Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 19/09/2013 à 16:20
» Dernière mise à jour le 19/09/2013 à 16:20

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 89 : Métronome
Newton tira une énième fois sur sa longe. L'humain à côté de lui bougea, provoquant un bruit de frottement aigu. Le cheval de feu recula, la tête dressée, forçant encore sur son attache. Cet endroit lui faisait peur, le déprimait, même. Il sentait la mort et la souffrance dans son esprit. Un bruit de pas résonna. Le Pokémon appela en hennissant doucement. La première fois qu'il avait parlé, on lui avait lancé quelque chose, alors maintenant, il n'osait plus cirer aussi fort. Le son diminua : personne n'avaient prêté attention à lui, comme toujours… Pourquoi lui avait-on enlevé son dresseur ? L'humain, là, il n'était pas méchant, mais ce n'était pas le sien. Puis, il ne lui était pas d'un grand secours et il lui faisait peur, avec ses bruits métalliques.

Parfois, l'humain parlait à Newton, mais Newton ne comprenait pas trop ce qu'il voulait. Il lui demandait, mais il ne savait pas quoi. Parfois encore, il essayait de le rassurer, pourtant, il semblait avoir plus peur que lui… Vassili manquait beaucoup au cheval de feu. Il prenait soin de lui, avant, plus que quiconque ne l'avait fait. En plus, il avait été emmené lui aussi par les méchants humains. Alors forcément, il devait être aussi triste, c'était normal. Il se devait de sortir de là, parce que, comme le disait Aleph-Zéro et même Eclair-de-Liberté, les Pokémon étaient plus forts. Donc, quand il s'agissait de se battre, c'était à lui de soutenir son dresseur. Le raisonnement découlait de la logique pure… Seulement, cela faisait déjà très longtemps qu'il était là et jamais il n'avait réussi à briser son attache, par aucun moyen. Plus les jours passaient, plus ce serait d'ailleurs dur : il se sentait faiblir de jour en jour.

Dans la pièce d'à côté, une fois, on avait parlé de Vassili, il était donc bien ici. Il énervait beaucoup ces humains. Apparemment, ils lui faisaient mal, donc cela confirmait bien ce qu'il savait : ils étaient méchants. On le maltraitait parce qu'il ne voulait pas faire quelque chose. En réalité, d'après ce qu'en conclut Newton, ils devaient sans doute essayer de dresser l'humain. Quelqu'un avait parlé de renoncer… Mais les autres avaient eu peur. Ils avaient crié, dit qu'il n'y avait aucune raison d'avoir pitié et qu'il finirait par être bien dressé. Ils avaient l'air de vouloir faire croire qu'ils n'avaient rien à craindre et pourtant, dans leur voix, Newton ne pouvait se tromper, il avait reconnu l'inquiétude. Il était sûr qu'ils auraient eu honte, sans doute d'avoir passé autant de temps à vouloir le faire obéir pour rien, parce qu'apparemment, faire obéir Vassili, c'était effrayant.

Puis, le miracle arriva : une occasion. Un des méchants humains vint lui donner une friandise, le caresser gentiment. Newton le poussa du bout de la tête :

................- Où est Vassili ? demanda-t-il de sa voix la plus douce.

L'humain ne répondit pas. Il ne dit rien. Mais il détacha la corde. Le cheval de feu recula, tira, mais on ne lâcha pas. Il essaya de sortir ; on s'énerva. Pourtant, il fallait qu'il utilise cette occasion pour s'enfuir. Comment ? A côté de lui, celui qui était attaché comme lui se leva d'un bond, dans un cliquetis insupportable. La chaîne vola jusque devant le poitrail de Newton. Le poney de feu prit peur. Il se retourna, recula une nouvelle fois, puis leva la tête violemment. Cela ne suffit pas, on le tenait toujours, alors il se cabra. Il devait quitter ce lieu de plus en plus effrayant. Cette fois, il parvint à se libérer. Le méchant humain cria. Le Pokémon lui décocha une ruade, il tomba et enfin, il se tut.

Aussitôt, alors que Newton allait enfin sortir, l'autre humain attrapa le bout de la corde. Il tira doucement, mais le cheval ne voulait pas s'approcher.

................- Là, là, Newton, dit-il d'un ton apaisant.

Il s'agissait d'un ami de Vassili, il l'appelait par son nom, il le comprit. Alors Newton pouvait lui faire confiance, même s'il venait de lui faire peur. L'humain demanda encore de l'aider, sauf que le cheval enflammé ne comprenait pas ce qu'il voulait qu'il fît. Il se rapprocha. Alors, il posa sa chaîne sur le dos de l'équidé.

................- Flammèche ! lança-t-il, convainquant.

Newton ne pouvait pas se tromper, il connaissait cet ordre, il l'utilisait en combat… Il ne voyait pas l'adversaire, mais tant pis ; il se devait de faire confiance aux amis humains. Il augmenta la température de son corps, prit son inspiration et souffla. La gerbe de feu illumina quelques instants la pièce, puis l'obscurité retomba.

................- Encore, ne t'arrête pas ! dit l'humain, enjoué.

On était content de lui ! Il recommença de nombreuses fois. Enfin, l'humain lui demanda d'arrêter ses attaques. Il posa ses deux mains sur la chaîne. Elle crissait derrière lui, elle faisait peur à Newton. D'un coup sec, il la brisa en deux, à un endroit où elle était étrangement devenue jaune, comme par magie. Il l'enroula autour de lui alors que le Pokémon reculait.

................- Elle ne te fera plus peur… murmura-t-il.
................- Merci, répondit Newton, soulagé.

Ensuite, l'humain s'appuya sur son dos, faiblement d'abord, puis il prit de l'assurance. Enfin, il enfourcha la monture. Ils allaient enfin partir. Sans attendre aucun ordre, Newton prit l'initiative de s'élancer au grand galop. On le dirigerait sans doute, mais il ne devait pas perdre de temps. Les chemins étaient étroits, peu adaptés au déplacement… Le sol glissait méchamment, à chaque foulée, ses sabots dérapaient. Les humains sortirent, pour viser le cheval de feu avec leurs armes. Peut-être visaient-ils l'ami de Vassili plutôt, car on ne tirait pas souvent sur les Ponyta, toujours était qu'il se sentait agressé. Il décocha une ruade, qui faillit désarçonner son cavalier, mais ne ralentit pas sa course.

Bientôt, l'air frais de la nuit caressa les oreilles de Newton. Les étoiles éclairaient à peine le ciel ténébreux. La Lune, à demi voilée par un nuage, semblait appeler le Pokémon. La liberté se trouvait devant lui. Il n'avait pas retrouvé Vassili sur son chemin. Celui-ci ne l'avait pas appelé. Le cheval stoppa son galop, glissa en freinant des quatre fers. Il leva les antérieurs et finalement, il se stabilisa. Derrière lui, les humains arrivaient. Au-dessus, son cavalier lui serra les flancs. Il devait repartir, vite. Encore une fois, il ne pouvait que faire confiance à cet humain. Alors qu'une détonation retentissait derrière lui, il repartit de plus belle vers la sortie.

Dehors, le sol ne glissait plus. Newton accéléra, rassuré par la prise plus sûre de ses sabots. Il galopait sans savoir où aller, vers l'endroit qui lui semblait le plus dégagé. Il commençait à s'essouffler, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas fait d'exercice et ses jambes le brulaient. Sa bave prenait une couleur laiteuse en s'écoulant de sa bouche, il s'éclaboussait de mousse blanche. Pourtant, aucune ouverture n'était encore visible. Un seul passage s'ouvrait devant lui, il s'y engouffra. De chaque côté, de grands murs de métal brillaient. De tous les côtés, les méchants humains arrivaient. Ils le suivirent dans l'allée.

Newton galopa encore sur quelques mètres, puis il se retrouva bloqué. En face de lui, un grand mur se dressait. Derrière, il y avait les méchants humains qui criaient. De l'autre côté de l'obstacle, sans doute, se trouvait la liberté.

................- Allez ! insista le cavalier, se faisant le plus motivant possible.

Le cheval de feu fit quelques pas en arrière. Le mur était immense, il le regardait avec inquiétude. Les chocs sur ses flancs se firent plus pressants. Newton prit son élan. Il galopait, ni trop vite, ni trop lentement, avec la régularité de la concentration. L'obstacle se rapprochait, de plus en plus grand en face de lui. Dans la dernière foulée, toute la détermination disparut en un instant. Les quatre membres s'arrêtèrent de bouger. Les naseaux dilatés, le Pokémon soufflait bruyamment. C'en était trop ; le mur se dressait trop haut devant lui pour qu'il pût sauter.

Courageusement, l'humain talonna Newton pour repartir en sens inverse. Il le gratifiait de « Là, là… » encourageants. Tourner le dos au mur soulageait le cheval de feu. Pourtant, bientôt, la pression sur sa tête lui intimait de faire volte-face. Prudemment, il reprit donc sa position. Le cavalier serra les jambes de toutes ses forces, si bien que Newton expira profondément. Il battit l'air de sa queue, mécontent. Derrière lui, un coup de feu déchira le silence de la nuit. On les avait visés. Il n'avait d'autre solution que de sauter ou mourir.

Newton leva les deux antérieurs, à quelques centimètres du sol. Les muscles de sa croupe et de ses postérieurs se contractèrent, mis en valeur par la maigreur qu'avait prise son corps au cours de ces dernières semaines de captivité. Les sabots claquèrent le sol, le cheval était en marche, inébranlable. Les foulées dégageaient une puissance incroyable. L'encolure refermée sur elle-même, il avançait. Un humain cria, il visa, mais il se retint de faire feu en voyant ce que s'apprêtait à tenter le Pokémon. Il ne pouvait pas interrompre ce spectacle, sa curiosité avait pris le dessus.

Les antérieurs se posèrent, l'encolure se baissa plus qu'à l'accoutumée. Quand le premier postérieur toucha le sol, Newton releva la tête, jaugeant l'a performance qu'il allait accomplir. Il posa le deuxième sabot. Sa croupe se gonfla sous l'effort et enfin, le poitrail se souleva. Sur son dos, l'humain se cramponnait à son cou, heureux de la délivrance, mais impressionné par l'effort à fournir. Soudainement, le poids se reporta sur l'avant du cheval. La légèreté disparut et alors qu'un des postérieurs quittait le sol, au lieu de s'élever, il se reposa lourdement en arrière. Déséquilibré, Newton fit quelques pas à reculons, pour ne pas tomber. Le cavalier se voyait déjà sauvé, il sauta sans sa monture.

Une rafale claqua, couvrant le bruit sourd du choc entre l'homme et le mur. Entre la violence de l'impact et l'élan du saut, le corps resta plaqué contre l'obstacle infranchissable quelques instants. Puis, comme un ballot de tissu, il retomba au sol, laissant une trace sombre sur la paroi. Les soldats avaient fait feu ; ils raillaient déjà le mort téméraire. Newton les regardait sans comprendre, il ne se remettait pas de son échec. Il pensait y aller ; jusqu'au dernier moment il avait imaginé franchir. Puis, à la dernière seconde, son esprit avait totalement paralysé son corps. La peur l'avait pris à la gorge.

Newton leva un antérieur, l'agita, puis il recula presque contre le mur. On le mit en joue. Il fixa, les yeux grands ouverts, cet humain qui le braquait avec son arme. Un autre éclata de rire. Qu'allait-il faire maintenant ? Il ne comprenait pas trop… En tout cas, il se sentait en mauvaise posture : on ne lui voulait pas du bien, ici. Soudain, la peur déferla en lui. L'instinct lui criait de courir ; la raison lui montrait qu'il n'y avait aucune issue. Sans vraiment le vouloir, il évacua ce trop plein d'émotions d'un coup. Les étincelles jaillirent de son corps, les flammes illuminèrent la nuit. Les humains aveuglés utilisèrent leurs armes et à ce moment, la nature reprit le dessus : Newton traversa les rangs au grand galop, rayonnant d'une lumière blanche.

La force semblait renaître en lui. Ses foulées s'allongeaient avec une plus grande facilité, la peur disparaissait. Il se sentait grand et fort. Les cloisons des bâtiments humains défilaient à une vitesse incroyable à côté de lui. La douleur dans son épaule ne le gênait même pas, pas plus que le sang chaud qui s'en écoulait. Newton traversa en quelques foulées une immense cour. Encore une fois, en face de lui, un obstacle. Il s'agissait là d'un grand grillage, surmonté de barbelés. Pourtant, tout lui apparaissait bien moins effrayant… Il lança son galop dans un téméraire élan. Il décolla lors de la foulée d'appel, sans aucune hésitation.

Il n'avait pas ramené son postérieur gauche suffisamment sous lui, trop sûr de son coup, ou peut-être, trop faible... Le barbelé résista, mais le cheval avait l'élan pour lui. Il fut pourtant largement déstabilisé quand la peau se déchira. Quand les antérieurs touchèrent le sol, ils ne purent soutenir le choc. Newton roula au sol, encolure la première. Il ne se releva que par la force de l'adrénaline. Désorienté, il galopait en chancelant, d'une manière aussi désordonnée que s'il avait été soûl. Il s'éloignait des grands bâtiments, en zigzagant à travers les rues désertes de la ville plongée dans l'obscurité… Il semblait tel une lanterne perdue dans la nuit, seule source de lumière dansant n'importe où.

Quand enfin, il se sentit hors de danger, Newton prit le temps de réfléchir. Il ne trouverait pas Vassili ici. Il devait retrouver Eclair-de-Liberté ou Aleph-Zéro. Il ne savait pas par où aller, mais il les finirait par les rencontrer, comme il l'avait fait la première fois qu'il s'était perdu… Avec la pression relâchée, son épaule commença à le bruler. Il ne pouvait s'arrêter. Boitant, le Galopa s'enfuit au petit trot dans la nuit.