-Le Chacripan Repenti ? OK, va t'y cacher, on arrive dans un quart d'heure.
-Soyez à l'heure, ça grouille d'agents dans le coin. Et, faites gaffe, aussi. Ils te cherchent.
-Entendu. Allez, va te cacher et à tout de suite.
-À tout de suite.
Il raccrocha et marcha jusqu'au café. Là, il commanda un cocktail « Lima » (Lichii/Maron) et attendit que ses amis viennent le chercher, priant pour qu'ils le trouvent avant la police.
Un quart d'heure plus tard, trois personnes entrèrent dans le café. Deux policiers et un agent Jenny.
-Oh merde, merde, merde, souffla Arthur...
Les trois agents fouillèrent la salle du regard. L'un d'entre eux vit le fugitif et le pointa du doigt. Les trois arrivèrent à sa table et s'assirent.
-Salut, dit l'agent Jenny. On t'a manqué ?
Sa voix étonna Arthur qui leva la tête. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit que l'agent était une fausse !
-Chut ! Fais comme si tu ne m'avais pas reconnue. Alors, dit-elle à voix plus haute. Tu as cru pouvoir nous échapper ?
Arthur lui adressa son regard le plus terrorisé et elle lui répondit par un rictus sadique.
-Tu devrais pourtant savoir qu'on n'échappe pas à la justice. Allez, les gars, embarquez-le.
Les deux policiers empoignèrent l'adolescent, qui se fit un plaisir de hurler à la mort et de se débattre comme si sa vie en dépendait. Il fut rapidement maîtrisé et on le fit sortir du café.
Une fois dehors, les trois agents le guidèrent vers une ruelle étroite où ils enlevèrent leurs costumes.
-La prochaine fois, dit Thomas, tu éviteras de me défoncer la mâchoire, OK ?
Thomas était un jeune homme à l'air constamment triste sans aucune raison apparente. Pour une fois, la tristesse s'était muée en agacement.
-Désolé, répondit Arthur. C'était pour faire plus crédible.
-On aurait peut-être dû l'assommer... Qu'est-ce que tu en penses, Valérie ?
Celui qui venait de parler était Johan, un homme étrange montrant parfois de légères pulsions sadiques inexplicables.
Valérie éclata de rire.
-L'assommer ? Non mais ça va pas !? Depuis quand on assomme un ami ? Allez, plus sérieusement, ça va Arthur ?
-Oui. Je viens de passer la pire journée de ma vie mais ça va, merci.
La jeune femme lui ébouriffa affectueusement les cheveux.
-Tant mieux, dit-elle, parce que ce n'est pas fini. Tu as toujours un corrompu qui te cherche, et on n'est pas vraiment dans notre élément en pleine ville. On y va, les gars. Pas question de traîner ici, je n'ai pas envie de me faire choper.
Sur ces paroles, Evolina s'engouffra dans la ruelle, suivie par ses compagnons : Thomas l'Oiseleur, Johan l'Enclaveur et Arthur le Guérisseur.