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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 14/09/2013 à 18:49
» Dernière mise à jour le 19/09/2013 à 16:19

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 88 : Tourmente
/!\ LE DEBUT DE CE CHAPITRE CONTIENT DES SCENES QUI PEUVENT CHOQUER UN PUBLIC SENSIBLE. UN RESUME DE CE QUI SE PASSE SE TROUVE APRES LA PARTIE DIFFICILE (EN ROUGE POUR ETRE VISIBLE), POUR CEUX QUI SOUHAITERAIENT NE PAS LA LIRE. /!\


L'épaule de Vassili le brulait anormalement. Il lui semblait ne sentir que ce membre, alors même qu'il souffrait de nombreuses blessures réparties sur tout son corps. Xavier le fit allonger sur le matelas, puis retira avec la plus grande délicatesse possible sa chemise à moitié déchirée. Il plaça ses mains autour de la plaie, ce qui fit frissonner le combattant.

................- Ça s'est infecté, dit-il. C'est pas beau à voir, ça ne sent pas bon. Je suis pas médecin, mais je vais au moins essayer de faire sortir le pus... Accroche-toi.

Vassili serra les dents. Quand il sentit les doigts pincer sa peau, il ne put s'empêcher de se contracter tous ses muscles. Bientôt, malgré le manque de nourriture qui le faisait toujours avoir froid, il commença à transpirer. Il se sentait mal, craignant à chaque instant de s'évanouir. Derrière lui, Xavier s'était levé et pesait de tout son poids sur son épaule pour comprimer la plaie et évacuer le pus. Il s'arrêta un instant, le temps que le blessé se remît un peu de la douleur. Comme celui-ci bougea, il le retint :

................- Non, il en reste encore plein. Attends un peu. Pourquoi tu ne me l'as pas montré plus tôt ? Ça doit être grave, là.
................- Je ne veux pas guérir, dit-il en hachant les mots. Je veux m'évanouir, mourir, ne plus rien sentir. J'ai mal partout.
................- Ils ne te laisseront pas mourir.
................- Je sais, haleta Vassili qui peinait à reprendre sa respiration. Hier, ils ont appelé les médecins pour me réveiller parce que je m'évanouissais. Ils ne vont pas lâcher...

Le prisonnier arrêta là sa phrase. Il allait révéler que ses tortionnaires lui avaient dit savoir qu'il était le frère du colonel, mais il préféra le taire. Il ne savait pas ce que ça changerait, puisque l'information était déjà connue de leurs ennemis... Pourtant, il se refusait à donner des indications à son compagnon de cellule. Il lui arrivait de raconter certains des supplices qu'on lui faisait subir. Dès la première fois qu'il était rentré, après l'exécution par le sous-officier, il s'était confié. Quand on l'avait jeté dans la pièce, il avait éclaté en sanglots et Xavier était venu le consoler. Alors, il lui avait décrit ce qu'il avait vu, il lui avait dit à quel point il lui avait été difficile de le supporter. Plutôt que de lui avouer sa filiation, il préféra se livrer une nouvelle fois.

................- C'est un coup de couteau, expliqua-t-il en tremblant au seul souvenir de cette blessure. Ils... ils m'avaient déshabillé, j'étais par terre, nu... Puis, il y en a un qui m'a donné un coup de bâton, il y avait des clous au bout. Je ne sais pas dans quoi il l'avait trempé. Il était sale... Je pense qu'ils voulaient que ça s'infecte. J'ai pas osé te le dire, c'est trop... humiliant, finit-il en contenant ses pleurs. J'étais à leurs pieds, couché comme un moins que rien. J'ai hurlé, j'ai supplié qu'ils arrêtent, j'ai honte. J'ai failli parler.
................- Ça va aller. Tu n'as rien dit, tu es un héros parmi les tiens, le rassura-t-il. Paraît qu'à un moment, on ne sent plus la douleur tellement ça fait mal... Courage, mon vieux, tu dois pas en être loin !
................- Je n'en peux plus, grimaça-t-il alors que l'autre recommençait à extraire le pus. Je dois leur dire quelque chose, pour qu'ils arrêtent. Je ne peux pas faire autrement !
................- Ils continueront quand même. Dis-toi ça, ça te permettra de résister et de toute façon, je pense que c'est vrai. Ne leur dis rien...

Vassili soupira, puis il retira le bouton de son pantalon, qu'il baissa un peu pour que son compagnon pût voir son aine. La peau était d'un jaune virant au brun sur plusieurs centimètres carré et la blessure suintait.

................- Ils m'ont brulé au chalumeau. J'en ai d'autres, mais celle-là, c'est la pire. Ils ont dit qu'ils recommenceraient...
................- On utilisera l'eau pour te laver, la prochaine fois qu'ils en apporteront, fit Xavier, pragmatique.
................- Tue-moi, soupira Vassili.
................- Hein ? s'étonna Xavier.
................- Etrangle-moi ou autre chose, je ne sais pas... S'il te plait.
................- Je ne peux pas ! hurla-t-il presque. Je ne peux pas... Imagine, si tu arrives à sortir... Non, je ne peux pas, je suis désolé. Et si je le fais, ils me tortureront, moi, parce que j'ai pas le droit, avoua-t-il, désolé. Ils me l'ont dit, c'est la condition. Je ne te tue pas ; ils ne me font rien.
................- Alors, arrête de me soigner, au moins.
................- Ça ne changera rien, ils te maintiendront en vie... Dis-toi que tu vas sortir, tes camarades viendront te chercher. Ils viendront !

Vassili ne répondit rien. Il savait que ce n'était pas vrai. Personne ne savait probablement où il se trouvait et jamais les combattants n'attaqueraient aussi loin dans les lignes ennemies juste pour le sortir de là. Il pensa à son frère ; une larme coula le long de sa joue. Dimitri ne penserait même pas à essayer de le sortir de là, parce qu'il faisait passer son but avant tout, même avant la vie de son frère. Après tout, il avait raison, c'était ridicule de tout faire pour le libérer, d'autant plus que cela avait peu de chances d'aboutir. Pourtant, il aurait aimé se dire que le colonel aurait été prêt à sacrifier des hommes pour lui, aussi lâche que ce fût.

La porte s'ouvrit. Vassili se cacha dans un coin, recroquevillé comme un animal apeuré. Il ne voulait pas sortir, il ne voulait pas recommencer. Pourtant, cette fois, le militaire ne lui adressa même pas un regard. Il se tourna vers Xavier et lui dit sèchement :

................- Dehors.
L'intéressé ne réagit pas. Il ne comprenait pas, il ne savait pas quoi faire.
................- Tu es libre, idiot, va-t'en.

Xavier se leva, dubitatif. Il fit quelques pas en direction de la porte, puis il s'arrêta. Il ne pouvait pas le croire, il y avait forcément un piège quelque part. Lentement, il articula :

................- Pourquoi ?
................- Parce que tu es trop gentil avec lui, cracha-t-il en désignant Vassili. Il sera bien mieux ici sans toi, donc il vaut mieux que tu partes.

Le militaire ricana. Xavier ne fit pas un pas de plus.

................- Casse-toi, ou je te fusille sur place, nigaud !

Finalement, le prisonnier avança lentement en direction de la sortie. Il adressa un regard triste à Vassili. Celui-ci lui sourit ; il voulait l'encourager à partir. Xavier fit « non » de la tête ; on ne pouvait pas le libérer, c'était une blague, un faux espoir. Il s'agissait forcément d'un stratagème pour faire parler son compagnon de cellule. Il eut en effet fait même pas quatre pas dans le couloir que son geôlier lui tira une rafale dans le dos. L'homme s'écrasa au sol, projeté par le choc. Il ne bougea même plus un doigt.

................- Voilà, nous l'avons libéré, dit un des soldats, derrière celui qui venait de tirer, à l'adresse de Vassili.

Vassili se jeta sur le meurtrier. Il ne voulait pas venger Xavier. Il voulait simplement le prendre par surprise, pour qu'il se défendît. Il espérait mourir de la riposte ; il savait qu'il ne pourrait pas les battre, il ne l'envisageait même pas. Cependant, on s'attendait sans doute à une telle réaction, ou, tout au moins, cette attaque n'eut pas du tout l'effet escompté.

On l'attrapa par les deux bras, qu'on lui plaqua violemment en arrière. Il reçut un coup de crosse dans le dos, qui le propulsa en avant. Comme on le retenait, son épaule blessée craqua sous l'effet de la poussée. Les hommes le lâchèrent dans sa cellule, il s'effondra au sol, encore plus meurtri qu'auparavant, mais toujours en vie... Vassili essaya de se relever, il n'arrivait pas à bouger son bras ; on le lui avait sans doute cassé. Il avait très mal, bien sûr, mais cela ne lui semblait qu'une douleur supplémentaire parmi tant d'autres...

Il se traina jusqu'au matelas, sur lequel il s'installa en grimaçant de douleur. Il avait froid, faim et soif... On ne leur donnait pas assez à manger... Devant lui, le morceau de tissu sale dont s'était servi Xavier pour retirer le pus de sa blessure attira son attention. Il avait raison, il y en avait beaucoup. De toute façon, à présent, il ne pouvait plus bouger son bras, alors il n'espéra même pas voir sa blessure. Depuis combien était-il là ? Il essaya de compter les traits qu'avait ajoutés Xavier depuis son arrivée, mais il n'arrivait pas à se concentrer assez longtemps. Il s'arrêtait à chaque fois aux alentours d'un mois ; il en restait d'autres après...

Maintenant que l'autre prisonnier était mort, il se sentait seul face à sa terreur. En réalité, le fait qu'on l'eût tué ne l'affectait même pas émotionnellement... Il avait assez vécu pour que le sort de son compagnon d'infortune ne lui semblât ni choquant, ni si terrible. Après tout, ils avaient fait bien pire que tuer. Il se sentait juste esseulé, abandonné dans le noir. On avait voulu lui porter un nouveau coup au moral ; il le savait. De toute façon, il ne pouvait pas s'en sortir. Il ne pouvait rien dire, il ne pouvait pas mourir, il ne pouvait pas non plus vivre encore longtemps... Son existence n'avait plus aucun but, plus aucun sens.

RESUME : Vassili a été torturé à plusieurs reprises, il n'a jamais parlé. Il souffre beaucoup, notamment d'une blessure à l'épaule qui s'est infectée. Il se sent humilié et veut mourir, mais son compagnon de cellule a reçu l'ordre de le garder en vie.
Les militaires tentent de porter un nouveau coup au moral du prisonnier en assassinant son compagnon. Cependant, cela n'affecte pas tant que ça Vassili, qui a perdu tout repère, mais il se retrouve seul.


Vassili se releva tant bien que mal, son bras blessé pendant lamentablement contre son corps. Il se plaça devant la porte. Il voulait rester assis, mais il n'y arrivait pas. Il fixait bêtement la lumière, respirant de manière saccadée, aussi faiblement qu'un mourant. Derrière la porte, il entendait des bruits de pas. Il y avait deux gardes devant sa cellule. Ils discutaient. Le prisonnier s'approcha, tapa faiblement contre le battant.

................- Quoi ? hurla un des deux militaires.

Vassili ne répondit pas. Il avait tapé, sans vraiment savoir pourquoi. Il ne voulait pas se résoudre à mendier de l'eau ou de la nourriture. Il reposa la tête contre le carrelage. La conversation filtra à travers la porte : les deux hommes parlaient fort.

................- Ne réponds pas, s'exclama l'autre d'une voix inquiète.
................- Il est derrière la porte, de toute façon, qu'est-ce que tu veux qu'il me fasse ?
................- Lui, c'est le frère d'un grand chef, il paraît. Alors si tu lui parles on va croire que tu es un avec eux.
................- C'est celui qu'ils ont sorti lundi ?
................- Ouais...
................- Ah ouais, lança-t-il sur un ton bizarre.

Vassili hésita à parler. La dernière interjection le laissait penser que s'il demandait quelque chose, il avait une chance de l'obtenir. Cependant, il n'arrivait toujours pas à se résoudre à quémander. Il se rappela alors que c'était la première fois qu'il entendait discuter devant la porte.

................- Il n'y avait personne avant, murmura-t-il à peine assez fort pour qu'on l'entendît. J'ai maintenant droit à un traitement de faveur ? demanda-t-il d'une voix inégalement soutenue.
................- Surveillance niveau écarlate, déclara celui qui lui avait déjà répondu la première fois.
................- Chut, intervint l'autre. Si tu crois que ça nous fait plaisir d'être là, tu te plantes. On n'est pas là pour discuter, alors tu la fermes et ce sera parfait.
................- Qu'est-ce qui se passe ? s'étonna Vassili, une once d'espoir dans la voix, en espérant avoir des nouvelles de l'avancée rebelle.
................- On t'a dit de te taire, répliqua le second avant que l'autre n'eût pu parler.

Vassili s'exécuta. Il n'en apprendrait pas plus, de toute manière. Il reposa sa tête sur le sol, sans même prendre la peine de se déplacer. Quelques instants plus tard, il sombra dans un sommeil proche du coma.