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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 03/08/2013 à 11:13
» Dernière mise à jour le 03/08/2013 à 11:13

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 84 : Ligotage
Commença une longue marche éreintante pour Vassili et les survivants, si peu nombreux, de son groupe. Ils progressaient, à une allure très soutenue, sur des chemins tantôt praticables, tantôt en pleine végétation. En soi, ils ne faisaient rien de plus compliqué que ce qu'ils avaient toujours fait, mais les circonstances rendaient le déplacement insupportable. Les combats des jours précédents avaient déjà bien entamé les capacités physiques des combattants, leur moral avait été mis à mal par la défaite et les pertes qu'ils venaient de subir. Ajoutée à cela l'incertitude pour leur avenir sans doute bien noir et le manque de nourriture des derniers jours, les rebelles n'avançaient que parce qu'ils conservaient une certaine fierté personnelle qui leur interdisait de laisser paraître leur désespoir devant leurs ennemis.

Quand le soleil déclina, les soldats s'arrêtèrent et montèrent un campement. En tendant l'oreille, Vassili apprit que le lendemain, ils récupèreraient les véhicules pour repartir vers la ville. Il ne savait s'il devait s'en réjouir ou s'en inquiéter. Il décida de ne plus se préoccuper plus de l'avenir, il s'assit simplement là où on avait daigné le laisser, profitant du peu de repos dont il pouvait bénéficier. Son répit fut en effet de courte durée, puisqu'on lui ordonna d'un ton sec, à peine quelques minutes plus tard, de rester debout. A côté d'eux, les militaires mangeaient, partageant leurs rations dans une ambiance réjouie sur fond de victoire…

Quand tous les militaires furent occupés, les combattants rebelles s'assirent sans que cela ne provoqua plus que de l'indifférence. Un soldat apporta une poignée de biscuits qu'il jeta aux prisonniers sans même s'approcher, comme s'il s'agissait d'une meute de Caninos qu'il s'attendait à voir lui sauter à la gorge pour lui prendre à manger. Au lieu de cela, les hommes prirent la nourriture du bout des doigts. Ils n'osaient pas manger, se demandant s'ils ne feraient pas mieux de garder pour plus tard, quand la faim les tenaillerait réellement. Ils passèrent la nuit en compagnie de la garde désignée, qui changeait toutes les deux heures.

Le premier binôme les ignora totalement. Puis, la relève arriva, en même temps que le froid de la nuit, à l'heure où tous se couchaient. Les deux hommes paraissaient peu satisfaits d'avoir « encore ! » été tirés au sort pour monter la garde. Ils prirent place pesamment devant les prisonniers, leur tournant ostensiblement le dos. Comme la transpiration et le jour déclinant leur donnait froid, ils tentaient d'organiser une installation pour se tenir mutuellement au chaud. Un des deux gardes les interpela d'un ton sec sans se retourner :

................- Fermez-la, vous !

Vassili prit une inspiration pour répondre ; il s'en garda finalement. Pendant quelques instants, ils continuèrent à s'installer au mieux en silence, parlant par gestes discrets. Le garde dut ressentir une offense à son autorité dans la poursuite de leur activité première, car il se leva et leur fit face, bombant le torse, la tête haute. Il fit quelques pas dans leur direction et se campa devant eux.

................- Vous arrêtez de gigoter comme des Chenipan, vous la bouclez et je veux plus rien entendre, c'est clair ?

Il n'obtint en guise de réponse qu'un reniflement bruyant de dédain de la part d'un des combattants. Il sembla cependant satisfait de lui, s'éloigna pour retourner en compagnie de son collègue. Il passa le reste de son tour de garde à se retourner rapidement à intervalles réguliers, comme s'il s'attendait à surprendre une action d'éclat de la part de ses prisonniers ou s'il cherchait à les prendre en flagrant délit.

Les relèves suivantes furent plus agréables, notamment car il s'agissait de gens à peine réveillés qui n'aspiraient qu'à retourner dormir… Ils s'acquittaient de leur tâche avec sérieux, mais sans aucun excès de zèle. Ils arrivaient d'un pas de Teraclope pour repartir en baillant, bien contents de laisser la place au suivant et sans se soucier le moins du monde des prisonniers.
Enfin, alors que Vassili commençait à grelotter de froid, le camp s'agita. On repliait les tentes, les abris de fortune et les hommes commençaient à discuter à voix haute. Un militaire arriva devant les prisonniers et donna un coup de pied dans les premières côtes qu'il aperçut.

................- Debout. Le lieutenant veut vous parler.

Les prisonniers accompagnèrent les militaires jusqu'à leur chef, qui souhaitait les recevoir un par un. Ils entrèrent donc tour à tour dans la petite tente du lieutenant ennemi. Sans doute par hasard, Vassili se retrouva à passer en dernier. Tous ses camarades avaient déjà été reconduits à l'écart quand il se présenta devant lui.

................- Lieutenant Horpix, s'introduit-il en lui serrant la main.

Vassili hésita à lui rendre son salut, mais il ne voulait pas se montrer irrespectueux. Après tout, il ne lui avait rien fait de mal, pour l'instant.

................- Vous allez être incarcérés en ville en attendant votre jugement, lui expliqua le militaire. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : il y a de grandes chances pour que vous passiez le reste de votre vie derrière des barreaux et je doute que votre séjour y soit très agréable… Bien sûr, nous pouvons nous arranger à l'amiable, car il y a sans doute beaucoup de choses que l'état-major apprécierait d'apprendre. Je peux vous promettre, sans trop m'avancer, que vous pourriez vous en sortir très bien moyennant une petite coopération de votre part !
................- Je n'ai rien à vous dire, marmonna Vassili.

Même si tous les autres étaient ressortis en quelques minutes à peine, sans avoir été apparemment traumatisés, Vassili n'en menait pas large. Il ne savait pas ce que ses amis avaient dit, il se pouvait donc que le lieutenant n'ignorât pas qu'il avait un peu plus de valeur qu'un simple prisonnier, en tant que frère du colonel. S'il savait cela, il penserait sans doute également pouvoir en apprendre plus avec lui qu'avec n'importe lequel de ses camarades.

................- Ecoutez, vous allez vous faire écraser, vous et votre révolte. Nous avons suffisamment d'informations – et d'informateurs – pour gagner cette guerre. La seule chose que vous pouvez y changer, c'est le nombre de morts qu'elle fera dans nos rangs et dans les vôtres, naturellement. Vous voulez épargner des vies, non ? Pas de combats et de morts inutiles, c'est ce que vous dites, il me semble… Alors ne soyez pas bête, quitte à perdre, autant sauver votre vie et terminer vite cette guerre. La localisation d'un camp, le lieu où réside un chef, un plan stratégique pour la suite… Juste l'emplacement de mines… Ça me suffira !
................- Qui ? s'étonna Vassili en maîtrisant difficilement sa colère. Qui est le traître dans nos rangs ?
................- Je vous l'ai dit, nous avons suffisamment d'alliés combattants et non-combattants. Et je protège toujours mes informateurs, naturellement ! Dieu sait par quel stratagème étrange vous pourriez le révéler à vos alliés si je vous l'apprenais…

Vassili réprima une grimace. A la mention de cette expression, il ne put s'empêcher de penser à Dimitri, qui avait pour habitude de répondre « Ça m'étonnerait qu'Il sache quoi que ce soit ! Arceus, peut-être, et encore, je crois qu'il s'en ficherait ! ». Il n'ajouta rien de plus, il se contenta de fixer le lieutenant. Celui-ci ne baissa pas le regard et congédia son vis-à-vis :

................- Je pense que vous regretterez de ne pas avoir pris la main que je vous ai tendue.

Vassili retrouva ses camarades. Il scruta leurs visages avec attention pour tenter de déceler si l'un d'eux allait détourner le regard, signe qu'il en aurait sans doute trop dit au lieutenant. Aucun ne montra les signes d'un quelconque malaise, puis, comme cela s'éternisait, un des combattants finit par dire :

................- Je ne lui ai rien dit !

Les autres hochèrent la tête gravement, pour signifier qu'ils étaient dans le même cas. Les expressions n'étaient pas les mêmes ; elles avaient changé depuis l'entrevue. Deux affichaient un air résolu, bien décidés à attendre leur sort. Le troisième paraissait bien plus tendu, comme s'il regrettait déjà de ne pas avoir parlé. Celui-ci inquiéta Vassili, car il se doutait que la pression sur eux n'allait pas décroître au fil des jours. Le sergent tenta de rassurer son subordonné :

................- Yann, ici, nous continuons à nous battre… Ne t'inquiète pas à l'avance ! Nos camarades pensent à nous, ils ne nous laisseront pas tomber, j'en suis sûr. Aleph-Zéro doit déjà avoir rendu compte au colonel, ils nous sortiront de là, compte sur eux.
Yann répondit par un grognement peu convaincu. Vassili baissa légèrement les yeux. Il ne savait pas s'il disait la vérité, mais il ne devait surtout pas laisser le doute gagner son compagnon.
................- Tu ne dois jamais douter… Tu as fait le bon choix. Nous avons tous juré de nous battre et nous ne devons pas renoncer, quoiqu'il arrive. Ne les crois jamais quand ils te disent qu'ils ont tout pour remporter la victoire. Ils essaient de te faire déculpabiliser, alors qu'ils ne savent rien. Si tu parles, c'est toi qui leur donne les clefs pour nous vaincre. Nous ne devons rien dire. Je compte sur toi. Et tu peux compter sur moi pour faire de même. Nous avons promis de ne pas renier nos convictions, tu le sais…
................- Oui, sergent. Je ne dois pas abandonner, vous avez raison. Mais j'ai peur de ce qu'ils vont nous faire.
................- Nous le verrons assez vite. Tu aviseras au moment venu. Mais par pitié, ne cède pas parce que tu as peur de ce qui peut arriver. Tant que ce ne sont que des menaces, c'est facile pour eux. Mais il n'y a rien. Quand nous remporterons la guerre, nos amis nous libèreront, ce sera fini. Garde toujours cela à l'esprit et tu pourras résister à tout. Tu peux encore les aider à gagner. Quoiqu'il arrive, tu dois être sûr qu'on ne nous oubliera pas.
................- Sergent, je ne dirai rien. Je vous le promets.

Vassili sortit le gâteau qu'on lui avait donné le matin, avant son entrevue avec le lieutenant ennemi. Il le coupa en deux, tendit une moitié à Yann. Celui-ci refusa, mais le sergent insista silencieusement. Finalement, il accepta le cadeau, avec un demi-sourire de remerciement. L'inquiétude se lisait encore sur son visage, ce qui inquiétait grandement Vassili, même s'il avait toujours eu confiance en ses hommes. Il réfléchit au moyen de le rassurer…

Les soldats levèrent le camp quelques minutes plus tard. La marche reprit, rapide. Finalement, les véhicules apparurent. On sépara les prisonniers, se dirigeant chacun avec un groupe différent pour embarquer. Un homme poussa Alexis, un combattant aguerri, violemment. Celui-ci trébucha, faillit tomber. Il se retourna alors rapidement et cracha au visage de celui qui venait de le bousculer. Le militaire ne se laissa pas faire, il décocha un coup de poing dans la tête de son assaillant. Lui-même riposta, comme ses mains attachées le lui permettaient. Finalement, deux hommes vinrent porter main forte à leur ami… Alexis fut roué de coups, jusqu'à ce qu'il ne bougeât plus, au sol, le nez ensanglanté. Le lieutenant arriva, hurla pour interrompre un nouveau coup de pied qui allait s'abattre. Tous se figèrent et ce fut probablement ce qui sauva la vie du prisonnier.

................- Embarquez, ordonna le chef. Et en silence.

La séparation avait miné le moral de Vassili. Il savait que c'était le but recherché, cependant, il n'y pouvait rien, il n'arrivait pas à s'empêcher de se demander ce qu'il allait arriver à ses camarades. Déjà, si Alexis avait réagi comme il l'avait fait, c'était à cause de cette initiative. Ce dernier s'était retrouvé pris au dépourvu, aussi, il s'était emporté et avait réagi violemment. Peut-être que maintenant qu'il était seul Yann allait parler bien plus facilement. Il n'y aurait personne devant qui il pourrait avoir honte s'il le faisait ; la promesse qu'il avait faite ne pourrait jamais être vérifiée. Son courage atteignait déjà ses limites quand il était épaulé… Finalement, le sergent se laissa aller, entra dans le véhicule et attendit de voir le sort qu'on lui réservait. Il eut une pensée pour Newton, se demandant ce qu'on en avait fait et comment il avait réagi. Il se sentait responsable de son sort, en tant que dresseur… Vassili ferma les yeux, il s'endormit contre son gré tant il était fatigué.