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J'aurais voulu être... de Soundlowan



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Informations

» Auteur : Soundlowan - Voir le profil
» Créé le 18/08/2013 à 03:21
» Dernière mise à jour le 21/03/2024 à 12:40

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Région inventée   Slice of life

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Prologue : Je veux être...
Six, sept, huit. Arrêt, une inspiration, demi-tour, expiration.
Retour. Aller jusqu'à l'armoire, respirer, revenir au lit, respirer, repartir. Un trajet de huit pas, répété en boucle depuis que le réveil a sonné. Cela fait un peu moins de six heures maintenant.
La jeune fille a intégré l'inspiration et l'expiration à son rituel de marche lorsqu'elle s'est rendue compte que toute à son attente angoissée, elle en oubliait de respirer. Levée depuis huit heures précises, elle n'est pas sortie de sa chambre depuis. Ni pour manger, ni pour se doucher, ni pour aucune raison que ce soit. Elle ne veut pas se trouver à moins de deux mètres de son ordinateur, jusqu'à ce qu'elle ait sa réponse.
L'appel du laboratoire pokémon se fait cruellement attendre. La secrétaire du professeur a pourtant promis de la contacter en fin de matinée au plus tard. Il est presque quatorze heures, et toujours rien. Elle fait pour la énième fois le trajet qu'elle s'est imposé afin de faire taire son angoisse, ce qui fonctionne de moins en moins bien. En désespoir de cause, elle se laisse tomber sur son lit et fixe les aiguilles de sa pendule. Le mouvement répétitif, parfaitement régulier, la calme.

Il y a peut-être un problème avec sa demande. Elle n'a sans doute pas rempli tous les papiers, ou pas les bons. Ils n'ont plus de pokémons à lui donner. Ils estiment qu'elle est trop âgée pour partir en voyage initiatique. Mais pourquoi donc le laboratoire pokémon ne l'appelle-t-il pas ? Elle n'aura pas de pokémon, c'est certain, ils ne savent pas comment lui dire. Ils préfèrent sans doute annoncer à ceux qui auront une réponse positive la bonne nouvelle, avant de passer aux déçus...
Au moment précis où l'aiguille pointe quatorze heures, l'ordinateur reçoit un appel. La jeune fille bondit comme si on l'avait électrocuté, manque de se prendre les pieds dans son tapis, se précipite vers son bureau et parvient enfin à appuyer sur la bonne touche.

La webcam s'allume. L'écran montre une femme à la queue de cheval stricte portant de petites lunettes rondes, entourée de piles de dossiers impeccablement rangées. Elle sourit à la jeune fille.
- Mademoiselle Maud Hambois ?
- Elle-même, balbutie la jeune fille.
- Secrétariat du professeur Frêne. Je vous appelle afin de vous confirmer que votre demande a bien été acceptée par notre laboratoire, vous répondez à tous les critères vous permettant d'obtenir l'un de nos pokémons.
- Acceptée... ? répète mécaniquement Maud.
- Mais oui mademoiselle.

Un homme en blouse blanche, l'air surexcité, court partout derrière la secrétaire. Il lui parle parfois, si fort que Maud peut saisir des morceaux de conversation.
- Vous vous rendez compte Madeline ? J'ai réussi, je l'ai fait !
- Oui professeur, c'est magnifique, le félicite la dénommée Madeline. Un pokédex complet réunissant les informations des pokémons de cinq régions, c'est fabuleux.

La secrétaire se penche vers l'écran de son ordinateur, comme si elle voulait mettre son interlocutrice dans la confidence.
- Le professeur Frêne est très excité, il vient d'achever la compilation ainsi que la vérification de toutes les informations nécessaires à l'élaboration de son projet. Après des mois d'études et de recherches sur le terrain, vous pensez si il est heureux... mais je m'égare.

La secrétaire réendosse son masque impassible, rajuste ses lunettes sur son nez et reprend ses instructions.
- Vous devrez vous présenter demain matin à dix heures précises au laboratoire, votre pokémon sera prêt. Pourrez-vous y être ?
- Bien sûr, je serai là. Merci de votre appel...
- Je vous en prie mademoiselle, c'est tout naturel. Bonne journée à vous !
- Merci, vous de même.

Elle a prononcé les formules de politesse d'usage sans y réfléchir, encore sonnée de la nouvelle. Après que la secrétaire ait raccroché, Maud éteint son ordinateur par automatisme, les yeux grands ouverts. Soudain, elle hurle sa joie à pleins poumons puis dévale les escaliers afin de prévenir sa mère.


La jolie serveuse du café de la ville s'affaire à servir tous ses clients en même temps. À cette heure les hommes viennent prendre digestifs ou cafés après leur déjeuner, les dresseurs en voyage profitent de la terrasse en admirant la vue et les étudiants finissent leur verre avant de retourner en cours pour l'après-midi. Bien entendu, tout le monde passe sa commande en même temps. La douce Émilie garde le sourire en passant de table en table, son plateau surchargé de boissons diverses.
Son regard croise soudain celui de Maud, son amie d'enfance, qui accourt vers le café. Émilie passe derrière le comptoir, enlève son tablier et appelle son frère pour qu'il tienne le bar à sa place. Un garçon élancé sort des appartements privés et prend la place de sa sœur, qui va à la rencontre de Maud.
- Émilie, Émilie ! s'écrie la nouvelle arrivante surexcitée. J'ai eu ma réponse, et je vais avoir mon pokémon !
- C'est vrai ? Mais c'est génial ! répond la jolie serveuse. Montons chez moi, on discutera plus tranquillement.

Elles gravissent un escalier, ferment la porte qui mène à la salle du café, Maud contacte un de leurs amis communs pour lui apprendre la nouvelle, Émilie lui sert à boire. Elles s'installent toutes les deux à la table de la cuisine en attendant le dernier membre de leur trio. Maud ne cesse de se lever, de faire de grands gestes de main, de parler trop vite... Son amie a du mal à suivre, et se montre soulagée lorsqu'un garçon brun au tour de taille généreux arrive dans le salon par la porte de derrière.
- Alors c'est vrai, tu vas avoir ton pokémon ?
- Oui Justin, le laboratoire du professeur Frêne m'a appelé pour me le confirmer ! répond Maud. Vous vous rendez compte, un pokémon rien que pour moi !
- C'est fantastique, réagit Émilie. Est-ce que tu sais déjà quel pokémon tu voudrais ?
- Généralement les laboratoires mettent à la disposition des dresseurs des pokémons de type eau, feu ou plante, précise Justin. Il s'agit souvent d'espèces rares que le professeur est en train d'étudier ou qu'on ne peut rencontrer à l'état sauvage dans la région.
- Attendez, j'ai gardé les documents qu'ils m'ont remis quand j'ai été y faire ma demande...

Maud fouille dans son sac, jusqu'à en sortir plusieurs brochures en papier glacé ainsi que des feuilles couvertes de lignes de texte.
- Ah voilà, ils parlent du pokémon donné ici... « Votre pokémon vous attend ! Sujet d'expérience pour le professeur Frêne, votre nouveau compagnon ne connaîtra pas plus que vous le monde du dressage. Nos pokémons sont sélectionnés par nos soins parmi des individus nés et élevés en captivité, une magnifique occasion pour vous de nouer des liens très forts avec lui en lui faisant découvrir la région au cours de votre voyage. » Ils ne disent pas de quel type ces pokémons seront.
- Est-ce qu'il y aura d'autres dresseurs avec toi pour demander un pokémon ? demande Émilie.
- D'après la brochure, oui, certifie Justin. Écoutez ça : « Vous vous présenterez au laboratoire à l'heure qui vous aura été indiquée. Une dizaine de dresseurs sont reçus en même temps que vous, mais ne vous inquiétez pas, nous prévoyons toujours suffisamment de pokémons pour tous ! »
- Ils ne disent pas de quels pokémons il s'agira, réfléchit tout haut Maud. Je suppose que ça change selon le moment où tu es convoqué.
- Sans doute, acquiesce Emilie. Mais si tu devais choisir, tu prendrais quel type entre plante, eau ou feu ?
- Oh, je ne pense pas le choisir en fonction de son type. J'aimerais surtout un pokémon qui me plaise, avec qui je pourrais m'entendre... Pas trop grand, ce serait bien.
- Pourquoi donc, pas trop grand ? questionne Justin.
- Non mais, tu m'as regardé ? rétorque Maud. Je suis toute petite, discrète et incapable de m'affirmer ! Je ne saurais pas me faire obéir d'un pokémon trop imposant. Alors je préfèrerai en prendre un petit au début, et j'aurai toujours le temps de me faire à mon rôle de dresseuse avant qu'il n'évolue en une forme plus... massive. Pour moi aussi c'est tout nouveau après tout !
- Alors tu vas vraiment partir en voyage initiatique ? soupire Émilie.
- Bien sûr, dès que j'aurai reçu mon pokémon. Pourquoi donc ?
- C'est que tu vas me manquer, on ne se verra plus tous les jours ! D'ailleurs je pensais que tu partirais en voyage initiatique comme nous tous, après tes dix ans. Mais plus maintenant que tu en as quinze.
- Tu pourrais nous dire d'ailleurs, pourquoi tu ne pars que maintenant ? interroge Justin.
- Oh c'est simple, je voulais achever l'école obligatoire avant mon voyage, et je voulais prendre une année sabbatique avant d'entrer à l'université. J'ai donc toute une année pour parcourir la région, avant de revenir ici. En plus, je n'aurai pas su vers quelle université m'orienter si j'avais eu à choisir.
- Tu veux dire que tu pars en voyage initiatique par dépit ? relève Émilie, les yeux ronds.
- Oh non, bien sûr que non ! Simplement je n'ai aucune idée de ce que je veux faire de ma vie, en parcourant la région de long en large l'inspiration me viendra peut-être ? Et je veux vraiment constituer une équipe, apprendre à dresser mes pokémons, rester avec eux quelques temps... J'aurai enfin l'occasion de mettre en pratique mes connaissances théoriques !
- C'est vrai que tu as fréquenté une école de stratégie pokémon, j'oublie tout le temps...
- Tu avais pris quel pôle d'études déjà ?
- « Soins à apporter à ses pokémons, la meilleure façon de s'assurer la victoire avant et après un combat », récite religieusement Maud. En clair j'apprenais comment soigner au mieux un pokémon après un combat avant de le conduire au Centre le plus proche, ainsi qu'à maximiser son bien-être pour qu'il soit toujours le plus performant. En plus d'apprendre la stratégie pokémone en combat ou en concours, ce qui était obligatoire. Ce n'est pas pour rien que l'école s'appelle « Ecole de Stratégie Pokémon ».
- Ca va sûrement t'être utile pour ton voyage initiatique. Tu vas voir, c'est une expérience magique ! précise Émilie.
- J'espère bien. Bon, je vais rentrer, je pars demain matin et je veux me préparer. J'étais juste venue vous dire au revoir.
- Attends Maud, attends ! la retient Justin. J'ai quelque chose pour toi.
- Moi aussi ! déclare Émilie.

Elle se lève, va jusqu'à une commode dans laquelle elle se met à chercher quelque chose. Justin lui, explore les tréfonds de son sac, jusqu'à en sortir un livre à la couverture criarde. Émilie revient à ce moment, une longue feuille très fine roulée entre les mains.
- Voici une carte complète de la région d'Amandéternelle, précise-t-elle en déroulant sa trouvaille. Tu peux y voir les villes avec leurs noms, les lieux particuliers ainsi que les routes. En te donnant ça je serai plus tranquille, au moins tu ne te perdras plus !
- Et voici mon cadeau, ajoute Justin. Un guide complet de la région avec plusieurs pages consacrées à chaque ville, les bonnes adresses, les arènes, les bâtiments indispensables sur la route d'un dresseur, les numéros d'urgence et beaucoup d'autres choses qui pourront t'être utiles. Il y a aussi plusieurs pages où tu peux prendre des notes tout au long du guide, j'y avais déjà noté quelques bonnes adresses qui ne se trouvent pas forcément dans le guide officiel au cours de mon propre voyage. Elles ont été approuvées par moi, mais également par mon canarticho ! Tu verras, ça te sera sans doute utile.
- Merci, merci beaucoup, murmure Maud qui sent ses yeux s'humidifier. Je penserai à vous chaque fois que je m'en servirai.
- J'espère bien ! s'écrient les deux autres en chœur.

Les deux dresseurs chevronnés donnent encore quelques conseils à Maud, évoquent des souvenirs de leur voyage puis finissent par la laisser partir, avec la promesse qu'elle n'oubliera pas de les contacter pendant qu'elle parcourra la région.


Sept heures trente. L'aiguille revient sur le douze.
Le réveil émet un son strident. Maud se redresse brusquement, appuie sur l'appareil, jette ses couvertures au loin et se précipite dans la salle de bains. Elle en ressort un quart d'heure plus tard, ouvre l'armoire puis sélectionne soigneusement sa tenue de dresseuse. Short serré qui s'arrête juste au-dessus du genou, t-shirt blanc orné d'une ball mauve, gilet court noir. Maud noue ses cheveux en une queue de cheval haute. Un long cheveu roux cuivre lui reste entre les mains. Elle noue les lacets de ses baskets, s'empare de son sac prêt depuis la veille et descend les escaliers afin de prendre son petit-déjeuner.
Ses parents restent silencieux tandis qu'elle mange. Maud remarque que sa mère a les yeux étrangement brillants, mais également que ses lèvres serrées tremblent. Son père contracte et relâche les muscles de sa main à intervalles réguliers. La future dresseuse ne dit pas un mot tout le temps de son repas avant de donner le reste de sa tartine au tritosor familial, qui l'engloutit avec plaisir. Au moment où elle se lève sa mère retient son bras.
- Je n'arrive pas à croire que tu pars aujourd'hui. Sois prudente Maud, je t'en prie.
- Ne t'inquiète pas maman, Prudence sera mon second prénom lors de ce voyage, affirme la jeune fille. Je peux y aller avant que tu ne me broies la main ?
- Oh bien sûr, oui, accepte sa mère en la lâchant. Tu as bien fait ton sac j'espère ?

Sous les yeux mi-consternés mi-moqueurs de son père, Maud se voit contrainte de déballer de nouveau l'intégralité de son sac pour rassurer sa mère. Elle vérifie plusieurs fois qu'elle a de quoi bivouaquer, des vêtements de rechange, assez d'argent pour le voyage, sa carte et son guide d'Amandéternelle, son pokématos avec les bons numéros en mémoire...
Après être parvenue à rassurer tout le monde, et avoir reçu des marques d'affection diverses aussi bien de sa mère que de son père, Maud peut enfin se mettre en route. Le tritosor qui n'avait pas bougé de sous la table se colle contre son mollet nu, ce qui déclenche un frisson chez elle, la jeune fille lui caresse la tête et le pokémon s'éloigne à son tour. Elle met son sac sur ses épaules avant de quitter la maison. Son père toujours aussi silencieux, l'accompagne avant de commencer sa journée de travail.


Le bâtiment fourmille d'activités, des dizaines de pokémons oiseaux sortant et entrant des larges ouvertures pratiquées dans les façades. Les plus petits portent des colis ou des lettres, les plus imposants supportent des humains sur leur dos ou vont en chercher à d'autres endroits de la ville. Le dresseur ornithologue s'assure que son ptera est prêt au voyage. Pendant les derniers préparatifs, le père de Maud adresse ses ultimes recommandations à la future dresseuse.
- N'oublie pas, la clé d'un voyage initiatique est la relation avec son équipe pokémon. Si tu les soignes correctement, ils te le rendront bien. Tes pokémons te protégeront et te permettront de remporter tes combats, si tu appliques ce que tu as appris.
- Je sais papa, je n'oublierai pas, promet Maud.
- Et appelle ta mère régulièrement, tu sais bien qu'elle devient folle lorsqu'elle ne sait pas où tu es.
- J'y penserai aussi.
- Sois prudente Maud. Ah, j'ai du mal à croire que tu pars pour de bon.
- Mais je reviendrai dans moins d'un an, avec des pokémons bien entraînés que je connaîtrai parfaitement ! À ce moment, je serai prête pour l'université. Tu sais que c'est la meilleure solution pour moi.
- Je sais bien, je sais bien, grommelle son père. Allez, pars vite avant que je ne verse une larme. Je ne veux pas que tu vois ton père pleurer tout de même !

Maud glousse, ajuste son sac sur son dos, embrasse une dernière fois son père et s'élance sur le dos du ptera qui déploie ses ailes. Le service de transports aériens, extrêmement pratique mais payant, permet à n'importe quelle personne de voyager vers toute destination accessible à partir de la ville de son choix. Tous les pokémons capables de voler peuvent être employés au sein de ces services, pour peu qu'ils aient mémorisé un trajet précis. Le ptera a été préparé pour conduire la jeune fille jusqu'au laboratoire du professeur Frêne, lui permettant d'effectuer en un peu moins d'une heure et demie un trajet qui lui aurait demandé plusieurs jours de marche à pied.
Elle fait un dernier signe à son père, le pokémon s'élance vers le ciel et met le cap vers le sud. Maud se laisse porter, impatiente et anxieuse à la fois.