Le train du destin de Solid_Cat

« Le train J-5 partant de Jadielle vers Ville Griotte arrivera dans environ une heure et trente minutes. »

La voix du microphone le tira de ses pensées. Dans une heure trente, il serait à Johto et il en bouillonnait d'impatience.
Jérémy observait les gens tout autour de lui. Il faisait souvent cela, quand il attendait dans la salle d'attente du médecin ou dans les magasins quand il devait patienter à la caisse à cause d'une foule monstrueuse. Il ne les regardait pas avec insistance, non rien de tout ça, mais à travers leurs visages, il voulait se forger un avis sur la personne. Il cherchait des informations sur elles, rien qu'en les regardant, ce qu'elles pouvaient avoir vécu, à travers des cicatrices ou autres.
Il en avait une belle lui d'ailleurs.

Le jour de ses 11 ans, il avait osé cueillir des baies sur le territoire d'un Tauros, le Pokémon n'y avait pas été de mainmorte mais heureusement Jérémy avait survécu. La bête avait foncé sur lui pour le tuer et Jérémy s'était pris une attaque Bélier de plein fouet, lui laissant une énorme cicatrice dans le dos.
Depuis ce jour, il a une phobie des Tauros et ne veut plus avoir un seul contact avec ce type de Pokémon.
Il comprit également pourquoi l'âge pour devenir dresseur Pokemon à Kanto avait augmenté. Il y a encore sept ans, il fallait seulement avoir douze ans pour commencer un périple à travers la région. Malheureusement, quand vingt-huit jeunes dresseurs ainsi que leurs Pokemon, âgés de douze, treize et quatorze ans soient décédés à cause d'une attaque terroriste de la Team Rocket, le conseil de 4 a augmenté l'âge requis pour devenir dresseur Pokemon, passant de 12 à 18 ans. Cela en a découragé plus d'un, et les dresseurs Pokemon provenant de Kanto se font de plus en plus rares.

Un brouhaha le tira à nouveau de ses pensées, cela faisait déjà trente-quatre minutes que le train était parti. Le temps passait vraiment très vite et il s'en réjouissait..
Seulement, il entendait des mécontentements à l'avant du train. Les gens se faisaient pousser violemment par terre pour qu'un homme puisse passer à travers les passagers. Il arrivait rapidement dans le wagon où se trouvait Jérémy. Il ferma la porte et cassa la poignée. Il avait une mallette noire dans la main et était habillé exclusivement de noir comme si on ne voulait pas qu'on le reconnaisse, ou pour se fondre dans la masse plus facilement pensa intérieurement Jérémy.
L'homme se précipita et chercha quelque chose du regard, ou plutôt quelqu'un : ses yeux se posèrent sur Jérémy. Ce dernier crut le reconnaître en lâchant un petit cri de stupéfaction mais l'homme le prit par le cou et le plaqua contre la vitre derrière lui, il posa sa mallette sur le sol et sortit une arme à feu de sa poche, qu'il pointa sur les passagers près de lui. « Si quelqu'un tente un geste... disons déplacé, je lui fous une balle entre les deux yeux, c'est bien compris bande de larves ? ». Ça avait le mérite d'être clair.

Il laissa Jérémy reprendre son souffle quelques instants pour ouvrir sa mallette. On pouvait apercevoir plusieurs Pokeballs. Il en glissa une dans la poche du jeune homme ainsi qu'un petit bout de papier vert.
On entendait plusieurs insultes de l'autre côté de la porte, bloquée par l'homme qui était encore il y a quelques instants en train d'étrangler Jérémy. « Il faut que je me dépêche putain, ils vont finir par m'avoir ces saloperies. » fit l'homme habillé tout de noir.
Jérémy en était désormais certain : il reconnut les rides sur le visage de l'homme, qui n'était autre que le "contrôleur" qui avait vérifié ces papiers à l'entrée du train. Le jeune garçon se dit qu'effectivement c'était étrange qu'un contrôleur lui demandât ses papiers avant d'être dans le train.
Puis soudain, on entendait des coups de pied dans la porte, "ils" essayaient de l'enfoncer.

« - Vo... Vous... vous êtes....
- Tu vas m'écouter gamin et tu vas faire tout ce que je te dis, sinon je te fous une balle entre les deux yeux à toi aussi, c'est clair ?
- O... Oui-oui, tr... très clair, fit craintivement Jérémy.
- Dès que j'aurai filé par le toit de ce wagon, les gars vont se mettre à ma poursuite et tu devras leur indiquer par où je suis parti ! Une fois qu'ils déguerpiront, tu t'enfermeras dans les toilettes et tu n'y bougeras PLUS jusqu'à que tu entendes trois explosions, c'est bien compris ? »
Jérémy hocha de la tête mais la peur se voyait sur son visage.

L'homme en noir reprit sa mallette, tira quelques coups de feu en l'air pour ouvrir plus facilement la trappe qui était désormais ouverte d'un simple mouvement de bras, puis il prit la fuite.
Quelques instants plus tard, la porte céda et il reconnut très vite les deux hommes qui étaient désormais face à lui. Ils faisaient partie de la Team Rocket, cela se voyait par leurs bérets noirs et leurs uniformes, dont un grand R rouge dominait le haut. Et même si Jérémy ne voulait pas aider les deux Rockets, il avait nettement beaucoup plus confiance en l'homme qui l'avait agressé il y a quelques instants plutôt qu'à ses terroristes. Il leur indiqua du doigt donc où était parti l'homme à la mallette. Ils se firent la courte échelle et grimpèrent sur le toit.
Étrangement, Jérémy suivit les paroles de l'homme, il se leva et prit la direction des toilettes qui se situaient derrière lui. Il s'enferma à doubles tours et patienta.

Il entendit une première explosion. Elle était si lointaine mais pourtant si proche... Puis une deuxième. À ce moment-là, il sentait que le train commençait déjà à virevolter et il s'attendait au pire. Puis vint la troisième, Jérémy sentit d'énormes secousses, tellement grosses que son corps bougeait dans tous les sens à travers ces toilettes : le train fit d'énormes tonneaux et déboula sur le reste de la montagne.