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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 16/09/2013 à 09:34
» Dernière mise à jour le 16/09/2013 à 09:35

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 167 : Who I am living for
Who I am living for - Katy Perry


Cassy rajusta la bretelle de son soutien-gorge tournée du mauvais côté avant de faire pivoter la poignée du débarras. D'une main, elle s'efforça de mettre un peu d'ordre dans sa coiffure tout en franchissant le seuil. Elle se pourlécha les babines en songeant à Cédric, qui patientait dans son sillage.

Elle ne s'attendait cependant pas à se trouver nez à nez avec Régis. Il la scruta de manière insistante, les yeux plissés et l'air suspicieux. Tandis que l'homme sortait à son tour, son regard passa de l'un à l'autre. La jeune femme garda son sérieux, mais intérieurement, elle s'esclaffait.

- Tu as été bien longue. Tu n'as pas trouvé ce que tu cherchais ?

A leur gauche, Lilith éclata d'un rire franc. Le scientifique lui adressa une expression signifiant qu'il ne valait mieux pas l'énerver, puis rapporta son attention sur sa collègue restée muette.

- Tu es renvoyée, Cassy.
- Je te demande pardon ?
- Tu m'as parfaitement compris. Je t'ordonne de quitter immédiatement le laboratoire de mon grand-père. Va chercher tes affaires dans ta chambre et surtout n'oublie pas d'emmener ta satanée diablesse avec toi.

L'intéressée se leva d'un bond menaçante. La chaise sur laquelle elle était assise bascula dans un assourdissant claquement métallique. Sa disciple s'interposa cependant entre eux, une main tendue sur le côté pour barrer le passage. Cédric, resté en retrait, n'osait pas faire le moindre geste.

- Depuis que cette sorcière est entrée dans ta vie, tu es en train de devenir exactement comme elle. Un monstre. Quant à vous, ajouta-t-il en se tournant vers l'homme, estimez-vous heureux que je n'ai pas l'intention de dire quoi que ce soit à votre femme, et que je n'ai pas le pouvoir de vous jeter dehors également.
- Je... commença Cassy, mais l'épouse de Giratina l'interrompit d'un geste.
- Je te conseille de peser tes mots mieux que cela lorsque tu t'exprimes, le mioche. Sans quoi tu pourrais amèrement le regretter.
- C'est une menace !
- Non !

Celle qui fut longtemps son amie hocha la tête en signe de dénégation, puis lui fit signe de reculer d'un pas pour qu'il demeure hors de portée de Lilith. En dépit de tout, malgré la situation nouvelle qui avait à ce point changé leur relation, elle avait fait une promesse, qu'elle tiendrait jusqu'au bout. Personne, tant qu'elle en aurait le pouvoir, ne lui ferait de mal.

- C'est bon, je vais partir, mais ce n'est pas la peine de nous provoquer de la sorte. Régis, elle ne te menace pas. Simplement ne te mêle pas de sa vie, et à présent aussi ne te mêle plus de la mienne.
- Je n'en avais pas l'intention, de toute manière.
- Parfait ! Autre chose à ajouter ?
- Fiche le camp.

Ils se foudroyèrent du regard pendant près d'une minute, puis Cassy se détourna la première. Elle passa devant lui le dos droit, la tête légèrement penchée vers l'arrière. Son allure à elle seule dénotait désormais un profond mépris pour tous ceux qui l'entouraient. Même dans sa démarche, elle ressemblait étrangement à Lilith.

Celle-ci la précéda jusqu'à l'étage, où elles rassemblèrent chacune de leur côté leurs effets personnels. Une fois leurs valises bouclées, la jeune fille jeta la cape de Sven sur ses épaules, puis elles quittèrent les lieux, sans prendre la peine de dire au revoir à quiconque.

- Où allons-nous ?

La démone ne répondit pas. Elle se contenta de se mettre en route et sa disciple la suivit sans prononcer le moindre mot supplémentaire. L'automne était déjà bien entamé : les arbres se dénudaient, alors qu'un vent glacial venait les frigorifier. Lilith boutonna bientôt la fermeture éclair de son blouson en cuir jusqu'à son cou, tandis que Cassy resserrait autour d'elle les deux pans de velours.

- La leçon numéro une est acquise. Je ne te donne cependant pas de mention, étant donné que tu es parvenue à te faire prendre. Désormais, il est grand temps de passer à la seconde.
- Oh, et pourrais-je avoir l'insigne honneur de savoir en quoi elle consiste avant de me jeter une fois encore les yeux fermés dans l'une de vos idées à la moralité plus que douteuse ?
- La moralité est simple affaire de point de vue. Nous n'avons pas tous la même. C'est simple, la séduction et le contrôle sont les éléments essentiels de la réussite. Qu'est-ce qui vient ensuite d'après toi ?
- L'argent ?
- L'argent est matériel, il est donc bien en dessous de ce que nous recherchons précisément. Cependant, quelque chose me dit que tu es sur la bonne voix. Continue dans cette direction et tu trouveras par toi-même.
- Hum... Eh bien... Il apporte la supériorité. Il permet aux gens d'avoir tout ce qu'ils convoitent, du moins tant que cela s'achète.
- Voilà, c'est là où cela bloque. "Tant que cela s'achète." Et pour ce qui ne s'achète pas, que suggères-tu ?
- La volonté ? Lorsqu'on veut quelque chose, généralement, on l'obtient, peu importe de quelle façon.
- Quelqu'un peut désirer ce qu'il souhaite de toute son âme, s'il ne fait rien pour l'avoir, il ne l'aura pas.

Cassy observa discrètement la démone qui avançait d'un pas assuré à sa droite. Elle possédait une telle éloquence qu'elle paraissait capable de démembrer le moindre argument, même valable, en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

- Dans ce cas, cela ramène à l'art de plaire et la leçon numéro un. Un homme conquis, voire soumis, ne peut rien nous refuser.
- Et s'il refuse ? Ou si c'est d'une femme dont il s'agit ?
- Oui, mais il faut alors remettre en question la leçon numéro un.
- Non, la compléter. Réfléchis un peu. Qu'est-ce qui permet de tenir quelqu'un sous sa coupe ?
- La peur. La terreur, comprit soudain la jeune femme.
- Et comment pouvons-nous l'obtenir ?
- Par la puissance ou le pouvoir. Sauf que je ne vois pas du tout...
- As-tu eu des nouvelles de tes amies, récemment ?

Sa disciple s'arrêta aussitôt, les poings serrés par la colère. D'ordinaire, elle ne haussait jamais le ton face à l'épouse de Giratina, mais cette fois-ci, c'en était beaucoup trop pour elle, aussi s'égosilla-t-elle :

- Je commence à en avoir plus qu'assez que tout le monde me le demande ! Vous vous êtes faits passer le mot ou quoi ?
- Pas du tout. Je crois seulement que le moment est venu de remédier à cela. Que dirais-tu de rendre une petite visite de courtoisie à l'une de tes anciennes complices ?
- Je ne suis pas certaine d'en avoir réellement envie. Et puis, quel est le rapport ? Pardonnez-moi, mais j'ai un peu de mal à vous suivre. Vous me parlez d'abord de la leçon numéro deux, puis vous me vantez les mérites du pouvoir, tout cela pour me proposer d'aller prendre le thé avec la Confrérie ?
- Qui te parle d'elle ? Non, non, j'ai une bien meilleure idée...

Lilith porta deux doigts à ses lèvres pour émettre un sifflement strident. Elle répéta son geste à une autre reprise, puis alla s'adosser à un arbre le long de la route 1 qu'elles remontaient en direction de Jadielle.

- Et maintenant ?
- Maintenant, on attend.

Au cours des derniers jours passés en compagnie de la reine des Succubes et des Incubes, Cassy avait compris que la forcer à en dire davantage lorsqu'elle n'était pas décidée serait comme se heurter de plein fouet à un mur. Elle n'en tirerait jamais rien de bon.

Près d'un quart d'heure plus tard, une ombre menaçante survola le bosquet dans au coeur duquel elles avaient fait halte. D'un mouvement similaire, elles levèrent les yeux en direction du ciel, où la forme obscure se rapprochait dangereusement d'elles. Une fraction de seconde après, Giratina se posait devant elles, écrasant plusieurs buissons à baies sous ses énormes pattes.

- Allons-y.

L'immense créature déroula lentement sa queue sur le sol jusqu'aux pieds de Lilith. Celle-ci commença à remonter le long de son échine avant de tendre la main en direction de sa disciple pour l'aider à grimper.

- Vous êtes sérieuse ou c'est juste une mauvaise plaisanterie ? Vous avez réellement l'intention que je monte sur le dos de votre mari ?
- Ne fais pas ta sainte-nitouche ! Tu chevauche bien ton Dracolosse, non ?
- Ce n'est pas l'un des dragons légendaires, lui.
- Non, mais le frottement des écailles entre les cuisses restent le même. Tu verras, tu ne seras pas dépaysée. Maintenant, dépêche-toi de me rejoindre. C'est un ordre.

A contrecoeur, Cassy s'aida des doigts tendues de la femme afin de se hisser le long de l'épaisse peau glacé du Maître des Dimensions. Elles suivirent ensuite la courbe dessinée par sa colonne vertébrale pour atteindre le sommet de sa tête, sur laquelle elles s'installèrent. Toute en sensualité, la démone s'allongea à plat ventre puis étendit son bras jusqu'à le descendre au niveau des yeux de Giratina. Elle caressa amoureusement son front, ce qui ne manqua pas de répugner la jeune femme, puis il se mit à prendre de l'altitude.

- Cela ne me dit toujours pas où nous allons. Chez qui m'emmenez-vous ?
- Patience. Tout vient à point à qui sait attendre.
- Sven ?
- J'ignore où il se trouve en ce moment. Artémis l'a peut-être même tué accidentellement au cours d'un entraînement un peu trop ardu. Oh, ne fais pas cette tête là. Elle sait maîtriser sa force, quand même ! C'est une professionnelle. Et puis, je t'ai dit que cela n'avait rien à voir avec la Confrérie.
- Cynthia, alors ?
- La blonde ? Navrée, mais je ne la porte pas suffisamment dans mon coeur pour te confier à ses soins inexperts. D'ailleurs, elle serait n'importe qui d'autre, elle serait sans doute morte, à l'heure qu'il est.
- Vous tuez vraiment tous les gens qui vous déplaisent ?
- C'est toujours mieux que d'avoir à les supporter, non ? Maintenant tais-toi et cramponne-toi. Je ne veux pas d'une disciple en charpie si tu venais à tomber de cette hauteur. De toute façon, tu le sauras bien assez tôt.