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» Auteur : Clafoutis - Voir le profil
» Créé le 15/09/2013 à 06:00
» Dernière mise à jour le 21/09/2013 à 12:04

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... là où les souvenirs ressurgissent. [3/7]


Bien qu'avec légèrement de retard, la cérémonie d'entrée des premières années venait de commencer. Tous les élèves se mirent parfaitement en rang bien ordonné devant l'estrade où la directrice de l'Institut, la championne Irisée, allait bientôt apparaître. L'excitation de tous les futurs étudiants laissa place à une petite appréhension de plus en plus palpable. Célio avait un peu de mal à se faire à cette nouvelle atmosphère pesante : le chant des Roucool de Rosalia lui paraissait bien loin désormais. Yuki quant à lui avait retrouvé son regard perçant habituel, on pourrait presque voir sa détermination sortir de son corps sous forme de flammes ardentes. Célio était content que son ami se soit déjà remit de l'incident d'il y a une heure. Le garçonnet tenta de retrouver les individus qu'il avait rencontrés plus tôt : il réussit à discerner dans la première rangée Lann et Lynn, les jumeaux, qui abordait une attitude très détachée. Aucun signe de la princesse ni du garçon-manqué, ils devaient être sûrement hors de son champs de vue. Célio cru au début que Karl c'était enfuit du gymnase, mais en regardant bien, il distingua la tête de la petite brute qui se cachait maladroitement derrière un poteau à l'entrée.
Tout d'un coup, les fenêtres du gymnase se fermèrent et une puissante lumière artificielle vint éclairer l'estrade. Des applaudissements retentirent et une élégante grande femme fit son apparition.

« Où sont les paillettes et les étincelles ? pesta la championne à la surprise général. J'avais demandé une apparition remarquable ! Hein, quoi ? Je parle dans le micro et tout le monde m'entend ? ... Ah, correct. Et faut que je commence mon discours au plus vite c'est ça ? Je vois ... je vois ... et que j'arrête de répéter à haute voix tout ce qu'on me dit à l'oreillette ? Sans problème ! Bon attendez deux minutes... mes fiches... mes fiches... ah non celle-ci c'est la liste des courses... celle là c'est mon classement des meilleurs moyens de se la couler douce sans se faire attraper – aussi appelé plan ultime afin d'échapper au vieux crouton qui me surveille tout le temps – ... ah voilà ! Le discours des premières années ! Argh ! Pourquoi il y a autant de mots ? Ah, c'est la vie ma pauvre Lucette... je commence dans 1...2...3 ... : " C'est pourquoi, moi Irisée, et toute notre équipe, nous vous souhaitons la bienvenue ! ¬¬" ... Hé attendez c'est la dernière page ! Parce que ce discours à plusieurs pages en plus d'avoir plusieurs mots ?! Je voudrais bien savoir qui est l'idiot qui ma donné cette fiche ! »

Stupeur et silence général, aucun des élèves ne s'attendait à un tel revirement de situation. Mais tous étaient d'accord sur un point : pour être remarquable, cette apparition l'était ... et pas qu'un peu. Si l'on regardait bien, on pouvait apercevoir un homme à l'extrême droite de l'estrade qui percutait à plusieurs reprises son crâne chauve contre le mur comme s'il voulait se réveiller d'un mauvais rêve.

« Ahem ! toussa Irisée. Bon cette fois j'y vais sérieusement, pour de vrai. ... Je suis vraiment sérieuse je commence mon discours ! Tout le monde m'écoute ? Bon c'est partie ! Ahem... donc ... alors...
"Discours des premières années de l'Institut de Johto. C'est avec grand plaisir que nous, membres de l'équipe enseignante de l'Institut nous vous accueillons dans notre enseigne éducatif. " Pfouuuaaa....
Ah ? Non je n'ai pas baillé, arrêter de gueuler si fort dans l'oreillette voyons ! Vous m'avez interrompu ! Bref, je poursuis : " Enseigne qui, nous l'espérons, vous permettra d'aborder avec confiance et aisance votre avenir." Blablabla, tous nos vœux de bonheurs, vous avez compris quoi. " Nous engagerons toutes les capacités que nous possédons afin de vous transmettre l'art d'utilisation des Pokédoll. Un art qui vous sera essentiel, que vous voulez devenir agent des forces de l'ordre, chercheur et surtout dresseur." Bref, ratez vos études et vous êtes fichu, c'est l'idée. Paragraphe suivaaant... " Vos premiers pas dans le monde commence ici, dans cet Institut. Vos premiers pas dans la société, vos premiers pas à coté de votre première Pokédoll." Donc si vous êtes en fauteuil roulant vous êtes viré ! Hahaharf ! ... Ben quoi ? Premier pas, fauteuil, handicapé, humour... nan ? Bon ben tant pis... allez on saute toute cette partie ennuyante et ... ah tiens, il y a un point d'exclamation là, ça doit être important ! " Les soldes commencent demain !" ... Oh ? C'était un mémo personnel en fait, hihihi professeur Irisée est tellement maladroite ! Ahem... je crois que tout est dit, il ne me reste plus qu'à conclure : " C'est pourquoi, moi Irisée, et toute notre équipe, nous vous souhaitons la bienvenue !" »

Sur ce, Irisée fit une majestueuse révérence et quitta le gymnase. Comme le calme après la tempête, un silence pesant s'installa pendant de longues minutes. Personne n'osait émettre le moindre bruit, il fallait dire que dans l'imaginaire de tous, la grande championne Irisée, connue pour sa force de persuasion et ses compétences politiques infaillibles, allait énoncer un discours un peu plus ... pertinent que celui-ci. Aucun d'entre eux n'avait réellement vu Irisée en "live" mais le vrai visage de la championne avait de quoi faire émettre des doutes quant à la véracité de sa réputation.
Interrompant le flot de pensée général de l'assemblée, un vieil homme chauve, dont le crâne était devenu complètement rouge à force de s'être aplatie contre le mur, prit la parole :

« Nous... remercions notre chère directrice pour son ... chaleureux accueil. Si vous le voulez bien, je vais maintenant vous parler des modalités de votre rentrée... »

En plus de son regard menaçant, qui était surtout dû au bandeau noir qu'il avait sur son œil gauche, le vieil homme dégageait un air beaucoup plus sérieux que sa collègue. En quelques simples lignes, il expliqua aux étudiants tout ce qu'ils devaient savoir pour confirmer leur appartenance à l'Institut. Tout d'abords et le plus important : le test de personnalité. En effet, il était primordial que l'Institut se fasse une idée précise de l'état d'esprit de chacun de ses nouveaux élèves afin de leur donner une Pokédoll qu'ils pourront plus aisément prendre en main. De plus, la Pokédoll donnée continuera d'accompagner son dresseur même après ses études, il était donc nécessaire que la Pokédoll et son possesseur s'entendent le mieux possible.
C'est ainsi que les étudiants se sont vus dispatchés dans de grande salle avec deux heures pour répondre à dix questions. Célio était déterminé à y répondre le plus honnêtement possible : il voulait réellement avoir une Pokédoll qui le correspondrait parfaitement.
Il commença à lire silencieusement le questionnaire : " Question n°1 : Quel est votre type de Pokémon préféré ?"

« Hum... »

Célio resta déjà un peu perplexe devant cette première question. Il ne se doutait pas une seule seconde qu'on lui demanderait d'emblé le type de la Pokédoll qu'il aurait peut-être. En réalité, cette question n'avait pas pour but de satisfaire un quelconque désir : c'était une réelle question de personnalité. Quelqu'un qui répondrait « Dragon ! » par exemple serait perçu comme un brin immature. Bien sûr, cela n'était pas une science exacte mais elle permettait de se faire une idée dès le début de l'élève répondant au questionnaire.
Célio peinait à répondre, il ne s'était jamais vraiment posé la question. Combien il y avait-il de type déjà ? Quinze ? Plus non ? Feu, Plante, Eau, Combat, Acier, Roche, Sol, Psy, Insecte, Electrique, Ténèbres, Vol, Glace, Dragon, Spectre, Poison, Normal et ... Fée. Dix-huit types en tout. En se remémorant la liste, Célio eut des spirales dans les yeux : comment choisir dès maintenant le type qui lui plairait le plus ? Est-ce que dire qu'il préférait un type signifiait qu'il n'aimait pas les autres ? Quelle question cruelle. Tout d'un coup, Célio repensa à sa ville natale.

« Alors ... euh... j'aimais bien la danse des pétales... alors je peux dire que j'aime le type Plante ? »

Le garçonnet répondit fébrilement "J'aime le type Plante".

« Ah ! Mais il y avait aussi les Roucool que j'aimais bien ! J'aime aussi le type Vol alors ? Ah ! Et je ne connais pas bien les autres types aussi ... que faire ... que faire ... euh... »

Confus, Célio compléta rapidement sa réponse. "J'aime le type Plante, comme j'aime les autres types. Mais en fait, je n'en connais pas beaucoup..."
Pas très rassuré quand à la pertinence de sa réponse, le garçon soupira et passa à la question suivante à contrecœur. "Question n°2 : Que sera votre future Pokédoll pour vous ? Préféreriez-vous recevoir un Pokémon à la place, si vous en aviez le choix ?"

« Pokédoll ou Pokémon ... euh... »

Cette une fois, c'était une question visant à tester les desseins et l'honnêteté de l'étudiant.
Il était quasiment certain que tout le monde ici répondra à la première question en évoquant un principe d'amitié ou autre synonyme. Ceux qui répondraient de manière extrémiste avec un " Ce ne sont que des esclaves !" ce ferait rapidement remarquer et l'Institut prendrait grand soin de les attribuer une Pokédoll bien difficile de caractère histoire de les dompter un peu. Cependant, la deuxième partie de la question était déjà plus complexe. "Si vous aviez le choix, préféreriez-vous prendre l'original ou la copie ?" "Si vous aviez le choix, préféreriez-vous un vrai billet ou un faux parfaitement identique?" Ces deux questions auraient bien pu remplacer celle énoncée dans le questionnaire. Ce n'était que faire preuve de bonne foi, si le choix se présenterait, tout le monde préférerait avoir la meilleure qualité possible. Cependant, il était vrai que pour la génération de Célio, déjà bien habituée à l'existence des Pokédoll, la question paraissait un peu moins difficile. Néanmoins la question se devait d'être posée, c'était un test de personnalité après tout.

« Mmmh, déjà ma Pokédoll elle sera comme un partenaire irremplaçable... je pense ? Je l'espère, mais si elle ne veut pas être ami avec moi... se serait triste mais bon... voilà je vais écrire : " J'espère que ma Pokédoll et moi seront ami."
Ensuite... avoir un Pokémon serait bien... mais j'ai pas le choix non ? Ici, on n'a pas le droit d'en avoir. Et puis Grand-mère me disait qu'on peut aussi devenir ami avec une Pokédoll. Comme je suis ami avec Yuki. C'est ce qui compte, non ? »

Finalement il écrivit : " Pokémon ou Pokédoll, je peux être ami avec les deux. Alors, je n'ai pas de raison de préférer l'un ou l'autre." Cette fois-ci, Célio était satisfait de sa réponse et passa avec enthousiasme à la question suivante. "Question n°3 : Pourquoi êtes vous ici ?"
Pour une fois, Célio ne réfléchit pas et écris automatiquement "Je suis ici pour devenir le meilleur dresseur au monde !" C'était là en effet son rêve depuis tout petit. Il y a 500 ans, la carrière de dresseur était extrêmement courante, cependant depuis l'incident, ce métier était devenu de moins en moins envisageable. Aujourd'hui, la recrudescence des Pokédoll avaient permis à la vocation de renaître, toujours aussi populaire auprès des jeunes enfants.
A l'image de celle-ci, le reste des questions ne posa pas de grand problème au garçon, et il arriva assez rapidement à la dixième.

« Oh. »

"Question n°10 : Que pensez-vous de vous-même ?"
C'était l'ultime question, celle pesait le plus dans la balance. Comment l'étudiant allait-il répondre ? Ici, le hasard n'avait pas sa place. L'Institut demandait directement et sans prendre de gant l'avis concret de l'élève sur lui-même. Evidement, le public de se questionnaire étant exclusivement âgé treize ans, l'Institut ne s'attendait pas à recevoir trois pages de rédaction. Néanmoins, cette question permettait de voir non seulement l'opinion de l'élève sur lui-même, mais en plus de savoir si l'étudiant avait répondu sérieusement ou non à toutes les questions précédentes : si le contenu de la dixième question différait très largement avec les autres, on pouvait douter de la maturité de l'élève.

« ... »

Vraisemblablement, cette question avait coupé court à l'entrain de Célio. Il ne s'y attendait vraiment pas. Le jeune garçon ferma les yeux pendant de longues minutes, et calmement, sa main se mit à écrire sans la moindre hésitation :

" Hé, vous savez, quand j'étais tout petit, je vivais avec mes parents. On était tous très content. Même si je n'arrivais pas à tout bien comprendre ce qu'il se passait, je pouvais dire que l'on était heureux. Dans la maison d'en face, il y avait un autre garçon. Il vivait avec ses parents, comme moi. Sauf que lui, il n'était pas heureux. Mais moi, je ne le savais pas. J'avais essayé d'être ami avec lui, mais il n'arrêtait pas de m'ignorer. Je ne comprenais pas pourquoi. A chaque fois que je le voyais, il était seul. Donc moi je pensais qu'il voulait avoir un ami. Je me trompais. Enfaîtes, je ne pouvais que me tromper. Moi, j'étais heureux. Quand je rentrais chez moi, j'avais deux parents souriants qui m'attendaient. Les repas en famille étaient tous très chaleureux. Avant de dormir, ma maman me racontait plein d'histoire sur les Pokémon. Et quand je me réveillais le matin, mon papa attendait toujours que je fusse réveillé avant de partir travailler. Je lui portais chance, il disait. Partout, je ne voyais que des grands sourires. Quant à l'autre garçon d'en face, il ne souriait jamais. Au début, je pensais que c'était parce qu'il était malade. Je me souviens qu'un jour j'avais eu très très mal à la tête, c'était le seul moment de ma vie où j'ai vu mes parents sans leur sourire. Et moi aussi je n'y arrivais pas, à sourire. Alors, je me disais que c'était peut-être pour ça que l'autre garçon ne souriait pas. J'étais bête. Il y a plein d'autres raisons de ne pas sourire. Mais je ne le savais pas.

Et puis un jour, ma maman et mon papa ne sont pas revenus. J'étais seul. Je n'arrivais plus à sourire, pourtant je n'étais pas malade. Tous les habitants de Rosalia étaient très gentils avec moi, mais je ne souriais toujours pas. La maison était vide, silencieuse et sombre. Une vielle dame voulait m'emmener chez elle, mais j'ai refusé. Je ne voulais pas quitter ma maison. Tout les matins, midis et soirs, des voisins m'apportaient de quoi manger. Je ne souriais plus. Je ne me souvenais même plus de comment sourire. J'avais une boule dans le ventre et pourtant je n'avais pas faim. Tout les matins je me levais, puis je mangeais, je restais sans rien faire jusqu'à midi et de même jusqu'au soir. Les voisins commencèrent à arrêter de venir me voir aussi souvent. Bien sûr, je recevais toujours de la nourriture, mais ils ne venaient plus pour me parler. Ils entraient, déposaient la nourriture, me disaient quelques mots et partaient.

Un matin, alors que je voulais marcher un peu, j'ai trouvé le garçon d'à coté devant ma porte. Quand mes parents ont disparu, l'attitude de tout le monde avait changé. Sauf celle du garçon. Il n'était jamais venu me voir. Je ne savais pas pourquoi il était là. Il pleurait. Non, enfaîtes il avait toujours pleuré, mais je ne l'avais juste jamais remarqué. Il était blessé. Il avait une grosse coupure sur son bras. Il saignait beaucoup. Pourquoi était-il venu chez moi et pas chez un autre ? La réponse était simple : il avait peur. Le garçon rentra dans ma maison sans que lui dise d'entrer. Je l'avais laissé faire. Tout seul, il était allé soigner sa blessure. Il en avait l'habitude. Je l'attendais dans le salon, là où les habitants de Rosalia avaient construit un autel pour mes parents. Cet autel était très triste, il n'y avait que des fleurs déséchées. Le garçon me rejoignit quelques minutes après. Au début il était resté silencieux, jusqu'à ce qu'il se mette à pleurer de plus en plus fort. Je l'avais laissé faire. Le garçon était resté jusqu'au soir et ensuite, avant même que je ne m'en rende compte il avait disparu. Le lendemain il était revenu, il n'était pas blessé cette fois. Il se cachait chez moi toute la journée et disparaissait le soir. C'était devenu une sorte de rituel, je n'avais jamais essayé de lui parler, ce que le moi d'avant aurait fait instinctivement. De temps en temps il arrivait blessé, d'autre fois, non.

Jusqu'à ce qu'un jour, il passa la soirée chez moi. J'étais en peu surpris de le voir, déjà parce que je ne l'avais pas vu de la journée. Mais je ne m'étais pas posé plus de question que ça. Il était resté plusieurs jours de suite. Je voyais que quelque chose n'allait pas dans l'attitude des habitants. Ils semblaient plus nerveux que d'habitude. Il y avait aussi des policiers dehors. Ils étaient différents de ceux qui étaient venu quand mes parents n'étaient pas rentrés. Certains étaient venus chez moi, mon silence suffisait à les faire partir.

Le soir même, alors que je m'apprêtais à monter l'escalier pour aller dormir, j'ai glissé sur le paillasson. Heureusement je ne m'étais pas fais mal. Seulement, j'étais tombé d'une manière tellement ridicule et imprévu que le garçon se mit à pouffer. J'étais en colère qu'il se moque de moi, j'ai commencé à me disputer avec lui. Notre dispute avait duré une heure, et c'était terminée tout aussi rapidement qu'elle était apparue. C'était la première fois que l'on s'était parlé pour de vrai. Ce n'était plus les discussions à sens unique dont l'ancien moi était fier. C'était un véritable échange. Ensuite, nous sommes partie nous coucher sans un mot. Mais ce n'était plus le même silence, quelque chose avait changé dans notre relation. Le lendemain matin, le garçon était devant mon lit. Il me raconta tout. Ses parents qui buvaient, qui le frappaient... qui l'avaient abandonnés. Il me racontait tout ça sans sourciller. Une fois son récit fini, il fondit en larme. Je ne savais pas comment réagir. Je m'étais senti idiot. Comment est-ce que moi qui avait toujours eu la vie facile, avait osé abandonner aussi vite une fois mon bonheur partie ? Alors que tant d'autre, certains même très proches de moi, vivait un tel malheur ? C'était à ce moment que je l'avais décidé : ce garçon, ce pauvre garçon, je devais le protéger. Non pas comme un adulte. Mais comme un ami. Un ami qui serait toujours à ces cotés.
Je ne crois pas que ce que je pense de moi-même soit réellement important. C'est plutôt ce qui je suis qui l'est. Et voilà ce que je suis : l'ami d'un pauvre garçon né dans le malheur."

Célio posa lentement son stylo. Il regarda sa réponse d'un air nostalgique. Ce qu'il ressentait n'était pas de la fierté pour avoir enfin fini le questionnaire, mais plutôt, il avait l'impression que devant lui se dressait, non pas un simple questionnaire, mais la preuve même de son existence. C'était bien plus qu'une simple réponse, c'était son cœur qu'il venait de retranscrire dans le pauvre langage humain. Une fois remit de ses émotions, Célio remarqua que tout les autres enfants avait déjà fini leur questionnaire depuis longtemps : certains s'étaient même endormis sur leur feuille.
Célio avait fini à temps, les surveillants commencèrent tout juste à ramasser les copies.
Une fois sortie de la salle, Célio aperçut un garçon qui attendait contre un mur les bras croisés. Avec un sourire lumineux, il s'approcha de lui, ce pauvre garçon né dans le malheur. Non, il était Yuki, son ami.