Suivre son coeur de Clafoutis

« Oh Célio, regarde ! C'est avec elle que je partage ma chambre ! »

En disant cette phrase, Shiro pointaient fièrement deux enfants qui semblaient avoir quelques problèmes avec l'administration.

« Noooooon ! s'exclamèrent les deux élèves en chœurs. Pas encore ! On ne peut pas vivre séparés !
–Calmez-vous, vous deux ! tenta un des gardes qui essayait temps bien que mal de séparer les deux jumeaux.
–Laissez-nous tranquille !
–Vous, laissez-nous tranquille ! craqua un autre surveillant. Tous les soirs c'est la même chose ! On en a marre !
–Si vous en avez marre, alors arrêtez de nous embêtez !
–¬¬Raaaaaaah ! Les garçons dorment aux dortoirs des garçons, et les filles dorment aux dortoirs des filles ! Qu'est ce que vous ne comprenez pas la dedans ?!
–Mais nous ne sommes ni un garçon, ni une fille ! Nous sommes nous-mêmes !
–Ça ne veut rien diiiiiiire !! »

Abandonnant toutes tentatives purement administratives, les deux surveillants usèrent de leur force afin de ramener, contre leur gré, les jumeaux dans leur dortoir respectif.
Célio avait entendu parler que chaque soir, il y avait des problèmes de ce genre avant le couvre-feu, mais il n'avait jamais assisté à la scène personnellement.

« Hum, réfléchit Shiro, depuis six jours que nous sommes là, et elle reste toujours à pleurer sous sa couette ! J'espère que ce soir elle sera plus accueillante !
–Je... l'espère aussi... murmura Célio sans vraiment y croire avant de réaliser. Ah ! Ça veut dire que... Lynn est ta camarade de chambre ?
–Je vois, elle s'appelle Lynn... c'est étrange, ce nom me dit quelque-chose.
–Elle... est dans notre classe... hésita le garçonnet dubitatif.
–Oh, c'est vrai ? C'est bon de le savoir.
–Ha... »

Ne sachant comment réagir, Célio fit un bref et léger sourire avant de se diriger vers son dortoir. Et après l'avoir souhaité bonne nuit, Shiro et son Chlorobule firent de même. Cela faisait six jours que le garçon était à l'Institut. En se qui concernait la vie étudiante, Karl avait bien tenté d'embêter Yuki certains soirs, en profitant du fait qu'ils partageassent la même chambre. Or, maintenant que les Pokédoll avaient été remises, le rapport de force entre les deux garçons s'était comme qui dirait inversé. Depuis qu'il s'était pris une rouste monumentale, Karl arrêta de faire parler de lui. Du moins un peu. Fa était devenue très amie avec son étrange colocataire, celle qui aimait prendre des milliers de photos de tout et n'importe quoi, même si de jour, elle ne la voyait jamais. A contrario, Célio n'avait toujours pas aperçu "Kouta", celui qui était censé partager sa chambre. En y repensant, il ne l'avait pas non plus vu à la remise des Pokédoll. Est-ce qu'il existait au moins ? Célio s'était posé cette question plusieurs fois et n'était visiblement pas près d'avoir la réponse.
Finalement, le garçon arriva dans sa chambre. Comme promit, "Kouta" n'était pas là. Cependant, Célio avait l'impression que le coté de la chambre qui était réservé à son colocataire avait changé en quelques jours. Célio décida de ne pas se poser plus de question que ça, s'il y a bien une chose qu'il avait appris ici, c'était bien cela : dans la vie, il y a certaines choses auxquelles il ne fallait pas essayer de comprendre. Comme le caractère d'Irisée, la directrice, par exemple.

« Avant tout... »

Célio sortie de sa poche une Pokéball argentée sur laquelle son nom était inscrit en fines lettres cristallines. Le garçonnet appuya sur le bouton blanc de la petite boîte et un Osselait possédant une grosse étoile rouge au niveau du front apparu devant lui dans un rayon bleu-ciel.

« Bonsoir, Osselait !
–...
–Euh... désolé de ne pas avoir pu te sortir de là plus tôt...
–...
–Haha... pas très bavard... »

La Pokédoll du garçon n'était pas très communicative, non pas qu'elle était désobéissante : c'était même tout le contraire. Durant les cours de Mr. Ivy, Osselait se montrait d'une obéissance exemplaire, cependant, la Pokédoll gardait toujours ce regard sérieux et pas très sympathique.
Célio était un peu triste, mais il n'avait jamais réprimé jamais sa Pokédoll pour son caractère. Et de plus il avait dit dans le questionnaire que si la Pokédoll ne voulait pas devenir son ami, il l'accepterait. Ce n'était pas le moment de revenir sur ses décisions.
Célio avait coutume de laisser son Osselait dormir à l'air libre le soir, bien qu'il ne sût pas exactement si sa Pokédoll aimait ça. Mais comme Osselait n'avait jamais protesté, Célio conclut qu'il ne devait pas détester dormir hors de sa Pokéball.
Le garçon enfila rapidement son pyjama. Il jeta un dernier regard à sa Pokédoll qui n'avait toujours pas bougé depuis qu'il l'avait sortie. Célio soupira. Même s'il avait dit qu'il accepterait que sa Pokédoll ne veuille pas être son ami, il aurait aimé avoir une Pokédoll un peu plus coopérative. Au début, le garçon se dit qu'il n'avait pas de chance et qu'il aimerait en avoir une autre. Célio s'était mordu les lèvres pour avoir eut ses pensés. Après tout, les Pokédoll étaient bien vivantes ! Alors on ne pouvait pas les traiter comme des objets et les remplacer si l'une ne nous plaisait pas. Maintenant, le garçonnet avait un peu plus de confiance en son Osselait et tentait tant bien que mal d'établir le contact avec lui. Même si les résultats se faisaient un peu attendre.
En essayant de ne plus y penser, Célio se glissa dans son lit et ferma doucement les yeux...

Osselait ne bougeait toujours pas. Il continua de regarder sans but particulier le lit où son maître dormait. Comme il le faisait tout les soirs. Il ne pensait à rien de particulier, il ne voulait penser à rien. Quelques fois, le jour, Célio lui parlait, mais la Pokédoll ne savait jamais quoi répondre. Il n'était pas fait pour la causette. Osselait ne détestait pas Célio, mais ne l'aimait pas non plus. Il n'était pas comme toutes ses autres Pokédoll qui s'attachaient rapidement à leur dresseur, lui, il n'en voyait pas l'intérêt.
Toujours sans faire le moindre mouvement, Osselait fixa le visage de son dresseur endormi jusqu'à ce que celui-ci se réveille.


***


Une fois que les premiers rayons du soleil atteignirent son visage, Célio se mit à se réveiller tout doucement. Une fois sorti de sa torpeur, son premier réflexe était de saluer sa Pokédoll. Le garçon constata avec tristesse que son Osselait n'avait pas du tout bougé depuis qu'il l'avait sortit de sa Pokéball la veille. En lâchant un énorme soupir, Célio rappela sa Pokédoll. Tous les matins, c'était la même chose. Ensuite, le garçon fit sa toilette matinale et une fois qu'il se fut changé, il se dirigeait vers le réfectoire en compagnie de Yuki. L'excitation du premier jour s'était vite envolée, et l'attitude de la Pokédoll n'y était pas pour rien. C'était comme si l'énergie qu'utilisait le garçon pour tenter de s'entendre avec sa Pokédoll l'épuisait de plus en plus chaque jour.

Une fois au réfectoire, Célio pris comme à l'accoutumé un petit-déjeuner léger et s'assis aux cotés de ses amis.

« Il est encore comme ça... soupira Shiro.
–Célio... tenta Fa.
–...
–Il faut faire quelque chose, lâcha Shiro, ça me démoralise de le voir dans cet état tout les matins. Heureusement qu'il devient un peu plus réactif dans la journée...
–Célio ! s'écria Yuki. Jusqu'à quand comptes-tu de laisser abattre ? Tu avais toujours l'air de surmonter toutes tes épreuves ! Est-ce que ce n'était que du bluff ? Est-ce que tu es en réalité incapable de faire face aux obstacles ?!
– ...
–Dis le si tu es inquiet pour lui, au lieu de passer par tes phrases ridicule... siffla Shiro.
–Aaah ! reprit Yuki. Ça me met les nerfs en boule de le voir comme ça ! Je préfère encore partir ! Au revoir !

Yuki se leva brutalement et se dirigea furieusement vers la sortie du self en compagnie d'un Riolu qui bombait le torse.

–Cet idiot ne sait pas montrer ses sentiments.
–Shiro... murmura Fa avant de reprendre plus bruyamment. Raaaaaaah ! J'en peux plus ! Pourquoi est-ce que sa Pokédoll est comme ça ? Hein, hein ? Tout est de sa faute ! Rends-nous notre ancien Célio, fichu poupée !

A ces mots, une petit Pichu, qui mangeait tranquillement en compagnie d'une Chlorobule, bien cachée sous la table se mit à sangloter.

–Aaah ! Non, pas toi Mimi ! Toi tu es une gentille Pokédoll, tu n'as rien fait de mal !
–N'effraie pas ma Chlorobule, répliqua froidement Shiro. Je ne veux pas qu'elle se mette à devenir comme le Osselait de Célio.
–Raaaaah ! Mais ça m'énerve ! Célio ! Tu vois bien que ça nous énerve, non ?! Toi aussi t'es énervé, non ?! Alors dis quelque-chose !
–...

Sans écouter ses amies, Célio continua de manger lentement son repas.

–Raaaah ! Célio imbécile !

Déçue, Fa se leva précipitamment et s'enfuît de réfectoire avec son Pichu.

–Hala, hala... soupira Shiro. Qui aurait pu croire que les choses se passeraient comme ça...

Maintenant que Yuki et Fa étaient partis, un silence pesant s'installa. Et alors que Shiro allait pousser son énième soupire, une petite tête verte apparut devant elle.

–Ah ! s'écria t-elle. Chlorobule ! ... Hé ! Ne me dis pas que tu as encore faim ! Hahaha, petite gloutonne. Tiens, il me reste un morceau de pain au chocolat. Mais après c'est fini, hein ? Hala, hala... Elle est marrante cette petite, n'est-ce pas Cél... oh.

Le garçon arrêta un moment de manger et se mit à fixer la mine ravie de Chlorobule pendant de longues secondes. Et puis, sans rien dire, Célio repris son petit-déjeuner.

–Hala, hala... même moi je ne sais plus quoi faire... »

Comme ses amis, Shiro était désemparée. Le Célio tout souriant n'était qu'un lointain souvenir, enfin pas si lointain que ça enfaite. Mais il risquait de sérieusement le devenir si rien ne changeait. Or, le seul moyen que la demoiselle voyait pour requinquer le petit garçon était de faire en sorte que son Osselait devienne plus communicatif.

« La mince affaire... »

Comment donner l'envie à cette Pokédoll de devenir amie avec Célio ? A vrai dire, Shiro pensait que s'il avait bien quelqu'un qui aurait du bien s'entendre avec sa Pokédoll, c'était bien lui.

« C'est vrai quoi ! Ce garçon possède le sourire le plus naïf que je n'ai jamais vu ! Raaaaah ! Tout ça commence à m'énerver aussi ! Aaah ! Je viens de réagir comme Fa ! Il faut que je me calme, que je me calme... »

La demoiselle prit de longues respirations. Pendant ce temps, Célio se leva soudainement et se dirigea vers la sortie.

«Ah ! Célio attend !
–...
–Je ne peux pas le laisser seul ! Ah ! Il faut nettoyer la table ! ... ... Raaaaah ! Je m'en fiche, des fois il faut agir sans réfléchir, merci de m'avoir apprise au moins ça, Fa ! »

Bien qu'elle eu la résolution de remonter le moral de son ami, une fois qu'elle l'eut rattrapé elle ne su quoi dire.

« Et les cours commencent dans une heure... »

Après le petit-déjeuner, Célio marchait souvent sans but particulier. Dès fois, il se dirigeait directement vers la salle de classe, où encore il traînait dans les couloirs plongé dans ses pensées.
Même si il commençait à devenir un peu plus communicatif lorsque le cours commence, une certaine tension s'était installée entre lui et ses autres camarades. Et surtout que quelque soit les progrès de la veille, le garçon se retrouvait toujours dans un état dépressif le lendemain. Et à chaque fois s'était la même chose. Yuki et Fa se disputaient avec lui et s'enfuyaient du réfectoire. Puis, Shiro se sentait obliger l'accompagner même si elle restait silencieuse, ne sachant quoi dire à son ami.

« Oh. »

Célio s'était assis sur un banc, juste devant l'entrée du bâtiment central. Il avait sortie sa Pokéball argentée qu'il regardait avec tristesse. Shiro s'assit à ses cotés en espérant que le garçon tenterait de prononcer un mot. Or, Célio resta silencieux. A vrai dire, l'attitude de son ami commençait vraiment à irriter la demoiselle. Cependant, vu les réactions de Yuki et Fa, Shiro se disait qu'elle ne pouvait pas faire de même. En tant que seule personne sensée – selon elle – Shiro se sentait comme une sorte de grande sœur.
Et c'était donc avec un œil protecteur qu'elle se mit à observer son ami.

« Il est encore plus déprimé aujourd'hui que les autres jours... »

Enfaite, Shiro se disait cette phrase chaque matin. Mais, en ce jour, c'était encore plus le cas. Cela faisait une semaine que les étudiants avaient reçu leur Pokédoll. Pour l'instant, c'était le personnel de l'Institut qui s'occupait de l'entretient de ses dernières, par exemple, pour le changement des gemmes des Pokédoll. Or, maintenant que les élèves étaient censés avoir un lien plus ou moins étroit avec leur Pokédoll, l'Institut considérait que c'était à eux de changer les gemmes.

« Je me demande si il arrivera... »

Et c'était sur ce point que Shiro était le plus inquiète : pour pouvoir changer les gemmes d'une Pokédoll, le dresseur et la Pokédoll doivent avoir un certain lien. Shiro ne blâmait pas Osselait qui faisait toujours preuve d'une obéissance exemplaire lors des cours de Mr. Ivy. Cependant, c'était Célio qui posait problème. En effet, même si la Pokédoll accepte que son dresseur "pénètre" son corps afin de toucher à ses gemmes, si ce dernier n'a aucune confiance en lui, c'est inutile. Or, l'état actuel de Célio n'était pas ce que l'on pouvait véritablement appeler une confiance totale en soit.

« Si il n'arrive pas à changer les gemmes de son Osselait... »

Shiro ne préférait même pas y penser. Et pour cause, si Célio se retrouvait incapable de pouvoir "pénétrer" l'étoile rouge de sa Pokédoll, cela risquerait très fortement d'anéantir complètement le peu d'espoir qu'il lui restait.

« Si seulement on pouvait faire quelque chose pour lui ! »

Célio faisait partie de son groupe. Des "Rewriters". Elle ne pouvait pas l'abandonner. D'ailleurs, ni Fa, ni Yuki ne le pouvait.

« Mais Yuki est trop fier, et Fa trop impulsive... »

C'était une impasse. A l'heure actuelle, la probabilité que Célio ne puisse changer les gemmes de son Osselait avoisinait les 100%. Et le premier cours pratique, là où cette épreuve va avoir lieu, va commencer dans à peu près cinquante minutes. Que faire dans un laps de temps aussi court ? Le seul espoir de Shiro résidait dans la réalisation d'un miracle. Il fallait que Célio arriverai, contre toute attente, à passer sa main aux travers de l'étoile rouge de son Osselait. Comme Mr. Ivy l'avait fait le premier jour.

« Hala, hala... quand on se rattache à des miracles, ça veut tout dire... »

La demoiselle lâcha un autre soupir. Probablement le millième depuis qu'elle s'était levée. Elle rompit le flot de ses pensées : cela la déprimait encore plus. Elle n'avait aucune intention de rejoindre Célio dans sa dépression !
Les secondes passèrent, se transformant en minutes... Au fur et à mesure du temps, Shiro stressait de plus en plus. L'heure fatidique approchait à grands pas. Qu'est-ce qu'il allait arriver à Célio ? Est-ce que le miracle se déroulera ou est-ce que la cruelle réalité le terrassera ? Shiro ne pouvait que ce poser ces questions, dont les réponses vont bientôt commencer à se dessiner...
Il fallait qu'elle l'aide.