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Duel au sommet de olyn



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» Auteur : olyn - Voir le profil
» Créé le 12/08/2013 à 14:10
» Dernière mise à jour le 12/08/2013 à 14:10

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Chapitre 27 : Affronter la légende
- Je vais quoi ?

- Tu m'as très bien entendu.

Je retins la grimace qui menaçait de naître sur mes traits. Tuer un des oiseaux légendaires. Et il m'avait dit ça comme s'il m'avait demandé de sortir les poubelles. Jusqu'ici je m'étais conformée aux décisions de Vivian parce qu'elles me semblaient logiques et qu'elles portaient leurs fruits, mais là, on atteignait un tout autre niveau.

- Attends, ils sont super puissants, comme est-ce que je suis censée y arriver ? protestai-je. Et puis en tuer un, c'est peut-être un peu excessif non ? Je pourrais juste le capturer, ou alors...

Vivian me coupa d'un geste autoritaire. Incisif.

- Si tu n'es pas capable de tuer un pauvre Pokémon avec une intelligence de Pokémon, tu n'as aucune chance contre le Conseil des Quatre où ce sont des humains qui dirigent ces monstres, répliqua-t-il.

- Des programmes, pas des humains, lui rappelai-je.

- Des putains de programmes, me corrigea-t-il.

Quelque chose clochait. Et pas qu'un détail.

- Si Pokémon est un jeu pour les gamins, pourquoi est-ce qu'il est aussi difficile ? demandai-je, mettant le doigt sur ce qui me dérangeait.

Vivian haussa les épaules.

- Le niveau de difficulté n'est pas le même que celui de la cartouche. Parfois je me dis qu'elle nous torture exprès.

- Pas le même que celui de la cartouche ? répétai-je, déboussolée. Mais alors...

- Il y a d'autres choses qui diffèrent, reprit mon frère, c'est loin d'être la seule. Autrement la Pokémère ne se lèverait jamais de sa chaise, les dresseurs resteraient plantés à un seul endroit jour et nuit, et la seule interaction avec le rival se limiterait à des "À plus minable !". La cartouche a fait quelques arrangements lorsqu'elle nous a aspirés, c'est évident.

- Tu dis ça comme si ce machin avait une âme.

- Pour tout ce qu'on en sait, ça peut très bien être le cas, rétorqua-t-il d'une voix âpre. D'ailleurs quand tu seras rentrée, il faudra que tu la détruises. Que tu y mettes le feu. Comme ça on en sera débarrassé une bonne fois pour toutes.

J'avais du mal à concevoir qu'un simple morceau de plastique puisse être aussi puissant, qu'il puisse nous voler nos vies comme ça, et nous tuer en cas de Game Over. Mais ça semblait être la seule explication possible. Une cartouche intelligente, ou hantée, quel que soit le terme qu'on voulait lui appliquer... une cartouche qui amenait le jeu à un tout autre niveau, forçant le joueur à être incarné dans sa réalité virtuelle.

- Je me demande comment ça marche... murmurai-je à mi-voix, plus pour moi-même qu'à l'intention de Vivian.

Il réagit pourtant violemment :

- Arrête, Léa ! Cette cartouche a déjà détruit une vie, je fais tout ce que je peux pour qu'elle ne te prenne pas la tienne aussi, et toi tu voudrais l'étudier ? Non, c'est bien trop dangereux. En rentrant, tu la brûleras.

Sa dernière phrase avait valeur d'ordre.

- Et s'il en existe d'autres comme elle ? soufflai-je, mon imagination galopant dans le champ des possibles, m'entraînant vers des sentiers précédemment inexplorés. S'il y a d'autres cartouches de par la France - de par le monde, même - qui piègent les joueurs pour les forcer à vivre l'aventure, exactement comme nous ?

- Chacun ses problèmes, trancha mon frère, nullement intéressé par l'exploration de cette voie-là. Et toi ton problème actuel, c'est Électhor.

Mon esprit se retira à regret du chemin sur lequel il s'était engagé pour revenir là où m'entraînait mon frère.

- L'oiseau légendaire électrique ? devinai-je. Où est-ce qu'il se cache ?

- Tu verras ça dans quelques minutes. Rassemble ton équipe, on part sur-le-champ.

Je tiquai. Fais ci. Fais ça. De l'impératif, toujours. Vivian me donnait des ordres et moi je les suivais à la lettre. Parce que je lui faisais confiance ?

Parce que tu n'as pas le choix
, énonça une voix glaciale qui provenait de quelque part au fond de moi.

Évitant de m'appesantir sur cette partie-là de ma psyché, je me levai pour aller chercher mes Pokémon. Ça au moins, c'était facile. Je sortis dans le jardin, une main en coupe sur mon front pour me protéger de l'éclat du soleil. Il brillait au zénith, envoyant ses rayons meurtriers nous assaillir, humains comme Pokémon - tous s'étaient d'ailleurs réfugiés à l'ombre, exceptés Salade et Poupidou. Les autres formaient une agglomération de poils, d'écailles et de plumes, avec des pattes qui venaient par paires, des queues agiles ou puissantes, et des bouches remplies de dents acérées en complément. Ils somnolaient pour la plupart, digérant le repas du midi. Seuls Teigne et Vésuve se bagarraient tranquillement, échangeant des coups de poing en même temps que des "Singe" et des "Magmar" alors que le ronflement de Pleind'Soupe servait de fond sonore. Lorsque je m'approchai, ils s'arrêtèrent, Teigne s'immobilisant à quatre pattes sur Vésuve, tandis que Salade et Plouf ouvraient un œil attentif. Fulgure, lui, ne bougea pas, a priori désintéressé - mais je savais que ce n'était que du bluff.

- On part en expédition, les informai-je. Une dernière étape avant les combats du Conseil des Quatre.

- Singe ? s'exclama Teigne, sautant sur ses pieds et délaissant Vésuve.

Je me forçai à sourire tout en soutenant le regard de la Colossinge. Dans mon esprit, ses mains étaient encore couvertes du sang du Papilusion de Vivian, un Pokémon qui avait rejoint les rangs de ceux morts par ma faute. Même si certaines des "séances" spéciales organisées par mon frère en tête-à-tête avec chacun des membres de mon équipe m'avaient effectivement aidée (je parvenais beaucoup plus facilement à lire le langage corporel de Fulgure, par exemple), j'en regrettais d'autres, celle de Teigne en particulier. Le déchaînement de violence auquel j'avais assisté - et que je n'avais pas stoppé - me hantait encore, s'infiltrant dans mes rêves comme dans mes pensées éveillées. Qu'allais-je donc faire de Teigne ? Nous n'avions pas parlé du tout de l'incident, je m'étais contentée de la rappeler une fois le contenu de mon estomac répandu dans l'herbe. Il le faudrait, pourtant - je le savais bien. Mais je repoussai l'échéance à chaque fois, et faisais comme si de rien n'était en attendant. Camoufler mon malaise m'était tout de même difficile et Teigne devait sûrement sentir que quelque chose n'allait pas. Cependant elle ne me poussait pas à la confrontation, ce qui m'arrangeait pour le moment. Même là, elle avait posé sa question avec enthousiasme, comme à son habitude lorsqu'il était question d'entrer en action.

- On va aller combattre un Pokémon électrique, lui répondis-je sans toutefois trop donner de détails. Ça va être dangereux mais j'ai confiance en vous, ajoutai-je à l'intention de tous les autres.

Ils me répondirent de leurs cris divers, excepté Fulgure qui se contenta d'ouvrir et de refermer son bec dans un claquement. Sans me départir de mon sourire, je les rappelai tous dans leurs Pokéballs, puis me tournai vers le fond du jardin, mon expression devenant plus sérieuse. Il me restait un membre de l'équipe à mettre au courant de cette entreprise.

Un pas, deux, trois. Je traînai exprès les pieds par terre afin de faire le plus de bruit possible pour l'avertir de mon arrivée. Maraude vivait complètement au fond du jardin à présent ; elle ne quittait jamais sa tanière dans les buissons. Durant ces deux semaines passées en compagnie de Vivian, je l'avais laissée tranquille, n'allant lui rendre visite qu'à deux reprises - deux fois où elle m'avait encore totalement ignorée. Mon frère m'avait encore conseillé de la relâcher pas plus tard qu'hier, mais je m'y refusais. Quelque part, il me restait l'espoir qu'elle finisse par changer, qu'elle accepte finalement de reconnaître ma présence, voire davantage. Qu'elle redevienne comme avant.

C'était cet espoir qui m'animait lorsque je m'agenouillai non loin de son trou. À travers les feuilles d'un vert tendre, je distinguai sa fourrure blanche et l'extrémité marron d'une queue. Me décalant sans trop m'approcher, je cherchai à apercevoir davantage de la Feunard. Pas facile. J'hésitai à trop la déranger : si jamais elle me grognait dessus comme elle avait grogné sur Vivian, changement d'attitude ou non, je savais que ça me ferait très mal. Non, mieux valait qu'elle m'ignore, au moins ce n'était pas de la haine hostile. Il y avait donc encore une chance.

Finalement, je réussis à déterminer qu'elle me tournait probablement le dos, à moitié enfouie dans son trou. En tendant l'oreille, je captai sa respiration lente et reposée : elle devait dormir.

- Bon, je reviendrai une autre fois, chuchotai-je, me sentant stupidement inutile.

Je retournai vers la maison d'un pas lourd, accablée par la chaleur mais surtout par le cas de Maraude. Je savais pourtant que la Feunard n'était qu'un programme, qu'elle n'existait pas vraiment, mais curieusement ça ne changeait rien à ce que je ressentais. Peut-être parce qu'elle était encore proche de moi contrairement à Léonard et à tous les Pokémon que j'avais perdus, et que je pouvais m'accrocher à elle au lieu de la laisser sombrer dans les brumes de ma mémoire. Ou bien peut-être parce que je ne supportais pas de me sentir rejetée, fût-ce par un tas de pixels. D'une manière générale, j'avais de toute façon la sensation d'être complètement embrouillée dans toutes ces histoires de cartouche et de réalité virtuelle.

Je camouflai le soupir qui m'échappa en entrant dans la cuisine : Vivian ne devait rien savoir de mes doutes.

- Prête ? me demanda-t-il en levant la tête vers moi.

- Ouais, fis-je en m'efforçant d'adopter un ton enjoué.

Il relâcha son Hypnomade, et un flash suivi d'un bref instant de désorientation plus tard, nous nous trouvions ailleurs. Je contemplai les alentours avec un fort sentiment de déjà-vu. Ce centre Pokémon au milieu de nulle part, ces parois rocheuses qui s'élançaient vers le ciel, ce terrain herbeux, ces hautes barrières de bois à moitié rongées par les éléments... J'étais déjà passée par là, j'en étais sûre.

- La Grotte Sombre, répondit Vivian à ma question informulée. Il y a une centrale électrique abandonnée depuis quelques années pas loin, c'est là que se terre notre proie.

Je me retournai pour observer l'entrée de la grotte en question d'un œil inquiet. Ma mémoire conjura l'horrible sifflement que j'avais entendu lors de ma traversée.

Miss...


J'avais eu l'impression qu'un monstre me poursuivait dans l'ombre et tout ça s'était terminé par un évanouissement de ma part, juste après avoir rappelé Princesse pour la mettre en sécurité. Je m'étais ensuite réveillée au centre Pokémon de Lavanville, où une infirmière m'avait affirmé que j'avais échappé à un éboulement. Cela remontait à plus d'un mois à présent et je n'avais toujours aucune idée de ce qui s'était réellement passé dans cette grotte.

Je me secouai, mal à l'aise.

- Tu sais ce qui se cache là-dedans ? m'enquis-je, songeant que si quelqu'un était en mesure de m'éclairer sur ce qui m'était arrivé, c'était bien mon frère.

Il se tourna à son tour vers la caverne, fronçant les sourcils.

- Il n'y a aucune crainte à avoir, Léa. Tu as simplement rencontré un bug en la traversant, ça arrive parfois. Le programme n'en est pas exempt.

- Un bug ?

- Un bug nommé Missingno, plus précisément. Un Pokémon non existant qui vient d'une corruption des données de la cartouche.

- Comment tu sais tout ça ?

- C'est moi qui t'ai sauvé, révéla-t-il. Toi il ne t'aurait rien fait, étant donné qu'il ne peut pas toucher les joueurs, mais tes Pokémon, c'est une autre histoire. Je ne pouvais pas te laisser tous les perdre, alors j'ai pris les choses en main.

J'absorbai cette information en silence. Juste un bug, après tout. J'avais eu si peur, j'avais même cru mourir, et il ne s'agissait que d'une stupide erreur de programmation dans ce stupide jeu.

- Par ici, indiqua ensuite Vivian en commençant à contourner le centre Pokémon.

Tout en le suivant, je me demandai s'il y avait d'autres endroits de mon périple où il était intervenu sans que je le sache. Je faillis lui poser la question, mais décidai finalement que je préférais ne pas savoir. J'avais déjà fort à faire sans avoir besoin de réévaluer les événements qui avaient émaillés ma quête.

Concentre-toi sur le présent, Léa.


Nous dépassâmes le centre, approchant du défilé montagneux qui menait à Azuria, mais au lieu de l'emprunter nous continuâmes tout droit, passant à côté d'un terrain complètement envahi par les herbes hautes avant d'arriver face à une rivière. Elle avait l'air assez profonde et l'eau bouillonnait dans sa course effrénée vers la mer, à peine ralentie par les quelques gros rochers qui dépassaient de la surface ici et là. À plusieurs reprises, je distinguai des éclats de lumière dans les remous de l'eau, trop marqués pour n'être que les reflets du soleil sur les flots : il devait s'agir des écailles d'un quelconque Pokémon poisson, changés en miroirs l'espace d'un instant.

Vivian m'adressa un regard entendu ; je fis sortir Plouf et lui donnai mes ordres par geste - c'était plus simple que d'élever la voix pour couvrir le bruit assourdissant de la rivière. Nous montâmes sur son dos, il s'élança aussitôt dans le fleuve en furie. Nous nous retrouvâmes un peu secoués, mais haut perchés comme nous l'étions, seules quelques éclaboussures nous atteignirent tandis que le Léviator descendait le long du cours d'eau. Le vent lui par contre s'en donnait à cœur joie, sifflant à mes oreilles et emmêlant ma tignasse - à ce rythme, j'allais finir par ressembler à Poupidou.

Je ne tardai pas à apercevoir la centrale dont avait parlé Vivian : elle surgit comme ça au détour d'un tournant, alors que le bras de la rivière s'incurvait soudain à droite. Au début je n'en vis que le toit, rouge et bardé d'une brochette de grosses cheminées, puis le reste du bâtiment apparut alors que Plouf prenait un nouveau virage pour parvenir devant l'entrée. Sa façade était en ruines, toutes les fenêtres brisées et un grand nombre de briques descellées, ce qui avait entraîné l'effondrement d'une partie du building à gauche, résultant en un talus où des ordures non identifiées se mêlaient au reste de ciment, de morceaux de métal, et de plâtre, le tout recouvert d'une couche de terre où poussaient quelques mauvaises herbes. Vu de cet angle-là, il était plus clair que même les fières cheminées avaient connu des jours meilleurs : l'une d'entre elles penchait sérieusement, prête à s'écrouler au moindre souffle de vent, tandis que les autres paraissaient fragilisées. De loin, je les avais crues d'un beau rouge vif, mais en réalité les briques dont elles étaient constituées avaient perdu leur lustre depuis belle lurette et n'affichaient qu'un marron terne, délavé. Il en manquait plusieurs à certains endroits stratégiques, le mortier qui les scellait probablement rongé par les éléments et le temps.

Nous mîmes pied à terre, puis je rappelai Plouf et m'avançai vers le bâtiment délabré.

- Il ne va pas s'effondrer, au moins ? lançai-je à Vivian, peu encline à m'aventurer dans une telle ruine.

- Ça m'étonnerait. Il est abandonné depuis des années et il tient toujours debout. Il faudrait vraiment qu'on joue de malchance. Et puis on ne va pas y rester très longtemps : on entre, tu tues Électhor, on ressort directement après. Tu devrais t'asperger de Max Repousse afin qu'on ne soit pas embêtés d'ailleurs.

Hochant la tête, je suivis son conseil, pulvérisant la moitié d'une bouteille sur ma peau et mes vêtements. L'odeur de lilas du Repousse m'agressa aussitôt les narines, mais c'était un moindre mal comparé au fait de se faire assaillir par des hordes de Pokémon à chacun de mes pas - si j'avais disposé d'un truc pareil lors de ma traversée du Mont Sélénite, je n'aurais pas eu à souffrir à cause de tous ces Nosferapti. Une fois protégés contre la venue de visiteurs intempestifs, nous pénétrâmes dans la centrale. Trois mots pour la décrire : putain de foutoir bordélique. Bon, d'accord ça fait quatre. Mais il faut dire que j'avais davantage l'impression d'évoluer dans un décor de cinéma construit avec soin pour évoquer précisément un sentiment de dévastation ou dans les ruines d'un bâtiment de la Seconde Guerre Mondiale ayant subi un sérieux bombardement que dans une centrale qui avait autrefois sûrement fonctionné à plein régime. Je n'arrivais pas du tout à réconcilier l'image conjurée par mon cerveau d'une bâtisse intact et ordonnée avec celle, digne d'une vision d'apocalypse, que me présentaient mes yeux. Logique, les programmeurs du jeu avait cherché à produire cet effet.

Elle était abandonnée depuis quelques années, avait dit mon frère. J'aurais plutôt misé sur quelques dizaine d'années ; j'avais du mal à croire que tant de crasse, de débris et de poussière puisse s'accumuler en seulement trois ou quatre ans. En plus de l'atmosphère générale de délabrement, des détritus en tout genre jonchaient le sol : ici, de vieilles machines éventrées s'alignaient le long de murs, vomissant des paquets de fils dénudés ; là, des bidons couverts de rouille avaient été renversés en plein dans le passage, et le liquide qu'ils contenaient avait laissé des tâches sombres sur le sol de béton. Le plafond s'était effondré par endroits, formant d'imposants monticules de plâtre, de béton en miettes et de planches cassées qu'il nous fallait contourner. Une lumière chiche filtrait par les trous au-dessus de nos têtes ainsi que par les fenêtres brisées, ce qui nous permettait de nous orienter sans trop de mal.

Je suivais Vivian qui lui avançait sans hésiter, comme si l'intérieur de la centrale lui était aussi familier que celui de sa propre maison. Ça ressemblait pourtant à une sorte de labyrinthe à mes yeux, avec des couloirs qui se terminaient par des cul-de-sacs et d'autres qui s'arrêtaient abruptement pour cause d'effondrement, tandis que d'autres encore menaient à toute une tripotée de pièces plongées dans la pénombre auxquelles Vivian n'accorda pas un regard. Nous ne croisâmes pas un seul Pokémon, le Repousse les tenant efficacement éloignés, mais de petits éclairs illuminaient parfois les salles obscures alors que nous longions les couloirs, me faisant sursauter. Sûrement des Pokémon électriques qui se terraient dans leur cachette, à moins que ce ne fût un effet secondaire de la présence d'Électhor. Cependant mon frère ne se laissait pas distraire, avançant d'un bon pas sans ralentir une seule seconde. Sa présence à mes côtés avait quelque chose de rassurant - le monde à l'envers quand on considérait nos précédentes interactions avant ces deux semaines des plus étranges.

- Tu es déjà venu ici ? chuchotai-je à Vivian alors qu'il se retournait vers moi après avoir contourné un tas de gravas qui bloquait la moitié du couloir - probablement pour vérifier que je n'allais pas me casser la figure en l'imitant.

- Une fois lors de ma quête, et une autre plus récemment, répondit-il.

Il se remit en marche sans attendre, un signe qu'il n'avait pas envie de s'étendre davantage sur le sujet. Je persévérai, ma curiosité était trop forte.

- Et tu as fait quoi de ton Électhor ?

- Il s'est enfui.

Une réponse courte, sèche.

- Et les autres ?

- J'ai tué Artikodin et évité Sulfura. Maintenant arrête de poser des questions, on s'approche et il va nous entendre avec tes bêtises.

Rabrouée de la sorte, je faillis élever la voix pour lui faire part de mon déplaisir. Non. Je me contins finalement. J'avais besoin de lui, besoin de ses connaissances, de son expertise. Ne pas se mettre à dos le mec qui peut vous sauver les miches, c'était la règle n°1 des héros - ou en tout cas, la règle n°1 de la Léa. Un instant, je me demandai s'il mentait concernant le sort des oiseaux légendaires de sa partie, avant de décider que ça n'avait pas d'importance : il disait la vérité sur ce qui comptait, à savoir comment me rendre plus forte.

Nous contournâmes encore un tas de débris, rasant un mur qui autrefois avait été blanc avant d'être jauni par le passage des années, puis Vivian s'arrêta juste avant un tournant. Il tendit le bras devant lui, une mèche de ses cheveux blonds glissant négligemment sur son front.

- Au bout du couloir, à gauche, dans la dernière salle, souffla-t-il d'un ton à peine plus haut que le silence.

- Tu ne viens pas ? demandai-je de la même façon.

Un secouement négatif de la tête me répondit. Ses yeux disaient ce que sa bouche taisait : "C'est ton test, débrouille-toi toute seule." Une nouvelle envie de lui faire savoir exactement ce que je pensais m'envahit ("Tu me forces à aller tuer un Pokémon légendaire et en plus c'est moi qui dois faire tout le boulot ?"), mais je la contins. Tournant les talons sans un mot, je continuai donc seule, chacun de mes pas me rapprochant de l'épreuve qui m'attendait. Mes pas qui résonnaient d'ailleurs bien trop fort à mes oreilles. Je ralentis, m'efforçant de faire moins de bruit qu'une souris. Au fur et à mesure que j'avançais, mon cœur tambourinait de plus en plus fort dans ma poitrine. Je me revoyais face à Artikodin et Sulfura : je n'avais pas fait le poids, les deux fois. Étais-je plus forte à présent ? Je voulais y croire.

Quelques secondes encore à raser le mur, et j'atteignis la porte indiquée par mon frère. Elle était entrebâillée, un rai de lumière venant de la pièce tranchait la pénombre du couloir. Je m'immobilisai, maîtrisant le tremblement qui avait saisi mes jambes, et alors que je m'efforçai de respirer lentement, je devins soudain consciente d'un bruit étrange, une sorte de doux grésillement, comme un bout de bacon en train de frire dans une poêle. Il provenait de derrière la porte, sans doute possible. Retenant ma respiration, je jetai un œil par l'ouverture.

Ce que je vis fit repartir mon cœur à cent à l'heure. Crispant les poings, je me mordis les lèvres pour retenir l'exclamation qui menaçait de jaillir. Le sang perla, et je goûtai sa saveur métallique tandis que je me plaquais à nouveau contre le mur, un nœud d'angoisse pulsant au creux de mon estomac.

Respire. Lentement. Voilà.


L'air pénétra tant bien que mal dans mes poumons, un air vicié et brûlant. Non, c'était juste une impression, et le coup de chaleur venait uniquement de moi. Je passai une main sur mon front : ma peau était fiévreuse, moite de sueur. Il faisait déjà relativement chaud dans les couloirs de la centrale, et le flot de panique qui avait inondé mes veines avait tout démultiplié. Fermant les yeux, je tentai d'endiguer ma peur et de recouvrer mon calme, mais la vision de ce qu'il y avait derrière la porte me poursuivit, inéluctable.

Du jaune et du noir. Jaune le plumage hérissé en pointes, semblable à des éclairs solidifiés, jaune la crête de pics surplombant sa tête, jaune le bec long et cruel qui promettait mille tourments. Noires les quelques plumes qui dépassaient de ses ailes principales, dénotant une seconde paire elle aussi repliée contre ses flancs, noirs les deux cercles autour de ses yeux, noires ses pupilles d'encre aux profondeurs insondables. Son plumage grésillait d'électricité contenue, des petits arcs d'une lumière aussi éphémère qu'étincelante qui ne cessaient de naître et de mourir, se renouvelant constamment. Électhor. L'oiseau de la foudre. Majestueux. Mortel. Légendaire.

Et moi, j'allais devoir le tuer.

Tu peux y arriver, Léa
, m'encourageai-je.

J'enfermai tout ce que je ressentais au fond de moi, puis je libérai mes trois Pokémon qui prenaient le moins de place, Teigne, Vésuve et Fulgure. Le bruit produit par les Pokéballs qui s'activaient allaient sans doute vite attirer l'attention d'Électhor, aussi m'empressai-je de donner les ordres nécessaires par gestes. J'avais à peine effectué le premier signe à l'intention de Teigne que la porte s'ouvrait soudain, claquant contre le mur dans un bruit assourdissant. Quelque chose crépita, trop rapide et trop proche, et je reculai instinctivement, trébuchant, me retrouvant les fesses par terre avant d'avoir compris ce qu'il se passait. L'adrénaline effectua un retour en force dans mes veines, ma vue se brouilla durant une seconde alors que mon cœur remontait dans ma gorge. Je vis passer un mouvement indistinct de blanc, puis un autre de marron : Teigne avait bondi dans la pièce, suivie de près par Fulgure, et...

Je clignai des yeux.

Vésuve, lui, était à genoux, sa fourrure fumant étrangement. Il devait s'être pris ce qui avait sûrement été un éclair - une attaque d'une puissance phénoménale. Putain, tout ça commençait mal. Je serrai les poings, me relevant en hâte. Le Magmar m'imita et fonça à l'assaut de l'oiseau légendaire, rejoignant la bataille qui avait déjà commencé à en juger par les bruits qui me parvenaient : grésillements, grognements et exclamations diverses. Je me précipitai à mon tour dans la pièce. Bien qu'elle soit relativement large, l'affrontement qui y avait lieu l'emplissait toute entière, les attaque fusant de toute part. Dans les trois secondes qui s'écoulèrent entre l'instant où j'entrai et celui où je m'emparai de la Pokéball de Salade pour le libérer, Teigne lança un Tomberoche, Vésuve cracha une langue de feu en direction d'Électhor, et Fulgure battit vigoureusement des ailes, créant un vent violent destiné à déséquilibrer l'oiseau légendaire. Aucune de ces trois tentatives n'aboutit : Électhor esquiva la pluie de rochers d'un looping serré, dispersa les flammes d'un seul coup d'ailes en les traversant, et se propulsa plus haut de manière à raser le plafond, bien au-dessus de la bourrasque de Fulgure. Son vol était accompagné par des crépitements électriques, ses plumes craquelant d'énergie à chacun de leurs battements, une symphonie sonore dont chaque note m'écorchait les nerfs à vif. Dieu qu'il était rapide. Beaucoup plus que Fulgure.

La pièce portait les traces de l'assaut initial donné par mes Pokémon : de gros rochers jonchaient le sol, plusieurs machines contre le mur avaient répandu leur contenu à terre, un mélange de fils électriques et de métal fondu, et une épaisse poussière saturait l'air dans la partie la reculée de la salle, une sorte de nuage de débris sûrement soulevé par les ailes de Fulgure. L'oiseau légendaire lui ne montrait aucun signe de blessures, alors que je savais que Vésuve s'était pris un éclair, et j'avais également remarqué que Teigne s'appuyait davantage sur sa jambe droite, soulageant celle de gauche. Quant à Fulgure, il volait encore avec toute sa vitesse et son agilité, mais j'ignorais combien de temps ça allait encore durer. Il leur fallait des renforts, et vite.

Je fis sortir Salade, lui donnant un ordre dans la foulée, puis enchaînai avec Plouf tandis que le Florizarre lançait une salve de poudre soporifique en direction de l'oiseau géant. Du coin de l'œil, je vis l'attaque échouer - les spores ricochèrent contre un écran invisible - tandis que mon Léviator se dressait, propulsant le haut de son corps pour tenter de mordre l'ennemi. Électhor expédia une décharge dans la gueule de Plouf qui recula en mugissant, et évita dans le même mouvement la nouvelle salve de Poudre Dodo de Salade, incroyable de rapidité. Je reculai afin de me mettre dos au mur, le plus loin possible du Pokémon légendaire, puis je distribuai une nouvelle série d'ordres à ma troupe - uniquement par gestes, excepté pour Fulgure car il était trop occupé pour regarder vers moi, poursuivi comme il l'était par Électhor.

Un tourbillon de feuilles s'échappa en sifflant de la fleur de Salade, si dense et si puissant que cette fois l'oiseau légendaire ne fut pas en mesure de se soustraire à l'attaque. Les bords acérés des projectiles plante vinrent cisailler ses grandes ailes, handicapant son vol durant un court instant avant qu'il ne se reprenne et ne réplique de deux cercles électrifiés qui allèrent enserrer le corps de Salade, l'un à la verticale, l'autre à l'horizontale, formant une Cage-Éclair des plus efficaces. Une mâchoire claqua soudain tout près d'une des ailes d'Électhor : Plouf ne lui avait laissé aucun répit, montant à l'assaut juste après Salade. Cependant l'oiseau parvint une fois de plus à ne pas se faire toucher, au prix d'une esquive qui l'amena à voler proche du sol. Pleind'Soupe que je venais de libérer en profita, bondissant sur la trajectoire qu'allait suivre l'oiseau et tentant de l'aplatir avec son ventre ; il rata son coup d'une demi-seconde, Électhor s'échappa vers le haut dans un crépitement sec, arrosant au passage le Ronflex d'une série d'éclairs qui le firent tressauter. Mais Teigne l'attendait au tournant, et son poing s'écrasa sur le ventre de l'oiseau. Brutalement. Électhor n'apprécia clairement pas les efforts de la Colossinge, répliquant d'un coup de bec sur le crâne de cette dernière, une attaque qui la laissa chancelante et déboussolée tandis qu'une cascade de sang dégringolait sur son front. Teigne s'affaissa avec un petit grognement. Ma main alla chercher sa Pokéball par réflexe, je stoppai mon mouvement à mi-chemin.

- Allez Teigne, tu peux le faire ! l'encourageai-je à la place, ignorant la petite voix apeurée qui clamait "elle va mourir elle va mourir" au fond de moi.

Électhor s'était déjà détourné de la Colossinge, traversant la pièce en un éclair pour foncer sur Vésuve. C'est à peine si je le vis bouger ; il aurait pu tout aussi bien se téléporter d'un endroit à l'autre vu sa vélocité. Un vrombissement, et puis il frappa le Magmar de son bec, lui ouvrant une plaie sur toute la longueur de son flanc. Vésuve émit un râle qui s'accompagna de flammes, avant de reprendre son souffle et de lâcher une titanesque lance de feu sur l'oiseau qui était reparti en planant et qui lui tournait le dos. Elle fendit l'air sous mes yeux, terminant sa course avec fracas contre l'une des machines alignées le long du mur alors qu'Électhor virait de bord au dernier instant. Il y eut un flamboiement intense qui projeta des éclats de métal fondu dans toutes les directions, de grandes gerbes scintillantes jaillissant à une vitesse improbable. Je réagis instinctivement et me recroquevillai en boule à terre, un bras levé devant mon visage.

Tu vas mourir, tu vas mourir
, chantonna cette peste de voix dans ma tête.

La ferme, trouillarde
, répliquai-je.

Je respirai un bon coup, pris mon courage à deux mains, puis je me relevai juste à temps pour voir Vésuve éviter le bec qui s'abattait sur lui d'une roulade au sol.

- Déflagration, encore ! lui hurlai-je - au diable la subtilité, c'était une situation d'urgence.

Il réitéra son attaque - il m'obéissait bien à présent -, la lance de feu fusant de sa bouche avant de scinder en cinq piques distinctes, et trois d'entre elles frappèrent l'oiseau de la foudre avec succès, occasionnant un bruit d'explosion qui fit tinter mes oreilles et un nuage de fumée qui envahit rapidement la pièce entière. Je demeurai plaquée contre le mur, agitant la main devant moi pour essayer d'y voir plus clair. Des formes bougeaient ici et là, telles des ombres chinoises sur une toile grise. Un "Singe?" retentit, suivi immédiatement d'un crépitement et d'une exclamation mécontente qui ne pouvait appartenir qu'à Teigne.

- Taisez-vous, tous ! leur ordonnai-je.

Le dernier mot venait à peine de quitter mes lèvres que je me rendis compte de l'énormité de l'erreur que je venais de commettre. Si Électhor était capable de repérer mes Pokémon à la voix, alors il était tout à fait capable de faire de même avec moi.

Putain de bordel de merde.


Le temps est une drôle de chose. Il dispose d'une flexibilité semblable à celle d'un élastique, capable de ralentir ou de s'accélérer selon les événements dont nous faisons l'expérience. Ainsi une heure de cours avoisine l'éternité tandis que les vacances d'été passent en un clin d'œil. C'est une caractéristique qui en général ne marche pas à notre avantage, et cette fois-ci ne fit pas exception : alors que j'aurais préféré que tout se termine très rapidement si je devais mourir, le temps parut ralentir, m'offrant les derniers instants de ma vie en version lente.

Un éclair perça le voile de fumée, révélant Électhor juste derrière. Je vis ses plumes électrifiées, jaunes et grésillantes du blanc des éclairs. Je vis ses ailes écartées au maximum, ses deux mètres d'envergure déployée alors qu'il fondait sur moi. Je vis son bec luisant d'énergie qui allait m'empaler comme un insecte.

Et pendant tout ce temps, cette fraction de seconde qui dura, dura, dura, je demeurai plaquée contre le mur, les dents serrées, les muscles crispés. Figée sur place. Comme dans ses cauchemars où vous savez pertinemment que le danger arrive et où vous êtes pourtant paralysé, incapable de bouger ne serait-ce que votre petit doigt - avec toujours cette satanée voix dans ma tête pour me chuchoter "Tu vas mourir...".

Je fermai les yeux.

Le temps reprit son cours.

Un crépitement dentelé claqua à mes oreilles, un son infernal qui me liquéfia les entrailles. Et un millième de seconde plus tard, la douleur, atroce, irréelle. Une ligne de feu m'incendia la colonne vertébrale, tel une giclée de métal en fusion que l'on aurait subitement versée sur mon cou avant qu'elle ne dévale mon dos à une vitesse ahurissante. J'entendis mes dent s'entrechoquer, tout mon corps se crispa, tendu à l'extrême, puis je m'effondrai, les jambes coupées. Pendant l'instant que dura ma chute, je me crus morte, hors de toute sensation, presque en apesanteur, sans plus aucune attache. Puis mes genoux heurtèrent brutalement le sol de béton et cette nouvelle douleur me fit rouvrir les yeux, me projetant à nouveau de plein fouet dans la réalité.

Contre toute attente, j'avais survécu. Un mur de fourrure blanche avait fait obstacle à l'électricité comme au bec d'Électhor, et je n'avais reçu qu'une dose minime de courant, tandis que Teigne avait tout encaissé. Assise par terre, la Colossinge respirait par saccades, une vilaine plaie balafrant son abdomen. En ce qui me concernait, je devais lutter pour ne pas m'évanouir, la tête me tournait et mon corps entier vibrait désagréablement, de petits soubresauts parcourant encore certains de mes muscles. Ma première tentative pour me relever échoua, de même que les deux suivantes. Finalement je décidai de m'asseoir, m'efforçant de suivre le combat qui avait repris de plus belle - l'oiseau légendaire était déjà reparti, se propulsant droit sur Plouf en deux battements de ses immenses ailes.

- Teigne, ça va ? m'enquis-je dans un souffle.

La Colossinge n'avait pas bougé, assise elle aussi.

- Singe, me répondit-elle, un petit mot tout faible qui atteignit à peine mes oreilles.

Elle était clairement mal en point, mais pas question de la rappeler. Il fallait que j'atteigne la fin de ce jeu. Je ressentis une pointe de culpabilité à ce constat : tous mes Pokémon risquaient leurs vies, et ils ne savaient même pas pourquoi. Évidemment, ils me faisaient confiance, mais la vraie raison de tout ceci leur échappait... C'était peut-être mieux ainsi. Je m'endurcis le cœur, reportant mon regard sur le combat. À l'autre bout de la pièce, Plouf était parvenu à mordre l'une des ailes d'Électhor, et je sentis l'exaltation monter en moi alors que le Léviator secouait sa tête en tout sens, malmenant l'oiseau légendaire.

- Vas-y mon Plouf ! l'encourageai-je ardemment.

Un éclair brilla soudain tout contre ses écailles, il rugit et Électhor se dégagea dans la foulée. Une langue de feu monta à la rencontre de l'oiseau de foudre, placée selon un angle inattendu auquel Vésuve avait dû réfléchir. L'attaque échoua pourtant, Électhor l'esquivant en effectuant un tonneau, et ce fut au tour de Fulgure de tenter sa chance. Le Rapasdepic agita ses ailes massives dont l'envergure rivalisait presque avec celle de son adversaire, puis fusa, son corps aérodynamique épousant l'air de façon à donner l'impression qu'il glissait dessus sans effort. Répondant au défi, Électhor fit demi-tour en un clin d'œil afin d'affronter Fulgure, égalant voire dépassant sa vitesse. Le monde se réduisit à ces deux oiseaux qui fonçaient l'un sur l'autre.

La collision était imminente, d'ici deux secondes peut-être. Les ailes de Fulgure acquirent une teinte métallique, un éclair brasilla du côté d'Électhor.

Une seconde à présent. Les oiseaux poussèrent chacun un cri, rauque pour Fulgure, crépitant pour Électhor.

Impact.

Des plumes volèrent. Il s'en fallut d'un cheveu pour que le bec d'Électhor ne transperce Fulgure de part en part, mais ce dernier réussit à tourner à la dernière seconde, déviant le coup sur son aile droite. Elle fut cependant sérieusement entaillée, et le Rapasdepic essaya de redresser sa trajectoire alors qu'il semait une pluie de gouttes de sang sur son passage, sans y parvenir. Voletant maladroitement, il s'écrasa contre le mur juste à côté de moi, puis glissa à terre, l'air à demi-conscient. Électhor revenait déjà à la charge, ses yeux noirs fixés sur la forme prostrée de Fulgure. Il fut cependant stoppé net par les lianes de Salade qui s'enroulèrent autour de ses pattes, le Florizarre tirant brusquement afin de ramener l'oiseau dans la bagarre contre des adversaires qui pouvaient se défendre. Plouf et Vésuve rugirent de concert avant d'aller prêter main forte au Pokémon plante. C'était maintenant ou jamais.

- Acculez-le, tenez-le occupé ! hurlai-je aux trois Pokémon.

Pendant ce temps, je donnai un ordre bien différent à Pleind'Soupe, ainsi qu'à Teigne qui avait réussi à se relever sur ses jambes tremblotantes. Ils s'approchèrent tous deux du centre de la pièce, là où Électhor avait fort à faire pour résister à mes trois monstres enragés, et lancèrent leurs assauts au même instant. Le sol trembla sous les martèlements de Teigne, l'air siffla et se refroidit alors qu'un vent glacial se levait, porteur d'un millier de minuscules cristaux de glace. Des fissures apparurent au plafond, progressant avec de nombreux craquements sonores qui annonçaient clairement ce qui allait suivre. Plouf et Vésuve commencèrent à reculer, continuant à harceler Électhor de loin tandis que les premiers glaçons les frappaient. Seulement, l'oiseau de la foudre avait aussi compris ce qui se passait et voulut les suivre, fuyant le blizzard qui se levait et le plafond sur le point de s'écrouler. Je poussai un cri inarticulé, né d'une frustration pure. Ce double assaut porterait sûrement un coup décisif, si Électhor parvenait à l'éviter, c'était fichu.

Un claquement sec signala soudain l'arrivée de deux lianes dans la partie ; Salade avait saisi l'oiseau légendaire par les pattes et le tirait en arrière, s'arc-boutant de toutes ses forces. Électhor fit volte-face, vif comme la foudre, et je vis son bec s'ouvrir, sans doute dans l'intention de sectionner les lianes qui le retenaient. Mais c'était trop tard : une partie du plafond céda soudain dans un fracas épouvantable, s'abattant sur l'oiseau et le Florizarre, puis la tempête de neige fut sur eux, les attaques de Teigne et de Pleind'Soupe se conjuguant pour déchaîner l'enfer. Le centre de la pièce surchauffée se changea en un maelström de glace et de pierre, une tourmente impitoyable qui masqua à ma vue Électhor comme Salade. De la poussière de plâtre se mêla aux vents du blizzard alors qu'un autre morceau du plafond tombait, rendant la scène encore plus opaque, posant comme un linceul de craie sur les événements. Je crus ensuite entendre un cri, déchiré et empli de souffrance - était-ce un meuglement ou un croassement ? Je voulais croire qu'il s'agissait d'Électhor, mais pouvais-je vraiment faire confiance à mes oreilles alors que je désirais si violemment l'une de ces deux possibilités tout en refusant de considérer l'autre ?

Je me redressai et m'écartai juste un peu du mur, essayant de repérer le Florizarre à travers les bourrasques qui charriaient à parts égales neige et poussière. Mon cœur battait trop fort, des vagues brûlantes d'adrénaline inondant mes veines. Le futur en suspens pesait sur moi comme un bloc de béton. Il fallait que Salade s'en sorte. Je ne voyais pas d'autre alternative. Je savais qu'il en était capable : je l'avais entraîné à fond ces derniers jours, tout comme chaque membre de mon équipe. Ils avaient tous acquis de nouvelles attaques sur les conseils de Vivian et affronté des Pokémon sauvages ainsi que d'autres appartenant à des dresseurs. Ils étaient prêts. Pour la Ligue, certainement. Pour un oiseau légendaire aussi. Et puis c'était mon Salade. Intelligent. Déterminé. Invincible.

Le blizzard s'arrêta enfin de souffler. Je me levai lentement, mes muscles criant leur douleur, mais mes yeux étaient posés sur le résultat des attaques combinées de Teigne et de Pleind'Soupe et c'est à peine si je sentais quelque chose. J'étais vaguement consciente que quelque part, mon corps n'appréciait pas mes mouvements. Ça n'avait pas d'importance à côté de ce qui s'était dévoilé à mon regard lorsque la tempête s'était dissipée.

Électhor était à terre, maintenu immobile par les lianes de Salade qui enserraient ses ailes et son bec. Des morceaux du toit jonchaient le sol tout autour des deux Pokémon, ainsi que des poutres brisées et de barres de fer tordues, tandis qu'une épaisse couche de plâtre gris recouvrait peau verte comme plumes jaunes. Une énorme plaque de je ne savais trop quoi - du métal ? - reposait contre le flanc du Florizarre, éclaboussée de son sang.

Mais il respirait.

Il respirait, ses yeux étaient ouverts et fixés sur moi, et c'était tout ce qui comptait.

Mon regard quitta Salade pour se poser sur l'oiseau légendaire. Son plumage grésilla subitement, et il lança un éclair sur le Florizarre, une attaque composée d'étincelles rageuses qui coururent le long du corps du Pokémon plante. Un grognement s'éleva à mes côtés, et un instant plus tard un poing s'abattait sur le crâne d'Électhor : Teigne avait semble-t-il recouvré suffisamment de force pour se déplacer et n'appréciait visiblement pas la résistance de l'oiseau. Mes autres Pokémon la rejoignirent, venant se tenir en cercle autour du vaincu. Je les imitai.

Nous avions réussi. Nous avions vaincu un oiseau légendaire.

Sans bouger, je contemplai Électhor, l'ordre fatidique sur mes lèvres.

Ce n'est qu'un programme
, songeai-je. Rien qu'un programme.

Teigne me regardait, dans l'expectative. Elle attendait que je lance une Pokéball, sûrement. Ou bien peut-être savait-elle que nous étions venus ici pour tout autre chose.

Il n'existe pas.


Mais les yeux pleins de vie d'Électhor et son plumage agité de petits arcs électriques démentaient cette affirmation. Il était là, devant moi, bien réel. Difficile de me convaincre du contraire alors que j'aurais pu le toucher si j'avais avancé un tant soit peu ma main.

Non.

Il n'existait pas.

Vivian l'avait dit, je l'avais moi-même constaté, tout ça n'était qu'un jeu.

Et pourtant, alors que j'étais bien consciente de tout ça, je ne pouvais pas donner l'ordre à Teigne d'en finir. Désemparée, je sortis une Hyper Ball de mon sac, la faisant rouler dans ma paume. Ce serait toujours mieux que de le tuer. J'appuyai sur le bouton central pour agrandir la ball et m'apprêtai à la lancer lorsque quelqu'un m'en empêcha. Et il lui suffit pour cela d'un seul mot :

- Léa.

Je tournai la tête vers mon frère.

- Bien joué, me complimenta-t-il avec un grand sourire tout en s'approchant. Je savais que tu en étais capable, petite sœur.

Il glissa ensuite un regard désapprobateur sur la Pokéball dont je m'étais saisie.

- Tu n'auras pas besoin de ça.

Me prenant le poignet, il m'ôta la ball de la main. Je n'opposai aucune résistance.

- Teigne alors ? proposai-je faiblement, ne sachant plus quoi faire ni quoi dire.

Tu as besoin de lui !
hurlait la petite voix familière dans ma tête. Fais ce qu'il te dit !

Non
, cracha une autre, nettement plus froide. Envoie le chier. On se débrouillera toute seule.

J'oscillai entre les deux ; prendre une décision m'était impossible.

- J'ai une meilleure idée, me répondit Vivian en me présentant un objet que je ne connaissais que trop bien.

Une arme à feu, tout en angles brutaux et potentiel meurtrier. J'esquissai un mouvement de recul face à cette demande, ma gorge se serra jusqu'à ce que j'ai l'impression d'étouffer.

- C'est facile, continua mon frère, impassible. Imagine-toi devant la Gameboy, en train de jouer. L'Électhor n'a presque plus de vie, il te suffit de cliquer sur A et il sera KO. Ou mort, le cas échéant. Alors vas-y. Ce n'est qu'un clic après tout.

Il avait raison. Il me suffisait d'un clic pour prendre la vie d'Électhor, tout comme il avait suffi d'un clic pour que celle de Vivian se termine. Et c'était également un même clic qui m'avait projetée dans la cartouche et avait mis en branle tout ce bordel. Le pouvoir d'une seule minuscule action pouvait parfois se révéler terrifiant.

Je demeurais paralysée par l'indécision tandis qu'une série de pensées contradictoires me traversaient.

Prends l'arme, tire sur Électhor, mets fin à ce calvaire.

Prend l'arme, tire sur ton frère, tout sera plus simple.

Prend l'arme, retourne-la contre toi, tu reviendras à la réalité.

- On dirait que tu as besoin d'un coup de pouce, constata mon frère. Ne t'inquiète pas, je suis là. Je serais toujours là pour t'aider, sœurette.

Toujours souriant, il plaça le pistolet dans ma paume. Puis il força ma main à se refermer sur l'arme, força mes bras à viser la cible, força mon doigt à presser la gâchette de métal. La succession d'actions ne prit qu'une poignée de secondes, et je ne fis rien pour le stopper, poupée docile face à sa volonté. Une détonation sèche résonna entre les murs de la centrale abandonnée.

Et j'appris alors que les légendes pouvaient mourir.

***

- Il te faut une autre preuve ou bien celle-ci te suffit ?

À nouveau ce vide, cet espace blanc. Et la voix de la Chieuse comme seul accompagnement.

- Tu as vu ce qu'il te faisait, les modifications qu'il impose à ton comportement. Tu sais bien que ce n'est pas ce chemin-là que tu veux emprunter. Cela a assez duré. Tu as appris ce qu'il te fallait de lui, il est temps de le laisser derrière à présent si tu ne veux pas te retrouver avec un parasite qui va te dévorer lentement jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de la Léa d'origine. Fais-le tant que tu te rends encore compte des changements que tu subis.

Chacun de ses mots frappe à cœur, résonnant de justesse.

- Tu as raison, je reconnais dans un murmure.

- Bien sûr que j'ai raison, réplique la voix comme si l'objet de notre discussion était la couleur du ciel et que je venais de reconnaître, qu'effectivement, il était bleu.

- C'est triste à dire mais les conseils donnés par la foldingue dans ma tête sont en fait très avisés. Je suis vraiment tombée bien bas.

- Tu peux m'affubler de tous les surnoms que tu veux, tout ce qui m'importe c'est que tu cesses de te conduire comme une débile.

- T'es plutôt mal placée pour me dire ça, je rétorque. Et de toute façon je sais qui tu es.

- Ah oui ? s'intéresse la voix, soudain plus attentive.

- Tu es mon côté obscur. Toutes les émotions et les actes auxquels je ne veux pas penser parce qu'il me font trop peur. Comme je les enfouis en moi durant la journée, ils ressortent dans mes rêves.

Un rire haut perché me répond, cascadant comme un collier de perles.

- Ton côté obscur. Quelle idée stupide, ma chère Léa. On n'est pas dans Star Wars, et tu n'as rien d'un Luke Skywalker.

La réfutation de mon hypothèse me claque en plein visage. J'en étais pourtant si sûre...

- T'es qui alors ? je demande hargneusement. Ou quoi ?

- Tu comprendras bientôt, m'assure la voix.

C'est sur ces paroles que le rêve s'évanouit...

***

- Vous voulez encore de la confiture mes petits Canartichous ?

Seuls deux grognements répondirent à la voix mielleuse de la Pokémère. Nous avions renoncé à toute interaction verbale avec la zombie qui habitait la maison. Cette dernière s'éloigna en confiant le pot de confiture à Gonflette qui s'empressa d'aller le ranger dans le frigo. La petite Machoc avait un côté maniaque - elle me faisait les gros yeux tous les matins parce que je laissais souvent plein de miettes à ma place.

- Machoc ? s'enquit-elle en revenant vers moi, pointant un doigt sur mon assiette vide.

Je la lui tendis, l'esprit ailleurs.

- Maaa ? voulut savoir la Pokémon cuistot.

- Oui, ton omelette était très bonne, lui assurai-je.

Elle récupéra également l'assiette de Vivian, puis courut les mettre dans le lave-vaisselle. Je m'appliquai à ne pas croiser le regard de mon frère - j'avais trop peur qu'il ne devine la résolution que j'avais prise à mon réveil ce matin. Il fallait que je me débarrasse de lui, d'une façon ou d'une autre. La Chieuse avait vu juste, les conseils qu'il me donnait n'en valaient pas la peine. Certes, j'avais vaincu un légendaire. Mais j'avais l'impression de ne plus me reconnaître lorsque je me regardais le miroir. Tout ça avait assez duré.

Seul point noir dans mon plan : Mewtwo. Si Vivian m'avait correctement préparé à affronter le Conseil des Quatre, il ne m'avait pas du tout parlé de ce Pokémon surpuissant. Olga, Aldo, Agatha, Peter, et même Zack : je pouvais m'occuper d'eux sans trop de problèmes. Mais de Mewtwo, je ne savais rien, pas même son ou ses types. Il était temps que Vivian crache le morceau.

- Donc c'est quoi ce Pokémon ? lui demandai-je à brûle-pourpoint - quasiment la première phrase que je lui adressais depuis qu'on s'était levé.

Il comprit immédiatement de quoi je parlais.

- Tu ne te rappelles pas ? répliqua-t-il. On est allés voir le film Pokémon ensemble où il tenait le rôle d'antagoniste. C'était... oh, environ deux semaines avant le jour de ma mort, je crois.

- Euh non, j'avais un peu six ans.

- Bon, eh bien grosso modo c'est un Pokémon qui a été cloné et qui haït la race humaine. C'est vraiment tout ce que tu as besoin de savoir pour le moment.

Je me rebiffai.

- Non. Dis-moi tout ce que tu sais sur lui maintenant.

Vivian soupira.

- Écoute Léa, il faut déjà que tu battes déjà le Conseil des Quatre et ton rival, ce qui va te prendre dans les deux semaines à vue de nez, et ensuite on ira tous les deux à la pêche aux informations concernant Mewtwo. Je n'en sais pas non plus assez pour qu'on l'affronte maintenant. Je ne l'ai croisé qu'une seule et unique fois en personne, et il a tué mon équipe et m'a laissé pour mort. Pour ce qui est de son histoire, il a été cloné par des scientifiques, puis a croisé Giovanni qui l'a forcé à combattre pour lui un temps, s'est rebellé, et a juré de prouver qu'il valait mieux que son clone, Mew. Dans le film à la fin il comprenait que ce n'était pas les circonstances de la naissance d'une personne qui importaient, mais plutôt ses actions - une jolie morale - mais dans le jeu c'est toujours un connard de Pokémon psy. Alors je ne sais pas quoi en penser.

Là-dessus, il se leva de table.

- C'est tout ce que j'ai à dire pour le moment. Quand tu auras écrasé Zack on se penchera à nouveau sur le sujet.

Je hochai la tête avec réticence. C'était déjà mieux que ce à quoi je m'attendais. Pas du tout assez pour aller se frotter à ce Mewtwo, mais j'avais une idée basique du Pokémon à présent. Ça m'énervait de devoir continuer à composer avec Vivian, seulement pour l'instant j'allais devoir m'en accommoder. Je ne le laisserai plus m'influencer, me promis-je intérieurement.

- C'est l'heure, constata mon frère à mi-voix, un œil sur la pendule de la cuisine.

- Oh, ma petite Mélofée en sucre ! Tu vas enfin affronter le Conseil des Quatre ! récita la Pokémaman.

Je ne pris pas la peine de lui répondre et sortis de la cuisine pour aller chercher mon équipe. Curieusement, ils étaient tous rassemblés au centre du jardin, formant une sorte de cercle - même Poupidou était là, à côté de Vésuve. Aucune trace par contre de mes autres Pokémon de rechange, mais ils savaient que je n'allais pas les solliciter et vivaient leurs propres vies en conséquence : durant ces deux dernières semaines, je n'avais par exemple vu Bouh qu'une petite dizaine de fois. Seul Tarzan venait régulièrement me voir, à chaque fois pour me demander s'il pouvait intégrer l'équipe principale, pour se voir répondre immanquablement que la place de gros bourrin était déjà prise - et deux Colossinge à la fois, non merci, j'avais déjà du mal en gérer un.

À mon approche, le cercle s'ouvrit pour m'accueillir et tous m'accordèrent leur attention. Salade m'adressa un "Zarre" posé, au même titre que Plouf et Vésuve qui prononcèrent aussi leur nom. Quant à Teigne, Pleind'Soupe et Fulgure, ils se contentèrent d'un simple regard. Poupidou, lui, vint se frotter contre mes jambes.

- Ça y est, c'est le grand jour, déclarai-je. On joue notre premier match du Conseil des Quatre aujourd'hui. Vous vous sentez prêts ?

Divers hochements de tête et autres vocalisations me répondirent. Je m'étonnai que Teigne s'en soit tenue à un acquiescement silencieux, elle me paraissait plus morose qu'à son habitude. J'espérais que ce n'était pas parce que je m'étais moins occupée d'elle ces derniers temps - conséquence de l'entraînement sanglant subi aux mains de Vivian. Nous n'en avions toujours pas parlé. Je me promis d'aborder le sujet avec elle lorsque nous serions seules.

Je leur adressai un sourire puis les rappelai. Lorsqu'ils eurent tous disparu dans leurs Pokéballs, Poupidou dodelina de la tête, émit un "Neuneu" d'encouragement à mon encontre, puis courut vers un coin d'ombre pour aller pioncer un peu. Il ne me restait plus qu'à aller dire au revoir à Maraude. La Feunard ne jouerait pas le match contre Olga, ça j'avais fini par l'accepter. Peut-être serait-elle d'attaque lorsque j'en viendrais à Aldo, d'ici quelques jours - il y avait des temps d'attentes imposés aux dresseurs entre chaque match, dont la moyenne était d'environ trois jours. Mon esprit déjà fixé sur Olga et son équipe de Pokémon glace, je m'approchai tout de même des buissons où la Feunard avait élu domicile.

Je ne m'inquiétai pas lorsque tout d'abord je fus incapable de repérer sa fourrure blanche. Puis, alors que je me penchai davantage, écartant quelques branches stratégiques, et qu'aucun des poils de Maraude n'était en vue, je commençai à me poser des questions. Elle était toujours à cet endroit d'habitude. Je la soupçonnai de bouger la nuit mais je n'avais aucune preuve, et là nous étions le matin de toute façon, alors elle aurait dû se trouver là, dans le petit trou qu'elle s'était aménagé. Il était pourtant vide, un fait que je constatai en parvenant enfin à poser les yeux dessus au prix de quelques contorsions et de nombreuses égratignures. Mais où était donc passée la Feunard ?

- Maraude ? lançai-je à voix haute.

Pas de réponse. Je me répétai, plus fort cette fois, tout en faisant le tour du jardin, jusqu'à m'égosiller lorsque je fus de retour à mon point de départ. J'avais réussi à faire fuir Poupidou et à débusquer Bouffi, mais nulle trace de la Feunard. Fébrile, je passai à la maison, la fouillant de fond en comble, ce qui me prit une bonne heure. Toujours rien. En désespoir de cause, je demandai même à Vivian ainsi qu'à la Pokémère s'ils avaient aperçu la Feunard. Négatif.

Je dus finalement me rendre à l'évidence.

Maraude avait disparu.

***

Et le mystère de la Grotte Sombre est donc résolu. Il remonte au chapitre 9 mine de rien. xD

Le prochain chapitre sera un bonus, et ensuite on attaque le Conseil des Quatre. Ça va saigner ! ^^

Résumé complet de l'équipe pour l'occasion, ils sont tous niveau 55 :

Salade, Florizarre de nature Naïf (Lance-Soleil, Tranch'herbe, Giga-Sangsue, Poudre Dodo)

Teigne, Colossinge de nature Mauvais (Ultimapoing, Tomberoche, Fatal-Foudre, Coup-Croix)

Plouf, Léviator de nature Pudique (Morsure, Surf, Hydrocanon, Ultralaser)

Pleind'Soupe, Ronflex de nature Relax (Force, Métronome, Séisme, Blizzard)

Vésuve, Magmar de nature Malpoli (Lance-Flamme, Déflagration, Zénith, Psyko)

Fulgure, Rapasdepic de nature Brave (Bec Vrille, Vol, Poursuite, Aile d'Acier)


Cimetière :
FicelleTouffuSourisPoiluePoilu
PrincesseGrignotte