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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 25/08/2013 à 08:40
» Dernière mise à jour le 16/05/2018 à 00:37

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 185 : Notre volonté
Siena ne perdit pas de temps. À peine retombée sur ses pieds, elle lança le morceau d'Ysalry dans les airs et le toucha du bout de son fouet électrique à puissance maximale. La pierre explosa en millier de particules qui se dispersèrent dans les airs, comme Siena l'avait espéré. Contre Karus, il lui faudrait plus qu'une immunité directe contre le Flux. Il fallait empêcher le Mélénis de l'utiliser autour de lui. Le Talent Futuriste de Siena l'avertit que Karus déployait son poing contre elle. Bien qu'il fut très rapide, Siena anticipa sa direction sans problème puis sorti un autre de ses couteaux, visant la gorge du Généralissime. Mais Karus avait plus de réactivité que son défunt second, et recula précipitamment. La surprise et la colère se lisaient dans ses yeux, si semblables à ceux de Siena.

- Je dois l'avouer, fit-il à mi-voix, il y a une chose dans laquelle vous autre humains excellez particulièrement : l'entêtement. Mais bien souvent, cette caractéristique va de pair avec l'inconscience. Penses-tu réellement pouvoir me battre, jeune fille ?

- Je vous le dirai après, répliqua Siena en faisant claquer son fouet.

Tout autour d'eux, une énergie considérable se déversait dans de nombreux tuyaux et cables. Des arcs électriques - à moins que ce ne soit du Flux - sortaient d'un peu partout à des moments divers. On ne voyait plus le plafond, qui avait été transformé en vide sombre et instable. Siena se serait cru au centre d'un orage.

- Tu crois peut-être m'avoir rendu impuissant grâce à ton petit tour avec ta pierre d'Ysalry ? Mais contrairement à beaucoup de mes semblables, le Flux n'est pas la seule manière dont je dispose pour tuer. Durant toutes ces années où je servais la Team Rocket, je n'ai que très peu utilisé le Flux pour me cacher des humains ! Et même sans lui, j'étais déjà le membre le plus puissant de la team, alors que ta mère n'était même pas encore un spermatozoïde ! Tu es née cinquante ans trop tôt pour m'inquiéter, jeune sotte !

Le Généralissime planta son poing dans le mur en acier, et en retirant tout un morceau entier, à l'embout tranchant. Il fonça sur Siena, et le duel commença, dans cette pièce débordant d'énergie qui peu à peu semblait se distordre sous elle.


***


Dehors, la bataille se poursuivait. Si seulement on pouvait appeler ça une bataille. Lusso essayait de se faire tout petit, tandis qu'Ian Gallad se distinguait par sa façon de tuer des plus rapides et des plus précises. Il fondait sur ses ennemis, les découpant avec ses doubles épées arrondies, son Pokemon sauvage de Kinghyèna à ses côtés, les babines et les griffes ruisselant de sang. Gallad semblait avoir totalement oublié les instructions de Siena sur le fait d'essayer de ne pas trop tuer les sbires Rockets. Il semblait dans une transe, une danse de mort dans laquelle ne comptait plus que ses épées et ses ennemis. Bien entendu, il serait déjà mort au moins dix fois si Lusso n'avait pas appelé son Neitram pour placer des protections autour de lui et dévier la plupart des balles. La logique aurait voulu que les sbires s'en prennent donc en priorité à Neitram, mais ils n'avaient pas vraiment l'occasion de s'occuper de quelqu'un d'autre avec Ian et Kinghyèna qui rôdaient autour.

Lusso se demandait comment ça se passait pour Siena à l'intérieur. Le ciel avait prit une teinte inquiétante juste au dessus de la centrale, et des éclairs de couleur rouge s'en échappaient. On aurait dit l'apocalypse avant l'heure. Ils devraient peut-être rentrer pour l'aider, bien que ça n'enchante guère Lusso. Il n'aimait pas risquer sa vie. Ce n'était pas par lâcheté, juste parce qu'il considérait sa vie comme plus importante que celle des autres ou que des idéaux fumants. Mais pour sa sœur, il était prêt.

Il rechargea donc son pistolet pour vite en terminer dehors, quand une silhouette élancée et féline sortit de la centrale pour venir au centre même du combat. Lusso la reconnut, et poussa un juron. C'était une jeune femme au visage et au corps très appréciables, sur qui Lusso avait longtemps flashé quand il était gamin, puis même après. Leurs pères respectifs ayant été de proches amis, les deux enfants avaient souvent été ensemble par le passé.

- Estelle...

La fille du Boss le remarqua, puis lui sourit. Un sourire qui fit froid dans le dos à Lusso.

- Lusso Tender. Ça faisait longtemps qu'on s'était perdu de vue. Qu'advient-il de ce temps où tu ne cessais de me courir après ?

- Il est révolu, ma jolie. Je suis marié maintenant, et je vais être père.

- C'est ce que j'ai entendu dire oui. Mais comment pourrais-tu être père, si tu meurs ici ?

Lusso fit mine de réfléchir.

- Voilà une question sur laquelle on mérite de s'attarder, en effet. Ne me dis pas que tu pourrais buter de sang froid ton vieux copain ? J'ai été ton premier baiser...

Estelle rougit, plus de colère que de gène.

- Tu me l'as volé, oui, ce premier baiser, alors que j'étais endormie ! Et j'avais douze ans à peine, pauvre pervers !

- Oh ! Douze ans seulement ? Bah, je ne devais pas en avoir bien plus...

- Tu en avais quatorze, répondit froidement Estelle.

- Ah. Mais c'était un pari que j'avais fait avec Tuno, ça je m'en rappelle bien. Je ne pouvais pas me défiler. Oh allez, sans rancune hein ? J'ai déjà assez bien dégusté avec mon vieux quand il l'a appris...

- Je ne suis pas venue pour me remémorer le bon vieux temps. Mais pour punir les traitres.

Lusso prit un air offensé.

- Moi, traître ?! C'est de la diffamation ! J'obéis seulement à ma supérieure hiérarchique directe, qui se trouve être ma demi-sœur. Mais je n'ai pas lésiné sur les moyens pour lui faire comprendre que je trouvais son plan totalement cinglé.

- Tu ne t'es pas montré assez convaincant apparemment. Si tu te rends, je consentirai peut-être à t'épargner...

Lusso remarqua que Ian en avait fini avec les ennemis de dehors et était rentré dans la centrale, laissant Lusso seul à son sort. Sans doute pensait-il que même lui n'avait rien à craindre d'une femme désarmée et sans Pokeball. Mais Lusso avait entendu assez de rumeurs horribles sur ce fichu Vampire de la Team Rocket pour savoir qu'il ne fallait pas s'y frotter.

- J'n'aime pas me rendre. Je préfère encore la fuite. Neitram ?

Le Pokemon Psy comprit ce qu'attendait son dresseur et se mit à briller. Estelle prit un air offensé.

- Il y a encore moins d'honneur à la fuite qu'à la reddition ! Protesta-t-elle.

- Je laisse l'honneur à ceux qui le recherche. Ce n'est pas mon cas. À plus, chérie.

Et Neitram emporta son dresseur avec son attaque Téléport, laissant dehors une Estelle frustrée et seule.


***


Vilius ne vit rapidement plus rien du combat entre Siena et Karus, car les lumières qui sortaient de la salle de contrôle ne le permettaient plus. Faute de mieux, il se rendit plus bas, où 004 paraissait s'amuser au tir avec Silas Brenwark. Bien sûr, Vilius remarqua immédiatement que le Silas que Bonouarg visait n'était pas le vrai, mais un de ses clones fantomatiques. Vilius l'avait assez vu faire pour pouvoir le reconnaître du premier coup d'œil. Tandis que le double donnait le change en faisant semblant d'éviter les tirs et de se cacher derrière des réacteurs, le vrai Silas devait sans doute s'approcher furtivement de 004 pour l'attaquer ensuite par surprise. C'était tout son style. Vilius décida de ne rien dire à Bonouarg. Ça serait plus marrant...

- Vous avez intercepté Siena Crust ? Demanda 004 en le voyant arriver.

- Intercepté ? Oui, on peut dire ça...

- Très bien. De mon coté, cette Ombre a décidé de jouer à cache-cache avec moi. Je pensais qu'il voulait m'affronter loyalement. Peuf...

- Mon pauvre vieux, sourit Vilius, si vous affrontez Silas Brenwark au corps à corps, vous perdrez avant de vous demander pourquoi. C'est l'élément le plus puissant de l'Unité du Silence.

004 fit la moue.

- Pour l'instant, je ne vois en lui qu'un lâche qui fuit et se cache.

- En effet. Quelle attitude déplorable que de fuir devant quelqu'un qui vous tire dessus !

Sans saisir l'ironie, Bonouarg tira une nouvelle fois quand il vit le double de Brenwark sortir de derrière une machine pour emprunter une allée adjacente. Le tir de rayon laser jaune fit un beau trou dans le sol. Le pistolet de 004, spécialement conçu pour lui, était tout bonnement inépuisable et l'énergie qu'il tirait désintégrait tout ou presque. Mais voilà, Bonouarg était d'une précision lamentable. Qu'un abruti pareil fasse parti des Agents Spéciaux donnait la nausée à Vilius, surtout que son numéro était juste après le sien. Bien sûr, l'ordre ne comptait pas tellement, mais bien qu'il considérait sa sœur Estelle comme sa pire rivale, il trouvait dégradant pour elle d'avoir un chiffre se trouvant après celui de Bonouarg.

- Il ne m'échappera pas longtemps, assura 004. Au fait, vous avez tué Crust ?

- Grand dieu, quel gâchis ça serait ! Répliqua 003. Non, je l'ai laissé rejoindre son grand-père.

Bonouarg baissa son arme, l'air désemparé.

- Vous avez fait quoi ?!

- Je me suis rendu compte que le monde tel que le voyait Karus, ça ne me chauffait pas tant que ça, finalement... Seulement voilà, je ne suis pas assez fou pour aller défier moi-même le Généralissime. Siena semble l'être, elle, donc je la laisse faire. Ensuite, advienne que pourra.

004 était sonné, et ce moment d'inattention fut celui que Silas guettait pour agir. Il fit sortir son double et le fit charger sur Bonouarg. Ce dernier tira, et son tir traversa naturellement l'illusion, qui disparut, juste ou moment où le véritable Brenwark jaillit par derrière pour pointer sa propre arme contre la tête de Bonouarg, qui resta pétrifié de stupeur.

- Votre arme je vous prie monsieur, demanda-t-il aimablement. Il ne s'agirait pas de mettre mes talents de tireur à contribution à cette distance n'est-ce pas ?

004 dévisagea désespérément Vilius.

- Vilius, faites quelque chose !

Mais l'autre haussa les épaules.

- Non. Vous avez eu votre chance contre lui. Et l'eussiez-vous tué, ça n'aurait rien changé. Donnez-donc votre flingue au monsieur, Bonouarg. Je suis sûr qu'il sera assez aimable pour vous le rendre une fois tout ça terminé.

L'Agent Spécial, humilié, laissa tomber son pistolet, que Silas ramassa.

- Je vous remercie de votre non interférence, monsieur, fit-il à Vilius. Le colonel Crust n'a jamais douté de vous.

- Vous aussi alors, vous êtes un traître ! Glapit 004.

- La frontière entre traître et héros est bien mince, Bonouarg, répliqua Vilius. Si Crust réussit, je ne serai pas un traitre, mais le héros qui l'a laissé passer pour affronter le Mélénis qui souhaitait nous asservir. L'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs, mon vieux.

- Mais si elle échoue, ce qui va arriver, je ne manquerai pas de signaler au Généralissime votre rôle dans tout ça, 003 ! Cracha Bonouarg avec hargne.

Vilius sourit, et passa son bras autour des épaules de 004.

- Vous avez de la chance que Zelan ne soit plus là...

- Quel rapport ?

- Il est tout simple. On a déjà une place vacante au sein des Agents Spéciaux. Si je vous tuais maintenant, ça ferait deux, et ce serait difficile pour mon vieux de les combler, surtout en état de guerre. Et je ne veux pas le surcharger de travail, le pauvre, surtout avec son âge...

- Votre générosité vous honore, monsieur, fit Silas.

- N'est-ce pas ? Rappelez-vous en, Bonouarg, combien je suis gentil avant d'un peu trop l'ouvrir, hein ?

Pour amplifier sa menace, il puisa un peu dans l'énergie du bracelet en Sombracier de son bras gauche, et serra fort l'épaule de 004. Assez fort pour lui arracher un cri de douleur.

- Je... Je m'en souviendrai, Vilius, balbutia-t-il.

- À la bonne heure alors.


***


Même avec son Talent Spécial Futuriste, Siena n'avait jamais pensé un seul instant que ce serait facile contre Karus. Et en effet, ça ne l'était pas. Le Mélénis parvenait à anticiper ses coups, et les rares qu'elle parvenait à lui donner ne l'affectaient pas plus que ça. Karus avait peut-être le corps d'un grand-père, mais le Flux le rendait quasiment invulnérable aux simples attaques humaines. Siena avait beau prédire à l'avance tout ses coups, la vitesse du Mélénis faisait qu'elle n'arrivait plus à suivre. Elle bloquait un coup alors qu'il était déjà passé au suivant. De plus, elle commençait à sérieusement s'essouffler, alors que Karus paraissait au contraire gagner en force et en vitesse plus le temps passait. Et enfin, les arcs de Flux qui apparaissaient ci et là ne l'aidaient en rien.

Siena recula d'un coup pour accroître sa portée et passer à l'attaque. Elle tendit son fouet électrique et frappa. Sachant où Karus allait esquiver, elle changea immédiatement sa direction, mais à son grand dam, Karus resta là où il était. Le bout de son fouet allait se perdre dans le vide, et Siena fut à découverte, ce qui suffit au Généralissime pour la frapper à l'estomac et l'envoyer violement contre le mur d'en-face. Récupérant difficilement son souffle, Siena interpella Horrorscor dans son esprit.

- Qu'est-ce qui s'est passé là ? Son image du futur avait montré qu'il esquiverait à droite, et pourtant, il n'a pas bougé !

- C'est de ta faute, répliqua Horrorscor. Il a vu ton mouvement de bras qui indiquait que tu allais lancer le fouet à droite, et donc il est resté où il était. En lui montrant ta prochaine action, tu as faussé sa propre image du futur.

Siena comprenait. Karus avait retourné son propre pouvoir contre elle. En voyant son avenir à l'avance, elle lui avait montré ce qu'il comptait faire avant même qu'il ne l'envisage, et il avait pu agir en conséquence. Une bonne leçon à retenir pour maîtriser son pouvoir... si jamais elle survivait.

- Cette capacité à prévoir chacun de mes mouvements est assurément remarquable, commenta Karus. Je ne pense pas qu'elle te soit venue naturellement, ceci dit. Dis-moi comment tu as acquis un tel pouvoir. Parle donc, tu vivras plus longtemps.

En guise de réponse, Siena chargea, une lame étant sortie de son brassard. La jeune femme s'était bien équipée en prévision de ce duel. Elle avait emprunté à l'armurerie du quartier général un attirail qui lui pesait, mais qui servait bien. Une fine armure se trouvait en dessous de son uniforme. Ses bottes étaient équipées de micro-fusées pour pouvoir planer ou prendre de la vitesse. Son brassard gauche renfermait une vibrolame, et celui de droite un mini bouclier énergétique. Karus, lui, n'avait rien à part son morceau de métal. Il pouvait à peine utiliser le Flux à cause de l'Ysalry, et n'avait pas de capacité spéciale destinée à lire le futur, et pourtant, Siena se faisait grandement malmener.

Mais le Généralissime n'avait encore réussi à la tuer. C'était encourageant. Mais maintenant que Karus avait compris comment elle fonctionnait, il pouvait la piéger facilement. Pour éviter la vibrolame, il bougea si vite et dans tous les sens que Siena n'arrivait plus à distinguer son image du futur. Alors, elle cessa de bouger, et se concentra sur la sienne. Karus tenta plusieurs feintes où il fit semblant d'attaquer, mais Siena ne bougea pas. Elle n'aurait à éviter les coups que lorsqu'elle verrait sa propre image d'avenir les subir.

Comprenant sans doute le stratagème, Karus passa à autre chose. Comme quand Siena avait affronté Ian, plusieurs ombres futuristes se dégagèrent de Karus, toutes faisant une action différente. Karus était en train de vider son esprit et d'envisager quantité de mouvements à la fois, ce qui perturbait inévitablement la vision de futur que Siena avait de lui. Mais elle ne s'affola pas, et tenta de tous les distinguer. Certains étaient plus réels que d'autres, signe qu'il s'agissait d'un futur plus probable. Elle s'efforça donc d'interagir en priorité avec les futurs les plus clairs. Cela sembla fonctionner. Siena bloqua les coups de Karus et parvint même à l'égratigner avec sa vibrolame. Mais en retour, le Généralissime avait bloqué son bras gauche, de telle sorte qu'elle ne puisse éviter son prochain coup. Il abattit son morceau d'acier sur elle, visant la gorge, et Siena leva sa main droite, activant son mini bouclier, qui arrêta net la barre de fer et la brisa même en deux morceaux.

Profitant de la surprise de Karus, Siena lui donna un coup de tête sur le nez, puis s'agrippa à son bras qui la retenait par les genoux pour effectuer une torsion complexe. À un humain normal, ça lui aurait brisé le bras. Ce ne fut pas suffisant pour affecter Karus de la sorte, n'empêche qu'il poussa un grognement étouffé. Il répliqua vivement avec un coup du coude que Siena ne put esquiver étant donné sa position. Il la toucha en plein visage, et Siena avait l'impression qu'il lui avait décroché la mâchoire. Elle se releva, le goût du sang dans la bouche, respirant difficilement. Elle eut la satisfaction de voir que Karus saignait aussi, mais il ne paraissait pas épuisé comme elle.

- Même les meilleurs sont amenés à se contredire, commença le Généralissime. Tu n'es pas impuissante gamine, je l'avoue. Tu es même redoutable, et si je ne me fichais pas tant des liens du sang, je serai même fier de toi. Mais voilà, tu es humaine, et c'est là ta faiblesse. Comme Mélénis, tu serais sûrement devenue immensément puissante. Mais dans ta condition, tu ne peux espérer que battre seulement des humains.

- Allez dire ça à votre second ! Riposta Siena. Depuis que je l'ai croisé en venant ici, il doit être un peu mort.

- J'en suis attristé. C'était un bon gars, même pour un humain. Gagner le Flux ne fait pas de vous un vrai Mélénis en quelques jours. Je suis d'un autre niveau que Duston. Un niveau qui t'es inaccessible.

Karus s'arrêta et regarda autour de lui. L'énergie de la salle était telle qu'ils avaient l'impression de flotter dans l'univers.

- Tu m'as bien diverti, mais il est temps d'opérer la transformation de ce monde, reprit Karus. Si je ne canalise pas très vite toute cette énergie, il pourrait se produire une catastrophe spatiotemporelle impossible à prédire.

Karus commença à se diriger vers le centre. Siena tâcha d'utiliser ses dernières forces pour l'intercepter, mais elle sentit quelque chose la happer par derrière. Puis toutes ses forces l'abandonnèrent d'un coup. Elle tomba à genoux sans pouvoir l'empêcher. Son ventre était soudain devenu humide. Quand elle posa sa main dessus, elle ressortit entièrement rouge. Un éclair de Flux venait de la traverser de part en part. Et comme il venait de derrière, Siena n'avait rien vu dans le futur. Karus la regarda avec amusement et pitié à la fois.

- Quel dommage... Si tu ne t'étais pas montrée aussi butée et stupide, tu aurais pu vivre dans mon nouveau monde, et t'élever parmi les Mélénis les plus puissants. Tu m'aurais même dépassé, avec ta capacité étrange. Mais vous autres humains êtes des idiots. Vous agissez sur des coups de tête sans réfléchir aux conséquences. C'est pourquoi vous serez amené à disparaître, inévitablement. Je vais empêcher ça en vous transformant en êtres supérieurs.

Il pénétra dans le cercle central, et tout le Flux de la salle fut canalisé vers lui. Karus brillait. Il semblait être devenu l'étoile centrale de l'univers. Un dieu qui recréait le monde selon sa volonté. La volonté de Siena passa outre les limites de son corps. Elle se remit debout, et s'avança lentement, même en se sachant agonisante. Karus ne tenta pas de l'arrêter. Il ne semblait même pas la voir. Il était perdu dans l'immensité de son sortilège de Flux. Ce ne fut que quand Siena pénétra elle aussi dans le cercle que Karus la remarqua, et que son visage extatique se transforma en un masque de terreur pure.

- Folle ! Que fais-tu ?! Sors de là, le sort n'est pas prévu pour un humain !

Siena sentit l'énergie qu'aspirait Karus pénétrer tout son corps. Ce fut comme si elle se désintégrait peu à peu. Tout n'était que lumière aveuglante. Le sort de Karus réagit à sa présence non prévue. Le Flux se mit à circuler à toute vitesse dans toutes les directions. Puis il y eut une explosion, qui entraîna Siena et Karus dans un gouffre de lumière multicolore sans fond. Siena ne sentait plus son corps. Elle n'était même plus sûre d'en avoir un. Son esprit - ou son âme - se trouvait dans une dimension nouvelle créée par le sort de Karus qui était devenu incontrôlable. Siena voyait son grand-père. Ou plutôt, la forme qu'avait son âme. Elle sentait sa présence qui tentait de l'écraser.

- Disparais ! Ce monde est à moi ! Tu n'es qu'une humaine ! Tu n'as pas le droit d'être ici. Disparais ! Disparais ! DISPARAIS !

Siena se sentit comme déchirée. L'esprit de Karus était si puissant... elle n'arrivait pas à maintenir sa présence face à lui. Et si Karus triomphait de cette épreuve mentale, Siena sombrerait à jamais dans le néant le plus profond, elle le savait. Alors elle lutta de toute son âme, pour exister. Alors que leurs deux esprits luttaient, chacun eut des visions de l'autre. Siena vit son grand-père, jeune et fringuant, étudier le Flux au Refuge. Elle vit sa rencontre avec une belle jeune femme aux cheveux cyan que Siena trouva familière d'une certaine façon. Elle sentit l'amour, puis le désespoir de l'avoir perdue.

- Les humains sont faibles...

Karus fut forcé de se lier aux humains. Siena le vit rencontrer Urgania et le professeur Chen, et fonder la Team Rocket avec eux. Elle le vit avec un jeune adolescent qui se trouvait être Penan. Elle le vit en train d'instruire toute une génération de Rockets, en particulier Hegan Tender et Giovanni. Et elle sentit sa joie. Karus se sentait bien avec les humains. Il épousa même l'une d'entre elles.

- Si faibles...

Puis arriva Livédia. Karus avait une fille. Il était éperdu d'amour pour elle. Elle était devenue son univers. Il la regarda grandir, se métamorphoser en une jeune femme intelligente et ravissante. Puis Siena vit son corps dans un cercueil, et Karus, le visage fermé, emplit de tristesse et de haine.

- Les humains s'autodétruisent eux même. Ils sont idiots...

Diox-BOT. Oui, c'était le nom de la chose qui avait tué sa fille. Une création des humains. La faute des humains...

- Il me faut les instruire. Il me faut les transformer. Il me faut les sauver d'eux-mêmes. Car je suis...

Toutes ces années passé en exil, rassemblant des informations sur les Pokemon Méchas, et réfléchissant au moyen de les contrer. Il n'y en avait qu'un. Un sort. Pour transformer les humains idiots et faibles en puissants Mélénis.

- Je suis...

La tristesse. Tristesse de ne pas avoir revu sa femme. De ne pas avoir vu grandir ses petits-enfants. Mais il combattait cette tristesse. Car elle était une émotion humaine. Et il était bien plus qu'un humain. Il ne voulait pas leur ressembler. Il ne voulait plus. Les humains se faisaient souffrir. Etre un humain était une souffrance.

- JE SUIS KARUS !

La dernière onde de Karus manqua de totalement effacer le faible esprit de Siena qui luttait dans ce maelstrom de souvenirs et de Flux. Mais c'est alors qu'un autre esprit, bien plus puissant, s'ajouta au sien. Un esprit sombre et vieux, plein de ressentiment. Une haine qui donna à Siena une puissance dépassant celle de Karus.

- Je vais t'aider, dit Horrorscor. Lie-toi à moi, Siena Crust. Lie ton existence à la mienne. Ce type ne pourra rien faire face à ma haine.

Siena fit ce qu'il dit. Elle ouvrit tout son esprit à celui d'Horrorscor, acceptant toutes les émotions négatives qu'il renfermait : une source de puissance dépassant de loin l'amertume de Karus. Ce dernier le vit aussi. L'ombre noire aux yeux rouges qui entourait l'esprit de Siena, la rendant plus forte, plus réelle, tandis que l'esprit de Karus devenait plus diffus. Il était emporté par cet océan de haine pure.

- Impossible ! Je ne peux pas disparaître ! Je ne peux pas être vaincu ! Pas par un simple humain ! PAS MOI !

Siena poussa sa volonté à son paroxysme. Sa volonté de construire un monde parfait, où les humains déploieront tout leur potentiel. Un monde libéré des influences néfastes comme les Mélénis qui tenteraient d'asservir les humains. Un monde où tout était possible pour peu qu'on en ait la force et la volonté.

- On ne veut pas de toi, balança Siena à Karus. Ce monde est à nous. Tu l'as abandonné en abandonnant les humains. Tu es inutile. Nous te rejetons, toi et ton monde. Nous rejetons les Mélénis. La volonté des humains est supérieure à la leur. Parce que nous vivons moins longtemps, notre volonté est plus forte. DISPARAIS !

En en une poussée commune, Siena et Horrorscor annihilèrent l'esprit de Karus, qui explosa en un dernier cri de désespoir. Puis alors, le monde de Flux explosa lui aussi. Siena aurait eu son esprit happé et découpé en morceau dans cette nova sans celui d'Horrorscor qui, lié à elle, semblait la protéger. Avant de sombrer dans l'inconscience, elle entendit la voix du Pokemon.

- Nous irons loin, toi et moi, Siena Crust... Très très loin...