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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 31/07/2013 à 23:52
» Dernière mise à jour le 07/01/2015 à 00:21

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 160 : Avant de partir
Avant de partir - Eve Angeli


Cassy ne revit pas Yohanna. D'ailleurs, elle ne retourna jamais à Sinnoh après être revenue au Bourg-Palette. Elle vivait à nouveau en compagnie de Régis et de son grand-père, au laboratoire, où elle travaillait sur une nouvelle gamme de médicaments pokémon totalement naturel.

Elle n'avait pas particulièrement cherché à avoir des nouvelles des autres. Tina l'informa par lettre, à laquelle elle ne répondit pas, que Tanguy l'avait recrutée à Rivamar pour s'entraîner à ses côtés à l'Arène. Dans cette même missive, elle déclara aussi que Cynthia venait de s'installer en ménage avec Lucio, bien que cela ne soit pas encore officiel.

Grâce aux magazines de sport, elle en sut davantage sur ce qui arrivait à Chloé depuis la dissolution de la Confrérie. Elle se trouvait elle aussi à Kanto, quoiqu'elles ne se croisent jamais, plus précisément à Azuria. Elle enchaînait les compétitions de natation et les médailles à un rythme qui la ferait probablement rentrer sous peu dans l'histoire des disciplines aquatiques.

Esméralda poursuivait ses tournées avec la fête foraine. Cassy entendait chanter les louanges de ses dons de voyance à travers toute la région. Au moins, son don continuait à lui être utile, contrairement à ses anciennes consoeurs qui n'en avaient désormais que faite.

Elle ignorait cependant tout de Marion. Elle devait en théorie rejoindre Fiore, mais l'avait-elle réellement fait ? Etait-elle redevenue une Ranger comme les autres ? Cassy s'en moquait. Etant donné qu'elle ne possédait aucune affinité particulière avec elle, elle ne comptait pas chercher à avoir de ses nouvelles.

Léa aussi demeurait invisible. Nulle n'aurait su dire quand s'achèverait sa formation auprès de Circé. Puis, au bout d'un moment, cela ne changea plus rien. Son nom se perdit, à l'image des autres. Plus personne ne parla de la Confrérie, ni elle-même, ni Régis.

Elle se demanda longtemps si cette histoire n'avait pas été qu'un rêve, dont elle se réveillait enfin au bout de plusieurs années d'errance. Elle approchait à présent de ses dix-neuf ans. Son corps ressemblait à celui d'une adulte, son caractère aussi. Elle était si différente qu'en se regardant dans le miroir, elle ne parvenait plus à voir un soupçon de la Katharina Granet d'autrefois.

Elle avait réussi, au final : elle était parvenue à détruire la moindre trace de son passé. Plus rien ne subsistait encore pour venir la hanter. Son nom devenait son pseudonyme, ses souvenirs ceux partagés avec Régis... Elle ne gardait en mémoire aucune trace de son aventure. D'ailleurs, c'était peut-être mieux ainsi.

Un jour, cependant, alors que la jeune femme, comme tous les matins, nourrissaient les pokémon présents dans le jardin, cet équilibre s'apprêtait à basculer. Elle sortait avec une lenteur mélancolique des pokéblocs à donner aux Chaglam, tristement encrée dans sa sempiternelle routine, lorsqu'elle entendit des cris de joie fuser de toute part depuis l'intérieur du laboratoire.

Lâchant hâtivement son panier, elle s'y précipita. Elle s'immobilisa cependant aussitôt sur le seuil de la porte de derrière lorsqu'elle vit de quoi il en retournait. En dépit de ses menaces, Sacha était finalement revenu dans l'espoir de faire enfin la paix avec son ami de toujours.

- Cassy, déclara-t-il en l'apercevant, je sais que j'ai été stupide de me conduire ainsi. J'ai... J'ai été jaloux du lien qui te rattachait à Régis, mais... Je pense que nous l'aimons tous les deux suffisamment pour parvenir à nous entendre, tu ne crois pas ?

L'intéressée se contenta de le regarder fixement avant de tourner les talons sans lui donner la moindre réponse. A quoi cela lui aurait-il servi d'acquiescer ? Elle avait vu par le passé ce qui se produisait à chaque fois que le jeune homme et elle se trouvait au Bourg-Palette en même temps. Quand il ne se croyait pas trahi, elle se sentait abandonnée. Jamais ils ne seraient en mesure de concilier leurs sentiments.

Comme elle s'y attendait, au fil des jours, Régis recommença à se détacher progressivement d'elle. Au début, cela ne se voyait qu'à peine, mais elle en eut la conviction au cours des semaines qui suivirent. Durant l'été, ils échangèrent à peine quelques paroles. Cassy passait son temps seule, à travailler sur son projet pharmaceutique, puis tuait le reste de son temps libre en contribuant à l'élevage des pokémon.

Ses dragons erraient en liberté avec les autres dans le parc du professeur Chen. Elle s'en occupait toujours, mais cela devait bien faire des mois qu'ils ne s'étaient plus entraînés. Cela n'aurait servi à rien. Son opinion demeurait la même : elle n'était pas une dresseuse. Comme tout danger semblait désormais écarté, poursuivre les combats se serait avéré inutile.

Même lorsque Sacha lui proposa un match, elle refusa catégoriquement. Certes, rien ne lui aurait fait plus plaisir que de le vaincre, mais l'égo surdimensionné du jeune homme ne serait sans doute pas à même de le supporter, aussi préféra-t-elle éviter une nouvelle scène de colère.

Un soir, Cassy monta dans sa chambre, totalement exténué. Elle avait oeuvré une bonne partie de la nuit dans le but de mettre au point un nouveau composé pour ses cicatrisants pokémon. Régis, lui, n'était pas là. Il avait pris son week-end pour le passer en compagnie de son ami.

La jeune femme se laissa tomber sur son lit, toute habillée, pour regarder le plafond, les bras derrière le crâne. Elle ferma un instant les paupières pour écouter le silence pesant des ténèbres autour d'elle.

Elle se sentait seule, mais cela n'était pas pour lui déplaire. Contrairement au temps où chaque minute perdue loin du scientifique semblait être une torture, désormais, cela ne lui faisait strictement rien. Il ne lui manquait pas. Elle aurait même dit qu'elle commençait à se lasser de lui, de cette vie. Elle dont son souhait le plus cher avait toujours été de demeurer en sa compagnie, elle ne désirait désormais que la fuir.

Elle aurait voulu partir, encore une fois. Tout quitter pour se diriger vers l'horizon. Ne pas savoir ce que lui réserverait le lendemain. Néanmoins, elle n'avait pas l'âme d'une aventurière. Ce n'était pas son genre. Longtemps elle avait attendu le moment de se ranger, or maintenant, elle le regrettait trop tard : elle ne pouvait plus revenir en arrière.

Régis et elle s'étaient promis de continuer à s'aimer, de ne jamais s'oublier, ce malgré tout ce qui risquait d'arriver, en dépit de cette épée de Damoclès suspendue jadis au-dessus de leur tête. Désormais, il semblait clair que leurs sentiments s'étaient éteints, qu'ils ne reviendraient pas.

La tête enfouie dans son oreiller, Cassy porta une main à ses yeux. Combien de fois avait-elle pleuré en tout, à cause de l'absence de son ami ? Beaucoup. Cette fois, ils restaient secs. Rien ne parvenait plus à l'ébranler. Elle ne pensait pas, ne souffrait pas, à l'instar d'une statue de pierre, elle n'éprouvait plus rien.

Il n'y avait pas eu de paroles, pas de mots, pas de pleurs. Ils n'avaient même pas échanger un adieu, pourtant tout portait à croire que leur histoire était bel et bien terminée, cette fois-ci.

Elle dormit très mal, cette nuit-là, et se leva le matin encore fourbue de s'être agitée. Avant, lorsqu'elle souffrait d'insomnie, elle pouvait toujours rejoindre Régis dans sa chambre. Cela faisait désormais des mois qu'elle n'en avait plus franchi le seuil, non pas qu'il lui ait interdit, mais parce qu'elle ne voyait plus de raison de le faire.

Les choses avaient changé. Elle avait changé. Peut-être était-ce Katharina Granet qui l'adorait autrefois, et non pas Cassy Rilène ? Peut-être cette affection partagée avait-elle disparu en même temps que le reste, pour ne laisser rien d'autre derrière elle que des souvenirs.

Son coeur ne se brisa pas à cette idée. En possédait-elle encore un aujourd'hui ? Il lui arrivait encore parfois d'en douter. Une voile de marbre recouvrait son visage. Elle ne souriait plus, ne pleurait plus. L'insensibilité totale s'emparait d'elle. Elle en avait trop vu, trop entendu pour pouvoir réagir avec émotion devant les bassesses de la vie.

Une autre journée s'écoula, en tout point semblable aux autres. Elle décida de rien dire au scientifique lorsqu'il rentrerait en fin d'après-midi. Cela n'aurait conduit nulle part. Autant continuer de regarder le pont entre eux s'étioler peu à peu jusqu'à s'effondrer totalement avec l'usage du temps plutôt que d'affronter la vérité en face.

Il revint peu après dix-huit heures. En dehors d'un baiser qu'il déposa sur sa joue pour la saluer, il ne lui parla quasiment pas. Son premier réflexe fut d'abord de rejoindre son grand-père pour lui demander si les tests effectués la veille s'avéraient concluant. La jeune femme ne savait même pas sur quoi ils travaillaient, et elle ne s'en souciait guère. Même ses propres recherches ne la passionnaient pas.

Elle retroussa ses manches pour prendre dans un seau d'eau un extrait végétal qu'elle avait mis à macérer plusieurs dizaines de minutes auparavant. Instinctivement, son regard se posa sur son glyphe, puis sur son collier en forme de dragon. La réponse était là. Finalement, peut-être qu'elle était liée avec Régis de la même manière qu'avec la Confrérie, ce qui justifierait que tout ce soit véritablement arrêté en même temps.

Elle effleura la marque sous l'eau, qui ne s'était pas illuminée depuis plus d'un an, à présent. Elle avait abandonné ses gants de combat dans un tiroir de sa commode pour ne plus les toucher depuis lors. Cela ne lui manquait pas, pourtant en y songeant, elle sentit poindre en elle comme une once de regret.

Le soleil se couchait sur le Bourg-Palette lorsque quelqu'un frappa à la porte. Seule la famille Chen et Cassy étaient encore présents au laboratoire quand cela se produisit. Un peu surpris par cette visite inattendue, surtout à une heure aussi tardive, ce fut elle qui se proposa pour aller ouvrir.

Régis resta en recul, un peu penché par-dessus sa paillasse, pour tenter de voir de qui il s'agissait, bien que cela était impossible de l'endroit où il se trouvait, tandis que son grand-père s'en retournait vers son microscope, désintéressé. La jeune femme fit glisser la poignée dans sa main et entrouvrit légèrement le battant afin de découvrir le visage de la personne.

Avec un sourire non dissimulé, elle plissa les yeux dans un regard pétillant de malice, tout en déclarant d'une voix suave :

- Je me demandais combien de temps vous mettriez avant de me retrouver.