Le soleil vient à peine de se lever. En cette saison les jours s'allongent, bientôt l'été arrivera avec ses températures étouffantes mais fort heureusement de douces soirées dans la brise légère.
Maud a les yeux encore lourds de sommeil, au contraire de Shrinia qui semble déjà parfaitement réveillée. La dresseuse vient de quitter le Centre Pokémon où elle a passé la nuit, et comme convenu avec le professeur Frêne a immédiatement laissé sortir sa rhinocorne. La pokémon à la peau de pierre semble apprécier les rayons du soleil, à moins que ce ne soit la lumière enfin décidée à se montrer. Shrinia se prélasse aux côtés de sa dresseuse, allongeant la tête qu'elle secoue régulièrement. Sa dresseuse tente de trouver assez d'énergie pour la journée, sans beaucoup de succès.
Elle observe avec intérêt la ville autour d'elle. Maud et Shrinia se trouvent sur la place centrale de Domval, village le plus proche du laboratoire pokémon. L'humaine s'est assise au bord d'une haute fontaine dominant les bâtiments alentours, dont la pokémon semble éviter soigneusement les gouttelettes scintillantes. Autour d'elles, les bâtiments sont résolument blancs afin de réverbérer la chaleur qui peut être harassante en saison chaude. Toutes les maisons sont de plein-pied, ainsi que les bâtiments officiels. Même le Centre Pokémon tout proche ne comporte aucun étage, compensant ce manque d'espace en s'étendant sur une immense parcelle de la ville.
Ces choix architecturaux s'expliquent par l'emplacement de la ville, située au milieu d'une plaine aride aux abords d'un désert s'étendant sur deux régions. À plusieurs centaines de mètres au nord, comme une ligne d'horizon verdoyante, se trouve la forêt au sein de laquelle le professeur Frêne a fait construire son laboratoire. Le changement radical entre la lisière des arbres et cette plaine immense et vide avait surpris Maud la veille, lorsqu'elle s'était rendue à Domval avec les autres assistants. À peine quitté le couvert des branches feuillues que l'on se retrouve assailli par un soleil accablant, sans une once de végétation à perte de vue. Si la jeune dresseuse préfère les paysages moins austères que ce gigantesque espace nu dans lequel elle se sent perdue, Shrinia ne montre que des signes de contentement. Elle recherche la chaleur encore supportable de ce début de journée, et semble parfaitement à l'aise aux abords du désert dans la cité qui s'éveille. Maud ne peut manquer de le remarquer, ce qui la fait sourire. Tout en s'aspergeant la nuque avec l'eau de la fontaine, elle interroge sa rhinocorne sur son apparente bonne humeur.
- Dis-moi Shrinia, tu aimes cet endroit ?
- Rhin rhino !
- Pourquoi donc ?
Pour toute réponse, la pokémon fait bouger ses pattes sur le sol. Tout Domval est pavé de larges pierres aussi blanches que les façades des bâtiments. On y voit également un peu du sable de la plaine, apporté par le vent depuis le désert proche. Maud ne comprend d'abord pas ce que Shrinia veut lui dire, avant de sentir la température de la pierre sous ses semelles.
- C'est la chaleur qui t'attire ?
- Rhino rhino, approuve Shrinia en hochant la tête de haut en bas.
- Je dois bien avouer que le village est joli. Pas dans un style que je connais, mais joli.
- Rhinn...
Maud a soudain l'idée de se servir de l'un de ses cadeaux. Elle fouille dans son sac laissé à ses pieds, jusqu'à en sortir un livre épais à la couverture déjà usée par endroits.
- Voyons ce que dit mon guide au sujet de Domval !
Elle commence à tourner les pages à toute vitesse, cherchant la page indiquée par le sommaire. Shrinia est intriguée par les agissements de sa dresseuse, ainsi que par le livre qu'elle n'a jamais vu. Elle s'approche juste au moment où Maud trouve la page qu'elle cherchait.
- Ah voilà ! Il est écrit « Domval, village modeste niché au cœur de la plaine Piclin aux abords de la Grande Forêt d'Amandéternelle. Les animations et autres centres d'intérêts y sont rares, néanmoins il s'agit d'un passage obligé pour tous les dresseurs désirant se rendre dans le Désert où se trouvent des espèces uniques. Ce désert est aussi le point de passage le plus rapide, mais pas le plus sécurisé, pour la région de Rhode dont il couvre également une partie (voir les pages Désert du Sud-Est et Régions voisines : Rhode). L'architecture de Domval est inspirée de celle de Phénacit, ville de Rhode aussi surnommée la « ville aux milles fontaines »... »
Maud arrête là sa lecture de l'article, parlant des points techniques architecturaux similaires à ceux de Phenacit. Elle observe de nouveau Shrinia, qui très attentive n'a pas perdu une miette des paroles de sa dresseuse. Cette dernière s'épargne la lecture des « lieux à visiter » ou des « anecdotes peu connues » de Domval, puisqu'elle sait devoir se mettre en route pour une autre ville dans les plus brefs délais.
Au moment où elle s'apprête à remettre son sac sur ses épaules, son pokématos se met à sonner. Maud repose son chargement avant de décrocher.
- Oui ?
- Salut, c'est Lucien, répond une voix chaleureuse. Où es-tu ?
- Sur la place principale de Domval, je m'apprêtais à prendre la route.
- Il faudrait que tu repasses voir le professeur Frêne avant ton départ, explique Lucien. Je suis devant son laboratoire avec Mackenzie, et Katleen nous rejoint. Tu aurais vu Samy par hasard ?
- Pas depuis hier soir...
La dernière syllabe s'étrangle dans la gorge de Maud. Elle vient en effet d'apercevoir le cinquième assistant, sortant tout juste du Centre. Il a l'air d'être tombé du lit et bâille ostensiblement, son arakdo sur l'épaule.
- Il est là. Je lui dis de venir et nous arrivons.
- Très bien, nous vous attendons.
Maud raccroche, range son pokématos puis remet son sac sur ses épaules, bien décidée à se mettre en route cette fois. Elle va récupérer Samy, qui semble comprendre à peine un mot sur deux de ce qu'elle lui dit, mais ils parviennent enfin à se mettre en route après plusieurs minutes d'explications. Shrinia qui s'est mise en mouvement en même temps que sa dresseuse, les suit sans émettre un son.
Les assistants du professeur ne savent pas où se mettre, tentant de ne gêner personne ou de ne pas rester dans le passage. Malheureusement pour eux, ce sont plusieurs dizaines d'humains, de pokémons ouvriers ainsi que de véhicules divers qui s'affairent dans et autour du laboratoire, chacun étant naturellement très pressé. Dès qu'un dresseur s'écarte du chemin de quelqu'un, il prend le risque de percuter un autre inconnu. Leurs pokémons ne sont pas plus à l'aise, ils restent tous dans les jambes de leur dresseur. Vipelierre est lové dans les bras de Lucien, Arakdo n'a pas quitté l'épaule de Samy, Snubbull s'agrippe au mollet de Katleen. Ce sont Shrinia et Babimanta qui sont les plus mal loties : la rhinocorne, même près de sa dresseuse au point de lui enfoncer les plaques rocheuses de sa peau dans la jambe, est si massive qu'elle ne peut éviter de s'attirer les remarques désobligeantes d'un travailleur affairé. Quand à l'unique pokémon aquatique de la bande, elle tente maladroitement de s'agripper au sac de Mackenzie à l'aide de ses nageoires inadaptées à ce genre d'exercice. Tout au plus Babimanta parvient-elle à ne pas glisser, jusqu'à ce que sa dresseuse la prenne en pitié et décide de la porter.
Les dresseurs observent, les yeux ronds, le laboratoire en pleine reconstruction fourmillant d'activités. Malgré l'heure matinale, plusieurs équipes sont déjà en place. Maud aperçoit des ouvriers sous la direction de deux chefs de chantier démolir les parties trop endommagées du bâtiment, sans doute en vue de les reconstruire, des vitriers ôter les restes de fenêtres cassées afin d'en poser de nouvelles, des ingénieurs s'affairer auprès des arrivées d'eau et d'électricité, des maçons ériger de nouveau le mur d'enceinte aux endroits où il s'est trouvé démoli, des paysagistes chargés d'arbustes ou de plans en couleurs tenter de redonner au parc son aspect originel. Partout des pokémons facilitent la vie des humains, sous les ordres de leur dresseur ou parfois seuls à travailler dans leur coin. Les cinq assistants ne savent pas où aller ni quoi faire. Ils commencent également à se demander pourquoi le professeur Frêne les a fait revenir dans un tel endroit.
Ils aperçoivent finalement le scientifique qui vient vers eux, bousculant allégrement les travailleurs sur son chemin.
- Ah, vous voila enfin !
Aucun des cinq dresseurs ne tente de faire remarquer au professeur que ce sont eux qui viennent de l'attendre plusieurs minutes avant qu'il ne veuille bien se montrer. Lucien laisse filer un discret soupir, Samy n'est pas encore assez réveillé pour émettre le moindre commentaire, Mackenzie se contente de chercher une meilleure position pour Babimanta qui n'est pas à très à l'aise dans les bras d'un humain. Katleen, la plus jeune de la bande, semble également la plus impatiente de se mettre en route. Elle trépigne, piétine, ne tient pas en place au contraire de son Snubbull tétanisé qui ne se décide pas à lui lâcher la jambe. Si Maud partage l'enthousiasme de la benjamine, elle est également curieuse de savoir pourquoi le professeur Frêne a tenu à les réunir de nouveau ici.
- Vous êtes prêts à prendre la route ? Vous n'avez pas de questions ? demande le scientifique.
- Nous sommes parfaitement préparés professeur, répond Lucien pour tous. Nous partons dès que vous nous aurez dit ce que nous faisons ici.
- D'abord, je dois vous donner ceci. Il m'a fallu un peu de temps pour en réunir cinq en état de marche...
Disant cela il leur tend quatre pokédex neufs. Katleen paraît enchantée de recevoir le sien qui est rose vif, celui de Samy étant le seul à pouvoir rivaliser en terme de couleur voyante avec une coque vert pomme. Mackenzie reçoit un appareil bleu, Lucien possède déjà le sien d'un beau rouge vif. Enfin, Maud tend la main pour s'emparer de son propre pokédex plus sobre, d'un mauve discret. Les assistants remercient le professeur Frêne, qui s'empresse de leur parler des fonctionnalités les plus importantes.
- Ce pokédex prouve que vous êtes mes assistants, il peut donc vous servir de document d'identité, commence-t-il. Bien évidemment il vous renseignera également sur les espèces de pokémons que vous rencontrerez.
- Celles qui seront en mémoire à l'intérieur uniquement je suppose, relève Mackenzie.
- C'est exact, acquiesce le professeur avec une grimace. Du fait du vol de mes données, seule une poignée d'espèces est enregistrée. Le but de votre voyage est de remplir les blancs, afin d'aboutir à un pokédex complet en réunissant toutes les informations que vous collecterez. Mais cela, vous le savez déjà.
- Ces pokédex sont-ils capables de se connecter les uns aux autres comme le mien ? interroge Lucien.
- Tout à fait, précise le scientifique aux cheveux gominés. Lorsque vous vous croiserez les uns les autres au cours de votre voyage, vous aurez la possibilité d'échanger vos informations avec celle d'un autre assistant. Ainsi vous lui donnez vos données sur les espèces que vous aurez rencontré, et lui vous fournira les siennes. Plus vous complèterez les pages rapidement, plus vite votre pokédex sera en mesure de vous renseigner face à un pokémon qui vous est inconnu.
- Avec les données des autres ? demande ingénument Katleen.
- Pas seulement, précise le professeur. Le seul fait de pointer votre pokédex vers un pokémon suffit à collecter des données le concernant, même si elles seront incomplètes. Je vous rappelle que le meilleur moyen de remplir votre contrat est de capturer des pokémons, pas uniquement de les observer. N'hésitez pas à capturer des individus d'espèces que je ne vous ai pas encore demandées, il vaut mieux avoir trop de sujets de recherches que pas assez ! Vous êtes également libres de constituer votre équipe comme vous l'entendez, bien que je vous conseille à titre personnel d'équilibrer les types et les aptitudes si vous désirez remporter des combats.
Les jeunes dresseurs écoutent avec avidité le professeur Frêne leur prodiguer ses conseils, observant leur pokédex au fur et à mesure des explications. Seul Lucien, qui connait depuis longtemps son propre matériel, reste calme. Après que chacun se soit assuré de maîtriser les différentes fonctions de l'appareil, tous le rangent puis s'apprêtent à prendre la route. Leur nouveau patron commence à leur adresser les encouragements d'usage, lorsqu'il lève la tête. Tous l'imitent, pour voir une large forme descendre vers le laboratoire depuis le ciel.
- Ah, le voilà ! Restez encore un peu, j'ai quelqu'un à vous présenter !
Le pokémon descend en cercles, se rapprochant graduellement du sol. Les dresseurs s'écartent de la parcelle de terrain qui servira de piste d'atterrissage, juste à temps pour que l'oiseau ait la place nécessaire. Le pokémon enfonce ses serres dans le sol, relève la tête avant d'aider son dresseur à descendre de son dos. Enfin, il replie ses longues ailes grises et noires.
Si le dresseur possède un physique peu commun, teint buriné par des jours entiers passés au soleil, large chapeau assorti à une tenue complète de baroudeur de l'extrême, six balls présentes à la ceinture, sac volumineux sur le dos en plus de deux sacoches que porte le pokémon, c'est ce dernier qui fascine Maud. Elle ne reconnaît absolument pas l'espèce à laquelle il appartient, malgré ses cinq dernières années d'études. Son école de stratégie développe pourtant son programme autour des espèces de quatre régions différentes, alors comment se fait-il qu'elle ne puisse pas mettre de nom sur ce spécimen ?
Elle voit donc un pokémon oiseau, dont la majorité des plumes sont grises bien qu'elles s'assombrissent à plusieurs endroits pour devenir noires. Sa longue queue fuselée est d'ailleurs parsemé de larges bandes couleur nuit, de même que son poitrail couvert de plumes ébènes. Si ses serres demeurent d'un gris sobre, son ventre quant à lui se pare d'une coloration vert bouteille. Enfin, sa tête rose vif s'orne de deux longues plumes de la même teinte formant une parure difficile à ignorer. Maud ressort son pokédex pour le pointer vers l'oiseau inconnu.
- Deflaisan, pokémon d'Unys, grésille l'appareil. Données inconnues. Collecte des données visuelles : environ un mètre vingt. Pas d'autres informations.
- C'est tout ce que peut nous dire le pokédex avec le visuel ? relève tout haut la jeune dresseuse.
- Je vous avais bien dit que la capture est la meilleure façon de rassembler les informations nécessaires à mon nouveau pokédex, ajoute le professeur Frêne. En attendant ce grand moment, permettez-moi de vous présenter Herbert.
- Hey les jeunes ! Comment va ? demande le baroudeur avec tout le naturel du monde.
- Herbert est un chasseur de pokémon professionnel, précise le scientifique. Il n'est pas exactement l'un de mes assistants, mais il connait très bien la lointaine région d'Unys et peut y retourner à tout moment. Il sera donc chargé de me capturer des spécimens d'espèces rares qui se trouvent là-bas, pendant que vous vous occuperez de ceux que l'on peut attraper à Amandéternelle.
- Chasseur professionnel ? En quoi ça consiste ? se renseigne Katleen.
- Le plus souvent je cherche des pokémons rares pour un particulier, répond Herbert. Parfois j'aide des laboratoires à trouver des spécimens, des arènes même si elles me sollicitent.
Maud reste assez sceptique quant à l'aspect moral de cette méthode. Quel dresseur peut se vanter d'être bon s'il paye un chasseur pour capturer son pokémon à sa place ? Et quel genre de dresseur se vend à autrui, fait payer ses captures et n'attrape finalement pas ses pokémons pour lui-même ?
La nouvelle assistante se rappelle à ce moment qu'elle s'apprête à faire la même chose durant plusieurs mois et ravale son commentaire désobligeant juste avant qu'il ne franchisse ses lèvres.
Au lieu de se répandre en remarques désagréables, elle attend impatiemment la première occasion venue pour laisser derrière elle le chasseur professionnel ainsi que le professeur très exigeant. Cette porte de sortie s'ouvre avec Mackenzie qui annonce vouloir se mettre en route, immédiatement suivie de Katleen. Les pokémons des assistants se montrent ravis de déserter le lieu des travaux. Snubbull lâche enfin les jambes de sa dresseuse pour lui emboîter le pas, alors que Babimanta bondit hors des bras de Mackenzie. Contrairement à ce que pense Maud, la pokémon aquatique ne tombe pas mais se maintient plus d'un mètre au-dessus du sol. Sa façon de se déplacer dans le sillage de la jeune femme fait même penser que Babimanta nage dans l'air, presque aussi bien que dans l'eau. Si Maud n'a pas le temps de s'arrêter sur cette particularité, elle se promet de se renseigner à la première occasion.
Au moment où elle va prendre congé, Lucien l'arrête en se plaçant entre la jeune dresseuse et la route qu'elle compte emprunter.
- Attends Maud ! Tu dois bien te rendre à Bourgmine ?
- C'est ça, acquiesce l'adolescente. Pourquoi donc ?
- Je compte rejoindre le temple et monastère sacré d'Arceus, l'informe Lucien. Notre chemin est le même pendant plusieurs jours avant de bifurquer dans deux directions différentes. Nous pourrions faire le trajet que nous avons en commun ensemble, qu'en dis-tu ?
- C'est une très bonne idée, accepte Maud.
Les deux assistants saluent donc Herbert puis le professeur Frêne, avant de prendre la route pour de bon. Shrinia semble très enthousiaste tant à l'idée de partir en voyage que de s'éloigner du chantier, où elle ne parvient pas à ne gêner personne. Vipelierre reste dans les bras de son dresseur, apparemment peu enclin à marcher durant le voyage.
Les ouvriers ainsi que leurs pokémons sont en pause déjeuner. Le laboratoire est débarrassé de la plupart des machines irrécupérables, ainsi que des débris les plus divers. Grâce à l'aide inestimable des pokémons les travaux ne devraient durer que deux jours, trois au grand maximum, lorsque sans leur appui il aurait fallu des semaines pour que les réparations soient achevées. Madeline sillonne les lieux, triant les documents ayant échappé au désastre. Tout en s'affairant elle écoute l'air de rien la conversation que son employeur tient par vidéoconférence avec plusieurs de ses confrères. Le professeur Frêne garde les mâchoires serrées, centre des reproches de quatre scientifiques tous plus expérimentés que lui.
- Récapitulons donc la situation, réclame le professeur Seko d'Hoenn. Vous avez demandé il y a environ deux ans notre soutien, ainsi que notre aide, pour un projet de grande ampleur...
- Un pokédex complet de quatre régions pour être exact, ne peut s'empêcher de préciser le professeur Frêne. Une avancée considérable pour les recherches de tous, pas uniquement les miennes. Une telle base de données permettrait à tout scientifique habilité de vérifier la véracité de n'importe quelle information sur laquelle il pourrait appuyer ses recherches.
- En théorie, souligne le professeur Orme dont la connexion depuis Johto reste fluctuante. Le problème étant bien sûr que votre belle idée enfin au point, elle a été volée avant qu'aucun d'entre nous n'ait pu en profiter.
- Ce qui fait de votre superbe base de données toute neuve une arme pour nos ennemis, rappelle avec un rictus le professeur Sorbier en ligne directe depuis Sinnoh. Et quels ennemis, si je puis me permettre !
- Vous avez livré non seulement vos recherches mais également les nôtres au Groupe Ombre, accuse le professeur Seko. La pire organisation criminelle jamais répertoriée à ce jour ! Nous pensions tous que la Team Rocket était une menace bien plus sérieuse, jusqu'à ce que leurs dirigeants plient devant ceux du Groupe Ombre. Maintenant qu'ils ont les résultats de nos études, pensez-vous réellement que leurs actions criminelles vont s'adoucir ?
- Je ne pouvais pas prévoir qu'ils s'en prendraient à mes expériences, ils ne s'étaient jamais manifestés à Amandéternelle avant aujourd'hui ! proteste vainement le professeur Frêne. Vous ne pouvez pas m'accuser de ce vol, aucune raison ne justifiait une surveillance renforcée de mon laboratoire !
Cette dernière affirmation laisse planer un blanc. Aucun des autres scientifiques ne désire reprendre la parole, bien qu'ils sachent tous ce que leurs collègues vont dire. Le professeur Frêne sent déjà la colère retomber après cet emportement passager. Il se prépare aux prochains reproches, qui ne tardent pas.
- En d'autres termes vous avez laissé ces malfrats s'emparer de vos précieuses données, critique le professeur Chen de Kanto, à la fois le plus âgé du groupe et le seul ne s'étant pas encore exprimé. Et vous voudriez maintenant que nous vous fournissions de nouveau nos propres analyses sans aucune garantie que cet épisode dramatique ne se reproduise pas ?
- Un tel culot doit s'accompagner d'un génie hors du commun ou de résultats particulièrement révélateurs pour avoir une chance d'aboutir, s'impatiente le professeur Orme. Hors vous nous avez fourni les preuves de l'exact contraire en ce qui vous concerne.
- Envoyez donc votre assistant sillonner Amandéternelle, suggère le professeur Sorbier. Vous avez la chance de travailler dans une région où se croisent des espèces venues à la fois de Kanto, de Johto, d'Hoenn et de Sinnoh. On raconte même que des espèce d'Unys, qui restent peu connues, commencent à se répandre au sein de votre belle contrée.
- Je l'ai fait, bien évidemment ! répond l'accusé du jour. Mais ce sont tous des débutants en dressage, sans compter que plusieurs espèces originaires de vos régions sont impossibles à trouver à l'état sauvage par ici !
- Tous ? repère le professeur Chen dans la phrase. Je croyais que vous n'aviez qu'un assistant ?
- C'était vrai, admet le professeur Frêne. Néanmoins au vu des circonstances, je me suis vu forcé de recruter.
- Dans ce cas c'est parfait, déclare le scientifique hoennais. Vous avez bien assez de dresseurs sous vos ordres pour collecter les données manquantes par vous-même, j'en suis persuadé. En tout cas vous n'aurez pas les nôtres, plus après un tel désastre.
- Sans compter que je ne sais ce qui vous a mis en tête que nos propres pokédex se trouvaient complétés, ricane le spécialiste de la reproduction ainsi que du lien entre un dresseur et son pokémon hors de sa ball. Nous vous avons aidé il y a deux ans, parce que nous savions parfaitement la tâche titanesque que représente la mise en place d'un tel rassemblement d'informations.
- Le professeur Orme a raison, approuve leur collègue de Sinnoh. Nos propres assistants écument encore nos zones de compétences dans le but de dénicher les spécimens dont nous avons besoin. Je me permets de vous rappeler que c'est ce qui vous a pris deux ans, combler les blancs des informations que nous vous avons fourni.
- En d'autres termes même si nous voulions vous aider, nous ne pourrions pas, tranche le doyen des scientifiques. Navré Frêne, mais vous devrez vous passer de nous si vous souhaitez recommencer votre projet à zéro.
Sur cet ultime refus, le professeur Chen met fin à la conversation. Les communications avec les autres spécialistes se coupent les unes après les autres, jusqu'à ce que le professeur amandéternellais se retrouve face à un écran vide. La secrétaire qui a cessé ses allers-retours lorsque le ton a commencé à monter se remet au travail sans dire un mot, consciente que son patron n'a pas envie de lui en parler pour le moment.
Le soleil est accablant au milieu de la plaine nue. Maud a déjà le dos trempé, et commence à redouter le reste de la journée. Le soleil est à son zénith, ce qui signifie que la température va encore grimper au moins durant les quatre prochaines heures.
Cherchant désespérément à se rafraîchir, elle attrape la bouteille à moitié pleine. Le liquide délicieusement froid lui hydrate les lèvres en même temps que sa gorge asséchée tant par la marche que par le climat. Lucien, qui se contente d'avaler son déjeuner sans faire de commentaires, a un sourire amusé en la voyant boire comme si elle venait de trouver un oasis après des jours en plein désert.
- Tu vas t'habituer, à l'exercice physique comme au temps, affirme le jeune homme.
- Tu es sûr de ça ? demande Maud. Je commence à en douter, pour la chaleur au moins.
- Ne t'en fais pas, nous serons bientôt sortis de la plaine de toute façon.
- Tu crois ?
- J'en suis sûr, réplique le dresseur. Montre-moi ta carte.
L'adolescente lui avait confié en avoir une lorsqu'il l'avait questionné au sujet de son équipement. Elle retrouve donc la carte soigneusement rangée dans son sac, la déplie puis l'étale sur un rocher plat près d'eux. Lucien promène quelques instants son doigt sur les routes, jusqu'à ce qu'il s'arrête sur un point précis au milieu de nulle part.
- Nous sommes exactement ici, tu vois ? Domval est au Sud, nous continuons à monter vers le Nord. Pour l'instant nous n'avons traversé que de la plaine, mais dès ce soir si nous ne traînons pas nous dormirons dans la forêt. On aura ensuite deux jours de marche dans les bois, avant une dernière journée le long du lac Belvol. Après il sera temps de nous séparer.
- Je vois, on a intérêt à ne pas lambiner alors, commente Maud en rangeant sa carte.
- Attends avant de fermer ton sac, j'ai quelque chose pour toi.
Sous les yeux étonnés de la jeune assistante, son homologue fouille dans ses propres affaires jusqu'à en sortir un autre livre inconnu de Maud. Entre le guide de la région offert par son ami Justin, le manuel de stratégie qu'elle a conservé de ses études et ce nouveau cadeau, la jeune fille a l'impression d'être une bibliothèque ambulante. Il lui faut pourtant reconnaître que tous ces ouvrages lui sont utiles, elle écoute donc avec attention Lucien lui parler de sa trouvaille.
- Il s'agit d'un manuel d'élevage pokémon. Non pas que je pense que tu seras une mauvaise dresseuse, s'empresse-t-il d'ajouter. Simplement ce genre de guide m'a beaucoup aidé à mes débuts, alors j'ai pensé qu'il pourrait te servir durant ton voyage. J'en ai aussi offert un à Katleen ce matin, Samy et Mackenzie avaient déjà les leurs.
Il lui tend alors le livre, dont la couverture montre un dresseur souriant entouré de plusieurs pokémons qui semblent ravis. Maud voit encore le logo de quelques grandes écoles d'élevage ainsi que de pensions connues dans la région avant qu'elle n'ouvre le manuel.
Elle y trouve non seulement des informations générales sur chaque type de pokémon, mais encore des astuces pour dresser un pokémon en vue d'un concours ou d'une participation à une Ligue régionale. Il y a même une partie expliquant comment procéder avec un œuf, puis un pokémon nouveau-né.
- Merci beaucoup, c'est un super cadeau ! s'exclame l'adolescente.
- Tu ne veux pas profiter de notre pause pour regarder ce que dit le manuel au sujet des pokémons de types roche et sol ? suggère Lucien.
- Tu as raison, c'est une bonne idée.
Shrinia se relève de l'endroit où elle avait prévu de se reposer un peu pour s'approcher de sa dresseuse. Celle-ci ouvre également son guide stratégique à la bonne page, avant de trouver la section réservée aux pokémons du double type concerné dans le manuel d'élevage.
- Écoute ça Shrinia : « Les humains classent les espèces de pokémons en diverses catégories, aussi appelées types, afin de se simplifier la vie. N'oubliez cependant jamais que chaque espèce est unique, ce qui implique qu'elle peut comporter des particularités qui viendront contredire ce qu'on admet généralement d'une catégorie donnée. Bien entendu les pokémons appartenant au même type présentent des caractéristiques communes, que nous vous invitons néanmoins à vérifier avec votre pokémon avant de les prendre pour acquises. »
Maud saute le reste des explications concernant les types seuls, choses qu'elle a déjà apprises en cinq ans d'études théoriques. Elle feuillette le livre jusqu'à trouver le paragraphe traitant du type roche couplé au type sol.
- J'ai trouvé ce qui te concerne ! Je lis : «Les pokémons à la fois de type roche et sol comptent parmi les plus résistants aux attaques physiques. Ne craignez donc pas de les envoyer à l'assaut, ils seront à peine égratignés par des combats qui blesseraient sérieusement des pokémons plus chétifs. Méfiez-vous cependant des pokémons de type combat, spécialement entraînés à effectuer des attaques physiques capables d'ébranler mêmes les individus les plus solides. Considérez également que les pokémons pouvant être catalogués dans deux types différents possèdent à la fois plus de forces et de faiblesses que les individus ne possédant qu'un type. Dans le cas qui nous intéresse, aucune attaque électrique ne peut atteindre les espèces R/S qui sont également extraordinairement résistantes au poison. Elles ne craignent pas non plus la chaleur, ainsi que les attaques d'un simple type roche. Les oiseaux et autres pokémons volants ne causeront pas de dégâts importants à un pokémon R/S, trop résistant pour laisser prise au vent provoqué par des attaques de type vol.
En revanche, les combats face à des pokémons aquatiques ou végétaux sont à proscrire. Les espèces R/S sont particulièrement vulnérables aux attaques de ces deux types. L'acier étant plus résistant que la roche, les espèces de type acier ont l'avantage sur celles R/S. Les pokémons de ce double-type peuvent facilement être gelés et enfin, bien que cela puisse paraître surprenant il semblerait que les pokémons R/S craignent les attaques de type sol. »
Ce dernier point intrigue plus particulièrement la dresseuse en herbe, bien qu'elle se souvienne également de toute la théorie liée aux deux types séparés. Le manuel ne lui a rien appris de très nouveau, n'importe quel étudiant en stratégie sachant très bien qu'il faut se méfier des faiblesses accrues d'un double type autant qu'exploiter les forces majorées que confère ce même duo de types.
D'après ce que Maud sait, et a compris de sa brève lecture, Shrinia est une pokémon extraordinairement résistante aux attaques physiques mais risque à tout moment de se trouver démunie face à un autre genre d'assaut.
- Alors comme ça, tu es vulnérable aux attaques de ton propre type ?
- Rhin, acquiesce Shrinia de la tête après quelques secondes de réflexions.
- Et nous devrons faire très attention face à des pokémons de type eau ou plante...
En entendant sa dresseuse Shrinia se met à trembler, comme si elle avait froid. Avec vingt-huit degrés celsius à l'ombre d'après les dernières vérifications de Lucien, Maud doute que le problème vienne réellement de la température.
- Tout va bien Shrinia ? Tu es blessée ?
- Cooooor, répond la rhinocorne en hochant la tête de gauche à droite.
- Ce n'est pas ça... Est-ce que ce serait de la peur alors ? Tu es effrayée d'avoir à affronter un adversaire aquatique ou végétal ?
À cette question Shrinia ne répond pas. Elle se contente de baisser les yeux en prenant un air coupable, grattant la terre de la pointe d'une griffe.
- Mais c'est pas grave tu sais, pas la peine de faire cette tête ! la réconforte tant bien que mal sa dresseuse. C'est normal d'avoir peur, surtout que tu n'as jamais fait de combat avant pas vrai ?
- Rhin, marmonne Shrinia sans relever les yeux.
- Tu sais, moi aussi j'ai peur quand je dois faire quelque chose que je ne connais pas. À ta place j'aurais sûrement peur à l'idée de me battre contre un adversaire prédisposé à me vaincre d'ailleurs. Mais la peur est une chose naturelle, c'est même positif parfois ! C'est en affrontant ses peurs qu'on devient plus fort et qu'on prend de l'assurance !
Shrinia arrête de jouer avec la terre puis accepte de relever la tête, apparemment un peu rassurée par les encouragements de Maud. L'adolescente caresse aussitôt sa rhinocorne derrière la corne, ce qu'elle semble beaucoup aimer. En effet à peine quelques instants après que Maud ait commencé, Shrinia ferme à demi les yeux de contentement en émettant son curieux ronronnement, roche venant frotter une autre roche.
- Et si Shrinia affrontait ses peurs tout de suite ? suggère Lucien.
- Pourquoi, tu as quelque chose à proposer ? interroge Maud sans quitter sa pokémon des yeux.
- Bien sûr, affrontons-nous !
Cette fois l'humaine comme la pokémon tournent la tête dans la direction du jeune homme. Maud croit avoir mal entendu, Shrinia tremble de plus belle en considérant Vipelierre nonchalamment allongé près de son dresseur. Pour l'occasion le pokémon plante se relève avec un bâillement.
- Tu veux un combat... maintenant ? questionne Maud.
- Bien sûr ! confirme le dresseur expérimenté. C'est le moment idéal, Shrinia affrontera sa peur avant de se mesurer à un adversaire réel, et Vipelierre ne connaît pas encore d'attaques capables de lui infliger des blessures sérieuses.
Maud reconnaît que toutes ces raisons sont bonnes, mais Shrinia ne semble pas plus enthousiaste. Au contraire, elle tremble de nouveau comme au début et refuse toujours de bouger.
- Allons Shrinia, courage ! Imagine un peu comme tu seras fière si tu arrives à vaincre un pokémon contre lequel tu es vulnérable ! Ce serait la meilleure façon de dépasser ton angoisse tu sais ?
Les deux pokémons sont l'un face à l'autre. Shrinia a finalement accepté d'affronter Vipelierre, bien qu'elle ne paraisse toujours pas rassurée. Le petit pokémon plante lui, semble confiant à l'idée de se mesurer à un pokémon aussi imposant.
- Je te laisse engager Maud, se dévoue Lucien avec galanterie.
- Mais... je n'ai aucune idée des attaques qu'elle maîtrise !
Son adversaire hausse un sourcil, Vipelierre semble encore plus rassuré quant au danger qu'il encoure. Shrinia en revanche, paraît non plus inquiète mais enfin motivée pour se battre. Qu'il s'agisse du fait qu'on ne puisse lui donner d'ordres ou justement que la pokémon soit vexée de la remarque de sa dresseuse, Shrinia est enfin dans l'esprit d'un match.
- Shrinia, ordonne Maud qui se refuse à perdre son calme, montre-moi donc tes attaques.
La rhinocorne se met en place, se préparant à charger. Vipelierre s'y attendant, il place ses bras devant son torse afin de se protéger de l'impact si jamais il n'arrivait pas à esquiver. Mais au lieu de foncer tête baissée sur son adversaire, Shrinia commence à onduler de l'arrière-train.
Maud, très surprise du geste de sa pokémon, ignore totalement ce qu'elle compte faire. L'humaine serait même bien en peine de dire s'il s'agit réellement d'une attaque, de la préparation d'une action future ou simplement d'une diversion. Si la troisième option est la bonne, Shrinia remplit son objectif. En effet Maud remarque soudain que Vipelierre, aussi sidéré qu'elle-même face à l'attitude de la rhinocorne, a baissé ses bras. Shrinia n'attendait que cette occasion, elle fonce à ce moment précis.
Les deux pokémons se tenaient relativement proches l'un de l'autre, trop pour que Vipelierre puisse esquiver la charge furieuse. Shrinia le percute d'un grand coup de corne, en plein dans le ventre. L'air est chassé des poumons de son adversaire, qui vole à quelques mètres sous le choc. Maud se souvient des informations que le professeur Frêne lui a donné sur sa rhinocorne, il était noté qu'elle pèse plus de cent quinze kilos. La dresseuse se félicite que sa pokémon n'ait pas jugé utile de peser de tout son poids sur Vipelierre, autrement celui-ci aurait eu plus de mal à se relever.
Il est pourtant de nouveau debout, son assurance tranquille disparue. Désormais il dévisage Shrinia autant qu'elle l'observe, cherchant ses points faibles.
- Shrinia, tu as été formidable ! félicite Maud. C'était une attaque Koud'korne non ?
- Et celle d'avant devait être une mimi-queue, bien qu'une rhinocorne ne possède pas de queue cela va de soi, réfléchit tout haut Lucien. Vipelierre, charge !
Maud est trop surprise pour donner un autre ordre, elle ne s'attendait pas à ce que Lucien se reprenne aussi vite. Shrinia est trop lente pour esquiver, malheureusement pour Vipelierre la peau rocheuse de la pokémon est aussi dure que prévu. Le pokémon plante avec sa charge n'égratigne même pas la plaque de pierre qu'il vise, il rebondit plutôt sur la rhinocorne.
Cet élan involontaire que lui a donné Shrinia elle-même le place à portée de sa longue corne une nouvelle fois. La pokémon n'attend pas les ordres de sa dresseuse, elle balance sa tête sur le côté et envoie une autre Koud'Korne à Vipelierre, cette fois dans le dos. Le pokémon atterrit sur le ventre avec un couinement.
- Alors, tu te rends ? propose Maud avec l'excitation de la première fois. Vipelierre ne résistera pas à une autre attaque.
- Encore faudrait-il qu'elle l'atteigne, grogne Lucien. Utilise ta vitesse pour l'attaquer !
Bien qu'endolori par deux vols planés accompagnés des logiques atterrissages douloureux, Vipelierre se relève et entreprend de s'exécuter. Cette fois la tactique est bonne, Shrinia ne parvient plus à le distraire suffisamment à l'aide de mimi-queue, sans compter qu'elle discerne mal un pokémon fonçant autour d'elle à cette vitesse. Maud voit alors le principal problème de sa rhinocorne, ses jambes si petites ne lui permettent pas d'être rapide ni même de tourner en pleine charge. Face à un adversaire qui utilise la vitesse pour l'attaquer, Shrinia se trouve démunie. Elle est bientôt couverte de minuscules égratignures dues aux attaques Charge répétées. Si elles ne lui font pas grand-chose sur le moment, à la longue toutes ces petites blessures peuvent lui coûter la victoire. Maud tente alors d'élaborer un plan, de penser en stratège.
- Shrinia, il y a forcément un moment où il passe à ta portée ! s'écrie-t-elle enfin. Pour t'attaquer il a besoin de te toucher, environ une seconde. Cette petite seconde peut être la clé, essaie de le frapper à ce moment !
La pokémon s'exécute donc, sans grand résultat. Il est très rapide et elle demeure plutôt lente. Néanmoins la pokémon sait que Vipelierre ne peut pas l'atteindre comme il le voudrait, qu'il cherche un point faible. Elle étire donc son dos et laisse volontairement ressortir la peau moins dure sous les plaques tranchantes de la carapace du haut. Vipelierre saute sur l'occasion pour charger de ce côté, une nouvelle fois trop près de la tête. Cette fois Shrinia attend qu'il plonge sur elle pour effectuer une brusque torsion non plus de la tête mais du dos. Elle pivote juste assez pour que sa corne aille percuter Vipelierre, qui effectue un dernier vol plané avant d'atterrir au pied de son dresseur. Cette fois le pokémon est assommé.
Maud saute de joie avant de féliciter Shrinia revenue vers elle. Pendant que son homologue masculin fait rentrer son pokémon dans sa poké ball, elle flatte sa rhinocorne, la caresse, vérifie qu'elle ne s'est pas fait mal au dos. Lorsque Lucien se redresse, Maud se tourne de nouveau vers lui.
- D'accord, tu as gagné ce match, admet l'aîné des assistants. Ce n'est que partie remise.