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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 23/09/2013 à 14:29
» Dernière mise à jour le 23/09/2013 à 14:29

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 90 : Tout ou rien
Aleph-Zéro accomplit sa première mission avec facilité. Du moins, il brilla dans la première partie, qui lui avait d'abord semblé la plus simple. Tourner autour du camp ennemi représenta pour lui un jeu de bébé Pokémon. Il disposa donc rapidement d'une idée assez claire de la manière dont s'organisaient les humains pour tenir cette zone. Etablir un plan d'attaque représenta déjà un défi bien plus conséquent, même avec l'aide des deux vétérans qui l'accompagnaient. Ils avaient vite conclu que la clef de la victoire reposait sur la prise de la tour, vestige de l'époque des combats Pokémon et abandonnée depuis le début de la guerre. Un nid de mitrailleuse la défendait depuis le sommet, des tireurs d'élites étaient postés aux derniers étages, ce qui rendait la tâche ardue, mais pas forcément impossible. La réelle difficulté reposait sur sa responsabilité dans la décision. L'idée de manœuvre qu'il avait retenue provoquerait nécessairement des morts et en assumer la responsabilité n'était pas un choix facile à faire, même pour lui…

S'il ne s'était agi que de lui, il aurait tenté le coup sans hésiter. Il se savait cependant dans une position délicate vis-à-vis des humains ; il redoutait par-dessus tout de décevoir Dimitri. Il valait sans doute mieux qu'il refusât de prendre des risques inconsidérés, mais à la seule idée d'annoncer la victoire à son colonel, il lui semblait que ses ailes pourraient le faire voler… L'argument qui lui fit prendre la décision l'étonna particulièrement : il voulait prendre le risque pour rendre justice à Eclair-de-Liberté, pour le venger de Victor qui lui avait fait perdre son dresseur. Ce n'était bien évidemment pas la seule raison, cependant, ce fut quand celle-ci lui vint à l'esprit qu'il arrêta son choix : ils mèneraient l'assaut et retrouveraient l'ancien lieutenant, le traître.

Aleph-Zéro s'étonna du peu de réticence dont fit preuve Fabrice quand il annonça sa décision et ce malgré la description dans le détail de leur lieu d'assaut par les deux combattants humains. En quelques heures, il avait prévu ses ordres en fonction du plan du Pokémon et le départ était déjà donné. Selon lui, la victoire redonnerait aux hommes de la motivation pour l'action d'envergure qui devrait suivre, motivation qui s'éteignait à cause des dures conditions de vie des derniers jours.

La première étape consistait en la création d'une diversion à l'entrée opposée par laquelle ils avaient décidé de pénétrer. Aleph-Zéro avait confié cette mission à deux de ses combattants, qui devaient envoyer un camion percuter le poste de garde. Ils avaient placé le peu d'explosif qu'il leur restait à l'intérieur, même s'ils n'espéraient pas faire de quelconques dégâts. Par contre, ils comptaient donner l'illusion de vouloir préparer le terrain pour lancer l'attaque par ce côté… Profitant de l'effet de surprise, l'Insécateur devrait ensuite progresser jusqu'à la tour en traversant plusieurs rues, appuyé par ses camarades qui n'entreraient qu'une fois l'immeuble sécurisé. S'il venait à échouer dans cette première partie, il était admis que toute la troupe ferait demi-tour sans rien tenter de plus.

Le camion ne se comporta pas tout à fait comme il avait été prévu. Lancé sans conducteur, il quitta la route bien avant les premières installations défensives. Malgré cela, les soldats prirent au sérieux la menace quand le véhicule s'encastra dans un mur après avoir traversé le grillage. Il s'enflamma aussitôt, mais la faible quantité de matière explosive qu'il contenait ne provoqua rien d'extraordinaire. Dès lors, le branle-bas de combat commença dans l'enceinte de la ville. Les militaires n'eurent pas le temps de se mettre en place ; ils couraient encore à travers les rues quand les premiers tirs de fusil-mitrailleur désorganisèrent encore un peu plus leur action.

Aleph-Zéro profita de la confusion pour s'engager entre les bâtiments avec son peloton. Séparés en trois équipes de trois, ils prirent des rues parallèles qui menaient à la tour. Cependant, l'ennemi repéra rapidement les incursions dans leur dispositif. Bientôt, les combattants rebelles essuyèrent des tirs concentrés et ils se retrouvèrent dans l'incapacité d'avancer sans se mettre en danger. L'Insécateur tenta de progresser en déclenchant des feux d'une rue pour faire avancer ceux qui se trouvaient dans celle d'à côté, mais les mitrailleuses et tireurs de précision étaient si nombreux dans la tour qu'ils avaient suffisamment de potentiel pour engager plusieurs cibles en même temps.

Aleph-Zéro commença à regretter de s'être engagé dans la bataille : il avait surestimé ses moyens. Il fit signe à ses alliés d'interrompre les tirs pour rester protégés au coin des bâtiments ; gaspiller des munitions était inutile. Pour sa part, il prit le temps de réfléchir quelques instants, à côté d'une jeune recrue dont les mains tremblaient de plus en plus sur la crosse de son fusil. A l'issue de quelques minutes d'attente, il ne vit qu'une seule solution pour s'en sortir et celle-ci restait très risquée et incertaine. De toute manière, reculer à ce moment serait quasiment aussi dangereux que de tenter d'avancer. Il voulait contourner la tour pour emprunter une ruelle dans laquelle il espérait pouvoir avancer sans être vu. Ainsi, il atteindrait le pied du bâtiment par le flanc, puis il l'escaladerait sur plusieurs étages pour y entrer.

Pour ce faire, il avait besoin d'aller prévenir de son intention les tireurs alliés équipés de fusils à lunette qui se trouvaient aux abords de la ville. Il devait les informer de sa position pour qu'ils ne le confondissent pas avec l'ennemi et surtout pour qu'ils surveillassent particulièrement les rues adjacentes à celle qu'il souhaitait emprunter au cas où on tenterait de les prendre à revers. D'un mouvement de lame, Aleph-Zéro indiqua le chemin qu'il prévoyait et fit signe à un de ses combattants de se charger de faire la liaison. Alors que le jeune homme à côté de l'Insécateur prenait son élan, un vétéran ajouta :

................- Un fumigène et une grenade par la fenêtre, c'est le déluge de feu pour notre retraite, compris ? Allez ! ajouta-t-il en poussant le coureur pour lui donner de la vitesse.

En même temps qu'il s'élançait, les alliés du messager déclenchèrent des rafales vers la tour pour appuyer son repli. Malheureusement, cela ne suffit pas : le jeune eut à peine traversé la moitié de la rue qu'une rafale le faucha en pleine course. Il s'écrasa au sol. La mitrailleuse s'assura de l'efficacité de son action en relançant une seconde salve de tirs sur le corps inanimé, puis elle se tut. Ce silence relatif fit prendre conscience à Aleph-Zéro que le calme était retombé, malgré quelques rafales sporadiques ; l'ennemi se concentrait donc sur l'action de l'Insécateur.

Finalement, une idée lui vint pour faire passer son messager, il s'en voulut d'ailleurs d'avoir attendu d'avoir une perte pour prendre plus de précautions. Il créa des Reflet de lui-même à travers la rue à dépasser et les suivantes. Aussitôt, un combattant s'y engagea avant que les mitrailleuses n'eurent le temps de balayer toutes les images. Sans attendre le retour de son messager, Aleph-Zéro prit le risque de lancer immédiatement la manœuvre, afin de ne pas trop s'exposer en restant immobile. D'un geste, il fit avancer ses combattants le long des bâtiments, de part et d'autre de la petite ruelle. Il réussit à atteindre son objectif sans aucun tir, signe qu'il n'avait probablement pas été remarqué. Il ne restait que la traversée de la dernière route, périphérique à la tour.

Alors qu'Aleph-Zéro hésitait, attendant une occasion de lancer la traversée, le vétéran messager revint. Essoufflé, haletant et en sueur, il interrogea son lieutenant d'un regard, pour s'assurer qu'il fût bien prêt. A son approbation, il exhiba fièrement un petit poste radio, grâce auquel il envoya un signal aux fusils en appui. Aussitôt, une roquette claqua sur la gauche des combattants, puis les feux se déclenchèrent en masse une nouvelle fois. Les combattants en profitèrent pour courir à toute vitesse jusqu'au pied de la tour. Sans hésiter, l'ancien messager colla son fusil dans les mains d'un autre et s'attaqua à l'ascension, en utilisant les rares aspérités de la façade. Une jeune recrue, ne voulant pas se montrer en reste de courage, voulut lui emboîter le pas, mais l'Insécateur l'arrêta d'un signe, le forçant à patienter.

Arrivé au niveau d'un ancien élément d'annonce ou de publicité, le combattant hésita, cherchant sa prise. Il posa la main sur cette enseigne, puis s'y appuya pour se hisser. Une partie de celle-ci se désolidarisa. Le grimpeur eut le réflexe de lancer une main en direction d'une autre aspérité, mais ses doigts, trempés de sueur, glissèrent. Il avait déjà gravi plus de trois étages, aussi, ses camarades retinrent une exclamation d'horreur quand sa jambe se prit dans un rebord sur lequel il avait essayé de se poser pour reprendre de l'équilibre. Le pied coincé le fit se retourner par une figure spectaculaire. Il atterrit ensuite la tête la première sur le sol. Il gémit juste avant que le bruit sourd de sa chute résonnât. Immédiatement, cette agitation déclencha une rafale à l'aveugle venant du toit.

Deux combattants se rendirent immédiatement auprès du grimpeur, alors qu'Aleph-Zéro interrogeait du regard ses hommes pour désigner un successeur : ils n'avaient pas de temps à perdre. Le jeune qui avait déjà voulu tenter auparavant se saisit de la corde en masquant mal sa peur, qui ne fit que s'amplifier au moment où les autres affirmèrent d'un regard désolé que le premier à tenter l'aventure était décédé.

................- J'y vais… dit-il d'une voix sourde. Moi aussi, je vais mourir en martyr…
................- Il s'agit d'atteindre le haut, pas de crever, lui rappela un de ses camarades.

Il enroula autour de son torse ce précieux outil qui devrait permettre aux autres de monter facilement quand il serait en haut et jeta un œil au sommet de la tour, puis il agrippa la première prise. Il grimpa avec une rapidité qui n'avait d'égal que sa témérité, sur deux étages… Ce qui devait arriver arriva, le jeune homme glissa. Il n'eut cependant pas la même présence d'esprit de se taire que son camarade. Son hurlement alerta toute la ville de sa présence et aussitôt, les ordres fusèrent dans la tour. Il continuait de se tordre de douleur en gémissant au pied du bâtiment, si bien que l'Insécateur eut un instant envie de le faire taire en l'achevant. Il s'en garda pourtant et analysa rapidement la situation.

Il n'avait sans doute pas le temps de tenter une nouvelle ascension… Si on les prenait en pleine escalade, ils ne pourraient rien faire pour le grimpeur. Perdre un troisième homme pour rien n'enchantait guère l'Insécateur… Peut-être valait-il mieux se retirer avant qu'il ne fût trop tard ? Il allait donner cet ordre à contre cœur quand Héloïse arracha la corde avec un regard de reproche des mains du jeune homme blessé. Elle rencontra le regard d'Aleph-Zéro avec une telle détermination dans les yeux qu'il ne pût se résoudre à l'arrêter.

................- Perdus pour perdus, je préfère encore mourir là-haut, affirma-t-elle. On n'est pas le commando suicide pour rien…

Elle prit en effet énormément de risques, cependant, elle s'appliquait à rester en vie. Finalement, elle atteignit la première ouverture non obstruée, située au cinquième étage. Héloïse disparut à l'intérieur du bâtiment, en se glissant par la fenêtre. Quelques secondes plus tard, elle fit tomber le bout de la corde depuis sa position et chacun laissa échapper une exclamation de joie contenue. En s'aidant de la corde, le suivant n'eut aucun mal à atteindre son objectif. A deux, ils avaient ensuite assez de force pour hisser tous les autres combattants. Il ne restait que huit personnes mais Aleph-Zéro restait confiant quant à la possibilité de faire au moins quelques dégâts dans la tour avant de se retirer. Avec la plus grande prudence, les hommes s'engagèrent par équipe de trois dans le couloir.

Avec trois morts, un blessé resté en bas qui les avait fait repérer et tant d'étages à monter, le lieutenant revit son ambition à la baisse : il voulait simplement inspecter au moins trois étages dans le but de trouver Victor, puis disparaître avec lui. L'Insécateur guettait le moindre bruit. Quand il entendit des pas dans l'escalier, il changea immédiatement de direction. Alors qu'il renonçait même à son objectif de gravir ne serait-ce qu'une partie de la tour, il maudit une nouvelle fois l'humain qui l'avait fait déceler. Il se sentait pris au piège à l'intérieur de cette cage de béton…

Alors qu'il disparaissait dans un couloir au hasard, à l'opposé de l'escalier, Héloïse courut pour rattraper l'Insécateur.

................- Victor est en train de descendre avec eux ! J'en suis sûre, j'étais derrière, j'ai reconnu sa voix et il a dit : « Sacrifier tant d'hommes pour ne même pas réussir à se venger de moi, c'est une véritable bêtise ! Ils ne changeront jamais, toujours aussi bêtes ! Tant mieux, ils se perdront eux-mêmes. »

Le pire, c'était qu'il avait raison. Même si l'objectif ne s'arrêtait pas à retrouver le traître, l'idée de cet assaut n'avait été émise qu'à partir de sa présence ici. Certes, les rebelles auraient éventuellement pu gagner gros en remportant la bataille, il n'en restait pas moins que la décision avait été prise en pensant d'abord à Victor et que c'était lui qui avait justifié la plupart des risques… Quant aux pertes, s'élevant déjà à trois hommes, elles étaient sans aucun doute disproportionnées à l'effet qui serait obtenu au final.

................- On l'attrape, coûte que coûte, cracha un combattant qui faisait déjà demi-tour, énervé par la réflexion qu'ils venaient d'essuyer.

Aleph-Zéro s'interrogea immédiatement sur leur chemin de sortie. Il restait le jeune combattant blessé en bas à récupérer avant de quitter la ville. Poursuivis, avec un prisonnier, la corde qu'ils avaient utilisée pour monter serait un véritable coupe-gorge ; l'unique porte était gardée par de nombreux militaires. Finalement, tout se passa si vite, qu'il n'eut même pas le temps de repenser à cette question.

Une voix derrière lui lança :

................- Lieutenant, allez le chercher avec Hâte et Reflet, comme vous faites si bien. Le reste, on s'en occupe.

Sans réfléchir, Aleph-Zéro augmenta sa vitesse. Il se dédoubla, déboula dans l'escalier. D'un revers de lame, il crocheta Victor à la gorge. Il reculait à peine qu'une grenade éclatait là où il se trouvait quelques secondes plus tôt. Il se retrouva à terre, étourdi par l'explosion. On le tira par l'épaule, lui et son prisonnier, vers le bas de l'escalier. Il vit Héloïse, floue, s'avancer avec trois autres grenades dans les mains. Elle retira les goupilles une par une et, s'élançant en sautant par-dessus l'obstacle que constituait la rampe, elle courut vers les ennemis postés en contre-bas. Ils se retournèrent immédiatement. L'Insécateur voulut protester ; son corps ne répondait pas à son esprit. La femme se retrouva criblée de balles, pourtant, dans un effort incroyable, elle lança ses projectiles. Les hommes affolés n'eurent pas le temps de s'éloigner. La voie était libre.