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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 21/09/2013 à 17:59
» Dernière mise à jour le 28/10/2013 à 08:18

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... ceux qui doutent. [2]

Quelques dizaines de minutes plus tard, la cloche cristalline résonna. L'heure tant redoutée du premier cour de pratique des Pokédoll commença. Les élèves de la 1-C commencèrent à se rassembler dans la cour d'entrainement, un grand terrain vague situé à coté du gymnase. Là, c'était autres choses que les cours purement théoriques de Ivy qui ne faisait que raconter l'histoire du monde et qui donnait des conseils en temps que dresseur. C'était la première fois que les élèves allaient véritablement utiliser leur Pokédoll. Et notamment, c'était la première fois que les étudiants allaient changer les précieuses gemmes de leur Pokédoll.
Célio se sentait de plus en plus mal. Il sortit sa Pokéball argentée et se mis à la regarder pendant de longues secondes. Allait-il réussir ? Est-ce que le lien qui les unissait, lui et son Osselait, serait suffisamment fort pour lui permettre d'accéder au "Cœur" de sa Pokédoll ? Le jeune garçon n'en pouvait plus de ses doutes. Shiro lui jeta un rapide coup d'œil nerveux. Quelle ne fut pas sa joix en voyant que Yuki et Fa arrivèrent, ensemble, lui porter secours.
Leur nouveau professeur vint par la suite, à sa vu, tous les étudiants en restaient bouche bée.

« Hum ! toussa bruyamment le nouvel arrivant. J'imagine que vous savez tous qui je suis ?
–...mmmh... acquiescèrent silencieusement l'ensemble de la classe.
–Vous avez raison d'être nerveux. Je me présente à nouveau, je me nomme Eric Kazé. Il y a longtemps, j'étais un professeur renommé mais j'ai décidé de renoncer à ce travaille afin de m'abonner à mes présentes fonctions administratives.

Les élèves hochèrent la tête encore une fois.

– En tant que sous-directeur, je suis constamment en relation directe avec Irisée, notre directrice. J'imagine que vous savez à quel point elle peut être lunatique. Hé bien, figurez-vous que pour des raisons que je ne nommerai pas, je me retrouve maintenant à reprendre mes anciennes fonctions en plus de mon rôle de sous-directeur. Et j'avoue ne pas m'en plaindre.

Toute la classe restait silencieuse face au monologue de vieil homme chauve au bandeau pirate.

– Pourquoi je m'en réjouie alors que cela me fait du travail supplémentaire me diriez-vous ? Rappelez-vous bien d'une chose : je suis constamment en train de surveiller Irisée et de réparer ses erreurs. Or, c'est ma supérieure hiérarchique, je ne peux rien lui dire. Alors que vous...

L'imposant vieil homme se mit à ricaner.

– Vous n'êtes que des élèves ! Toute la rage que j'accumule avec Irisée... toute cette colère que je ne pouvais jamais faire ressortir... Enfin ! J'ai enfin l'occasion de l'exprimer ! Vous avez devant vous un autre homme ! Ayez l'honneur de faire la rencontre ... avec celui que l'on appelait autrefois l'"En-SAIGNEUR" ! Mouahahaha ! »

Pétrifié, aucun des étudiants n'osaient émettre le moindre son. Or, bien qu'ils ressentissent tous de l'angoisse, tous les élèves compatissaient. Être 24 heures sur 24 avec Irisée devait être ... épuisant.

– Mon... monsieur ? finit par lâcher une voix.
–Qu'y a-t-il misérable petit étudiant ? grogna Kazé.
–Vous ... vous savez, on vous comprend.
–Quoi ?! Qu'est-ce que vous comprenez, petit ? Restez à votre place, ou l'"En-Saigneur" vous brisera ! Mouahahaha !
–Vous n'avez pas besoin de jouer les durs, intervient une élève.
–C'est vrai ! compléta une autre.
– Qu'est-ce qu'il vous arrive ?! Je suis l'"En-Saigneur" ! Vous devriez avoir peur !
–Non, monsieur Kazé, reprit l'élève avec un regard compatissant.
–Toute cette souffrance que vous avez subit avec Irisée... vous l'avez dit vous-même non ?
–La rage, la colère... vous souffrez n'est-ce pas ? Vous avez envie de changer ?
–"En-Saigneur" ou pas, vous restez vous-même, monsieur.
–Oui ! Nous savons tous que vous n'êtes pas méchant !
–Les... les enfants... bafouilla Kazé.
–Ne pleurez pas, monsieur. Nous sommes avec vous désormais, ici, Irisée ne viendra pas vous embêter.
– Exactement ! Et même si elle le fait, on la chassera ! Vous pouvez vous reposer en paix ici !
–Vous ... vous .... snif...

Devant le soutien de tous ses étudiants, l'imposant Eric Kazé ne pu retenir ses émotions.

– Vous êtes tous si gentils ! ... snif... sniiiif...
–Allons professeur, calmez-vous.
–Nous sommes là, monsieur. Durant cette année, nous vous aiderons du mieux que nous le pouvons. On en fait le serment.
– Oui ! On en fait le serment !
– Les ... les enfants... vous ... vous... snif ... vous ... êtes tellement ... snif ... for... FORMIDABLES ! ouuu... OUIIIIIIN !! »

Tous ensemble, les élèves de la 1-C prirent doucement la main de leur nouveau professeur, et ils le rassurèrent de mieux qu'ils le pouvaient avec de grands sourires. Ce moment privilégié élèves/professeur dura encore quelques minutes avant que Kazé ne se calmasse. Et puis, après lui avoir adressé un dernier sourire éblouissant, les élèves le lâchèrent et se mirent en rang devant lui, attendant impatiemment les premiers mots de Kazé en tant que professeur, et non pas en tant qu'"En-Saigneur".

« Sniiif... Ex...excusez moi... reprit l'enseignant, je... je me suis trompé...
–Courage monsieur !
–Vous pouvez le faire !
–On est avec vous !
–Bien ! s'exclama Kazé d'une voix forte. Assez tergiversez ! Commençons dès maintenant votre premier cours de pratique des Pokédoll !!
–Ouaaiiiis !! »

Des acclamations de joies suivirent cette déclaration. D'une certaine manière, cela rappelait aux élèves le premier cours de Mr. Ivy. Preuve qu'au fond, qu'il soit jeune ou vieux, un professeur en restait un jusqu'à la fin de sa vie, dans son cœur.

« Tout d'abord, se calma Kazé, sortez vos Pokédoll pour ceux qui ne l'ont pas encore fait ! »

Rien que le fait de tenir sa Pokéball donnait de la nausée à Célio. Et avant de se sentir suffisamment mal pour tomber dans les pommes, Célio libéra son Osselait. Ce dernier se plaça devant lui, comme d'habitude, attendait de recevoir des ordres et rien que des ordres. Il avait toujours ce détestable regard à la fois sérieux et ... vide. Lui, on aurait dit une véritable poupée. Là où le Pichu de Fa se montrait très énergétique, où le Riolu de Yuki était très fier, où la Chlorobule de Shiro exprimait sa joie de vivre par son grand appétit... le Osselait de Célio était vide. Pas le moindre signe de vie dans son regard. C'était une poupée, une poupée obéissante certes, mais dépourvu de volonté propre.

« Alors, euh... commença Célio. Osselait, c'est le grand jour, hein ?
–...
–On va le réussir, n'est-ce pas ? Ce ne sera pas un problème pour nous !
–...
–Hein, Osselait... on va... le réussir...
–... »

Au vu de la scène, Fa voulu intervenir, mais Shiro posa sa main sur son épaule en faisait un signe de tête négatif.

« Laisse-moi Shiro ! Je ne peux pas le laisser dans cet état !
–Et tu vas faire quoi ? La même chose que ce matin ? Le traiter d'imbécile et t'enfuir juste après ?
–C'é...c'était une erreur ! Je ne la recommencerai plus !
–Ah, oui ? Alors dis-moi, si tu vas le voir tout de suite, là. Que vas-tu lui dire ?
–Je... je ne sais pas ! Mais je ne peux pas le laisser comme ça ! Tu ne ressens pas de la peine pour lui ? On est ses amies, oui ou non ?!
–Ne crois-tu pas que si on pouvait régler se problème aussi facilement, Célio s'en serait remis bien avant ?!
–C'est vrai que ce n'est pas aussi simple, mais je ne peux pas le laisser comme ça !!
–Essaie de réfléchir au moins une fois dans ta vie, idiote !

Les deux filles haussèrent le ton.

–Peut-être que je ne réfléchis pas autant que mademoiselle, mais au moins, moi, j'agis !
–Parce que tu crois que tes actes inutiles servent à quelque-chose ?
–Qu'est-ce que tu en sais ?! Qu'est-ce que tu sais de moi ?!
–Ce que j'ai vu en une semaine est largement suffisant pour me faire une idée précise de ton inutilité !
–Et toi alors ?! Avec ton air supérieur, tu crois détenir la vérité absolue ?!
–J'en suis bien plus proche que toi en tout cas ! Tu veux savoir pourquoi ? Parce que moi, je réfléchis !
–On en revient à là, alors ! Et qu'est-ce que ta magnifique "réflexion" t'as apprise ? As-tu découvert une solution miracle ?
–N...non ! Il me faut plus de temps...
–Parce que tu crois qu'on en a ?! Célio risque de se briser dans quelques minutes, et mademoiselle réclame plus de temps !
–Même si ce n'est que quelques minutes, c'est toujours mieux que d'agir précipitamment et d'empirer les choses !
–Mais qu'est-ce que tu es têtue ma parole !
–Je ne veux pas entendre ça de toi ! »

Toute la tension qui s'était emmagasinés dans l'espace d'une semaine s'échappa brutalement. La dispute entre les deux jeunes filles prit tellement d'ampleur que Kazé dû intervenir pour les séparer. Et une fois que les deux amis se divisèrent, elles se mirent à s'ignorer de part et d'autre.

« Idiotes. »

De loin, Yuki leur adressait un regard méprisant. Etait-ce vraiment le moment de se disputer ? Le jeune garçon se mis à fixer le Osselait de Célio. Il commençait à comprendre. Enfin, il l'avait déjà compris bien avant, mais il ne voulait simplement pas le croire. Bien sûr que Célio était triste que sa Pokédoll n'était pas devenue très ami avec lui, mais il y avait autre chose. Ce Osselait ... était bien plus qu'une simple poupée. C'était un miroir. Un miroir du passé.

« Bien ! tonna la voix du professeur. Avant toutes choses, je vais vous apprendre le plus essentiel : le changement de gemmes.
–Ouais !! »

Acclamation de joie de la part de la classe. " The Rewriters" était le seul groupe qui affichait un visage sombre. Le moment tant redouté. Que se soit Yuki, Shiro ou Fa, les trois enfants se mirent à fixer leur ami. Quant à Célio, il tentait toujours aussi désespérément de communiquer avec sa Pokédoll.
Kazé libéra son vaillant Karacklee, l'apparition de la Pokédoll illumina les mines des étudiants autant qu'elle assombrit celle des "Rewriters".

« Placez-vous en face de votre Pokédoll, reprit le sous-directeur. Voiiilà, comme ça. Hé, placez-vous de manière à me voir quand même !
–Hahaha !
–Ahem... Je vais le faire une fois en vous le détaillant très précisément. Regardez votre main. C'est bon ? Imaginez qu'au lieu de voir une main, vous voyez un "Lien". Un peu comme un câble électrique.
–Bzzzzzzt !

A ces mots, un élève se mit à convulser intentionnellement pour amuser la galerie.

–C'est une image ! Reprenez votre sérieux. Bref, ce lien est ce qui va vous permettre d'atteindre le "Cœur" des Pokédoll. On appelle "Cœur" l'endroit où les Pokédoll gardent leurs gemmes. Retenez bien ça. Et l'étoile rouge sur le front de votre Pokédoll est la "Porte" qui même à son "Cœur", vous comprenez ?
–Mmh ! acquiesça silencieusement la classe.
–Plus votre Pokédoll vous ouvrira son "Cœur" et plus l'accès sera facile. Et a contrario, cet accès sera plus difficile pour d'autre personne autre que vous. Cela aussi est très important, si vous réussissez à établir un lien puissant entre vous et votre Pokédoll, vous la "protégez" en quelque sorte des esprits mal intentionnés qui pourront voler ses gemmes par exemple. Donc, je résume. Votre main est le "Lien", ce "Lien" se dirige vers l'étoile rouge, la "Porte", afin d'accéder là où sont les gemmes, le "Cœur". Ayez cette image dans la tête, c'est vraiment essentiel. Un lien qui ouvre une porte. Maintenant, regardez. »

Kazé ferma les yeux et prit une grande respiration. D'un geste souple, il plaça sa main au niveau de l'étoile rouge de son Karacklee. En le faisant, le professeur répéta à voix haute les étapes de l'opération.

« Lien... »

Petit à petit, la main de l'enseignant traversa l'étoile, se plongeant totalement dans le corps de sa Pokédoll.

« Porte... »

Kasé introduisit sa main de plus en plus, jusqu'à s'arrêter brutalement. Vu de l'extérieur, le professeur sembla "prendre" quelque chose avant de ressortir son bras.

« Cœur... »

Dans la grosse main de Kazé, trônait une magnifique gemme brune-clair.

« Voilà, avez-vous compris ? Si je n'ai pas de question... A vous ! Ah oui, ne retirez pas encore les gemmes de vos Pokédoll, rien que de passer votre main à travers la "Porte" suffit pour ce cours.

Tous les élèves s'empressèrent d'essayer. Tous, sauf Célio qui continuait de fixer sa Pokédoll sans vie.

« C'est... c'est partie... »

Le garçon pris une grande respiration, à l'instar de Kazé, et essaya d'éclaircir au maximum ses pensées et avant d'avancer sa main vers la fatidique étoile rouge de son Osselait...

« Stooop !! »

Exactement au même moment, Shiro et Fa se précipitèrent vers Célio et éloignèrent sa main de sa Pokédoll. Légèrement amusées d'avoir réagies en même temps, les deux filles qui s'étaient précédemment disputées s'échangèrent un bref sourire.

«Shiro ! Fa ! s'écria le garçonnet. Pou...pourquoi ?!
–Je ... je ne peux te laisser comme ça ! s'exclama Shiro.
–Shiro... s'étonna Fa.
–Je m'en fiche de ce que tu penses, je ne te laisserais pas le faire !
–... c'est ce que tu penses, Shiro ? demanda Célio.
–... oui... désolée...
–Et toi, Fa, tu le penses aussi ?
–Ou..oui...

La voix du garçonnet se mit à se brouiller.

–Je... je vois... alors même vous ... vous pensez que je n'en suis pas capable...
–Non Célio, ce n'est... tenta Shiro avant d'être interrompu par le regard de ce dernier.

Ce n'était pas un simple regard. C'était un abandon. Dans ses yeux, Shiro voyait toute la tristesse du monde, c'était des yeux qui lui suppliaient "Laisse-moi le faire. Laisse-moi en finir."

–Célio...
–Non, Célio ! s'écria Fa avant d'être une nouvelle fois arrêté par son amie. ... Hein ? Shiro ? Pourquoi ?! Tu sais ce qu'il va se passer n'est-ce pas ? Où tu veux encore réfléchir plus longtemps ?!
–Fa... il... il est déterminé... on ne peut plus rien faire... je ne peux plus rien faire ! Je n'ai pas pu l'aider ! Je n'ai jamais pu aider personne ! !
–Shiro ! N'abandonne pas ! Raaaaaaah ! Ça m'énerve, ça m'éneeeerve !! »

Pendant que ses amies discutaient, Célio dirigea sa main vers l'étoile rouge de son Osselait. Ses doigts avancèrent librement vers la "Porte". Librement, vers les ténèbres.

« Oh. »

Comme il l'avait espéré, sa main resta bloquée au niveau de l'étoile. Le garçon laissa échapper un petit rire.

« Haha... hahaha... Alors c'est comme ça, hein... je ne peux pas le faire...
–Non, Célio !
–Shiro... merci. Mais tu sais, au fond, je... non, tout le monde le savait, n'est-ce pas ?
–Ce n'est pas ça ! essaya Fa.
–C'est inutile. Le fait que vous avez tentez de me stopper plus tôt vous trahit. Haha... hahaha...
–Célio...

Shiro avait toujours voulu revoir le sourire de son ami. Mais celui là n'était pas son habituelle expression d'une naïveté sans borne. C'était le sourire de quelqu'un qui s'apprêtait à tout perdre, volontairement.

–Devenir le meilleur dresseur... c'était mon rêve. Ah ! Alors que je ne suis même pas capable de créer un lien avec ma propre Pokédoll.
–C'est faux Célio, ce n'est pas de ta faute !
–C'est de la faute de quoi alors ? De qui ? s'écria le garçon. Tu sais autant que moi que Osselait est une Pokédoll extrêmement obéissante ! Même s'il ne m'aime pas beaucoup, il m'aurait laissé entrer dans son "Cœur" ! Le problème vient de moi...c'est mon propre "Lien" qui n'était pas assez fort !
–Si tu avais eu une autre Pokédoll...
– Cesse d'ignorer les évidences, Shiro !

C'était la première fois que Shiro voyait son ami dans cet état. Lui qui s'exprimait toujours de façon si minimalisme et naïve... elle ne l'aurait jamais cru capable d'un tel discours. Serait-ce... son vrai visage ? Elle ne pouvait le croire. C'était impossible.

–Si j'avais eu une autre Pokédoll ? Alors tu comptes rejeter la faute sur Osselait coûte que coûte ? Alors que tu sais très bien que le problème vient de moi ? C'est fini Shiro, il n'y a plus rien à rajouter.
–Non... je voulais... je voulais juste t'aider...
–Je n'ai pas besoin d'aide. Essaie de respecter au moins cela, Shiro.
–Arrête de parler comme ça ! J'ai l'impression... que... tu vas t'éloigner... et partir pour toujours...
–Ce n'est pas qu'une impression, Shiro. Hahaha...
–Non... pourquoi... pourquoi je ne peux pas aider...
–Tu ne peux pas donner ton aide à ceux qui n'en veulent pas. Je suis désolé Shiro, mais comme je l'ai dis, c'est terminé. »

Des larmes se mirent à couler sur les joues de la jeune fille. Pourquoi ? Pourquoi refusait-il son aide ? Elle ne le comprenait pas. Encore une fois, elle avait échoué. Fa était restée silencieuse, elle avait perdu toute sa volonté en écoutant Célio. De même, toute la 1-C fixait le jeune garçon. Cependant personne n'osait intervenir, comme s'il y avait une barrière invisible entre eux et Célio. Et alors que le garçon s'apprêtait à rappeler son Osselait avant de partir, un violent coup de point s'écrasa sur son visage.

–Yuki ! s'écria Shiro. Arrête !
–Toi, je t'ai déjà dis de te taire, idiote !

L'ordre était suffisamment puissant pour que la demoiselle cessât toute intervention.

–C'est bon ? Tu as fini de te lamenter ?!
–C'était... un bon crochet... sourie Célio en essuyant le mince filet de sang qui coulait de son nez.
–Tu parles ! J'ai frappé le moins fort possible !
–Alors... qu'est-ce que tu veux ... Yuki ?
–Cesse de parler comme ça, ça me donne encore plus envie de te cogner !
–Ne te retiens pas...
–Si c'est ce que tu veux !

Immédiatement, Yuki donna brutalement un autre coup à son ami, le projetant au sol. Cette fois-ci, bien qu'elle en avait très envie, Shiro ne protesta pas. Célio ne se releva pas, il se tourna face au ciel et se mit à rire.

– Hahaha ! Je suis tellement pitoyable.
–Tu l'as dis. Si même mes coups les plus faibles arrivent à te mettre dans cet état !
–Oui... je suis faible après tout... beaucoup trop faible...
–Abruti, tu n'étais pas censé l'admettre aussi facilement !
–Que veux-tu... je ... je suis stupide aussi.
–Hum. Tellement stupide que tu vois des choses là où elles ne sont pas.
–Hahaha... j'ai bien peur de ne pas te suivre...
– Dis-moi, que vois-tu ?

Yuki pointa la Pokédoll de son ami du doigt.

–Un ... Osselait, je dirais. Ou plutôt la Pokédoll d'un Osselait.
–Vraiment ? C'est vraiment ce que tu vois ?
–Tes propos commencent à ne plus avoir de sens, mon ami... hahaha...
–Si tu le prends comme ça, je vais te le dire, moi, ce que je vois.

Sur ce, Yuki releva manuellement son ami et le força à regarder son Osselait.

–Ce regard vide, sans volonté... ça ne te rappelle vraiment rien ?
–...
–Alors tu te plonges encore une fois dans ton mutisme...

Yuki raffermit son regard perçant.

–Il y a 6 ans... non, ça ne te dis toujours rien ?
– ...
–Lorsque tes parents ont disparu.
–... !
– Je le savais... tu n'as toujours pas digéré n'est-ce pas ? Ton sourire naïf n'était qu'une façade.
–...
–Ce Osselait... tu étais comme lui, n'est-ce pas ? Ah, j'étais proche de cet état aussi, alors je ne peux rien dire.
–...
–Tu ne dis toujours rien ? Soit. Tu ne vois pas un Osselait quand tu le regarde. Tu te vois, toi. Le toi du passé. Le toi qui avais abandonné.
–...
–Je vais te dire ce que j'en pense. Au début, tu avais vu cela comme une occasion. Une occasion de "réparer" tes anciennes erreurs. "Si j'arrive à devenir ami avec Osselait, alors peut-être que le moi d'avant disparaitra pour de bon..." C'est ce que tu t'es dis, n'est-ce pas ?
–... ... ...
–Je prends ça pour un oui. Sauf que malheureusement, Osselait ne t'a pas accepté. "Pourquoi ?! Est-ce que cela veut-il dire que mon passé ne sera jamais guéri ?!" ... tu serais bien du genre as te convaincre de ce genre d'idioties. Je veux juste te poser une question, Célio. Pourquoi ? Pourquoi vouloir à tout prix cacher ce que tu ressens ? Pourquoi ne pas en parler à nous, ceux dont tu es si fier d'appeler tes amis ?! Pourquoi, Célio ?!
– ... ... ... c'est ... c'est parce que ... ma souffrance... n'est pas plus grande que celle des autres !
–Je te demande pardon ?
–J'ai... j'ai toujours vécu heureux... dans ma jeunesse... alors que toi... tes parents... ils t'ont fait tellement d'horribles choses... alors que moi...
–Tu es encore plus stupide que ce que je ne le pensais ! Moi ?! Qu'est-ce que j'ai à faire là-dedans ? Jusqu'à preuve du contraire, ce que je ressens ne regarde que moi ! Ne va pas croire que je prends en compte le malheur du monde dans mes propres souffrances ! Et toi... tu dis que tu souffrais parce que tu as pitié de moi ? C'est pour ça que tu ne voulais pas parler ? Mais jusqu'où va ta stupidité ?!
–Je... je ne peux pas me plaindre... moi... j'ai connu le bonheur...
–Quel argument absurde ! Alors parce que tu as connu le bonheur tu dois souffrir toute ta vie en silence ? Pour qui te prends-tu ? Dieu ?!
–Mais... je ne peux pas... il y en a tellement d'autres ... qui souffrent plus...
–Jusqu'à quand comptes-tu tenir ce discours pitoyable ?! Je ne savais pas que tu voulais être réincarné en Pijako !
–Toi... tu peux comprendre, n'est-ce pas ? Yuki... tes parents...
–Alors tu veux que je pleure toutes les larmes de mon corps sur ton épaule pendant que toi tu enfouies ta peine ? Si tu veux le savoir, oui, je n'ai pas encore réussis à surmonter mon abandon ! J'en pleure même tout les soirs ! Mais moi j'ai quelqu'un qui me réconforte ! Mais ce quelqu'un ressent aussi une immense souffrance et pourtant refuse de se laisser réconforter à son tour !
–Je ... je dois te protéger Yuki... de ta peine... ne pas te laisser retomber comme avant...
–Encore ? Tu ne changes véritablement jamais de disque ? Me protéger tu dis ? Et toi, qui te protèges ? Ne me dis pas que tu n'as pas besoin de protection, ton état actuel prouve le contraire !
–...
–Quand tu ne sais plus quoi dire tu te tais c'est ça ? Au moins ça t'évite de dire d'autres âneries ! Tu n'as pas réussit à atteindre le "Cœur" de ta Pokédoll, n'est-ce pas ? C'est tout naturel ! Tu ne laisses personne atteindre le tiens ! Alors comment veux-tu atteindre celui de quelqu'un d'autre ? Célio ! Arrêtes de vouloir porter tout le malheur du monde ! Regarde Shiro et Fa par exemple. Bien qu'elles ne sachent rien de toi, elles ont quand même essayé de te sauver, toi, un abruti qui les rejetait sans cesse!
–Je... je ne voulais pas ... qu'elles souffrent...
–La bonne affaire ! Parce que tu crois que ton attitude les rassurait ? Tu le croyais sérieusement ?! Répond moi ... CELIO LUXIA !!!

A l'entente de son nom complet, Célio fondit en larme, sur l'épaule de celui qu'il avait juré de protéger. Yuki... le pauvre garçon né dans les ténèbres. Célio le savait, au fond, que Yuki avançait de plus en plus vers le chemin de la guérison. Alors que lui... il restait sur place. Pire même, toutes ses peines... ils les gardaient en lui. Il se les infligeait lui-même en tant que sanction divine pour avoir connu le bonheur. Maintenant, chacune de ses larmes contenait cet excès de souffrance qu'il avait emmagasiné, durant 6 ans.

–Hum, la prochaine fois, pleure sur l'épaule de quelqu'un d'autre. Je ne suis pas taillé pour ça.
–Yu...Yuki... YUKI ! Je... Je suis tellement désolé... Shiro... Fa ... les ... les amis... je ... vous ... je vous demande pardon... iiimm... sniif...
–Profites-en bien parce que je ne le referais pas une deuxième fois ! !

Lentement, Yuki plaça sa main droite sur la tête de son ami et se mit à le caresser.

–Tout va bien, tu n'es plus seul... »