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Souviens-toi [Creepypasta/OS] de Milolaidus



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» Auteur : Milolaidus - Voir le profil
» Créé le 09/08/2013 à 01:05
» Dernière mise à jour le 09/08/2013 à 01:05

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Souviens-toi
Je me présente. Je m'appelle Clément, j'ai seize ans. Et je vais mourir.

En vérité, c'est comme si j'étais déjà mort. Elle me laisse simplement le temps d'écrire ceci. Elle veut qu'il reste une trace de ce que j'ai vécu, peu importe que les gens y croient ou pas. Même si ce court préambule est placé au début de ce texte, je ne l'ai écrit qu'en dernier. Il ne me reste donc plus qu'à achever, et à faire face à mon destin. Je n'ai jamais eu la moindre chance de Lui échapper. Je sens que c'est la fin. Il ne me reste plus qu'à achever la partie. Je ne sais à qui je m'adresse en écrivant ce dernier mot, mais je l'écris tout de même :

Adieu.
___________________________________________

Depuis ma petite enfance, je suis un grand fan de la série Pokémon. J'ai découvert ces jeux à six ans, et ils m'ont tellement plus que, dès lors, j'ai joué à chacun des nouveaux épisodes qui paraissaient.

Alors que je me trouvais un jour dans un magasin de jeux vidéo, à la recherche du dernier Kingdom Hearts sur 3DS (même en étant fan de Pokémon, je suis tout de même ouvert à d'autres jeux) j'ai aperçu du coin de l'œil une ancienne version Pokémon, rangée dans le bac des jeux d'occasion. Cette version, je l'ai immédiatement reconnue : il s'agissait de la version Platine, que j'avais hélas perdue il y a quelques années de cela. Voir cette version m'a rappelé la rage que j'avais eue en ne pouvant plus mettre la main sur la version Platine que je possédais à l'époque, et que je n'avais même pas eu le temps de finir. Un beau jour, je l'avais, et le lendemain, je ne l'avais plus. J'avais eu beau fouiller partout, elle était restée introuvable. C'était comme si elle s'était volatilisée.

Je me suis donc dit que c'était là l'occasion idéale pour pouvoir y rejouer, et peut-être même transférer quelques bestioles, afin de compléter mon Pokédex sur des versions plus récentes. Je me suis emparé de la boîte de jeu, et là première surprise : le prix n'était affiché nulle part ! Intrigué, je suis allé voir un vendeur, pour lui demander le prix du jeu. Celui-ci a prit la boite, l'a examinée, a froncé les sourcils, puis l'a retournée dans tous les sens. Il s'est ensuite installé devant un ordinateur et a tapé les références du jeu. Après une petite minute de recherche, visiblement surprit, il a passé le jeu devant les bornes de sécurité placées à la sortie du magasin, qui n'ont pas réagies.

— C'est étrange, a-t-il dit. Ce jeu ne semble pas appartenir au magasin. Il doit y avoir une erreur quelque part. Ou bien ce jeu a été mit en rayon sans être enregistré, ou bien quelqu'un l'a oublié ici, mais dans sa boîte. Dans le doute, tu peux le prendre, si tu veux. C'est cadeau !

— C'est… C'est vrai ? Avais-je répondu, très surprit.

— À partir du moment où il ne fait pas partie du magasin, je n'ai pas le droit de le vendre. Tu peux le prendre, je te dis !

Etonné, et à la fois heureux d'avoir un jeu gratuit, je l'ai donc prit. J'ai tout de même payé le jeu que j'avais prévu d'acheter au départ, puis je suis parti. Arrivé chez moi, j'ai démarré le jeu récent en laissant la version Platine dans un coin de ma chambre, prévoyant d'y jouer plus tard.

Cette version Pokémon a ainsi trainée deux semaines dans ma chambre, avant que je me décide à remettre la main dessus, étant un peu lassé du nouveau jeu que j'avais déjà pratiquement bouclé. En la regardant de nouveau, je fus immédiatement frappé par un détail, que je n'avais alors pas remarqué juste là : les partie dorées du corps de Giratina, sur la jaquette, semblaient avoir une très légère nuance rouge. J'allumais mon ordinateur, allais sur Google images, et vérifiais l'apparence de la jaquette du jeu. J'eu beau regarder avec attention, impossible de percevoir cette petite nuance ! De plus, il me semblait que cette différence aurait dû me marquer, dès que j'avais aperçu la boite de jeu dans le magasin, même si elle était discrète. Il me vint un instant l'étrange idée que la jaquette avait pu changer de couleur durant ces deux semaines, mais je chassais bien vite cette idiotie de ma tête. J'avais simplement dû ne pas être assez attentif. Et cette couleur étrange devait être due à une erreur d'impression. Ce n'était après tout pas si exceptionnel.

Sans plus me poser de questions, j'insérais le jeu et allumait ma console. Je laissais l'intro du jeu, que je n'avais plus vu depuis plusieurs années, puis, quand il fut fini, et que j'eu passé l'animation de Giratina en appuyant sur start, j'arrivais face au menu classique. J'avais le choix entre « nouvelle partie » et « continuer ». J'observais un instant l'écran continuer. L'ancien possesseur de cette version avait quatre-vingt heures de jeu et des poussières, ses huits badges, et il me semble qu'il devait avoir dans les deux cent cinquante Pokémons vu, mais je ne pourrais pas le certifier. Rien d'incroyable, si ce n'était son pseudo : Clément, comme moi. Effectivement, étant en manque d'inspiration, et ne voulant ni m'appeler Sacha, ni prendre un nom stupide, j'avais l'habitude de simplement garder mon vrai nom en pseudo, dans mes versions. La coïncidence était certes troublante, mais n'étant pas le seul Clément à jouer à Pokémon, cela m'amusa plus qu'autre chose.

Par curiosité, je cliquais cependant sur « continuer », et regardait un peu sa partie. Il était dans le monde Distortion, et n'avait pour seul Pokémon qu'un Darkrai shiney niveau 100. Sans doute un jeune qui avait fait mumuse avec son action replay, et qui voulait faire une blague à celui qui achèterait le jeu après lui. Ou alors il avait perdu son jeu dans le magasin, puisque je l'avais eu gratuitement, mais la façon dont son équipe était présentée, et le fait qu'il soit dans le monde Distortion, semblait trop intentionnelle. J'essayais de me déplacer un peu dans le fameux monde, mais ne trouvais pas de sortie. Pourtant, étant donné qu'il avait ses huit badges, il devait y être simplement retourné. À vrai dire, j'ai très vite laissé tomber, me disant que, de toute façon, j'y verrais sans doute plus clair quand je serais à ce stade du jeu.

Mais, avant de commencer réellement ma partie, je regardais une dernière fois l'équipe du précédent joueur, ou plutôt le seul Pokémon qu'il avait sur lui. Il portait une lettre, à laquelle je n'avais pas accordée d'attention la première fois. Je l'ouvrais. Elle ne contenait que deux mots : « SOUVIENS-TOI. »

En lisant cela, je fus prit d'un incompréhensible malaise. Il s'agissait sans doute d'une blague, mais, depuis que j'avais acquis cette cartouche, les coïncidences et hasards troublants avaient tendance à s'enchaîner. De plus, je n'aurais su expliquer pourquoi, mais j'avais le sentiment, enfoui au plus profond de moi, que ces mots me parlaient, m'étaient adressés personnellement.

Prit d'angoisse, je retirais la cartouche de ma console, et la reposais sur le coin du bureau où elle avait passée les deux dernières semaines. Je me traitais intérieurement de tous les noms, me répétant en boucle à quel point j'étais stupide, mais je parvins ainsi à ne plus toucher à cette cartouche pendant une semaine encore.

Cependant, le temps passant, je relativisais rapidement, et me dis que je n'avais aucune raison de me priver d'un jeu auquel j'aurais assurément du plaisir à jouer. C'est pourquoi, après ces sept jours, j'osais enfin insérer de nouveau la cartouche dans ma console. Les premières minutes se passèrent tout à fait normalement. Je fus accueilli par le professeur Sorbier, qui m'expliqua pour la sempiternelle fois, comme tous ses prédécesseurs, ce qu'était le monde des Pokémons. Je commençais mon aventure tranquillement, et quand le choix se présenta, je pris Ouisticram. Je jouais ainsi une ou deux heures, puis m'arrêtais, complètement convaincu que j'avais perdu une semaine à me créer des angoisses stupides et infondées.

Je repris ma partie le lendemain, puis le surlendemain. Pourtant, plus j'avançais, plus je commençais à noter des détails étranges, sur mon jeu. Il y avait parfois de petites baisses de luminosité. Ou alors, j'avais l'impression que mon personnage était parfois « affaissé », comme s'il était triste ou déprimé. Je croyais percevoir quelques fausses notes, à certains moments, dans les musiques du jeu. Certains personnages, aussi, avaient des dialogues qui me semblaient différents des souvenirs que j'avais gardés de cette version, lors de ma première partie. Mais cela restait des impressions ou des détails trop fugaces pour que je parvienne à avoir des certitudes. Et étonnamment, cela ne faisait que renforcer mon attirance et mon attrait pour le jeu.

J'arrivais enfin devant le champion de Charbourg, Pierrick. Il me sorti le baratin habituel, puis le combat commença. Sachant à quoi m'attendre, et ayant préparé mon équipe, je m'en sorti sans trop de mal. Mais alors, au lieu de la tirade de défaite à laquelle je m'attendais, il me dit :

« Tu penses être le vainqueur. Mais tu vas en réalité droit vers la défaite. Tente de te souvenir, tant qu'il en est encore temps. ».

J'étais abasourdi pas cette réponse anormale, mais, comme hypnotisé, je continuais pourtant à jouer. En me dirigeant vers le centre Pokémon, je me rendis compte que mes Pokémons avaient étés empoisonnés sans explication. Heureusement, j'arrivais à temps, et soignais mon équipe.

Plus le temps passait, et plus j'étais fasciné par ce jeu. Chaque évènement inquiétant ne semblait au contraire que renforcer cette fascination. Je fus à peine surprit quand je me rendis compte que la CWF, ainsi que les étages des centres Pokémons, étaient complètement vides. En vérité, j'étais comme… hypnotisé. Malgré tout, entendre, ou plutôt lire, certains PNJ évoquer la légende d'une petite fille qui aurait finie tragiquement, sans donner plus de précisions, me donnais quelques soubresauts d'inquiétudes, vite atténués cependant. Une part de moi sentait une menace insidieuse s'étendre autour de moi, et se faire de plus en plus présente. Mais l'autre part semblait n'en avoir aucune conscience, ou n'y accorder aucune importance.

Sans m'en apercevoir, j'atteignis rapidement la forêt de Vestigion, que je traversais. Arrivé à la fin, je ne pus m'empêcher de m'arrêter devant le Vieux Château. Ne possédant pas encore la CS Coupe, je ne pouvais pas le voir, sur mon écran, mais je savais qu'il était là. Je remarquais qu'une pancarte avait été plantée, devant la barrière qui m'empêchait pour l'instant d'y accéder. Elle portait l'inscription : « Là où tout fini ». Mon écran s'obscurcit soudain. Je commençais à croire à un quelconque problème technique, et m'apprêtais à redémarrer le jeu, quand la lumière se fit soudain de nouveau. Durant un instant, je cru apercevoir une silhouette étrange et transparente, sur mon écran. Mais en un clignement d'œil, tout semblait de nouveau normal. Cela avait cependant suffit pour m'insuffler l'énergie qu'il me manquait jusque-là, et je trouvais la volonté de lâcher ma console et de m'en éloigner. Je sorti de ma chambre, suffoquant, comme si je manquais d'air. Heureusement, mes parents n'étaient pas là. Je ne sais vraiment pas comment j'aurais pu leur expliquer mon état.

Reprenant mes esprit, je me rendais compte à quel point ce que j'avais vécu était inquiétant. Je me sentais comme plongé dans une sorte de cauchemar, ou dans un mauvais film d'horreur, je n'aurais su le dire. J'avais des sueurs froides, et, sans m'en apercevoir, je me fus bientôt rongé tous les ongles des deux mains. Si j'avais su qu'un jour, un jeu Pokémon me donnerais de telles angoisses ! Je me fis la promesse de ne jamais retoucher à cette cartouche. Je la pris avec mille précautions, sortis de la maison, et allait la jeter dans la première poubelle que je croisais.

Cette nuit là, j'eu du mal à dormir. Des images inquiétantes envahissaient fugacement mon esprit. À plusieurs reprises, dans mes songes, j'entraperçu une petite silhouette dont le visage était caché derrière un masque sombre, rendant ses traits indiscernables. Et sans arrêt, ces deux même mots résonnaient dans ma tête : « Souviens-toi ! Souviens-toi ! »

La journée du lendemain se passa sans incidents. Je commençais à souffler, et même à chercher tout un tas d'explication pour justifier ce qui m'était arrivé, ou plutôt ce que je pensais qu'il m'était arrivé. Puisqu'on était en période de vacances, je fus de sortie toute l'après-midi, et ne rentrait que le soir.

En retournant dans ma chambre, j'eu la mauvaise surprise de voir la cartouche dont je pensais m'être débarrassée, posée bien en évidence sur mon bureau. Cinq minutes plus tard, j'avais reprit ma partie. Je tentais de me convaincre qu'il s'agissait d'une sorte de défi à moi-même, mais je savais très bien, au fond, que je me mentais.

Durant toute la nuit, je jouai sans interruption. L'atmosphère du jeu devenait de plus en plus glauque et inquiétante. La moindre progression devenait une épreuve, que je me sentais pourtant obligé de surmonter. Il arrivait que mon équipe subisse des problèmes de statut venus de nulle part, ou que de brusques baisses de luminosité m'obligent à progresser presque à l'aveugle. Plusieurs fois, mon personnage s'effondra d'un seul coup, sans raison, ce qui me faisait retourner au dernier centre Pokémon. Malgré tout, je progressais, et j'obtenais mon deuxième badge, puis mon troisième, puis mon quatrième. Les badges que je récoltais avaient de drôles de formes, et semblaient pouvoir s'assembler. Pourtant, j'eu beau consulter mon étui à badge plusieurs fois, je ne parvenais pas à comprendre ce qu'ils étaient censés représenter.

Arrivé à ce stade du jeu, je me rendis compte que je n'avais pas encore vu trace de la Team Galaxie, censée pourtant apparaître bien plus tôt. Pourtant, je continuais. Bientôt, les villes se firent désolées et désertiques, comme si elles avaient étés abandonnées. Je ne reconnaissais même plus les routes. Elles formaient des chemins tortueux, dénués de logiques, et semblaient même changer à chacun de mes passages. Je fini par me rendre compte que l'horloge du jeu s'étaient bloquée sur deux heures du matin, me faisant jouer dans une nuit perpétuelle.

Après mon quatrième badge, il me fallait maintenant me rendre à Verchamps. J'empruntais la route au Sud de Voilaroc, mais plus je progressais, plus le trajet se faisait linéaire. Quand je voulu faire demi-tour, mon personnage refusa de se retourner. Il ne me restait donc plus qu'à aller tout droit. Il n'y avait plus rien autour de moi que des arbres et cette route complètement droite.

Elle me conduisit droit vers la tour Perdue, que je n'avais pourtant pas remarquée près de Bonville, et qui n'avait rien à faire ici. De tombes étaient dispersées tout autour de la tour. Abandonné de toute volonté propre, j'entrais, sans pouvoir me poser de questions. L'écran, s'éteignit de nouveau. Une boite de dialogue apparu.

« La fin approche, Clément », était écrit en lettres rouge vif.

Je me senti soudain très mal. Je trouvais la force de lâcher ma console, et tentais machinalement d'allumer la lumière de ma chambre, à l'aveuglette. Je ne savais plus l'heure qu'il était, mais j'avais dû jouer une bonne partie de la nuit. J'eu beau m'acharner sur la lampe, elle ne s'alluma pas. Effrayé, je tentais de trouver la sortie de ma chambre à l'aveuglette. Dans la panique, je me cognais l'orteil à un meuble, puis trébuchais sur je ne sais quel objet traînant sur le sol. Je manquais même perdre l'équilibre et m'affaler par terre. Ignorant la douleur, j'atteignais enfin la poignée de la porte. Mais celle-ci était complètement bloquée. La poignée ne bougeait pas d'un millimètre, même en y mettant toute ma force.

J'entendis soudain un rire étrange qui me glaça le sang. C'était un rire aigu et cristallin, mais, paradoxalement, très amer. Un rire sans joie. Il semblait venir de partout et de nulle part à la fois, et résonna longtemps encore dans mes oreilles, bien après qu'il se soit tu. Tant bien que mal, je repris peu à peu mes esprits. J'avais l'impression d'être dans une sorte d'état second, comme un rêve éveillé. Je ne parvenais pas à me concentrer sur ce qu'il m'arrivait. Seul le petit rectangle de la console portable était encore visible dans le noir.

Lentement, je m'approchais, craignant de toucher de nouveau cet objet maléfique. Enfin, inspirant un grand coup, je le pris de nouveau en main, et tirait d'un seul coup le petit bouton, sur le côté, qui permettait d'éteindre l'appareil. Il resta allumé.

Au comble de l'horreur, je retirais la cartouche, mais rien n'y fit. L'écran restait allumé, et toujours, le message rouge restait affiché, luisant d'une lumière malsaine. Je jetais enfin ma console par terre, et tentait littéralement de la détruire à coups de poings. Quand je retirais enfin mes mains, des traces rouges la parsemaient, à plusieurs endroits, mais elle était complètement intacte. C'était comme si elle était devenue indestructible. Je n'étais parvenu qu'à me faire saigner les poings. Mais l'émotion me faisait complètement ignorer la douleur.

Alors, la boite de dialogue changea, avec un petit bruit caractéristique, comme si je venais d'appuyer sur le bouton A, alors que je n'avais touché à rien. Voici ce qu'elle affichait maintenant :

« Tu ne peux plus m'échapper. Depuis le début, tu es pris au piège. »

Je cru sentir une présence derrière moi. Je donnais un violent coup de bras en arrière, mais mon bras ne ressenti aucun obstacle. La lumière de la console me permettait de distinguer un petit peu ce qui se trouvait autour de moi, mais je ne voyais rien d'anormal. Les messages se succédèrent alors rapidement.

« As-tu donc si facilement oublié ? C'est effarant ! …et ça ne te rend que plus coupable. Maintenant, joue ! La mémoire te reviendra bien assez tôt. »

Je tentais de lutter, de rassembler toute ma volonté pour m'éloigner de l'objet maléfique sur lequel s'affichait ce message. Mais mon corps n'obéissait plus à mon contrôle. C'était comme si j'étais dans un cauchemar, et que mon corps était contrôlé par ma pensée. Je ne voulais pas approcher, mais je ne pouvais m'empêcher de me visualiser en train de faire cette action, et mon corps suivait ma pensée.

Je fus bientôt de nouveau en train de jouer, les mains posées sur cette chose qui me révulsait. J'étais maintenant équipé de la bicyclette, de laquelle je ne pouvais plus descendre. Je progressais dans la tour, qui se transforma rapidement en une longue ligne droite, comme précédemment. Bientôt, je fis face à une version transparente de Lovis. Sa boite de dialogue était vide. Le combat commença. Je vis lors de l'animation du champion qu'il avait des yeux rouges, vides et inexpressifs. Puis ma Pokéball éclata et j'eus la surprise de découvrir un Darkrai shiney N°100, qui ressemblait beaucoup à celui que j'avais vu sur la précédente partie. Il ne possédait que Vibrobscur Le combat s'acheva donc très rapidement, et je reçus un autre de ces mystérieux badges.

Je continuais mon chemin, qui était toujours aussi rectiligne et vide. Et toujours, mon personnage refusait de faire demi-tour. Je rencontrais bientôt Charles. Contrairement à Lovis, il n'était pas transparent, mais il semblait tout desséché, et on pouvait deviner ses os saillants, lors de son animation. Le combat s'acheva de la même façon. Dans mon écrin, les badges commençaient à prendre forme. J'avais l'impression qu'ils tentaient de représenter une silhouette. Et cette silhouette me faisait froid dans le dos.

Gladys, elle, était méconnaissable. Ce n'était plus qu'un squelette emprisonné dans un gros bloc de glace, et je n'aurais pu deviner qu'il s'agissait d'elle, s'il elle n'était pas mon prochain adversaire logique, et si son nom de ne s'était pas affiché au début du combat.

Je continuais encore mon chemin après ma victoire. Petit à petit, le paysage changea. Avant d'avoir eu le temps de m'en rendre compte, je me trouvais aux Colonnes Lance. Mais cette fois, contrairement à ma précédente partie, aucune cinématique, aucune animation ne se déclencha. Seul un grand trou d'ombre était présent au fond du lieu sacré, là où aurait normalement dû se tenir Giratina, après la cinématique. Je savais que je ne devais pas approcher ce trou, mais pourtant, il m'attirait. Imperceptiblement, j'appuyais de plus en plus fort sur le bouton haut de ma croix directionnelle. Quand j'atteignis la zone noire, mon écran s'éteignit, une fois de plus, et tout, aussi bien sur mon écran que dans ma chambre, ne fût plus que ténèbres.

Je sentis alors un froid terrible s'emparer de moi. Durant un instant, je fus complètement paralysé, incapable de remuer un sourcil. Je ne parvenais même plus à respirer. Puis l'écran s'alluma de nouveau, et je retrouvais ma mobilité. Je m'attendais, sur le jeu, à me retrouver dans le monde distorsion. Mais ce ne fut pas ce monde que je reconnu. L'endroit où je me trouvais maintenant était encore plus inquiétant. C'était un lieu qui, déjà, à l'époque où j'avais découvert ce jeu, m'avais donné des frissons. J'étais dans le Vieux Château ! Mais, cette fois-ci, aucune musique ne se fit entendre. Et c'était encore plus angoissant que le thème habituel.

Ma bicyclette avait disparue. Indépendants de ma volonté, mes doigts dirigèrent mon avatar jusqu'au première étage, me faisant emprunter la salle au Nord. La fameuse silhouette de petite fille, que j'avais déjà entraperçue dans le jeu il y a quatre ans, apparue. Mais ce n'était pas exactement son lieu d'apparition normal. Et au lieu d'apparaître dans un coin de mon écran pour disparaître aussitôt, arrivant par la droite, elle se dirigea au contraire lentement vers le centre de l'écran. Puis elle s'arrêta, et se tourna vers mon personnage.

« C'est la fin du voyage, Clément ».

Un combat se lança, toujours sans musique. Elle envoya quelque chose qui avait la même apparence que les spectres des versions Rouge et Bleu. Avant de pouvoir faire quoi que ce soit, je me pris une attaque « Condamnation ». Une animation représentant une Faucheuse se déclencha. La Faucheuse passa sa faux en travers du corps de mon Pokémon, et celui-ci fut mis immédiatement KO. Après cette défaite, l'écran hors combat s'afficha de nouveau.

« Alors, te rappelles-tu, maintenant ? Tiens, voici qui devrait te raviver la mémoire. »

Elle me donna mon huitième badge, qui représentait un visage. Mon écrin à badges s'afficha à l'écran, et toutes les parties de ce puzzle étrange se mirent spontanément en place. Et alors, au comble de la stupeur et de l'effroi, tout m'apparu clairement.

Les huit pièces, emboîtées, représentaient une petite fille, qui me souriait d'un air innocent. Mais il ne s'agissait pas d'une petite fille de jeu vidéo. Non. Cette petite fille semblait… photographiée. Et, bien que ne l'ayant aperçue qu'une seule fois dans ma vie, je la reconnaissais !

— Je… Non ! Non !... M'entendis-je murmurer misérablement.

« Alors, te rappelle-tu, maintenant ? Oui, c'est moi. Je suis cette petite fille que tu as renversée avec ton vélo, il y a quatre ans, alors que tu avais le nez dans ton appareil. C'était une petite rue, et elle était déserte. Après le choc, tu es descendu. Tu as vu que je ne bougeais plus, et voyant cela, tu t'es lâchement enfuit, sans réfléchir, espérant fuir les problèmes. Puis tu t'es dépêché de tout oublier. »

La petite silhouette sur mon écran disparaissait petit à petit. La présence que j'avais cru ressentir dans mon dos, il y a quelques heures, apparu soudain, alors même que l'écran de ma console s'éteignait complètement. Il faisait totalement noir, mais la silhouette translucide que j'avais en face de moi dégageait sa propre lumière, ce qui la rendait visible. Sans me laisser la possibilité de produire le moindre son, ce dont j'aurais été incapable, elle continua, cette fois oralement :

— Tu aurais pu me sauver. Tu m'as volé ma vie. Juste après ton départ, j'ai réussi à me relever. J'ai pu parcourir quelques dizaines de mètres, dans un état second, essayant d'appeler à l'aide. Mais je n'arrivais plus à prononcer quoi que ce soit. Finalement, le traumatisme crânien que tu m'as infligé m'a rattrapée, et je me suis effondrée de nouveau, baignant dans un océan de douleur. Je crois que j'ai mis plusieurs heures à mourir. Mon dernier souvenir, ce sont ces mains tremblantes qui m'ont attrapées et soulevées. Ce devait être mes parents. Mon seul tord aura été de trop m'éloigner de ma maison.

J'étais écœuré. Je suis écœuré. J'avais envie de vomir, mais je ne sentais même plus mon corps. Je m'en rappelais, maintenant. En roulant, j'avais eu un doute, concernant la partie que je jouais à l'époque sur Pokémon Platine. J'avais ma console dans ma poche, et j'avais voulu vérifier une bêtise. Je crois qu'il s'agissait de la nature d'un de mes Pokémons, ou quelque chose comme ça. Je n'avais pas vu cette petite fille arriver, devant-moi, et je l'avais percutée.

Je n'aurais jamais cru qu'elle n'y avait pas survécu. À moins que je ne l'ai su, inconsciemment, et que c'est justement cela qui m'ait fait tout oublier.

— Une fois morte, plutôt que de m'en aller simplement, j'ai cherchée la meilleure façon de punir l'imbécile qui m'avait fait ça. Et quel meilleur moyen que d'utiliser l'objet de ma mort ? Tu n'as jamais compris comment ta précieuse cartouche avait disparue, n'est-ce pas ?

Je ne pouvais rien dire, pétrifié. C'était effrayant de voir tant de haine sur le visage transparent d'une si petite fille. Soudain, ma console se ralluma. Hypnotisé, comme le papillon de nuit face à la lampe, je m'approchais. En regardant sur l'écran supérieur, je me vis moi-même, allongé par terre, dans ma chambre, la bouche grimaçante. Je sentis d'un seul coup une vive douleur dans ma poitrine, et me vis avoir un spasme, en même temps, sur l'écran.

— Oui, c'est toi, dans ta chambre, dans le monde réel. Voici l'état dans lequel tu es vraiment. Tu n'en as plus pour longtemps.

— Non ! NOOOON !

Fou de peur et de désespoir, je me jetais de toutes mes forces sur sa silhouette, essayant par tous les moyens possible de m'en débarrasser. Mais chacun de mes coups ne faisaient que la traverser. Soudain, mes membres refusèrent de bouger, et je me trouvais affalé par terre.

— Tu m'as tuée une fois, cela ne te suffit donc pas ? ! hurla-t-elle, folle de rage. Tu viens de sceller ton destin !

Je m'attendais au pire. Mais elle se retourna, et prit mon ordinateur portable.

— Mais avant, je te laisse un répit. Je veux que tu relates ce qu'il t'est arrivé, afin qu'il reste une trace de tout cela. Je ne t'y forcerais pas. À toi de voir, si tu veux que quelque chose reste de toi… Ou bien, si tu veux regagner une once de respect à mes yeux.
Après… tu n'auras plus qu'à finir la partie.

Je me suis soudain senti bien, léger, apaisé. Et c'est ainsi que je me suis retrouvé à écrire ce dernier texte.
___________________________________________

Le jeune garçon fut retrouvé le lendemain, mort sur le sol de sa chambre, un rictus de douleur affiché sur ses lèvres. Aucune enquête, aucune expertise ne permit de trouver la cause de la mort. Il semblait juste s'être étendu là, et avoir soudainement arrêté de bouger et de respirer. Seul son rictus suggérait une mort soudaine.

En fouillant l'ordinateur de sa chambre, ils eurent par contre la surprise de trouver un étrange texte, écrit sous Word. S'agissait-il d'un suicide déguisé ? Mais comment ?

Les parents prétendirent avoir trouvés, près du corps, la Nintendo DS de leur fils. Sur l'écran, un « Game Over » rouge s'affichait, et il était possible de reconnaitre deux personnages. En bas, il y avait un garçon transparent, qui ressemblait étrangement à leur fils, si ce n'est qu'il n'était constitué que d'un paquet de pixels, et qu'il avait une tête disproportionnée. Plus haut, il y avait une petite fille, elle aussi transparente. Ils se trouvaient tous les deux dans ce qui ressemblait à la pièce principale et mal éclairée d'un château. Tout en bas, une boite de dialogue affichait : « De vrais remords auraient suffis… »

Mais on eu beau fouiller toute la chambre, plus tard, cette fameuse console resta introuvable.

C'était comme si elle s'était volatilisée.